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Un mort qu'on abandonne est mort deux fois [1624]

On y est, le Cap des Jumeaux, Grand Line, le début d'une nouvelle aventure. Aventure qui a mal commencée. Le bateau est troué, c'qui va nous retarder un p'tit moment et on a perdu ce cher Walt. Pour toujours. Et pourtant, personne semble réellement traumatisé par la nouvelle. L'seul qu'a failli verser une larme c'est Bibi. Failli hein ! Même Micha, qui était assez proche de Walty, quoique c'était plutôt l'inverse, n'a eu l'air que légèrement triste. Ca m'fait mal au coeur cette histoire. Walty méritait pas ça, Walty était un chic type. Un type bizarre, mais un chic type. Et j'le r'grette comme j'pourrais regretter n'importe qui de cet équipage. J'crois qu'sa mort va me hanter. J'sais pas pourquoi. C'est comme ça. Et la blague que j'ai faite à l'invité va pas aider. Comment j'ai pu faire d'l'humour dans un moment pareil. J'dois pas être net comme gars. Et puis les actes s'enchainent. L'Capitaine qui d'vient monstrueusement monstrueux, qui fout une trempe au playboy et qui s'met à parler comme il sait si bien l'faire. Une fois d'plus, son discours est beau, franc, direct et classe. Du Capitaine tout craché. Il d'mande si des rats veulent quitter l'navire. Personne répond. En même temps, vas-y quitter l'équipage après un speech pareil. On est bien tous trop excité par le challenge Grand Line pour abandonner comme ça. Et c'est pas parce qu'y'a eu une perte qu'on doit flipper pour la suite. Même si c'est pas toujours très encourageant.

Il poursuit en dictant des ordres à gauche à droite. Réparation du bateau pour Noah et la clique qui prendra avec lui, exploration pour Maya et Micha, discut' pour Jacky, l'beau gosse et l'Capitaine lui-même et moi qui doit m'remettre en état. Car j'ai une tête ainsi. J'me suis habitué à la douleur mais j'ose quand même pas me r'garder dans une glace. J'ai d'jà vu des horreurs. Après tout j'suis doc. Mais m'voir avec une pastèque comme caboche, non merci. J'aimerais bien prendre du temps pour moi, me r'poser, m'soigner, dégonfler, mais y'a une chose plus importante à faire.

"Attendez-moi les filles, j'viens avec vous. Deux secondes que j'aille récupérer un truc."

Une exploration d'phare ça m'dit bien. En plus je s'rai en charmante compagnie. Et faut pas non plus laisser ces deux belles jeunes femmes seules. Qui sait c'qui pourrait leur arriver. 'Leur faut un homme avec eux, pour les défendre. Bien que j'pense pas qu'elles aient réellement besoin d'un ange-gardien. A vrai dire, ça s'ra surement elles qui m'protégeront plutôt qu'l'inverse. Mais il m'faut bouger, s'changer les idées et faire un truc important avant d'partir d'ici.

Avant d'partir en balade, un p'tit tour par la case 'pièce de Bibi'. J'me prends deux aspirines. Ah bon, j'avais dit qu'la douleur me f'sait plus tellement d'effet ? Ca arrive de mentir hein. J'embarque ma serpe. Si seulement j'avais pu l'avoir pendant la traversée, j'aurais fait bien plus de dégâts. Et j'aurais montré à c'te belle gueule qui est le vrai Bishop. J'prends aussi du curare. Parce qu'on sait jamais c'qui peut s'passer. On choppe un truc de ci de là, on s'met d'la pommade sur la figure et on est prêt.

Le but de notre promenade est de récolter un tas d'objet utile qui s'rait dans ces phares. Ca c'est le vrai 'pourquoi'. Mon objectif personnel est tout autre. Retrouver Walty et lui faire une tombe. Lui qui aimait tant creuser, j'mettrait tout mon cœur à lui faire un magnifique trou où il séjournera pendant le restant d'sa vie. Mauvaise phrase. Où il séjournera le restant d'ces jours. Marche pas non plus. Où il séjournera tout court. 'Sonne pas très bien mais c'est le mieux qu'j'puisse faire. Tu sais la drogue tout ça, parfois ça t'grille des neurones.

J'pense que Maya et Micha diront rien si j'leur demande de l'aide pour chercher Walty et qu'on oublie un peu la récolte de biens. Façon, doit pas y'avoir grand chose dans c'phare. Une armoire à bouffe, un lit et une salle de bain pour le pecnot qui vit là-dedans et c'est tout. S'il recelait une quelconque richesse, ce serait bien connu. On saute du bateau et nous voila parti. L'temps est au soleil, avec un léger vent qui vous rafraichit bien. Peu ou pas d'nuage. C'est presque une journée parfaite. Presque. Si seulement l'était encore là. On s'rait parti à quatre. Lui au bras d'sa belle. Ou presque. S'ramassant probablement un ou deux coups de poêle. Spécialité d'la cuistote. Moi au bras d'l'autre belle, Maya. Tu penses qu'un borgne peut pas être beau, bin tu trompes. Son orbite vide fait un peu, beaucoup, bizarre au début mais on s'y habitue. Et au fur et à mesure, on y prête plus attention. On aurait déconné et ri et déconné. Mais malheureusement, ça s'passera pas comme ça. D'ailleurs, ça sert à rien d's'imaginer c'qui aurait pu s'passer. A part s'faire du mal, ça apporte rien.

J'suis nostalgique. Ca m'fait un drôle d'effet. Un effet de bien, qui m'fait sourire et un effet d'mal, qui m'attriste un peu. On dirait bien qu'c'est moi la plus femmelette de nous trois. Uhuh. Qui aurait cru qu'le vieux Bishop faisait dans l'sentiment. Fallait m'changer les idées qu'j'ai dit ? Ben c'est mal parti. J'porte ma main à ma poche et en sors une tablette de chocolat. Elle en a pas mangé depuis cinq minutes, elle va être malade sans ça.

"Il lui propose un goûter, elle veut ?

Formulation bizarre, formulation à la Maya. Première fois qu'j'm'exprime comme ça. J'pourrais p'tet y prendre goût. Ca sonne bien au final. L'idée d'parler comme ça et d'avoir une conversation future avec Maya me semble fun. Et puis rien d'tel qu'un brin d'humour pour égayer cette journée.

"Chocolat ?"

Car j'oublie pas Micha non plus. Cette fois-ci, j'ai pas vraiment fait dans l'original. J'aurais bien tenté un : 'J't'en propose pas, ça va t'faire grossir. Uhuh'. Mais la tête est déjà dans un tel état qu'un coup de plus risque de m'mettre hors-service pendant un bon bout d'temps. Et j'tiens à enterrer l'Walty comme il se doit. J'fais pour l'instant pas part de mes intentions mais ça viendra une fois qu'on se sera rapproché.

