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Quatrième chapitre ; Course poursuite, découvertes et drames.

    Précédemment...


    Le silence était complètement poignant, mortuaire même. Mis à part le tintamarre de quelques grillons et nos bruits de pas, l’on n’entendait pas grand-chose. Personne n’avait la foi pour oser dire ne serait-ce qu’un mot. En même temps, il fallait avouer que l’heure n’était pas aux réjouissances. Nous étions mentalement au plus bas. Moi en particulier. J’me demandais encore comment avais-je bien pu fauter aussi bêtement. Et là, je puis vous assurer que je me sentais complètement indigne de mon rang de commodore. J’eus un soupir. Le genre de soupir qui en dit long sur mon état actuel. J’avais l’esprit un peu embrumé, confus. Un amalgame de déception mais de colère, si je puis m’exprimer ainsi. Déçu par mes piètres prestations de marine. En colère parce qu’il fallait que je venge la mort de mes deux camarades lâchement assassinés. C’était d’ailleurs cette éventualité qui me réconfortait un peu, parce que ouais, j’ne comptais pas laisser ces crimes impunis. Idéologiquement, j’étais totalement contre le fait qu’une tierce personne puisse se faire justice soi même. Mais plus nous rebroussions chemin, et plus j’avais cette idée dans la tête. Me venger, me venger, me venger… C’était un peu comme si on avait imprimé le mot vengeance dans mon esprit. Mot qui commençait à me consumer sérieusement de l’intérieur. Pourquoi attendre l’aube pour ce faire, que m’étais-je soudainement demandé. Et là, j’eus un sourire malsain que personne ne put voir vu que j’étais en tête de la file. Sourire qui s’effaça bien vite néanmoins, quand nous eûmes l’ouïe d’une grosse explosion perceptible à des milliers de kilomètres…

    En l’espace d’une seconde, ma respiration s’accéléra et les pouls avec. Mon cœur ne fit un bond, un peu comme s’il voulait s’arracher de ma cage thoracique. Une goutte perla sur l’une de mes tempes, pendant que j’distinguai de loin, les prémices d’une catastrophe importance : De grandes fumées noires s’élevaient au ciel. Et mauvaise coïncidence ; ces fumées là se trouvaient là où nous avions laissé le Léviathan. Sans me poser de questions, et sans plus regarder en arrière, j’commençai à courir à travers la forêt comme un dératé. Ma charge me ralentissait un peu, mais je n’avais pas non plus l’intention de jetter le cadavre d’un de mes hommes. Avec tous les animaux qui grouillaient dans l’coin, certainement que je ne le reverrais plus si je me risquais à l’abandonner. J’esquivai les grosses branches qui se penchaient méchamment sur mon chemin, ainsi que les grosses racines noueuses des gigantesques arbres qui semblaient vouloir nous obstruer le passage. J’avais un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment. Ce qui accéléra ma course, comme si je tentai de fuir quelconque monstre du coin. Plus j’avançais et plus l’endroit que j’essayais d’atteindre était brillant, ardent. Un incendie. Un putain d’incendie. J’en étais sûr ! J’en avais même la certitude ! Mais intérieurement, je priais pour que le Léviathan et ses occupants soient épargnés ! Il y avait assez de morts comme ça ! Mon sprint prit tellement d’ampleur que j’avais l’impression de ne plus sentir mes pieds toucher le sol. Mais alors que je voyais le bout de cette végétation, que j’arrivais enfin à la lisière de cette forêt, que se profilait devant moi…

    • Impossible…

    … L’apocalypse. Il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ce que mes yeux voyaient là. De gigantesques flammes rongeaient l’arrière du Léviathan. Même de loin, on avait l’impression d’être à l’intérieur d’une fournaise, tant lesdites flammes étaient puissantes et ardentes. Mes yeux s’écarquillèrent grandement tandis que mon cœur battait plus fort que jamais, prêt à me lâcher. Je déglutis devant ce spectacle épouvantable, lâchant même et sans le savoir, le cadavre du sous-officier que je transportais. Je finis même par tomber sur mes genoux, assistant impuissamment l’enfer qui m’était donné de contempler en live. Comment était-ce possible ? Je ne le savais pas, je ne le savais plus… Mais bizarrement, un nom me revenait incessamment en tête : Morvak… J’aurai voulu crier, mais encore me fallait-il de la voix. Voix qui semblait elle aussi me quitter, m’abandonner. Pourquoi le sort s’accablait-il contre moi ? Qu’avais-je fais de mal ? Pourquoi moi… ? Pourquoi nous ?! Les Dieux m’avaient-ils lâché ? Avais-je fait quelque chose d’horrible pour mériter ce sort accablant et cette déveine qui ne voulaient plus me quitter ? Au bord de la panique totale et à l’énième battement de cœur, j’eus alors un cri. Un horrible cri qui couvrit tout le boucan environnant. Un cri à vous couper le souffle et à vous glacer le sang. J’agrippai ma tête, avant de tomber au sol. Et c’est alors que j’entendis une voix… Non ! Des voix. Plusieurs voix. Plusieurs voix qui résonnaient dans ma tête et tout près de me l’arracher. Pénélope, Ceres, Oswald, Rain, Stark, Taiten, Toutou-kun… Je les entendais tous comme s’ils étaient tous près de moi… Et pas qu’eux.

    • KEICHI, OSWALD !!!! NE VOUS OCCUPEZ PAS DU LEVIATHAN ! SUIVEZ-MOI PLUTÔT !


    Ma voix de stentor avait une nouvelle fois couverte le capharnaüm qui régnait sur les lieux. Je ne les avais pas vus, mais je savais intuitivement que ceux que j’avais appelés à me suivre étaient proches. Jamais je n’avais été aussi impérieux. On aurait pu croire que je frisais la folie, mais non. Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais l’ultime conviction d’avoir « entendu » les incendiaires pas très loin d’ici. Ça pouvait sembler fou, mais c’était comme ça et pas autrement. Sans compter que j’avais foi en mon intuition. Sans attendre ceux que j’avais nommés, j’me mis à piquer un sprint dans la direction opposée. Certains de mes hommes m’appelaient, mais je n’avais pas le temps de les écouter. D’autres me regardaient impuissamment et complètement dépassés. Ils ne croyaient pas en ce qu’ils voyaient. Le Léviathan était certes en mauvaise posture avec ce brasier, mais il était entre de bonnes mains. J’avais foi en ceux qui se trouvaient à l’intérieur, à savoir Pénélope, Rain ou encore Ceres… Là encore, ne me demandez pas comme j’avais su que ces officiers étaient sur le Léviathan. Irrémédiablement, je vous renverrai à mon intuition. Les ronces et les branches qui voulaient obstruer mon chemin, volaient en tous sens. Maintenant que je n’avais plus de charge et que j’avais dégainé mon meitou, je pouvais aisément me débarrasser de ces gênes. La vengeance avait refait surface et m’avait donné de nouvelles ailes. Je tenais une piste. Une piste qui pourrait sans aucun doute nous faire remonter au fameux Morvak. J’avais maintenant de bonnes raisons de lui en vouloir ce connard. En plus du meurtre de mes hommes, il venait de s’en prendre au vaisseau de l’amiral en chef…

    Spoiler:


Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Dim 10 Juin 2012 - 12:11, édité 2 fois

    « Faut croire que pour une fois la chance a été d’notre côté nan? »
    -…si tu l’dis…ugh…mais où est-ce qu’on est?
    « Infirmerie du Léviathan, troisième étage. En bref, à six planchers de ton bureau. »
    -…Je vois…Alors c’est par ça que tu veux dire chance… Répondis-je à nouveau en remarquant les nombreux bandages qui recouvraient mon corps bicolore.

