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One Hospice- Banaro Town

« Toutes nos excuses madame, cette lame d’eau est survenue avec une rapidité affolante ! Jamais cela n’était arrivé avant qu’une passagère passe par-dessus le bastingage… »

« Qu’la semence d’vos enfants maudisse vot’ lignée ! Peste et Furoncles ! »


Descendant le ponton mis en place par la Translinéenne, Lisa Scoumoune pestait le navigateur du Drakkar qui l’avait amené sur la terre de Banaro. La sorcière de la compagnie des Chats Noirs était trempée jusqu’à l’os, le sel blanchissait sa robe violette et ses cheveux grisâtres étaient plaqués contre sa peau ridée. Le voyage entre le Cap des Jumeaux et la terre saccagée de l’ancienne bataille entre le défunt Ace aux Poings Ardents et le terrible Barbe Noire avait été houleux.

Mains sur le veston et sourire à demi-pincé, Jinx observait son amie des pieds à la tête. La poisse constante de cette chère Scoumoune ne l’avait pas encore épargné et elle en avait fait les frais.
Quant à Lucky et Rabb, les deux acolytes en ressortaient le sourire aux lèvres.

« Mes z’amis, je trouve z’es voyages fabuleux ! Il y a tellement de jolies jeunes femmes dont le vent z’oulevait leurs jupes… Zaaaa… Nous repartons quand ? »


L’énorme bestiau des steppes de Picky Island logeait son vieil ami sur son dos, l’ange oscillait comme l’aiguille d’une horloge à chaque pas que le lapin faisait. Les badauds semblaient vouloir s’en éloigner le plus possible, l’animal semblait prendre un malin plaisir à bouloter la moindre hanse de baguage qui trainait près de ses chicots.

Le professeur de superstitions n’était pas bien frais lui non plus, le cocktail généreusement offert par la compagnie de transport lui avait retourné les tripes et ce n’était pas la potion « miracle » à base d’ailes de poissons que lui avait concocté Scoumoune qui avait changé la donne.

Tant bien que mal, Jinx Interpella un paysan du coin en salopette qui trimait à arracher des rocailles centenaires de la terre, qui semblaient être tombées à cet endroit comme des chiures de mouettes tomberaient du ciel.

« Keuf… Vous avez des Marines établis ici mon brave ? »

«Hel ! Des Marines ? T’serais pas un gringo des fois ? Ya bien l’bureau d’el Shérif à une dizaine d’minutes d’marches ! Hel ! »


Les mains terreuses du bonhomme pointaient une fumée grise qui s’échappait d’entre deux des 9 rochers monstrueux qui composaient l’île. Après un rapide coup d’œil sur l’énorme escargot qui secondait Jinx dans ses déplacements, le cutéreux se remit au travail en gémissant dans largo Banaroien.

La compagnie s’en alla donc en quête du fameux bureau fédéral en empruntant l’unique chemin encore visible parmi les immensités de champs calcinés et jonchés de souches.

« Il semblerait que cette île ait été le théâtre d’un combat entre deux grands acteurs de l’ancien temps mes amis… Et qu'elle ait gardé des marques de la représentation... »


Acquiesçant du chef, les cinq membres regardaient silencieusement les alentours noircis de charbons où la nature se faisait piétiner par les décombres d’une civilisation ancienne. Malgré quelques croassements de corbeaux, on n’entendait que le tintement constant du chaudron métallique de la sorcière et le bruit des fioles de Jinx qui s’entrechoquaient contre son poitrail. Après quelques minutes, les premières bâtisses en bois de la ville firent leur apparition face aux retraités.


Banaro Town : Population 2031 âmes.


Town fourmillait d’activité, les carrioles s’entrecroisaient dans un raffut du tonnerre, ils s’insultaient dans le patois local, se disputaient la moindre bouteille de whisky ou le plus petit guignon de pain et au loin les portes du saloon battaient la mesure.

« En voilà une triste ville mes z’amis ! Zahaha ! »


La petite troupe s’engagea dans l’avenue principale en sifflotant et crachotant, une brochette de vieux qui avait le mérite de stopper le brouhaha quotidien de la city et laisser une mine perplexe sur la trogne des bouseux locaux. A gauche, c’était l’épicier local et ses trois pauvres tomates à vingt milles Berrys pièce, à droite le teinturier aux yeux bridés qui retirait avec difficulté le noir des linges de ces dames et au fond la banque aux coffres très certainement vides. Entre autres d’autres bâtiments aux allures de westerns des années 1520, c’était devant le bureau du Shérif que les Chats Noirs s’alignèrent. Le bruit de sabots qui battaient la terre fit tourner la trogne du professeur et c’est deux gusses en chapeautés qui firent plisser le regard de Donor.

Spoiler:
« Hep ! Gringo ou … »

« …ou Desperados ? Hep ! »

« Je me prénomme Donor Jinx, je travaille pour le gouvernement et voici le reste de ma compagnie. Nous sommes à la poursuite de dangereux trouffions, est-il possible de voir votre Shérif ? »

«Hep ! L’Shérif O’Malley ? C’est qu’il est… »

« … En rendez-vous ! Hep !»


La porte du bureau fédéral claqua dans le dos de Scoumoune et la clique se retourna pour observer un homme à la silhouette démoniaque.

Spoiler:
«Bam Bam Bam ! Shérif O’Malley, garant de la sécurité de Banaro. Que puis-je pour vous ? Balaaam ! »
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Saloon de Banaro Town.


Les portes battantes grinçaient encore après le passage de l’énorme carcasse du Shérif O’Malley qui emboitait le pas à Jinx. Déjà que le raffut qui régnait dans le débit de boisson s’était amoindris avec l’entrée du professeur aux allures de gringo et de son escargot d’un mètre, mais l’arrivé du gradé local fit place nette en terme de décibels. Le reste de la compagnie, quant à elle, s’était séparée pour visiter les lieux et acheter de quoi tenir aux ventres avec les deux zouaves aux chapeaux comme guides.
Le Shérif posa ses paluches sur le comptoir encrassait de bile et frappa le sol de son unique guibolle, le parquet tonna et se fissura sous la puissance du coup de patte.

« Bam Bam Bam ! Deux Whisky bien frappés ! Balaaaam ! »


Les deux verres glissèrent sur le comptoir et se stoppèrent face à nos deux protagonistes, Donor esquissa un rapide coup d’œil à l’assemblée qui faisait silence. Les gusses le regardaient comme s’ils attendaient de lui un geste miraculeux, miracle qui ne tarda pas à venir quand Jinx porta le godet à ses lèvres et se l’enfila aussi sec.

YEPAAAAAAAAAAAA !

Une salve de rigolades fit repartir le joyeux bordel cacophonique à son apogée et notre bon prof dut tendre la feuille de chou pour capter les mots d’O’Malley.

« Bam Bam Bam ! Alors monsieur Donor, vous pensez que deux individus sont sur notre bonne terre, n’est-ce pas ? Balam »


Défripant le bout de papier où figurait les primés, il pointa de ses mains fripées la trogne des deux bougres. O’Malley fronça les sourcils pour mieux discerner les faces et lâcha finalement le papier des yeux. Il releva sa grosse barbe et se mit à chercher autour de lui, après un petit temps, il s’exclama en direction d’un jeune homme à la moustache haut placé entiché d’un chapeau de représentant de la loi.

« Bam Bam Bam ! Mick ! Tu vas aller reproduire ces faces de rats sur des affiches et tu vas les placarder partout en ville ! Balaaaaaam ! »


Acquiesçant du chef, le jeune homme regarda intensément le dessin et fila en-dehors du saloon, Jinx replongea ses yeux dans ceux d’O’Malley.

« Bam Bam Bam… Oh ! Ne vous en faites pas, il a une mémoire photographique étonnante ce gamin… Et dire qu’avant il volait les femmes pour gagner son beurre… Balam… »

« Vous en avez fais un garant de la loi malgré cela ? »

« Bam… Laissez-moi vous raconter une histoire monsieur Donor. Il y a plus de cent années, cette île fut témoin d’un affrontement titanesque, les habitants et la terre de Banaro n’eurent pas assez de temps entre cet événement et notre hère pour réussir à faire le deuil de tout cela. Plus rien ne pousse dans les champs… Balam… notre nourriture vient des îles alentours et les habitants vivent dans la peur constante de mourir dès qu’un orage se déclenche sur les flots de Grand Line ! Balam »

« Et le gouvernement mondial ? »

« Bam Bam Bam ! Le gouvernement mondial ? Il s’est contenté de mettre une hiérarchie en place dont je suis la tête. Nous sommes la première île de la seconde voie monsieur Donor, mais la dernière depuis le siège des hautes sphères ! Balam ! Ne pensez pas que vous êtes le premier à qui je raconte cela, mais laissez-moi la certitude que vous ne serez pas le dernier ! Les choses sont ainsi ! Balam ! »


Repoussant son verre de son majeur, il venait d’hausser le ton et le calme était revenu avec la rapidité d’un virus dans l’utérus d’une fille de joie. Haussant les sourcils, Jinx commanda un second verre pour lui et le Shérif, les discutions repartirent.