J'sais pas quel mois on est, j'sais pas quelle semaine non plus mais j'dédie cette journée à Walty. Ce p'tit con d'Walty ...
    On y était, Lia. On y était.
    On avait franchis Reverse Mountain avec une aisance surprenante. L’aventure ne faisait que commencer, et elle avait très mal commencé. Nous venions de perdre Walters, qui avait mis le feu aux stocks de poudre sur le navire qui nous avait attaquer. Nous n’étions pas fiers. Pas du tout. Du moins, pas autant qu’on ne l’aurait dut.
    Moi, en tout cas, je ne l’étais pas.
    En y réfléchissant bien, j’étais certaine que j’aurais pu aider Walters. Lui sauver la vie au péril de la mienne. Je ne savais pas comment est-ce que ça s’était goupillé, tout était allé si vite, mais je n’avais strictement rien fait pour aider mon camarade (même s’il était assez étrange, dans le fond, je le considérai comme un compagnon fiable et plutôt sympathique).
    Au pied de Reverse Mountain, de l’autre côté de toutes ces mers que j’avais parcouru par le passé, que j’avais écumé pour te retrouver, après toutes les aventures et les tuiles qui m’étaient tombées sur la tête, j’avais franchis, en compagnie d’un équipage que j’oserai qualifier de « fiable », la plus haute montagne du monde pour te retrouver. Car les dernières informations que j’avais du toi disaient que tu te trouvais sur Grand Line, avec ton père. Je te savais si proche et encore si loin. J’étais impatiente de pouvoir te voir, enfin.
    J’avais hâte, tu ne pouvais pas savoir comment j’avais hâte.

    Le capitaine parle. Il doit se dire qu’il faut qu’il cause, qu’il rassure ses hommes. Peut-être un petit mot à l’adresse de notre défunt Walters Scott. Histoire de dire qu’il n’était pas mort pour rien, qu’il faisait un peu parti de notre aventure. Il nous l’avait dit : on allait en baver. On le savait très bien, on était prévenu. Et il avait putain de raison. Ouais, c’était le début, juste le début. Et déjà on avait perdu quelqu’un dans le lot. Je ne dirais pas que le gus était un chic type, vachement sympa et philanthrope, mais je l’aimais bien, ce type-là. Bref, c’était plus le moment de s’apitoyer sur le sort de notre cher disparu, on avait d’autre chat à fouetter.
    Il causait toujours, nous promettant du sang et des combats, de quoi mettre l’eau à la bouche de tous ces sanguinaires qui écumaient en notre compagnie. Alors il laisse le choix, pour voir si on est toujours motivé à poursuivre l’aventure avec ces fils de chien, entre nous, histoire de savoir si on en déposait un quelque part en lui laissant l’opportunité de faire sa route seul (et mort). Personne n’était motivé. Personne.
    Même pas moi. Surtout pas moi. Pour le coup, j’étais plus rassurée d’être avec cette bande de dégénérée plutôt que toute seule sur cette route. Fallait encore que je prévienne le capitaine qu’un détour serait à faire si je me rapprochai de ma gamine. A noter, c’est le plus important. Je fronce un sourcil, et j’attends. On a peut-être d’autres choses à foutre que de philosopher sur comment tu veux savoir si on va être des chiens fidèles, Cap’, non ?

    Ah, ça y est.
    Le gus décide enfin de distribuer les ordres. Et ça file, ça fonce, ça fume. Youpi. De quoi un peu tous nous occuper et nous changer les idées. De quoi prouver au chef qu’on peut être parfois docile. Parfois.

    Le Noah doit retaper l’écume, Maya et moi devons aller explorer le phare dans le coin et y récupérer un peu tout ce qu’il y avait de précieux. Chouette. J’adore l’infiltration, c’est un peu mon dada.
    Le reste, je m’en tamponne. Ce n’est pas mes affaires. Avant ça, petit tour dans la cuisine pour voir si tout est à sa place. En pénétrant dans l’endroit, je constate que rien n’a bougé, et c’est plutôt chouette. J’attrape une tablette de chocolat, parce que la donzelle qui est avec moi en est mordue et que j’ai dans l’idée de me nouer de bonne relation avec elle. Je fourre ça dans mon sac, avec une trousse de soin si besoin est. Et je sors. Je m’approche de Maya et lui demande du regard si elle est prête. Elle a l’air.
    Mais le doc arrive l’air de dire « Je veux venir ». Et il veut venir. Et il veut du temps pour récupérer deux trois trucs.
    Moi, je me demande juste si ça grosse tête va pouvoir passer dans la porte ou par la fenêtre, selon comment on rentre. Je me demande juste. On verra bien en arrivant, ça risque d’être plutôt drôle. Et pourvu qu’il se rétablisse très vite, si on est amené à retrouver ma gosse, j’aimerai autant ne pas la traumatiser. Mes yeux se posent sur le phare, et surtout ce drapeau qui flotte.
    J’en entends un derrière qui cause du drapeau, d’ailleurs. Qu’ils disent qu’il faudrait mettre le notre. Good Idea. Je siffle un jeune qui passe par là, sur le point d’aller aider Noah. Et non mec, celui-ci, je te le pique :

    « Colm, ramène ta tronche gamin. Le capitaine serait plutôt content de voir son drapeau au sommet de ce phare. C’est un job pour toi, me semble ? »

    Et le gosse hoche la tête et file prendre son matériel avec ce qu’il faut. Il revient en même temps que le doc. Alors, on est parti. On va vers la terre et on se pointe au niveau du phare. Première fois que j’explore en Phare sur Grand Line, le truc vachement bizarre quand même. Ce qui est chouette, c’est que ça fait très classe de dire qu’on est sur Grand Line. On peut limite bien se revendiquer comme vrais pirates, et c’est plus mieux chouette encore.
    Alex’ me cause, je l’écoutai pas tantôt. Mais là, il me propose du chocolat. J’accepte avec un petit sourire et bouffe le carré qu’il vient de me donner. On a tous les deux pris le stock pour satisfaire la Maya. On est des bons compagnons, nan ? Bref, on arrive au niveau de la porte, et c’est fermé. Je proposerai bien de toquer, mais maintenant qu’on est des vrais méchants, on est plus du genre à rentrer sans frapper.
    D’un coup sec, j’enfonce la porte. Y’a quelqu’un ?

    « Désolée, j’ai jamais été très doué pour l’infiltration. »

    Au moins, c’est clair.
    L’endroit est presque neuf. Un peu poussiéreux, ça fait un moment que personne n’est passé. Ou alors, qu’on a la flemme d’y passer un coup de chiffon. Je ne crois pas qu’on y trouvera des trucs de grandes valeurs, mais quitte à bien faire les ordres du capitaine, autant y mettre du cœur à l’ouvrage.

