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L'Odyssée, chant II : l'Atlas.

« Ecoute bien ! Mon premier est… une boisson !
- Oui…
- Mon deuxième est une boisson !
- Ouah...
- Mon troisième est… une boisson aussi !
- Ahum…
- Et mon tout est une boisson ! ALORS ? »

Pas de réponse, ni un quelconque intérêt. Enzo me regardait fixement en attendant que je daigne lui adresser la parole, mais mon nez était plongé dans le journal du jour. Il baissa les pages et me lança d’une voix forte et pleine de joie :

« Un Café au lait ! »

Je fronçai un sourcil en levant le nez de mon article, lui faisant un petit sourire :

« Mon dieu, mais c’est vachement fort, dis donc !
- T’en veux une autre ? J’en connais plein !
- Oh, oui. Dis-moi donc, je trépigne d’impatience d’en savoir plus. Tu es si drôle…
- Mais… tu ne serais pas en train de te moquer de moi ?
- Mh ?... Tu disais ? »

Enzo se décomposa, conscient que je ne l’écoutai pas du tout, ne répondant que machinalement à ce qu’il me disait. Un petit sourire au coin des lèvres, je lui jetai un regard équivoque qui en disait long. Comprenant que je le charriai, il me répondit :

« Gnéh, je me vengerai de ça aussi.
- Tout de suite, c’est beaucoup plus amusant ! »

Nous descendîmes à la suite sur le quai du Royaume de l’Absurde, quittant notre équipage actuel sans être vraiment chagriné de le faire. L’on nous indiqua (enfin, plus à Enzo qu’à moi) que notre prochain transport était déjà arrivé, mais qu’il ne partirait que dans la soirée. Il n’était que dix heures du matin et nous avions donc quartier libre pour explorer notre nouvelle terre d’accueil.

« Que veux-tu faire ? Me demanda Enzo.
- Mh… Nous avons notre journée ?
- Ouais.
- Préparons-nous et allons faire les touristes lambdas ? Ça ne peut pas nous faire de mal. »

Enzo hocha la tête comme toute réponse. Nous primes nos affaires et allâmes jusqu’à nos nouveaux quartiers. L’on nous accueillit d’une façon d’autant plus simple et moins contraignante qu’à notre première rencontre. Nos nouveaux collègues étaient, certes, surpris par nos compagnons respectifs mais appréhendaient nettement moins le voyage que nous allions partager ensemble. Quelques banalités échangées et le temps de prendre de quoi vivre pour la journée, nous nous retrouvâmes, Enzo et moi-même, sur le pont du navire à nous regarder. Anko et Bee étaient assis près du bord et jouaient tous les deux à un jeu de cartes, regardant mutuellement leurs mains en se lançant des regards perçants.
Enzo appela son amie, qui, pour toute réponse, lui fit un signe de la queue signifiant « pas maintenant, tu vois bien que je suis occupée ! ». Bee me snoba encore plus royalement en me lançant un « kouak » dédaigneux. Il fallait nous résoudre tous deux à n’être qu’en tête à tête pour la journée, et même si les séparations étaient à chaque fois difficile, nous imaginions qu’il ne pourrait rien nous arriver de vraiment fâcheux dans la journée.

*

« Tiens, et si on apprenait à faire connaissance ? Je ne sais pas jusqu’où est-ce qu’on va se suivre. D’ailleurs, ou est-ce que tu te rends, toi ? Et qu’est-ce que tu vas y faire ? C’est quoi ta spécialité ? »

Beaucoup de questions tandis que nous marchions en direction d’une petite ville excentrée du royaume principale. Les mains dans les poches et les yeux tournés vers Enzo, je lui lançai un regard mignon au possible, vraiment impatiente d’en savoir un peu plus sur lui.

« Et ça fait combien de temps que tu connais Anko, d’ailleurs ? Vous avez l’air tellement proche, elle te protège comme une mère ! C’est fou ! Je t’avoue que j’ai un peu peur des serpents, mais Anko a l’air tellement tendre que ça m’enlèverait presque mes angoisses. Et puis, ils s’entendent bien, avec Bee ! Première fois qu’il arrive à se faire un copain au sang-froid si rapidement ! »

Replongeant mon nez dans ce que j’avais emprunté avant de partir, je m’exclamai juste après :

« Tiens, sur la brochure touristique, ils disent qu’il y a un spectacle de saute-mouton dans le village ou on va. Ainsi que des artisans qui valent le détour ! Moi, j’aimerai bien voir celui-ci ! »

Je lui ouvris le guide en lui désignant du doigt la photo d’un homme à côté d’une énorme pierre.

