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Ofelas [OneShot 1622]

Previously on…

Hey bambina, j’sais pas ben si tu t’souviens, mais avant qu’on s’comme qui dirait acoquine toi et moi, surtout toi, j’en étais au moment où j’partions pour Impel Down à bord del navire du bon gars Hadoc, fervent défenseur des libertés individuelles devant l’éternel, surtout les siennes ou celle du people des basses vies et en tout cas jamais les miennes vu qu’j’ai direct commencé dans les geôles de c’tas d’voilures infâmes qu’était le Passeur. Jdis "était", s’ça s’trouve il roule encore les flots, le bougre de quilleux. M’fin donc, ça t’diroit-y que j’continue ma gamberge sur le sujet l’temps qu’on r’tourne te faire des bâtards ? De quoi m’flatter l’ego et l’tien aussi au passage, vu qu’c’est une histoire qui prouve même si t’en as plus ben b’soin qu’mes balloches c’est pas des prunes…Oui t’aimes ça les gestes zéroïques ? Jte crois, t’as les bougies des innocentes dans les mires. File-moi un truc à damer pour récup ma vigueur de barde hors-pair et range donc ta mamelle, ça m’distrait. Allez, partis.

Donc, suis monté un peu à bord du Charon juste après … C’est "Charon" que t’as pas compris ? Pas grave, accroche-toi à mes muscles virils pour suivre. Donc, suis grimpé à bord avec les chaînes qui vont bien, tu sais celles en granit marin des fois que j’sois dangereux. Haha, procédure, procédure, elle a la belle vie la procédure avec des gars comme le bon captain Hadoc. Commodore Hadoc, j’te prie. Les grands honneurs et tout, ça m’a fait plaiz. Par contre tout Goa a vu ma tronche au moment du transfert, le temps qu’les instances compétentes décident que fallait mieux m’envoyer chez DoDown que me laisser en liberté dans les cages locales. Et vu qu’au sein, pas l’tien c’ui d’la populace, vu qu’au sein des loqu’teux donc on m’tenait responsable au même titre que ce sale môme de Timmy des explosions qu’avaient ravagé l’endroit, personne m’a remercié, les encu. Les ingrats.

Putain, quand même, alors que quinze ans auparavant j’avais sauvé les caisses de pinard de leur architrouduc des viles pensées mesquines de ce tripatouilleur de… merde, v’là qu’j’ai oublié son nom, tiens, à l’autre zigue avé ses binocles en couleur. J’me fais vieux poulette, et tes caresses langoureuses sur mon torse velu de vrai mâle y pourront rien changer, mais continue quand même, va, c’est pas perdu. Et donc ingratitude des pouilleux locaux, ces connards auraient quand même pu faire un effort, et on est partis sous les tomates même pas mûres. Vu que c’était des tomates… Non laisse tomber. Passeur et hop, j’ai pas fait trois pas sur l’pont qu’on m’a envoyé direct au premier sous-sol, dans les cales tout juste. Des cales de luxe, attention, ça avait été spécialement briqué pour moi, jcrois, et ça sentait encore l’encaustique. Pas d’traitements inhumains, qu’il avait dû susurrer, le commodore à barbe. Et puis on est partis, j’ai entendu la mer sous la cale.

C’était une chouette compagnie, le samouraï. Tout l’temps à se la péter façon gros chien bien dressé alors que moi, bon, jsuis plutôt du côté des bâtards qui survivent en r’ssortant les instincts du padre lupesque, mais sympa. Pas trop prompt à la blague facile, mais rusé et vif d’esprit. L’est v’nu m’voir deux trois fois dans ma cave, voir si j’allais bien. Même, il a voulu m’filer d’la lecture jcrois bien, une fois. Un truc écrit par un bridé de l’est, mais j’ai craché sur le sol pour marquer mon point et il est plus r’venu qu’avec un peu d’saké et du pisse-pépé. J’ai fait avec, dur’ment mais j’ai fait avec. Fallait m’voir la gueule sèche de trop boire théiné. Et puis après on s’est quittés. Ouais, c’est con mais bon, c’est la vraie vie. On s’est quittés pour une de ces raisons comme la mouette en chie deux par jour et par mer, à savoir qu’on requérait les services du bon sieur capitaine en l’endroit machin, et urgemment, alors la fin de mon transfert y pouvait se la foutre derrière l’oreille, c’était un autre qui prenait l’relais.

L’autre, c’fut un vrai con. Tu vois, "con" ? Ben prends encore plus con, et encore encore plus con, et t’auras une idée. Ce mec, j’en aurais pas voulu pour me trouver les puces. Je sais pas comment il a fait pour finir commandant, sérieux. Et je sais pas comment on a cru bon d’me refiler entre ses pattes, je te jure. Persifalle, il s’appellait. Persifalle le Galeux. Un galeux, donc. Un galeux d’première et son navire était à l’av’nant. On était déjà pas loin d’Calm Belt quand y m’ont changé d’cellule, et je t’avoue, j’ai quarante ans passés, hein, jsuis un grand, mais je t’avoue qu’quand j’ai vu dans quel crasse je retombais, j’ai eu un blanc. Un blanc pis j’ai ri. Putain, c’était une porcherie, le machin. Non mais une vraie, t’sais, avec des poulets vivants dedans pour assurer les vivres pendant les traversées. Je crois que j’ai écopé du seul navire de guerre pas conçu pour traverser Calm. Sisi, c’est possible. Je l’ai pas cru, hein, mais c’est possible. On y allait en touristes complets. Complets touristes.

