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[T]he Sweet Escape

Aurais-je de l'âme à ne plus qu'en faire ? Serais-je le bruit même de l'écho ?
Un temps de paix, un temps de guerre, le souffle même de vos mots.


Matinée brumeuse. La même depuis une dizaine de jour. A être simplement là, sur l’avant du navire, a scruter l’horizon dans l’espoir d’apercevoir une île, ou quelque chose, au moins un signe de vie. L’étendue bleuté me donnait la nausée, pas parce que j’avais le mal de mer, mais parce que j’avais l’impression qu’elle se jouait de moi, rendant le trajet jusqu’à Las Camp encore plus long qu’il ne devait l’être en réalité, s’éternisant toujours plus et me narguant en faisant en sorte que le temps s’écoule bien trop lentement. C’était dans ma tête, mon impatience me jouait des jours, l’inquiétude au sujet du sort de Bee me tannait depuis le départ d’East Blue.
Je n’avais pas souvenir d’avoir été aussi longtemps séparé de mon compagnon de route. Ni d’avoir eu à supporter autant de monde en une dizaine de jour. L’équipage s’atteler autour à faire avancer le navire, à franchir les obstacles qui nous séparer de Las Camp, de West Blue, sans me permettre d’aider dans quoique ce soit à cause de mon statut de civile. Le voyage avait été long, il me semblait en arriver à son terme. Je l’espérai, car cette inactivité avait eu raison de ma bonne humeur et je ne pouvais continuer à ronger mon frein.
La présence de Bee avait toujours su me canaliser : il me fallait lui montrer l’exemple pour savoir comment se comporter en société, comment se tenir, les bribes et connaissances de la civilisation. Il centralisait ma colère et apaisait en quelques caquètements tous les maux que je pouvais ressentir. Outre un collègue d’aventure, c’était une amitié précieuse qu’on avait eu le culot de m’enlever. Sans se rendre compte de l’instabilité que ça provoquerait, chez lui comme chez moi, parce qu’après tout, Bee n’était qu’un immense robot aux yeux des autres.

Je ne savais pas si je devais mettre au courant le Capitaine Hadoc au sujet du potentiel destructeur de mon coéquipier. C’était prendre le risque, assez énorme pour Bee, que le robot soit apparenté à cette fichue prime qui lui trônait sur la tête depuis quelques années, et qui lui causait du tort sans pourtant qu’on ne le reconnaisse sur cette image. Un robot-canard, ça ne courrait pas les rues. Et même si Bee ne ressemblait absolument pas à la l’image sur cette prime, le Capitaine Hadoc était quelqu’un plein de bon sens avec un esprit avisé : Faire le rapprochement ne lui prendrait que quelques minutes, tout au plus…
Outre cette prime, Bee était réellement dangereux entre de mauvaise main. Il avait appris à m’écouter, mais ses notions du bien et du mal, sa naïveté enfantine, pouvait lui faire faire n’importe quoi. Suffisait que ses kidnappeurs lui disent que s’il n’accomplissait pas une tâche, je serais blessée... Sa volonté première, comme sa mission, était de me protéger (comme il l’avait mainte fois prouvé, notamment face au Tahgel et qui lui avait fait du tort). C’était indéniable : je nous avais fichu dans un sacré merdier et je recevais aujourd’hui la facture de ma bêtise. Et ça coutait très cher. Trop cher.
Le soleil commençait à percer la brume au loin, dévoilant toujours l’étendue bleuté, à perte de vue. Poussant un long soupir, je serrais les dents de colère, de voir qu’il n’y avait toujours rien à l’horizon et qui ne me semblait toujours pas avancer. Les hommes avaient parlé entre eux la veille en disant que la fin du voyage était proche, en l’estimant au lendemain. Le lendemain, c’était aujourd’hui, et je constatai (à regret) que m’être levé à l’aube n’avait pas fait accélérer le navire.

Les heures passèrent et l’agitation normale revint à son tour plus tard dans la matinée. Les hommes se levèrent, se mirent en route, au travail, obéissant promptement aux ordres qui leurs étaient donnés. Continuer à ruminer de mon côté ne servait absolument rien et ne faisait pas avancer les choses, me ronger les ongles allait juste me faire mal, il me fallait trouver une autre alternative comme… entretenir une conversation avec une personne, la première me passant devant le nez.
La première fut un des marins du navire qui se curait grassement les narines sans prêter attention à ce qui se tramait autour de lui. J’en conclus rapidement que la deuxième personne me passant devant serait sans doute plus disposé à discuter avec moi. Tournant le regard, la silhouette haute et massive du capitaine qui m’avait généreusement accueillit sur son navire se dessinait devant moi, me tirant un soupir de soulagement. Depuis notre départ, je n’avais eu peu ou pas de contact avec lui, préférant le laisser vaquer à ses occupations et responsabilités propres à son métier.

Prenant une grande bouffée d’air frais, un sourire radieux sur le visage, je levai la main pour capter son attention :

« Ah, Capitaine ! »

Marque de respect dut à son grade devant ses hommes, je m’approchai de lui pour avoir une vraie conversation. Histoire aussi de pouvoir lui parler sans avoir à partager tout cela avec la quasi totalité de l’équipage. J’avalai la distance qui nous séparait en réfléchissant à ce que je pourrais bien lui dire. Parler de la pluie et du beau temps étant surfait, je préférai en venir directement à la raison de notre présence ici, de cet interminable voyage, de notre prochaine arrivée à Las Camp, de cette (censure) de (censure) de (censure) à (censure) dans ta (censure) de bon dieu de famille Endemolia.

« J’étais en train de me dire que débarquer à Las Camp dans tes habits de lumière n’était pas forcément une idée judicieuse. Être officiellement-civil et officieusement-en-service est peut-être plus raisonnable. »

Regardant mon interlocuteur avec la mine sérieuse, je constatai très vite qu’expliquer cela à un homme d’action n’était pas judicieux non-plus. Sans doute y avait-il déjà pensé, qu’il avait tout un stratagème bien huilé qu’il avait soigneusement construit lui-même, que notre quête allait forcément aboutir sur la récupération de mon ami. Poussant un long soupir comme pour m’excuser, les joues rougissantes de gêne, je ne tenais pas à ce qu’il prenne mal mon inquiétude. Dans les faits, je ne remettais absolument pas en question ses capacités cognitives, j’affichai mes doutes quant à l’avenir. Légitime ou pas, j’en avais assez de tourner comme une lionne en cage en ruminant ma colère.

« Mais tu y avais certainement déjà réfléchis. Je suis bête. »

Lui faisant un sourire désolé, je me retins de faire comme les gosses que l’on amène en voyage qui lâche pendant tout le long des « quand est-ce qu’on arrive ? » ou « C’est encore loin ? » et autre « J’ai envie de faire pipi ! ».
Rester concentrer sur le but de cet entretien, très concentré, Lilou.

« Quel est le plan ? Tu as déjà une idée de comment les retrouver ? Des informations ? Des sources ? On l’a aperçu ? Ah, mais je suis bête, tu ne sais pas à quoi il ressemble. Enfin, des trucs à me dire à ce propos ? Et t’es pas obligé de répondre à tout ça en même temps, Capitaine. C’est juste… pour savoir, passer le temps, faire la conversation, tout ça. »

Oui, c’est ça Lilou. Tout à fait. Très habile comme façon d’aborder les choses. Faudrait peut-être songer à fréquenter un peu plus souvent la population, hein.
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-Tiens salut Capitaine. Quoi de neuf ? Qu'est ce que je peux faire pour toi ?
-...
-Comment ça ou je suis ?
-...
-Oui je sais bien que tu n'aimes pas ça, mais c'est un réflexe, je réponds toujours à une question par une autre question. Je suis agent secret. Ne pas donner d'infos c'est un peu mon métier quand même... J'ai reçu un entrainement pour ça.
-...
-Bon d'accord. Je suis à Las Camp.
-...
-Oui pour le boulot évidemment. Je ne suis pas dans la marine moi. Je n'ai pas de congés prévus avant que les révolutionnaires ne détruisent Marijoa...
-...
-Non ce n'est pas prévu non plus. Je te l'aurais dit... Euh attend, pourquoi ça tombe bien que je sois à Las Camp ? Je pourrais avoir menti...
-...
-Quoi ? Que je te remplace parce que tu as deux urgences en même temps ? Non mais attend, y'a pas marqué CP de secours sur mon front. J'ai déjà du boulot moi!
-...
-Oui j'ai demandé ce que je pouvais faire pour toi, mais c'était une question rhétorique. Une façon polie de dire bonjour quoi. Comme quand on dit salut ça va et qu'ien fait on s'en branle complet...
-...
-Oui oui, je sais... Toi quand tu demandes si ça va c'est une vraie question. Mais on peut pas tous être des samourai faisant attention à chaque mot qu'on prononce. C'est pas une vie...
-...
-Oh, alors ça c'est un coup bas, j'en attendais plus de ta part capitaine...
-...
-Oui bien sur que je t'en dois une, mais me le rappeler comme ça. Sans me prévenir...
-...
-Ouais ouais, bien sur... Non je ne vais pas revenir sur ma parole, je t'en dois une je t'en dois une on est d'accord, mais est ce que ça doit forcément étre maintenant ? Hein ? Si ça te trouve t'auras une meilleure occase plus tard et...
-...
-Bon d'accord maintenant. Ok ok... t'as gagné. Voila, je laisse tout tomber, je jette au trou des mois de boulot et je viens t'aider, pas de soucis, en plus ça me vachement plaisir. Bon. t'aider à quoi au fait ?
-...
-Un canard cyborg ? C'est genre une blague c'est ça ? C'est Gilles qui a monté ça ?
-...
-Non c'est vrai que c'est pas ton genre. Mais bon, un canard quoi... Et une rouquine aussi ? Faut que je retrouve un canard et une rouquine ? M'étonne pas que t'ait mieux à faire... Non je médis pas j'explique...
-...
-Quoi ? Ah pardon je dois pas retrouver la rouquine tu sais déja ou elle est. A las Camp ? Et je dois l'aider à retrouver son Canard... Enfin, ça tombe bien qu'elle soit à Las Camp du coup.
-...
-Oui c'est ce que tu as dis au début. On tourne en rond non ?
-...
-Ouais j'arrive... Vingt minutes...
-...
-Bon ok dix... Oui elle me reconnaitra facilement, je me mets en rouge...


