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Un endroit où il fait bon vivre

En ce moment, tes boss passent les uns après les autres presque aussi vite que les journées ne se font avalées par le ciel noir. Pas un mois ne se passe sans qu'un QG ne tombe aux mains de la marines. Mais toi, tu survis, comme toujours te faufilant entre les mailles serrées du filet de la mouette. Le problème, c'est qu'un bon nombre de gradés commencent à se poser des questions. Comment réussis tu toujours à t'enfuir, et surtout pourquoi ? Beaucoup tiquent, les réflexions fusent et les regards de travers commencent à être une habitude. Si bien que ce matin ils ont décidé de te confier une mission histoire de savoir une bonne fois pour toute si tu n'es qu'une fichue taupe. Chez les mouettes.

Cette mission, tu ne la connais même pas. On t'a simplement dit « entre la dedans et tu verras ». Le là dedans ? Une énorme grotte plantée au milieu d'une île. Elle domine tout avec sa bouche abyssale qui surplombe une forêt de plusieurs hectares. Ici, aucune trace de vie humaine, ni même animale, tu te demandes bien comment ça se fait. De toute façon là n'est pas la question, toi il te faut aller dans ce fichu trou béant. Sans lumière, sans bruit où seule une odeur humide venant bercer tes narines te permet de savoir que tu n'es pas dans le néant. Peut être bien que ces saletés de gradés ont décidé de te laisser là, mais de toute façon qu'est ce que tu y pourrais. Alors tu continues à t'avancer dans cette bouche béante et noirâtre, bougeant tes pieds à tâtons entre les roches parsemant le chemin invisible.

Tu pourrais rester planté là, ou revenir à l'entrée et attendre que le vaisseau révolutionnaire ne revienne, mais tu n'es pas sûr que ce soit la mission. Tu n'es pas non plus sûr qu'ils reviennent de toute façon. T'es bien entrée la dedans, mais tu ne vois toujours pas, il fait encore trop noir que tu te dis. Alors tu continues à faire fonctionner tes guibolles. Faudrait avouer que ton cœur, il tambourine fort, que tes bras tremblent un peu et qu'au fond, tu ne fais pas le fier dans un endroit aussi moche. T'as beau avoir un paquet de printemps d’expérience, l'endroit n'est pas propice à la bonne santé mentale. Seul un sacré fou pourrait se sentir à l'aise dans cette grotte putride.

Tes globes se sont maintenant habitués à la noirceur de l'endroit, tu peux à peu près repérer les bosses et caillasses qui parsèment le couloir étroit dans lequel tu t'es engagé. Tu continues à marcher, la goutte de sueur à la tempe et le cœur tambourinant jusqu'à ce que tu aperçoives une faible lumière au bout du chemin. Un bruit sourd comme si quelqu'un frappait quelque chose se fait entendre. Rien pour te rassurer en fait, juste quelques chose qui te donne encore plus envie de partir la queue entre les jambes de l'endroit. Les guibolles continuent quand même, tant bien que mal et plus mal que bien à faire leur travail et tu te retrouves vite à la fin du couloir débouchant sur une immense pièce éclairée par quelques torches. Tu n'as jamais vu un spectacle pareil. Un nombre incommensurablement grand de squelette gis ci et là. Une vieille odeur de rance et de sang vient s'ajouter à la scène. Seul survivant, un homme à moitié mort est allongé au milieu de la pièce. P't'être bien qu'il saura ce que tu fous là, p't'être bien qu'il pourra t'aider à te casser de l'endroit, alors tu vas le réveiller à gros coups de pieds, histoire de ne pas s'éterniser dans l'endroit.


_T'es qui ? Que tu lui balances entre deux coups de pieds. Le garçon ne semble pas vouloir bouger, ou n'est pas en état tu n'en sais rien, il trouve juste le courage d'ouvrir son bec.

_Argh.... Arrêttez ça.... Qui êtes vous ? Vous êtes un ami du monstre, venu pour me manger ?

_Qu'est ce que tu as fumé toi ? Je suis Sergueï, soldat de la révolution pour te servir, enfin presque. T'as toujours pas répondu à ma question, j’arrêterai pas de frapper tant que tu ne l'auras pas fait.

_Aïe, Aîe, ok ok ! Je suis aussi de la révolution ! Tu es venu me sauver ?! Mon navire s'est fait couler par la marine à quelques miles d'ici, j'ai dû rejoindre la côte à la nage, mais je me suis fait avoir.

_Avoir par qui ? Tu me racontes quoi là ?

_Par lui ...

De lourds pas se font entendre provenant du couloir. Tu sens bien que quelque chose arrive, mais tu n'oses pas imaginer quoi... Ce n'est plus une goutte de sueur qui coule le long de ta tempe mais des dizaines. Ton cœur ne tambourine plus, mais il est prêt de l'implosion.


Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Mer 20 Juin 2012 - 12:18, édité 3 fois

    Quand tu t'engages dans la Marine, on t'promet du rêve et du voyage... Le plus souvent c'est juste un attrape couillon pour qu'tu signes leur damné pap'lard, mais des fois t'as juste droit à la vérité. Pas sûr que t'y gagnes en fait. On t'envoie alors en mission un peu partout, soi-disant pour ton bien et pour celui d'la justice, comme si t'étais pas capable d'la trouver là où on t'avait mis avant. Transfert de compétence, formation continue, fuite des cerveaux... pleins d'termes techniques pour te dire que tu vas devoir t'expatrier pendant un moment. Y a qu'la fuite des cerveaux que j'ai pas vraiment compris, mais vrai qu'à chaque fois que j'y ai participé le mec ne s'en ai pas sentit plus fort... juste un peu plus vide au niveau d'la boite crânienne. Bref...

    Dans l'cas présent, j'me retrouve ainsi sur South Blue, à jouer les officiers dans une garnison que j'connais pas et qui n'a pas envie d'faire l'effort de m'apprécier. Pas d'blem, j'en fais pas non plus. "Tu apprendras pleins d'trucs là-bas gamin" qu'il m'a dit l'colonel O'Bannon... Mouais... il a fallu un sacré moment pour qu'ça débute. Mais bon, faut avouer qu'une fois l'opération "nid d'cafard" lancée, j'en ai eu pour mon argent. Bataille navale, traque de révolutionnaire, on leur en a fait voir des vertes et des pas mures. Et c'est là que j'ai compris mon transfert. Pleins d'cavernes à moitié immergées qu'elles ont leurs îles, alors du coup on m'envoie nettoyer ces boyaux en les tapissant avec ceux des mecs qui s'y cachent encore. C'est pas tout à fait d'la chasse en haute mer, mais j'm'en contente.

    Sauf que là, cette fois on est pas dans du "search and destroy" classique. Un officier rebelle. Des infos à recup'. Il se terre sous terre comme qui dirait. Et l'pire c'est que la montre joue pt'être contre moi, vu que l'mec est blessé et qu'il pourrait m'clamser entre les palmures avant d'lâcher ses infos. En clair, j'ai un coli à aller chercher dans les entrailles de la terre, avec une jolie étiquette "fragile" collée sur la tronche. Un défi ? J'aime. Ça donne d'la saveur à la chasse, huhuhu.




    Il fait noir... pas noir genre nuit quoi. Non, noir genre pas un brin d'soleil vu qu'on a trente mètres de garnit entre lui et moi. Du genre où tu vois pas l'bout d'ton pif même si tu louches d'ton mieux. A la limite, on trouve parfois le reflet des champi phosphorescents qui jettent une lumière bleutée sur la pierre humide, le tout d'un air blafard. Ambiance quand tu nous tiens... mais bizarrement, jm'y sens relativ'ment bien... L'air est saturé d'humidité, les ténèbres me rappellent les abysses de mon enfance... une sorte de retour au cocon. Et puis ce silence... Que le criss'ment d'mes bottes sur la pierre sableuse... J'les enlève. Pieds nus, je suis comme une ombre dans la nuit. Me voilà donc évoluant au grès d'mes instincts dans les méandres chthoniennes. Mes deux godiaux attachés par leurs lacets et pendues à mon cou, chemise autour de la taille, et le corps couvert de glaise. Méthode de commando ça... Y a tous mes stages de survie et d'infiltration qui m'reviennent en tête. J'applique. Je l'vis... Tin' c'que c'est bon cette sensation du chasseur... Et pour avancer autrement qu'à tâton, j'm'allume un cigare... énorme, du genre barreau d'chaise de wotan. Un Num.3 "Rough Tell"... presque aussi gros qu'une torche, et qui s'consumme en plus d'une semaine... Allier l'utile à l'agréable, une base de ma philosophie d'travail. J'avance, je flaire, j'écoute...

    Plic... ploc... gouttes tombant sur leurs stalagmites... Flap flap... bruits d'ailes de chauve-souris invisibles... courant d'air qui dans ce silence prend des proportions de déferlante... puis le sang.

    Acre, puissante, une odeur de vieille charogne... j'la sens à travers celle du cigare... et j'évolue dans son sens... la piste du sang... la meilleur... L'air devient lourd... l'atmosphère oppressante... j’éteins mon cigare, afin que son odeur ne me trahisse pas à son tour. Et j'continue, perçant d'mon regard les ténèbres... mousse phosphorescente, faune des abysses, j'y vois tout juste de quoi marcher avec prudence. L'odeur est ici presque irrespirable... mélange de cadavre et de rejets digestifs... Bizarre pour un blessé.
    Crack... Ouatzefeuk ?! La plante d'mon pied broie un truc bizarre. J'mire plus bas, un crâne humain... tout propre et accompagné d'pas mal d'ses collègues... Hum ? On dirait que j'suis pas l'seul prédateur dans l'coin. Et visiblement celui-là crèche ici depuis un bail vu l'nombre d'osselets qui jonchent le passage. Aussi loin que j'vois, y en a . Des vieux, puis des moins vieux aussi... Et ce doit pas être le seul renfoncement... Appétit d'ogre apparemment.

