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Comment désappointer un pingouin? Facile!

Dernières heures sur le bateau du cap’taine Céhèf. J’dois vous avouer que c’est plutôt tendu.

Depuis que j’ai, sans faire exprès bien sûr, écrabouillé un type pendant notre traversée de Reverse Mountain, je sens comme une atmosphère hostile tout autour de moi. Allez savoir pourquoi, tous les pingouins de ce rafiot se sont mis à me détester après ça ! Heureusement, un heureux concours de circonstance et ma perfidie naturelle m’ont permis de ne pas être jeté à l’eau trop rapidement. Le chantage. C’est beau. J’aime.

Mais si mon petit jeu marche avec Hassan, les autres matelots, eux, continuent à vouloir assister à mon décès. Ce qui ne m’arrange que très peu. Du coup, je suis sensé être enfermé dans ma cabine jusqu’à ce que nous touchions terre. Ceci aurait pu être un plan tout à fait acceptable, en effet, je me voyais bien couché dans mon lit pendant que les autres trimaient pour me déposer au cap des jumeaux. Sauf que j’suis le roi de coups foireux. Mon arrivée sur le Tégévé et ma dernière négociation pour m’en tirer en sont des preuves flagrantes. Du coup, prévoir le genre de coups foireux qu’on pourrait me faire devient un jeu d’enfant. « Confiant mais méfiant ! » comme disait papa Samehada ! Alors j’me méfie et j’monte sur le pont pour vérifier qu’on complote pas en juif contre moi. Non ? Tant mieux. Paranoïa quand tu nous tiens. Me regardez pas comme ça les gars, j’m’en vais bientôt ! Regardez, on voit la terre là, oui, là, pas trop loin !

Autant vous dire de suite que j’avais l’impression que j’allais me faire liquider sur place. Pourtant il n’arriva rien de bien méchant. Tout au plus quelques insultes mais c’était un langage tellement censuré à côté de celui des bandits des montagnes.. V’là que je regrette leurs grossièretés tient. Eux, ils savaient innover ! Pas comme ces pingouins qui se contentent de me traiter de végétarien, d’ectoplasme et d’autres mots pas très jolis (à cause de leur longueur) mais dont on se fout totalement.

Du coup, me voilà presque arrivé à bon port. La nuit est déjà tombée, mais on arrive bien à distinguer le phare du cap. C’est le cap’taine qui doit être content. En parlant de lui, vlà que petit gros fait monter un sac de provision sur le pont et me le tend en grimaçant.

- Nous avons des codes, nous Monsieur le bretteur. Je vous invite à en faire de même si vous ne voulez pas vous attirer les foudres d’un homme moins clément que moi.

- Ouai ouai c’est ça cap’taine. Si c’est pour me faire entuber par le premier guignol qui passe, non merci ! J'laisse ça pour les autres. Genre.. Vous.

Et toc dans ta face. C’est un victoire incontestée pour le grand Samehada Taisou ! Heureusement que j'ai mon joker sinon j'sens que le pingouin m'aurait fait la peau! Comme maman serait fière ! Déjà qu’elle avait pleuré quand j’avais détroussé mon premier passant, là, elle ne pourrait plus se retenir ! Enfin j’crois que c’était de la fierté. Ça peut pas être du désespoir non ? Si ? Je dis merde, passons à autre chose, comme mon débarquement. Il se fit assez discrètement. Un peu comme quand un type se barrait après avoir empapaouté tout le monde. Ce qui était un peu le cas quand même. Ne pleurez pas mon départ les pingouins ! Vous me reverrez, je vous le promets. Et cette fois ma lame ouvrira la panse de chacun d’entre vous.

En attendant, me v’là débarqué sur le cap des jumeaux. On a pas jeté l’ancre juste à côté mais j’décide d’aller y j’ter un œil. Derrière moi, les pirates du Tégévé doivent pousser un soupir de soulagement mais j’m’en branle. J’suis occupé. J’suis occupé à essayer de voir où j’pose les pates. Parce qu’il faut que j’arrive quand il fait nuit et qu’il y a une putain de brume. J’trébuche une fois et j’me rétame sur des rochers. Galère. J’tombe une deuxième fois. Idem. C’t’île va me buter avant que j’arrive au phare, je l’sens. Pis y’a des bruits. Des drôles de bruits. Le genre de bruits qu’t’as pas l’habitude d’entendre et qui t’fait bien flipper. Mais j’avance. Dans l’noir. Dans la brume. Avec ce bruit.