Dernière édition par Red le Mar 20 Aoû 2013 - 7:23, édité 2 fois
    « Tu… Ne pourras pas… Venir ? »

    Comme seule réponse à mes questions, le capitaine me déclara avec une mine sérieuse qu’il n’aurait pas la possibilité de m’accompagner. Sa voix était teintée de regrets, mais il m’assura avoir fait en sorte que je puisse quand même rejoindre Las Camp pour retrouver mon ami. Bien sûr, tout ce qui se passe entre le moment où il me souffla le « je ne pourrais pas t’accompagner » et la suite de son récit tomba dans l'oreille d'une sourde : il y eut, dans ma tête, un trou noir. Le rien. Le choc. Et comme toute réaction, un masque de surprise arboré sur le visage :

    « COMMENT CA TU NE POURRAS PAS VENIR ?!!... Euh… Pardon. »

    On se retourna sur nous en passant à côté, mais le Capitaine m’intima de baisser d’un ton. Il prit ensuite l’initiative de m’expliquer les raisons de ce changement brutal d’avis, me racontant l’histoire de son équipage et des quelques membres qu’il possédait, notamment la présence à bord d’un homme très bien, mais très chiant, nommé Pludbus, et d’un autre, tout aussi chiant, qui avait horreur des manquements, nommé Lou. Il s’avéra que la veille, à cause d’une dispute occasionnée par Monsieur Céldèborde, le second de l’équipage avait vaguement tenté de le tuer en le tabassant à coup de formulaire d’admission, proférant des menaces à tout va et créant la panique sur le Passeur. Et même si la raison de son départ me semblait confuse, sinon absurde, Gharr m’expliqua de long en large qu’il était tellement rare que Trovahechnik s’énerve qu’il fallait sérieusement s’en inquiéter.

    Par contre, il m’assura, me promit même, qu’il ne me laissait pas sans le sous, et que, puisqu’il ne pouvait pas continuer cette mission, il avait demandé à un ami qui lui devait un service d’envergure, de me prêtait main forte lors de ma promenade à Las Camp et près de chez les Endemolia. Je lui demandai, bien sûr, si cet ami était digne de confiance et s’il était au courant de ce qui se tramait, Gharr me répondit tel un samouraï qu’il lui faisait assez confiance pour me laisser entre ses mains, et que s’il n’était pas mis au courant, je n’aurais qu’à lui dire tout ce qu’on savait… Ou autrement dit, pas grand-chose.
    Et les seules autres informations que j’avais au sujet de mon nouveau compagnon étaient qu’il serait habillé de rouge et qu’il savait rendre ses réponses confuses. Il me donna aussi son « nom ». R.E.D. Surnommé Red. Pour faire court, probablement. Et puis, Gharr me mit dans une barque et me demanda de ramer jusqu’au port de Las Camp, en me disant que Red serait sur place dans dix minutes, et qu’il me fallait me presser. En sachant que le port était à au moins quinze minutes, vingt-cinq dans mon cas et avec mes petits bras. Grognant un coup, je saluai néanmoins le Capitaine, monta dans ma barque et fus mise à l’eau.

    Et bon vent, Capitaine. A bientôt, ouais…

    Et en effet, je mis vingt vraies minutes avant d’arriver jusqu’au port de Las Camp, manquant plusieurs fois de renverser ma barque. Et même en arrivant et en essayant de gagner le quai, ma maladresse et le peu d’assurance que j’avais me jouèrent des tours, tant que je faillis tomber à la flotte et me rattraper à la pierre usée du quai de justesse. Les gens de passages me fixèrent avec un sourire, tandis que je me remettais difficilement sur mes pieds. Pas aisé de faire front avec comme seule protection une trousse d’ingénieure et de vagues souvenirs d’une lointaine époque ou séjournée à Las Camp m’avait valu beaucoup de problèmes.
    J’espérai que ce cher Ben Gunn avait eu le temps de se remettre physiquement et psychologiquement de notre rencontre, et surtout, qu’il avait quitté le coin après notre vague entrevue en compagnie du montagnard dégénéré. La boule au ventre et dix minutes en retard, je parcourrai l’endroit des yeux en essayant d’apercevoir ce fameux Red. Mais je fus forcée de constater que les grands types qui s’habillaient en rouge, y’en avait pas mal. Je m’approchai d’un premier, me demandant comment je devais l’aborder. L’homme était grand, baraqué avec une petite moustache et un cache-œil. Je me penchai vers lui et lui soufflai d’une voix presque assurée, mais pas trop :

    « On aurait pas un canard à sauver ensemble ?
    - Hein ?
    - … Apparemment, non. »

    Premier échec, cuisant. Je fis demi-tour sous les yeux ahuris de mon interlocuteur en passant au suivant. Jusqu’à ce qu’à court d’hommes en rouge, l’un d’eux se pointe vers moi l’air de rien, et peut-être là depuis assez longtemps pour savoir que c’était moi. L’estimant un instant du regard, je penchai la tête sur le côté et lui demandai avec tout le sérieux du monde :

    « Tu ne serais pas celui que je cherche et avec qui je dois faire quelque chose ? »

    A question confuse… réponse confuse ?
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    De son coté Red ne met guère de temps à localiser la rouquine. Faut dire que sur le port de Las Camp, des jolis lots de ce genre la non accompagnés ça ne court pas précisément les rues. Pas si elle veulent finir leurs jours ailleurs quand dans une des maisons de passe de Matrone Sinhg...

    Non, la reconnaitre n'est pas un probléme. Et pendant que la miss fait le tour des gens du coin se demandant manifestement qui est le type que Gharr lui a collé pour jouer le remplaçant Res continue d'observer. Après tout, avec un peu de chance elle va se décourager et remonter dans sa barque pour repartir... Avec un peu de chance...

    -Tu ne serais pas celui que je cherche et avec qui je dois faire quelque chose ?

    -Ben, ça dépend...

    Moment difficile pour l'agent Red... Heureusement que personne n'est la pour l'entendre quand il se décide à avancer du bout des lèvres le point commun que lui soufflé Gharr...

    -Si ce que tu dois faire c'est... Chercher un canard... Alors... Alors ouais, c'est moi que tu cherches...

    Bon, maintenant que le plus dur est fait il s'agit de ne pas moisir dans le coin. Red n'est pas du genre à craindre les petits prédateurs locaux mais il n'aime pas tuer des gens qui ne lui en veulent pas personnellement. Pas quand ça ne sert à rien.

    -Je m'appelle Red, et Gharr a pas vraiment pris le temps de m'expliquer ce dont t'avais besoin. On va en discuter de ça autour d'un truc à boire ?  