    On avait visiblement traité mes blessures et pansé mes plaies. Plaies particulièrement nombreuses après mes deux combats contre la créature infernale qui m’avait pratiquement tué. Un flot de souvenirs et d’images vinrent me frapper psychologiquement alors que je ressassais les derniers évènements qui m’avaient conduis ici. La fuite avec Ceres, les combats avec Stark et Pénélope, ma dure survie dans la forêt. Mais surtout…le fruit du démon. Je touchai par réflexe mon abdomen, là où se situait normalement mon estomac. Qu’en était-il de cet aliment maudit? Quel tournant allait prendre mon existence? Les répercussions seraient-elles importantes? Une armée de ces questions vint assiéger les remparts de mon esprit tordu alors que je me relevais avec faiblesse pour m’assoir sur le lit d’infirmerie. On m’avait retiré mes vêtements et on m’avait enfilé le genre de robe agressante d’hôpital, le genre vert marécage irritant pour les yeux. Je saisi l’uniforme marine ainsi que mon manteau de sergent-chef pliés soigneusement sur la table de chevet du lit improvisé.
    Mon corps en entier me faisait désormais souffrir un martyr post-combat qui trahissait mon la fatigue de mon corps vieillissant dans la violence et la douleur constante. Mon organisme désormais réactivé et sécurisé assimilait à nouveau les évènements passés ainsi que la situation présente.

    « Faut bien croire que finalement, notre errance dans la forêt t’as semblée vraiment, mais vraiment plus longue que la réalité. Quelle île troublante au niveau temporel non? »
    -On a faillis y rester quand même Dark, c’est c’qui en est le plus effrayant…
    « La morale de cette histoire c’est bel et bien le fait que ta bonne étoile nous a pas encore largué Os’! »
    -Trop de superstitions vont mal nous porter Dark, on a toujours fait sans la chance et maintenant tu s’rais près à assumer que la vie pourrait me sourire? Après tant d’années?
    « Regarde bien, ça pourrait aider c’truc non? »

    Dark faisait allusion à un objet qui reposait sur la table de chevet. Un gros Berry datant d’une trentaine d’année traînait là, sans propriétaire réel. Je pris possession de la pièce et y jetai un coup d’œil. Le côté affichant un Tenryubitto grassouillet était coloré d’un rouge-brunâtre qui obscurcissait habilement ce seul côté de la pièce. Le second côté, affichant le « B » typique de la monnaie internationale, semblait spécialement clair en comparaison avec l’autre face de la pièce.

    -Il semble bien qu’il n’y est qu’un seul moyen d’savoir si la chance est d’notre côté Dark…
    J’apposai la pièce sur le dessus de mon pouce, dans l’objectif de –bien sûr vous pensiez quoi?!- jouer à pile ou face.
    Sur le moment, un médoc entra dans la pièce sans prévenir, me déconcentrant dans ma tâche. Je posai un mon œil jaune opaque et agacé sur lui, il semblait ne pas être là pour rien. En me voyant debout, sans uniforme devant mon corps inhabituel, ce dernier eu un mouvement de recul et un regard intimidé envers moi. Toujours ce regard de dédain, ce regard ne voulant qu’exprimer son rejet par rapport à un autre. Ce regard merdeux n’expliquant rien d’autre que de la pure et simple antipathie.

    -Euh…Sergent-Chef Double F…euh Jenkins…vous me semblez aller mieux…euh nous avons remarqué que…euh et bien…

    Pathétique, faisais-je cet effet à tout les membres du navire? Au minimum, les membres de l’équipe de charpenterie avait appris à faire avec, c’était pour le mieux. Mais les autres marins du Léviathan ne semblaient que connaître Double Face de l’extérieur. La discrimination prônait-elle autant, même de nos jours?
    Malheureusement pour l’idiot de médoc, la discrimination, j’y répond avec autant de politesse que je frappe sur un pirate.

    -Fou le camp conard, pas b’soin d’aide pour m’habiller c’clair? Si ça t’intéresse j’suis près à retourner en service, merci d’êtr’ passé!

    Littéralement giflé par ma tirade cassante et agressive, le toubib se retira sans un mot. Effrayé et abattu.

    « C’est tout c’qu’il mérite les conards qui ne savent pas reconnaître notre valeur, t’as bien fait Os’ »
    Un sourire de carnassier s’afficha comme à l’habitude sur mon visage, marquant ainsi mon sentiment du travail accompli. Reportant mon attention sur la pièce, je la lançai dans les airs…mais ne la rattrapai jamais. Une immense secousse fit s’ébranler le navire et un jet de flamme illumina le hublot adjacent à mon lit.
    Déséquilibré par le séisme artificiel, je m’écroulai au sol en amenant dans ma chute la table de chevet et son contenu. Des cris de douleurs, des ordres et des appels au secours commencèrent à fuser de partout dans le Léviathan. Un problème venait de surgir, et au plus mauvais moment.

    « J’imagine qu’on s’remet en mouvement? »
    -Même si j’ai super mal j’crois pas avoir le choix mec…

    J’enfilai en vitesse mon uniforme et mon manteau en supportant la douleur que chaque mouvement m’apportait. L’activité se faisait intense dans les couloirs du bateau-titan, des bruits de pas précipités résonnaient de l’autre côté de la porte que je m’apprêtais à franchir. Mais mon mouvement fut retenu une seconde assez tôt, Dark avait perçu quelque chose de très important. En effet, une odeur de poudre à canon ainsi qu’un sifflement distinctif d’un peuplier mouillé qui brûle. Bref, je lâchai la poignée de la porte et me projetai vers l’arrière juste avant qu’une formidable déflagration ne réduise en morceaux cette dernière.
    Bousculé par l’évènement, je fit le vide dans ma tête, il me fallait me dépêcher de m’échapper d’ici avant que le bateau que j’avais si bien bâtit ne devienne mon tombeau. Je m’élançai dans le couloir, esquivant les débris et les blessés et contournant les flammes. En moins de cinq minutes, à bout de souffle mais toujours en vie, j’étais sur le pont où la panique régnait.
    Le feu avait pris plus de la moitié du château, les bureaux des officiers seraient bientôt tous cramés.