« Bam Bam… Ce jeune homme de tout à l’heure, je préfère le voir travailler à mes cotés monsieur Donor, plutôt que de le voir vivre d’un marché secondaire que nous tentons d’éradiquer de cette île… Balam… Banaro Town vit dans la misère, certes, mais aussi dans une justice qui se veut virulente ! Voilà pourquoi je vous aiderai à capturer ces deux rats ! BALAM ! »


Le poing du shérif alla figer le verre dans le comptoir et il se leva en invitant de la tête notre bon professeur à le suivre. Les portes du saloon bâtèrent dans un couinement de bois usé qui semblait se rire de la face de tout ce beau monde, le soleil de Banaro frappait le front sourcilleux de Jinx et les rayons meurtrissaient ses pupilles. Traversant l’avenue principale, les deux individus marchaient en direction du bureau fédéral à l’enseigne étoilée. Les coups de marteaux du petit jeune dessinateur, qui placardait déjà les affiches de recherches, raisonnaient dans le brouhaha ambiant de Banaro Street.

L’impressionnante baraque de la force judicaire se dressait face aux deux protagonistes, levant sa guibolle de bois à l’aide de sa main, avec une force et une agilité typique des vieux braquemarts, le shérif arriva bien vite sous son enseigne. O’Malley frappa de son unique soulier le bas de la porte, l’entrée grinça et découvrit sous les monocles de Jinx, une impressionnante rangée de cellules aux barreaux rouillés. La trogne épuisée des détenus était comme figée par la faim, l’entrée du shérif ne déclencha aucuns rictus sur leur triste nouille, à si méprendre entre des statues ou des fonctionnaires.

«Baaaam… De la mauvaise herbe monsieur Donor, la faim tiraille les honnêtes personnes de cette île et il en est pire pour les autres. La plupart seront jugés dans la soirée, la corde ou un pénitencier de leurs région d’origine…. Balam Balam»

« La corde ? Sûr que ce n’est pas de veine… Héhéhé »

Posant son imposante stature sur le rocking chair au coin de la pièce, il retira son ceinturon de cuir où reposaient d’énormes baltos et deux guns monstrueux, puis il soupira longuement en se massant les tempes. Donor quant à lui posa son derche sur la chaise du bureau avec les panards en éventail, il sortit le fameux mouchoir que les vieux sortent en toutes circonstances et il commença à s’astiquer. Les lunettes.

« Je compte aller voir le reste de l’île demain matin pour trouver nos deux hommes, avez-vous une carte de la région shérif ? »

« Bam Bam Bam… S’aventurer sur Banaro ? Balam… Je doute que cela soit une bonne idée Monsieur Donor, je peux vous fournir un guide pour vous et cotre compagnie si vous insistez…Balam »

« Fort bien, je ne vais pas user plus longtemps de votre temps… Y a-t-il une chambre plus accueillante que vos geôles rouillées ? »

« Bam Bam… L’hôtel est au fond de l’avenue, ils ont une chambre avec un bain et de l’eau qui est changée deux fois par semaine, pour pas cher !... BABABABALAM ! »

« Héhéhé »


La porte grinçante se referma sur la prison de Banaro Town et son shérif moins diabolique que le laissait penser sa carcasse. Le professeur tomba nez à truffe avec Rabb, le gros lapin des neiges avait les poils collés par la sueur, l’ombre du parapluie de Garou n’apportait qu’une faible protection et Scoumoune avait bloqué le sien dans ses cheveux. Pas d’bol.

Un vieux silence de mort survola l’ensemble de la compagnie quand ils arrivèrent dans le hall de l’hotel. De Peuleu Peuleu à Félixia, chaque membre observait Jinx avec un regard de défi, une goutte de tension sur le front. Les doigts fourchus de Scoumoune tendirent les 6 baguettes de bois en direction du professeur, il Souleva son gros sourcil broussailleux et s’épongea de la main son front humide. Après un petit temps, il tendit les doigts pour en tirer une. Longue.

Peuleu Peuleu fit de même avec ses membres rosés et gélatineux. Longue.

Puis ce fut Scoumoune et le caniche. Longues.

Lucky. Longue. Et on parle de la tigette de bois.

Il ne restait plus qu’une seule baguette dans les mains de Lisa, Rabb tendit la patte et la tira, la baguette. Courte.

« Saloperie d’bordel d’peste d’chanceux d’lapin ! »

« Zahaha ! »

« Il n’en restait qu’une, je trouve qu’on a été long à la détente pour comprendre! Héhéhé »

« Peuleu ! »

« Frrr ! Woa ! »


Un sourire aux babines, Rabb monta à l’étage avec son petit pagne et un savon sous le bras. Prem’s au bain. Pas d’bol bis.
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Les lattes de bois de l'hôtel vibraient avec force, jamais de mémoire d'hommes la sinistre literie de Banaro n'avait accueillie pareille troupe. La plus grande chambre de la bâtisse avait été réservée pour la nuit, les cinq lits et le berceau transcendaient leurs ancêtres dans la fonction de literie. D'un côté de la chambre, coté pleine lune et fenêtres, les trois lits d'où les ronflements dégrisés l'ivrogne du village qui cherchait le sommeil un peu plus bas dans un tas de foins. Faisant face à cette première salve, une deuxième rangée était alignée face à un grand miroir mille fois brisé.

Lisa Scoumoune s'agitait de spasmes laissant supposer que notre sorcière aurait dû vraisemblablement finir au bûcher si elle avait vu le jour 300 ans plus tôt. Sa glotte vibrait dans une sonorité de vieille cavité jamais explorée, dieu s’en garde, si bien qu’une araignée s’était armée du courage d’explorer la crevasse putride. Le fil de toile se balançait au-dessus de la gueule moisie de l’hérétique damoiselle, à son bout, notre courageux aranéide tentait de fixer ses armatures filaires sur la gencive nue de la morue. Gageons que le bel arachnide n’aura aucun mal par la suite d’y choper des mouches.

S’éloignant quelque peu du grincement constant de Lisa, Félixia ronronnait sur sa couche. Le caniche qui n’était autre qu’une chatte, une brésilienne en somme, retroussait les babines et se léchait le tout à chaque nouvelle série de ronrons. Ses griffes s’enfonçaient frénétiquement dans le matelas en plumes, laissant apparaitre des balafres suffisamment profondes pour faire sauter la caution. Un observateur averti n’aurait eu aucun mal pour trouver le rêve de la belle : une émasculation dans les règles. Charmant programme, le même qu’une Marine des années 1400, La Marine Leppène.

Au fond, contre la fenêtre de gauche, le sommier pliait dans une charmante virgule sous le poids dantesque de notre bon Rabb. Le lapin des neiges débordait de chaque cotés de sa couche, sa truffe en triangle laissait perler une morve cascadeuse qui oscillait au rythme du mâchouillement compulsif de son hôte. Le lapin géant s’enfilait son sixième mètre de rideaux, il boulotait la broderie comme un nouveau né à qui on tendait un sein bourré aux PIP, Pour un Intense Plaisir.

En face de ce beau monde, les morceaux de miroirs brisés reflétaient le spectacle affligeant que proposait le reste des retraités.

Dans le premier lit, les ailes grisâtres de notre papi centenaire en imper débordaient des draps, son auréole reposant sur ses yeux comme le chapeau d’un mexicain de West Blue. Lucky garou ronflait en zozotant, le sourire aux lèvres et une goutte de sang dans le nez, sa literie formait un étrange pic. Les draps semblaient s’élever vers le milieu de son anatomie, à un bon mètre de hauteur, à la manière des plus grands artistes de cirque dressant le chapiteau. Visiblement, il s’était calé le parapluie au niveau de l’entre-jambe.

Sous un grand tableau représentant la conquête de l’Ouest de 1500, un berceau oscillait au rythme des « Peuleu » incessants de l’escarcophone transgénique de la compagnie. Peuleu Peuleu se blottissait dans le creux de son landau à la manière d’un bébé, la gélatine rosée inondait sa couche d’un mucus post-natal réservé à l’élite des gastéropodes, l’étrange viscosité bullait dans blup blup incessant et peu ragoutant. Sa carapace, trente-trois fois trop petite et surchargée d’électroniques défaillantes, vibrait de temps à autres, rajoutant une sonorité toute particulière à ses borborygmes.

A la base du fameux miroir mille fois maudit, le professeur Donor Jinx ronflait paisiblement les mains sur le veston. Notre bon héros à la dégaine d’un dinosaure de l’éducation nationale se claquait le palais du bout de la langue à chaque inspiration, un relent tenace de vieille tisane et de craie écrasée s’échappait de l’organe buccale du chercheur. Ses monocles pendouillaient le long de la cordelette en cuir à la manière d’une pendule qui rythmait le brouhaha de destruction que notre joyeuse compagnie de Chats Noirs jouait. Un plaisir pour les feuilles de choux.

Au milieu de cette charmante scène que le narrateur se plaît à vous conter, une table, peu commode, logeait trois verres remplis d’eau où se baignaient trois dentiers jaunis par le temps. La touche finale d’un tableau déjà bien taché.