J’ai atterri dans la fange des bouffeurs de merde et on m’a laissé croupir là pendant bien deux bonnes semaines avant qu’on appareille. La bouffe arrivait en même temps qu’celle des bêtes, ce qui me dérangeait pas spécialement rapport à c’que sans être un poreux, j’ai eu mes années d’misère, et. Et puis, quand les trompettes du départ ont sonné, quand l’ancre s’est relevée parc’que le vent était favorable, j’ai ricané. Ricané du feu de dieu, t’aurais dû voir ma tête et celles de mes voisins d’chambrée, on était copains comme cochons dis donc. Hinhin. Sauf qu’eux c’était because on venait de leur taper les rognons d’barbaque de leurs congénères délaissés par le boucher et faisandés par les mouches depuis lors. Hardi, moussaillonne, te v’là partie pour Calm Belt avec tonton ! T’es prête ?


Ofelas [OneShot 1622] 661875SignTahar
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…T’étais prête. Tu m’laisses continuer maint’nant ? Bougrese, t’vas réveiller les quatorze petits frères et les douze petites sœurs que ton papa t’a donné sinon… Et j’aime pas les mômes qui chialent.

Donc, Calm Belt. Moi j’connais bien. Et toi, t’connais un peu ? Non ? Jamais trempé un doigt là-bas, un bas ou une jambe ? Non ? Ben en fait c’est très simple. Tu prends tout c’qu’on t’a déjà dit sur le sujet, à savoir que c’est calme, qu’y a pas un pet d’vent, rien qui bouge et rien qui tressaute à la surface lisse de l’onde qui transcende chacun jusqu’au tréfond d’son âme de poète blah blah, et tu le colles sur une mer que tu connais, grand plat, grand bleu, grand soleil. Et puis t’attends sans rien faire venir à la surface tout du long, et quand t’en as marre d’imaginer ça où y s’passe rien, tu continues, tu continues, et tu t’forces à continuer. Et là, quand vraiment t’as les nerfs qui te font des secousses dans les muscles tell’ment tu t’emmerdes à imaginer un truc où y a rien, ben tu commences à avoir une idée de ce que c’est là-bas. Et de temps en temps, tu fous un roi des mers qui veut te becqu’ter par le fondement quand tu cherches à t’le rincer au sel.

Bon, quand t’es sur un bateau de la marine, c’est beaucoup moins chiant, évidemment, vu qu’eux ont ce qu’il faut là où il faut pour pas que ça dure cent ans. Et moi, bon, je t’ai dit que le bateau du Galeux était pas fait pour Calm Belt. C’tait faux, c’tait pour dire qu’y pouvait décemment pas espérer encaisser une attaque de monstre marin un jour de grand plat. Je sais même pas si y avait du granit marin sur la quille. T’sais, le truc pour éviter que. Mais niveau propulsion, on est allés à voile jusqu’à la frontière du grand néant, mais après y avait quand même un système de propulsion hydraujsaispasquoi pour pas qu’on soit en rade à attendre la tempête qui vient jamais là-bas. Et on est entrés.

Mer d’huile, donc. Pas un chat à l’horizon, pas un crabe, pas un poiscaille. Pas un truc qui flottait. Pas un putain d’rondin à la dérive, même pas ceux du navire que tu sais qu’il s’est crashé avant toi, y a toujours un navire qui s’est crashé avant toi. Mais rien, à croire qu’ça avait disparu direct au fond, alors que pas possible. Ou alors c’taient les monstres qui s’taient mis à bouffer du bois mais ça… bon.

Rien jusqu’au soir. Traversée réglo. Capitaine con comme mes pieds, comme tes pieds, comme des pieds, quoi. Con. Mais équipage okay, compétent, pour compenser. Ca sentait l’piston. Imagine une équipe de pêche qui navigue à vue, de nuit, avec juste deux torches au quart pour bien te mettre dans l’ambiance. Bon, moi j’y étais pas, vu qu’j’étais en soute, mais j’imagine bien la scène. Et puis j’entendais. J’entendais l’grand vide. Tu sais. Quand t’es en bas dans un bateau, et qu’t’écoutes, et qu’t’as calmé les bestioles qui s’font plaisir sur ta jambe d’un grand coup de latte dans la tête, normalement quand t’es un peu sensible comme moi, t’entends, le bruit de la mer sur la coque. Le bruit de la quille et de l’étrave dans la mer. Mais là, rien. Même pas ça. Alors j’me suis dit c’est pas normal. Et j’me suis roulé en boule, accroché aux os d’un porc que j’ai désossé à la mimine. Les os c’est creux, que j’me suis dit. En fait c’est très con mais ça m’a servi quand même, bouge pas.

