Douce agonie. Elle sombrait désormais dans un désir corrosif qui la rongeait de plus en plus, lui bouffant chaque jour un petit fragment de son âme. Délicieuse folie. Chaque nuit qu’elle passait n’était plus qu’un douloureux supplice. S’abandonnant à des rêves aux allures cauchemardesques, elle perdait la raison au fur et à mesure que Morphée la tentait ; elle perdait en réalité tout simplement, doucement la tête. Elle était comme habitée par un démon qui ne cherchait seulement à la faire divaguer, à la faire s’échouer sur le rivage de son esprit. Un esprit bien trop fragile, qui semblait être sur le point de s’écrouler à chaque pas qu’elle faisait. C’était effrayant, cette lugubre impression de perdre tout contrôle, de voir son corps en un instant changer de maître. Elle ne se reconnaissait plus. Non, ce n’était pas elle, elle cette femme forte, cette femme à qui rien ne résistait ! Cette femme qui désormais constituait sa propre hantise. Que c’était-il passé pour qu’elle s’abandonne à des vices qui la dépassaient à ce point ? Pour qu’elle se laisse tomber dans les méandres de ses propres abîmes ? Elle ne représentait plus rien. A cet instant, Ceres n’existait plus. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, l’ombre de ses propres démons, l’ombre de son ombre. Qu’avait-elle fait pour être à ce point misérable ? Elle l’ignorait, elle ne se reconnaissait pas, ce n’était pas elle. C’était quelqu’un d’autre. Cette idée la rassurait. Cette pensée qui la projetait au-dessus de son corps, lui donnant cette folle impression d’observer la scène de haut, en simple spectatrice, l’apaisait. Qui était-elle ? Cette personne lui étant en tout point semblable ? Cette personne qui sous ses yeux se laissait humilier ? Cette femme dévorée par la faiblesse, abandonnant son corps déjà meurtri au personnage sinistre qui se trouvait à ses côtés ? Ceres aurait voulu lui crier de se défendre, de répliquer, de hurler…De se battre pour le peu d’honneur qui lui restait. Pourquoi était-elle à ce point touchée par cette scène aux allures sordides ? La chevelure blanchâtre et les yeux écarlates de cette femme lui semblaient par ailleurs étrangement familiers. Non … Certainement pas.
Elle réalisait désormais doucement et douloureusement qu’elle faisait partie intégrante de ce paysage assassin. C’était elle. C’était elle qui souffrait au point de vouloir en finir. C’était elle qui, souillée versait des larmes qui n’auraient jamais dû couler. C’était elle qui venait d’abandonner tout espoir, ne se donnant même plus la peine de se débattre. C’était malheureusement bien elle qui se laissait tuer lentement.
C’était tout d’abord un endroit. Une salle, ou même une forêt. Un espace ouvert ou fermé. Une sphère ou bien un cube. Un univers étrangement étouffant. Une particule infiniment grande. Un tout qui en réalité n’était rien. Une cage, lui bloquant tout accès à ce qu’on appelait liberté. Elle était piégée, piégée par elle-même. Emprisonnée, à l’abri du temps, dans un endroit qui pourtant lui semblait fragile. Un endroit lui ressemblant un peu, finalement.
C’était Dieu qui s’en prenait à elle, elle en étant certaine. Il lui faisait subir le châtiment des crimes dont elle s’était rendue coupable tout ce temps. A commencer par le crime même qu’était son existence. Elle avait abusé. Abusé de sa miséricorde ; de cette tolérance qu’il avait porté à son égard. Elle avait trop craché sur ce qu’il lui avait été offert. Elle piétinait ses créations comme on piétine un parterre d’insectes. Elle était désormais devenue sa proie et son jouet. Et il s’amusait avec elle comme un enfant avec un hochet. Il la tourmentait comme jamais, lui retirant tout ce qu’elle aimait. Sa façon d’agir, de penser, de bouger, de respirer, de parler et de vivre. Tout ce qui constituait sa fierté, ce qu’elle était. Il ne lui restait plus rien. Elle n’était plus qu’un corps inhabité.