« Paraitrait que ça fait près de deux ans qu’il essaye de passer sa pierre de l’autre côté de la colline, pour boucher un trou d’une grotte et qu’il la retrouve à chaque fois au pied de celle-ci. J’aime bien les mystères ! J’aimerai bien comprendre ! »

Le nez toujours dans la brochure, Enzo m’arrêta soudainement. Je baissais le prospectus pour regarder ce qui se tramait. Un feu de signalisation venait de passer au rouge, et devant nous, une meule de foin alla d’un côté du champ jusqu’à l’autre. Immédiatement après, le feu repassa au vert et nous pûmes continuer notre route :

« Alors, intéressé par quelque chose ? Dis-je en agitant mon papier sous son nez. »
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Cette fille n'avait pas d'humour. Vraiment pas d'humour. Elle était peut être incapable de rire? Ou de ressentir l'euphorie? En tout cas, elle aurait du rigoler à ma blague. Elle était hilarante ma blague! Hilarante ET originale! C'est tout! Et le premier qui me dit que j'ai un humour de merde je lui fait le gag du cactus dans le pantalon! Erf, voila que je m'énervais encore pour pas grand chose. Décidément, cette fille était prête à tout pour me mettre hors de moi. Enfin, je critiquais, je critiquais, mais c'était grâce à elle et à son merveilleux compagnon, Bee, que j'avais réussi à survivre à une tempête. Et ouais, l'étrange petite troupe composée de Lilou, de Bee, d'Anko et de moi était arrivée sans (trop de) problème au royaume de l'absurde. Et c'était tant mieux! Au début de la journée, nous avions rencontré l'équipage qui nous mènerait à notre prochaine destination,e t, dieu merci, ils avaient l'air beaucoup plus sympathique que ce crétin de capitaine Smith et toute sa clique de superstitieux. En plus, ils n'avaient pas (trop) peur d'An, et ça, c'était vraiment une bonne chose. En parlant d'elle, mon bébé s'était faite un nouveau copain: Bee. Contre toute attente, elle s'entendait bien avec le canard robot, et même si j'étais un peu jaloux, je devais avouer que ça me faisait plaisir. C'est rare de la voir s'amuser en compagnie d'une autre personne que moi, ça ne peut lui faire que du bien de se faire des amis. Après avoir installé nos affaires dans notre nouvelle embarcation, Lilou et moi décidâmes de profiter de la journée pour aller visiter le coin. J'essayais de le cacher mais je bouillonnais d'impatience. J'adorais découvrir de nouvelles choses, et, il fallait l'admettre, le Royaume de L'absurde sortait de l'ordinaire. Ma curiosité me dévorait donc, ayant hâte de voir toutes les choses étranges que recelait l'île. Une fois prêt à partir, ma canne tordue en main, je me dirigeai vers An, en pleine partie de Poker avec Bee, pour l'inviter à nous accompagné, pendant que Lilou faisait de même avec son ami à plume métallique. Mais nous nous fîmes snober tous les deux par nos compagnons, visiblement trop occuper à s'amuser entre eux pour s'intéresser à nous.

Et c'est quelque peu vexé que je débutai ma visite du Royaume de l'absurde en compagnie de mademoiselle Jacob. C'était vraiment un endroit incroyable, tout semblait absurde, comme le nom de l'endroit l'indique, mais absurde dans une certaine logique. Demandant conseil aux stylistes pour taureaux, me faisant prendre en photo avec la statue de comptable chantante, applaudissant les gardes cuisiniers, je m'amusais comme un petit fou. Lilou elle aussi semblait apprécier la visite, visiblement pas trop troublée par les coutumes locales. Au détour d'un chemin, elle trouva un guide touristique, et elle se mit à le lire, tout en reprenant la marche. Visiblement concentré sur sa brochure, je ne voulais pas m'éloigner d'elle pour aller flâner dans les magasins du coins, de peur de la perdre. Alors je continuai de la suivre, tout en restant silencieux. Silence qui me gênait un peu, surtout avec toute l'animation qu'il y avait autour. Et visiblement, je n'étais pas le seul trouvant cela désagréable, car la demoiselle décida de briser la glace et engagea la conversation.


-Tiens, et si on apprenait à faire connaissance ? Je ne sais pas jusqu’où est-ce qu’on va se suivre. D’ailleurs, ou est-ce que tu te rends, toi ? Et qu’est-ce que tu vas y faire ? C’est quoi ta spécialité ?