    Dernière édition par Red le Mar 20 Aoû 2013 - 7:23, édité 1 fois
      « Vouais, c’est bien toi. »

      Je lui fis un petit sourire, constatant qu’il n’avait pas l’air enthousiaste à l’idée d’aller sauver un canard. Il ne savait sûrement pas que Bee n’était pas qu’une simple bestiole. Nouveau sourire, en comprenant très bien le désappointement de l’homme. Il me proposa ensuite de parler de ce qu’on savait mutuellement sur cette recherche. Autour d’un verre, de préférence, pour passer inaperçu dans le coin. Jetant un coup d’œil sur le côté, j’hochai la tête, prenant le pas en sa compagnie vers un endroit un peu plus commode pour en discuter :

      « Faisons comme ça. »

      Nos pas nous amenèrent rapidement vers un bar, simple, pas trop fréquenté, ni trop fréquentable en réalité. Nous nous installâmes autour d’une table, commandant de quoi accompagner notre conversation. Je notai que mon Capitaine n’avait pas pris la peine de confier à mon vis-à-vis le motif de notre présence à Las Camp. Pas la peine, pour moi, de m’en renseigner sur les raisons de la venue de Red, l’important étant qu’il ait accepté de me prêter main forte. Nouveau sourire, je pris la parole le plus naturellement du monde :

      « Je crois que Gharr nous a laissé un peu tous les deux sur le carreau… »

      Baissant la voix pour que seul lui puisse m’entendre, je pris la peine de me présenter à lui :

      « Ah, je m’appelle Lilou. »

      Une pause, le temps qu’il assimile mon nom, je repris presque aussitôt :

      « Autant se mettre au clair sur ce qu’on sait tous les deux : Moi, pas grand-chose. Je sais que j’ai été kidnappé y’a trois semaines et jeté sur une île ou on a failli se faire bouffer par un calamar-empoisonné géant. Gharr m’a vaguement parlé de la famille Endemolia et… Ah ! On était là-bas, Gharr et moi, avec un certain Babar de Waver… »

      L’on vint nous apporté notre commande. Je me stoppai automatiquement, attendant que la serveuse reparte derrière son bar. Toujours à mi-voix, je lui soufflai sur le temps de la conversation :

      « Jusque-là, pas de souci, tu me diras… Mais en fait, on s’est rendu compte sur l’île que mon ami –le canard qu’on doit retrouver- n’était pas du tout sur l’île ou nous nous trouvions. Et… Il faut le retrouver avant qu’il ne tombe entre de mauvaise main… »
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      De son coté Red sirote aussi en jouant les types attentifs l'air de rien. C'est facile, suffit juste de répéter quelques mots de temps en temps pour donner le change entre deux gorgées. Et d'attendre le bon moment pour lâcher qu'il en sait quand même un peu sur cette sombre histoire...

      -Un calamar géant empoisonné ? Une ile ? kidnappée avec Gharr ? Whouah... C'est marrant quand même... T'es vachement moins ressemblante qu'a l'écran. Ou alors c'est les cheveux ? Enfin c'est pas très grave, en tout cas, c'était vraiment énorme hein, et je m'y connais. Quand vous avez transformé le poulmar en sashimi, j'ai bien cru qu'il allait vous avoir aussi... Du grand spectacle. Dommage que tu sois pas parti pour faire carrière...

      Le regard colérique de Lilou stoppe l'agent Red avant la demande d'autographe. Comme disait Pépé, Pour faire changer l'humeur d'une rousse ? Attendre dix secondes. Alors Red embraye et s'empresse de changer de sujet pour la jouer efficace...

      -Bon passons... Endemolia ici, à vu de nez c'est trois pistes. D'abord y'a port boueux. Un coin charmant un peu plus loin sur la cote. On l'appelle comme ça parce que dés que la marée descend tout le coin devient boueux et plein de poissons morts. Le coin pue tellement que personne y va jamais sauf pour être tranquille. Endemolia y a des entrepôts géré par un type qui se fait appeler Caïman. Si la moitié des rumeurs à son sujet sont vraies, c'est une vrai ordure...

      ...Plus prés d'ici y'a un petit coin de paradis qui s'appelle le Trou, une maison de passe ou on trouve de tout, plutôt du genre sordide. C'est tenu par  Joop van den Ende, un type qu'on appelle le hollandais, je sais pas pourquoi. Un vague cousin ou une alliance quelconque, bref un prête nom... Cela dit j'ai déjà capté des trucs bizarres en bossant dans le coin. Des problèmes de Den Den, ça m'étonnerait pas qu'ils retransmettent de la bas...

      ...Et puis évidemment, y'a le Palazio... Une villa flottante que Ricardo Endemol s'est fait construire en face de Las Camp pour pouvoir contempler la merde sans s'y tremper les pieds. Un type adorable. J'ai jamais été invité à ses fêtes privés mais au matin les plages sont toujours pleines de cadavres. Et des noyades par des lacérations et autres ça fait pas très morts naturelles...


      Dernière édition par Red le Mar 20 Aoû 2013 - 7:25, édité 3 fois
        J’écoutai avec une attention toute particulière, buvant ses paroles après sa réflexion à propos de notre passage télé que j’imaginai évidemment terrible pour l’avoir vécu en temps réel. Forcément que ça me mettait en colère, surtout parce qu’il avait apparemment regardé le délire sans reconnaitre le Capitaine, et sans ce dire « ciel, un représentant de la marine dans un show den den qu’a l’air dangereux, puis-je faire quelque chose ? ». Honteux, c’était tout bonnement honteux !

        « Y’avait aucun effet spéciaux, c’était du vrai poison, des vrais plantes moches et un vrai geek pervers chiant, alors… Poupougne ! »

        Et ça, c’était de la repartie ou je ne m’y connais pas ! Fallait avouer que j’étais facilement à court d’argument quand quelqu’un me mettait en colère. Pas ma faute, mes ressentiments m’empêchaient souvent de formuler mes idées clairement. Mais bon, mieux valait reprendre ou nous avions laissé notre conversation, soit, sur les différents locaux de la famille Endemolia et la localisation de Bee :

        « Revenons-en à nos canards… ou penses-tu qu’ils cacheraient un robot de quatre mètres ? Près du port boueux ? »

        Ça me semblait le plus logique : il fallait de la place pour l’entreposer. Quatre mètres, plus d’une tonne, ce n’était pas rien. Ni forcément très discret. Il leur fallait forcément un local spacieux, « discret », ou tout du moins, qui n’éveille pas trop l’attention. J’avais, avant de réfléchir aux restes de l’affaire, des choses à fixer avec lui :

        « Gharr ne m’a pas dit grand-chose, mais toi, qu’est-ce que tu vas faire dans cette histoire, mise à part me balancer tes trouvailles sans broncher ? Je veux dire, j’imagine qu’un type comme toi est un peu envoyé avec un ordre de mission dans la poche ou un truc dans ce genre-là… Alors, je dois pouvoir compter sur toi si on fait un tour par le port ou je me débrouille seule ? »

        Pause, pour lui laisser le temps d’assimiler mon flot de parole avant de reprendre, le plus innocemment du monde :

        « Et au fait, comment tu sais tout ça ? »
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        La perche tendue est trop énorme pour qu'un agent expérimenté comme Red la laisse passer sans la saisir... Et puis, les occasions de rigoler sont si rares dans le boulot... Haussement d'épaules, moue blasé et sourire de façade...

        -C'est mon travail bébé... Mais... Si je t'en dis plus, je vais devoir te tuer...

        -...

        -Non j'déconne. Oublie l'ordre de mission et t’inquiètes pas. Tant que tu es sur Las Camp sans ton canard tu bénéficies des services gratuit du meilleur garde du corps du coin... Le capitaine a été très clair la dessus, s'il t'arrive quoi que ce soit il va m'en vouloir à mort. Alors je t'accompagnes partout. Et puis, s'il faut tabasser des gens ben... On tabassera des gens...


        -Oui pour le stockage port boueux c'est pas mal. Après, s'ils ont déjà commencé à l'utiliser il sera ailleurs. Mais commencer par le plus sordide c'est bien... Par contre il va nous falloir améliorer sévèrement notre puissance de feu avant de se pointer la bas la bouche en cœur... Heureusement j'ai tout ce qu'il faut, pistolets, fusils a tubes multiples, grenades, explosifs... J’espère que tu sais tirer ? Juste le temps de passer dans ma planque pour faire le plein de matos, se trouver une barque, et puis en avant pour la chasse au canard !  

        Et l'agent d'entrainer séance tenante la rouquine dans les ruelles glauques de la misère locale... Pas de temps à perdre, a coté de ces bêtises, il a un vrai boulot sur le feu...

        -Non, inutile de payer... J'ai un compte ici...


        Dernière édition par Red le Mar 20 Aoû 2013 - 7:26, édité 1 fois
          « La question que je me pose, c’est… »

          Les yeux plein d’étoiles, me tournant vers le possesseur de la planque ou nous nous trouvions, je lui dis d’une voix pleine d’admiration :

          « Ou est-ce qu’on signe ? »

          Dur de ne pas être impressionnée quand on avait jamais vécu dans du grand luxe et surtout avec les moyens du bord durant près de sept ans. Plus dur encore de ne pas paraitre adorative quand on voyait tout ce que le gouvernement était capable de lui fournir pour le mettre à l’abri du besoin. Dans les faits, avoir une planque me semblait être le summum de la classe. Avoir une planque équipée, sous le couvert d’une vulgaire chambrette à Las Camp, c’était le summum du paradis. J’aurais tué durant mes années galères pour avoir ne serait-ce que cette… Adorable petit couteau-suisse. Depuis combien de temps était-il dans le coin ? Depuis combien de temps est-ce que cet endroit se trouvait là ? Est-ce que la première fois que j’étais venue à Las Camp, ça y était déjà ? Et pourquoi est-ce que je ne faisais pas son boulot, hein ?
          Peut-être parce que moi et la discrétion, le respect des ordres, et tout ce qui pouvait être son crédo, ça faisait quinze. Voire seize. Ou plus. Bref, trop pour que quelqu’un puisse sincèrement compter sur moi. Et vu que j’avais trempé maintes fois dans des affaires pas fraiches, je n’envisageai même pas être simple matelot sur un navire quelconque ou dans une base minuscule sur une île minuscule. On ne me ferait jamais confiance si on savait... J’avais moultes bonnes actions à faire pour rattraper les bêtises d’avant. Envisager de commencer par maintenant en assistant le meilleur garde du corps à des kilomètres à la ronde ? Gnihihi…

          Mais avant ça :

          « Et… t’as déjà rencontré James Bond ? »

          Est-ce… Est-ce que j’en ai d’autres des questions débiles ? Très certainement, oui.