*CRACK*

La foudre. Le tonnerre. Un putain de coup de tonnerre. Bordel, j’sens qu’j’vais pas dormir cette nuit.

    En dressant une liste des réveils, en les classant du plus agréable au moins désirables, on pourrait certainement tirer en conclusion quels sont ceux que nous préférons et, surtout, qu'est-ce qui les rend meilleurs. Pour ma part, je crois pouvoir dire que se réveiller dans un espace si confiné que ses parois vous empêchent littéralement d'effectuer le moindre mouvement sans devoir exercer dessus une force considérable ne figure pas tout en haut de la liste. Tout en bas non plus, il pourrait y avoir des animaux féroces ou des éléments minéraux ou métalliques acérés entrant en jeux qui rendraient la chose bien moins appréciable. Et, dans le cas présent, Walters Scott était déjà bien heureux de pouvoir se réveiller.

    Il n'avait pas l'habitude de faire des rêves, et ces derniers mettaient le plus souvent des membres de sa famille en jeu et toutes les variantes que vous pouvez supposer. Mais le niveau que ses songes avaient atteint cette nuit là était tout de même assez extrême. Pas de visage connu, pas de visage du tout même. Uniquement l'expression de la douleur figée dans l'éternité. C'en avait été assez pour qu ele borgne désire quitter son inconscient pour retourner dans le monde des vivants. Mais voilà qui suffit, finit le ressassement morphésien, il était temps de se remettre à bouger. D'ailleurs, où est-ce qu'il s'est retrouvé, qu'il se demande, le Walt'.

    ...

    Bonne question hein ? Difficile de réfléchir clairement quand on est emprisonnée dans K sait quelle matière. Il lui faut de l'air, c'est pas qu'il étouffe, mais il réfléchit mieux avec l'exprit à l'air le Walters. Du coup, il bouge, il sent que ça bouge, il tasse, il sent des morceau de terre dégringoler sur les côté où il parvient tant bien que mal à faire de la place. Il connait bien ça la terre. Autoproclamé et bien reconnu comme fossoyeur de service chez les Saigneurs, il avait assez gratté le sol pour comprendre qu'il se trouvait actuellement en dessous de ce dernier. Et encore cette question qui taraude: mais j'suis où bordel ?
    Tout en grattant, le borgne réfléchit, il rassemble ses souvenir car c'est bien connu, pour savoir où on est, il faut savoir d'où on vient. Non, pas le rêve, avant ça, y'avait quoi ? Froid, non, encore avant. La chute dans le noir, plus tôt, plus tôt encore. La chute toujours, mais dans la lumière, avec le toit qui s'approche. La putain de longue chute, et on reste dans la politesse pour la décrire. Et avant ? L'explosion, la baston, le gros courant... Le pigeon aussi, mais ça fait déjà un bail que ça a eut lieu, et y'a eu Hinu aussi entre. Enfin, assez de disgréssions pour se souvenir qu'il avait fait la chute la plus mortelle que le mond epuisse imaginer.
    Mais on s'en branle en fait, la terre au dessus bouge assez, on donne une grosse poussée avec la main, et tout l'avant bras ressort. Yarf, victoire de l'homme sur sa tombe, c'est parti, on commence de dégager tout ce qu'il y a sur son buste, on se tortille un peu et on remarque qu'il pleut. Et là on se souvient enfin qu'il faut respirer pour vivre, et que l'eau c'est pas cool à inspirer. Que c'est aussi ça qui fait qu'on coule en fait. Et on panique un bon coup pour relever le torse d'un coup et prendre une grand inspiration d'air frais.

    ...

    Dingue comme ça fait du bien. Mais y'a quand même un truc qui joue pas.

    ...