Une bouffée d’air vite ! Elle étouffait. Elle sanglotait, le visage enfoui dans ses mains. Des mains qui lui paraissaient ensanglantées. Est-ce que tout ceci était réel ? Où se trouvait-elle ? Elle semblait marcher sur une corde raide, où se mélangeait en dessous d’elle la réalité et le rêve, le mensonge et la vérité. Parfois, elle tanguait dangereusement d’un côté, sans savoir duquel il s’agissait.
Arriva la chute.
Une chute brutale, qui malgré son étonnante combinaison entre elle et une réalité bien trop abstraite, n’avait pourtant bel et bien plus rien en commun avec cette dernière aux yeux de la jeune femme. Totalement prisonnière de cette fiction, Ceres était désormais incapable de distinguer la lumière de l’obscurité. Il n’y avait ni haut ni bas. Ni gauche ni droite. Sa raison n’existait plus, s’étant douloureusement soumise à une folie destructrice, comme un chien se faisant docilement museler par son maître. Un chaos inimaginable empoigna son crâne, le malaxant, le faisant rire, le faisant pleurer, sans pour autant l’arrêter. Parfaitement éveillée et totalement inerte à la fois, le fantôme qu’était la femme assise sur ce lit invisible à ses yeux, se laissait assaillir par l’emprise de ses cauchemars encore présents. Où était la réalité ? Où était le rêve ? Où se trouvait cette frontière sinueuse du voyage ? La douleur fût atroce, mais qui pouvait l’endurer mieux qu’elle ?
Entendiez-vous ses pas silencieux et menaçants, couverts par ces gémissements d’angoisse, progressant dangereusement dans cette rue aux allures sordides par cette nuit des plus banales ? Ce corps qui, inhabité ne cherchait pourtant qu’un souffle de vie pour enfin renaître ? Elle était en quête d’une manifestation céleste, d’une chose réelle et rationnelle qui serait enfin capable de la rassurer sur ce qui venait de se produire à l’intérieur de son crâne. C’était une mélodie macabre et douce à la fois. Celle d’une femme qui ne faisait plus qu’errer dans le seul but de retrouver le peu de conscience qui lui restait.
Il était là, elle pouvait désormais l’apercevoir, se figeant telle une statue de pierre à cette vue, son visage lui paraissait étrangement familier. C’était lui au coin de cette rue qu’elle arpentait depuis plusieurs heures maintenant, cet homme dégoûtant et si fier à la fois, qui, planqué dans une obscurité absolue, s’amusait à boire tel un charognard sur une pauvre carcasse. Que croyait-il faire ? Elle avait peur. Que croyait-elle penser ? Elle souffrait. Te souviens-tu ? Aidez-la. Voyait-elle cet avenir ? Sauvez-le. Apercevait-il ce mur ? Elle ne voulait plus partir. Voyait-il ses ombres se rapprocher gravement de lui ? Ne la laissez pas le pendre. Savait-elle de qu’il s’agissait ? Elle le croyait. Avait-elle raison ? Embrassez-la. Voyait-il son sabre à sa ceinture ? Aimez-le. Crois-tu qu’elle va le faire ? Ne la laissez pas l’approcher. Penses-tu qu’elle va rire ? Elle le haïssait, sans même être certaine de son identité. Vois-tu la lame être brandie ? Pas lui.
Elle avait pourtant lutté contre ses cauchemars qui quelques heures plus tôt, avaient eu une emprise totale sur son inconscient. Lui ayant ficelé une histoire saugrenue, dans lequel elle apparaissait en tant que seule victime d’un sinistre individu. Sinistre individu totalement irréel qu’elle croyait pourtant bel et bien revoir au détour de cette ruelle. Elle n’était plus consciente de ce qu’elle faisait, de qui elle était, et de ce qu’elle s’apprêtait à commettre. Tout ce qui apparaissait sous son regard inquiétant n’était que l’homme responsable de sa souillure. Un homme qui ne méritait en aucun cas de vivre. Il lui avait arraché ce à quoi elle tenait le plus, la piétinant comme on le faisait avec un misérable insecte. Comment avait-il pu oser faire une chose pareille ? L’ignorant, ne se doutant de rien, ne voyait en Ceres qu’une délicieuse créature prête à combler ses désirs. Pour s’approcher de la sorte vers lui, elle ne pouvait à ses yeux n’avoir comme objectif qu’une envie aussi malsaine et à la fois tellement excitante.