          « Euh, je veux dire… ça fait combien de temps que les Endemolia sont dans le collimateur du gouvernement ? Mise à part tortures inhumaines, soirées carnages, vols et télé-réalité, ils ont fait quoi d’horrible ? Et pour visiter discrètement le port, on s’y prend comment ? Caïman, qu’est-ce qu’on doit savoir sur lui avant d’aller taper à sa porte ? »

          Marquant une pause, je repris presque aussi tôt avec un air niais et innocent sur le visage :

          « Gharr pensait y aller avec prudence, je préfère savoir de quel bord tu es. Si ça ne tenait qu’à moi, on foncerait dans le tas et on raserait les entrepôts... Sauf que je n’ai plus vraiment les arguments pour le faire… Donc, la prudence, tout ça, ce n’est pas une si mauvaise idée… »
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          -...

          -Bonjour Rossignol. Où es-tu précisément ?

          -...

          -Hmm, il me semble que quand on pose une question, l'autre interlocuteur fournit une réponse avant de rendre une interrogation à son tour.

          -...

          -Au moins tu viens de m'assurer que tu employais un escargophone blanc. C'est bien. On m'a dit que tu étais à Las Camp, est-ce exact ? C'est important.

          -...

          -Merci. Pour le travail ?

          -...

          -Dans ce cas j'imagine que ta journée est déjà planifiée d'avance et que tu ne peux t'accorder une pause avant d'avoir purgé le monde de ses moindres dangers.

          -...

          -Tu perdrais trop d'intégrité pour avoir menti à un ami. Mais restons sérieux si tu veux bien. J'amarre dans moins d'une heure et il y a plusieurs affaires urgentes que je dois régler. Il faudrait que tu me remplaces pour l'une d'elles quelques temps, une ou deux heures pour le moins.

          -...

          -Il n'y en a pas que deux. Tu m'as demandé ce que tu pouvais faire pour moi, je t'ai répondu. C'est logique, Rossignol, de répondre aux questions que l'on nous pose dans une conversation.

          -...

          -Hmm, à défaut de rhétorique, j'espère que ta dernière phrase est métaphorique. Tu devrais faire attention aux mots que tu emploies. Les anciens les considèrent comme des incantations. Chaque phrase est une formule et ses conséquences dépendent souvent de leur formulation, pas de leur sens.

          -...

          -Une autre incantation de ta part par le passé avait formulé "je vous revaudrai ça". Et comme j'étais seul mais que tu me vouvoyais à l'époque, il s'agissait bien de me rendre service dans le sens le moins rhétorique qui soit.

          -...

          -Mais te souviens-tu de ce que tu as dit ?

          -...

          -Je dois agir dans l'urgence. Tu peux décliner si cela entrave ta mission actuelle. J'espère cependant que tu pensais ce que tu as dit autrefois.

          -...

          -Tu dis toi-même ne jamais être en congé. C'est aujourd'hui que j'ai besoin de toi. Las Camp est une zone corrompue où même la marine n'est pas fiable. Ceux qui ne sont pas des trafiquants ont des conflits d'intérêts avec certains criminels sur lesquels ils doivent fermer les yeux et je ne veux aucun obstacle sur ma route. Ce sera toi ou personne et si c'est personne, je risque d'échouer. Tu dois te douter que demander de l'aide d'externes n'est pas chose courante chez moi. Ni facile.

          -...

          -A retrouver un être artificiel. Environ quatre mètres, coque jaune, armes dissimulées dans les pattes. Je dis pattes parce qu'Il a été créé à partir d'un cobaye du genre anatidae.

          -...

          -La propriétaire que tu retrouveras est une jeune femme de taille moyenne et de corpulence mince portant des outils de mécanicien sur elle. Elle a les cheveux longs et roux et des yeux foncés. Qui est Gilles ? Tu penses que je te sers un canular escargophonique ?

          -...

          - Non, seul le cyborg manque. La rousse, que tu pourras appeler "Mademoiselle Jacob" t'attendra au port.

          -...

          - Oui ou disons qu'elle y est presque. Je vous rejoindrai d'ici une heure ou deux.

          -...

          -Alors n'en perdons pas davantage. Nous sommes à portée de canon de fuite, puis-je compter sur toi ?

          -...

          - Et en marchant vite ?

          -...

          - Je lui transmets. Merci pour ton aide.



          ***

          Le marine regarde un instant la barque de Lilou s'éloigner pour rejoindre la terre ferme. La laisser "seule" pour entamer les hostilités l'embarrasse, mais il n'avait pas le choix. L'émission sur leurs péripéties n'avait pas été diffusée en direct, il fallait opérer à un montage et la coupler à une série d'autres aventures toutes aussi sordides. Lilou et Gharr avaient cependant eu droit au main event, puisqu'envoyer un gradé à la mort, ça fait vendre. Et encore plus quand il survit. Endemolia a sûrement dû grincer des dents en voyant que les candidats étaient toujours en vie, mais le fait est si rare qu'il fait le succès et l'humanité de l'émission "Soft Glory". Certains sont même volontaires, et dans ce cas ils sont payés pour leurs performances. Des athlètes qui se prennent pour des gladiateurs parfois, mais souvent de pauvres gens qui n'ont pas d'autre choix. Endemolia réalise des voeux comme le financement de soins médicaux, le recouvrement de dettes et même l'affranchissement d'esclaves. Même s'il appartient à un Tenryuubito. Beni Castaldi Endemolia est d'ailleurs l'un d'eux, selon la rumeur. Aucune autre explication ne semble justifier le fait que cette famille agisse en semi-légalité et soit tolérée dans de nombreuses îles, voire déifiée dans certaines sphères. Les fortunes adorent Soft Glory. C'est un sujet à la fois rebelle et artistique qui accompagne les discussions mondaines. Hadoc a essayé d'y mettre fin, et la dernière tentative l'a converti en candidat forcé du jeu.

          Autre approche cette fois. Depuis hier, à la diffusion, son visage et celui de Lilou sont connus, beaucoup trop pour une approche discrète. Et encore moins s'ils sont ensemble. La civile n'est pas adepte de patience si elle n'est pas forcée, ni de finesse dans les approches. Rester ensemble serait un handicap, mieux valait que chacun tente sa méthode pour retrouver Bee et le ramener. Lilou possède un escargophone calibré sur la fréquence de Gharr et une arme de son choix pour se défendre. Ainsi qu'un atelier aménagé depuis une semaine en cale du Passeur pour mettre ses talents d'ingénieure à profit. L'occuper aussi, la vie en mer sans son compagnon a dû être très longue pour elle. Hadoc l'a trouvée au contraire fort courte. Rassembler des informations sur Las Camp sans y mettre les pieds et sans signaler à la marine son intérêt pour éviter les fuites évidentes des lieux, ça donne des résultats au compte-goutte. Heureusement qu'il y avait la meilleur ninja au monde agissant dans le monde de l'administration: le Commandant Trovahechnik. Des copies de rapports, des données commerciales et même des scriptes d'interrogatoires, tout cela permet de connaître un peu mieux ses ennemis et laisse les nuits courtes quand il s'agit de recouper les informations. Si les gradés possèdent un bureau, c'est bien parce qu'ils passent bien plus de temps que les autres à potasser les dossiers et pièces à conviction. Mais quand on prend la peine de le faire avec minutie, ça paye toujours.

          Luis Di Ajaxio tient une casse en ville. Ca veut dire qu'il entrepose des marchandises illégales et potentiellement instables pour la pègre. Mais sa vocation première, ce pour quoi il a fait des études, c'est poseur de bombes artisanales. La récupération, c'est de la brocante pour lui. C'est en tout cas ce qui lui vaut dans le milieu le surnom de Luis la Brocante. Le faire craquer, ce serait déjà difficile ailleurs mais dans une ville où il bricole aussi les pots-de-vins, la chose devient trop improbable. Il déteste viscéralement la marine. Ils ont tué sa famille devant ses yeux quand il était petit, de façon totalement arbitraire selon lui. Depuis, il a tenté de devenir pirate, comme tous ceux dans son cas. Partir à l'aventure, gagner de dorikis, devenir PJ*. Mais ça a échoué. Dès lors, il est resté reclus, s'est laissé poussé la moustache et a aidé les habitants locaux dans leurs problèmes du quotidien. Et comme on est à Las Camp, les voisins sont des déchets humains, il s'est recyclé en ordure. Mais une ordure qui aime ses semblables. Et qui parle. Avoir ça confiance, c'est obtenir une corbeille à informations. Oui, pour approcher Luis, il faudra devenir ce qu'il aurait aimé être.