Si vous êtes encore là après tant d’actions, c’est que vous êtes un admirable lecteur et votre patience se voit récompensée par l’arrivée d’un nouveau protagoniste dans le huit-clos, la fenêtre coulissa dans un couinement à peine audible et une santiag enjamba l’encadrement. Une ombre fine pourvue de cornes et d’un chapeau de cowboy se faufila à travers la pièce, la silhouette se déplaçait sur la pointe des bottes, le cuir parfaitement ciré de notre intrus glissait impeccablement bien sur les lattes pourries de la chambre. Se mouvant vers le fond de la pièce, l’étrange individu se stoppa à hauteur du lit de Jinx, les mains gantées de l’homme se saisirent d’une lame qui logeait dans son ceinturon, le pommeau métallique de l’arme luisait au clair de lune lorsqu’il le porta à hauteur de la poitrine de notre professeur. La vie de Jinx allait prendre fin prématurément cette nuit… Enfin, ça se serait le cas si la veine n’avait pas été la maitresse de la compagnie.

Jouant depuis près d’une heure avec la luette de Scoumoune, notre araignée avait finie par déclencher une salve de glaires qui alla propulser l’arthropode directement dans le creux de l’oreille droite de Rabb. Le lapin géant dans un réflexe somnambule secoua sa grosse trogne pour se débarrasser de la sécrétion buccale, le mouvement arracha la trinque du rideau qu’il boulottait, qui tomba directement sur le matelas de Félixia. Le chat canin se vit propulser dans les airs vers notre inconnu, les griffes allèrent se figer de manière inconsciente directement vers la partie testiculaire de notre homme qui s’empressa d’échapper un juron bien local et de sautiller sur place pour se débarrasser de la chatte. Cocasse. A force de jeu de jambes, Félixia se décrocha pour continuer son ronron sur le parquet, tandis que notre assassin en carton reculait de son agresseur, si bien qu’il glissa sur le mucus de Peuleu Peuleu. La patinoire que le gastéropode s’était entaché de faire durant la nuit amena notre homme à effectuer une série de cabrioles de hautes voltiges, mais c’est un dernier vol qui signa la fin définitive de sa fierté. Hélas, son pied ripa contre la petite table du centre de la pièce et il partit en arrière, les fesses un peu trop penchées vers la couche de Lucky. C'est finalement la terminaison de son système anatomique qui se prit profondément le membre qui dressait les draps du papi. Supposons avec verge-gogne que le dit-manche n’était rien d’autre que le parapluie de notre ami centenaire. En tout les cas, c’est avec un cri de douleur et une rapidité éclair à sauter par la fenêtre que cette affaire fut réglée en un bon coup d’cul.

C’est donc avec le plus grand des naturels que les rayons chauds du matin vinrent frapper la rétine de nos amis et qu’ils cessèrent le vacarme nocturne pour passer au silence diurne. Premiers gestes du matin, nos trois humains se dirigèrent vers la petite commode et s’enfilèrent les dentiers dans le coin du bec. Souriant de toutes ses dents, Jinx salua la troupe.


« Qu’la mère d’vos enfants soit trent’fois maudit, tas d’bons à rien et bonjour ! Peste et réveil ! »

« Bien le bonjour à toi aussi mon cher Donor, c’est encore un plaisir que de te saluer en cette superbe matinée de soleil ! »

« Je vous z’alut auz’i mes z’amis ! Zihihihi »



Silence.



Échange de dentiers.

« Bien le bonjour mes amis, une charmante nuit pour un prix de misère, n'est-ce pas? Héhéhé ! »

« Par mes poux, j'te l'accorde ! J’maudis vot’ semence ! Bonjour ! Gihihi ! »

« J’ai dormi comme une z’erise ! La queue en l’air ! Zahaha ! »


Et c’est très vite que la compagnie se retrouva en bas de l’hôtel, un baluchon de victuailles sur le dos de Rabb, près à partir sur l’ile à la recherche des deux primés. Après quelques minutes, ils commencèrent leur route avec un guide à la démarche particulièrement droite et coincée.

« Mon cher Donor, j’ai l’impression qu’il a eu un parapluie dans le cul z’elui là ! Zahaha ! »
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Un chapeau de paille vissé sur le haut du crâne et la redingote déboutonnée jusqu’en bas, Jinx suait à grosses gouttes en suivant le guide qu’O’Malley leur avait mis dans les guibolles. Le personnage au couvre-chef encorné était pourvu d’une moustache aux arabesques dantesques, il boitillait en serrant les miches et n’avait décoché qu’un faible sourire lorsque Scoumoune l’avait interrogé sur les causes de cette démarche pour le moins coincée. Banaro Town était déjà bien loin de notre groupe de marcheurs du dimanche, les énormes caillasses de l’île ne créaient bizarrement aucunes zones d’ombres, à en perdre la caboche. A de nombreux endroits, les marques de la confrontation plus que centenaire étaient encore bien marquées, des troncs séchés aux champs grillés par le soleil et des monceaux de planchettes aux dépouilles sinistres de chariots moisis. Hasardant son regard vers l’énorme caillasse à une soixantaine de pas d’eux, Donor interpella le manche à balai moustachu.

« Dites-moi jeune homme, Peut-on aller voir ces grosses caillasses de plus prés ? »

« Gaay ! Inutile monsieur, suivez moi plutôt ! Gaaaay ! L’ancien lac est une bonne zone de cachette pour des fugitifs ! Gayoo»

Plissant les sourcils, le professeur lorgna d’un mauvais œil le guide qui avait répondu sans même se retourner. Lucky Garou, bien monté sur son gros partenaire, lâcha un sourire largement suivi par celui de Scoumoune et les gargouillis d’un Peuleu Peuleu aux allures de chewing-gum fondu. Nouvelle question.

« Eh bien je vous propose que nous passions d’abord par ici si vous le désirez jeune homme ? »

« Gaay ! Ce ne serait qu’une perte de temps monsieur et je… GAYP ! »

La patte de Rabb venait de réduire la tête de pioche en tête d’œuf, le rire zozotant de Garou tonna dans le ciel bleuté de Banaro et le groupe de retraités se lança dans sa propre visite, direction l’énorme caillasse d’en face.

« Par mes poils d’entre jamb’ ! C’est qu’jvais clamser si j’picole pas ! »

Sortant de sa robe un mini-jerricane argenté, Scoumoune se descendit toute l’étrange viscosité dans le fond de son gosier. La sorcière avait ses bas détrempés de transpirations et une odeur de poix se libérait de son corps de mamy gothique. Cette charmante enfant pestait en brandissant son doigt vers l’astre solaire qui lui tannait la peau depuis leur arrivée. Les climats estivaux de Grand Line ne lui conviendraient pas pour le reste des aventures, c’est certain.

« Garou, vieil branche, j’ai besoin de voir mieux les alentours de ce rocher. »

Jinx attrapa la hanse de l’assise de l’emplumé et monta à ses cotés sur le dos de Rabb, suivit de près par Peuleu Peuleu, le musculaire rongeur plia les pattes et il partit à dix mètres de haut. Le nuage de poussière de son quasi-envol avait fini au fond de la glotte déjà bien farineuse de Scoumoune qui rehaussa le niveau de ses insultes.

Les cheveux dans la nouille, Jinx tenta de réajuster ses monocles avant que le lapin ne retombe au sol. Un détail ne put lui échapper, celui de deux taches sombres qui s’engouffraient dans la fente du bloc de pierre géant. Il tapota de sa main variqueuse l’épaule de Garou qui lui répondit par un zozotement d’acquiescement. Rabb retomba au sol, à l’exact endroit de son saut dans une seconde nappe de particules qui scella la gueule assoiffée de Lisa.

« Z’est en effet une caillazz’e qui z’emble habitée mes z’amis ! »

« Par tout’les pestes bucoliques d’South Blue ! Sur ma gangrène qu’c’est nos hommes ! Peuh Peuh ! »

« Allons voir de ce pas alors ! Héhéhé»

Après une dizaine de minutes pour parcourir les cinquante mètres, oui c’est long des vieux, la compagnie se trouva nez à nez avec une brèche protégée des curieux par une vieille carriole délabrée qui en cachait son entrée. Se faufilant entre les lattes de bois, ils finirent par rentrer au cœur de la caillasse. La fraicheur s’y faisait déjà bien plus ressentir qu’à l’extérieur et les parois grisâtre de l’édifice de dame nature ne renvoyaient que peu de lumières, de plus, ce n’était pas la vision de nos compères qui allait leur permettre d’avancée sereinement.

« C’est mon soulier ça ! »

« Mes z’ailes ! »

« FRR »

« Par mon front ! On y voit comme dans l’cul d’une vache ! »

Soudain une pâle lueur se renvoya sur les verres du professeur et d’un geste de la main qui avait fini dans la mouille de Rabb, il fit cesser le brouhaha. La compagnie avança avec la lenteur de la discrétion de leur âge, pas à pas, ils arrivèrent à hauteur d’une salle qui les laissa quoi. Un écartèlement optique encore inconnu venait de figer Jinx, les mains sur son vestons et les yeux bien plus gros que ses monocles, il lâcha un putain provincial. La cavité sur laquelle ils venaient de débouler renvoyée des rayons de lumières jaunâtres de la plus belle des natures. S’agrippant à la paroi pour ne pas perdre pied, Donor n’osait plus cligner des paupières. Un sifflement d’admiration partit discrètement de Garou qui fut relégué par une glaire majestueusement crachée par Scoumoune.