Maintenant qu’elle y songeait, pauvre homme. Il n’avait rien demandé, il n’était au courant de rien, il était juste là. Au mauvais moment et au mauvais endroit.
Une lueur artistique dans son regard, les démons qui étaient en elle venaient d’être libérés, laissant libre cours à une barbarie sans précédent. Sabre en main, l’homme avait beau se débattre, il ne pouvait rien face à elle en ces circonstances. Bien trop ivre pour réagir comme il le fallait, ce fut le regard apeuré qu’il observa la scène meurtrière se produire sous ses yeux. Il était tétanisé. Bien trop pour tenter quoi que ce soit. Et elle en profita.
Elle commença par sa nuque mise à nue, avant de descendre avec une lenteur effrayante jusqu’au torse sur lequel elle s’acharna plusieurs instants, avec ses doigts, sa lame et tout ce qui était à sa disposition. Il hurlait, et ça lui importait peu. Elle voulait voir son sang sortir de divers orifices, de ses plaies plus que largement ouvertes, elle voulait par-dessus tout le voir souffrir et hurler comme jamais. De ses yeux, de son crâne, de chaque parcelle de ce corps qui ne lui inspirait plus que le dégoût. Ceres ne se contrôlait plus, ce n’était plus que la noirceur profonde de son âme qui refaisait surface avec une force soudaine et jamais connue auparavant, tout ce qui semblait enfoui au fond d’elle se mettait à s’exprimer à sa place. Elle se devait de censurer cette expression horrifiée qui ornait son visage pour se permettre une telle perversion. Elle ne s’encombrait d’aucune délicatesse, lorsque son sabre s’occupait d’élargir l’orifice de ses fesses. Sa folie meurtrière et perverse lui dictait sa façon d’agir sans la ménager. Il était mort, à cause de la peur, ou bien certainement de la douleur beaucoup trop présente et insistante. Mais ça n’empêcha en rien la jeune femme de continuer cet acte de barbarie inimaginable qui ne lui ressemblait décidément pas, ne se rendant même pas compte que sa victime l’avait quitté depuis un moment déjà. Lui ouvrant totalement son ventre déjà moult fois tailladé, d’une mine rêveuse, elle retira les entrailles avec ses gants plusieurs fois tâchés. Lui écartant les cuisses jusqu’à en entendre le fracas assourdissant de ses os qui se désarticulaient, ouvrant comme elle pouvait sa bouche jusqu’à en voir le fracassement de sa mâchoire, la marine en oubliait tout le reste. Son passé, son avenir et même son présent. Ce n’était pas elle qui agissait, c’était quelqu’un d’autre. C’était cette femme qui dans son rêve, s’était faite humiliée. Dans un rictus caché par la pénombre, la belle achevait désormais son œuvre sinistre. Et elle le laissa là, défiguré dans l’endroit où il avait passé un bon nombre d’heures à éponger sa soif. Qui sait ? S’il n’avait pas été ivre mort et incapable de tout mouvement, la scène se serait certainement passée autrement.
Et ce fut avec un naturel terrorisant que mine de rien, elle se releva, couverte de sang et plus que satisfaite, reprenant son chemin à travers la ville qui endormie, n’avait eu aucune idée de la scène qui venait de se dérouler en son sein.
Elle réalisait désormais doucement et douloureusement qu’elle faisait partie intégrante de ce paysage assassin. C’était elle. C’était elle qui souffrait au point de vouloir en finir. C’était elle qui, souillée versait des larmes qui n’auraient jamais dû couler. C’était elle qui venait d’abandonner tout espoir, ne se donnant même plus la peine de se débattre. C’était malheureusement bien elle qui se laissait tuer lentement.
Laisse-moi partir.
C’était tout d’abord un endroit. Une salle, ou même une forêt. Un espace ouvert ou fermé. Une sphère ou bien un cube. Un univers étrangement étouffant. Une particule infiniment grande. Un tout qui en réalité n’était rien. Une cage, lui bloquant tout accès à ce qu’on appelait liberté. Elle était piégée, piégée par elle-même. Emprisonnée, à l’abri du temps, dans un endroit qui pourtant lui semblait fragile. Un endroit lui ressemblant un peu, finalement.