    *Putain, j'ai respiré quoi pendant que je pionçait ?*
      On oublie la question pulmonaire juste le temps de rouvrir les yeux et de voir que le monde a un sérieux problème d'angle, du genre avec l'horizontale qu'est un peu de sträng. De quoi se demander dans quelle bourbier il s'est fait mettre le Walters. Il tente de bouger ses jambes mais y'a comme un soucis, pas que ça fasse mal ou quelque chose, mais c'est juste qu'elles veulent pas bouger comme elles en ont l'habitude. Bon, on va prendre le temps de les sortir de sous terre autrement du coup.
      Mais avant ça, remettre le monde dans le bon sens, parce que là, c'est pas que ça donne limite le mal de mer, mais c'est tout comme. De toute évidence, le problème vient d'en haut. Comment on le remarque ? En voulant se gratter la tête pardi ! Et c'est l'absence du crane à l'endroit où le devrait se tenir qui fait genre, mais c'est quoi ce binz ? Et le borgne il se met à chercher son chef, il le trouve pendant sur le côté. Bon, reprendre les choses en main, redresser le cou et remboiter les vertèbres comme on peut. C'est bon, ça va, l'angle n'a pas détruit les ligaments et une fois remis en place ceux-ci reprennent du service. Suite.
      Walters pose ses mains sur le sol et pousse. Il s'extirpe comme il peut de sa tombe, ben ouais quoi, il est fossoyeur, il sait reconnaitre une tombe quand il en voit une. Les jambes sortent, c'est bizarre, mais elles semblent avoir décider de s'entrainer un peu trop au grand écart pendant son inconscience. Si bien que les os de ses cuisses se sont quelque peu déboités. C'est pour ça qu'elles bougeaient pas comme il faut ! Enfin bref, il reste du boulot, et heureusement qu'il a pris l'habitude de remettre en place les jambes des crétins de chevaux qui se tordent les papattes dans sa jeunesse. On attrape la cuisse, on tire, on tourne un peu, on pousse jusqu'à ce que ça fasse "cloc" et on passe à la seconde. Qu'on se le dise, on ne chute pas simplement de Reverse Mountain !
      Une fois ses cannes remises en place, le bosco se relève, tranquillement hein, c'est qu'il faudrait pas qu'un autre truc ne se détache sans prévenir. Il marche un peu, se dit que ça devrait faire l'affaire pour retrouver le navire et faire un passage chez le doc' histoire qu'il serve un peu à quelque chose... Enfin, c'est pas comme s'il avait vraiment le choix non plus. Et c'est parti, y'a des silhouettes de bateaux qui tanguent dans la nuit et dans la pluie, certainement ceux des Saigneurs. C'est donc par là qu'il se dirige, boitant un petit peu quand même.

      Ah, comment que ça fait du bien de se retrouver chez soi ! L'Écume des Jours, avec tous ses rufians et mauvais garçons ! Il leur fait signe, et un beau gros sourire aussi, jusqu'à ce qu'il tombe sur une pair de nouveau, enfin, une des pairs de nouveau, qui le regardent et qui

      "!! HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA - AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!"

      Ouais vous avez compris, les deux gueulent en parallèle, voir en symétrie, ils ne connaissent visiblement pas la syncope ou la polyphonie. C'est un cri à décorner les bœufs en stéréo que le bosco reçoit comme accueil pour son retour sur l'équipage. Apparemment, les deux gus se souviennent de la tête du cadavre qu'ils ont vu enterré plus tôt dans la journée.
        Juste Avant

        Walters Scott
        Saigneur des Mers


        Pas très inspiré sur le coup le Bishop. Mais bon, il lui faut bien un semblant de pierre tombale à ce cher Walty. Bon l'truc est pas fait de pierre mais plutôt de bois. Mais comme 'bois tombal' ça s'dit pas, j'dis pierre tombale. Normal. M'a pas fallu beaucoup de temps pour faire ça. C'pas vraiment un chef, certes, mais c'est suffisant. Et comme il s'fait pas très tard, j'pense à aller mettre mon œuvre maintenant. Ca m'permettra d'tirer un trait sur cette histoire, d'y mettre un point d'honneur. Pas qu'j'vais plus jamais y penser, car il va quand même manquer le Walty mais ça sera une bonne chose de faite. Mais comme j'suis un peu en bad, j'ai besoin d'un p'tit remontant avant d'partir. J'ouvre un tiroir, y sors une p'tite boite, l'ouvre, y prends une p'tite pilule, referme la boite, la dépose et referme le tiroir. J'dépose ensuite le cachet sur ma langue et ferme la bouche. L'est temps d'voir la vie en rose Bish. Ou plutôt en arc-en-ciel. C'qui est cor mieux en fait. Qu'est-ce tu dirais d'te détendre cinq minutes avant d'partir ? Vendu. J'm'installe bien au fond d'ma chaise et pose les pieds sur le bureau. J'essaye de penser à des trucs cools mais rien n'vient. L'bonbon fait pas encore effet.