C’est au troisième top que j’ai compris qu’un truc allait pas. J’tais dans l’noir, la r’lève devait v’nir de s’faire à la vigie puisque j’entendais des voix et des pieds sur des marches vers les dortoirs. Et puis ensuite. Ensuite… VLAN. Le bateau s’est arrêté net. On avançait, hein. Même si j’entendais rien on avançait. Mais là, bam, le mur. Le truc qui nous suivait à la trace par devant au nez du bateau avait décidé de passer à l’acte. Et passer à l’acte, jsais pas bien si tu sais c’que c’est, baby, pour un roi des mers version masta. J’vais pas rencontré le terrible méga ramier à l’époque, tu sais, c’ui de l’archipel vert, donc j’pouvais pas comparer. Mais maint’nant que j’ai c’passif, et "même maint’nant" que j’ai c’passif, même, ben ce truc était plus gros, plus fort, plus méchant aussi. Il voulait nous bouffer.

Moi j’voulions pas, et jcrois qu’le Galeux non plus, voulait pas bien, même s’il était con comme ses pieds, qu’étaient pires qu’les miens pour autant qu’jme souvienne. Et faut y aller, jdis ça en toute modestie. Bref, attaque. Je te dis pas le carnage, c’était la panique. La proue s’est barrée comme si c’était un module complémentaire du navire, t’sais. Avant elle était là, pis après elle était plus là. Jsais pas si y avait du granit que là, mais on aurait dit qu’la bête voulait s’en débarrasser. Pis elle a réussi, hein. Donc. Plus d’proue, le bateau à l’air sur la moitié d’sa longueur, et moi au milieu à la cale, à m’prendre des torrents d’eau dans la gueule et les porcs se noyant les uns à la suite des autres dans l’tourbillon créé par le monstre. Le monstre, je l’ai pas vu, je sais pas à quoi il ressemblait vraiment Mais il était plus grand, plus fort, plus méchant aussi qu’le méga ramier de l’archipel vert.

Et il a mis sa misère à un peu tout, et le bateal du bon Persifalle a coulé, avec son capitaine ou pas, mais sans plus grand-monde à bord. Soit z’avaient sauté, soit s’étaient fait bouffer, dans les deux cas la plupart a dû finir dans son bide. J’ai pas vu, j’étais en train d’lutter entre les carcasses et les débris, et la flotte, et le monstre qui voulait absolument pas d’moi, je sais même pas s’y m’voyait, mais si j’me cognais contre lui j’étais mort. Et les courants m’entraînaient, pourtant, vers lui, alors jdevais nager. Et c’est là l’utilité du fémur récupéré juste avant dans un bon pressentiment. Même avec des menottes et des fers, un fémur de porc, ça dégage un peu la voie quand t’essaie, d’abord de pas t’noyer, et ensuite de pas sombrer, et ensuite de surnager.


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Et oui j’ai réussi, vu qu’jsuis là. Et non j’ai pas tué le roi marin. Jsuis fort, surtout maint’nant et t’as pu t’en rendre compte me semble, mais à l’époque j’étais tout keus sans mon fruit. Et encore rouillé d’mes années d’errance aussi. Bon, par contre jpouvais nager à l’époque, même avec des menottes pas faites pour ça, mais j’aurais bien trouvé un moyen si j’l’avais eu. Le fruit. Pis j’lui aurais cassé les dents après l’avoir forcé à m’convoyer jusqu’à la terre ferme. Un truc comme ça. Oh ta gueule, hein, avec tes yeux trop vifs, toi. Pis jsuis crevé, là… La fin ?

Mais y a pas d’fin ma bonne. La fin, c’est qu’jme suis laissé dériver. Longtemps longtemps. Genre, longtemps. Et à peine j’ai r’trouvé mes esprits, jcrois bien que j’étais déjà sur South Blue. Ouais. Jsais pas trop quand j’ai traversé Grandline dans la largeur, si c’est l’monstre qui m’a éjecté loin très loin dans les airs jusqu’à c’que j’atterrisse de l’autre côté, ou si dériver toute la nuit a suffi, ou si en fait j’avais perdu la notion du temps et si on avait navigué plus qu’une journée avant d’naufrager. Jsais pas bien. Jsais même pas trop comment ça s’est passé après, d’ailleurs. Jcrois bien qu’ils ont dû croire que j’avais servi d’casse-dalle au monstre en même temps qu’le reste de l’équipée folle, et qu’, pendant quelques jours, ils ont eu l’espoir d’un monde meilleur. Hinhin.

Mais jsuis une teigne. Une tique, un suceur de sang ouais. Du coup jsuis pas mort. Et quand j’me suis réveillé, j’étais out. Vivant mais out. J’avais mangé. J’étais fringué. Et j’étais réparé tout bien pour faire des trucs qu’allaient faire comprendre que, non, c’était pas la peine de tomber le Wanted. Tahar avait vu pire. Mais ça, c’est l’début d’un autre truc. Jte laisse, faut que j’cuve. Tu libères la place dans l’pageot ? T’es bien mignonne.


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