    « Oh putain ça brûle là bas. »
    -Oh putain…mon bateau…putain de merde…

    Mes traits se durcirent, l’ampleur des dégâts était inimaginable. Et quelqu’un devrait payer. Ignorant une nouvelle fois la douleur, je sautai la rambarde du titan des mers et me réceptionnai sur le sol spongieux de la forêt tropicale, je devais trouver le boss.
    Un poids dans ma main me fit réaliser que je tenais toujours fermement la pièce bicolore. J’ouvris la main, la côté rougeâtre me faisait désormais face, me narguant de sa couleur ténébreuse.

    -Bonne chance…mon cul bonne chance…
    « Bon…sur le coup t’avais p’t’être raison. »

    Je traversai la zone me séparant des groupes d’explorations retardataires, zone devenu champ de bataille, précisons le. Partout des matelots couraient, seaux dans les mains vers le bâtiment aquatique enflammé.
    Où pouvait être le boss Fenyang? Mort? Perdu? Qui savait…pourtant il me fallait le trouver, la situation le demandait.
    -OSWALD, KEICHI SUIVEZ-MOI!

    J’eu ma réponse assez rapidement, sous mes yeux, le commodore traversait la végétation et tranchait tout sur son passage, comme guidé par une force invisible. Certains hommes ont un talent pour en mener d’autre, et malgré le manque d’informations, je me sentis obligé de poursuivre mon supérieur à travers cette jungle qui m’avait déjà tant nuis…
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    L'humeur n'est vraiment pas au beau fixe. Des têtes d'enterrements telles que celle des membres de ce groupe d'expédition, c'est dignes des deux cadavres que le Capitaine transporte sur ses épaules. Des pensées peut-être bien morbides, mais qui semblent venir instinctivement à l'esprit de Keichi. Manque de respect pour les défunts n'est pas une chose à laquelle l'homme de main songe réellement, c'est ce qu'il pense un point c'est tout. Le capitaine en particulier, sans vraiment vouloir l'insulter, démontrait une sensibilité lui paraissant excessive. Le maître du Léviatan se laissant aller aux aléas de ses torrents émotionnels à chaque nouvelles découvertes et s’amplifiant à tous rebondissements, ça sent pas bon. Un chef qui joue à la girouette, encore un truc digne des lots de consolations à la loto. Salem a beau être un homme que le canidé a appris à respecter, son comportement dans la situation actuelle ne lui plait pas pour un sous. Ils ont besoin justement d'un leader dans le moment, un homme avec du sang-froid et une tête sur les épaules. Pas un type sur le bord de la dépression et en proie aux émotions négatives ressenties et qui se laisse guider, tête baissée, par ses dernières. Se proposer pour lui remettre les pieds sur terre aurait pu être une idée, mais, Keichi n'a ni les qualités requises pour ce genre d'approche, ni l'envie de se risquer à un tel jeu de roulette russe. C'est vrai quoi, faut faire gaffe quand un homme à les pulsions d'une femme en SPM, la force de plusieurs flottes, et un meitou bien aiguisé entre les mains...

    Tiens, en parlant de flotte... D'ici quelques minutes, la leur va connaître un... touché-coulé? Enfin, avant d'en arriver à ce genre de détails, il y eu d'autres points communs à la situation amenant à cette triste découverte. Le moment le plus marquant fut lorsque les mélodies de la forêt nocturne firent place à l’irradiation de l'explosion. Pour la première fois cette nuit, les airs blasés du membre canin de l'équipe fait place à la même expression de surprise, agrémentée d'un soupçon de terreur, à la simple appellation auditive de la catastrophe. Une fois de plus, le dirigeant leur fausse compagnie dans un élan passion incontrôlé à l'aide d'un pas de course endiablé. Pour cette fois, Keichi partage son empressement. Sous sa forme d'hybride entre l'homme et la bête, il est le plus apte aux compétences physiques et réussit donc à tenir une course plus qu'acceptable à quelques pas seulement derrière le capitaine. La détresse que ce dernier a éprouvé au décès de ses éclaireurs semblant prendre une seconde édition chez l'ouvrier qui voit à son tour quelque chose de cher être blasphémé. En cette chaude nuit, le ciel... de cendres est prémuni. Le Léviatan est en feu. Ce simple aveux suffit pour que le coeur de monsieur Tachibana rate un bond, peut-être même deux. Ce n'est qu'un rafiot, un beau bateau, une coque de noix, mais pourtant, après seulement quelques mois, quelques réparations par ci, par là, le chien ne le prend pas.

    Détourner le visage de ce cataclysme est plus aisé. Loin des yeux, loin du coeur. Pourquoi est-ce si douloureux que de voir simplement quelques lattes de bois prendre en feu? Une question que l'on peut ressasser pendant longtemps après une accalmie, toutefois, elle n'est pas à l'horaire d'aujourd'hui. Un hurlement suivit d'une charge effrénée, une fois de plus, le dirigeant à prit des allures de bête enrager pour les entrainer au coeur de la jungle des damnés. Perdu dans ses ressentiments, la canidé se contente de simples appréhension avant de s'élancer dans la direction du furibond. Où ce principe de docilité canine va-t-il encore l'amener...
        La déception avait fait place à de la colère. Une colère inimaginable qui me poussait à parcourir ces fourrées et à essayer de rattraper les bâtards qui avaient osé mettre le Léviathan en flammes. A vrai dire, je comptais beaucoup sur mon intuition, même si je ne savais vraiment pas où j’allais. Dingue hein ?! Mais fallait avouer qu’il y avait un peu de honte dans l’affaire. La honte d’être confronté à cette grande calamité qui venait de nous frapper en plein fouet, et de ne pas pouvoir assurer. Comment avions-nous pu être victime d’une telle attaque en même temps ? Question à laquelle il me fallait impérativement une réponse. C’est un peu dans l’optique de savoir, que je tailladais tout ce qui se trouvait sur mon chemin pour essayer de retrouver ceux qui nous avait fait « ce gros coup de pute ». Et on pouvait véritablement le qualifier tel quel. Ma hargne s’expliquait donc. Et c’est toute la forêt de Little Garden qui en prenait gros. D’immenses chênes tombaient sous mes coups dextres et véloces, et ce, dans des bruits sinistres. D’une manière ou d’une autre, j’me faisais une joie de déblayer mon chemin avec véhémence. De cette façon, les fuyards qui avaient incendié le Léviathan allaient se faire une idée de qui ils avaient affaire. De quoi semer peur et doute dans leur cœur. Les quelques rapaces précédemment perchés sur les branches des arbres que je tranchais sans aucune once de pitié, criaient fort leur mécontentement, rendant la scène plus macabre qu’elle ne l’était déjà, sans pour autant que nous arrêtions notre course…

        Quelques temps plus tard…

        • Merde ! Merde ! Merde ! MEEERRRDEEEEE !!!!