    Bruit d'pas bien lourds. Mes sens s'aiguisent sous l'effet d'la parano'. Passer de chasseur à proie, c'est l'affaire d'une mauvaise rencontre. Et la voilà qui arrive. J'l'entends s'mouvoir contre la pierre... gros truc, qui grogne comme une bête... aucune foutue idée d'la distance qui nous sépare! Réflexe de survie, je saute en m'agrippant au premier bout d'roche qui m'passe entre les palmures ! J'me hisse aussi silencieus'ment que j'peux dans un replis d'la roche, puis j'me terre dans l'noir... silence. J'ai mes sens aux aguets, et l'palpitant qui essaye de s'calmer au mieux... apnée, j'voudrais pas que le bruit d'ma respiration me fasse repérer. J'deviens un morceau de décor... patient... à l’affut.

    Puis le monstre passe juste en dessous d'moi... immense masse ignoble, aux allure de vieille tortue couverte de mousse... une odeur qui me fait réprimer une vague de dégout à m'en faire gicler les boyaux. La lame d'mon poignard sort doucement d'son étui, en silence. J'l'ai recouverte de charbon avant d'aller au turbin... méthode de commando, encore. Chasseur ou proie... toujours le même combat.



    _T'es qui ?

    Hum ? Voie d'grognard, atténuée par la distance et la pierre, mais voie humaine malgré tout. Deux même, pour être exact. Chier, ma cible. Entre autre. Et l'erreur d'la nature a qui ça n'échappe pas. Retroussement d'babine, la voilà qui s'met en route pour calmer sa fringale. Salop'rie, crois pas bouffer l'autre gus tant qu'jai pas eu mes infos. J'suis sur l'point d'entamer le corps à corps pour profiter d'ma position et d'là surprise, quand j'réalise que j'aurais du mal à repérer la source de cette discussion dans se labyrinthe... alors que mon ami à écaille, non. Guide-moi à ma proie terreur, facilite-moi le boulot.

    Me voilà donc évoluant sur les traces du monstre, glissant sur son sillage telle une ombre. On se rapproche de plus en plus... j'peux maintenant deviner où sont les revo'... je bifurque. En douceur, je gravis une alcôve de plus, puis je glisse dans un recoin... Je rampe en douceur sur la glaise... je plonge dans une nappe d'eau prisonnière... je me rapproche ainsi, tandis que le monstre fait son arrivée. Dur de résister à la tentation de r'garder en spectateur son entrée en scène, mais j'dois rester concentré... Deux mecs comme je l'pensais. Dont qui semble pas du genre blessé. L'autre, ma proie. J'glisse toujours un peu plus dans l'noir... épousant malgré ma masse les moindres recoins de ténèbres... Encore quelques mètres et je s'rais en position pour agir en un éclair. Encore quelques mètres...

    Trois chasseurs, une même cible.

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    Grand, putride, ça serait le mot pour décrire ce que tu vois. Horrible aussi et s'il existait un superlatif, tu l'utiliserais. La bouche béate devant tant d'horreur, tu comprends enfin ce qu'est ce fameux monstre. On t'envoie donc à la mort. Ces foutus gradés de la révolution devaient en avoir mare de voir ta vieille trogne d'aigri échapper à tous les pièges de la vie. Ils t'auraient pendu à une corde que tu aurais plus apprécié. Te faire bouffer petit à petit par un monstre hideux et à l'haleine aussi fraiche que du gaz moutarde, ça ne t'enchante que très peu. Dans ce genre de moment, ta substance grise se met à palpiter pour trouver une solution, comme d'habitude ça ne donne pas grand chose. Tu tentes la voie de la diplomatie.

    _Euh... Salut, moi c'est Sergueï, on fait les présentations?
    _Beuhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
    _Euh... Enchanté...

    Le gros monstre a laché ce mot, ennivrant le peu d'air disponible d'une odeur horriblement forte et putride. Ta première tentative a lamentablement échoué, alors tu tentes le plan B. Sauf que tu n'as pas de plan B. Tu as juste compris que la bavette ne servirait pas à grand chose. De toute façon tu n'as jamais été doué que pour faire parler tes poings, alors tu décides de t'y mettre. Tu savais que ce ne serait pas de la rigolade, tu savais que cette mission était ta dernière chance, mais à ce point... Tu râges. Tes deux poings se crispent d'énervement en pensant à ces foutus gradés qui doivent bien rire de t'avoir envoyé ici. Ils doivent bien se marrer en imaginant en combien de morceaux va te couper ce monstre. Ils pourraient avoir un Den Den Muchi caméra qu'ils prendraient des paris. Ahah une belle brochette d'enfoirés.

    _Beuhaaaaaaaaaaaaaaa

    Le monstre n'a l'air de connaitre que deux syllabes, c'est un bon début mais toi ça ne t'arrange pas trop. Avec ces deux syllabes il réussit quand même à te faire tirer une sacrée trogne de dégout. Il s'avance maintenant vers l'homme à moitié mort et tu comprends que sa vocifération devait vouloir dire quelque chose comme "viande à moi, toi repas ce soir". Enfin c'est ce que tu t'imagines et ça ne fait rien pour te rassurer. Mais ta râge est là et c'est le plus important, c'est elle qui t'a toujours permis de te sortir des mauvais pas. C'est aussi elle qui t'y amène le plus souvent, dans les mauvaise postures, mais tes poings t'ont toujours permis de t'en sortir. Et tu comptes bien les faire parler aujourd'hui.

    Sans même réfléchir, sans même te rendre compte que tes mains ont arrêtté de trembler, tu cours maintenant vers le monstre, sautant presque tellement ta haine t'a envahis. Tes deux jambes s'envollent et ton corps suit, puis ton poings droit s'explose contre la grande gueule du monstre. Tous tes doigts craquent sous le choc, ton bras se met à trembler sous l'impact et tu perds un instant le contrôle de ton corps qui retombe lourdement par terre. Là, tu as foutrement mal, tu souffres comme le dernier des imbéciles, mais tu résistes contre cette douleur qui t'envahit, grimaçant d'horreur. Des adversaires aussi forts, tu en as déjà eu dans ta vie. Il n'étaient pas aussi laids, pas aussi puants, mais ils avaient autant de force dans les poings, et tu t'en es toujours sortis.

    Tes deux guibolles se remettent debout, difficilement mais sûrment, tandis que le monstre continue de bougler et d'envahir la grotte de son odeur putride. Il a quand même l'air d'avoir eu mal ce foutu monstre. À sa façon de gesticuler, tu sens bien que ton coup de poing n'a pas été inutile, même si tu sais aussi que tu ne pourras pas en donner beaucoup sans tomber, de frappes comme ça.


    Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Sam 14 Avr 2012 - 20:58, édité 1 fois

      Encore quelques mètres...

      Lentement, je glisse en silence sur le fond vaseux du fond aqueux où je me suis embusqué. L'eau épaisse et saturé de vase filtre péniblement à travers mes branchies, mais elle me permet de rester caché. Fine, la couche d'eau piégée dans les méandres chthoniens est juste assez profonde pour y camoufler mon corps, qui s'y déplace comme au ralenti. Mes mains s'agrippent précautionneusement au fond, avant de me tracter avec prudence pour me rapprocher de ma proie... Dans ces ténèbres, je ne vois presque rien malgré le fait que mon visage n'est pas à plus d'une vingtaine de centimètre de la surface... pas grave... j'avance... je continue de mémoire... Au dessus de moi, le bruit de la lutte entre le monstre et le deuxième humain se répercutent dans les galeries, atténué par l'eau dans laquelle je me trouve. Je réprime une curiosité toute belliqueuse à vouloir y jeter un œil. Ma mission, d'abord ma mission. Je continue donc lentement... Encore quelques mètres...

      Puis, lorsque j'estime être assez près, je remonte en douceur. Mon crâne perce ainsi la pellicule de la surface sans un bruit. L'eau et la boue glissent alors sur mon visage, le recouvrant d'un film épais et sombre. Seuls mes yeux semblent briller dans le noir, signe de mon extrême concentration. Deux petites têtes d'épingle directement pointées vers ma cible. Je glisse... un peu plus près... Une main sort doucement de l'eau à son tour... puis l'autre... Le révolutionnaire est dos à moi, témoin de la lutte entre son confrère et l'être de ténèbres qui hante les lieux. Sa vie dépend du courage de son ami... et pourtant. Le pauvre fou ignore quel péril le guette à présent. Moi. Cris gutturaux et chocs sourds d'un côté, silence étouffé de l'autre... la menace la plus immédiate n'est pourtant pas là où pourrait le croire.
      Toujours en silence, la masse de mes épaule s'extirpe à son tour de l'eau, suffisamment lentement pour que les gouttes puissent couler le long de mes écailles sans créer d’éclaboussures révélatrices. Méthode de commando, une fois de plus. Combien de révolutionnaires sont passer par le fil de mon poignard de cette façon ? Aucune idée... Pas assez à mon goût. Je réfrène donc un réflexe bien ancré en ne dégainant pas encore ma lame... mes mains s'avancent... toujours plus près... il est là, juste devant moi.... je ne respire plus afin que mon souffle ne glisse pas sur sa nuque... je l'encadre de mes deux bras, toujours hors de son champ de vision... Pour lui, je n'existe pas encore. Je suis pourtant si près que je pourrais sentir son odeur, sa peur, le sang de sa blessure. Instant d'immobilité, je me fige, près à agir... Une seconde passe, puis deux... Puis les deux combattant se heurtent à nouveaux. Voilà l'instant que j'attendais : le moment précis où le bruit de leurs coups cachera mes actions furtives !