    « Colm, on te laisse t’occuper du drapeau. »

    Le gamin a l’air plutôt d’accord avec l’idée. Il fonce vers les escaliers et y grimpe avec son sac à dos. Au moins un qu’est motivé. Mais j’ai une bonne question qui me tanne depuis tantôt, autant y aller franco :

    « Vous pensez que Walt a atterri dans le coin ? »
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    J'ai p'tet oublié de t'le mentionner mais l'jeune Colm est là lui aussi. C'est juste que comme il est assez discret par rapport à ces deux belles femmes, j'l'ai pas r'marqué. Mais j'oublie pas d'lui tendre un bout d'chocolat. J'dois dire qu'il a pas mauvais goût. Surement Maya qui l'a choisi. C't'une experte en la matière. D'ailleurs dès que j'lui ai demandé, elle a pas attendu une seconde. Ploup. La moitié d'la tablette disparue, et réapparue entre ses mains. Micha s'la joue plus civilisée et prend qu'un morceau. Colm fait pareil. D'ailleurs, il trimballe là un grand bout d'tissu. Le drapeau des Saigneurs pour être plus précis. Et c'est quand j'regarde le haut du phare que j'comprends. Y'a d'jà un drapeau là-haut. Du genre pas à nous. Et du genre moche. Une vielle tête de mort et un croissant d'lune. C'est quoi s'bordel. Bonne initiative du p'tit donc. Va m'mettre un vrai étendard au sommet d'ce bâtiment. Histoire qu'les arrivants d'après voient c'qui leur attendent. J'remarque aussi une sorte de trou dans le mur. Assez haut. Et t'espère trouver un truc là-dedans alors qu'le bonhomme est pas capable de réparer l'édifice ? Mouais. J'sais pas à quoi il pensait l'Cap en envoyant des troupes ici. L'a juste voulu expédier les gens à des occupations inutiles - ou presque - pendant que lui, Jacky et l'invité font un tour de bateau. Pour redescendre Reverse une deuxième fois. Car une seule fois, c'trop classique, trop simple. C'trop pas nous.

    Nous voila donc au pied d'cette tour. A bon coup d'pied, Micha défonce la porte. Pas douée pour l'infiltration qu'elle dit. Qui a parlé d'infiltration ? C'est vrai, l'Capitaine. J'souris. Parce qu'entendre l'Cap parler de discrétion ça fait sourire. Si tu r'gardes notre parcours jusqu'ici, on est jamais vraiment passé inaperçu. Tu vois surement d'quoi j'veux parler. Las Camp, l'Archipel, Hinu Town, tout ça quoi. Et l'pire est à venir à priori. Ou l'meilleur plutôt. Dépend d'quel coté tu t'places.

    Puis on rentre à l'intérieur. Mon opinion sur l'lieu s'confirme. 'Trouvera rien dans c'trou à rats. Rien du tout. Hormis des rats. Logique. Micha dicte ses ordres au jeunot. Une vraie chef. Classe et tout. Comme les autres d'l'équipage. C'la coupe qui fait ça. L'Afro-power comme elle dit. Jamais entendu parler auparavant. Afrodisiaque ouais, mais pas ça. Du coup, j'ai des doutes concernant la signification de l'Afro-power en question. Car personnellement, ça m'fait pas l'effet escompté. Fin soit, pas trop l'moment d'penser à ça. Suite aux ordres donc, l'Colm monte comme une flèche et grimpe les marches deux par deux. Allez gamin, va m'planter c'drapeau. Puis Micha r'ouvre la bouche. C'qu'elle dit m'fait plaisir. Alors comme ça elle est intéressée par Walty elle aussi. J'savais bien qu'c'était pas une sans-cœur.

    "J'pense qu'il d'vrait pas être loin. J'propose qu'on monte avec Colm. De là-haut, on pourra surement le r'pérer. Et elle, elle en pense quoi ?"

    Maya acquiesce. Avec un p'tit sourire. Mais elle m'regarde quand même d'un œil bizarre, perplexe. S'demandant p'tet c'qui m'prends. Moi-même j'sais pas trop. C'est comme ça. Micha répond également favorablement. Faut dire, l'idée qu'j'propose semble pas merdique. Au sommet d'ce phare, on verra nettement les alentours. Et j'pense pas qu'Walty ait plané jusqu'au Nouveau-Monde. Du coup on fait même d'une pierre deux coups. On fait l'tour du proprio, pour voir les magnifiques trésors que regorge cet endroit - blague - et une fois en haut, on observe le coin. A la recherche d'un grand trou dans le sol, ou d'un r'groupement d'individus à un quelconque endroit. En espérant qu'l'atterrissage se soit pas fait dans l'eau. Sans quoi, je s'rai pas en mesure d'enterrer le défunt comme il faut. C'qui s'rait bien dommage. A notre tour donc, on monte. Moins vite que l'Colm mais avec une détermination égale à la sienne.

    Lorsque tout à coup soudain, la voix d'Colm s'fait ouïr. Le son est faible. On dirait même que c'est l'écho qu'on entend et pas les paroles initiales. On déniche une légère panique dans l'ton du p'tit. Du coup, on met un p'tit coup d'speed. L'escalier en colimaçon donne le tournis. Faut dire qu'il est assez long, étroit et qu'ça tourne beaucoup. Mais comme c'est p'tet une urgence, bah on fait avec. Faudrait pas perdre un deuxième membre dans la même journée. Surtout qu'c'est sans danger par ici.

    Quelques secondes plus tard, nous voila arrivés tout en haut. La porte est ouverte et l'silence a repris ses droits. J'pense au pire. Mais finalement, j'vois qu'le Colm est toujours là, debout. Il est captivé par quelque chose, sans bouger. Il s'trouve juste devant la chose en question. Du coup, j'm'écarte et j'viens m'mettre à coté d'lui. C'que j'vois me fait accélérer les battements d'cœur. Une boule se fait r'sentir dans la gorge. Une autre dans l'estomac. C'est bon Micha, plus besoin t'chercher, on l'a r'trouvé notre Walty. Il est allongé au milieu des gravats. Des pierres, des briques, de la poussière et un corps inanimé. Ni une ni deux, j'me rue auprès d'notre borgne. Qui sait, y'a p'tet encore une chance d'la sauver. J'regarde pas s'il respire encore. J'teste pas le pouls non plus. Pas l'temps. Immédiatement, j'me met à genoux et commence un massage cardiaque. Pas l'genre de massage que les docs font quand y'a un tel cas. Non. J'y fais presque comme un barbare. Augmentant l'impulsion à chaque coup. C'que j'fais est débile, sert à rien. Mais j'le fais quand même. En plus, si jamais y'a une infime chance qui soit sauf, c'que j'suis en train d'faire lui explosera l'coeur. Sauf qu'il est mort. J'lui pince le nez, lui écarte les lèvres et commence un bouche à bouche. Et puis j'me remet taper sur son cœur. Taper. C'est l'bon mot. C'te foutu massage servira à rien. Faut donner tout c'que j'ai. Vis putain. Vis !