        Mon poing croisa un énième arbre dans un bruit sourd, avant que celui-ci ne s’écroule littéralement devant moi. Combien de temps avais-je couru comme ça avec les deux autres à ma suite ? Une heure ou deux ? Peut être plus ? Je ne savais pas, je ne savais plus. Mais toujours était-il que ma course effrénée ne nous avait amené nulle part, si ce n’est au cœur même de la jungle. Nous devrions être à des kilomètres du Léviathan, vu que nous ne percevions plus aucun bruit. Seul le vent murmurait doucement à nos oreilles. J’avais la rage, la haine ! Et j’étais prêt à taper sur n’importe quoi pour faire passer la colère qui croissait en moi d’une façon à la fois inhabituelle et inquiétante. Mais alors que je comptais m’asseoir à même le sol, histoire de me calmer et prendre le temps de réfléchir, une lueur m’attira. On aurait dit un morceau de métal qui luisait sous la pleine lune. Mue par ma curiosité soudaine, je fis signe à mes deux subordonnées qui étaient aussi essoufflés que de gros buffles -Surtout Oswald qui semblait vraisemblablement en mauvais état- de me suivre, avant de commencer à enjamber les quelques gigantesques racines d’arbres noueux et les lianes qui s’étendaient ça et là. Nous débouchâmes bientôt sur une clairière, sauf que contrairement à la dernière fois, il y avait… Un camp. Un vieux camp abandonné trônait au beau milieu de la clairière que je venais de découvrir par hasard. Et ce que je croyais être un métal après m’être précautionneusement approché, n’était autre qu’un morceau de miroir qui reflétait l’astre lunaire…

        • Restez bien groupé derrière moi ! Et ne faites rien sans que je ne vous donne un or… Mais… ?!

        Et là, surprise ! Sur la première tente devant nous, était flanqué l’insigne de la marine ! Ou une partie ! Mais je pouvais mettre ma main à couper qu’il s’agissait bien de l’insigne de ma faction que je reconnaitrais entre milles autres. Pour en avoir le cœur net, je me mis à courir vers la tente, avant de commencer à dépoussiérer la partie. Une fois la besogne achevée quelques secondes plus tard, tout se tenait ! Il s’agissait d’un ancien camp de marines. C’est alors que j’eus un déclic. Et si… ? Et s’il s’agissait du campement de l’équipage des marines qui avait mystérieusement disparu dans la région, l’an dernier ? Se pourrait-il que… ? « Mais oui ! » Après mes mots soudains, je tapais mon poing droit dans ma paume gauche comme pour marquer l’évidence ! Ce lieu était sans aucun doute celui de nos confrères. Rapidement donc, je me mis à faire du feu, avant d’enflammer trois bouts de bois ramassés pour en faire des torches. La lune éclairait parfaitement cette partie de l’île, mais il nous fallait une meilleure visibilité. Une fois que j’eus passé une torche à chacun de mes hommes, j’ouvris une nouvelle fois la bouche, mais pour leur donner un ordre clair et précis. Le premier depuis des heures, ouaip. « Il semble qu’il n’y ait personne dans les environs. Ce camp est assurément celui des marines qu’on recherche. Et vu comment il est sens dessus dessous, il y a sans doute un affrontement dans les parages. Essayez de trouver quelque chose. Le moindre indice peut nous être précieux. Allez-y ! »

        Le ton était donné. La chasse aux indices pouvait commencer ! Je me mis à tourner autour deux trois tentes saccagées, mais mis à part des cendres et quelques objets rouillées tout autour, il n’y avait pas grand-chose. Mes pas me menèrent cependant à l’un des seuls abris encore sur pied. Une aubaine, que je me disais. J’eus un mince sourire, m’y engouffrai avec ma torche, et comme je m’y attendais, tout était dans un bordel inimaginable. Des caisses étaient reversées, le pauvre matelas sale et troué de partout… Bref, le beau capharnaüm. Posant ma torche dans un coin, de sorte à ce qu’elle puisse éclairer l’endroit dans sa totalité, je me mis à fouiller partout en recherche d’un quelconque indice qui pourrait nous être d’une utilité inestimable. Les toiles d’araignées et la poussière n’arrangeaient pas les choses, puisque je me mis même à tousser. Quelques minutes plus tard, je tombai finalement sur un cadre de photo sur laquelle on pouvait apercevoir un colonel, sa femme et ses deux enfants, très certainement. J’eus un pincement au cœur, avant de poser la photo dans un endroit et de continuer à fouiller. Lorsque j’eus à soulever le matelas, deux ou trois souris firent leur apparition, avant de disparaitre très rapidement à l’opposé de la petite pièce excentrée. Mais alors que je comptais laisser tomber toute recherche dans ce coin, surtout parce que la poussière me fatiguait, mes yeux roulèrent sur ce qui s’apparentait à un carnet de bord. Je bondis automatiquement dessus, avant de m’installer tranquillement près de ma torche pour un moment de lecture. Et ce dont je ne me doutais pas, c’est que j’étais tombé sur un vrai filon…


        "C'est assez ironique c'te situation non?"
        -Où tu veux en v'nir Dark?
        "Ben…c'est à peine si t'es sorti vivant d'cette sale jungle et maintenant tu y retourne sans savoir c'qui pourrait À NOUVEAU t'attendre au détour d'un bosquet!"
        -Je suis les ordre Dark, et de toute façon le Léviathan cramait, t'aurais voulu que j'fasse quoi? Encourager des mecs qui ont peur de moi à l'éteindre? Aussi bien partir alors!
        "Mouais…tu diras ça au prochain dinosaure qui tentera de te gober…connard."

        Sur cette dernière tirade de Dark, je me concentrai à nouveau sur ma course effrénée à la suite du Boss et de Keichi.
        J'avais déjà croisé ce dernier à quelques reprise sur le bateau, lui aussi faisant partie depuis peu de mon escouade de charpenterie. J'avais cru comprendre que lui aussi possédait un fruit du démon. Fruit qu'il devait contrôler assez bien pour adopter régulièrement une forme semi-canine le faisant ressembler à une sorte d'homme-chien. Je repensai du même fait mon propre fruit. Comment ferais-je pour le contrôler? QU'était son pouvoir? À sa dernière utilisation, j'étais tellement faible que je n'avais point pu comprendre le fin mot de l'activation de ce pouvoir. Il faudrait ultimement que j'apprenne à le comprendre pour l'utiliser dans des situations qui requerraient un soutiens plus efficace. Mais quel genre de soutien? Je ne savais à peine ce que représentait le pouvoir du cadeau empoisonné que m'avait fait la nature. Devrais-je en aprler à Keichi? Pourrait-il m'apprendre à faire usage de c'truc? Seul l'avenir me le dire, mais pour l'instant, je devais me concentrer su ma mission.
        Je sautai habilement au dessus d'une immense racine alors que des arbres continuaient de tomber plus loin en avant sous la colère du Fenyang. En esquivant une branche qui avait pour objectif de me frapper le front, je réalisai que, -perdu dans mes pensées- je haletai et que j'avais les poumons en feu et une épaule particulièrement endolorie. Suant comme un porc dans cette jungle, j'étais visiblement en mauvais état depuis la tournure déplaisante qu'avais prise la mission d'exploration de l'île.