      Aussitôt mes mains se rabattent en un éclair sur ma proie ! Elles enveloppent alors comme dans un étau : Une de mes mains se plaquant sur son visage, cachant alors par sa largeur et ses palmures à la fois, sa bouche, son nez et ses yeux ! L'autre le plaquera dans un même élan les deux bras contre son corps et le mien ! Avant même que son cerveau n'enregistre la peur et la surprise de mon attaque, je le tracte d'une poussée fluide en arrière, le faisant disparaitre dans l'eau avec moi !



      Tout s'est déroulé en une fraction de seconde... les ténèbres l'ont avalé le temps d'un clignement de cil. Son ami aurait du faire plus attention à lui... Mais la peur de l'inconnu et le frisson des bataille semblent avoir eu raison de sa vigilance. Du moins momentanément... Il faut s'éloigner ! Probablement malin, il comprendra vite qu'un troisième homme est sur le coup. Quitter la zone au plus vite ! Mettre le paquet en sécurité le temps de l’extraction. Vite, avant que l'effet de surprise ne se dissipe et qu'il ne batte des pieds !
      Dans mon dos, je sens l'effet d'aspiration d'un courant froid, signe qu'un boyaux proche et immergé s'y trouve. Tel une ombre, je m'y engouffre d'une glissade sur le dos, la laissant m'avaler en un éclair. Seul Davy Jones sait où cela nous mène, mais c'est le meilleur moyen de disparaitre sans être vu. Rester ainsi un fantôme... une apparition fugace... laissant le doute dans l'esprit des témoins. Ma cible elle même n'a aucune idée de ce qui lui arrive. Comment pourrait elle. Elle se débat donc tandis que nous glissons sous l'eau, vainement. Je pousse alors de mes talons pour avancer, tâtonnant par mes épaules pour trouver une sortie... comme un ver de vase... Mes deux mains sont prises : l'une l’empêche de se débattre, l'autre le garde dans la confusion et le doute tout en lui évitant de se noyer... Mais le plus vite possible, tout en essayant de ménager le bruit que j'espère l'eau et la pierre étoufferons. Règle de base : "Préparer lentement, agir en un éclair". Ne pourtant jamais ménager ses efforts pour rester silencieux. Je dois cependant faire au plus vite. Entre sa blessure et l'apnée, il pourrait me claquer dans les pattes d'un moment à l'autre. Je glisse donc toujours plus vite, avant de finalement percer une bulle d'air.

      - Hhhhuuuuu !


      Je le laisse prendre une grande bouffée d'air par le nez, tout en gardant sa bouche condamnée. Il se débat toujours plus fort ! Il cabre, frappe le sol de ses pieds libres ! Chier, il va nous faire repérer ce con ! Situation critique, méthode critique : pression sur un de ses bras, qui se brise net ! Crack ! Ça le calme après un court moment de douleur contenue par mes soins. Je me moque de son état, seule sa bouche et ses infos me concernent. Je profite donc de l’accalmie pour jetter un œil autour de moi... Une grotte, baignée par la froide lumière de vers d'ombre... Plusieurs galeries... Chier, pas assez loin, j'entends encore les bruits des deux autres zouaves. Pas l'choix pourtant : impasse aquatique, et l'autre agonisant ferait trop d'bruit sur le pierre si j'avais la mauvaise idée de le faire marcher dans ces galeries. Pas l'choix donc... on reste là, en silence... Je m'immerge alors au maximum avec mon prisonnier, seuls nos têtes sortant de l'eau... Il bouge encore, mais de moins en moins... je l'ai calmé ou il clamse ? Merde... pas moyen d'savoir sans le sortir de l'eau... Je décide de rester un peu plus. Peut pas prendre le risque de nous faire repérer... déjà que là.... Silence donc, nous nous fondons à nouveaux au maximum dans les ténèbres.

      Seul le souffle chaotique du révolutionnaire perce dans le noir et la lumière blafarde des vers... Nous attendons... et je guette, tous les sens au qui-vive.



      Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 2 Juin 2012 - 15:55, édité 1 fois
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      Tu en es retourné, presque encore sous le choc brutal du poing contre l'immonde créature puante. Tes neurones tous trimbalés dans ta pauvre trogne se remettent difficilement en place tandis que le monstre crie sa douleur. Ce cri, tu le connais mais l'effet est toujours le même. Ton nez continue à hurler au drame odorant.

      _BEUUUUHAAAAAAAAA...

      _Non mais c'bon, j'ai compris.

      _BEUUUUUUUUUUHAAAAAAAAAAAAA !!!

      _...

      Si tu as bien compris toute la finesse du langage de l'animal, son bruit inhumain équivalait à un « J'ai maaaaal » puis à un « t'vas me le payer !! ». Peu doué pour la conversation mono syllabe, tu ne refuserais quand même pas un interprète officiel. Tu te retournes donc vers l’abîmé que tu es censé sauver afin d'avoir une meilleur traduction. Etant ici depuis plus longtemps, peut être a-t-il eu le temps de mettre en place un dictionnaire officiel...

      Sauf que le bougre que tu te voyais déjà trimbaler en te sauvant à toute jambe, il n'est plus là. A la place, tu n'aperçois qu'une immonde tâche de boue saupoudrée de sang. Tu as beau ne pas être l'homme le plus intelligent au monde, tu as beau ne réfléchir que par tes poings, tu te rends tout de même compte que quelque chose ne tourne pas rond. Encore moins rond qu'avant même. Un monstre inhumain ne suffisait pas, il fallait ajouter de la difficulté.

      La vie est parfois une sale prostipute qui ne rend pas la monnaie. Et depuis le temps cette garce t'en doit, de la monnaie.

      Alors tu suis les traces de sang. Parce qu'il n'y a que ça à faire et puis surtout parce que combattre ce gros monstre immonde n'est pas le genre de plaisir que tu as envie de te faire. Le sang mène à la boue qui mène à l'eau. Tu plonges ton corps dans le liquide sans un once d’hésitation. L'heure des tergiversations est fini. A peine que tu sautes dans l'eau que tu entends l'immonde créature accourir derrière toi.

      Dans tous les cas, à cet instant ta vie ne tient qu'à un pauvre file plus mince que du nylon. Tes yeux se ferment et tu avances à taton, te servant de tes pauvres connaissances en natation. Tu ne te repères plus, tu ne sais où tu vas mais tu avances, cognant tes guibolles, ta trognes, tes bras contre la roche mais continuant à avancer. Ton air commence peu à peu à manquer, ton cerveau commence à ne plus pouvoir fonctionner. Tes sens te disent le monstre à peine quelques mètres plus loin. Tes nerfs se bloquent peu à peu. Ta trogne déjà violacée par le froid se rougit chaque seconde.

      Mais tu continues. Parce que tu es trop têtu pour te laisser mourir.

      Alors que ton courage te lâche et que même ta saleté d'arrogance de vieux briscard ne te donne plus aucune force, tes mains percutent le nirvana. De l'air, de l'oxygène. Le plus important des atomes de cet terre.

      Ton corps violacé saute en dehors de l'eau, trop heureux de ne plus se sentir coincé dans ce foutu liquide, trop heureux de pouvoir utiliser tes narines abimées. Tes pieds touchent enfin du solide... Alors même que ton esprit se réconforte de cette belle sensation retrouvée, tu aperçois deux trognes dépassant de l'eau quelques mètres plus loin. La grotte où tu te situes maintenant n'est éclairée que par un mince rayon de soleil venant traverser la roche par une petite fissure de l'autre côté. L'odeur putride de sang a laissé place à la moisissure et à l'humidité sur la dizaine de mètres carré de l’espace.

      Les deux trognes que tu as vu, elles te mirent -enfin c'est ce que tu penses voir- d'une façon que tu es loin d’apprécier. Entre le pauvre bonhomme à moitié mort et ses yeux de supplice et les deux autres globes te fixant d'une manière atroce, tu te dis que la journée est loin de t'avoir encore offert toutes ses surprises.

      Ce sont donc ces deux énormes globes la cause de cette fuite... Tu te demandes bien ce que cet homme peut faire ici, surtout pourquoi est ce qu'il a pris l'autre son son bras et s'est enfui...


      _GLOUGLOU BEUUUUUHAAAAAAA !!!

      _Ouai on a compris...

      Pour parfaire la scène, le bon vieux monstre hideux refait son apparition après une apnée prolongée. On aurait pû croire que cette douche lui aurait fait du bien... Mais la touche d'humidité ajoutée à son odeur putride manque de peu de te faire chutter d'horreur. Maintenant, il faut le dire, tu te trouves dans la mouise...


      Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Sam 2 Juin 2012 - 11:44, édité 4 fois

        Vibration de l'eau. Faible, presque imperceptible... et pourtant j'la sens le long de la plante de mes pieds nus... Elle fait vibrer mes palmures par à-coups. Un courant ? Non, je l'aurais senti avant... Une seule explication : on nous suit. Une masse se déplace dans l'corridors immergé. Chier, on est découvert. Mais pas l'temps pour une retraite furtive, voilà Bandit 1 qui crève à son tour la surface de l'eau, les poumons en feu et les sens en vrac ! L'humain. Négligeable ? Non... mon instinct me défend de le sous estimer. Il va falloir faire vite et propre. Profiter de son manque d'air et de sa désorientation. Lui sortir les tripes et l'accrocher au fond avec, avant même qu'il n'ai le temps d'comprendre à qui ou à quoi il a affaire. Profiter de la désorientation... frapper quand les défenses sont au plus bas. Et surtout frapper vite et fort.