        La minute d'après, un énorme cri retentit. Gigantesque même. Un peu comme si on venait de voir un mort. Tss. Je sens d'l'agitation sur le bateau. Bon, on dirait qu'c'est l'heure. J'me lève. La pause aura pas duré longtemps. J'prends la planche de bois et j'monte sur le pont. Les Saigneurs sont rassemblés. Qu'est-ce que c'est encore qu'ce bordel. 'Sont tous l'air un peu sous le choc. Un peu comme si on venait ... j'vais pas t'la refaire. Puis le groupe s'écarte, genre on dirait qu'ils m'ont remarqué et 'veulent m'montrer une surprise. Pas une surprise, LA surprise. LUI ! J'sais pas si c'est les bonbons qui font ça mais j'suis d'une colère, d'une rage. J'serre tellement la planche qu'elle risque de péter. Mais faudrait pas qu'elle casse. A priori j'en ai plus besoin car ce con est cor en vie mais en fait elle va bien m'servir. J'cours, comme si ma vie en dépendait. Ils s'disent tous qu'le vieux est content d'voir ce con, surtout Micha et Maya, mais ils risquent d'être fameusement surpris. Bon, pas aussi surpris que LA surprise là mais quand même un peu.

        C'comme si j'avais jamais cavalé aussi vite de ma vie. Et quand j'suis plus qu'à quelques pas, j'saute, prends la planche a deux mains et lui écrase bien sur le crâne. Son crâne de con. J'y suis pas allé d'main morte et d'ailleurs le bout de bois éclate en deux. J'sens les r'gards qui s'portent sur moi. Faut dire, qu'il a fait fort le Bishop. J'ai aussi l'impression d'pas avoir eu l'idée du siècle. Moi et les idées aujourd'hui, c'pas l'top. Mais j'peux pas rev'nir en arrière là. Faut trouver un truc à dire. Vite.

        "P'tit con !"

        Ouais ! Exactement les mots qui fallait prononcer. Puis j'baisse la tête et m'dirige vers le coté du bateau où j'peux poser pied à terre. J'garde bien les yeux fixés sur mes pieds. Faudrait pas non plus prendre les airs d'un coq.

        "J'me casse vingt minutes. Besoin d'être seul."

        Le message est pas dit très fort mais il a l'mérite d'être clair. Mes jambes pèsent des tonnes. J'ressens un peu d'honte. Pas très fier de c'que j'viens d'faire. J'suis toujours en colère. Une putain d'colère qui risque de pas partir comme ça. Mais j'suis soulagé également. J'savais qu't'étais pas mort p'tit con. Chaque pas est plus difficile que l'précédent mais faut pas que j'flanche, faut pas qu'j'me retourne, faut pas j'm'arrête. J'pose la main sur le bastingage et passe par dessus. Ouf, j'y suis arrivé. Espérons qu'le Capitaine dira rien quant à mon acte. Après c'geste, pas sur que j'sois l'plus apprécié des Saigneurs. Bah, j'aurai qu'à dire qu'c'était sous l'coup d'la colère, d'l'émotion.

        Une fois les deux pieds sur le sol, j'me sens mieux. Plus aware, plus dans le gaz, plus bizarre. C'est l'bonbon. Et la seconde d'après la rage m'envahit à nouveau. C'est l'bonbon. "Besoin d'être seul". Mon cul. Besoin d'extériorisé cette colère plutôt. Et j'sais d'quelle manière j'peux faire ça. Et crois-moi, l'bonbon a rien à voir la d'dans. J'me décide donc aller à c't'endroit là. C't'endroit là, c'est le lieu qu'j'ai aperçu quand j'étais en haut du phare. Essayant de faire revivre le con. J'avais bien vu des gens de loin. Et j'ai besoin de gens pour pouvoir faire mon truc. T'sais, l'extériorisation d'la colère.

