"Car un jour, mon fils, tu sauveras le monde."
Caressant la gravure dissimulée à l'intérieur de la gaine du cuir du bracelet ouvragé, l'assassin laissa échapper un sourire attristé. Vêtu de sa simple chemise en lin noire, il se laissait envoûter par le parfum enivrant de la cité. La vie nocturne avait pour lui un charme inexpliqué, qui avait le don de le laisser nostalgique et désemparé. Se dissimuler dans les ombres, apprendre à jouer du fil de sa lame. C'était un entraînement, un mode de vie éreintant. Jamais il ne prenait le temps de vivre, d'apprécier le moment présent. Une faiblesse aurait dit son frère. Ce qui le rapprochait de ceux pour qui il se battait, lui aurait-il répondu. Manshon était un lieu où la peur et l'ordre, malgré tout, régnaient, un lieu qu'il espérait sauver. Mais il ne se leurrait pas, ce n'était qu'une étape dans son rêve d'ascension. Rafael n'était qu'un homme qui devait se hisser bien au delà de sa condition. Et pendant que la plèbe se perdait dans les luttes intestines de cette citée illuminée, lui restait là, à mirer les reflets de la Voie Lactée sur les vagues du port. Une époque, où l'adolescent qu'il cessait d'être vivait ses derniers instants. Où la beauté des choses importait à ses yeux. Une époque où le sang ne comptait pas autant que la justice.
La vie nocturne battait son plein, un brouhaha chatoyant qui lui tirait sourires et gloussements. Si sa condition n'était pas rêvée, elle lui permettait d'observer sans gêne des spectacles que nul autre que lui n'aurait trouvé divertissant. De voir la drague ingénue d'une jeune fille envers l'homme qui lui tenait le bras, bellâtre blond et imberbe. Le pêcheur qui rentrait de sa journée harassante retrouver femme et enfants. Connaîtrait-il lui aussi cette paix ? Son combat cesserait-il ? Non, car un jour, il sauverait le monde. L'heure n'était pas à de pareilles fables, il avait passé l'âge où la Matrone lui comptait les aventures de ses ancêtres, où glaive à la main Rafael luttait pour l'honneur de sa famille, imaginant avec Césare que les palmiers de la côte n'étaient que dragons et chimères venues lui ôter père et mère. Un frisson lui parcouru l'échine, les vents commençaient à se lever. Il enfila son bracelet, tira sa chemise de lin par dessus. Le symbole à l'effigie des Auditore disparaissait sous le tissu sombre de son habit. Il était temps de se faufiler à nouveau parmi les ombres et les gargouilles de l'architecture fantasque de la cité.
Descendre de son perchoir était plus facile que d'y accéder. Ses muscles le tiraient, restes de ses promenades quotidiennes. Quitter l'endroit pour quérir un refuge où trouver nourriture et toit pour la nuit lui donnait les forces d'affronter la nuit. Ceci, et la rapière qui battait sa cuisse, solidement harnachée à sa ceinture. Rafael repoussa en arrière ses cheveux de jais, trop courts pour être noués correctement. Glissant entre les pierres, il se retrouva bien vite à terre, à la hauteur de ceux qu'il contemplait quelques minutes plus tôt. Il s'assura alors de n'être point suivi, puis s'engouffra dans une ruelle où la lumière de la ville n'osait s'aventurer. Il n'avait pas peur des mafias grandissante de la ville, suffisamment discret pour échapper à leurs sentinelles et créanciers malavisés. Ce fut au moment même où il quittait la lumière qu'une timide mélodie se fit un chemin jusqu'à son oreille. S'arrêtant un instant, l'assassin se figea, frémissant sous les vibrations cristallines de cette triste mélopée. Comme un chant venu d'outre-tombe, qui le hanta soudain. Une mélodie qui le ramenait à ses années juvéniles, qui résonnait en lui. Une musique qui avait le don de l'apaiser, de le ramener à ce qui se rapprochait le plus d'un foyer. La Matrone, Césare. La plage. Un feu qui s'élevait à plusieurs pieds de haut, la chaleur et le réconfort. Avant que tout ceci ne commence. Elle, l'Amazone qui les avait élevés, portait à sa bouche un objet fait de terre cuite, dont il n'aurait su dire la fonction. Puis ses doigts courraient sur les embouchures de l'instrument, en tirant une litanie similaire. Non, c'était exactement la même. Un frisson parcourut son échine. Il devait trouver qui faisait ça. C'était peut-être le dernier fragment de ce qui faisait de lui un être humain comme les autres, son innocence.
Il ouvrit la porte de la taverne, les yeux écarquillés, pareil à un enfant. Au fond, sur la scène, une femme faisait glisser ses doigts sur un ocarina. Il resta interdit, contemplant la jeune femme. D'où tenait-elle cette mélodie ? Qui était-elle ? Il n'était pas sot au point de lui vouer son coeur, mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de penser à la Matrone, à qui il devait la vie. Il dut rester sans bouger trop longtemps car, une brusque poussée dans l'épaule l'obligea à s'engouffrer dans l'auberge. Un malabar venait de le faire avancer du plat de la main. Le jeune assassin secoua la tête puis alla s'installer au fond de la salle. Il acquiesça pour la bière et le plat du soir, sans décrocher les yeux de la petite troupe qui officiait là. Les morceaux passèrent, changèrent mais il restait subjugué par la femme qui avait su l'enchanter avec seulement quelques notes. Lui qui était devenu l'un des tueurs les plus recherchés d'East Blue venait de se faire amadouer par une simple mélodie. Et lorsqu'ils se mirent en tête de quitter l'endroit, réclamant leur recette, l'assassin ne se laissa pas démonter, et alla se placer devant la musicienne. La nuit était déjà fort avancée, mais il n'en avait cure. Il planta son regard océan, insolent dans les yeux de la jeune femme, sans se préoccuper des regards indignés des autres membres de la troupe. Ils avaient du le remarquer tout au long de la soirée, tout comme les quelques bières qui avaient fait rosir ses joues. Mais ils se trompaient certainement sur ses intentions. Toujours était-il qu'ils ne semblèrent pas s'opposer à lui lorsqu'il s'avança jusqu'à elle.
"Apprends-moi. Apprends-moi à jouer de cet instrument." lui demanda-t-il, ne sachant s'il était en train de quémander ou d'ordonner.
Caressant la gravure dissimulée à l'intérieur de la gaine du cuir du bracelet ouvragé, l'assassin laissa échapper un sourire attristé. Vêtu de sa simple chemise en lin noire, il se laissait envoûter par le parfum enivrant de la cité. La vie nocturne avait pour lui un charme inexpliqué, qui avait le don de le laisser nostalgique et désemparé. Se dissimuler dans les ombres, apprendre à jouer du fil de sa lame. C'était un entraînement, un mode de vie éreintant. Jamais il ne prenait le temps de vivre, d'apprécier le moment présent. Une faiblesse aurait dit son frère. Ce qui le rapprochait de ceux pour qui il se battait, lui aurait-il répondu. Manshon était un lieu où la peur et l'ordre, malgré tout, régnaient, un lieu qu'il espérait sauver. Mais il ne se leurrait pas, ce n'était qu'une étape dans son rêve d'ascension. Rafael n'était qu'un homme qui devait se hisser bien au delà de sa condition. Et pendant que la plèbe se perdait dans les luttes intestines de cette citée illuminée, lui restait là, à mirer les reflets de la Voie Lactée sur les vagues du port. Une époque, où l'adolescent qu'il cessait d'être vivait ses derniers instants. Où la beauté des choses importait à ses yeux. Une époque où le sang ne comptait pas autant que la justice.
La vie nocturne battait son plein, un brouhaha chatoyant qui lui tirait sourires et gloussements. Si sa condition n'était pas rêvée, elle lui permettait d'observer sans gêne des spectacles que nul autre que lui n'aurait trouvé divertissant. De voir la drague ingénue d'une jeune fille envers l'homme qui lui tenait le bras, bellâtre blond et imberbe. Le pêcheur qui rentrait de sa journée harassante retrouver femme et enfants. Connaîtrait-il lui aussi cette paix ? Son combat cesserait-il ? Non, car un jour, il sauverait le monde. L'heure n'était pas à de pareilles fables, il avait passé l'âge où la Matrone lui comptait les aventures de ses ancêtres, où glaive à la main Rafael luttait pour l'honneur de sa famille, imaginant avec Césare que les palmiers de la côte n'étaient que dragons et chimères venues lui ôter père et mère. Un frisson lui parcouru l'échine, les vents commençaient à se lever. Il enfila son bracelet, tira sa chemise de lin par dessus. Le symbole à l'effigie des Auditore disparaissait sous le tissu sombre de son habit. Il était temps de se faufiler à nouveau parmi les ombres et les gargouilles de l'architecture fantasque de la cité.
Descendre de son perchoir était plus facile que d'y accéder. Ses muscles le tiraient, restes de ses promenades quotidiennes. Quitter l'endroit pour quérir un refuge où trouver nourriture et toit pour la nuit lui donnait les forces d'affronter la nuit. Ceci, et la rapière qui battait sa cuisse, solidement harnachée à sa ceinture. Rafael repoussa en arrière ses cheveux de jais, trop courts pour être noués correctement. Glissant entre les pierres, il se retrouva bien vite à terre, à la hauteur de ceux qu'il contemplait quelques minutes plus tôt. Il s'assura alors de n'être point suivi, puis s'engouffra dans une ruelle où la lumière de la ville n'osait s'aventurer. Il n'avait pas peur des mafias grandissante de la ville, suffisamment discret pour échapper à leurs sentinelles et créanciers malavisés. Ce fut au moment même où il quittait la lumière qu'une timide mélodie se fit un chemin jusqu'à son oreille. S'arrêtant un instant, l'assassin se figea, frémissant sous les vibrations cristallines de cette triste mélopée. Comme un chant venu d'outre-tombe, qui le hanta soudain. Une mélodie qui le ramenait à ses années juvéniles, qui résonnait en lui. Une musique qui avait le don de l'apaiser, de le ramener à ce qui se rapprochait le plus d'un foyer. La Matrone, Césare. La plage. Un feu qui s'élevait à plusieurs pieds de haut, la chaleur et le réconfort. Avant que tout ceci ne commence. Elle, l'Amazone qui les avait élevés, portait à sa bouche un objet fait de terre cuite, dont il n'aurait su dire la fonction. Puis ses doigts courraient sur les embouchures de l'instrument, en tirant une litanie similaire. Non, c'était exactement la même. Un frisson parcourut son échine. Il devait trouver qui faisait ça. C'était peut-être le dernier fragment de ce qui faisait de lui un être humain comme les autres, son innocence.
- mélodie en question :
Il ouvrit la porte de la taverne, les yeux écarquillés, pareil à un enfant. Au fond, sur la scène, une femme faisait glisser ses doigts sur un ocarina. Il resta interdit, contemplant la jeune femme. D'où tenait-elle cette mélodie ? Qui était-elle ? Il n'était pas sot au point de lui vouer son coeur, mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de penser à la Matrone, à qui il devait la vie. Il dut rester sans bouger trop longtemps car, une brusque poussée dans l'épaule l'obligea à s'engouffrer dans l'auberge. Un malabar venait de le faire avancer du plat de la main. Le jeune assassin secoua la tête puis alla s'installer au fond de la salle. Il acquiesça pour la bière et le plat du soir, sans décrocher les yeux de la petite troupe qui officiait là. Les morceaux passèrent, changèrent mais il restait subjugué par la femme qui avait su l'enchanter avec seulement quelques notes. Lui qui était devenu l'un des tueurs les plus recherchés d'East Blue venait de se faire amadouer par une simple mélodie. Et lorsqu'ils se mirent en tête de quitter l'endroit, réclamant leur recette, l'assassin ne se laissa pas démonter, et alla se placer devant la musicienne. La nuit était déjà fort avancée, mais il n'en avait cure. Il planta son regard océan, insolent dans les yeux de la jeune femme, sans se préoccuper des regards indignés des autres membres de la troupe. Ils avaient du le remarquer tout au long de la soirée, tout comme les quelques bières qui avaient fait rosir ses joues. Mais ils se trompaient certainement sur ses intentions. Toujours était-il qu'ils ne semblèrent pas s'opposer à lui lorsqu'il s'avança jusqu'à elle.
"Apprends-moi. Apprends-moi à jouer de cet instrument." lui demanda-t-il, ne sachant s'il était en train de quémander ou d'ordonner.