Une lumière le Bishop, une lumière ... Sauf que l'filament d'la lampe doit être cassé. L'coup d'la prise d'otage tombe à l'eau car c'con s'est protégé avec sa main. Il semble que j'sois tombé contre un bon. Mais l'est pas aussi bon qu'moi. Lui aussi a envie d'faire un tour en Polette alors il gueule exactement le même truc que moi. Pas très original le gars. Sauf que Polette lui obéis à lui et la v'la qui se cabre. Plutôt malin j'dois l'avouer. Mais j'me tiens bien, pas d'danger pour ça. J'ai l'cul qui chauffe aussi. Faut dire qu'la Polette semble avoir un moteur à charbon à l'arrière-train. Détail que j'ai noté qu'une fois assis. Une fois qu'y'était trop tard en somme. Et puis d'un coup d'un seul, Polette se met à galoper comme si sa vie en dépendait. En même temps, si j'étais un taré, j'pourrais très bien m'en prendre au cheval. Mais j'suis pas comme ça moi. Nooon.
Les sabots claquent et reclaquent et reclaquent encore sur les pavés d'la ville. Un boucan d'diable. Si y'avait que ça, ce serait cool mais c'est pas le cas. Trop simple sinon. La balade à travers Hinu Town est horrible. J'essaie d'me t'nir comme je peux et j'manque même d'me faire éjecter plusieurs fois mais pour l'instant j'tiens bon. Pour l'instant. Car toutes les bonnes choses ont une fin. On tourne à droite, puis à gauche, j'balance de tout coté et puis on fonce tout droit. Et c'est là que ça cloche. Car son but à Igor - ouep, décidé de l'appeler Igor - c'est d'me foutre par terre. Hors, c'est pas en allant tout droit qui risque de m'faire tomber. Mais l'Bishop a tellement réfléchi avant qu'le cerveau est un peu long à la détente maintenant. L'Igor, à l'aide d'une pirouette qu'il ne faut pas reproduire chez soi, passe en dessous Polette Cette même Polette qui vient de baisser la tête. Et du coup j'vois bien c'qui a devant. J'vois bien c'qui va m'arriver. Et j'dis merde.
"Merde."
J'me prends l'mur. Mais j'suis quand même parvenu à mettre mes bras devant ma tête au dernier moment. Du coup l'choc est pas vraiment fort. Surprenant certes, mais ça va, rien d'cassé. Et y'a pas qu'le mur, y'a aussi l'sol. Donc j'tombe sur le cul. La chute, elle, est plus dure. Le postérieur tape tellement fort sur les pavés qu'ça m'donne mal au crâne. Sérieusement, cette blague va trop loin. L'Capitaine abuse légèrement. S'il voulait m'tester, pas besoin d'mettre ma vie en jeu. En plus, j'ai d'jà fait mes preuves plusieurs fois. Trois pour être plus précis : La Tanière, Bobby d'l'Archipel et l'attaque du village. Alors j'doute. Et si on voulait vraiment m'arrêter ? Bishop est donc devenu un vrai pirate. Un vrai de vrai. C'est beau. Presque la larme à l'œil. Ah mais du coup j'dois plus prouver au Capitaine que j'suis un bon. Si c'est comme ça j'me casse. Salut Igor. A l'prochaine.
J'me relève. Polette fait demi-tour, pour qu'le chevalier puisse voir mon état. Perds pas d'temps et réfléchis comme il faut Bishop. Faut fuir, mais fuir intelligemment. Par la route c'est pas possible, le cheval est trop rapide. Pas le choix, on passera par les toits. J'regarde à droite. Y'a une fenêtre. Parfait. J'cours rapidos, r'gardant même plus en direction d'Igor. Je saute, bras croisés devant ma tête, genou également en avant et passe au travers du vitrail. Une vieille, le cul posé sur son fauteuil se d'mande c'qui lui arrive. Pas l'temps d't'expliquer mémé. J'fonce direct vers les escaliers et les montent quatre par huit. J'passe le premier étage, j'continue l'ascension, j'ouvre une porte et me voila sur le haut d'la baraque. Et d'là, c't'un semi-jeu d'enfant. Le quartier est immense et les maisons sont la plupart du temps côte à côte. J'pars donc à gauche. J'me sens libre, j'me sens puissant, j'me sens bien. J'ai l'impression d'voler, d'dominer c'te ville. J'suis tellement chaud que j'vais tenter un truc. Un truc qui t'f'ra battre le cœur encore plus fort, encore plus vite. J'suis en confiance, j'peux l'faire.