        Peu d'temps après, et toujours dans l'même état d'esprit, j'aperçois les gens en question. On est dans la fin d'journée-début d'soirée. L'ciel est plus très lumineux alors les personnes ont pensé à allumer des feux de camps. Tant mieux, ils verront mieux c'que j'fais. C'tait pas très courant d'rencontrer autant d'monde au bas d'Reverse mais maintenant qu'y'a des bateaux qui vont d'île en île, y'a des touristes qui s'immiscent sur Grand Line. Mais j'vais leur montrer que Grand Line c'pas fait pour les touristes. 'Fin, j'sais pas vraiment si c'est des vacanciers mais l'gars qui s'rend sur la route de tous les périls sans son navire, c'pas un vrai. Un vrai quoi, j'sais pas, mais c'pas un vrai. J'avance et ca y'est, j'suis plus qu'à quelques mètres du peuple. J'discerne des visages. Aucun qui attire particulièrement mon attention. Dommage, on f'ra donc ça de manière plus aléatoire. Une fois assez près, un type m'interpelle. "Hé monsieur" qui m'dit. C'est ballot gars. Vraiment. "Hé monsieur" pour dernière parole, c'pas l'top. Original j'te l'avoue mais c'pas c'que j'dirais. Mais quand il voit la serpe dans son bide et surtout quand il la sent, quand il voit l'sourire de l'assaillant aussi - ça c'est l'bonbon - il pousse un "Argh". J'préfère. J'retire l'arme de son ventre et l'type tombe au sol, sur les genoux. Les gens réalisent c'qui s'passe, crient un peu et l'camp s'anime. J'suis droit comme un 'i', prêt à extérioriser c'te haine. Une fois qu'j'me s'rai acharné sur toi mon pauvre, j'me sentirai mieux. Reste plus qu'à donc. Seulement, y'a un mariole qui veut s'la raconter. Il croit p'tet qu'j'le sens pas arriver mais j'le sens. Et une fois qu'j'sais qu'il est assez proche, j'me retourne en un éclair, avance bien rapidement et plante à nouveau mon joujou. Dans le pectoral droit cette fois-ci.

        "J'ai pas encore fini !"

        A vrai dire j'ai quasi même pas commencé et v'la déjà qu'on m'emmerdre. T'aurais pu rester dans ton coin, tranquille, sans bouger et t'aurais eu la vie sauve. Mais non, y'a fallut qu'tu t'mêles d'un truc qui r'garde que moi. T'es encore plus con qu'l'autre con. Bon allez, c'pas l'tout mais faut s'remettre au boulot. Lui était pas au programme alors on va vite. Un tranchage de gorge plus tard, la victime numéro une est étalée au sol. Un "Hé" m'fait tourner l'visage. Un mec et son fusil m'regardent. 'Sont tous les deux assez avancé par rapport au reste du monde qu'est présent. Il m'dit d'jeter mon arme. "Pas d'problème" qu'j'lui r'tourne. J'fais c'qui m'dit. J'jettes donc ma précieuse. Mais pas n'importe comment, pas n'importe où. J'la lance au loin, avec pas mal de force. Pas en direction du gusse non, trop facile ça. Plus en haut et beaucoup plus à droite de lui. L'gars sourit. J'lui rends volontiers. Si seulement tu savais c'qui t'attendait. Un aller-retour plus tard, la tête du mec bascule vers l'avant. L'a fait mouche la Bish. J'cours vers lui, en m'déhanchant comme un danseur - ça aussi c'est le bonbon- pour mettre fin à ses souffrances.

        "Serparang !"