        Sur cette dernière réalisation ,une question que j'aurais depuis longtemps dû me poser me surpris. Le capitaine savait-il où nous allions? Me retrouverais-je encore perdu dans ce cauchemar tropical? J'espérais de tout mon être que non…et fut rassuré quand nous débouchâmes dans une clairière, moi, le boss et Keichi dont la langue pendait légèrement.
        Un campement complètement dévasté nous faisait désormais face. Des tentes trouées, des meubles et outils éventrés et le tout saccagé et empilé en tas. Certains avaient été carbonisés, d'autre simplement détruit ou pulvérisé. Mais ce qui me semblait certain, c'était qu'ça ne pouvait pas être des bêtes sauvages de l'île qui avait commis ce délie.

        Ce Morvak, nom que plusieurs de nos ennemis croisés répétaient sans cesse serait-il un des facteurs mis en cause? Ses questions, je me les posais alors que je reprenais difficilement ma respiration devenue sifflante et que le Boss montait un feu au milieu de l'endroit.

        - Il semble qu’il n’y ait personne dans les environs. Ce camp est assurément celui des marines qu’on recherche. Et vu comment il est sens dessus dessous, il y a sans doute un affrontement dans les parages. Essayez de trouver quelque chose. Le moindre indice peut nous être précieux. Allez-y !

        Une torche pour m'éclairer en main, j'échangeai un regard entendu avec le second charpentier et nous nous séparâmes dans le camp pour augmenter l'efficacité des fouilles. Les facultés de Dark me permettant de repérer plus facilement les odeurs, les sons et toutes choses à porté de mon œil, je pu examiner rapidement le sol et en extraire la forme de différentes empreintes, toutes humaines. Certaines étaient des pieds d'enfants, d'autres provenaient certainement de colosse par leur taille. En remarquant les traces pouvant appartenir à un enfant, je me souvins de mon combat face à la petite môme dans la clairière perdu de Little Garden. Cette petite se disant être au service de Morvak s'était avérée tenace, mais que faisait une pauvre jeune fille à combattre le gouvernement sur une île sauvage et inhospitalière? Pirate? Probablement, cependant ce genre de preuve ne suffisait pas, et il devenait clair que d'autres enfants avaient pu attaquer les marines en post ici.

        M'aventurant dans les débris des tentes, j'aperçu un bout de papier à moitié cramé qui gisait là sans propriétaire. Me penchant pour la prendre, j'eu un choc en apercevant l'image que représentait la photo.

        Plusieurs marines riaient et festoyaient de bon cœur, encore en uniforme mais une chope à la main, on les voyaient se donner des accolades et des bourrades amicales.
        "Oh non, fais pas ton sentimental encore putain!"
        Jamais aucun être vivant dans ce monde n'avait eu ce genre de réaction avec ma personne, jamais.
        Perturbé, je me couchai dans les feuilles mortes qui jonchaient le sol, les yeux perdus dans les étoiles qui perçaient à travers l'épais feuillage tropical de la clairière…la photo toujours en main.
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          Jour 7

          Nous voilà enfin à destination. J’peux vous dire que le chemin fut long jusqu’ici, Grand Line n’étant pas une mer facile à aborder depuis les blues. Ils nous avaient fallu traverser Calm Belt, et ce avec beaucoup d’effroi. Heureusement que tout s’était bien passé. Little Garden nous parait moins périlleux d’ailleurs, même s’il y a des espèces pour le moins démesurées et dangereuses. Mon escadron a même abattu un tricératops, avant que nous n’en fassions un festin...


          Le reste de la page était tout simplement illisible. Il n’y avait plus de doutes possibles. L’équipage du colonel Swan avait débarqué sur Little Garden. Était-ce pour traquer Morvak et toute sa clique ? J’ne savais pas vraiment, et ma curiosité n’faisait que croitre au même titre que mon cœur qui battait comme un tambour. Une goutte de sueur perla sur ma tempe, tandis que le stress continuait de monter. Fallait-il que je continue à lire ici ? D’un brusque mouvement, j’me mis à regarder autour de moi, mais il n’y avait rien. Pas l’ombre de ne serait-ce qu’une petite souris. J’entendais un peu les reniflements de Keichi pas très loin d’ici, ce qui me confortait dans l’fait qu’il n’y avait aucun danger aux alentours. J’pense d’ailleurs que j’aurais été apte à sentir des ennemis, comme lorsque j’avais été proche du Léviathan en flammes. Sans trop me poser de questions, j’me remis donc à tourner les pages, avant d’essayer de les lire minutieusement. Sur les toutes premières feuilles, il ne mentionnait rien qui puisse vraiment m’intéresser, puisqu’il n’y avait rien en relation avec le fameux Morvak. J’prenais tout d’même mon temps en les lisant ligne par ligne pour ne pas avoir à rater ne serait ce qu’une seule information. Mais après plus ou moins cinq minutes de lecture minutieuse, je tombai enfin sur une page on ne peut plus intéressante.

          Jour 11

          Mon escadron et moi avions été attaqués à l’aube par plusieurs pirates. Mais malgré notre infériorité numérique, nous eûmes remportés la victoire haut la main. Certains bandits avaient fui, tandis que d’autres avaient été capturés, même si on pouvait compter plus d’une vingtaine de morts dans leur camp, et seulement qu’un léger blessé dans le notre. C’est après moult interrogatoires que nous avons eu confirmation des informations provenant d’un anonyme. Le pirate Morvak résidait bien ici. Il était inconcevable que l’on puisse établir domicile dans cette environnement si hostile et pourtant…


          Le reste de la page avait été déchiré. J’déglutis en me rendant compte que tout s’confirmait. L’doute n’était plus du tout permit. Morvak était bel et bien celui qui avait décimé cet équipage, en plus d’avoir eu l’audace d’attaquer le Léviathan il y a quelques heures. J’avais la rage là… Et pas qu’un peu. Mais qui était ce pirate, bon Dieu ?! Même si je n’en avais jamais entendu parler, cet homme créait beaucoup de problèmes à la marine. J’m’étonnai aussi que les hautes strates n’aient pas envoyé plusieurs navires pour inspecter la zone depuis la disparition de l’escadron du colonel Swan. N’étaient-ils pas soucieux de leurs propres hommes ?! Ce constat me fit rager, même si l’moment était mal choisi pour avoir en soi, un sentiment grandissant de révolte et de colère. Il me fallait coute que coute que je règle cette affaire par moi-même. Faut dire en même temps que j’n’avais pas l’choix. Ce salaud s’était attaqué au navire de l’amiral en chef. Cet acte était impardonnable ! Dans mes pensées farouches, j’avais laissé tombé le carnet de bord de feu Swan. Lorsque j’revins sur Terre, je le ramassai rapidement, avant de tomber par le plus grand des hasards sur un autre passage. Celui-ci semblait différent des autres. Déjà parce que le paragraphe semblait court, et ensuite parce que l’écriture du colonel n’était plus la même. On aurait dit qu’il était stressé en écrivant ces lignes… Ou qu’il était pressé…

          Jour 14

          Ceci est sans doute le dernier jour de notre escale. Après avoir essuyé deux attaques des pirates de Morvak, mes hommes et moi sont motivés à en finir avec son groupe. Nous avons eu à déplorer trois morts de notre côté, mais ces décès n’auront pas été vains. En effet, nous avons réussi à localiser le repaire de notre ennemi sur les côtes, au nord-ouest de l'île et à l'abri des regards. Il s’agit d’un fort tout en bois, plutôt bien équipé et complètement protégé par la faune de l’île. C’est à croire qu’ils ont réussi à apprivoiser tous les animaux qui se trouvent sur cette terre. Nous ne savons pas si nous avons une chance de les vaincre, mais nous avons le devoir de venger nos frères d’armes ainsi que de remplir notre mission. Ce sont donc mes dernières lignes écrites sur cette île. En espérant qu’elles ne soient pas les toutes dernières de mon existence…

          Commodore Swan.