Une putain de mine d’or aux minerais gros comme les poings d’un cul-de-jattes.

« Mes amis, on abandonne tous nos projets sur Grand Line, nous voilà riche… Riche… Immensément RICHE ! SHLONK ! »

Une sorte de marteau rosâtre, tout droit sortit de la morphologie changeante de Peuleu, eut mérite de claquer la gueule de Jinx avant l’arrivée de deux personnages à la mine patibulaire. Les deux trognes d’andouilles portaient des flambeaux et portaient deux gros baguages. L’un était grand et ridé, ses chicots ne tenaient plus très droits et l’un de ses yeux avait dit définitivement merde à l’autre. Le second était tout à l’inverse, petit et baraqué à l abouche détrempée de salive qui bullait à chaque fois qu’il parlait. Balançant les deux sacs au sol, le plus petit décocha un bon coup de poings sur la paroi d’or.

« Merde ! C’pas dix voyages qu’il nous faudra pour transporter l’intégralité de la mine en-dehors de cette île, mais mille ! Fréro j’sens qu’on va y perdre notre dos ! »

« Ta gueule ! C’est à moi de pousser une gueulante ! On va se foutre le dos en l’air avec tout cet or ! Bordel ! »

Bien cachés derrière une roche, Lisa tapota du plat de la main le sommet du chapeau de son ami et susurra de son haleine putride dans le creux de l’oreille de Jinx.

« Moi j’serais d’avis d’leur faire manger leurs couilles avec une paille ici-même vieil âne boiteux ! »

Jinx esquissa un sourire en se frottant la bosse de sa caboche et après un coup d’œil à Garou, il tendit sa paume vers les deux bonhommes qui parlaient non loin de là, mais avant qu’il ne lance son attaque, le bras de Scoumoune stoppa net l’offensive.

« J’ai bavé un poil de chat trop vite. »

Le bruit sec du bois qui foule la pierre résonna dans toute la mine, l’imposante carrure diabolique d’un homme se découpa nettement dans la faible lumière des lieux. Le shérif O’Malley déboula de son unique jambe sur la scène des opérations sous les sourires noirs de la compagnie.

« Peuleu tu m’dois 50 berrys ! Gihihi »

« Peuleu… »

« Héhé, tu es encore trop naïf gamin ! »

« Zahaha ! Tu avais, toi z’aussi, prez’que cru à z’on numéro de gentil représentant de la loi mon vieux Jinx ! Zahaha ! »

Le Shérif se stoppa en croquant dans une pomme gorgée de jus, les deux nouilles tannées par le sel firent silence.

« Bam Bam Bam… Que vous fassiez mille ou dix milles voyages pour mettre cet or hors de la ville m’est égal. Si je ne vous avez pas débauché de vos trafics minables, vous n’auriez pas eu l‘occasion de devenir des grands… Bam Bam… Une fois l’île désossée de l’or, je n’aurais plus aucune raison d’y rester et personne ne m’en voudra de céder la main à un autre Shérif… Bam… Après tout le boulot que j’ai fais pour ces crèves la dalle… Le gouvernement ne se posera pas de questions ! BABABABALAM ! »

« Doucement gros père, t’crois qu’on s’tape tout l’sale boulot pour des lopettes ? »

« Ta gueule frère ! C’est moi qui lui dis ! Sale chien de Shérif, tu comptes te faire tout l’oseille et nous laisser clamser ou tu tiendras ta parole ? »


Le membre en bois d’O’Malley partit droit dans le bide du plus grand à l’œil balafré, le primé posa les genoux à terre en lâchant une gerbe de sang. Le géant à la jambe de bois et à l’insigne étoilée dégaina un large pistolet à double gâchettes, L’une noire et l’autre rouge.

« Sale bâtard »

« Bam Bam Bam… Dois-je vous rappeler que lors de notre première confrontation j’ai truffé vos corps de mes balles spéciales? Il me suffit d’une pression sur la gâchette rouge pour qu’elle explose en vous ! Bam ! Alors sachez que je tiens toujours mes promesses, une fois l’or sortit de Banaro, vous aurez votre part et vos corps seront entiers… Balam… »


Les deux compères crachèrent aux pieds du géant pour témoigner que le pacte était scellé, ils se saisirent de leurs sacs pour les enfiler sur le dos. Les baguages semblaient décidemment bien lourd et une pépite jaunâtre tomba de l’encolure de l’un d’eux. O’Malley se baissa pour la saisir et après en avoir pesé chaque carat dans le creux de sa main, il l’enfourna dans la poche de son manteau sombre.

« Bam Bam Bam… Un avant-goût… BALALALALAM ! »


C’est à ce moment que la Compagnie des Chats Noirs décida de… Sortir de la grotte pour rejoindre Banaro Town. Et non, l’action se fait attendre, mais accroches toi cher lecteur !


« Tu es z’ur qu’on z’e les fait pas maintenant ? »

« Si l’on s’en prend au Shérif, c’est les habitants et les autorités supérieurs qu’on aura dans les guibolles »

« Alors quoi ? On s’tripote l’dentier en attendant qu’ils vident tout ? Peste ! »

« Non, on attend qu’ils arrivent en ville, il est bientôt midi, Rabb s'est descendu toutes les victuailles et j’ai envie d’une tisane »

Le respect des horaires, c’est sacré à un certain âge.
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Les mines farineuses de nos compères étaient encrassées de la poussière de Banaro, l’avenue principale de la Town demeurait aussi désertique que l’entrecuisse d’une nonne. La compagnie des Chats Noirs avançait d’un pas décidé, titubant de vieillesse, certes, mais décidé. Les quelques pauvres habitants préféraient changer de trottoirs plutôt que de croiser leur chemin. Sur le dos de Rabb, Lucky Garou se protégeait du soleil de son fin parapluie en tissu marron. Lisa Scoumoune, quant à elle, soulevait ses souliers de marâtre en suivant les bonds félins de Félixia. La gélatine rose répondant au doux nom de Peuleu Peuleu rampait dans le sable aux côtés de Jinx, le chef de meute.

Les portes du saloon grincèrent dans un ricanement sinistre et les tronches de pochtrons briards, qui siégeaient dans le bistro comme des piliers de bars éternels, se minèrent dans un silence religieux. Nos six protagonistes s’alignèrent le long du comptoir, le plat de la main de Garou tapota le bois empli de biles et six tisanes glissèrent face à eux.

Le saloon regorgeait des sales tronches représentantes de la loi, une trentaine de gusses aux chapeaux de cornes et aux santiags de cuirs. Ils se descendaient leur verre de Sky en raclant bruyamment leur gorge et tous les regards se lièrent sur le dos des retraités qui buvaient en silence. Soudain, une voix s'éleva depuis une table où se déroulait la moins entrainante des parties de poker.

« Shap… REGARDEZ COMME C’PAS MALHEUREUX ! C’EST VIEUX ET CA NE BOIT PAS D’SKY ! »

Un ricochet de rires gras fit couiner l’édifice, nos compères soufflaient silencieusement sur leur breuvage au tilleul. Lâchant un petit sourire de coin, Jinx interpella Scoumoune qui pestait de s’être encore ébouillantée.

« Dis-moi ma chère amie, que dirais-tu de payer une tournée générale à ces jeunes gens ? »

Crachant sur les lattes du bistrot, la vieille variqueuse saisit une barrique d’eau chaude sous son bras et son sac de thé de voyage sous l’autre. Les rasades de tisanes coulèrent à flot dans les godets crasseux de la clientèle, en une minute, les gusses se retrouvaient les yeux en billes devant un breuvage fumant. Jinx prit la parole, sa tasse à la main.

« Gentlemen, à la vôtre ! »

Le professeur s’envoya le liquide bouillant derrière la glotte et la compagnie fit de même. Seuls les gueulards, à qui Lisa venait de faire office de serveuse, ne bronchèrent pas. Ils regardaient d’un air sceptique le potage aux allures d’antiseptique.

« Je crois, mon bon Donor, que la jeunez’e n’est plus z’e qu’elle était ! »

« Sûr qu’on leur met la piquette ! Héhé »

« Peuleu ! »

C’est sur ces mots qu’une grosse baraque, à la mâchoire taillée pour la bibine se mit à prendre la réflexion pour lui. Vociférant comme un clébard à qui l’on coupe les couilles, il goba littéralement le breuvage, geste qui fut suivi à la hâte par les trente gonzes de l’édifice. Un son creux de bois frappé sonna quand les godets se reposèrent sur les tables et que les tronches se tordaient de dégout.

