Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
Et puis après tout s’est barré en sucette.
D’abord, la sucette a été inventée.
Et, ça, on peut dire que quand on est dieu de profession, c’est un manque de clairvoyance assez impressionnant. De la sucette vient le plaisir, du plaisir vient le manque, et du manque vient la peur.
Car du malheur vient la peur et du manque vient le malheur.
Et c’est de la peur que s’engendrent les démons, et non des démons que s’engendre la peur. Et une fois qu’un démon est apparu, il ne disparaît plus. Il reste là, dans l’ombre où on le croit voir et l’invente, et puis il nous torture de loin, nous, nos proches et nos lointains, pour autant que nous vivons.
Mais du plaisir viennent aussi une foultitude d’autres abstractions comme les enfants qui aident au labeur et meurent trop jeunes et apportent le temps qu’ils vivent joie et bonne humeur dans la ferme assombrie par la peur des démons qui rampent dans l’ombre.
Comme aussi l’oubli temporaire de ce qui fait mal et du malheur et des démons qui rampent là-bas dans l’ombre sous le lit, sur la dernière planche de l’étagère et au fond du puits dans le jardin.
Comme encore la force de parfois combattre les démons qui rampent là-bas dans l’ombre et n’osent en sortir car eux ils ne connaissent de seul plaisir que celui de la souffrance infligée. Or il ne se peut infliger à quelqu’un qui ressent le plaisir de quelconque souffrance.
Et donc les démons se trouvent éloignés le temps que dure le plaisir. Mais après ils reviennent.
Alors il faut retrouver le plaisir pour d’eux se prémunir. Encore, toujours, plus, plus longtemps.
Et ce cercle vicieux rend toujours plus nombreux les démons et toujours plus temporaire le plaisir.
Et c’est après que la flamme d’un de ces éphémères plaisirs se fut éteinte que naquit Tahar Tahgel.
Il avait été engendré par le Diable, qui avait pris pour voir la place d’un homme sur la couche d’une femme. Le Diable avait vu et il était déçu, parce qu’il n’est qu’un démon plus puissant que les autres et comme eux ne ressent le plaisir que dans la souffrance et pas dans la jouissance d’un corps d’homme. Le Diable était déçu mais son fils déjà était créé et six mois à peine plus tard vit le jour.
Son nom alors n’était pas celui qui est sien aujourd’hui. Il s’appelait d’un nom qui ne se peut prononcer, comme celui véritable de son père et comme celui véritable de son oncle qu’on appelle Dieu. Comme son nom son âge ne se pouvait atteindre par l’esprit des mortels, car les démons comme les dieux sont permanents. Alors il prit ce nom qui sonne comme une insulte parce qu’il était un démon, et de même il prit cet âge de six ans auquel on dit qu’il naquit, celui des enfants que tout le monde aime et que tout le monde accueille dans son entourage sans poser de questions.
Et puis il grandit, grandit encore et grandit toujours. Mais le temps des démons ne passe pas comme le temps des hommes car ils sont immortels, alors il grandit mais ne grandit pas, et qui le voyait ne voyait pas qu’il grandissait. Et puis enfin il décida qu’il avait assez grandi dans son esprit et qu’il pouvait grandir en apparence, alors il se donna dix ans et il eut dix ans pour les hommes.
Là il commença d’expérimenter la vie des hommes et pensa que peut-être la lassitude qu’il avait accumulée à force de grandir sans grandir il la pouvait dissiper en menant comme eux la vie qu’ils menaient. Que, parce que son corps était sorti du corps d’une femme, peut-être il pouvait prétendre au plaisir que son père le Diable s’était vu refuser. Celui qui ne vient pas de la souffrance.
Mais parce qu’il avait grandi sans grandir, il savait aussi qu’il ne pourrait prétendre au plaisir des hommes s’il conservait son esprit de fils de démon, alors il décida qu’il oublierait pour un temps son origine et ses découvertes de quand il avait grandi sans grandir. Et d’un claquement de doigts il oublia.
Et jusqu’à sa mort parmi les hommes il ne se souviendra de qui il était avant sa naissance à l’âge de six ans.