          Inutile de vous dire comment j’me suis levé en trombe. Maintenant que j’avais trouvé l’indice le plus précieux qui pouvait subsister dans ce camp détruit, il n’y avait plus une minute à perdre ici. Nous allions lancer une offensive de grande envergure, même si cela devait inclure la destruction complète de toute l’île. De toute façon, qui allait m’en vouloir ? Pas grand monde en tout cas, surtout que l’on devait patienter un an dans l’coin pour qu’un log pose s’recharge. Était-ce d’ailleurs c’qui avait retenu l’équipage de Morvak en ces lieux ? Va savoir… Pour pas dire que j’m’en foutais un peu puisque j’cherchais à l’tuer. J’me mis à courir avant de tirer soudainement Keichi par le bras, histoire qu’il me suive. Nous arrivâmes en deux trois secondes devant un petit abri, avant que j’n’observe Oswald qui était entrain de se reposer de ses derniers efforts. J’savais qu’il devait être bien éprouvé, mais nous n’avions malheureusement plus de raisons de rester ici une minute de plus. J’espérai véritablement qu’il ait pu récupérer pendant ces vingt dernières minutes, puisque j’comptais relancer encore une fois notre précédente course pour vite arriver au Léviathan. Qui sait ce que pouvait préparer Morvak à l’instant même… Ce pourquoi j’me pris moi-même l’initiative de relever doucement double Face, avant que j’ne lui tende le carnet de bord, surtout que j’avais entendu du bruit pas très loin. Geste qui allait signer un tournant décisif dans toute cette histoire…

          • Oswald, Keichi… Gardez bien ce carnet et partez devant. J’ai corné la page qui va sans doute nous servir. Si vous arrivez au Léviathan, n’hésitez pas à le donner au colonel Pénélope. Elle saura quoi faire… Quand à moi, j’ai encore une chose à régler ici, avant de vous rejoindre au vaisseau ! Ne me posez pas de questions et contentez vous de courir ! Exécution !

          A peine avais-je donné mes derniers ordres que des hommes sortirent de nulle part à l’opposé du camp. Ils étaient nombreux… Très nombreux… Et ils partaient avec plusieurs avantages : Leur supériorité numérique, ainsi que leur fraicheur. Pour ma part, et quand bien même j’avais la volonté d’en découdre, j’étais plutôt épuisé. Aussi physiquement que mentalement. Et lesdites fatigues se ressentaient à travers mon visage. Nonobstant, j’n’en démordais pas. Puisque j’dégainais automatiquement mon arme. Comment n’avais-je pas pu sentir leur présence ? Ou plutôt, comment avaient-ils réussi à nous retrouver dans ce trou perdu ? Mystère. Les premiers combattants ennemis n’hésitèrent pas à nous charger, mais pour gagner du temps à Oswald et au cabot, j’me lançai seul dans la bataille. Il n’me fallut pas longtemps pour faire mouche, étant donné comment j’éliminai mes adversaires avec rapidité et précision. Du sang dégoulinait déjà sur mon meitou, avant que j’ne mette à faire un sourire narquois aux restes des gars qui s’trouvaient en face de moi. Mais c’est alors qu’ils s’écartèrent doucement, comme pour laisser avancer quelqu’un. Tout d’suite après, j’pus aisément distinguer deux silhouettes qui s’avançaient dans la pénombre. Était-ce Morvak en personne… ? Naan… Nan… ceux qui s’avançaient avaient un charisme indéniable certes, mais ils ne présentaient pas la prestance d’un leadeur de toute une armée de pirates. Bientôt, un homme massif armé d’un marteau et une jeune femme plutôt canon se présentèrent à moi, m’rendant avec intérêt mon sourire narquois…

          Mon souhait sur l’moment ? Que Keichi et Oswald soient déjà très loin d’ici avec ma précieuse trouvaille…
          Jamais…Jamais aucun marine n’avait-eu un simple sentiment d’affection à l’égard de Double Face. Jamais Double Face n’avait reçu de sincère sourire d’amitié ni d’amour. Double Face, c’était un monstre, un monstre à qui ni même la chance ne voulait prêter ne serait-ce qu’un jeton. Un simple monstre qui devait ramper indéfiniment pour survivre à tous les problèmes que le monde tentait de lui faire subir pour se débarrasser de ce rebus. Un simple rejet de la planète que tout le monde fuyait pour ne pas être maudit…
          À quoi bon servait cette existence que l’on m’avait attribué si celle-ci se voyait brisée par tant d’attentes émotionnelles brisées par mon pitoyable entourage. Étais-je dépendant affectif? Pas que je puisse savoir, je n’étais simplement qu’une victime de ce qui vivait en moi. Je n’étais désormais qu’une simple victime de Dark qui rendait mon existence chaque jour plus compliquée. Tout ça, J’LE DEVAIS À CETTE ENFLURE DE…

          Une main se tendit vers moi, toujours couché dans l’herbe humide et verdoyante à travers les ténèbres de la clairière tropicale. Un visage poilu, canin et arborant un air anxieux. Combien de temps avais-je réfléchis? Une heure? Plus? Peu semblait importer mon supérieur qui vint à son tour m’aider à me remettre sur pied.