        Sauf que le temps de s'regarder dans l'blanc des yeux, v'là notre copain le Kappa qui déboule à son tour ! Chier-sur-chier, Bandit 2 nous a pris en chasse lui aussi ! Ils ont même pas pris le temps de s'entretuer ces glands ! Par tous les enfers, qu'est ce qu'il pue ! Va falloir que j'm'en débarrasse au plus vite lui aussi, nul doute qu'il saurait me traquer sans problème le temps d'trouver une sortie. On lâche donc le plan A, pour passer au B : "Estimation des menaces et Neutralisation immédiate" !


        Mais tout d'abord, se débarrasser du colis pour avoir les mains libres. D'une poussée violente de mes deux mains, je projette donc derrière moi mon prisonnier, qui va s'écraser sur un pan sec de la grotte. Le choc lui souffle immédiatement tout l'air des poumons, avant même qu'il ne s'écrase au sol. J'espère ne pas y être aller trop fort, mais dans c'genre de situation, mieux vaut n'pas y aller avec le dos d'la cuillère. Au moins il ne s'fera pas la malle pendant que j'discute avec ses copains. Tango zoulou est H.S pour un p'tit moment.
        Le geyser d'eau que sa sortie a provoqué n'a même pas fini de retomber, que ma tête s'enfonce d'un seul coup dans l'eau sombre. Là, on est sur mon terrain... mon espace de chasse... même peu profonde, ce minuscule lac souterrain va me donner toutes les possibilités qu'il me faut pour expédier ces gêneurs dans l'autre monde. Bien qu'aveuglé par la boue et le manque de lumière, mon "Lorenzini's Eyes" me permet de repérer instantanément la localisation et les mouvements de mes cibles. Appui des deux pieds sur le sol vaseux... je fléchis les cuisses... me bande comme un ressort... La lame de mon immense poignard sort en douceur de son fourreau... je calcule...

        Le monstre commence à bouger. Il est en colère, probablement contre les deux humains... L'autre réagit... Quelle cible choisir ? Oui, celle là. Le choix le plus logique dans ce genre de situation... Dès sa première ouverture, mes jambes se détendent, me projetant telle une torpille meurtrière vers un de ses organes vitaux, pointe de mon poignard la première ! J'y mets tout mon poids, ma vitesse et ma hargne ! Le combat promet de rivaliser de brutalité et de vitesse.


        [J'te laisse choisir qui j'attaque, entre le Kappa et toi]
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        Un monstre ne suffisant pas, il te faut en subir deux. Toi le vétéran de l'armée révolutionnaire. Celui qui a tout vu, tout vécu, tu te trouves quand même dans de beaux draps. Alors que tu ne sais même pas comment mater le monstre hideux à l'odeur insupportable, l'autre t'a l'air encore plus puissant. D'un geste qui lui semble presque anodin, il écrase le pauvre blessé avec une force qui te fait pâlir de peur. Tu te demandes même si le pauvre bougre réussira à survivre à cette attaque.

        Tu te demandes aussi qui sera le prochain sur la liste des condamnés. Alors que l'homme animal replonge dans l'eau, c'est l'immense monstruosité qui te fait maintenant de l’œil. Non pas que ce ne soit pas ton genre mais presque...
        La bave dégoulinante et suintante de celui qui a faim, la monstruosité court vers toi. A croire que la chose a changé d'avis sur son quatre heure. Elle fonce maintenant vers toi à grands pas faisant autant de vibrations dans ton pauvre cœur de vieil homme que dans la grotte.

        Alors que le monstre arrive presque à portée de tes poings, surgit de l'eau l'homme-animal à une vitesse que tes pauvres globes ont presque du mal à cerner. Le poignard en avant, son but est simple : te tuer. La lame surgit vers ton cœur et tes pauvres poings tentent tant bien que mal de riposter. Juste avant que l'impacte mortel n'arrive, ton bras frappe le sien de toute ta puissance. Mais le bougre d'Homme animal en a aussi, de la puissance. Malgré toute ta hargne le choc est si dur à parer que tu ne peux empêcher le dos de sa main de frapper ton torse, t'envoyant valdinguer loin, très loin et t'écraser contre la roche humide de la grotte. Les os craquent, les nerfs se lâchent et la douleur vient. Comme une boule enflammée brûlant chaque parcelle de ton dos.


        _Sans même un bonjour... Kof kof kof... C'môche !

        Entre deux raclements de gorge, tu arrives tout de même à articuler quelque chose de compréhensible. Peu cohérent mais compréhensible. Difficilement, tes deux bras se posent contre le sol rocailleux et aident ton corps meurtri à se relever sans grâce. Comme un automate dont les ficelles auraient étés coupées, tes membres gesticulent pour réussir à supporter tout ton poids.

        Lorsque tu as retrouvé l’esprit, tu observes la bête immonde bouchant le passage à son ami l'autre bête un peu moins laide. Le combat de la plus monstrueuse monstruosité tente de pointer le bout de son nez. Mais toi, tu réussis tout de même à remettre un peu d'huile sur le feu, ce ne serait pas drôle sinon.

        _Kof kof... En bon gentleman, on s'présente avant d'frapper. L'inverse étant un peu inutile, vu qu'quand tu frappes, c'pour tuer. Pis faire la conversation avec une carcasse sans vie, ça n'a jamais apporté grand chose.

        _Beuuuuuuuuuuuuuhaaaaaaaaaaaaaaaaaaa*

        _Non mais toi, fermes là ! On a bien compris qu'tu savais pas parler. Là j'm'adresse à celui à côté qu'doit avoir un peu plus d'conscience. 'Fin j'éspère.

        Ce discours, aussi inutile et inintéressant soit-il t'a remis d'aplomb. Il t'a même fait croire que tu pourrais t'en sortir vivant, de cette histoire. Alors tu bombes le torse, tu mets les épaules en avant et tu te prépares à un nouveau discours.


        _Moi, c'est Sergueï ! HAND OVER !!

        Ce cri là, tu le hurles. Parce qu'engendrer la peur fera perdre de minuscules millièmes de secondes primodiaux. Frappant le sol d'un grand nombre de coups de pieds, tu fais voler pelletées de pavés qui giclent jusqu'au niveau de tes bras. Les minuscules cailloux de la grotte se font alors frapper par les paumes de tes mains qui les envoient à pleine vitesse en direction de l'homme bête.


        *Dictionnaire animal en cours de parution, édition Temps Vers appat la coup leurs.


        Dernière édition par Sergueï Suyakilo le Sam 2 Juin 2012 - 11:47, édité 1 fois
          - Sans même un bonjour... Kof kof kof... C'môche !

          Et ouais bonhomme, la guerre, c’est moche. Et compte pas sur moi pour l’embellir ni te ménager papy. T’as voulu t’mettre dans cette galère, alors t’assume. Et tu pourras pas dire à ton colonel révo’ que c’est pas ta guerre ok. Mais en même temps t’as pas l’air du genre à t’plaindre, non. Plutôt du genre à rendre coup sur coup. Du genre chiant mais que j’sais apprécier. Le genre de vieux éléphant dont on prend plaisir à exhiber les défenses en trophée d’chasse. Surtout que t’as l’air d’en avoir une bonne, de défense.

          - [...] HAND OVER !!

          Yep. Bandit Un ne m’déçoit pas, et me volatilise à vitesse grand V tout c’que la grotte n’a pas attaché assez fort au sol. Vas-y que j’te chevrotinise la gueule, masque de boue en prime ! La logique voudrait que j’me jette sur le côté pour sortir du cône de danger, sauf que la logique dans une grotte comme celle-là, elle peut s’carrer profond là où tu voudrais garder ton intimité intacte. Sol glissant, espace réduit, l’endroit parfait pour glisser et s’manger le tout. Nan, pas moyen d’éviter ça, va falloir encaisser. Me v’là donc en train d’lever les coudes devant mon visage et ma gorge, afin de protéger c’qu’il y a de plus fragile : yeux, cou, bouche... Le reste du corps bande ses muscles en titane renforcé, puis attend le choc qui me fouette une fraction d’seconde plus tard ! Vache de sale bête ! J’ai l’impression d’être passé dans une râpe à fromage géante ! C’est ça que ressentent les poissons sur l’étal lors de l’écaillage ? En tous cas, le plus gros des caillasses a ripé sur mes écailles quitte à en emporté une partie avec elle, quant au reste, certains morceaux plus massifs se sont enfoncés de quelques centimètres dans la chair épaisse. Ça brûle, ça lance... bref, j’apprécie moyen.



          J’suis sur le point d’rendre la pareil au vieux grison, lorsqu’en baissant mes coudes endoloris, j’ai l’horrible vision du Kappa qui se rue sur moi, profitant de ma cécité momentanée. Blaf ! Sans avoir l’temps d’esquiver son attaque, j’me retrouve le torse prisonnier d’une de ses immenses mains, qui commence aussitôt à me comprimer comme un vieux citron ! L’a d’la poigne en plus... Mais moins que moi. J’résiste donc avec un minimum d’effort, cassant là son effet tout en l’énervant par la même occasion. Son autre main se rue donc vers mon visage, avec l’intention bien marquée de m’arracher la tête, tout simplement.

          - Beuuuuuuuuuuuuuhaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
          - Roooh ta gueule !

          Ma propre main gauche intercepte alors la sienne en plein vol, avant de lui broyer les doigts dans une torsion aussi vive que brutale ! Craaaack ! Y a du son d’cartilage qui s’déchire, et aussi de l’os qui perfore la chair en se fracturant. La bête hurle de douleur, visiblement aussi surprise qu’en colère face à ces proies qui se refusent à s’laisser dévorer comme les autres. Elle beugle alors, et contorsionne son hideuse tête en gratifiant toute la grotte de son haleine fétide et d’un son à en faire trembler les stalactites !

          - Mais ta gueule j’ai dis !

          De mon autre main libre, je profite de cette ouverture pour lui planter l’immense lame de mon poignard entre la carapace et son menton, visant la probable localisation d’une carotide bien létale ! Une prise bien d’chez nous dans la marine... Un enchain’ment appris en stage de « zigouillage de sentinelle révo » si j’me goure pas. La lame s’enfonce ainsi jusqu’à la garde, une fois, puis deux, trois... Les coups se succèdent alors au rythme de ma violence et de ses contorsions ! Bouffe ça salop’rie ! Ca lui fait mal et moi j’adore ça. D’la violence bien comme jl’aime, et un combat où l’instinct et le désir de vivre surpassent la raison. Mange toi ça encore, tiens ! Mwouahahah !


          - BEUUUUUHAAAAAAA !!!

          Mais Bandit Deux a de la ressource et pas mal d’endurance à défaut d’hygiène. Et tandis que jm’efforce à éliminer la bête de l’équation, celle-ci contre toute attente me projette avec une force inouï en direction du vieux révolutionnaire ! Un vrai boulet d’canon de 300 kilos qui fuse à bout portant ! Moi, dans c’petit moment d’flott’ment que précède l’impact, j’ai tout juste le réflexe de m’mettre en boule et d’contracter tous mes muscles. Quitte à m’viander sur la pierre ou sur de l’utopiste, j’préfère à choisir que ça soit eux qui mangent le plus.

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          La lâcheté ça n'a jamais été ta tasse de rhum. Tu as toujours été ainsi : foncer dans le lard quitte à finir à moitié mort. Mais t'en sortir, indiscutablement chanceux que tu es.

          La vieillesse aidant, la lâcheté venant, tu joues tout de même moins avec ta vie. Tu ne cours plus après la mort comme tu l'as tant fait. Si bien qu'en voyant les deux monstres combattre, tu t'dis que c'est ta chance, que tu as une occasion de t'enfuir et qu'il serait stupide de ne pas la saisir.

          Mais la nature ne fait jamais bien les choses. Surtout avec toi. Tenter de fuir et courir vite dans un espace aussi confiné, aussi glissant et aussi opaque, ce n'est pas la chose la plus facile que tu aies eu à faire dans ta vie. Sauf que borné comme tu es, tu te tentes quand même à l’expérience. Mieux vaut mourir bête en ayant tout fait pour faire rager la mort par ton sale caractère de borné que de tenter d'envoyer quelqu'un d'autre à ta place. Comme quoi au fond, tu n'es pas un si mauvais bougre...

          Rien n'empêche, là n'est pas la question. Celle qui te traverse en cet instant l’esprit, c'est plutôt comme éviter un homme poisson de plus de trois quintaux arrivant à pleine vitesse roulé en boule sur ta pauvre trogne. La réponse à cette question paraît simple : se baisser. La difficulté réside plutôt dans la rapidité du geste à accomplir. Et forcément tu te tentes à l'exercice. Alors même que ton corps s'allonge sur le sol, un courant d'air musclé vient raser les quelques cheveux qu'il te reste. T'as eu chaud, presque trop. La goutte de sueur crée n'a pas le temps de tomber que tu es déjà à tenter de porter le moitié mort. Déjà que seul tu aurais du mal à t'en sortir, alors le prendre ne t'enchante vraiment pas. Mais tu n'as pas le choix car tu sais que le bateau ne voudra pas te reprendre si tu reviens seul.

          Et faut pas jouer à qui nage le plus vite avec un homme poisson. C'est bien connu.

          Sauf que l'animal, celui qui pue viscéralement et qui pisse le sang à ne plus savoir où en mettre, il n'a pas décidé de s’arrêter là. C'serait trop facile. Il réussit même à encore beugler sa syllabe favorite. Mais on ne la note plus parce que ça devient lassant et ton nez se met même à s'y habituer. Dans la limite du raisonnable bien sûr parce qu'un mélange d’huîtres ouvertes depuis deux semaines, de pets de Luffy, de viande macérée et de pisse, on ne s'y habitue jamais vraiment.

          Tu commences tout de même à devoir arrêter de le snober quand il tente un câlin amical avec ton joli cou et ses longues mains. Non pas que tu sois opposé aux gestes d'affection, mais si tu pouvais éviter, tu n'en serais que satisfait. Alors tu tentes, malgré le poids du moitié mort sur tes bras de sauter assez haut pour l'éviter et réussis même à te servir de son membre comme d'un appui pour sauter en avant. La retombée est moins glorieuse et tu manques de peu de t'écraser contre le sol glissant mais par un geste plus qu'approximatif tes pieds retrouvent l'équilibre.

          Maintenant, il ne te reste qu'à courir. Et vite de préférence.

          La minuscule faille que tu avais aperçu à l'entrée de cette petite grotte, tu fonces dessus la tête en avant. Faut être bête en y pensant, parce que tu n'aurais même pas la place d'y passer un doigt. Mais t'es borné et tu as la tête dur alors tu tentes le passage à coup d'un magistrale « Skull's rage ». Forcément parce que l'on est dans un shonen et qu'ici on peut casser dla pierre vieille de mille ans avec les poings, ça marche. Tellement que tu t'enfournes dans la faille aussi vite que tu le peux, entrant dans un nouveau dédale noirâtre où l'humidité de l'air vient asperger tes narines.

            Bruit d’éboul’ment, fracas d’la roche qui dégringole, je m’extirpe tant bien que mal de la paroi d’granit où on a eu la bonne idée de m’impacter. J’vous passe les détails sur le choc en lui-même, vu qu’à part m’foutre en rogne et raffermir mon animosité envers votre mère la terre, ça n’aura que peu d’influence sur la suite. Solide comme un roc vous connaissez ? Ben on va dire que là j’suis au degré au d’ssus, comme l’a apprise à ses dépends cette putain d’grotte.
            Me voilà donc de nouveaux sur mes pieds, plus motivé que jamais pour faire la tête au carré à cette salop’rie d’tortue géante et au crâne d’œuf de service. Vont voir de quel bois s’chauffe un vrai marine ! Position d’combat, ch’uis bouillant pour l’second round, mais bon... visiblement ch’uis tout seul... L’kappa ? Nulle trace. Ma cible et son garde du corps, idem. Chier ! Ils en ont lâch’ment profité pour s’faire la malle les enflures de p’tites bites ! Mais hors de question que j’abandonne la traque pour autant, ça s’rait faire injure à ma réputation d’chasseur... Une piste, me faut juste une piste...

            Bon on oublie la traque à l’odeur, vu que l’autre bestiole nauséabonde nous a empesté les trente kilomètres à la ronde... Au bruit sinon... bof, entre la résonance et tout l’tralala c’est un coup à s’paumer et à tourner en rond. Reste la vue... Je zieute, j’inspecte... puis l’indice que j’cherche ne met pas longtemps à tomber sous l’coup d’mon sens de la chasse. Là ! Une faille dans la roche, fraîche vu le manque d’humidité sur les arrêtes, et assez grosse pour laisser passer deux hommes. Rajoutez à ça un liquide frais... jm’accroupis lentement, y trempe deux doigts... du bout d’la langue j’les goutte avec expertise, avant de recracher d’un jet sec. Du sang, frais, deux minutes et quinze secondes d’avance, tout au plus. Une inspection plus poussée me dira que la bête est bien trop grosse avec son imposante carapace pour s’faufiler par là à la poursuite de notre proie, ce qui a donc dû la pousser à contourner par une autre galerie... Une chance à saisir pour rattraper les révolutionnaires avant elle.

            Il est donc temps de s’mettre en chasse pour de bon ! Règle numéro un : se mettre dans l’bon esprit, aiguiser ses sens. Je passe ainsi sur mes pommettes les deux doigts encore ensanglantés, marquant de deux traits sombres chacune de mes joues... Commando warrior upgrading. J’suis ainsi fin prêt. La seconde d’après, je me rue en silence à la poursuite de mes proies, mes pieds nus s’agrippant à la roche humide tout en me laisser mes glisser tel un félin dans les ténèbres, tous les sens en éveille. Chasseur léger contre proie alourdie par un fardeau humain, il sera aisé de suivre cette piste fraîche et d’la rattraper ! Amis révo’, votre temps est compté !


            (...)

            Quelques minutes plus tard, me voilà en embuscade dans une faille du sol, attendant patiemment que le vieux révolutionnaire face un pas de trop. Voilà déjà un bon moment que je les ai repéré, mais il m’a fallu attendre le bon moment pour récupérer Tango Zoulo sans que Bandit Un ne pose problème... Et dans cette foutue pénombre, impossible de cibler le garde du corps sans risquer de buter le précieux colis. Exit l’idée de l’attaque frontale donc, reste le croque en jambe... Voilà, un peu plus près... encore quelques pas... voilà ! A peine le pied du vieux révolutionnaire passe à ma portée, que mes mains jaillissent d’une ombre proche pour le lui tordre avec une force extrême ! Aussitôt, je profite de son déséquilibre et de sa probable surprise pour repousser vers le haut sa jambe enraidie, afin de l’écraser contre le plafond si bas. Je ressens alors la masse de Tango Zoulou s’affaler au sol, bien incapable de se maintenir debout seul. Je l’attrape alors aussitôt par le col, avant de le happer une nouvelle fois dans l’ombre, comme avalé par la roche ! Huhuhu, ça va de’vnir une habitude. Sitôt fait, ne me reste plus qu’à courir le plus vite possible avec ce colis, sûr que ce n’est pas une cheville mal en point qui arrêtera l’espèce de vieille teigne probablement furax. Je cavale donc à mon tour, tenant l’autre mourant comme un sac à patate malgré les nombreuses collisions avec la roche que nous imposent certains passages étroits et une visibilité quasi inexistante.

            - Aouch ! Humph ! aouch ! que souffle Tango Zoulou à chaque secousse...

            Merde, il semble mal au point... Va clamser si j’continue comme ça. Faut que j’limite la casse sinon je*...

            - Ser... Sergeï...
            - Hum ?
            - Vous m’avez bien dit... que vous vous appeliez Sergeï ?
            - Euh... ouais ouais c’est bien ça. Sergeï c’est mon nom.
            - Écoutez-moi bien... je dois transmettre un message à notre QG... la révolution est en grand danger... Vous devez... vous devez transmettre mon message... keuf keuf...
            - Je t’écoute camarade...

            Forcement jm’arrête, tout ouï et pendu à ses lèvres qu’il peine à remuer tant les forces commencent à lui manquer. Le pauvre mec en est à ses derniers instants, alors forcement faute de sang pour irriguer sa cervelle d’utopiste, il divague et voudrait cracher son message avant qu’il ne soit trop tard. Le sérieux et la volonté dont il fait alors preuve me pousse à tendre l’oreille comme jamais, certain maintenant que j’tiens là ma future promotion.

            - Il existe... dans nos rang... un agent du gouvernement... Kaïto.. Kaïto Senturu... keuf keuf...

            Tsss... merci bien connard ! Ca je l’sais déjà, vu que c’est en partie grâce à lui qu’on vous a mis branlées sur branlées depuis un mois ! C’est pour ça que j’me suis fais chier à te*... ?

            - Mais... cet homme est un
            agent double... Il a tout fait pour empêcher notre désastre, en vain... il faut le sauver à tous prix, lui seul peut encore sauver les derniers d’entre nous ! Sergeï, je comptes sur vous ! Il faut... il faut...


            Raaaah le p’tit batard d’sa race ! Le p’tit fils de catin... Kaïto, t’es un homme mort ! En attendant faut absolument que j’ramène cette andouille au QG pour avoir plus de détails. J’ai l’plus important, mais mes supérieurs voudront toujours plus... Faut que j’me bouge !

            Merde, trop tard. V’là d’la compagnie.


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            _Sal'tée d'marin d'homme poisson d'mes deux roubignoles séchées d'foiré poiscaille pourrie d'en**[…]

            On s'arrêtera là sur les jolis mots sortis lorsque tu sens ta fichue guibolle partir de travers et se tourner dans un sens pas du tout naturel. Ahahah t'as vraiment cru pouvoir t'enfuir ainsi. Tu as vraiment cru que les mouettes avaient envoyé un moins que rien te chercher ? Pourtant ça fait un moment que tu sais que l'animal te suivant ne fait pas partis de ceux que l'on abat d'un coup de poing. Mais ton arrogance, encore elle t'a tellement bouffée que tu as cru un moment pouvoir t'enfuir avec le guss à moitié mort.

            Alors maintenant, tu gueules, parce que ça ne fait jamais de mal. Tu gueules et puis une fois les cordes vocales assez abîmée, tu te remets à courir derrière l'animal. Forcément moins vite, vu qu'on ne court jamais mieux avec une jambe en moins, mais tu serres les dents et tu te la joues à la « même pas mal ». Tu aurais encore la voix grave et jeune de l'homme virile que tu l'utiliserais pour asséner ces mots. Mais ta gorge vieillie et ridée par les années, lorsqu'elle gueule cette phrase ne donne pas l'effet recherché et c'est plus Tashigi que Newgate qu'on croit entendre. Mais t'en as cure, comme toujours et tu ne courbes pas l'échine. Tu bombes encore le torse comme un gosse en avançant de toute ta fierté. C'est moche, c'est risible, mais toi, trop obnubilé par les traces du plus petit des deux monstres, tu ne t'en rends même pas compte.

            La bougresse de poiscaille, elle trace sa route. L'a beau faire noir, l'a beau avoir un mourant sur le dos, tu vois bien que la différence de muscle se fait sentir et t'as du mal à suivre le pas. A croire que dans la marine, on bouffe de la testostérone toute la journée et qu'on s'amuse à porter des poids d'200 kilos sur chaque épaule juste histoire d's'amuser...

            T'as passé l'âge pour ce genre de connerie que tu te dis lorsque tu entends une voix. Ton cœur se glace et tes deux oreilles se crispent pour réussir à entendre quelque chose. Tu n'oses même pas bouger l'moindre de tes derniers cheveux restant tellement tu as peur de te faire repérer. Ils doivent être à cinq, peut être dix mètres devant, derrière le virage de rocher sûrement. Cette roche qui justement fait résonner chaque bruit même le plus infime.


            « Agent du gouvernement » que tu crois entendre, « agent du gouvernement » mais aussi « Kaito sens tu l'riz ?» ou quelque chose du genre. Et puis « agent double » enfin. Tu ne comprends pas trop, mais ça te suffit. Peut être bien qu'avec ça les gradés réussiront à comprendre quelque chose. Alors que tu te prépares à tenter de récupérer discrètement l'à moitié mort, tu sens quelque chose voler autour de ton nez.

            *Qu'est c'que c'est qu'ce mach... Oh non... Non pas une foutue plume... Non pas près du nez... Non mais qu'est c'qu'elle fout là ! Non je n'a... je n'a... Je n'*

            « ATCHOUUUUUUUUUM ».

            Si le lecteur a déjà tenté de courir avec une jambe cassée devant un monstre faisant dans les trois cent kilos de muscle et de râge, alors à cette condition là, et seulement à cette condition, il pourra comprendre la vitesse de pulsation de ton cœur. Si en plus de cela, alors qu'il tentait vainement de s'enfuir, le lecteur a rencontré sur son chemin un énoooooooorme monstre puant et suintant venu récupérer son repas et bloquant au passage la route, alors il pourra imaginer l'accélération soudaine de ton cœur palpitant déjà assez fort.

            Mais tu jures encore. Ce n'est pas le
            « même pas mal » de tout à l'heure parce que tu sais évoluer et c'est un « même pas peur » que tu brailles à l'oreille du monstre alors que ton poing vole vers sa trogne.

            Cette fois il ne prend pas la peine de te répondre. Il envoie juste l'un de ses bras exploser ta caboche contre la paroie rocheuse. Trop vite, trop fort, tu t’effondres contre le mur de pierre dans un grand BOUM qui ferait pâlir tout homme respectant la vie humaine. Cette fois tu ne cries pas « même pas mal », parce que pour avoir mal, tu as mal. Tu vires au rouge écarlate et tu pourrais faire concurrence à Tatie Janine au concours de la tomate la plus mure d'la fête de l'andouille.

            Mais un monstre, ça ne s’arrête pas à la première victime et quand ça veut manger, ça sait mettre toutes les chances de son côté. Sa cible ? Le plus faible, forcément.
              ATCHOUUUUUUUUUM !...
              BOUM !
              BEUUUUUHAAAAAAA !!!

              Trop d'onomatopées pour que j'puisse passer à côté. Alors comme déjà j'étais un poil sur le qui-vive, j'ai les nerfs qui s'arrachent presque d'eux-même lorsqu'un putain d’éternuement raisonne dans toute la caverne, nous offrant une pluie fine de gravats d'mauvaise augure. Mes tympans t'remercient déjà dugland, manquerait plus qu'mon crâne en fasse de même avec cent tonnes de granit encastrées d'dans. Sur ça vous rajoutez un gros boum le temps que j'me r'lève en position de combat, suivie de la masse imposante d'un kappa dégoulinant de sang, de pue, et d'pleins d'autres liquides tout aussi peu ragoutants ! C'est là que s'place la troisième onomatopée pour ceux qui sont pas finauds au fait. Alors quand la situation vous oblige de passer du rôle du traqueur à celui du traqué, bah vous êtes en général un tantiné sur les dents. Sans compter une certaine claustrophobie, un sens de l'orientation à la ramasse, et la vision horrible d'une masse aussi hideuse que dangereuse qui jaillit d'un rocher toutes griffes et haleine dehors. Putain, Bandit Deux s'rinvite à la fête, et Bandit Un n'a pas eu la force de m'servir de barricade. Connards de révo, f'ront toujours tout pour m'faire chier j'vous jure !

              Sauf que si ça cible c'était moi, on l'aurait joué mano-mano. A la mâle quoi. Non non... Cédant à plusieurs millénaires d'instincts d'chasseurs, le monstre charge Tango Zoulo, alors même qu'il agonise encore un peu plus à mes pieds. Tin' la bestiole le dévorerait presque par anticipation d'un simple regard tellement elle le fixe en nous chargeant ! Touche pas à ma base de donnée Salop'rie ! Ni une ni deux j'me rue à sa rencontre pour m'interposer, dents serrées et défi dans l'regard... Un vrai commando ne lâche jamais son objectif. J'me suis pas fais chier tout c'chemin pour finalement me f*...Vlan ! Un simple revers de main d'une force cataclysmique me souffle littéralement de son chemin, projetant alors toute ma masse dans la roche dure, sans pour autant qu'on sache laquelle des deux a l'plus mal. Dans l'doute j'dirais elle, mais j'suis sûr qu'elle doit s'dire la même chose. Têtu l'granit, comme pas permis. M'arrachera même un "Aaaaaargl... keu keuf..." de mauvais grès.



              A peine quelques s'condes plus tard, l'être d'ombre et d'humus happe d'une main avide l'homme affaibli, avant de se lécher les babines d'un air gourmet. La salive qui coule abondamment de sa face réjouie pue presque autant qu'son sang, c'qui est pas peu dire. Ses yeux flamboient en imaginant pas avance le goût savoureux d'cette chair humaine tant désirée... il ouvre grand sa gueule...

              BeuuuuuuAaaaaaarh !...

              J'le percute de toutes mes forces en me jetant sur son dos, le balayant presque malgré sa taille massive ! Cramponné à sa carapace, je n'ai trouvé ni l'temps ni d'meilleur idée pour empêcher le pire de s'produire. Bousculé, surpris en plein prémisse de festin, le kappa se laisse quelques instants chanceler au grès de ses pas maladroits et du sol irrégulier... D'une main je m'cramponne alors au rebord d'sa carapace épaisse, tandis qu'mes pieds cherchent autant que possible à agripper ses cuisses ! Faut pas qu'je lâche ! Aaargl... je sens contre ma peau la moisissure putride qui couvre ses propres écailles, et son odeur, si proche quelle m'en imprègne les sinus... Mais j'tiendrais bon, comme un vrai marine ! Du coup, au milieux des soubresauts qui se transforment petit à petit en rodéo, ma deuxième main retourne mon poignard, afin de le larder comme le sale bout de barbac' moisi qu'il est ! Tchak ! Tchak ! La lame s'enfonce et ressort une nouvelle fois, perçant et entaillant son cuir épais avec difficulté mais aussi avec zèle ! La bête hurle, lutte, se révolte contre cette menace incompréhensible mais au combien douloureuse ! Son petit cerveau en manque de soleil peine à gérer la situation, mais il réagit alors avec d'autant plus de violence ! Et tandis que ses bras battent dans les airs pour me saisir, le corps malmené du révolutionnaire tombe une fois de plus au sol, à quelques pas de c'corps à corps féroce. Chier, pas l'temps pour ça, J'dois gérer Bandit Deux d'abord !

              Craaaack !

              Tandis que le kappa écrase le dos d'sa carapace et accessoir'ment ma personne contre une énième cloison pour m'déloger, tout un pan d'la grotte s'effondre sous l'impact ! Sa façon à elle d'nous envoyer chier nous et notre petite guéguerre. Crack-bis ! Un autre pan qui s'fait la malle ! Et Crack troisième du nom... Bientôt, c'est tout un côté d'la grotte qui disparaitra dans l’immensité de ténèbres que nous offre un gouffre gigantesque ainsi mis à jours. Une bonne dizaine de mètres de large, pour dieu sait combien de profondeur. Du peu que j'ai l'occaz' de voir, j'dirais que c'est une ligne directe vers le centre du monde. Le puits des enfers, la bouche du diable, ou peu importe comment vous l'appelleriez, moi j'y vois surtout un putain grand-trou-d’nom-de-diou-d’mes-burnes-chaudes !
              Tchak ! Mange ça salop'rie ! Comment ça encore tchak ?! Ben évidemment que j'continue ! L'kappa met un point d'honneur à pas crever et à m'déloger, et moi à lui donner tord. Duel de deux monstres qui résonne dans les méandres chthoniennes avec d'autant plus de force ! Mais petit à petit, notre lutte sans merci guide les pas chaotiques de la bête de plus en plus près du précipice... Je ne l'vois pas, tout concentré à tuer, à sauver ma vie et ma mission... quelques pas... plus que trois... Notre équilibre est précaire... Nous luttons, tout à notre combat.

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              Il est très difficile pour une personne encastrée dans un mur d'en être heureuse. A partir de là, on peut comprendre ta sale gueule de vieillard mécontent. Un bout de roche vient caresser ton œil droit. Un goût de sang vient emplir tes lèvres de son amertume. Chacun de tes os crie à la mort et ta chaire meurtrie suinte la violence du choc dans chacune des parties de ton corps. Mais tu es vivant, c'est le plus important. Ton orteil gauche réussit à bouger, lentement, faisant trembler tout le reste par l'effort demandé. Tes neurones quant à eux tentent difficilement de se remettre en place. T'as encore dû en perdre un paquet avec cette affaire, de neurones. Déjà que la réflexion n'a jamais été fameuse avec toi... Faudra pas s'étonner le jour où tu auras un vocabulaire aussi enrichi que celui du monstre le plus hideux de l'endroit...

              En attendant, tu tentes de te remettre sur pied. Mais d'abord tu retombes sur le sol. Salement. Parce qu'il faut du temps pour réapprendre à marcher.

              Le sang dégoulinant sur ton visage et venant perler sur le sol ne t'aide pas vraiment à t'en remettre. Tes deux poings serrés tentent d'avoir assez de force pour réussir à soulever ton corps de vieillard mais ce qui t'aide surtout à ce moment, c'est ta foutue rage. Foutu Kappa que tu te dis. Foutue monstruosité de la vie, foutus enfoirés de chefs révolutionnaires. Foutue poiscaille. Tu rages sur tout ce que tu trouves pour réussir à trouver la force nécessaire.

              Et tu réussis. Forcément.

              Tu te dépoussières un peu les quelques bouts de roches s'étant accroché au peu de cheveux qu'il te reste et tu prends même le temps de t’essuyer le visage histoire de réussir à voir quelques chose. Ta manche se rougit en peu de temps d'une matière visqueuse que tu connais bien. A ce moment là, ta rage est si haute, ta haine si élevée que ton esprit n'a qu'une seule envie : faire voler ton poing sur les deux monstres, seuls être vivant du secteur. Mais tu réfléchis un peu quand même, il ne faut pas croire. Tu commences à en avoir sacrément mare de voler d'une paroi à une autre et tu t'dis que ce serait bien de s'en sortir vivant. Alors quand tu vois les deux monstruosités combattre l'une contre l'autre sans se préoccuper de toi, tu t'dis que ce serait peut être le moment de prendre tes jambes à ton cou. Mais tu as beau être vieux et beaucoup plus lâche qu'avant, ta fierté continue encore à te bouffer et tu serais bien incapable de partir sans avoir un minimum rendu les coups pris. La différence est qu'à vingt ans, tu aurais gueulé une insanité pour attirer l'attention su toi. Aujourd'hui tu la joues plus fine. Pas très fine quand même, mais un peu plus qu'à l'époque.

              Tu décides donc de te servir de ta tête. Un Skull rage bien comme il faut ne faisant jamais de mal. Ton corps se raidit, tes muscles se crispent et tu te mets à foncer sur les deux horribles créatures trop occupées par leur corps à corps. Tu bondis comme un diable et ta trogne de vieillard s'écrase de toute sa puissance sur le dos d'un des deux monstres. Tu ne sais lequel des deux a subis le choc, tes yeux se sont déjà recouvert du sang dégoulinant de ton front mais t'en as cure. A l'odeur, tu dirais quand même que c'est le moins moche des deux qui a subis mais tu n'as pas le temps d'admirer le résultat de ta frappe. Et puis, tu es aussi assez occupé à tenter de ré-atterrir sur tes deux guibolles pour penser à autre chose, faut le dire.

              Quand tes deux pieds retrouvent le tangible, tu arrêtes de réfléchir, tu tentes juste de retrouver l'corps de l'amoché que tu empoignes difficilement. Tu ne te retournes pas, tu ne réfléchis plus, tu cours juste. Pas très vite forcément, mais le plus efficacement possible. Tout ton corps abîmé te crie d’arrêter de courir mais tu ne l'écoutes pas. Tu puises dans tes réserves pour continuer l'effort, tu jubiles à l'idée de pouvoir réussir cette mission et te retrouver dans le bateau révolutionnaire. Alors que tes guibolles continuent l'effort, tes deux globes aperçoivent enfin de la lumière au fond du couloir.

              _La sortie ! Fasse que ce soit la sortie !

                Skull Rage !

                C'est dingue comme quoi, même quand on est à court de paroi sur laquelle vous éclater la colonne, ben y'aura toujours des gens pour être inventifs. Rodéo sauvage en attendant donc, tout en cris rageurs et en giclées de sang poisseux. J'tiens bon, comme une vieille tique qu'y aurait trouvé une carotide où s'planter ; et c'est d'ailleurs exactement ce que j'suis en train d'faire. Bandit Deux redouble d'efforts devant cette mort qui resserrent ses doigts griffus autour de nous, et moi j'en fais de même pour orienter au mieux le choix d'la faucheuse. Ça gicle donc. Mes arpions sont presque plantés dans la mousse qui recouvre les cuisses du Kappa... Les dents serrées et le regard fou, j'tiens l'bon bout.

                Vlan !

                Impact massif d'un crâne aussi dur que son propriétaire est têtu -ce qui n'est pas peu dire- qui n'a d'autre effet que d'me péter probablement une vertèbre en deux ! Sans compter mon sternum qui amorti le gros du choc sur une écaille d'la carapace de tortue du Kappa, plus massive que les autres. Malgré le choc sourd et le cri de douleur qu'il m'arrache, j'entends encore raisonner le bruit des cartilages qui s'effritent. Aaargl... bordel, j'ai rien vu v'nir, fumier de révo ! La douleur me foudroie toute la colonne, qui se cambre par réflexe tandis que tout mon être hurle sa souffrance. Ça fait un mal de chien. Mais ne pas lâcher ! En aucun cas j'dois perdre ma prise sur Bandit Deux ! J'sais même pas si j'peux encore bouger mes jambes, mais dans l'doute la bête qui vie en moi me pousse à m'cramponner comme jamais, tournant et retournant la lame dans la plaie alors que je m'y cramponne comme à ma ligne de vie ! Bandit Deux hurle à son tour tandis que j'resserre mes mâchoires, furieux d'avoir eu la faiblesse de laisser s'échapper le moindre signe de faiblesse devant Bandit Un. Foutus Révo' !

                Puis, tandis qu'chacun d'entre nous lutte de son mieux pour rétablir un équilibre précaire, j'prends conscience au fond d'mon p'tit cerveaux reptilien qu'un truc part en couille. Le p'tit cervelet primitif, celui qui a voix au chapitre dans c'genre de situation, celui-là me hurle que la gravité s'fait la malle ! La malle carrément, et nous avec par la même occasion ! C'que j'prennais d'abord pour une tentative de m'jarter de ses épaules de la part du Kappa, n'était autre qu'une vaine manœuvre de sa part pour lutter contre les lois d'la cinétique, et accessoir'ment contre le grand trou où l'on chute tous deux. On tangue... on bascule... il bat des bras, moi des jambes qui s'réveillent à peine... Et tel un arbre massif heurté une fois de trop par un bûch'ron revanchard, nous tombons. 'Foirés d'révos.

                Sans un cri, comme rendus muets par l'angoisse qui nous tenaille, Bandit Deux et moi chutons enlacés dans une étreinte mortelle, aussitôt avalés par les ténèbres chthoniennes. Et pour chuter on chute par tous les enfers ! Les secondes défilent, au même rythme que l'air siffle à nos oreilles et que nous luttons en vain pour agripper quoique ce soit à lequel nous raccrocher. Nos mouvements se gênent évidemment, bien trop égoïstes pour ne pas essayer de pourrir la vie de son opposant, même au détriment d'la sienne. Instants de chute à vous retourner les tripailles, dans un noir total où seul le contact nauséabond de son adversaire vous raccroche à la réalité et empêche la terreur de transformer votre cervelle en pulpe. On bataille, lutte, grogne et parfois mord même. Puis le choc, car même dans une telle histoire toutes les chutes ont une fin. Allez savoir qui de nous deux s'impacte en premier... A cette vitesse cela ne fait que peu de différence... Choc brutal digne d'un sol bétonné, qui vous brise à moitié le corps et à moitié l'esprit ! Ma conscience s'fait la malle un instant sous la rudesse de l'impact... Le noir total... plus un son...
                Puis les battements chaotiques de deux cœurs... faibles... assourdis, comme s'ils étaient entendus à travers un mur... Et la sensation douce et apaisante de la caresse délicate de l'eau sur mes écailles et mes plaies... Mes nerfs s'réveillent, comme si cette eau salvatrice soufflait sur les charbons à moitié éteints d'ma vie... Un commando... Deux coeurs qui battent... Ne lâche jamais sa proie... Un de trop... Un pieds bouge, difficilement. Puis l'autre. Le Kappa se réveille de même, tandis que tous deux coulons lentement dans les méandres profonds du lac souterrain qui a amorti en partie notre chute. Son instinct le pousse à continuer la lutte. Le mien arrive à la même conclusion. Tango Zoulo est probablement perdu, ainsi que Bandit Un. Du moins pour le moment. Mais Bandit Deux... lui peut encore payer. Le fin bandeau de tissu ceinturant mon front et qui m'a servi jusqu'ici à éponger le sang d'mes plaies s'est quant à lui teinté d'un rouge vif... Commando mode : Upgrading last level !

                - Beuharrr !

                Alors, dans le noir total des entrailles de la terre, nous reprenons la lutte.



                (...)



                Une semaine plus tard. Embouchure de la grotte Numéro 652.
                Équipe de reconnaissance du Sergent Lagerfield.

                - Sergent ! On l'a retrouvé !
                - Enfin. Remontez-le les gars.
                - Doucement, doucement. Il semble mal au point.

                Péniblement, les hommes de l'escouade restés à la surface tirent sur la corde de spéléologie, aidant ainsi leurs camarades envoyés en patrouille dans les sous sols de l'île. Le treuil grince à n'en plus pourvoir... Mètre après mètre... Puis, apparait enfin la cible de leur recherches : Le commandant Arashibourei et les précieux renseignements qu'il était chargé de récupérer ; vêtu d'un simple pan de tissu couvert de boue autour de la taille, et d'un crâne étrange pour tout trophée. Sa silhouette est amaigrie par une semaine de disette et d'errance dans le labyrinthe, à manger de la mousse et à sucer la pierre ce qui l'a rendu méconnaissable. Plus habitué depuis trop longtemps à la lumière, l'être nauséabond se cache les yeux, alors agressés par le soleil. Courbatu par une lutte quotidienne dans les boyaux du monde, l'homme poisson se recroqueville lorsque les marines le lâchent enfin sur la terre ferme. Il lui faudra bien quelques jours de repos intensif et de festins à outrance pour retrouver sa carrure et son mental d'acier. Quelques jours de plus avant qu'il ne relance la chasse, plus déterminé que jamais à faire payer la révolution. En effet, deux noms se sont gravés dans sa mémoire pendant cette semaine d'errance : Kaito ; Sergueï. En attendant... dans ses mains, l'être pâle caresse sans cesse son précieux poignard de combat avec un amour presque maladif. Probablement son seul ami durant cette semaine de nuit absolue... La seule chose qu'il lui ai permis de ne pas devenir totalement fou à cause de la solitude et de la confusion.

                - Commandant ? Vous allez bien ?...
                - Mon préciiiieuuuuux...
                - Comment ?
                - Moooon préssssssieuuuuuux...
                - Brancardiers !


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                Tu ne réfléchis pas, tu cours. Salement, trébuchant à presque chaque pas, la jambe criant de douleur et le dos abîmé par le poids de l'autre révolutionnaire, mais tu cours quand même. A cet instant, la peur t'a abandonné et ta substance grise se contente de réfléchir où elle doit amener tes guibolles.

                Un trou béant de couleur t'éblouit un peu plus à chaque pied que tu mets en avant. Il s'agrandit jusqu'à être assez imposant pour te laisser t'y engouffrer. Et c'est ce que tu fais. La gueule en sang, les yeux habitués à la noirceur de la grotte, il te faut un temps pour réussir à comprendre où tu te situes. Ça y'est, tu as atteint la forêt. Cette foutue forêt qu'il faut traverser pour arriver le long des côtes.

                Tes pieds ne s’arrêtent pas et continuent le travail jusqu'à ce que tes globes réussissent à apercevoir une long filet de sable blanc entre deux branches d'épicéa. Tes orteils touchent enfin ce sable chauffé par le soleil, ton cœur souffle et tu te dis que peut être, tu pourras encore être en vie ce soir. Mais le problème -parce qu'il y a toujours un problème, c'est que le bateau censé t'attendre ici, il ne t'attend pas. Non la seule autre chose que le bleu de l'océan, c'est une coque de noix placée à une dizaine de metres de la plage où un homme semble s'évertuer à tenter de pêcher à l'aide d'un grand filet percé de par en par.


                _Hé toi ! C'toi qui doit nous ramener ?!

                Tu hurles ça aux oreilles du pauvre homme semblant ne demander rien d'autre que le calme. Sursautant par ce bruit le sortant de sa labeur, il te mire, moitié surpris, moitié dérangé.

                _Hmmm ? C'est à moi que tu parles ?

                Tu regardes à gauche, tu regardes à droite. Tu aurais pu parler au tronc d'arbre voisin, mais non, à part ça tu ne vois pas à qui d'autre tu aurais pu demander ça.

                _Aurais tu de la place dans ta coque pour moi et mon ami ? On cherche à aller sur l'île voisine.

                _Hmmm ? Allez y, montez.

                Tu rages un peu d'encore devoir nager, surtout avec le bougre d'idiot sur ton dos mais tu n'as pas le choix, tu souques difficilement de tes deux bras, manquant à plusieurs reprises de boire trop la tasse, mais tu réussis finalement à saisir la coque de bois où le pêcheur t'aide à monter l'à moitié mort. Une grimace de dégout vient marquer le visage du marin alors qu'il s'approche un peu trop près de toi pour t'aider à monter.

                _Navré pour l'odeur, une dure journée...

                L'homme ne dit mot et vous passez le retour ainsi, à panser les blessures subies tandis que la coque se met lentement à avancer vers l'île la plus proche. De temps à autre ton regard se perd en arrière, avec la peur de voir apparaître un homme poisson venir se venger. Heureusement pour toi, ça n'arrive pas. Au bout de quelques heures, vous débarquez enfin au port et alors que tu t’apprêtes à remercier l'inconnu et à reprendre sur tes épaules le sévèrement blessé, le marin pose sa main en protection sur le révolutionnaire.


                _ Ce sera 300 000 Berrys.

                _Hein ?

                _Vous m'avez fait perdre une journée de travail. J'ai du supporter votre odeur pendant plusieurs heures. Le peu de poissons que j'avais pêché est bon à jeter. Ce sera 300 000 Berrys.

                Tu te demandes s'il croit vraiment que tu as cette somme sur toi. En fait non, tu t'en contrefous un peu. Tu en as ta claque de cette journée. La seule chose qu'il verra sortir de ta poche, c'est ton poing en direction de sa trogne. Sauf que le bougre avait prévu le coup et alors que ton bras s'avance vers lui, le sien fonce aussi vers ta caboche.

                Ça fait un gros BAM, puis un gros trou noir.



                Quand tu te reveilles deux jours plus tard, une arme est pointée sur ta caboche. Au bout du bras, la trogne d'un chef révolutionnaire de l'île.


                _Enfoiré d'Sergueï, qu'est ce que t'as encore fait ? Quand on t'a retrouvé, le chef de la révolution était presque mort ! Et depuis, il raconte des absurdités toute la journée. Des histoires de Kappas, de monstres, d'hommes poissons et de Kento Seinturu. Tu vas m'expliquer c'est quoi ce bordel ? Qu'est ce que tu as encore foutu ?

                La tête encore à moitié sonnée, tu t'dis que vraiment, y'a rien à y faire. La vie est une sale garce.