Alors j'le fais. Y'a une corde qui relie deux bâtiments. Celui sur lequel j'me trouve actuellement étant plus haut qu'l'autre. Y'a du dénivelé et l'truc forme une tyrolienne. Allez Bishop, fonce. J'prends ma serpe de la main gauche, au niveau d'la jonction du manche et d'la lame, j'cours et j'm'élance. J'passe la main droite par dessus la corde et choppe l'autre extrémité du manche. On y est. C'est l'moment. J'vais charcuter un peu la main surement mais ça en vaut la peine. Le bois glisse sur le fil et me voila qui vole un peu plus. J'jette un œil en contrebas et j'vois Igor.
"R'garde en haut Ducon !"
Il lève la tête et m'aperçois. J'lui adresse un sourire magique, un sourire de gosse. Il pointe son flingue et tire. Raté. Puis j'regarde devant et vois la fin d'mon périple. Une nouvelle fenêtre en perspective. Pas grave, commence à prendre l'habitude. J'lâche la serpe de la main gauche et pénètre dans une nouvelle habitation, avec toujours un maximum de classe. Cette fois-ci, c'est moins rigolo. Un trentenaire qu'est assis sur une chaise, en train d'fumer une clope avec devant lui une table et un pistolet double canon. J'le r'garde. Il m'regarde. Je r'garde l'arme. Il r'garde l'arme. On s'regarde. Il approche la main du flingue. Trop lent. Je plante ma serpe à la fois dans sa paluche et dans la table. Le v'la bloqué.
"Croché croché j't'ai accroché !"
J'prends ensuite le revolver. Pan Pan. L'homme est mort. C'est pas un tireur d'élite le Bishop mais à cette distance là, pas moyen d'rater. J'rattrape ma serpe, l'extirpe du meuble et j'suis r'parti. R'parti sur les toits, pour moi continuer mon escapade. J'me fais plaiz, la vie est cool. Tout s'passe bien vite, comme si j'étais sous speed. Alors que j'ai rien pris. On dirait que j'commence vraiment à apprécier les joies d'la vie comme jamais auparavant. Sur l'Archip, j'suivais en quelque sorte les ordres et j'prenais pas trop d'initiatives mais là c'est différent. Là j'suis seul, j'fais c'que j'veux. J'me fais plaiz. Je continue à courir un peu. Genre je sais pas combien de minutes car j'ai plus d'notion du temps. Tout ça a plus d'importance. Mais quand j'y repense c'pas cool. J'ai fuis comme un lache. La Marine va m'prendre pour une lopette. Et la joie retombe. T'as des burnes ou pas Bishop ? Alors vas m'chercher c't'Igor et fous lui une dérouillée ! Ouais ! Vas-y mon gars !
Du coup j'me dirige vers le bord d'un bâtiment et j'regarde en contre-bas. Personne. 'Fin si y'a des gens mais pas le concerné. Réfléchis. Polette f'sait un boucan d'enfer. Concentre toi sur le bruit. Le bruit Bishop. Et dans les cinq secondes qui suivent, une explosion. Suivie d'une autre. Et comment tu veux qu'j'entende Polette avec tout c'boucan ? Mais attends une seconde. Igor étant un vrai Soldat, i'va s'diriger vers l'explosion. Magnifique ! Toi l'étrange inconnu qu'a fait péter un truc, je t'aime ! Et là, j'attends pas une seconde et j'fonce vers où y'a le grabuge. Deux pâtés d'maisons plus loin, c'est le pactole. Igor qu'est en contre-bas. Coup d'bol supplémentaire, les bâtiments sont plus si haut qu'avant. C't'à dire que si j'tombe d'ici, certes ça va pas faire du bien, mais ça m'tuera pas non plus. Alors quand j'sens qu'c'est l'bon moment, j'bondis. J'retiens mon souffle. L'effet d'surprise s'ra ultime ! Et puis ...
PAF
J'ai tapé au niveau du flan d'Polette et l'cheval métallique tombe sur le coté. Comme quoi, même un poids plume peut faire tomber un molosse. Au passage, désolé Polette mais pas trop l'choix. Du coup le Igor il a pas l'choix lui non plus et y'a l'gueule par terre. Bishop aussi d'ailleurs. Et l'choc fut rude. Tellement fort qu'la tête tourne, l'bonhomme se r'lève mais vacille. Dommage. J'pensais pas prendre autant cher. Maintenant j'sais à quoi m'attendre. Un inconscient le Bishop. Bref. J'suis d'bout et j'attends qu'l'adversaire s'mette sur ses pieds à son tour. Ouep, j'suis d'humeur d'un homme d'honneur aujourd'hui. Dis le mec qui a fui quelques minutes avant. Uhuh. Faut qu'j'me rachète. Faut qu'j'lui prouve que j'en ai dans le slibard. Allez amène-toi Igor, tonton Bishop t'attends.