    Puis les filles me prennent chacun un bras et m'éloigne de là. J'leur en foutrais bien une à chacune pour ensuite r'tourner essayer quelque chose mais j'peux plus rien faire pour lui. J'dis rien non plus. J'tente de m'contrôler à présent. Faudra t'y faire mon vieux. T'es pas un Dieu. T'es qu'un gars pathétique. Qu'est-ce tu veux, j'suis p'tet un taré mais parfois j'suis humain. J'parviens enfin à m'calmer. J'sais pas c'que pense les autres d'mon acte désespéré et à priori j'men fous. Tout c'que j'veux maintenant c'est aller creuser un trou, enterrer notre Walty comme prévu et partir c't'endroit au plus vite. J'ai tellement la rage que j'donne un bon coup d'pied dans un débris. J'regarde mon shoot. La pierre part loin, en direction des gens qui attendent un bateau de transport. J'espère qu'un connard la prendra en plein front. Enfin j'attends. Que quelqu'un dise ou fasse quelque chose. Et si tout l'monde fait comme moi, alors à c'moment là j'proposerai d'aller mettre notre Walty sous terre.

    Quelle journée d'merde ! Reverse, tu parles d'une aventure !
      Voilà, on y est.
      Dans ce phare.
      D’un côté, c’est super banal. On pourrait se dire que c’est qu’un phare, qu’on s’en tamponne la coquille. D’un autre, c’est le phare de Grand Line, celui en bas de Reverse Mountain, celui qu’on doit explorer pour trouver de quoi contenter le capitaine.

      Alors on est là, et Colm file comme une flèche à l’étage pour remplacer le drapeau du haut. Histoire de dire que les Saigneurs sont passés par là, qu’ils sont sur Grand Line, et qu’ils ont bien l’intention d’y foutre leur merde, parce que c’est ce qu’ils savent faire de mieux, parait-il. Moi, je reste à côté des deux lurons, qui regardent, un poil curieux, le phare, les marches, tout ça. L’endroit a été récemment rénové, qu’il semble, donnant un air plutôt cossu au lieu. J’ai pas franchement le temps, ni l’envie, d’admirer l’endroit pour son architecture, hein.

      « J'pense qu'il d'vrait pas être loin. J'propose qu'on monte avec Colm. De là-haut, on pourra surement le r'pérer. Et elle, elle en pense quoi ? »

      Je zieute Maya, histoire de voir ce qu’elle en pense. Et elle a l’air d’accord avec l’idée. Je crains par contre que le docteur soit un peu trop attaché au Walters, avec une pensée en tête : le retrouver. Je sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’il se découvre une vague conscience. Un truc pas frais, dont il ne connait rien de base, parce qu’il ne doit pas trop savoir ce que c’est que d’être humain. C’est un peu le cas de tous les membres de cet équipage. Guidés par la haine, la colère, la joie de faire du mal, simplement l’envie de détruire. Des gamins avec une grosse puissance entre les mains, potentiellement super sadiques, destructeurs, chaotiques jusqu’à la pointe du cheveu. En bref, une sacrée bande d’illuminés, un groupe de vrais Saigneurs. On porte pas ce nom pour rien, c’était finement trouvé –et dans le fin, on est pas forcément les plus doués.
      J’échappe pas à la règle, je m’y fais. Le statut ne me dérange pas, je l’assume parfaitement. Je crois que j’ai fait pire, j’ai par contre la chance d’avoir un véritable objectif, acceptable tout du moins. Contrairement à ces gus qui m’entourent, là. Enfin, j’en sais rien, et je m’en fou. Faut monter les marches. On se met en route, un poil pas trop motivé parce que les lieux ne nous inspirent pas grand-chose. Pfffou.

      Et là, un cri ou l'écho d'un cri.
      Du haut des escaliers.
      De Colm, surtout.

      On décide de monter en quatrième vitesse, histoire de voir si le gamin n’est pas en danger, surtout qu’est-ce qu’il lui prend de gueuler comme un putois. On gravit les quelques marches qui nous reste, on franchit une porte, et là…
      C’est l’hécatombe. Des gravats, des briques, des bouts de bois. De quoi foutre en rogne celui qu’avait pris la peine de reconstruire l’endroit. Héhé. On regarde attentivement pour voir ce qui s’y passe, qu’est-ce qui a provoqué ça. Je fixe Colm pour voir s’il s’en remettra. Le gamin est un peu pâle, mais rien d’anormal lorsqu’on remarque qu’au milieu des pierres se trouvent le corps sans vie qu’un gars qu’on connait bien. Walters.
      Notre Walters.
      Le gars avait plané jusqu’ici et avait rencontré sur son chemin un phare qui passait par là. En peut-être moins romancé, hein. Je me racle la gorge. Je suis gênée, j’ai pas l’habitude d’enterrer les membres de mon équipe. J’ai jamais vraiment eu d’équipe, ni été confronté à ce genre de situation lorsque j’en avais une. Alors ça fait un choc. J’ai un petit pincement au cœur, parce que j’ai eu l’occasion d’apprendre à connaitre notre Bosco. C’est un chic type. C’était un chic type. Un peu bizarre mais cool. Et…

      Et putain, Doc, qu’est-ce que tu branles ?
      Le gars s’est rué sur le corps de son compagnon, pour commencer un massage cardiaque, essayer de le ranimer. Mais t’as de l’espoir gars ? C’est beau. Non, sérieusement, c’est très beau. Mais c’est très con ! Alors je jette un coup d’œil à Maya, pour voir ce qu’elle en pense. Elle en pense autant que moi, je crois bien. Elle a pas l’air de trop comprendre ce qu’il lui prend. Enfin, si, elle comprend. Mais c’est peine perdu.

      « Bon allez, ça suffit Doc’ ! »

      Tu vas bientôt passer dans la profanation de cadavre. On pourrait t’accuser de trucs pas chouettes. Je lui attrape le bras et le tire en arrière, mais il se débat et veut continuer. Finalement, avec l’aide de Maya, on arrive à lui faire arrêter son massacre.
      Je sais pas quoi dire au gars. J’aurais trop peur de le vexer. J’aurais trop peur de mal faire. Alors je suis gênée. Je regarde Maya, puis Colm, je sais pas ce qu’ils veulent faire. Et je me dis que pour le Doc, comme pour Walt, il serait bien de mettre le cadavre du dernier en terre. Je dis à Colm de continuer à faire ce qu’il faisait, on s’occupe du reste, puis je me tourne vers Maya et le Doc :

      « Dégagez-le des gravats. On va l’amener. »

      C’est le minimum. J’aimerai trouver un truc pour l’enrouler dedans, qu’il soit plus facilement transportable, qu’il soit mis au propre aussi. Je crois pas que les anciens habitants aient laissé des rideaux aux fenêtres. Tant pis, on fera sans. Doc d’un côté, Maya puis moi de l’autre, on arrive tant bien que mal à retirer le corps de Walters des pierres. Un cadavre, ça pèse lourd, mais on essaye d’oublier cette idée. On a déjà du mal à se dire qu’on porte le corps de l’un des « notre »… Enfin, un truc comme ça quoi. On descend doucement les marches en tentant de pas se casser la gueule. On arrive en bas. On passe la porte que j’ai défoncée un peu plus tôt. On va jusqu’à l’extérieur, sur le pan de terre. On fait le tour du phare et là, on tombe sur une bande de gars, regroupée là à faire je-ne-sais-quoi.
      Je me tourne vers les autres, pour voir s’ils les connaissent. Mais naturellement que non. Ils sont plusieurs, là, à couiner pour je ne sais quelle raison. On pose le corps de Walters à terre.