C’était Dieu qui s’en prenait à elle, elle en étant certaine. Il lui faisait subir le châtiment des crimes dont elle s’était rendue coupable tout ce temps. A commencer par le crime même qu’était son existence. Elle avait abusé. Abusé de sa miséricorde ; de cette tolérance qu’il avait porté à son égard. Elle avait trop craché sur ce qu’il lui avait été offert. Elle piétinait ses créations comme on piétine un parterre d’insectes. Elle était désormais devenue sa proie et son jouet. Et il s’amusait avec elle comme un enfant avec un hochet. Il la tourmentait comme jamais, lui retirant tout ce qu’elle aimait. Sa façon d’agir, de penser, de bouger, de respirer, de parler et de vivre. Tout ce qui constituait sa fierté, ce qu’elle était. Il ne lui restait plus rien. Elle n’était plus qu’un corps inhabité.
J’ai vu dans quelles conditions avaient eu lieu mon dernier soupir.
Une bouffée d’air vite ! Elle étouffait. Elle sanglotait, le visage enfoui dans ses mains. Des mains qui lui paraissaient ensanglantées. Est-ce que tout ceci était réel ? Où se trouvait-elle ? Elle semblait marcher sur une corde raide, où se mélangeait en dessous d’elle la réalité et le rêve, le mensonge et la vérité. Parfois, elle tanguait dangereusement d’un côté, sans savoir duquel il s’agissait.
Arriva la chute.
Une chute brutale, qui malgré son étonnante combinaison entre elle et une réalité bien trop abstraite, n’avait pourtant bel et bien plus rien en commun avec cette dernière aux yeux de la jeune femme. Totalement prisonnière de cette fiction, Ceres était désormais incapable de distinguer la lumière de l’obscurité. Il n’y avait ni haut ni bas. Ni gauche ni droite. Sa raison n’existait plus, s’étant douloureusement soumise à une folie destructrice, comme un chien se faisant docilement museler par son maître. Un chaos inimaginable empoigna son crâne, le malaxant, le faisant rire, le faisant pleurer, sans pour autant l’arrêter. Parfaitement éveillée et totalement inerte à la fois, le fantôme qu’était la femme assise sur ce lit invisible à ses yeux, se laissait assaillir par l’emprise de ses cauchemars encore présents. Où était la réalité ? Où était le rêve ? Où se trouvait cette frontière sinueuse du voyage ? La douleur fût atroce, mais qui pouvait l’endurer mieux qu’elle ?
Entendiez-vous ses pas silencieux et menaçants, couverts par ces gémissements d’angoisse, progressant dangereusement dans cette rue aux allures sordides par cette nuit des plus banales ? Ce corps qui, inhabité ne cherchait pourtant qu’un souffle de vie pour enfin renaître ? Elle était en quête d’une manifestation céleste, d’une chose réelle et rationnelle qui serait enfin capable de la rassurer sur ce qui venait de se produire à l’intérieur de son crâne. C’était une mélodie macabre et douce à la fois. Celle d’une femme qui ne faisait plus qu’errer dans le seul but de retrouver le peu de conscience qui lui restait.
Il était là, elle pouvait désormais l’apercevoir, se figeant telle une statue de pierre à cette vue, son visage lui paraissait étrangement familier. C’était lui au coin de cette rue qu’elle arpentait depuis plusieurs heures maintenant, cet homme dégoûtant et si fier à la fois, qui, planqué dans une obscurité absolue, s’amusait à boire tel un charognard sur une pauvre carcasse. Que croyait-il faire ? Elle avait peur. Que croyait-elle penser ? Elle souffrait. Te souviens-tu ? Aidez-la. Voyait-elle cet avenir ? Sauvez-le. Apercevait-il ce mur ? Elle ne voulait plus partir. Voyait-il ses ombres se rapprocher gravement de lui ? Ne la laissez pas le pendre. Savait-elle de qu’il s’agissait ? Elle le croyait. Avait-elle raison ? Embrassez-la. Voyait-il son sabre à sa ceinture ? Aimez-le. Crois-tu qu’elle va le faire ? Ne la laissez pas l’approcher. Penses-tu qu’elle va rire ? Elle le haïssait, sans même être certaine de son identité. Vois-tu la lame être brandie ? Pas lui.