Lancé dé => 2 > Pustules


C’est alors qu’un premier rire sonore fusa d’un coin de la pièce, un zouave pointait du doigt son partenaire de boisson qui regardait l’étrange phénomène que ses bras subissaient. L’homme en question était subitement recouvert de boutons, de petits monticules de pues et de sang, lui donnant une allure juvénile. La bizarrerie se prolongea sur le rigolard qui déchanta bien vite, ainsi qu’à l’ensemble de la clientèle. Le saloon n’était plus qu’un bistrot d’adolescent du faciès en quête d’une perte de pucelage soudaine.

« Quaaa….QUE ? MAIS QU’EST-CE QUI M’ARRIVE ? »

« OOOH ! LES VIEUX ! C’EST QUOI L’ARNAQUE ? »

Autant dire que ça gueulait sec chez les boutonneux, nos vieux quant à eux savourait une seconde tasse de tisane en tentant de décrocher la paille qui s’enfonçait inexorablement dans l’anatomie spongieuse du gastéropode de compagnie.

« Bam Bam Bam… Que se passe-t-il ici ? Balaaaaaaaaaaam ! »

L’arrivé de la carrure démoniaque du shérif O’Malley mit fin aux mouvements de troupes des pustules ambulantes. Le maître des lieux frappait les lattes boisées de la pointe de sa guibolle de bois, la main sur son colt et l’autre sur son ceinturon. Un petit chapeauté au pif aussi boursouflé qu’une infection d’hémorroïdes, on reste dans la grande poésie, prit la parole. Ce qui lui valu le soutien général.

« Beum… C’est les voyageurs Shérif ! Ils nous ont lancé le mauvais œil ! BEUM ! »

« Bam… Monsieur Donor ? Mes hommes semblent vous accuser de malheurs. Serait-ce l’infertilité de vos recherches sur mon île qui vous fâche au point de créer des soucis dans ma Town ? Balam… »

« Qui vous parle d’infertilité mon cher O’Malley ? »

« Bam… Oh, vous auriez donc retrouvé nos têtes mises à prix ? Je ne vois pourtant aucun hors-la-loi içi ? Balam… »

« J’en vois pour ma part énormément ces derniers temps… Slurp… »

La tisane fumante venait de se faire aspirer par les lèvres de Jinx, O’Malley fit un pas en direction de la compagnie et le professeur enchaina.

« … malgré les quelques hommes vertueux comme vous qui peuple cette île…. N’est-ce pas Garou ? »

L’emplumé aux ailes grises lâcha un gros sourire d’enfant de ses dents résineuses.

« Ouep ! Une vraie mine d’OR ! ZAHAHAHA ! »

Un frisson qui se manifesta sous la forme d’un grognement fusa de chez notre encorné de Shérif.

« Bam Bam Bam ! Vous et votre compagnie allez nous suivre, moi et mes hommes, vous répondrez de vos troubles devant un tribunal ! BALAM ! «

A ces mots, les boutonneux dégainèrent les colts et fusils en les pointant sur la troupe de braquemarts. Les mains sur le veston et le regard profondément ancré dans celui d’O’Malley, Jinx l’interpella une nouvelle fois.

« Et que diriez-vous d’un duel au pistolet ? »

Ponctuant ses mots par un geste, Jinx déboutonna le bas de son veston pour en découvrir son fameux gun, le Sept de Treize. Une succession de rire fusèrent de toutes parts, Banaro allait être encore rythmé par les paris.


Dernière édition par Pr Donor Jinx le Lun 25 Juin 2012 - 0:02, édité 1 fois
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La santiag du Shérif foulait le sol poussiéreux de la Town, un frêle veau passa au loin, beuglant à la mort, l’ambiance était des plus sombres. L’imposante carrure de l’homme semblait écraser le sol de son ombre, son regard était dur et son unique pas était sûr. Son colt aux bastos explosives dormait dans son ceinturon, seul le vent chaud de cette partie de la route de tous les périls semblait pouvoir atteindre le géant diable.

Face à lui, notre frêle septuagénaire aux tifs ébouriffés observait les alentours, les mains sur le veston et le pistolet, armé de sa fiole de malchance, dans le calbute. Il est clair que notre protagoniste manquait de classe et de matos pour se la jouer cowboy, mais tout se jouait dans le regard en pareilles circonstances. Bon, le souci c’était justement le regard. A quinze pieds, ce n’était pas encore trop flou, mais maintenant que l’autre O’Malley était à trente de là, c’était une autre paire de manches. La vision du presbyte myopathe lui affichait un flou marécageux terrible.

« Dites-moi mes amis, je suis dans le bon sens ? »

« S‘ tu parles d’bon sens pour t’faire descendre, alors oué t’es pile dans l’axe ! »

« Merci très chère ! »

Le reste du groupe était aux abords du duel, entourés de l’armé des santiags et autres artifices de Walker Texas Ranger, un marine de légende des époques passées. Rabb boulotait le couvre-chef de l’adjoint du Shérif, dévoilant une honteuse calvitie. Garou s’était assis sur un tonneau d’eau, le menton sur le manche de son parapluie. Quant à Lisa et Félixia, elles avaient créé un périmètre de poisses et de malheurs autour d’elles qui écartait les représentants de l’ordre. Ne manquait que Peuleu Peuleu, dieu seul sait où il était.

Caché derrière les fenêtres de leur édifice, les habitants de Banaro se tapissaient de terreur pour protéger leurs enfants. Malgré quelques mauvaises graines alcoolisées qui vociféraient des encouragements aux abords de l’avenue, tous avaient peur du groupe d’étrangers venus de la mer.

« On est avec vous Shérif ! »

« Trouez-lui la peau à ce pied tendre ! »

La mine en pruneau et un rictus pour capter le moins possible de rayons solaires, Jinx interpella la star locale.

« Comment cela se fait que vos deux amis ne soient pas là ? A moins, qu’ils ne nous observent déjà ? »

« Bam Bam… Je ne vois pas de quoi vous parlez monsieur Donor… Balam… »

« Cela doit être la fièvre de l’or qui vous embrume la mémoire O’Malley. »

Les mots firent mouche dans les esgourdes et autres mirettes à l’écoute, quelques hommes s’échangeaient des mots en hochant la tête, d’autres réfutés et certains haussaient les épaules. O’Malley regardaient ce manège de messe basse d’un mauvais regard, campé au milieu de son avenu, il n’était en position d’entendre quoi que ce soit.

« BAM BAM… Allons allons… Monsieur Donor semble vouloir créer la discorde entre nous, pensez-vous réellement qu’il y a de l’or ici ? IL N’Y A PAS D’OR SUR BANARO ! BALAM ! »

« Z’est quand tu veux mon vieux Jinx ! ZAHA »


GO GO GADGETO

Lancé de dés > 3 > Fouet


Ponctuant l’annonce de l’attaque de Jinx, c’est une forme rose qui venait de surgir de derrière un tonneau, dos au shérif. Le bras de Peuleu Peuleu, enfin ce qui serait un bras si l’escargot était un humain, enfin si le… Reprenons. Son membre, le quatrième de son anatomie, cinquième peut être, parce que la théorie sur le caractère hermaphrodite des gastéropodes est contest... Bordel, c’est le chantier de narrer les aventures d’un escargot. Disons juste qu’un de ses membres, celui de votre choix (et entre nous, tout le monde sait que vous choisirez le bras, n’est-ce pas ?) se transforma en un fouet qui vint surprendre notre Shérif qui finissait tout juste son annonce. Le géant se décala d’un pied pour esquiver l’attaque qui venait d’en haut, le fouet rosâtre fendit l’air et arracha la poche du veston d’O’Malley.

C’est alors que tout le monde l’a vue, suspendant le temps quelques instants, une gerbe de soleil, aussi petite qu’une libellule, mais aussi brillante qu’une foudre d’espoir. Une pépite, une simple pépite. L’or venait de rentrer dans l’esprit de tous.

Furieux, la jambe de bois du Shérif s’éleva et s’emplafonna contre la masse gélatineuse du petit mangeur du fruit des Gadgets. Peuleu Peuleu fusa vers une maison et en perfora l’édifice. La bicoque trembla puis s’effondra dans un sinistre craquement et un nuage de poussières qui recouvrit entièrement l’avenue de Town.

« Kof Kof… Ca a marché ? Kof… »

« KEUUF KEUF … BOAR… Le p’tit s’est pris une saloprie d’baraque, mais ouep ! KEUF GIHIHIHI ! »

La nappe de particules tomba petit à petit, libérant progressivement la vision de l’ensemble des protagonistes et épurant l’air. Peu à peu, l’imposante carrure du maître de cérémonie se découpa et l’on put l’apercevoir nettement. Mais pas que…

A ses côtés, deux nouvelles ombres avaient pris position. Les frères à la gueule cassés et aux mines blafardes riaient, les mains dans les poches. Le grand borgne portait dans son dos, un étrange baluchon allongé alors que l’autre, plus trapu, avait fait tomber le haut, dévoilant une musculature de colosse. Le plus grand interpella O’Malley.