      « Je vais chercher des pelles. Vous vous occupez de savoir qui c’est que ceux-là ? »

      Je fais demi-tour, arrive pas loin du Santa et gueule à Noah de me balancer des pelles. Le gars cherche pas à comprendre et me les donne. Je reviens sur mes pas, en donne une au doc et m’attèle à ma tâche.
      Une belle tombe pour le Walty. Comme il aurait fait pour nous, s’il en avait eu l’occasion.
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      J'sens bien qu'j'ai jeté un froid. Mais j'm'en fous. J'ai fait c'que j'avais à faire. Y'a personne qui jacte jusqu'à ce que Micha ouvre enfin la bouche. Merci de parler. Ca évite le bon gros malaise et ça détend un peu les esprits. Le mien surtout. Colm continue donc sa montée vers le drapeau. Et nous on s'occupe de Walty. J'fais l'tour du ... cadavre ... m'agenouille et écarte le reste des pierres encore présente sur son corps. Une fois qu'il est bien dégagé, j'passe mes bras par dessous et j'suis prêt à le soulever. Les filles m'donnent un coup de main et on est parti. On veille à pas trébucher dans les escaliers. S'rait bien malheureux qu'un de nous trois s'fasse le coup du lapin. Un mort de plus, j'le supporterai pas. A moins que ce soit la mienne. Waouh. Que de pensées positives en ce moment.

      Une fois arrivé en bas, on dépose Walty par terre. Micha nous fait savoir qu'elle part chercher de quoi enterrer notre cher camarade. Yes. J'vais m'retrouver tout seul avec Maya. Pas sur qu'elle sera en mesure de m'remonter l'moral. C'pas vraiment l'genre de la dame. En plus, quand j'la regarde, j'ai l'impression de voir l'Walty. Doit être la borgnattitude qui fait ça. Le peu d'temps qu'on va passer à attendre le retour de la cuistote va m'paraitre interminable. Puis elle ajoute un truc, Micha. S'rait bien qu'on fasse connaissance avec ceux-là. J'suis son index et j'tombe sur une troupe d'une dizaine de gars. J'les avais même pas remarqué. Pour te dire que l'Bishop est pas dans son assiette. Les types sont en demi-cercle, le visage par terre. Certains couinent, d'autres parlent tout bas et l'reste se tait. J'm'approche calmement. Histoire de voir c'qui s'passe. Et c'est là que j'me dis qu'y'a vraiment un truc qui cloche. J'me frotte les yeux. Mais l'image reste la même. J'réfléchis une seconde. J'ai pas bu, j'ai pas pris d'trucs, j'suis p'tet un peu dans le gaz mais pas assez pour avoir une hallucination. Mais pourtant ma vue m'trompe pas. J'vois double. En plus, l'image est pas brouillée, tout bien nette. M'viens une idée. P'tet que l'beau gosse a fait dérailler deux trois trucs. P'tet que j'louche. J'regarde Maya. Mais y'en a qu'une. Merde. Alors l'seul truc que j'peux faire pour m'éclairer ma lanterne, c'est avancer. Et voir qui c'est qu'ces types.

      J'fais un peu d'bruit et l'un des gusses se r'tourne. L'un. Pas deux. C'qui veut dire qu'j'vois pas double. Ca c'est pour la bonne nouvelle. La mauvaise, c'est qu'le gars est rudement costaud. Le plus mastoc en fait. Enfin. Y'est égalité avec son double donc j'sais pas si j'peux dire que c'est lui qu'a le plus de muscles mais j'le dis quand même. J'lève la tête et accroche son regard, afin de connaitre ses intentions. Y'a la larme à l'œil. Il avale les deux mètres qui nous séparent et m'serre dans ses bras.

      "C'tait des bons Capitaines ! C'tait des bons Capitaines ..."

      Ouais vieux. Puis l'gars m'soulève carrément et m'amène dans son cercle d'ami. J'jette un œil rapidos vers tout le monde, pour savoir si j'suis en danger. J'comprends pourquoi j'étais troublé, des parfaits jumeaux. Cinq couples. Comme j'l'ai dit, s'ont un peu la gueule qui traine par terre. Et là aussi j'comprends l'pourquoi. D'la terre retournée, un grand bout d'bois planté avec écrit "Ci-gît Brek et Brok Cann'ons. Capitaines des Chers à Cann'ons". A c'que j'lis, ces jumeaux sont donc des orphelins. S'ont perdus leurs Capitaines. Semblent quand même pas fort intelligent les bonshommes. 'Sont dix et y'en pas un seul qui r'marque le truc qui cloche là. J'voudrais bien leur faire la réprimande mais pas sur qu'il la prenne avec le sourire. Surtout qu'c'est quand même la personne - ou plutôt les personnes - les plus importantes d'leur vie qui giSENT là. Voila j'me l'suis dit.

      "Z'inquiètez pas les gars, Tonton Bishop est là. Qu'est-ce qui c'est passé ?"

      J'fais signe à Maya d'me rejoindre. On va pas la laisser toute seule. Et puis pas besoin d'un garde pour surveiller notre Walty, personne viendra nous l'piquer. S'en suit une discussion pendant laquelle on apprend leur nom. J'ai r'tenu que Pif, Paf, Schnock et Atom. Et encore une fois Atom aussi. Puis ils nous racontent leur traversée. Le crash du bateau une fois presque à la fin et la noyade d'leurs chefs. Triste certes, mais pas autant qu'notre histoire à nous. J'leur parle donc vite fait des Saigneurs et d'la perte récente. Ah, j'sais pas c'qui s'passe dans c't'endroit mais la poussière me f'rait presque monter les larmes à nouveau. Foutue poussière. On continue pendant quelques minutes, jusqu'au moment où Micha se repointe avec ses pelles. J'l'entends d'assez loin. Du coup j'salue bien gentiment les pirates. Puis y'a le dicton qui m'reviens en tête. J'suis pas vraiment fier de c'que j'vais dire mais bon."Un de perdu, dix de retrouvés" non ? Mouais. A lui tout seul, Walt valait au moins une trentaine de pecnots comme eux mais on aurait bien besoin de main d'œuvre sur le bateau.