          Gharr s'isole dans sa cabine et choisit son déguisement du jour. Il sera Baron D. Rote, un pirate à la mode et ambitieux désirant avoir la plus grosse prime du monde. Mais pas avec des actes de carnage, bien entendu. Le T-shirt de Luffy est de mise, ça attire la sympathie de la plupart des PJs. Cheveux au gel en spikes, pour le côté jeune rebelle mais qui prend quand même soin de son corps parce que si ça fait trop vrai, on perd le côté cool qui plaît aux ados. Hadoc s'inspecte devant la glace. Plus de lunettes, plus de cigare, plus de katanas. Reste la barbe pour le confondre. Une barbe qu'il ne peut maquiller comme il le fait pour ses cicatrices.

          «Bon...»

          Les gens pensent que raser une barbe épaisse est plus difficile qu'une jeune barbe. Mais c'est faux. Les poils longs mêlés à la mousse évitent tout risque d'irritation et opposent moins de résistance aux lames. Et pourtant ce n'est pas sans un certain pincement que le Commodore voit sa pilosité rejoindre l'eau stagnant dans l'évier. Ses déguisements ont été aussi nombreux qu'élaborés, rarement il avait dû recourir à de telles extrémités. Mais cette fois il était une vedette de télé et le temps que l'esprit humain fasse son tri concernant les "stars" des téléréalités, il lui faudrait considérablement changer son apparence. La séance terminé, il s'observe un moment en ayant l'impression de voir quelqu'un d'autre.

          [T]he Sweet Escape Gharr_12

          Tant mieux. Reste à choisir ses armes. Pas question de porter des sabres, il opte pour une paire de crochets-tigre et six pistolets en bandoulière. Ca évite de devoir recharger, officiellement, mais c'est surtout prestigieux. Le Baron Rouge est prêt, Hadoc quitte le navire par la fenêtre de sa cabine et file à la nage jusqu'au rivage. Encore une journée en enfer.



          *Pirate Justicier, un étrange mouvement qui veut que les pirates ne soient pas des gens ayant choisi d'être des criminels mais qui ont été poussés par la vie à faire de bonnes actions mais en tant que pirate. S'il est clair qu'être marine offre du pouvoir et donc les moyens d'en abuser, plusieurs sociologues se demandent encore pourquoi les justiciers se font pirates alors qu'il reste des postes chez les chasseurs de primes et civils.
          • https://www.onepiece-requiem.net/t1985-le-set-samourai
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          « Bon, qu’est-ce que tu en penses ?
          - Oh, bah j’en sais rien, je ne pense pas grand-chose moi, tu sais.
          - Pourquoi t’as mis ce casque ? Et tu veux bien arrêter de jouer avec ce nunchaku !
          - Oh... Et le casque, c'est pour me protéger la tête... Des fois que je tombe dessus, on ne sait jamais.
          - C’est genre… une blague ?
          - Non.
          - Bon… Ok ! Ton canard, il mesure combien ?
          - ça dépend. En canard, un mètre et quelques. Sinon, quatre.
          - Quatre mètres ? C’est un gros canard.
          - Quand il fait quatre mètres, ce n’est pas un canard.
          - C’est quoi alors ?
          - Un robot géant !
          - Ok !... Mais ça me dit pas comment on fait.
          - Bon… Je propose qu’on casse la porte, qu’on atomise les gardes, qu’on leur tape dessus, ensuite on défonce ceux qui se mettent en travers de notre route, on libère Bee, et juste après on rase l’entrepôt.
          - Euh… Tu connais le mot « discrétion » ?
          - C’est toi ou c’est moi l’agent secret ? Et puis, pourquoi faudrait être discret, hein ?
          - Mais tu m’écoutes, en fait ?
          - T’as dit quoi ?
          - Rah ! Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Bon, on doit être discret parce que ces types sont des gros durs qui t’ont piqué un robot géant de quatre mètres. Et qui ont mis le Capitaine Hadoc dans un sale état. Non mais pitié, enlève ce casque et enfile cette perruque et cette tenue…
          - Mais… Mais… Pourquoi tu m’as pris une perruque blonde platine ?
          - Parce qu’avec tes cheveux roux, on va te reconnaitre tout de suite… T’as pas oublié que t’étais une star maintenant ?!
          - Héhé… Ah ! Euh… Non.
          - En blonde, on te reconnaitra moins. Puis, c’est top. Non, vraiment…
          - Mais, c’est peut-être un peu trop blond, non ?
          - Juste comme il faut.
          - Pourquoi t’enfile ce costard ? Et c’est quoi cette cravate à canard ?
          - T’as pas compris ?
          - Non…
          - Moi, je me fais passer pour un potentiel acheteur qu’a très envie de s’offrir des petits cadeaux.
          - Waouh ! D’où tu sors cette mallette ?!
          - Si je te le dis, je vais devoir te tuer… Bref ! On rentre comme ça, et on essaye de se montrer convaincants.
          - On ?
          - … T’as pas encore compris ?
          - Non, j’ai peur d’avoir compris.
          - Bah, tu fais un truc pas trop difficile : tu souris, tu ris et tu fais la potiche. Mais surtout, tu me laisses parler.
          - Mh… ça dépend…
          - De quoi ?
          - A la condition que tu fasses l’accent espagnol.
          - Euh…
          - Même pas chiche. Tu parles d’un agent secret !
          - Ok. Défi relevé ! Maintenant, cayate, nina !
          - Hihi. »
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          Port boueux, à l'est de Las Camp,

          Ancien port de pèche abandonné par les travailleurs de la mer et récupéré par des types nettement plus louche, Port boueux est comme son nom l'indique un coin tout à fait charmant. Une dizaine d’entrepôts défraichis et usés y pataugent dans le boue sur des pilotis couverts d'algues a coté de bâtisses en ruines, bouffés par la mangrove ou coulant lentement dans la boue pour y servir d'abri aux alligators qui pullulent dans le coin. Dans un coin une route mal entretenue permet de rallier Las Camp, signalant que si va et vient il y a dans le coin il ne se produit visiblement que par la mer. Et uniquement à marée haute, quand la mer s'engouffre dans le lit marécageux pour venir ramener le port à sa fonction premiére, chassant enfin les moustiques et l’odeur putride qui ne cessent de remonter de la vase au soleil...

          Port Boueux.

          Le soirée avance et ça s'ennuie dur dans le coin. La marée ne sera haute qu'au milieu de la nuit et d'ici la les gros bras du coin n'ont pas grand chose à faire. Alors on vivote et on se laisse complétement aller, on monte une garde de principe, on tape le caron pour tuer le temps.. Et on attend. Jusqu’à ce qu'un bruit de chevaux vienne tirer de leurs torpeur les types qui zonent dehors. Des chevaux ? Mais ? Personne ne vient jamais par la route...


          Sauf aujourd'hui. Lancé à bonne allure un carrosse tout ce qu'il y a de rutilant débouche dans la clairière qui cercle le taudis. Dorures, lambris bordeaux, et cocher en tenue à la clef. Bref, tout ce qu'il faut pour pouvoir en cas de besoin évacuer discrètement un canard géant.
          Le carrosse pile devant les types qui se rassemblent et sortent les armes, le laquais ouvre la porte, et en brave second rôle s'efface immédiatement devant les acteurs principaux de la scéne qui font une sortie remarqués dans leurs costumes de bourges.

          -Madre de dios, ma ça poue non ?

          Offusqué par l'odeur Red se pince le nez avec classe, petit doigt en l'air et tout avant de sortir de son gilet cramoisi un mouchoir brodé et empestant le parfum qu'il se colle sur le nez en roulant des yeux... Et totalement ignorant de la menace latente qui se dégage du groupe qui lui fait face Red agite la grosse canne doré surmonté de son pommeau de dragon on ne peut plus kitchissime et continue.

          -Yé souis Don Pedro Rojo é Desire Rossignol y dé la Cruz...
          -Y quoi ?
          -Dé la Cruz.

          Les armes se baissent, et les truands s'échangent des regardes perplexes en se renvoyant mentalement la balle pour savoir qui c'est qui va gérer l'affaire. Heureusement que Lilou est la.