          Le capitaine Fenyang semblait furieux, voire enragé. Une expression de panique tel celle d’un animal se lisait dans ses yeux. C’est quand il me tendit un carnet dont il m’expliqua le contenu et qu’il nous distribua des ordres à Keichi et moi que je compris que celui que j’appelais familièrement « Boss » était parti aussi loin que sa paix intérieure. Il devait être troublé…et au courant de quelque chose d’important. Probablement une chose en rapport avec le carnet que je rangeais maintenant dans mon manteau de marine. Manteau maintenant couvert de sang à différents endroits, là où certaine de mes plaies s’étaient rouvertes.
          Selon Salem, nous devions fuir, mais sans lui. Il devait « les » retenir? Mais qui étaient ce « les » ces « ils »? Ce Morvak était-il encore derrière tout ça?
          « Woho! Trève de questions! Moi j’dis qu’on reste si y va avoir d’la baston! »
          -J’suis d’accord. Boss, je préfèrerais rester à vos…
          -Exécution!
          Le ton du capitaine était sans appel, je ne pouvais que m’exécuter et retourner au Léviathan. De cette manière, je ne ferais que désobéir à tout ce que les principes de la marine pouvaient nous apprendre, mais je n’avais pas le choix si je voulais sortir vivant de cet enfer de forêt.
          Je m’avançai avec empressement vers le sentier créé par le Boss pour rejoindre le Léviathan; puis eu un dernier regard pour mon capitaine qui s’était désormais retourné vers les boisés d’où on entendait venir de nombreux bruissements. Les ennemis allaient être nombreux, Salem était probablement damné.
          -J’reviendrai vous chercher Boss! On reviendra avec l’équipage et Pénélope, z’inquiétez pas!
          Sur cette réplique, je m’élançai dans la brousse une nouvelle fois. Traversant les buissons, les racines et les lianes en compagnie de Keichi, mi homme mi humain qui courait à mes côtés. Après cinq minutes de courses. Des coups de feu se firent entendre depuis la clairière, rien qui vaille pour le propriétaire du Léviathan. Après dix minutes, mes poumons me brulaient et mon corps entier criait à la souffrance mais surtout, j’avais besoin de repos imminent. Cependant, je ne pourrais pas me permettre un tel luxe tout de suite. En effet, il fallait croire que les sbires de Morvak avait prévu ma fuite...et avaient agi en conséquence. Alors que je traversais un dense boisé, une corde se souleva juste devant moi et me fit pathétiquement trébucher sur le tapis de la jungle. Des bruits de crans de sécurité se soulevant se firent entendre autour de moi. Je pu distinguer cinq de ces sons…et compris rapidement que l’un d’eux m’était destiné. En effet, D’un buisson juste devant moi apparu un long canon qui vint se braquer sur mon front alors que deux hommes plaquaient Tachibana au sol. Les responsables de ma chute, quant à eux, arrivèrent de ma droite et de ma gauche pour à leur tour braquer leur arme sur moi.
          -Tu bouges, tu meurs! Lança le canon qui me maintenait en joue.
          Piégé. À croire qu’encore une fois l’essence même du monde tentait de m’éliminer. Encore une fois on essayait désespérément de se débarrasser de moi. Peut-être serait-ce pour un bien au fond…
          « Oh ça NON! Il nous reste un paquet de trucs à accomplir avant de pouvoir abdiquer sur ta destinée mon gars! »
          -Dark?
          « Y nous reste un sale atout dans ta manche et y s’rait temps de l’utiliser non? »
          -Un atout? Mais de quoi tu parle? J’ai plus une chance! J’suis crevé, blessé et encerclé et tu dis qu’il me reste une chance?!
          « Ouaip, et cette chance tu l’as gobé y a pas une s’maine! »
          Un éclair traversa mes pensées. Mais oui! Il me restait le pouvoir de mon fruit du démon. Fruit que j’avais volontairement mangé pour survivre dans cette jungle traîtresse qui faisait la réputation de Little Garden.

          Mais comment utiliser un tel pouvoir? Comment réussir à en faire bon usage et ainsi me débarrasser de mes ennemis?

          « Fais-moi confiance, matelot. On va encore une fois sortir de c’trou vivant! »

          Sans même que je ne puisse contrôler mon corps, je me levai calmement pour faire pleinement face à mes nouveaux adversaires. De simple pirate d’eau douce possédant une arme qui dépassait leur responsabilité. Toujours sans pouvoir garder le contrôle de mes mouvements, je levai un bras et saisi le cou de l’homme qui se trouvait face à moi. Dark – qui possédait à l’instant mon corps- leva l’homme dans les airs dans le but de l’étrangler.

          L’homme cria.
          Dark serra.
          Les pirates firent feu.

          J’avais moi-même fermé les yeux, de peur de voir ma dernière heure arriver. Je ne sentais plus rien. Seulement le silence toujours troublant de la forêt tropicale de Little Garden. En fait, je ne sentais qu’une chose, ma respiration toujours sifflante et une fatigue immense. J’étais vivant! Aussi difficile à croire que ça pouvait l’être, j’étais toujours de ce monde!

          J’ouvris tranquillement les yeux et regardai autour de moi. Les cinq hommes me regardaient d’un œil apeuré, mais surtout incompréhensif. De la fumée émanait de la bouche de chacun de leur flingue et les balles gisaient au sol…juste à mes pieds. C’est quand je réalisai ce pourquoi je vivais toujours que je rejoins leur état d’esprit; mon corps entier semblait désormais miroiter. La partie blanche de mon corps n’était maintenant plus que d’un gris métallique aux reflets lumineux. Je n’étais plus chair mais bien acier. La lumière nocturne fit miroiter la moitié noire de mon corps. Je n’étais plus qu’une lame. Mais une lame qui pense et qui respire, la plus meurtrière de toute.

          Un éclat de lune, une lame qui file.
          Une lame qui file sur la chair, alors que la lumière tente désespérément de capter ses reflets.
          Une goutte de sang, une flamme procurant la lumière aux ténèbres.
          Cinq hommes tombent, un sixième se relève.

          Et Double Face marche vers le Léviathan, même après les flammes, toujours le même navire. Un navire carbonisé reste le même navire s’il flotte toujours. Et malgré la fatigue, la douleur et la tristesse, Double Face et Keichi gravisse les marches, montent sur le pont et accomplissent leur objectif tel que demandé par un héros probablement déchu.
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            Le sourire des nouveaux venus me décontenançait assez, au point que j’perdis l’mien en un instant. Ma mine se serra au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. Malgré ma puissance, il était clair que j’étais dans une belle merde. Mais c’était ma sacrifice, ou la perte progressive mes compagnons, jusqu’à la destruction complète de mon équipage. J’étais comme qui dirait un agneau immolé par avanc,e et l’idée ne m’offusquait pas vraiment puisque l’choix avait été vite fait pour moi. J’espérai qu’Oswald puisse arriver au navire, c’qui permettrait aux autres d’échafauder un plan pour en finir avec Morvak. Ils en avaient les moyens, les aptitudes et tous mes espoirs reposaient dorénavant sur eux. L’espoir m’refit sourire, mais avec bon cœur cette fois. Il m’fallait puiser dans mes dernières ressources pour permettre à Oswald de réussir la dernière mission que je lui avais confiée. Buter un maximum de pirates. Tel était mon nouvel objectif. C’est dans cette optique des choses que j’ôtai mon manteau de colonel, avant de déchirer littéralement la chemise blanche qui restait. L’geste valut un sifflement d’admiration de la part d’la femme qui se tenait en tête du groupe des pirates excités par l’idée d’faire ma fête. Elle reluquait mon physique d’un œil plutôt salace. J’aurai moi aussi été tenté par une partie d’jambes en l’air avec elle, mais c’n’était ni le lieu, ni l’moment ; d’autant plus qu’elle n’était certainement pas la bonne personne, puisqu’elle voulait sans doute m’tuer comme les autres.

            • C’est qu’il est beau gosse notre officier. A croquer.

            • Je te prierai, Sall Hope, de bien vouloir garder tes commentaires incongrus pour toi toute seule.

            • Ta gueule le vieux ! Je dis ce que je veux d’abord !