      "Etant donné qu'vous êtes sans Capitaine, ça vous dirait pas d'nous rejoindre ? J'vais enterrer mon Walty comme il se doit. Réfléchissez pendant c'temps là."

      J'me retourne et n'ai plus qu'une seule idée en tête. Creuser. Tout en faisant l'trou, j'brief Micha sur les zigotos. J'sais pas si elle a entendu la proposition. J'suis à peu près sur que non en fait. Puis j'regarde Maya qui m'oeilte bizarre. J'peux pas dire zieute, ça colle pas. Les mots sont sortis tout seul. D'un coup. Comme la bonne droite du playboy par exemple. Con de playboy. J'me pose deux secondes et finalement, c'pas vraiment l'idée la plus brillante ça Bishop. On dirait qu't'enchaines les boulettes.

      "Bah quoi ?"

      Micha comprend pas trop et Maya m'dit qu'en fait, elle s'en fout un peu d'ces types là. Et comme j'vois Micha qui rame encore plus, j'lui révèle mon idée magnifique. Sourcils froncés et compagnie. Vous allez voir ! Une fois qu'le Capitaine les aura accepté ! J'pourrais m'vanter d'avoir ramener une vingtaine de bras à bord d'l'Ecume ! Pas d'quoi être septique merde. Puis l'temps passe, bientôt fini on dirait.

      "Au fond, il va pas t'manquer ton pot de colle ?

      J'sais bien qu'Walt trainait souvent dans les pattes d'Micha. Lui disant qu'sa cuisine était excellente, qu'sa coupe en jetait grave, que ... Et même si elle le rejetait à chaque fois - par un coup de poêle le plus souvent - j'suis sur qu'elle va s'faire chier sans personne pour l'emmerder. J'vais r'prendre le relais tiens. Hum. Bishop, arrête de réfléchir pour aujourd'hui. Juste creuse. On parle un peu et une fois l'trou parfait, on y dépose délicatement notre borgne. On rebouche. C'qui prend bien moins d'temps que le creusement. Et enfin, on s'recueille. Une dernière fois. La tombe est moche. Mais comme j'ai pas l'courage, j'lui ferai une pierre tombale demain, juste avant d'partir. Un Saigneur se doit d'avoir une sépulture assez digne. La minute passée, il est temps d'aller chercher la réponse des jumeaux.

      "J'vous laisse les filles. On s'retrouve sur le bateau."

      De retour près des nouveaux camarades. Ceux-ci m'donnent de suite leur avis sur la question. Ils acceptent. Bon. En espérant qu'le Capitaine n'y voit pas d'objection. J'remarque également qu'ils sont plus dix mais douze. Et qu'les deux autres sont pas jumeaux. Ou alors c'est des faux. De jumeaux. Et leur style est pas du tout pareil. S'ont l'air de chimiste avec leur blouse. Un peu comme moi mais en plus sérieux. Petiot et Mari Curly leur nom. J'avais raison, frère et sœur. Au moins ils doivent remonter le niveau. Niveau c'qui a dans le ciboulot j'parle. Ouais bon, pas sur que ça soit vraiment un critère de recrutement l'intelligence. En fait, j'peux clairement dire que les Saigneurs sont pas des intellecs. Enfin bref, les deux nouveaux peuvent pas faire de tort.

      Une fois les présentations faites, j'les guide. L'est temps d'remonter sur l'Ecume. Sur le chemin, j'fais plus ample connaissance. S'ont sympa ces gens là. Un peu neuneu pour certains mais sympa. Ils devraient bien s'entendre avec le reste de l'équipage. Pas qu'les Saigneurs soient bêtes. Nooon. Heureusement pour moi, l'Capitaine est présent sur le pont. J'lui fais signe, et lui désigne les nouveaux. Ou p'tet les ex-futurs-nouveaux.

      "Capitaine, j'vous présente, Snippee et Snippy, Schnuck et Schnock, Pif et Paf, Gradub et Gredub, Atom et Atomm. Ou alors c'est l'inverse, j'sais plus. Et enfin, Pietot et Mari. S'ont perdus leurs Capitaines durant la traversée. J'leur ai proposé de venir avec nous. Ca dérange pas ? Nickel. Bon j'ai un truc à faire, j'y vais. J'vous les laisse."

      J'm'écarte et j'avance vers le fond du bateau, de manière tranquille. Faut pas s'retourner, faut la jouer tranquille. Si l'Capitaine gueule, j'vais en prendre plein la tronche. Mais rien ne se passe pas. Au bout de dix pas, j'me dis qu'c'est bon. Du coup, j'peux aller m'atteler à la tâche. Manque plus qu'a chopper un bout de bois et d'y écrire un truc bien pour la tombe de Walty. Tranquille Bish, tranquille.

      Spoiler:


      Dernière édition par Alexander Bishop le Mer 18 Avr 2012 - 0:43, édité 1 fois
        J’ramène les pelles avec un petit pincement au cœur, avançant à grand pas vers le corps du Bosco et de l’attroupement que y’a plus loin. Quand j’arrive, le Doc revient d’un meeting improvisé, l’air plutôt satisfait de l’entrevu qu’il vient d’avoir. Il me cause ce qu’il leur a causé à eux. Je jette un coup d’œil vers Maya pour voir ce qu’elle a à dire à ce propos… Et elle me dit rien. Parce que y’a rien à dire probablement. Je tends la pelle à Bishop histoire de nous mettre au travail, hésitante pour voir si je dois ajouter quelque chose ou pas sur l’embauche de ces gars. Je regarde l’attroupement et j’ai l’impression de voir double. Mais pas tout à fait. Je suis pas mal étonnée, parce que y’a cinq pair de jumeau, et deux gus au milieu autour d’une tombe qui se recueillent pour saluer la mémoire d’un… de deux, pardon, disparus.
        Je constate que la traverser de Reverse a pas été une partie de plaisir pour tout le monde, surtout qu’ils ont, semble-t-il, perdu le… les capitaines de leurs équipages et qu’ils sont un peu comme orphelin dans cette histoire. On les comprend, sans doute parce qu’on a perdu un Walters plutôt sympathique, même si le mort est d’une autre trempe. Walt, c’était le bosco, ça fait pas le même effet que de perdre un meneur, j’imagine. Là où la motivation est toujours pour nous, elle l’est nettement moins pour eux…
        Finalement, ouais. De la main d’œuvre ferait pas de mal dans le coin.