          -C'est une ile.
          -Hein ?
          -De la Cruz, c'est une ile dont Monsignore Rossignol est l'ambassadeur...
          -Ambassadeur ?
          -Si si, ambassadour dé la Cruz. Yé suis una grande star dé la magie de la dendenvision, yé suis oune artiste !
          -Monsignore Rossignol est un metteur en scéne de génie auteur d'immenses succès escargophonique à la renommée mondiale.
          -Si si, mundiale...
          -Et euh... Qu'est ce qu'il veut l'artiste ?
          -Ma, oune actor évidamente, oune actor qué serait une poquito spécial...

          Et Red de se lancer immédiatement dans une grande tirade avec gestes ou il développe pour les incultes la trame de son prochain film, une saga héroïque racontant l’histoire d'un jeune canard dont le square est impitoyablement détruit par une bande de promoteurs, la famille sauvagement exterminé et le poisson domestique transformé en sushi et qui jure de s'endurcir pour pouvoir un jour venger la mort des siens et retrouver son honneur bafoué...

          -Et la, lé canardo il surgit et se dice. Tou a toué mon pére, prépare toi à mourir coin coin*. Magistral non ? Ma, il y a oune problem, yé né pas dé canardo... Capito ?  
          -Monsignore Rossignol ayant appris de source sure que vous disposiez d'un canard qui conviendrait tout à fait a ses projets, il n'a eu de cesse depuis de venir ici s'enquérir des possibilités d'une transaction commerciale ayant pour objet ledit canard..
          -Si si, lé canardo, mwak mwak.
          -J'ai rien compris...

          Quelle incompétence crasse chez ses guignols. Enfin, il y a un langage universel que même ses abrutis devraient comprendre. Red plonge la main dans son gilet et en exhibe une épaisse liasse de billets  tout neufs...
          -Berrys berrys ?
          -Ah, la j'ai compris !
          -Je vais chercher le chef...


          Enfin.


          *En français dans le texte


          Dernière édition par Red le Mar 20 Aoû 2013 - 7:28, édité 2 fois
            Le mot berry était sans conteste un mot magique qui ouvrait les portes d’endroits plus lugubres les uns que les autres. A noté pourtant que l’intérieur était moins imprégné de l’odeur de poisson pourri que l’extérieur. Par contre, le poisson était remplacé par un parfum de fer rouillé qui imprégnait la pièce. Nous étions encadrés d’une poignée de gardes, armés pour la plus part, nous sommant de les suivre jusqu’à un petit bureau. Le bureau en question était grand, mais fait de taule, mise à part ce bureau en sapin, verni et sculpté avec soin. Il n’y avait qu’une fenêtre étroite comme toute source de lumière. Dans cette pièce : deux hommes. L’un reconnaissable entre mille : celui qui m’avait embarqué dans cette sombre histoire d’île sauvage et de poulpe mangeur d’homme. Rabattant ma frange blonde platine sur mon front, accrochée au bras de l’agent Red, l’autre homme était d’une carrure normale, d’une petite taille comparée à Red, mais il avait une moustache finement dessinée, ainsi qu’un costume trop parfait pour les lieux.

            « Pssst…
            - Que ?
            - Le p’tit gros avec la moustache, c’est lui qui m’a fait signer mon contrat… Avant d’accepter quoi que ce soit, je te conseille de lire tout le dossier… »

            Le chef des lieux entamé une petite conversation de courtoisie avec l’agent infiltré, lui faisant répéter ce qu’il avait déjà dit aux gardes à l’entrée. Cinéphile aguerri, il trouva le scénario avec le canard revanchard tellement prometteur qu’il nous accompagna jusqu’à la pièce maitresse de sa collection. Nous arrivâmes assez rapidement dans une immense pièce, plongée dans le noir. Des chaines partaient des murs et revenaient au centre de la salle, là où se trouvait une cage qui enfermait un canard. Le canard, que je reconnus immédiatement, était comme vidé de ses forces. Nous eûmes l’autorisation de nous approcher de lui, assez en tout cas pour que je souffle à l’oreille de mon coéquipier que les chaines devaient être du granit marin pour drainer la santé de mon ami. Après une brève inspection, Red se tourna précipitamment et exulta de joie :

            « Ma ! Claro, soublime ! C’est loui qu’il me faut !
            - Signor Don Pedro Rojo é Desire Rossignol y dé la Cruz souhaite acquérir ce canard ou mettre une option dessus, le mieux étant de l’acheter tout de suite pour repartir avec.
            - Ravi de pouvoir vous servir, Signor don pedro ro… Signor. Simple curiosité, quels autres films avaient vous fait ?
            - Si, si. Soy el metor en scène dé « Les canards contre attaquent », « la vengeance du pingouin maudit » o « à la recherche du poulpe perdu ».
            - Vraiment ? J’adore ces films !
            - Héhé ! Gracias amigo ! »

            Ils se serrèrent la main tandis que je me demandais comment on pouvait apprécier de tels navets. Jetant des regards inquiets vers la cage, je revins à leur niveau et pressai l’affaire avec un minimum de tact :

            « Signor Don Pedro Rojo é… Bref, Monsieur dé la Cruz souhaite savoir votre prix.
            - C’est-à-dire que ce canard est plus qu’un canard, vous comprenez ? C’est un robot cyborg avec le fruit du canard !
            - Mah ! Fantastique ! Es génial por el filmo ! Une robot-canard !
            - Monsieur dé la Cruz semble ravi d’entendre ça. Votre prix sera le nôtre.
            - Très bien. Cent millions, alors.
            - CENT… Euh… Permettez deux minutes s’il vous plait. »

            Tirant sur la manche de Red, nous nous éloignâmes avant que je ne lui murmure avec un sourire crispé :

            « Tu as cent millions sur toi ?
            - Qui se ballade avec cent millions sur lui, hein ?
            - Un agent secret, au hasard ?
            - N’importe quoi, ou est-ce que tu vas chercher toutes ces idées ?
            - Bon, on fait quoi alors ? On leur casse la tête ?
            - Faut vraiment que t’arrêtes ça… J’ai autre chose de mieux ! Laisse-moi faire. »

            Malette à la main, il retourna vers le revendeur en lui tendant une valise qu’il ouvrit sous son nez. Un sourire malicieux, des yeux pétillants, devant l’homme s’afficha une caisse pleine de beaux billets.

            C’était simple, non ?

            Trop simple, peut-être.
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            Cent million né ? Bene... Yé souis Don Pedro Rojo é Desire Rossignol y dé la Cruz. Yé me lave dans oune piscinde dé berrys...

            Sourire hypocrite et clinquant, Red tient la malette de faux billet ouvert jusqu'a assez longtemps pour que la convoitise s'allume dans tous les regards et que le négociateur en herbe tende la main vers les jolis billets tout neuf et soigneusement rangé.

            CLAC !


            -Yé suis riche, mé yé ne souis pas oune idiot amigo. Yé prend la clé dou canardo, et tou prend la malette...

            Duel de regards, Red souriant, les berrys dans la mallette, les collègues, la secrétaire, les berrys dans la mallette, la clé, les berrys...

            -C'est d'accord. Inutile de se méfier, nous sommes tous d’honnêtes gentlemen ici...
            -Sans aucun doute*

            Et l'affreux de rivaliser en hypocrisie avec le cinéaste en affichant un sourire assez faux pour rendre jaloux une tribu de crocodiles locaux.

            -Vas y José, libère le canard.
            -Perfecto ! Signorina Lou, el canardo je vous prie...

            Et pendant que Lilou se glisse dans la cellule pour récupérer son canard dont les chaines sont libérés une à une, le bandit tend une main conquérante vers la malette que Red n'hésite a donner que jusqu'au moment ou les armes des hommes autour de lui remontent ostensiblement vers son nombril.

            Une chaine, une de plus. Devant Red le bandit pose la valise sur le bureau et l'ouvre, vérifiant rapidement que les billets ne cachent bien que des billets. Et il hoche la tète, satisfait comme n'importe qui devant un tas de fric pareil.

            Encore une chaine. Le bandit se fige. Et attrapant un billet il le lève devant ses yeux...

            -Mais... Ce sont des billets de trois cent Berrys !
            -Mierda...


            Et pendant que Red cherche à toute vitesse une échappatoire il ne peut s’empêcher de maudire l'enfoiré de faussaire du Cipher Pol qui plutôt que se contenter de faire de vrais faux billets a préféré faire des vrais billets d'une valeur qui n'existe pas...


            *Encore en français dans le texte
              Troisième chaine défaite, j’entamai la quatrième avec le cœur battant à tout rompre. Tout se passait bien. Même trop bien. Et je me disais qu’au cas où la situation n’irait pas dans le sens que je voulais, je devais me presser. La clef enfoncée dans la quatrième et dernière serrure, j'allai pour la tourner, mais le calibre d’un pistolet m’arrêta, en même temps que l’exclamation du faussaire qui me laissa autant sur les fesses que lui.