Elle avait pourtant lutté contre ses cauchemars qui quelques heures plus tôt, avaient eu une emprise totale sur son inconscient. Lui ayant ficelé une histoire saugrenue, dans lequel elle apparaissait en tant que seule victime d’un sinistre individu. Sinistre individu totalement irréel qu’elle croyait pourtant bel et bien revoir au détour de cette ruelle. Elle n’était plus consciente de ce qu’elle faisait, de qui elle était, et de ce qu’elle s’apprêtait à commettre. Tout ce qui apparaissait sous son regard inquiétant n’était que l’homme responsable de sa souillure. Un homme qui ne méritait en aucun cas de vivre. Il lui avait arraché ce à quoi elle tenait le plus, la piétinant comme on le faisait avec un misérable insecte. Comment avait-il pu oser faire une chose pareille ? L’ignorant, ne se doutant de rien, ne voyait en Ceres qu’une délicieuse créature prête à combler ses désirs. Pour s’approcher de la sorte vers lui, elle ne pouvait à ses yeux n’avoir comme objectif qu’une envie aussi malsaine et à la fois tellement excitante.
Maintenant qu’elle y songeait, pauvre homme. Il n’avait rien demandé, il n’était au courant de rien, il était juste là. Au mauvais moment et au mauvais endroit.
Une lueur artistique dans son regard, les démons qui étaient en elle venaient d’être libérés, laissant libre cours à une barbarie sans précédent. Sabre en main, l’homme avait beau se débattre, il ne pouvait rien face à elle en ces circonstances. Bien trop ivre pour réagir comme il le fallait, ce fut le regard apeuré qu’il observa la scène meurtrière se produire sous ses yeux. Il était tétanisé. Bien trop pour tenter quoi que ce soit. Et elle en profita.
Elle commença par sa nuque mise à nue, avant de descendre avec une lenteur effrayante jusqu’au torse sur lequel elle s’acharna plusieurs instants, avec ses doigts, sa lame et tout ce qui était à sa disposition. Il hurlait, et ça lui importait peu. Elle voulait voir son sang sortir de divers orifices, de ses plaies plus que largement ouvertes, elle voulait par-dessus tout le voir souffrir et hurler comme jamais. De ses yeux, de son crâne, de chaque parcelle de ce corps qui ne lui inspirait plus que le dégoût. Ceres ne se contrôlait plus, ce n’était plus que la noirceur profonde de son âme qui refaisait surface avec une force soudaine et jamais connue auparavant, tout ce qui semblait enfoui au fond d’elle se mettait à s’exprimer à sa place. Elle se devait de censurer cette expression horrifiée qui ornait son visage pour se permettre une telle perversion. Elle ne s’encombrait d’aucune délicatesse, lorsque son sabre s’occupait d’élargir l’orifice de ses fesses. Sa folie meurtrière et perverse lui dictait sa façon d’agir sans la ménager. Il était mort, à cause de la peur, ou bien certainement de la douleur beaucoup trop présente et insistante. Mais ça n’empêcha en rien la jeune femme de continuer cet acte de barbarie inimaginable qui ne lui ressemblait décidément pas, ne se rendant même pas compte que sa victime l’avait quitté depuis un moment déjà. Lui ouvrant totalement son ventre déjà moult fois tailladé, d’une mine rêveuse, elle retira les entrailles avec ses gants plusieurs fois tâchés. Lui écartant les cuisses jusqu’à en entendre le fracas assourdissant de ses os qui se désarticulaient, ouvrant comme elle pouvait sa bouche jusqu’à en voir le fracassement de sa mâchoire, la marine en oubliait tout le reste. Son passé, son avenir et même son présent. Ce n’était pas elle qui agissait, c’était quelqu’un d’autre. C’était cette femme qui dans son rêve, s’était faite humiliée. Dans un rictus caché par la pénombre, la belle achevait désormais son œuvre sinistre. Et elle le laissa là, défiguré dans l’endroit où il avait passé un bon nombre d’heures à éponger sa soif. Qui sait ? S’il n’avait pas été ivre mort et incapable de tout mouvement, la scène se serait certainement passée autrement.
Et ce fut avec un naturel terrorisant que mine de rien, elle se releva, couverte de sang et plus que satisfaite, reprenant son chemin à travers la ville qui endormie, n’avait eu aucune idée de la scène qui venait de se dérouler en son sein.