        En bref, je commence à creuser pour faire un truc joli à Walt, parce qu’il va y passer le restant de… de… sa « vie », ou un truc du genre. Un endroit douillé pour qu’il repose en paix. Enfin… Je trouve ça bizarre de dire « reposer en paix » alors que le gus est mort de chez mort et que y’a pas de risque qu’il se repose vraiment. Vu qu’il est mort. Mais n’allons pas nous perdre dans des débats philosophiques sur des expressions courantes. Le tout étant de faire un trou pour y mettre le corps de Walters Scott et lui faire un machin chouette pour qu’il puisse partir… Roh, mais merde. Plus j’y pense, plus je trouve que foutre quelqu’un en terre, ça craint vraiment. C’est pourquoi ? Pour le symbole ? Alors quoi ? Si on recouvre la tête d’un mec de terre, il dormira mieux peut être ? Mais il dort pas, puisqu’il est mort ! Et puis, des fois que le gars soit pas vraiment crevé, une fois qu’il sera sous terre, on pourra plus en douter vu qu’il s’étouffera dans d’atroce souffrance ! VRAIMENT MALIN, HEIN !

        Du calme, Micha, du calme. Commence pas à t’énerver parce que tu comprends rien à tout ça et que ça te passe sincèrement au-dessus. C’est vrai que toi, quand tu tuais quelqu’un, tu le jetais au fond de la flotte bien lesté pour jamais qu’il revienne faire un tour dans le monde des vivants. Et que finalement, l’intérêt de le foutre en terre, tout ça, ça te pompe joyeusement la moelle. C’est pour la noblesse, rentre toi ça dans le crâne. Pour la noblesse du geste, pour le symbole. Voilà, c’est ça. Du symbole.
        En fait, t’es sur les nerfs, c’est pour ça. Alors, respire et creuse. On comprend très bien que ça te fasse de la peine de mettre un vrai camarade en terre, parce que ça ne t’ai jamais arrivé avant ça. Un compagnon certes très étrange, mais compagnon quand même. C’est même la première fois que tu prends le temps de le faire. Probablement que tu prends ce temps juste pour le Bishop que pour toi, ou même parce que t’as pas trop envie que n’importe qui tombe sur les restes d’un des tiens.

        Alors, je creuse encore, et je remarque pour le coup que je suis bien la seule qui bouge ses miches pour enterrer le copain. Le Doc s’est arrêté parce qu’il est fatigué, ce qui me fatigue d’autant plus. Mais je dis rien parce que le vieux est pas dans son assiette, qu’il s’était attaché au macchabé et que le voir mort lui fait pas du bien. Ça fait du bien à personne, j’imagine, mais je dis rien.

        « Au fond, il va pas t'manquer ton pot de colle ? »

        Et maintenant, j’hésite. Est-ce que je dois faire un trou plus grand pour y mettre le doc après l’avoir décapité à coup de pelle ? Ou alors, est-ce que ça l’amuse d’être romantico-sadique-remueur-de-couteau-dans-les-plaies ? Ou peut-être que je pourrais simplement répondre. Répondre quoi ? Oui, il va me manquer, et comme ça, je vais passer pour une grosse niaise sentimentale. Non, il va pas me manquer, mais t’es vraiment qu’une sans-cœur Micha, bordel de merde sale monstre. Ou ta gueule et creuse, on a pas que ça a foutre. Mais c’est franchement pas agréable comme réponse. Ou j’en sais rien, honnêtement, on verra quand on y sera. Ouais, voilà, c’est bien.

        « Mh. »

        Ouais, voilà. SUPER MICHA, t’as trouvé.

        Alors, on termine. Le trou est franchement pas terrible, mais faut croire qu’on a pas le talent de Walt pour creuser. C’est pas notre spécialité. Alors je songe qu’il faudrait se trouver un super autre fossoyeur dans le même genre, histoire d’enterrer nos conneries de temps en temps. Bishop nous dit qu’on a terminé, qu’on se retrouve sur le navire. Moi, je me tourne vers Maya pour voir si la donzelle a quelque chose à ajouter. Je lui dis qu’elle peut faire ce qu’elle veut, que je m’en fou, mais que le repas sera bientôt servi pour ceux qui voudront. Puis après, je me dis que si le Bishop a vraiment l’intention de ramener douze gus, ça va faire des bouches à nourrir.
        De quoi me défriser les tifs, ces conneries.
        Qu’il reste plus beaucoup de pigeon pour contenter la smala et qu’il va falloir bientôt qu’on s’arrête dans un coin pour faire le plein de trucs à grailler.
        Que le cap’ vient de finir son trip de gros-ego-et-je-refais-la-descente-de-reverse-parce-que-je-le-peux-nananananère et qu’au loin s’annonce un truc pas frais.
        Que Colm ramène ses miches parmi nous après avoir changé le drapeau, plutôt content de sa petite affaire et du beau machin qui trône fièrement sur le sommet du phare. Histoire de dire qu’on est passé par-là, classe.
        Que finalement, l’est juste temps de regagner l’écume, qu’on a pas que ça à foutre.
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        Le Capitaine Tahar ordonne, ses hommes exécutent. C'est bien discipliné tout ça. Maya se retrouve en mission d'exploration/récupération/etc.. avec Michaela. Elle en profiterais pour lui soumettre quelques idées d'recettes avec du chocolat dedans. Histoire de varier. Et puis ça ferait des bon repas d'fêtes pour quand les Seigneurs gagneraient batailles/or/etc. Et puis si ça se trouve, la cuistot en connaît aussi de ces recettes avec du chocolat délicieusement intégré. Nan mais imaginez... Du pigeon rôti, avec un coulis de chocolat, et quelques p'tits légumes pour équilibrer. C'est un truc qui pourrait faire des ravages dans le milieu culinaire, non ? Songeant à cela avec des étoiles dans l'oeil, Maya chope son baluchon qu'Alex lui a rendu quelques heures plus tôt, et la voilà qui accompagne Michaela. Et en parlant du Doc, on en voit la seringue. Le voilà qui se joint à elles. Et la discussion commence de façon étrange. Jamais personne n'avait encore essayé de parler « à la Maya ». C'est marrant. Elle sourit, et hoche la tête. Et zou, même pas le temps de dire « Plouf » que voilà qu'une bonne partie du chocolat se retrouve dans les mains de Maya qui croque allègrement dedans. Il est dé-li-cieux. Normal en même temps, c'est elle qui l'a choisi. Pendant que Colm, Michaela et Alex déguste le chocolat, Maya siffle légèrement. Pour prévenir Cacao d'se joindre à elle. Le Pigeon abandonne Miel qui pionce tranquillement, réagissant au son que la borgne s'est efforcé de lui rendre familier durant tout le temps de la traversée. Il reste derrière, à distance, comme intimidé par ce nouveau lieu. Mais il avance, suivant le petit groupe qui va vers le phare.