Houla, et elle commençait avec beaucoup de questions. Beaucoup de questions gênantes. Car pour ceux qui dormaient au fond, je rappelle que j'étais la en infiltration, et que miss mécano ne devait surtout pas savoir qu'on m'avait envoyé pour pouvoir la surveiller, ou apprendre que j'étais non pas caporal mais membre du Cp9. Mais ces questions n'étaient pas un problème. Parce que, merci les formations au QG des Cp, et merci mon enfance pourrie m'ayant apprise à mentir et à baratiner comme pas un: j'étais parfaitement capable de répondre sans révéler ma véritable identité. Le caporal Enzo avait déjà un scénario bien préparé pour ce genre de cas. Je pouvais donc répondre sans m'inquiéter aux interrogation de la demoiselle, et en plus en profiter pour essayer de bien m'entendre avec elle. Parce qu'avoir une relation amicale avec la personne qu'on doit protéger, ça facilite grandement les choses, même si cette dernière n'a pas d'humour.

-Kehaha, tu veux savoir tout ça? T'es bien curieuses dit donc! Je plaisante, je plaisante. Alors, pour commencer, jusqu'où on va se suivre, bah ça, je sais pas? Tu te rends où toi? Et pour faire quoi? Moi j'dois aller à Kikai No Shima, pour y trafiquer quoi, en revanche, ça, j'peux pas tle dire, en tout cas pas ici. Si tu veux, on en reparlera en privé. Sinon, mes spécialités? Bah, tu vois, toi tu fais dans la mécanique, bah moi j'fais dans la mécanique humaine! Réhaha, ouais, j'suis docteur!

*Enfin, presque: j'ai pas d'diplôme.*

J'suis aussi chimiste, et un ptit peu biologiste. Ouais, je sais, ça parait gros comme CV mais franchement, c'est pas grand chose. Depuis gamin j'ai eu l'occasion d’observer de près la nature et les réactions des éléments, en plus d'apprendre à soigner, donc, ça aide.

*Et la, jte mens pas ma ptite, j'ai vraiment du apprendre à faire tout ça depuis gamin pour pas crever. La solitude parfois du bon....*

Mais sinon, j'suis capable de me débrouiller dans tout. Donc si jamais t'as besoin d'un coup de main pour quoi que ce soit, n’hésite pas à demander hein? Mais tant que j'y pense, t'es doué pour autre chose que la mécanique, toi, Lilou? Et même, en plus de ton super canard, t'as construit quoi comme truc sympa?


En réalité, je connaissais déjà les différentes compétences de la demoiselle, ou les travaux qu'elle avait déjà réalisé, ce grâce aux dossiers sur elle que l'on m'avait transmis. Mais voila, vu la curiosité et l’intérêt pour Bee que j'avais affiché jusqu'à présent, ça n'aurait pas été crédible de ne pas chercher à en savoir plus sur elle. Surtout qu'être mis au courant "officiellement" de certaines informations m'éviterais de me retrouver dans des situations gênantes du genre "Mais comment connaissez vous le nom de mon premier petit ami?! Et son C.V? Et son numéro de compte bancaire?!". Surtout que, en parlant d'officiel, les dossier que j'avais reçu l'étaient justement. Et on sais tous que tout le monde à ses petits secrets bien caché, ou non déclaré au grand public ou aux supérieurs. C'était donc l'occasion de voir si je pouvais avoir plus de détail sur la biographie de cette chère demoiselle Jacob. Elle attaqua avec une nouvelle vague de question, tout en me lançant un regard se voulant mignon. Soit elle me draguait, soit elle essayait de vraiment sympathiser avec moi, soit elle comptait me faire faire encore un truc désagréable.

-Et ça fait combien de temps que tu connais Anko, d’ailleurs ? Vous avez l’air tellement proche, elle te protège comme une mère ! C’est fou ! Je t’avoue que j’ai un peu peur des serpents, mais Anko a l’air tellement tendre que ça m’enlèverait presque mes angoisses. Et puis, ils s’entendent bien, avec Bee ! Première fois qu’il arrive à se faire un copain au sang-froid si rapidement !

-An? Ça doit faire quoi? Pfiouuuu, au moins dix bonnes années depuis qu'on s'est rencontré. Et qu'elle se comporte comme une mère avec moi est un peu ironique, vu que je la considère comme ma fille. En fait, les gens on souvent du mal à comprendre ce que je fais avec un tel animal de compagnie. