Parfois, on était en droit de se demander ce qu’avait ce crâneur de Salem dans la caboche. Après le débarquement dans une île franchement hostile, il crut bon d’envoyer des éclaireurs. Éclairer quoi ? Aucune idée. L’île était manifestement déserte, probablement à cause sa légère tendance à retenir ses hôtes pendant une bonne année. Bien sûr, on pouvait supposer que la population locale, peu friande des câlins-bisous et autres facéties avait elle aussi son rôle à jouer dans la faible densité de population. Pourtant, il sembla nécessaire à ce crétin de capitaine de lancer des équipes défricher la jungle. Comme prévu, il y en avait deux ou trois pour succomber face à l’adversité manifeste de l’environnement. Par contre, ce qui étonnait le plus était le score du biotope contre les grouillots du débile en chef. Dans la catégorie : « massacres secs et nets », la première vague de marines en collants bleus pouvait au moins se faire nominer parmi les meilleurs, voire espérer le titre. Oui, bon, on n’avait pas encore eu de nouvelles, mais il n’était pas déplacé de penser qu’ils aient tous simultanément oublié de contacter le navire. Du coup, l’ordre de ramener les patrouilleurs signifiait clairement toute la connerie dont pouvait faire preuve le colonel Fenyang.
Là où la situation devenait extrêmement pète-couilles, métaphoriquement, c’était que Pénélope eut le malheur de se retrouver désignée par cet arriéré profond pour faire office de croque-mort. Autant son rétablissement lui avait donné le temps de prendre du recul sur leur affrontement, autant les évènements actuels l’éloignaient de son état zen et serein dans lequel elle se trouvait. Il n’y avait rien de mieux que le risque s’embourber dans les ronces pour altérer l’humeur de quelqu’un. Pourquoi ? Parce que ça piquait, les ronces.
Pour récapituler, deux gars, physiquement improbables, devaient lui tenir la jambe à travers une forêt dense par un climat humide et chaud pendant que des moustiques et autres antiquités animales incongrus tenteraient de l’assaillir, et ce dans l’unique but de ramener au bercail des macchabées ou ce qu’il pouvait en rester vu l’appétit que l'on serait en droit d'attendre des monstres en présence. On pouvait s’étouffer rien qu’en se répétant cette phrase mentalement, d’où l’on pouvait aisément déduire le bonheur avec lequel Solète accueillait ces directives.
Elle allait protester puis elle se ravisa. Officiellement, elle était sous ses ordres et d’ailleurs, elle l’évitait depuis leur combat. Ce n’était pas de la peur, non, ou alors seule la crainte de lui glisser une dague entre les côtes, à la discrète, dans un esprit de franche camaraderie. Elle ne le ferait probablement pas, elle le savait, mais rien ne l’empêchait de l’éviter quand même, par principe de précaution. Et puis, au fond, elle comprenait que c’était un bon gars malgré tout. Il n’avait rien à cacher, tellement qu’il avait l’air de pleurnicher quand on lui dit que ses hommes auraient disparu. Ce n’était pas une raison suffisante pour l’apprécier toutefois, c’était un début raisonnable.
« Machin Stark, machin Jenkins. Rassemblez des, du, enfin, vous voyez, des matelots, une dizaine disons. Par contre, choisissez des types vigoureux, de ceux qui ne vont pas me claquer entre les pattes après deux lieux. Vous me suivez ? J’espère que je ne vais pas trop vite pour vous. Équipez-les de machettes et de gros sacs en toile, bien solides, les sacs. Vous faites ça, pendant que de mon côté, je ferai des trucs qui ne vous regardent en rien du tout. On se retrouve en dehors du navire dans quinze minutes. Allez-y. »
Pendant ce temps, la jeune femme alla mettre son uniforme au placard afin de se vêtir d’une tenue plus seyante. Elle ne mit que le haut d’un maillot de bain avec un pantalon d’un tissu léger tout en se délestant de ses armes habituelles pour n’en garder qu’une petite quantité. Comme cela, elle pourrait essayer de survivre à l’atmosphère étouffante de l’île. Elle n’oublia pas de se tartiner allégrement de citronnelle. Du coup, on la sentait venir de loin vu que la concentration du produit frisait l’obscénité. Quand elle arriva au lieu du rendez-vous, elle clama haut et fort à l’intention des autres :
« Pas de commentaires, je hais les moustiques. En marche, tout le monde. Les types avec les couteaux à beurre, je vous veux devant moi. Vous me hachez tout menu, je ne veux pas sentir le contact d’une seule plante. Jenkins, tu les suis et tu surveilles les alentours. Stark, tu couvres mes arrières et tu surveilles les environs. Je te laisse deux gars à portée de main, mais ce n’est pas pour faire des saloperies avec, en référence à ton passif. Je n’en dis pas plus pour ne pas les faire chier dans leurs frocs. En mouvement ! On va ramener ces éclaireurs vivants et en excellente santé selon le capitaine alors, il n’y a nulle crainte à avoir. »
La jungle se fit une joie de les engloutir alors que des grognements semblaient se faire entendre de toute part. Une chose était certaine, cette marche n’aurait rien de la randonnée divertissante que leur promettait l’agence de voyages Fenyang & cie.