        Laissant le mini-pigeon suivre son rythme, Maya finit le chocolat qu'elle a dans les pattes avant d'arriver au phare. Michaela annonce leur arrivée avec tant de discrétion que Maya réprime un rire. Enfoncer la porte, c'est le style Saigneur assurément. La borgne aurait encore eu ses réflexes d'Agent du Cipher Pol. Elle a été entraînée pour après tout. Oubliant ses réflexions sur leur grande entrée dans l'bâtiment, elle zyeute autour d'eux. V'là la poussière... Mis à part ça, ça ne présente pas grand intérêt. Y a quelques babioles qui devaient servir au type qui bossait là. Et puis des p'tites bestioles. Colm, lui, il a filé pour accrocher le drapeau des Saigneurs à la place de l'autre. Et ils ne tardent pas à le suivre. Pour voir où est tombé Walters. Curieuse, d'ailleurs, la future ex-gouvernementale se demandait bien dans quel état il avait atterri. L'ombre de Cacao se dessine à la porte, mais il reste dehors. Et pendant l'interminable montée des escaliers, accélérée à un moment par la voix de Colm, Maya finit un dernier bout d'chocolat. Arrivés en haut, rien d'anormal au premier abord. Mais en y regardant bien, le gamin était près d'un tas de gravats comportant une silhouette humaine. Quelle surprise de retrouver là le corps du fossoyeur.

        Et là, Alexander pète un plomb. La borgne le regarde bondir auprès du cadavre pour essayer de le ranimer comme un dingue. Ce faisant, il remue la poussière des gravats. Maya éternue lorsque celle-ci lui chatouille les narines. C'est pas cool ça. Et voilà qu'il y va de plus en plus fort le Doc'. Comme s'il voulait lui briser la cage thoracique. Tout comme la blonde, Michaela n'a pas l'air de trop saisir cette soudaine pulsion. Il est mort, ça sert plus à rien. C'est un acte désespéré. La cuistot essaye d'ailleurs de faire reculer Alex, mais il se débat le bougre. Le désespoir doit lui donner des forces. Alors Maya vient en aide à sa camarade, et à deux, elles arrivent à faire bouger le Doc de là. Il semble se calmer. Conscient sans doute de l'inutilité de ses actes. Mais ce faisant, la borgne est perdue. A quoi ça rime tout ça ? Quand on est mort, on est mort, y a rien à faire. Juste à enterrer. D'ailleurs, pour ça faut l'bouger de là le corps. L'Afro-girl a raison. Bougeant pierres et bout d'bois, ils réussissent tous les trois à le dégager des gravats, et à le porter jusqu'à l'extérieur du phare. La descente des escaliers est périlleuse, mais ils s'en sortent bien. Maya a juste faillit trébucher sur une marche fendue. Elle s'est heureusement rattrapée de justesse. Et puis Michaela va chercher des pelles pour creuser une tombe au fossoyeur. Pendant ce temps, le duo Doc'/Maya va faire connaissance avec les types plus loin.

        Le truc bizarre, d'ailleurs, c'est qu'on croirait qu'ils se sont dédoublés les inconnus. Y en a une paire de chaque. Avec son oeil unique, Maya aurait du mal à loucher, aussi n'est-elle pas autant déboussolée qu'Alex qu'à l'air de croire qu'il a un truc qui cloche. Mais ça tarde pas à s'éclairer tout ça. Un des types s'avance, et prend le Doc' dans ses bras style besoin de réconfort, en jacassant un truc à propos de Capitaine qui était pas mauvais. Haussant le sourcils, Maya observa Alex et le type s'éloigner en direction des autres. Elle en profita pour indiquer à Cacao de voler jusqu'au sommet du phare, où ils avaient trouvé Walters, pour l'attendre. Puis elle va se mêler au troupeau de jumeaux, mais elle n'écoute que d'une oreille distraite à vrai dire.

        Distraite ? Oui, Maya l'étais assurément. Son esprit, insondable pour la plupart des gens fourmillait de mille et une pensées. Après tout, c'était là ses derniers instants en tant qu'agent infiltré du Cipher Pol. En tant que Gouvernementale qui se fond parmi les pirates. Dès que le Gouvernement aurait reçu son petit colis, porté par Cacao, elle serait vite cataloguée en tant que vile pirate et dangereuse déserteuse, sociopathe à ses heures perdues, narcoleptique et toujours borgne. Quoi que ce dernier élément n'apporte pas grand chose à la description, sinon un air perpétuel de folie pour faire fuir les gens les plus sensés. Alors oui, Maya était distraite. Mais elle en avait des bonnes raisons. De sacrées bonnes raisons. Elle entendit vaguement les propos de Bishop aux jumeaux. Son oeil unique reste fixé sur lui un moment, mais elle ne dit rien. Elle s'en fiche un peu. Elle est plus préoccupée par son pigeon à envoyer. Sa main tripote son cylindre scellé où elle a casé son rapport. Cacao est au sommet du phare, bien arnaché avec la petite surprise de Maya pour le Gouvernement. Il l'attend.

        Mais avant de le rejoindre, elle doit creuser. Pour Walt'. Pour qu'il ne serve pas à nourrir les corbeaux. Pour que son cadavre ne soit pas profané. Même si les vers s'en chargeront. Maya, elle, elle brûle ses cadavres lorsqu'elle ne veut pas que ça ce sache. Mais là... Faut rendre hommage au fossoyeur. Faut creuser de ses petits bras musclés en souvenir du borgne. Allez hop. Et quand c'est fini, même si c'est pas un chef d'œuvre, Maya est fière d'elle. Pas fière d'enterrer un compagnon. Mais fière d'avoir des compagnons pareils. Au Cipher Pol c'était pas mal non plus. Mais il fallait quand même suivre quelques règles. Avec les Saigneurs, y a pas de règles. Sauf celles du capitaine, mais c'est pas contraignant.

        Alex' est reparti présenter ses nouveaux amis au capitaine. Michaela va servir à manger. Et en attendant, Maya repart vers le phare. Ses doigts crispés sur son rapport. Elle grimpe les marches au pas de courses, manquant de se casser la figure à chaque pas. Mais elle parvient en haut plus rapidement que tout à l'heure. Cacao lui fait presque la fête. La borgne sourit, et pose une main sur son flanc. Puis elle s'occupe d'attacher le rapport à la patte du pigeon géant. Elle vérifie au passage l'attirail surprise pour le gouvernement. Elle s'était arrêtée, à la dernière ville où ils avaient fait escale, et elle avait acheté quelques trucs un peu dangereux. Elle allait maintenant quitter sa vie d'espionne. Allez, zou. La blondinette fait signe à Cacao de s'envoler. Elle lui parle du lieu où il doit aller, faisant un geste vers la direction qu'il doit prendre. Et Cacao obéit en pépiant légèrement. Il s'envole, chargé, et prend de la hauteur. Au bout d'un moment, c'est un point sombre à l'horizon. Maya soupire. Elle sent que sa joue est mouillée sous son oeil. Elle essuie brièvement cela, et se secoue la tête.

        Il est temps de rentrer sur l'Écume. Elle a un peu faim à présent.
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