        Faut qu'j'fasse vite. Sinon j'risque de pas vouloir faire c'que j'veux. Mais comme les vieilles jambes fonctionnent encore bien, j'suis près d'lui rapidement. A la dégaine du gars, on sent bien qu'il est pas au top de sa forme. Prêt à s'effondrer à la moindre seconde. Son fusil est tombé et ses guiboles fléchissent. Mais avant qu'il s'écroule, je saute, viens percuter ses épaules avec mes genoux, c'qu'il fait basculer en arrière et j'pose aussi mes deux mains de part et d'autre de son front. Et quand sa tête heurte le sol, la serpe la traverse de par en par. Bien joli spectacle que je propose. Pas sur qu'il soit apprécier de mes spectateurs par contre. Au moins, c'lui qui s'risque à m'interrompre à nouveau sait c'qui l'attend. Alors, des volontaires ? Non ? Bien. J'retourne près d'celui qu'aurait du être la seule et unique victime. Toujours à genoux, toujours tout seul, comme un chien, essayant d'arrêter le saignement en mettant ses mains devant la blessure. J'espère pour toi qu't'as d'autres bras en réserve p'tit gars. J'm'approche doucement, histoire de bien faire monter la colère. Parce que la rage a pas du tout diminué. Comprends-moi bien, ces interventions désespérés et inutiles n'ont eu pour seul but que de faire monter la sauce. J'lève le bras. Un dernier mot peut-être ? Et pas de "Hé monsieur". Le gars ouvre la bouche. Surement pour dire "Pitié" ou "Me tuez pas". Mais j'rigolais gars. Pas de dernier mot pour toi.

        Un plantage de serpe, le deuxième donc. Puis encore un. Et un à nouveau. Et celui-là pour le coup d'poing du beau gosse, et celui-là pour le putain d'"Mh" de Micha, et celui-ci pour le premier mort, et celui-ci pour l'type au fusil et celui là pour LE p'tit con. Et celui-là aussi. Et celui-là pour ta tombe à la con. Et celui-ci aussi. Et celui-là pour ta planche de con. Et celui-ci aussi. Et celui-là pour qu'la colère laisse place à la bonne humeur. Et celui-là pour les gosses qui crèvent de faim, encore une fois, ça c'est l'bonbon. Et celui-là parce que j'suis fou. Et pleins d'autre encore parce que ... Parce que Merde.

        "Et celui-là y'est pour moi."

        Un dernier coup et tout est bon. Le mec est troué de partout. J'suis sur que si on prenait l'cadavre par la tête, le bas du corps se détacherait de lui même. Aaah bah j'me sens bien mieux d'un coup. Sur ce coup, j'serais pas te dire si c'est le bonbon. J'me tourne vers mes spectateurs. J'veux dire un truc mais en fait non. Plus la peine de trainer dans les parages. J'dégage de l'endroit pour aller rejoindre l'Ecume. Un dernier truc et puis j's'rai enfin tranquille. Au passage, si tu t'demandes, c'est trente-quatre. Trente-quatre coups d'serpe j'veux dire. Ouais j'ai compté. J'aime bien les chiffres. Uhuh. Tu vois, la bonne humeur. J'dois pas être très beau à voir. J'ai du sang partout. C'est qu'il a bien éclaboussé notre camarade. En route Bish.

        De retour sur l'Ecume, j'vois qu'on fait la fête. Mais quand j'arrive sur le pont, ça jette un p'tit froid. Et puis j'vois Walty, une bouteille à la main. J'm'approche. Y'en a qui r'tiennent leur souffle. C'est bon les gars, j'suis calmé.

        "Arrête de boire ces conneries. T'pourrais en mourir. Uhuh"

        J'prends la bouteille en même temps que j'parle. Le p'tit sourire accompagne le tout. Pour dire qu'y'a pas de guéguerre entre nous.

        "P'tit con."

        Ce "P'tit con" là est pas du tout dit d'la même façon que l'autre. L'est plus amical. Moins de colère et plus de joie. J'prends une gorgée. M'a donné soif cette p'tite promenade. J'suis content d'être là. Et ça crois-moi, c'est pas le bonbon.
          Bordel, eh ben ça c'est de l'accueil, des gens qui gueulent, assomage à coups de pierre tombale en bois, c'est quoi la suite, pendaison collective ? Autant dire que c'est pas pour mettre le bosco de bonne humeur lors de son retour. Faut dire que le doc a tout de même réussi à le mettre à terre en le prenant comme ça par surprise. Ils étaient censés être potes normalement, et paf on lui tape sur la caboche parce qu'il a un peu dépassé le couvre feu ? C'est quoi cette vieillesse qui balance des baffes sans poser plus d'explications namého ?

          "Dis voir Walt', juste comme ça, par pour t'embêter, qu'est-ce que tu fous ici ?"

          Si c'est pas le gars Legault qui cause comme ça, quelqu'un va se prendre une trempe pour les autres. C'est bon, c'est le vigiard, un mousse de seconde zone en aurait risqué de prendre cher, mais si c'est le vigiard ça va, il a le droit, déjà qu'il passe sa vie en haut de son nid et qu'il cause pas des masses... Mais bon, comme il est quand même bien énervé le borgne, il va quand même s'exprimer, mais pas physiquement c'est tout.

          "BEN J'ME FAIS LATTER LA GUEULE T'AS PAS VU BORDEL ?! ET VOUS AUTRES BANDE DE MOULES FRAICHES, Z'AVEZ QUOI À M'ZIEUTER D'LA SORTE Y'A UNE TRAVERSÉE À PRÉPARER SI J'M'TROMPE PAS ALORS Z'ALLER VOUS SORTIR LES POUCES DE VOS CULS POISSEUX ET V'METTRE AU BOULOT ET PLUS VITE QUE C'QUE Z'EN AVEZ L'HABITUDE !"

          Et ça fait effet. C'est qu'ils ont leurs habitudes, et les bonnes habitudes reviennent autant au galop que les vieilles quand on sait comment les appeler. Enfin, quelque chose du genre quoi.

          "Bande de sodomites"

          Et ça, c'est pour la gratuité de la parole. C'est que le capitaine n'est pas le seul à avoir le droit aux tirades qui poutrent, même s'il est plutôt doué dans ce rayon. Au final, y'a juste Noah qu'a pas bougé, qui reste là les bras croisé à regarder le revenant qui est revenu sur le pont de l'Écume. Il a du flair le Noah, et il a bien senti venir le truc pas frais.
          Walters de son côté ne cherche qu'une seule chose. Et cette chose porte des lunettes, a l'air bien funky comme il faut et une putain de coupe afro. Mais rien à faire, pas de Hope à l'horizon. Pas de Jack ou d'autre gens notable non plus. Jusqu'au bruit des bottes que seules des bottes bien accordées avec le bois du pont d'un capitaine se fasse entendre dans le dos du borgne. C'est le mec Tahar qui c'est finalement pointé pour saluer son bosco, comme c'est plaisant. L’intéressé se retourne d'un bloc et s'apprête à ouvrir son clapet, mais tout ce qui en sort c'est un glotal stop des famille. Et si tu sais pas ce que c'est, eh beh google est ton ami.

          "Salut Walters"

          Pour la deuxième fois dans la soirée, y'a le monde qui semble perdre l'équilibre. Mais là c'est comme s'il avait pris des trucs pas nets du Bishop. C'est carrément psychédélique comment tout se penche sur le côté avant de monter d'un bloc, et que le ciel nuageux prend soudain la place du reste. Il va surement lui rester une bosse après ça. Du reste, tous les membres de l'équipage se sont figés dans ce qu'ils étaient en train de faire pour voir la suite. C'est pas tous les jours que le capitaine réduit la taille d'un de ses gars d'une tête après tout.

          "Messieurs, nouvelle règle à bord: les morts restent morts, sauf si c'est moi !"

          Et là, tout le monde s'attend à la réponse du bosco, c'est à dire de s’effondrer lourdement sur le sol. Mais au lieu de ça, y'a que le son des godasse du borgne qui retentit une, deux, quatre et même cinq fois. Il avait les nerfs solides on dirait, assez solide pour se baisser et ramasser son crâne à ses pieds et le remettre en place comme il peut.

          "J't'acherai d'm'en souvenir Tahar, même si j'vois pas pourquoi tu nous dis ça."

          Il parait qu'il en faut pas mal pour étonner Mr. Tahgel, mais là Walters dépasse largement les exigences. Si bien que le Saigneur en chef lève la bouteille qui se trouve dans la main qui ne tient pas Narnak, son sabre, avant de reposer les yeux sur cet énergumène de fossoyeur qui n'arrive même pas à comprendre que dans l'ordre habituel des choses, on meurt après une chute de plusieurs dizaine de kilomètres.

          "Connard"

          C'est pas super sympa comme sortie de fin, mais après tout le bosco lui a piqué la vedette sur ce coup. Mais on ne prend pas ombrage sur ce coup, à la limite, on se ressert un coup de pinard, on rigole encore un coup en gueulant sur les gars qui organisent le matos pour le lendemain et on s'endort peinard. C'est ça la vie de Saigneur, c'est bien, et ça débarque bientôt sur une des sept routes de la grande voie. Ne ratez surtout pas ça !