10 décembre 1623.
De retour sur l'île de Manshon après deux ans passés à voyager sur North Blue, Sören était à sec. Plus un rond, pas un radis dans la besace, rien, nada. Il fallait dire que, ces deux dernières années, le jeune chasseur avait eu tendance à négliger son gagne-pain au profit d'un désir d'aventure qui s'était fait franchement impérieux. Il avait poussé le vice jusqu'à passer quatre mois sur une petite île qu'il avait repérée, au sud de Luvneel, pratiquement inhabitée et accessible en barque. Seule une famille de paysans utopistes y avait élu domicile, et cherchaient à cultiver des tubercules exotiques, importées de Grand Line...
La forêt était vaste et giboyeuse, cependant, et le jeune homme y avait vécu heureux pendant un temps, seul avec son chat. Il avait bien gagné en force, mais l'hiver approchant avait fini par le convaincre de revenir à la civilisation. D'autant plus qu'il n'avait pas franchement pour rêve de se rendre maître d'une île vide pour y élire domicile le reste de ses jours durant... Si tel avait été le cas, il aurait sans doute été préférable pour lui de demeurer sur l'île du Loupiac, et d'y exercer son dur métier de vigneron, sur l'exploitation de son père.
Il s'en était donc retourné sur Luvneel, pour trouver un navire marchand qui accepta de le prendre à son bord jusqu'à Manshon, en échange d'une protection contre les pirates, dont le capitaine avait une véritable phobie.
Sören était donc revenu sur l'île dont la vie souterraine avait fait de lui un chasseur de primes, avec l'espoir de trouver au plus vite un forban digne d'alourdir quelque peu sa bourse, qui menaçait de s'envoler au moindre coup de vent. Imitant Morgan, son chat, qui ne quittait jamais son épaule, il huma l'air, reconnaissant l'odeur caractéristique du port qu'il connaissait si bien. Mélange de calva frelaté, de fientes de mouettes, de planches pourries et de iode...
Le capitaine marchand posa une main lourde sur son épaule, toutes dents dehors, le visage illuminé par un grand sourire.
-P'tit gars, merci pour ta présence, même si t'as pas eu grand chose à faire ! A une prochaine, avec ta bestiole, ta musique et tes chansons !
-Pas d'soucis, cap'taine, lui répondit le garçon avec un sourire franc, tiens bon ta barre en attendant !
Ayant fait ses adieux à l'équipage du navire, Sören s'aventura dans les ruelles, qu'il aurait arpenté les yeux fermées, pour se retrouver sur une petite place passante. Il savait que l'endroit était hanté par de nombreux chats errants, en raison de la présence proche de deux poissonniers et d'un boucher généreux. Il s'agissait d'abord pour lui de se refaire un minimum d'argent, pour pouvoir acheter les vivres nécessaires à une future poursuite. Et pour cela, rien ne valait son éternel numéro.
Bouzouki à la main et chat ronronnant sur la tête, le chasseur se mit à s'annoncer d'une voix forte, habitué à se faire entendre en pleine rue. Deux accords lents se succédaient, sous ses doigts, ponctuant ses phrases en rythme.
-La populace' qui passe sur la place,
Les gueux, les calamiteux, les marmiteux,
Les hautes classes, ne restez pas de glace !
Approchez, mesdames, approchez messieurs !
Voici venir vos humbles serviteurs :
Sören – c'est moi- et Morgan le félin,
Faites' taire' les bavards, ouvrez grands vos cœurs,
Car voici venir les maîtres du coin !
Imitant avec talent un miaulement impérieux, Sören accéléra le rythme, tout en improvisant une mélodie sur ses deux accords simples, qu'il conservait en basse. Une petite foule s'était attroupée, et l'écoutait avec curiosité.
Soudain, il y eut quelques cris de surprise étouffés. Pas moins de cinq chats venaient de surgir de l'ombre, comme attirés irrépressiblement par l'appel du barde. Ravi d'en reconnaître trois parmi eux, celui-ci sentit son visage s'éclairer d'un large sourire, tandis qu'il s'éclaircissait la voix.
-Ils traînent dans la rue,
Comme une armée de poux,
Les tripes de morue,
Pour eux, c'est du ragoût !
Devant le barde, les chats formaient une ronde menaçante, chacun jetant des coups d'œil sournois vers la foule.
-Les guerriers de la nuit
N'ont pas peur de la mort,
Ils traquent les souris
Du soir jusqu'à l'aurore !
A présent, les chats s'étaient mis à mimer une chasse, chacun bondissant sur l'autre avec des feulements retentissants. Soudain, Morgan se laissa tomber sur le sol, et s'avança, l'air menaçant, les crocs en avant.
-Le colonel arrive,
Domine' les insoumis,
Tempête sur la rive,
On l'a encore trahi !
Poursuivant son histoire improvisée, jouant sur la mélodie qu'il accélérait ou ralentissait selon les actions décrites, Sören pris un malin plaisir à voir sonner les berry dans son chapeau miteux, renversé sur les pavés. Cependant, deux paires d'yeux fixaient le spectacle avec une intensité peu coutumière, dans les rangs du fond...
[Hrp :Yosh, premier post accompli ! Je n'ai pas introduit ton personnage, vu que je ne connais pas les circonstances de sa venue sur l'île. En espérant que ça t'ira !]