Là où la situation devenait extrêmement pète-couilles, métaphoriquement, c’était que Pénélope eut le malheur de se retrouver désignée par cet arriéré profond pour faire office de croque-mort. Autant son rétablissement lui avait donné le temps de prendre du recul sur leur affrontement, autant les évènements actuels l’éloignaient de son état zen et serein dans lequel elle se trouvait. Il n’y avait rien de mieux que le risque s’embourber dans les ronces pour altérer l’humeur de quelqu’un. Pourquoi ? Parce que ça piquait, les ronces.
Pour récapituler, deux gars, physiquement improbables, devaient lui tenir la jambe à travers une forêt dense par un climat humide et chaud pendant que des moustiques et autres antiquités animales incongrus tenteraient de l’assaillir, et ce dans l’unique but de ramener au bercail des macchabées ou ce qu’il pouvait en rester vu l’appétit que l'on serait en droit d'attendre des monstres en présence. On pouvait s’étouffer rien qu’en se répétant cette phrase mentalement, d’où l’on pouvait aisément déduire le bonheur avec lequel Solète accueillait ces directives.
Elle allait protester puis elle se ravisa. Officiellement, elle était sous ses ordres et d’ailleurs, elle l’évitait depuis leur combat. Ce n’était pas de la peur, non, ou alors seule la crainte de lui glisser une dague entre les côtes, à la discrète, dans un esprit de franche camaraderie. Elle ne le ferait probablement pas, elle le savait, mais rien ne l’empêchait de l’éviter quand même, par principe de précaution. Et puis, au fond, elle comprenait que c’était un bon gars malgré tout. Il n’avait rien à cacher, tellement qu’il avait l’air de pleurnicher quand on lui dit que ses hommes auraient disparu. Ce n’était pas une raison suffisante pour l’apprécier toutefois, c’était un début raisonnable.
« Machin Stark, machin Jenkins. Rassemblez des, du, enfin, vous voyez, des matelots, une dizaine disons. Par contre, choisissez des types vigoureux, de ceux qui ne vont pas me claquer entre les pattes après deux lieux. Vous me suivez ? J’espère que je ne vais pas trop vite pour vous. Équipez-les de machettes et de gros sacs en toile, bien solides, les sacs. Vous faites ça, pendant que de mon côté, je ferai des trucs qui ne vous regardent en rien du tout. On se retrouve en dehors du navire dans quinze minutes. Allez-y. »
Pendant ce temps, la jeune femme alla mettre son uniforme au placard afin de se vêtir d’une tenue plus seyante. Elle ne mit que le haut d’un maillot de bain avec un pantalon d’un tissu léger tout en se délestant de ses armes habituelles pour n’en garder qu’une petite quantité. Comme cela, elle pourrait essayer de survivre à l’atmosphère étouffante de l’île. Elle n’oublia pas de se tartiner allégrement de citronnelle. Du coup, on la sentait venir de loin vu que la concentration du produit frisait l’obscénité. Quand elle arriva au lieu du rendez-vous, elle clama haut et fort à l’intention des autres :
« Pas de commentaires, je hais les moustiques. En marche, tout le monde. Les types avec les couteaux à beurre, je vous veux devant moi. Vous me hachez tout menu, je ne veux pas sentir le contact d’une seule plante. Jenkins, tu les suis et tu surveilles les alentours. Stark, tu couvres mes arrières et tu surveilles les environs. Je te laisse deux gars à portée de main, mais ce n’est pas pour faire des saloperies avec, en référence à ton passif. Je n’en dis pas plus pour ne pas les faire chier dans leurs frocs. En mouvement ! On va ramener ces éclaireurs vivants et en excellente santé selon le capitaine alors, il n’y a nulle crainte à avoir. »
La jungle se fit une joie de les engloutir alors que des grognements semblaient se faire entendre de toute part. Une chose était certaine, cette marche n’aurait rien de la randonnée divertissante que leur promettait l’agence de voyages Fenyang & cie.