              « Non mais c’est une blague ?! »

              Alors que je m’écartai pour éviter de me faire trouer la peau, je regardai l’agent Red avec des yeux exorbités. Des billets de trois cent ? Mais de qui est-ce qu’on se moquait ? J’étais en train d’halluciner, complètement… Je sortis de la cage sous les ordres d’un des sbires et m’avançai à grand pas des lieux de la transaction. Avisant la mallette, je me tournais avec un regard assassin vers l’agent secret qui semblait aussi surpris que les autres…

              « Qu’est-ce que vous branlez au Cipher Pol ! Vous n’êtes sérieusement pas foutus de faire de bon faux billets ?! »

              J’étais en colère. Si je n’avais pas eu une arme braquée sur moi, j’aurais probablement essayé d’étrangler Signor Don Pedro Rojo é Desire Rossignol, ou n’importe quel de ses couvertures secrètes. Pas besoin d’être doué de l’expérience de l’agent Red pour le comprendre.

              « Et tu n’aurais pas pu avoir une mallette explosive ? Ou, je ne sais pas, un stylo qui jette de l’encre ou qui pond des clefs, par hasard ? Finalement, je veux plus être agent secret, c’est fini entre nous Red ! »

              Pendant que je parlais, un homme vint tirer sur mes cheveux et retirer la perruque grotesque que je portais sur le crâne. Ma tignasse rousse tomba sur mes épaules, et presque immédiatement, le petit gros moustachu tilta en me voyant. Il s’avança vers le chef des lieux et lui souffla à l’oreille :

              « La ragazza, je la connais, chef…
              - Et merde…
              - La ragazza du Loft Story. Le poulpe… Yé loui ai fait signé le contrat… »

              Soupirant un bon coup, je savais que j’allai avoir des comptes à rendre. Ils me pensaient morte, ou tout du moins, coincée sur cette île mortelle (donc proche de la mort). Mais j’étais là, en chair et en os, et bien vivante, ce qui pouvait laisser supposer que mes deux comparses pouvaient s’en être sorti. Je devais couvrir les traces de Gharr, faire en sorte qu’il ne lui arrive rien. Lui laisser un peu de temps, en tout cas. Je ne voulais pas que les recherches de ses brigands se centrent sur le Capitaine.

              « Comment vous vous en êtes sorti ?
              - J’ai mangé les deux types avec moi. D’ailleurs, j’ai une petite fringale, là. Et vous me devez deux canons !
              - Expliquez-vous. »

              Il pointa son arme sur Red, avec un genre de compromis qui disait « si tu me dis tout tout de suite je te tuerais vite, sinon, tu vas douiller sévère ». Je jetai un coup d’œil en arrière, pour voir le canard qui n’avait pas bouger d’un pouce. Il était toujours épuisé par ce contact prolongé avec le granit marin de ses liens. Ce n’était qu’une question de minutes avant qu’il ne se remette d’aplomb… Gagner du temps, donc ?

              « Tu vois, si j’avais mon casque, je pourrais lui casser le nez ! »

              Un tintement distinct me sortit de mes pensées. Tintement dont personne ne se préoccupait, mais qui n’annonçait rien de bon. Bee avait bougé. Un peu. C’était déjà beaucoup.

              « Oui, hein ! Explique au monsieur pourquoi tu as des billets de trois cent berries sur toi ! »
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              -C'est a cause du programme de réinsertion. Comme il est trop plus couteux de former des agents a devenir de parfaits faussaires, on est obligé d'en utiliser qui sortent d'Impel Down en échange de réductions de peines... Et des fois, il leur arrive d’être un peu trop créatif. Paulo doigts de fées est un expert, je suis sur que ces billets sont mieux que des vrais...

              Comme Lilou l'agent Red a perçu le cliquetis du canard. Du canard cyborg... Un canard qui, pour être couvert d'autant de chaines doit étre d'une puissance effarante... Il faut donc gagner du temps. Gagner du temps jusqu’à ce que le piaf offre aux deux piégés une diversion qui ne les fasse pas truffer de plomb.

              -Et puis, vous savez, c'est pas une raison pour s'énerver, ces billets je suis sur qu'on peut en faire quelque chose... Tenez, donnez moi celui la. Regardez, en le froissant un peu...TADAM !

              Et d'un geste de magicien accompli Red ouvre les mains qui ne contiennent plus de billets et fait tomber une cascade de pièces sur le sol... Sans aucun effet notable sur le relâchement de la vigilance de ses gardiens qui restent impassibles et concentrés, surtout le chef.

              -Wouah, sacré tour, transformer un billet de trois cent berrys en une trentaine de pièces de cinq. Pas très rentable mais impressionnant. L'étape suivante avant que je ne te mette une balle dans la téte c'est quoi ? Tu vas me crier attention derrière toi ?

              -Non, non j'y avais pas pensé du tout. De toute façon ça ne marche jamais hein ? ahah...

              -Cinq...

              -C'est une erreur de faire ça, je suis un agent du Gouvernement et j'ai toute une équipe qui encercle le bâtiment, si vous continuez à me menacer et me tirez dessus vous êtes finis !

              -Quatre...

              -Arrêtez de compter c'est agaçant ! Est ce qu'on ne pourrait pas plutôt discuter calmement entres personnes responsables ? Si vous m'écoutez ce canard peut vous rapporter un gros paquet de fric !

              -Trois...

              -Sinon, vous pourriez la menacer elle non ? Moi je suis imperméable à ce genre d'attitudes, mais pour sauver un civil, je serais prêt à tout vous dire...

              -Deux...

              Mais enfin, qu'est ce qu'il fait ce canard !
                « Un…
                - KWAAAAAAAK ! »

                La chaine tomba et Bee se redressa furieusement, aussi énervée qu’une femme bafouée retrouvant son mari au lit avec une autre. Les ailes ouvertes en grand, le bec claquant, menaçant comme il pouvait l’être sous sa forme de canard. Tous se retournèrent d’un seul homme vers l’animal fou qui se mit à battre férocement des ailes en caquetant. La surprise était totale, mais pas aussi surprenante que je ne l’aurais espérer. Les méchants revinrent à nous rapidement avec un air moqueur :

                « C’est ça, votre fabuleux canard ?
                - Oh, ça va ! Des fois, il est vraiment menaçant… Genre… Vous croyez que j’ai besoin de canon pour quoi ? Pour faire joli ? Pfff… Non mais franchement… C’est juste qu’il est un peu fatigué, vous l’avez entouré de granit marin, c’est normal qu’il ne soit pas en pleine possession de ses moyens… »

                Des fois. J’aurais aimé que ça soit sur le moment. Les calibres à nouveau braquées sur nous, Bee jeta un coup d’œil dans notre direction et se jeta contre les barreaux de sa cage, cherchant ensuite à passer à travers pour nous rejoindre et botter des fesses. Beaucoup se mirent à rire de la situation, confiants et amusés. Mais le canard fut rapidement agacé de ne pouvoir rien faire et entama sa métamorphose. Le canard s’étendit sous les yeux des autres qui perdirent tous sourires. Frôlant les quatre mètres, la cage devint trop petite, puis plia contre l’aciel de l’armure qui se mouvait. Elle tordit la taule, passa son immense main d’acier, enfin l’autre pour la tendre vers nous. La main tomba, comme tranchée nette, et dévoila une gueule noire qui se remplie de lumière, en un son strident :

                « A TERRE ! »

                Je me jetai sur l’agent Red, le plaquai au sol et me protégeai la nuque. Le coup partit soudainement et repoussa nos assaillants en les renvoyant sur les dalles poussiéreuses beaucoup plus vite que nous. Me relevant, j’aidai l’homme à mes côtés à faire de même, puis je me tournais pour aviser Bee de la situation :

                « Retiens-les puis enfuis toi ! Surtout, enfuis-toi ! On se retrouve dehors ! »

                Acquiesçant de la tête, il se tourna vers les mafieux tandis que je trainais l’agent secret vers une porte adjacente censée mener vers notre entrée :

                « Bon Signor Don Pedro Rojo é Desire Rossignol y dé la Cruz, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?! T’as un plan ? Pour trouver la sortie ! Ou un passage secret ? Ou, peut-être que tu as vraiment une équipe d’agent secret que t’attends dehors ! qu’est-ce qu’on fait ?!!
                - Hé, tu as dit mon nom en entier… Très fort !
                - Tu veux te battre ou quoi ? La sortie !
                - Par-là !
                - Je te suis ! »
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                -Non non, pas par la, par la !

                Red rattrape la rouquine par l'épaule au moment ou se glissant dehors elle s’apprête à s'élancer vers la forêt toute proche.

                -J'ai vu des gardes tout le long de la route, on pourra pas filer par la forêt sans se faire truffer de plombs !

                Et d'une traction il envoie la miss de l'autre coté, droit vers les fondations sur pilotis de la maison dont ils viennent de sortir. Droit vers le marais et ses caïmans. Et sans attendre il se rue sur la carriole en poussant des cris. Des types vont surgir de partout d'une seconde à l'autre, il s'agit de créer une diversion pour gagner une minute ou deux. Et la diversion, c'est le carrosse. Un coup sur la longe pour réorienter l’attelage et Red arrache une pointe planqué dans son costume pour la tanquer dans le cul du cheval. Hennissement de douleur, coup de sabot esquivé. Et voila tout l'attelage qui part a fond de train vers la forêt.