« Sacré Bordel, hein vieux diable ? Te voilà à ta place, une salope d’Hors-la-loi ! Yahaha ! »

« Pour sûr, sacré merde comme tu le dis fréro ! »

La mine fermée et le regard dur, O’Malley ne quittait pas son adversaire des yeux, l’ombre de son chapeau lui cachant la moitié de la trogne. Par contre, c’était aux abords de l’avenue que la tension montée. Les sous-fifres du Shérif se montraient des plus agressifs devant ce coup de chiennasses que leur chef avait monté dans leur dos. L’un d’ailleurs s’avança, l’arme au poing vers le géant démon.

« O’Malley ! Peuh ! C’est quoi s’t’histoire d’or ! Tu crois qu’tu peux faire ça à nous ?! Peuh ! Espèce de p… »

PAN

Une détonation accompagna une bastos de gros calibre qui alla se loger dans l’épaule du gueulard. Il tomba à genoux, le sang ruisselant le long de son bras. O’Malley reprenait la situation en main.

« BAM BAM ! BANDE d’IMBECILES ! Vous pensez vraiment que j’allais vous laisser de côtés ? Moi ? O’Malley, celui qui s’est montré comme un père pour vous ? BALAM»

Des têtes se baissèrent.

« Bam… TOUS ! Tous vous aurez votre pesant d’or ! Mais faîtes votre choix, soit vous êtes avec moi… »

BAM

Le doigt d’O’Malley venait de presser la gâchette rouge de son arme qui était pointée vers le précédent gueulard. Une explosion sinistre avait fait planer le corps du malheureux qui gisait, maintenant, aux milieux d’une mare de sang et de poudres. Les fameuses balles explosives du Shérif de Banaro avaient encore frappé.

«… soit contre moi. Balam »

La trentaine de gusses restèrent un instant figé sur place, puis l’un deux tira son pistolet pour mettre Lisa Scoumoune en joue, mouvement qui fut suivi de tous les chapeautés du secteur.

C’est ce moment que l’horloge avait choisi pour sonner la première heure de l’après-midi.
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La situation était donc ainsi, Jinx faisait face au Shérif de la bourgade et deux de ses compères, des pirates primés aux capacités encore inconnues. Lisa, Félixia, Garou et Rabb étaient mis en joue par trente représentants de l’ordre qui n’avaient plus rien à perdre et Peuleu Peuleu était hors-service dans les ruines d’une maison, dos aux trois bad guys de l’histoire.
Le son du clocher avait signé le début des hostilités et c’est Jinx qui se montra le plus réactif, en même temps, il n’avait pas suivi grand-chose de l’affaire, trop préoccupé de discerner son adversaire qui était décidemment trop loi. Ses deux mains se tendirent face à lui.

One Hospice- Banaro Town Jinx_a12

Une meute de chats noirs fusèrent de ses paumes et filèrent droit vers le groupe qui encerclait sa compagnie, les lumières noires les traversèrent tous et l’ambiance monta d’un cran. Surpris, O’Malley ne put se résoudre d’envoyer son coup de suite, un détenteur de fruit démoniaque n’est pas un adversaire à qui il faut donner le premier coup avant qu’il ne se dévoile un peu.
Lisa frappa le sol avec la pointe de son parapluie, l’embout gouttait de son liquide empoisonné dont seul une sorcière pourrait en discerner les ingrédients. L’arme alla se figer dans une première poitrine avant d’en ressortir perlant de liquide, puis un second se le mangea et encore un autre…

# GIHIHIHI #

Lancé de dés > 1> Plaques rouge et démangeaisons


Les coups de feux tiraient par les hommes empruntèrent pour certains des directions foireuses, les balles se plantèrent nettes dans l’épiderme de leur camarade ou dans les lattes de bois des maisons. Deux pistolets sautèrent à la face de leur propriétaire, tandis que trois autres s’étaient transpercés le pied. Ceux piqués par Scoumoune se grattaient à sang, d’énormes plaques rouges les démangeaient et recouvraient leur corps. L’un leva les yeux et il constata comme une lame étincelante face au soleil, Félixia abattit sa griffe sur sa face et un ultime coup de griffes mortifia son organe d’homme.



• Ça Porte Bonheurs ! •


Profitant de l’attaque de Jinx, Lucky avait sauté sur le dos de Rabb et les deux compères s’en donnaient à cœur joie. Les grosses pattes du Lapin géant des neiges heurtaient les crânes chapeautés pendant que Garou riait de son zozotement sonore. C’était un joyeux bordel auquel Jinx aurait bien prit part.
Cependant, notre professeur faisait face à trois hommes qui avaient pris le temps d’observer les retombés de son attaque. La malchance, voilà son attaque et ils l’avaient tous compris. Jinx apposa sa paume contre sa poitrine et une onde verte de la forme d’un trèfle le transperça.


One Hospice- Banaro Town Jinx_a19


Aussitôt il dégaina son pistolet et envoya le contenu de sa fiole de triples malheurs dans un coup de laser qui fila droit devant. Cependant, O’Malley avait été bien plus rapide, son coup fut plus rapide et plus précis, la chance que Jinx s’était octroyé lui permis de trouver l’aide miraculeuse d’une pauvre mouette qui se mangea le caillou en plein vol, alors que son tir de laser partit dans le décors. Une salve de coups de feu fit courir Jinx derrière un tonneau de purins, le ventre à terre et les monocles de travers. Ses mains tremblantes de petit vieux peinaient à recharger son pistolet d’une seconde grosse fiole de malchance.





C’est ce moment que le petit trapu à la musculature de troyens avait choisi pour foncer vers le lieu où les membres des chats noirs faisaient des leurs. Les mains contre le sol, il avalait les mètres comme un molosse en pleine course, la bave aux babines. L’homme fit un bond au-dessus d’un groupe de gratouilleurs compulsifs et envoya une droite phénoménale à la vieille. Le dentier de travers, Lisa se frotta la mâchoire en crachant un glaviot noirâtre.

« Enfant d’putain, j’vais t’apprendre l’respect ! Peste ! »

« FRRRRR ! »

« T’es pas mon genre mamy »





A dix pas de là, c’était Garou et son ami rongeur qui donnaient du fil à retordre aux sous-fifres. Les corps inconscients et les torses fendus par le parapluie du centenaire témoignaient de l’intensité du combat. Pourtant, une détonation puissante fendit l’atmosphère du combat. Rabb vacilla un petit instant avant de poser une troisième patte à terre, le pelage blanc de sa cuisse droite était maculé de rouge. Lucky réajusta son chapeau de feutre marron avant de tapoter l’épaule de son compagnon qui venait d’envoyer valser le dernier adversaire. Jugeant des alentours, Lucky renoua sa barbe et compris bien vite la situation. Il manquait le deuxième frère au sac mystérieux.

« Mon jeune ami, nous z’avons à faire à un campeur… Zut… »






BOAM

Le tonneau de purin venait de sauter après qu’une bastos l’ait transpercé, Jinx envoya aussitôt son second coup de laser qui fila lui aussi droit dans le décors, O’Malley continuait d’avancer, l’arme à la main. Il ne restait plus qu’une unique fiole de recharge à un Jinx recouvert de la merde du tonneau, il venait de se réfugier à l’intérieur du saloon. Après une roulade désastreuse.

« Bam Bam…. Alors monsieur Donor, on a la vue qui baisse avec l’âge ? Balam »

PAN PAN

CLING

Shlack

Le diable envoya deux balle qui transperçèrent la vitre du bar, l’une explosa le grand miroir au-dessus des boissons et l’autre s’enfonça dans un bruit creux dans la jambe de Jinx. Notre vieux en râla de douleurs en rampant à l’abri derrière le comptoir. O’Malley, toujours dehors reprit la parole.

« BALALAM ! Vous êtes en mon pouvoir à présent monsieur Donor ! Il me suffirait de pointer mon arme vers vous pour vous faire sauter ! Balam ! Sortez de là et nous discuterons comme deux adultes ! Balam ! »





Pendant ce temps, Lisa et Félixia faisait face à un véritable molosse enragé, le visage ridé de la vieille était recouvert de bleus et la marque du poing du trapu s’était incrusté sur ses rides. Félixia, quant à elle, saignait de la gueule et elle n’osait même plus envoyer la moindre griffe sur son adversaire.

« Tu tentes de m’piquer avec ton truc depuis toute à l’heure mamy, laisse tomber, je n’tomberais pas dans ce piège de merde. »

Une nouvelle fois la pointe fila droit vers l’épaule de son adversaire, mais le colosse esquiva habilement et envoya son point dans le bide de la sorcière, lui faisant cracher son dentier au sol. Félixia balança un coup de griffe sur les mollets du trapu, mais la réplique fut cash pour son museau. La situation était mal engagée et le combattant bien plus puissant.



Une nouvelle détonation alla figer une balle dans le pelage de Rabb, le lapin faisait une cible de premier choix pour un tireur isolé. Le couple de combattants que formait Lucky Garou et Rabb était spécialiste d’un corps à corps musclé, le fait d’être pris pour cible d’un adversaire fantôme les mettait à mal. Bien logé sur le dos de son compagnon, Garou tentait d’évaluer la distance du tireur. Les bonds du lapin perdait en puissance, les quatre balles déjà logées dans ses guibolles réduisaient considérablement ses mouvements, si bien qu’une cinquième détonation le figea contre la poussière de Town.