            • Humph ! Peut être qu’un coup de marteau t’aiderait à retrouver tes esprits et à garder ta langue de vipè…

            • Ta gueule !

            • …

            Une chamaillerie s’installa entre les deux personnages qui se fusillaient littéralement du regard, m’ignorant pour un bon moment. De grosses gouttes d’eau apparurent derrière la nuque des pirates qui les suivaient, un peu comme s’ils étaient dépités par la réaction de leurs leadeurs. L’mec au marteau n’était pas Morvak. Une espèce d’intuition si j’peux dire ainsi. Profitant de la déconcentration de mes opposants, j’décochai soudainement une lame de vent qui partit s’écraser sur plusieurs arbres. Lesdits arbres se mirent à tomber sur mes opposants, et c’fut la panique générale. J’aurai pu profiter de cette occasion pour fuir, mais ils auraient retrouvé le Léviathan sans problèmes et l’auraient enflammé encore. Cette idée m’conforta dans mon choix. Les affronter tout seul était sans doute la meilleure des solutions. Mais à peine voulais-je rassembler mes esprits pour reprendre l’combat qu’une ombre plongeait littéralement sur moi. Un sous-fifre qui s’viandait. Action réaction, j’lançai rapidement mon épée sur lui. Elle se planta carrément dans son cœur, avant qu’il n’tombe, raide mort ! J’repris rapidement mon arme, et j’fis face à de nouveaux assauts. Aériens cette fois. Plusieurs pirates bondissaient sur moi. Deux… Quatre… Huit… Douze… Pas l’temps de tous les compter et d’échafauder un plan rapide, que j’décochai une lame de vent qui les éventra violemment dans les airs, avant qu’ils n’retombent comme de vulgaires mouches. Et sur cette action, j’décidai maintenant de contre-attaquer. Il m’fallait liquider un maximum de personnes tant que j’avais encore des ressources !

            Un geste dans l’vide. Une gigantesque onde tranchante. Elle prit la forme d’une grosse spirale et se dirigea vers la grande vague assourdissante de forbans qui s’dirigeait vers moi. S’ils étaient prompts à m’charger au début, ils eurent peur en voyant ma technique leur filer dessus et prirent immédiatement la poudre d’escampette. C’était seulement un peu trop tard pour fuir. La lame de vent que j’avais engendré les taillada d’partout et les fit valser dans les airs, avant qu’ils n’retombent lourdement au sol, complètement HS. Ces différentes confrontations intimidaient le reste de la clique. Tous avaient dorénavant peur d’m’approcher. Pour ne même pas leur laisser l’temps de s’enfuir, j’me mis à courir dans leur direction, lorsque j’sentis quelque chose derrière moi. Quelque chose de dangereux. Ni une ni deux que j’bondis sur mon flanc gauche, avant qu’un gros impact ne se fasse sentir sur la terre. L’souffle de cette attaque surprise m’projeta contre un arbre que j’heurtai de plein fouet. J’crachotai du sang en plantant hâtivement mon meitou dans la terre pour n’pas tomber pathétiquement. Mais c’était sans compter une lame sortie d’nulle part qui fonçait vers ma poitrine. N’me posant aucune question, j’sautai encore une fois sur l’côté gauche, avant que l’arbre qui était derrière moi n’soit abattu dans un bruit sinistre. Quelques roulades arrières dans la poussière, les ronces et les lianes et j’me redressai, tout essoufflé, observant brièvement mes assaillants qui n’étaient autres que les leadeurs… L’un avait provoqué un gigantesque cratère dans la terre avec son gigantesque marteau… L’autre avait abattu facilement un gros chêne avec son sabre…

            C’était pas bon… C’était carrément pas bon ! Car hormis leur force colossale, j’étais presqu’à bout. Ma vue commençait à être trouble, sans compter que j’tenais à peine sur mes jambes. Ma respiration saccadée montrait à quel point j’étais épuisé. Ma mine sale et plus ou moins dépitée m’rendait vraiment misérable. Et c’était peu d’le dire. J’eus encore la force d’trancher la tête d’un imbécile qui fonçait sur moi, et j’me mis à sourire à mes adversaires qui se tenaient à quelques mètres. « Abandonne Fenyang… C’n’est pas comme si nous voulions te tuer. Le capitaine s’en chargera volontiers. » Mes yeux s’écarquillèrent tout d’un coup ! Fenyang qu’elle avait dit ?! Comment… Comment m’connaissait-elle ?! J’ne m’étais pourtant pas présenté. J’voulais bien croire à ma popularité grandissante, mais comment avaient-ils pu me reconnaitre vu qu’ils semblaient avoir longtemps campé sur cette ile ?! A la vue de mon air confus, la jeune femme se mit à rire aux éclats, avant de me rafraichir la mémoire… « Faut croire que tes éclaireurs ont trop parlé avant de mour… » « TA GUEUUUUUULLLLE !!!! » Explosion ! J’étais vénère ! Elle avait réussi à me mettre en colère et elle allait le regretter ! C’est d’une impulsion farouche que j’me jetai littéralement sur elle et sans réfléchir. L’espace et le temps n’existait plus. Il n’y avait qu’elle… Elle et moi… Et tout c’que j’désirai, c’était la faire taire et venger mes camarades. Mais alors que j’me rapprochai d’elle en furie, la pirate conserva son sourire moqueur ; sourire qui m’mit la puce à l’oreille…

            Je l’avais oublié…

            Lui et son marteau…

            Et le drame s’produisit…

            « BIIIIIM »


            Quelques secondes seulement avaient suffi à Goldorak, qui avait profité de mon inattention pour glisser derrière moi et m’assener un gros coup d’marteau à la tête. La douleur parcourut tout mon corps en un instant, avant que j’ne tombe violemment au sol. J’mordais vraiment la poussière là. C’est à cet instant que ma vue se brouilla complètement. J’n’arrivais plus à voir correctement. Le coup du marteau m’avait fendu le crâne en deux, tant et si bien que la forte douleur qui s’emparait de moi m’empêchait de hurler mon mal. Quelque chose de froid coulait lentement sur ma nuque. Mon sang ? Sans aucun doute, vu la violence de l’attaque. Mon ouïe m’faisait également défaut puisque j’ne percevais plus rien, mis à part un son aigu qui m’tuait les tympans. J’n’arrivais même plus à grincer des dents où à remuer les lèvres… Les deux antagonistes s’approchèrent de moi, totalement satisfaits. Autour d’eux, c’était des applaudissements, des rires et des caquètements. J’voulus tenter de m’accrocher à la dure réalité tout en réussissant à bouger ma main droite, mais c’en était fini de moi… Le noir peignait doucement ma vue, puisque je tombais définitivement dans les pommes et à la merci de ces pirates. Sall Hope utilisa son pied droit pour bouger mon corps presque sans âme, et décrivit une mine ravie. Goldorak pour sa part, n’se fit pas prier pour me ramasser comme un vulgaire objet, avant de m’accrocher à l’une de ses épaules. Sans un mot, il se mit alors en route pour le camp, suivit des autres hommes, leur besogne étant accomplie.