                La porte de la baraque en face s'ouvre, Red plonge sous la maison et va rouler dans la boue entre deux pilotis couverts de vase. De justesse !

                La haut les bandits marchent à fond. Coups de feu dans les bois, jurons et poursuite qui s'organisent. Ils sont rapides, chez eux, et le temps qu'ils vont mettre à s'aperçevoir que le carrosse est vide risque d’être très court. Il faut filer au plus vite.


                -Bon, le seul moyen de s'en tirer c'est de filer par le marais, mais on va pas pouvoir ramper dans la boue sans se faire capter et trouer de plomb. Il va falloir ruser. Et euh, utiliser ça ...

                Dans la main de Red, deux pailles...

                Le regard noir et suspicieux d'une lilou toute éclaboussée de vase putride est suffisamment éloquent pour que Red lève les mains pour se protéger d'une baffe. Mais rien...

                -Euh, si je te dis que les bains de boue sont très bons pour la peau ça aide ?
                -Non !
                -Je m'en doutais... Mais on a pas le choix je t'assure. On doit être sous la vase pour pas être vu et attendre la marée haute qui nous permettra de filer avec le reflux. On en a pour des heures d'attente et c'est la seule façon de passer inaperçu...

                Hennissement de cheval et coups de feu. La bas le carrosse s'est surement arrêté, ils vont revenir...

                -Alors c'est ça le plan ? On se cache dans la gadoue et on attend que la mer vient nous chercher ? T'es sur que tu peux pas trouver pire en cherchant un peu ?
                -Ben, pendant qu'on en est à discuter de ça... Euh... Est ce que j'ai mentionné les crocodiles ?
                  « Hahahahahaha ! Je ne me rendais pas compte comme ça, à te voir, mais t’es un type super drôle en fait ! »

                  Le visage impassible de l’agent secret me mit rapidement le doute. Mon rire devint ensuite nerveux et mon regard dur. Le doute à présent insinuait en moi me fit reprendre la parole :

                  « Attends… Tu ne rigolais pas ? »

                  Red haussa les épaules comme pour s’excuser, avançant le bras pour me tendre une des pailles. Il se colla la sienne dans la bouche et fit un pas vers l’étendue boueuse d’où remontait quelques bulles douteuses. Une odeur immonde, un mélange d’excrément et de poisson en décomposition avancée, empreignait déjà l’atmosphère sans que je n’imagine devoir la porter sur mes vêtements. Mais l’homme mit un pied dans l’eau, puis un autre.

                  « Dès qu’on sort de ce tas de merde, je te tue, Red. Je te promets : Tu es un homme presque mort à partir de maintenant... »

                  Et à mon tour de plonger à l’intérieur de mon pire cauchemar.

                  *

                  Le courant mit un temps fou à nous porter vers le large, un temps fou ou nous avions l’impression de cotoyer d’un eu trop près les grosses bestioles de sous la vase. Mais Red m’avait plus ou moins mis au rencard avec ses techniques d’agents secrets : pas un mouvement, pas un bruit. Rester silencieux et immobiles, se contenter de simplement respirer pour ne pas que les crocodiles et autres alligators ne suspectent notre présence. Facile pour lui, peut-être, beaucoup moins pour moi. Tout du long, j’avais eu peur de me réveiller dans l’estomac d’un des reptiles. Par chance, au bout d’un temps, l’eau se fit plus clair, moins gluante, moins odorante, et nos compagnons changèrent : les crocodiles laissèrent place à des poissons ? Nous regagnâmes la côte rapidement avant de tomber sur la plage caillouteuse à la sortie de l’embouchure.

                  Je jetai un regard noir à l’agent Red qui essorer entre deux mains son chapeau un peu moins rouge. Il se le remit sur la tête en retirant une algue du bandeau. L’odeur autour de moi était insupportable, mes cheveux étaient plus bruns que roux. Mes vêtements étaient couverts de crasse, mais pire encore : Red se permit un commentaire :

                  « Tu vois, c’était pas si compliqué…
                  - Pas si compliqué… ?
                  - Dis-moi, d’où tu sors cette clef à molette ? »

                  La suite se passa dans la douleur et le sang. La clef à molette s’abattit sur le chapeau de Red avant que mon poing ne s’écrase sur son nez. Deux crac presque simultanés retentirent avant qu’un chalumeau ne viennent clouer l’homme au sol à l’aide de rebus métalliques.

                  « Tu m’as cassé le nez !
                  - Tu m’as cassé deux doigts !
                  - C’est pas ma faute ! Et libère-moi ! T’es vraiment une furie furieuse ! J’y peux rien, moi, pour les crocodiles !
                  - TU LA FERMES ! T’as plus le droit de l’ouvrir à partir de maintenant ! On va attendre sagement ici que tes copains viennent te chercher et que Bee nous retrouve… EN SILENCE !
                  - J’ai prévenu personne d’où on était…
                  - QUOI ?! Et le capitaine alors ? T’as aucun moyen de le joindre peut-être ?!
                  - Shh… Parle-moins fort… Faudra que tu me libères pour le coup de fil, par contre…
                  - Oh allez, t’es agent secret, t’as forcément un escargophone sur toi… Dis-moi ou et je t’épargne la pire humiliation de ta vie et de te faire bouffer par des crocodiles !
                  - Jamais je ne parlerais, même sous la torture ! »

                  La demi-heure qui suivit fut la pire engueulade silencieuse de ma vie. Dans le sens où nous nous envoyons les pires crasses à la figure en chuchotant pour ne pas être repéré par nos ennemis qui devaient toujours être à notre recherche. Moi, j’en profitai pour le torturer, et en effet, Red confirma ses dires en ne parlant pas de l’endroit où il avait caché son escargophone. Je fus contrainte de le libérer avant qu’il ne sorte de sous son chapeau l’appareil partiellement abimé :

                  « Bon, qui est-ce qu’on appelle ?
                  - Tente Lou Trovahechnik…
                  - Je préfère pas…
                  - Pourquoi ? Non, en fait, pas pourquoi, j’en ai ma claque de Las Camp, de la boue, de la mer et de tout ce bordel ! Et vu que c’est toi qu’a les meilleures idées dernièrement, tu vas en trouver une vraiment bonne pour qu’on prenne une douche ! Puis ensuite, tu vas arrêter d’en avoir quand on ira péter la gueule à la clique Endemolia, c’est assez clair comme ça ? Et au passage, faut rappeler le capitaine. Si on s’en prend à la famille Endemolia, ça le concerne aussi ! »
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                  L'aube se lève enfin sur Las Camp. Les pales rayons d'un soleil blafard percent à grand peine la brume sale et grisâtre qui nappe les taudis de la zone portuaire avant de s'évanouir au dessus de la mer comme les débris pourrissant d'un linceul fantomatique.

                  Assis sur une plage de cailloux aussi gris que le ciel, le cul dans une couche de varech nauséabond et visqueux, l'agent Red regarde fixement l'horizon, image vivante de l'abandon faite homme. Sous sa main pendante un den den abandonné a chu sur le sol, emportant avec lui les espoirs brisés de l'agent dont le visage sombre et marqué n'est plus empreint que d'un profond et immense désespoir.

                  Le capitaine ne répond pas.

                  Et l'agent Red est seul.

                  Seul avec sa douleur et sa croix.

                  Seul avec ce qui ne peut être que son châtiment pour tout ce qu'il a fait d'horrible avant d'en arriver la.

                  Seul avec cette terrible sensation d'avoir au dessus de la tête une horrible menace latente prête à s'abattre comme une avalanche sur les épaules de l'agent. C'est comme marcher sans eau dans le désert et lever la tête pour contempler les vautours qui tournent en cercle dans le ciel en croassant leurs moqueries macabres...

                  -JE VEUX UNE DOUUUUUCHE !

                  La voila !

                  D'un bond Red se lève pour faire face et affronter debout la colère de la furie. Et mourir en vrai agent du Cipher Pol ? Soyons sérieux...

                  -Bon lilou, j'ai deux nouvelles, une bonne, et une mauvaise...

                  La mauvaise, c'est que le capitaine ne répond plus. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, et vu les questions qu'il m'a posé, Lou non plus. On est tout seul sur ce coup et on va devoir continuer la lutte en binôme contre la famille. Enfin, en trinôme, si le canard nous retrouve...


                  -Et ?
                  Le souffle de la mort ne doit pas être plus glaçant que cette question. C'est comme vivre le calvaire de la souris devant le chat qui la met au défi de filer. Ou celui du lardon qui se rapproche de la poêle.

                  -Et j'ai trouvé une douche !
                  Joker ?

                  -Wouhou !

                  Tout plutôt que se retrouver à nouveau attaché et en son pouvoir. Et si pour ça il faut attaquer le Palazzio de Ricardo Endemol. Et ben on l'attaquera !

                  Bientôt...