De retour sur l'île de Manshon après deux ans passés à voyager sur North Blue, Sören était à sec. Plus un rond, pas un radis dans la besace, rien, nada. Il fallait dire que, ces deux dernières années, le jeune chasseur avait eu tendance à négliger son gagne-pain au profit d'un désir d'aventure qui s'était fait franchement impérieux. Il avait poussé le vice jusqu'à passer quatre mois sur une petite île qu'il avait repérée, au sud de Luvneel, pratiquement inhabitée et accessible en barque. Seule une famille de paysans utopistes y avait élu domicile, et cherchaient à cultiver des tubercules exotiques, importées de Grand Line...
La forêt était vaste et giboyeuse, cependant, et le jeune homme y avait vécu heureux pendant un temps, seul avec son chat. Il avait bien gagné en force, mais l'hiver approchant avait fini par le convaincre de revenir à la civilisation. D'autant plus qu'il n'avait pas franchement pour rêve de se rendre maître d'une île vide pour y élire domicile le reste de ses jours durant... Si tel avait été le cas, il aurait sans doute été préférable pour lui de demeurer sur l'île du Loupiac, et d'y exercer son dur métier de vigneron, sur l'exploitation de son père.
Il s'en était donc retourné sur Luvneel, pour trouver un navire marchand qui accepta de le prendre à son bord jusqu'à Manshon, en échange d'une protection contre les pirates, dont le capitaine avait une véritable phobie.
Sören était donc revenu sur l'île dont la vie souterraine avait fait de lui un chasseur de primes, avec l'espoir de trouver au plus vite un forban digne d'alourdir quelque peu sa bourse, qui menaçait de s'envoler au moindre coup de vent. Imitant Morgan, son chat, qui ne quittait jamais son épaule, il huma l'air, reconnaissant l'odeur caractéristique du port qu'il connaissait si bien. Mélange de calva frelaté, de fientes de mouettes, de planches pourries et de iode...
Le capitaine marchand posa une main lourde sur son épaule, toutes dents dehors, le visage illuminé par un grand sourire.
-P'tit gars, merci pour ta présence, même si t'as pas eu grand chose à faire ! A une prochaine, avec ta bestiole, ta musique et tes chansons !
-Pas d'soucis, cap'taine, lui répondit le garçon avec un sourire franc, tiens bon ta barre en attendant !
Ayant fait ses adieux à l'équipage du navire, Sören s'aventura dans les ruelles, qu'il aurait arpenté les yeux fermées, pour se retrouver sur une petite place passante. Il savait que l'endroit était hanté par de nombreux chats errants, en raison de la présence proche de deux poissonniers et d'un boucher généreux. Il s'agissait d'abord pour lui de se refaire un minimum d'argent, pour pouvoir acheter les vivres nécessaires à une future poursuite. Et pour cela, rien ne valait son éternel numéro.
Bouzouki à la main et chat ronronnant sur la tête, le chasseur se mit à s'annoncer d'une voix forte, habitué à se faire entendre en pleine rue. Deux accords lents se succédaient, sous ses doigts, ponctuant ses phrases en rythme.
-La populace' qui passe sur la place,
Les gueux, les calamiteux, les marmiteux,
Les hautes classes, ne restez pas de glace !
Approchez, mesdames, approchez messieurs !
Voici venir vos humbles serviteurs :
Sören – c'est moi- et Morgan le félin,
Faites' taire' les bavards, ouvrez grands vos cœurs,
Car voici venir les maîtres du coin !
Imitant avec talent un miaulement impérieux, Sören accéléra le rythme, tout en improvisant une mélodie sur ses deux accords simples, qu'il conservait en basse. Une petite foule s'était attroupée, et l'écoutait avec curiosité.
Soudain, il y eut quelques cris de surprise étouffés. Pas moins de cinq chats venaient de surgir de l'ombre, comme attirés irrépressiblement par l'appel du barde. Ravi d'en reconnaître trois parmi eux, celui-ci sentit son visage s'éclairer d'un large sourire, tandis qu'il s'éclaircissait la voix.
-Ils traînent dans la rue,
Comme une armée de poux,
Les tripes de morue,
Pour eux, c'est du ragoût !
Devant le barde, les chats formaient une ronde menaçante, chacun jetant des coups d'œil sournois vers la foule.
-Les guerriers de la nuit
N'ont pas peur de la mort,
Ils traquent les souris
Du soir jusqu'à l'aurore !
A présent, les chats s'étaient mis à mimer une chasse, chacun bondissant sur l'autre avec des feulements retentissants. Soudain, Morgan se laissa tomber sur le sol, et s'avança, l'air menaçant, les crocs en avant.
-Le colonel arrive,
Domine' les insoumis,
Tempête sur la rive,
On l'a encore trahi !
Poursuivant son histoire improvisée, jouant sur la mélodie qu'il accélérait ou ralentissait selon les actions décrites, Sören pris un malin plaisir à voir sonner les berry dans son chapeau miteux, renversé sur les pavés. Cependant, deux paires d'yeux fixaient le spectacle avec une intensité peu coutumière, dans les rangs du fond...
[Hrp :Yosh, premier post accompli ! Je n'ai pas introduit ton personnage, vu que je ne connais pas les circonstances de sa venue sur l'île. En espérant que ça t'ira !]
Dernière édition par Sören Hurlevent le Sam 14 Jan 2012 - 13:02, édité 1 fois