Et puis après tout s’est barré en sucette.
D’abord, la sucette a été inventée.
Et, ça, on peut dire que quand on est dieu de profession, c’est un manque de clairvoyance assez impressionnant. De la sucette vient le plaisir, du plaisir vient le manque, et du manque vient la peur.
Car du malheur vient la peur et du manque vient le malheur.
Et c’est de la peur que s’engendrent les démons, et non des démons que s’engendre la peur. Et une fois qu’un démon est apparu, il ne disparaît plus. Il reste là, dans l’ombre où on le croit voir et l’invente, et puis il nous torture de loin, nous, nos proches et nos lointains, pour autant que nous vivons.
Mais du plaisir viennent aussi une foultitude d’autres abstractions comme les enfants qui aident au labeur et meurent trop jeunes et apportent le temps qu’ils vivent joie et bonne humeur dans la ferme assombrie par la peur des démons qui rampent dans l’ombre.
Comme aussi l’oubli temporaire de ce qui fait mal et du malheur et des démons qui rampent là-bas dans l’ombre sous le lit, sur la dernière planche de l’étagère et au fond du puits dans le jardin.
Comme encore la force de parfois combattre les démons qui rampent là-bas dans l’ombre et n’osent en sortir car eux ils ne connaissent de seul plaisir que celui de la souffrance infligée. Or il ne se peut infliger à quelqu’un qui ressent le plaisir de quelconque souffrance.
Et donc les démons se trouvent éloignés le temps que dure le plaisir. Mais après ils reviennent.
Alors il faut retrouver le plaisir pour d’eux se prémunir. Encore, toujours, plus, plus longtemps.
Et ce cercle vicieux rend toujours plus nombreux les démons et toujours plus temporaire le plaisir.
Et c’est après que la flamme d’un de ces éphémères plaisirs se fut éteinte que naquit Tahar Tahgel.
Il avait été engendré par le Diable, qui avait pris pour voir la place d’un homme sur la couche d’une femme. Le Diable avait vu et il était déçu, parce qu’il n’est qu’un démon plus puissant que les autres et comme eux ne ressent le plaisir que dans la souffrance et pas dans la jouissance d’un corps d’homme. Le Diable était déçu mais son fils déjà était créé et six mois à peine plus tard vit le jour.
Son nom alors n’était pas celui qui est sien aujourd’hui. Il s’appelait d’un nom qui ne se peut prononcer, comme celui véritable de son père et comme celui véritable de son oncle qu’on appelle Dieu. Comme son nom son âge ne se pouvait atteindre par l’esprit des mortels, car les démons comme les dieux sont permanents. Alors il prit ce nom qui sonne comme une insulte parce qu’il était un démon, et de même il prit cet âge de six ans auquel on dit qu’il naquit, celui des enfants que tout le monde aime et que tout le monde accueille dans son entourage sans poser de questions.
Et puis il grandit, grandit encore et grandit toujours. Mais le temps des démons ne passe pas comme le temps des hommes car ils sont immortels, alors il grandit mais ne grandit pas, et qui le voyait ne voyait pas qu’il grandissait. Et puis enfin il décida qu’il avait assez grandi dans son esprit et qu’il pouvait grandir en apparence, alors il se donna dix ans et il eut dix ans pour les hommes.
Là il commença d’expérimenter la vie des hommes et pensa que peut-être la lassitude qu’il avait accumulée à force de grandir sans grandir il la pouvait dissiper en menant comme eux la vie qu’ils menaient. Que, parce que son corps était sorti du corps d’une femme, peut-être il pouvait prétendre au plaisir que son père le Diable s’était vu refuser. Celui qui ne vient pas de la souffrance.
Mais parce qu’il avait grandi sans grandir, il savait aussi qu’il ne pourrait prétendre au plaisir des hommes s’il conservait son esprit de fils de démon, alors il décida qu’il oublierait pour un temps son origine et ses découvertes de quand il avait grandi sans grandir. Et d’un claquement de doigts il oublia.
Et jusqu’à sa mort parmi les hommes il ne se souviendra de qui il était avant sa naissance à l’âge de six ans.