Hissant son acolyte derrière une charrette, Lucky se frottait le front en quête d’une position haute que l’homme aurait privilégié pour sniper en toute tranquillité. Fronçant ses sourcils grisâtres, il fit une liste de quatre sites de tirs potentiels.

« A droite de l’avenue de Town, le clocher… En faz’e, la grange… A z’ent pas, le réz’ervoir d’eau et la bute du cimetière derrière le z’aloon… Autant chercher un morceau d’az’ier dans une z’antiag… »

Retirant son chapeau de feutre, il le mit au bout de son parapluie et le tendit au-dessus de la charrette. Un coup de feu raisonna dans la bourgade et son chapeau retomba au sol, troué en son centre.

« On peut déjà éliminer la grange ! Il n’est pas en face de nous ! Zahaha »

Une main sur l’une des blessures de Rabb et l’autre dans son imper, il en sortit trois bandelettes de pansements et s’affaira à panser son ami aux longues oreilles.
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« Bam Bam Bam… Monsieur Donor, ma patience a des limites ! Balam ! »

« Voilà, voilà… Arght… »

Poussant avec difficulté la porte battante du débit de boisson, Jinx sortit le pistolet au bout de ses doigts, signe de reddition. Sa jambe droite pissait le sang, son pantalon en feutre était troué et marqué du rouge de la vie qui quittait peu à peu son corps. Il tituba avant d’entamer la descente des trois marches du bâtiment et enfin se placer face au Shérif.

« Bam… Lâcher votre arme… Balam »

Ploc

L’arme tomba au sol pour le plus grand plaisir du diable, il observait Donor qui se maintenait difficilement droit face à lui.

« Bam Bam… Voyez vous, avant votre arrivé, les habitants de Banaro aurait continué de vivre sans plus de soucis, cela même après mon départ. Pourtant, il a fallu que votre compagnie s’en mêle et aujourd’hui, je ne peux décemment partir sans vous mettre la perte de la population sur le dos…Bam… Le gouvernement ne nous questionnera pas bien longtemps et votre décès lors de notre combat sera un point final à cette histoire… Balam »

Les bras de Jinx se redressèrent pour envoyer une salve de malheurs, mais le poing d’O’Malley alla se figer dans le ventre de notre professeur dans un impact sonore.

« Bam Bam… Je vous l’avais dit monsieur Donor, rien ne changera à Banaro car jamais rien n’a changé ! BALAM ! »

Ponctuant ses dires, sa jambe de bois se décolla du sol pour finir dans la face du vieux, Jinx fusa dans les airs et s’explosa au sol. Il se releva en replaçant ses monocles, un nouveau coup de latte s’emplâtra dans sa jambe meurtrie, un râle de douleurs siffla entre ses dents. A genoux, le chef de la compagnie des Chats Noirs distinguait à peine l’immense Shérif qui complétait le chargeur de son arme avec une partie des balles explosives du ceinturon qui entourait son poitrail.



« Félixi…Félixia… »

La main variqueuse de Lisa tentait d’agripper le corps inconscient de sa compagne qui gisait dans la poussière de l’avenue. Scoumoune baignait dans un mélange de sang noir et de crasse, ses cheveux grisâtres étaient souillés par le combat t l’imminence de la mort. Face aux deux corps gisant sur le sol, le primé à la gueule cassées et à la musculature bandées reprenait sa respiration et mollarder au sol. Son corps était recouvert de griffures de l’agile Félixia. Il s’approcha de la quasi-dépouille de la féline caniche et leva son poing au ciel. Le bras s’abattit et un craquement sinistre percuta l’horizon. Sous celui-ci, le dos de Lisa s’affaissa.

« Laisse-moi achever cette saloprie, vieille bique ! »

« GIHIHIHI… T’crois vraiment qu’un garnement d’ton gabarit peut nous achever ? GIHIHI »

Le pied du primé fila dans les côtes de la vieille qui s’affala à une dizaine de mètres de Félixia. Crachant une glaire sur le corps du félin, le trapu arma une nouvelle fois son poing.

« Félixia maintenant ! »

#Gale et Poix#


Le poing fila vers le sol et s’enfonça dedans, Félixia venait d’esquiver et sa patte alla se planter dans l’entre-jambe de l’homme. Son cri fut puissant et il s’envoya un second coup de poing, mais cette fois-ci, il s’auto-lamina les roubignoles. Mettant les genoux à terre, il sentit une piqure dans son coup. Il se retourna, la bave aux lèvres, son regard se plissa pour distinguer la silhouette de Lisa qui le surplombait le sourire aux lèvres.

Dés du destin=> 4 > Enflure de la zone piquées.

« S’en est fini d’toi gamin, par les bourses d’Saint Usopp »

Un grognement sinistre s’étouffa et le cou du bonhomme tripla de volume en une fraction de secondes, il porta ses paluches à celui-ci, son visage devint bleu et il tomba inconscient au sol. Lisa Scoumoune et Félixia venait de remporter leur duel.





« Pouzz’e encore un peu… Voilà, z’est parfait ! »

Garou guidait son compagnon qui faisait rouler la roue de la charrette derrière laquelle ils se tapissaient. Le devant de la carriole heurta la devanture de la boutique du teinturier, le propriétaire était d’ailleurs à l’intérieur et faisait de grands gestes à Garou pour lui en interdire l’accès. Un petit bonhomme jaune aux yeux bridés, un chapeau pointu en guise de couvre-chef et un bandeau blanc avec un rond rouge sur le bras. Un stéréotype, en effet.

Malgré tout les efforts du bridé pour stopper les étrangers, les doigts de Lucky commencèrent un décompte et à zéro, Rabb sauta à l’intérieur en brisant les fenêtres, suivi du petit vieux. Un coup de feu partit aussi sec et érafla le mollet de Garou.

« Z’est qu’il vise bien l’animal !... Bonjour, nous réquiz’izz’ionons le toit de votre boutique ! »

« Nan, c’est pas possible, pas possible monsieur… Pas possible monsieur, pas poss…SHLONK »

La patte de Rabb venait de faire taire le jaune et Garou acquiesça dans un sourire serein. Les deux acolytes prirent le chemin de l’étage en passant par un petit couloir de l’escalier et déboulèrent avec prudence sur le toit, tapis derrière l’enseigne de la boutique. Le centenaire pointait du doigt la citerne à eau non loin de là.

« Mon ami, il est z’ûrement là-dezz’us ! Je le z’ens ! On va z’auter là-haut ! »

Grimpant avec énergie sur le dos de Rabb, les deux compères armèrent un saut en direction du toti voisin. Le son puissant de la cloche frappa la demi-heure et une détonation se mêla au coup de gong, une balle alla se figer à quinze pas du couple alors que ceux-ci étaient en terrain découvert. Un sourire se mua en rire sur la trogne en poire du vieil ange.

« Zahaha ! Changement de route Rabb ! Il est au clocher ! Zahaha »

Dans un saut formidable, le lapin géant des neiges sauta au-dessus du clocher et Garou s’en détacha en ouvrant son parapluie. L’énorme carcasse du lapin écrasa la pointe de la tour du clocher, dans un fracas terrible, les monceaux de roches et l’imposante cloche tombèrent dans un nuage de poussières. La tour qui bordait l’avenue de la Town n’était plus qu’une nappe de particules comparable à une purée de poix, un gueulement s’échappa des décombres.

« Foutu de bordel de cloche ! Moi ! Rater mon coup ! Peuh ! Peuh ! Je ne vois quedal maintenant! Bordel ! »

Le nuage se dissipa peu à peu et bientôt on pu voir la fine silhouette de l’un des frères, il pointa son arme vers la grosse bedaine de Rabb qui se relevait des ruines.

• Le Vol de la Dernière Chance ! •

Garou venait de refermer son parapluie et il descendit en flèche vers le primé, la pointe de son ombrelle alla se planter dans le dos de l’homme qui tomba raide au sol. Le retraité dévoila son dentier en dépoussiérant son imper, la victoire méritait bien un sourire.
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L’arme du shérif était pointée contre le front empli de crasse de Jinx, la sueur perlait depuis la racine de ses longs cheveux. Il toussotait une bile maronnasse, mélange de sang et de poussières, et après avoir replacé ses monocles une énième fois, il regarda son adversaire.

« Bam Bam Bam… Vous voilà au pied du mur Monsieur Donor, c’est la fin pour vous…. Balam »

O’Malley fit un mouvement de tête vers la blessure de Jinx et cessa de pointer le vieil homme. Il lui tourna le dos et fit quelque pas loin de lui, puis le Shérif se retourna une nouvelle fois en pointant le canon de son pistolet sur la blessure de Donor. Après un sourire victorieux, il en pressa la gâchette rouge.
Une explosion formidable entoura le poitrail du Shérif qui tomba au sol comme une masse, noircis par la poudre de ses munitions. Tombant à genoux, ses lèvres bougeaient avec difficulté devant un Jinx, toujours à genoux lui aussi, au rire sonore.

« Bam… Qu’est-ce que… Balam… »

Jinx découvrit de sa main la blessure à sa jambe que son pantalon de feutre et le sang cachaient à moitié. Un morceau de miroir provenant de la glace du saloon y était planté.

« Héhéhé…Keuf… Ton arme marche par un système semblable à ceux des escargophone… Je l’ai compris quand j’ai vu que tu devais pointer ton arme vers les munitions tirées pour qu’elles explosent… Keuf… Si je te renvoyais ton rayon, les munitions de ton ceinturon signeraient ma victoire… Leçon numéro six, deuxième année, briser un miroir équivaut à sept années de malheurs… Héhéhé… »

« Bam… je … je suis encore vaillant…Balam »

« Crois-moi… Les superstitions, c’est mon rayon O’Malley… »

GO GO GADGETO BANCO

Lancé de dés => 2 > Maillet

Une onde lumineuse verte fila en direction d’un tas de ruines et s’y perdit derrière. Soudain, le corps caoutchouteux de Peuleu Peuleu sortit dans un bond majestueux. Sa structure corporelle avait adopté la forme d’un maillet qui alla se fracasser contre le crâne du Shérif qui tomba au sol dans un ultime bruit de gorge.

Jeu, Set et Math.



Petit à petit, des portes, des volets puis des fenêtres s’ouvrirent dans toute la Town et les habitants en sortirent avec prudence. Lisa et compagnie rejoignirent le professeur qui dépoussiérait son costume de satin, Rabb tirait le corps inconscient du grand primé alors que Félixia tirait tant bien que mal le corps du trapu.

Soudain une rumeur commençait à grandir dans toute l’avenue, des murmures qui grondaient de plus en plus.

« Mais qu’allons nous faire maintenant ? »

« On va encore nous abandonner ! »

« Où est cette or ?! »

« Que veux-tu qu’on en face, l’or ne fera pas pousser la vie sur cette île ! »

« Nous sommes perdus ! »


GIAARK !


Les messes basses se turent devant le cri de douleur de Jinx, Garou tenait fièrement entre ses paluches la balle fraichement extirpée de la jambe du professeur.

« Zahaha ! Alors qu’elle est ton plan maintenant ? On z’e fait des couilles en or ? »

« Dis pas d’bêtises vieil emplumé ! C’tor n’est pas à nous ! Peuh ! Faudrait d’abord les tuer tous ! Gihihihi ! »

S’appuyant contre le haut de la tête de Peuleu Peuleu, Donor fit quelque pas vers son pistolet dans un silence quasi-religieux. Il ramassa son arme, puis la remit dans son calecif. Les mains sur le veston, le professeur se dressa bien droit face à une foule perdues et apeurées. Des enfants, des femmes, des vieux, des gaillards impressionnants et des petits délinquants sans foyers, tous en quête de lendemains cléments.

« Mes amis… Je me présente, je suis le Professeur Donor Jinx, chercheur pour la marine, chef de la compagnie des Chats Noirs, patron de la Legs Of Rabbits et Roi du Royaume de la Veine sur South Blue. Cette terre qui est la votre a un passé lourd dont il est impossible de se défaire, laissez-moi vous offrir un futur à écrire autre part ! Je vous offre un foyer à construire, une terre fertile à cultiver et une paix à préserver ! JE VOUS PROPOSE DE VIVRE DANS MON ROYAUME EN ÊTRES LIBRES ET RICHES !... »

Reprenant son souffle, Jinx renchaîna aussi sec dans un ton plus faible.

« … Et évidemment que l’or de Banaro est à vous tous… »


YIPEAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Les cris de joies s’élevèrent dans toute la Town, les chapeaux volèrent en l’air et le groupe de retraités se fit porter bien haut dans des hourras et rires sincères. Garou interpella Jinx qui voltigeait de mains en mains.

« Tu renonz’es à toute z’et or Jinx ? Je ne te reconnais plus ! Zahaha !»

« Disons que c’est plutôt un investissement à long terme mon cher Garou, ils construiront des maisons et cultiveront des terres dans mon royaume… »

« … Et l’or finira dans tes poches d’vieux gripsou avec les impôts ! Gihihi »

« Héhéhé… C’est que l’argent ne pousse pas dans les arbres ! Héhéhé »

Banaro Town connut sa journée la plus festive depuis des années et le lendemain l’île était vidée de ses habitants, laissant une mine déserte et une troupe de retraités qui terminaient de fixer un panneau massif au milieu de l'avenue de la Town.

"BANARO, A VENDRE AU PLUS OFFRANT. CONTACTER PR DONOR JINX"

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    L'agent n'arrive que trois jours plus tard. Bien après le départ des nombreux navires de la Translinéenne appelés en renforts pour emmener vers leur nouveau coin de paradis les deux milles habitant de Banaro Town. Habitants encombrés par l'intégralité de leur ville démontée en morceau assez petits pour êtres emportés et délestés d'une partie non négligeable de leur or pour payer le trajet.

    Il remonte lentement la rue sous le soleil de plomb et les regards scrutateur des ancêtres de la compagnie, confortablement installés sur une série de chaises de longues de fortune sous le porche du dernier hôtel encore pourvu d'assez de murs pour être considéré comme une maison fonctionnelle.
    Il a la démarche de ceux qui portent un lourd fardeau depuis trop longtemps, dos vouté, épaules basses, démarche trainante...

    Il s’arrête devant le triumvirat d’ancêtre et relève la tète d'un air las. Un début de calvitie, un regard aussi morne et vide que le désert local, des cernes sous les yeux et un langage corporel affichant clairement son désintérêt total pour le reste du monde suffisent au regard expert de l'ancien professeur pour le cataloguer immédiatement dans la catégorie dépressif chronique. Mais il n'y a pas que ça...

    One Hospice- Banaro Town No_cha10

    Félixia se lève de son tapis, grognant, montrant les dents et tirant sur sa laisse, ce qui actionne immédiatement le mécanisme de fermeture de la la chaise longue de Lisa qui se replie sur la vieille dans un claquement sec suivi d'un glapissement de douleur et d'une bordée de jurons. Et Scoumoune de se retrouver aussi coincé dans son fauteuil qu'une tortue sur le dos, jupons en plus. Pas de bol...
    La chaise de Rabb, martyrisée par le poids indécent du garenne, se décide à casser. Les coutures du tissu éclatent, le bois lâche, et le gros lapin se retrouve le cul au sol, plus vissé que jamais dans le cadre du meuble. Ce qui ne l’empêche nullement de croquer une bouchée de plus de sa carotte et de continuer à mâchonner d'un air placide pendant que Lucky Garou jette sur la chaise un regard perplexe. Pas de bol ?

    Jinx lui reste stoïque, tout comme l'agent...

    -Bonjour, je suis l'agent Murphy. Du Gouvernement Mondial. Je viens pour l'annonce...

    La voix est monocorde et parfaitement dépourvu d'intonations, aussi neutre et impersonnelle qu'une lettre d'huissier, et guère plus agréable à entendre.
    Sans attendre un retour de politesse ou de bâton, l'agent ouvre précautionneusement le porte document de cuir noir qu'il trimballe et en sort un papier rigide et glacé qui fleure bon la lettre officielle. Et la tend à l'honorable docteur à qui elle est adressé, dans ces termes..

    -Voici notre offre.

    Le papier à en tête du gouvernement mondial fait du signataire dudit papier le gouverneur à vie (Sauf destitution par le GM) de l'ilot de South Blue anciennement nommé Baterilla. Ce qui lui donne autorité pour décider et percevoir des impôts, promulguer des lois et quantités d'autres choses tout en lui donnant de multiples devoirs comme par exemple, entretenir la garnison de la marine attribuée à l'ile, appliquer les lois du GM et payer ses impôts...

    -Et en sus, un Berry symbolique pour le paiement de cette ile...

    Les gros yeux du professeur suivait le manège linguistique du fonctionnaire. Il se redressa de sa chaise longue, se plaça face à lui et inspira profondément.

    "Premièrement, nous nous cramons le caillou depuis deux jours sur ce foutu îlot. Secondement, vous débarquez en me filant un papelard et un vulgaire Berry..."

    Le temps se figea.

    "... LAISSEZ-NOUS VOUS SERREZ DANS NOS BRAS !!!!"

    Le soleil tapait dur sur Banaro, mais c'est comme cela que les gouvernementaux ont commandité leurs principales arnaques : négocier avec un sénile.

    Toujours est-il que le petit père se faisait secouer dans tous les sens et c'est après être passé entre les pattes aimantes de Rabb que Jinx renchérit.

    "Oh ! Mais dîtes-moi, avant de repartir, vous auriez vu une de ces frimousses sur l'île suivante ? Vous autres fonctionnaires avez toujours des infos ! Héhé"

    Tendant le morceau de papelard où était la trogne des 51 primés que la compagnie devait trouvée, Donor affichait un large sourire.

    "Et z'auriez pas un plan pour rejoindre la prochaine île ? Zahaha !"

    Un peu d'infos ne fait pas mal, l'insolation par contre c'est un autre problème !
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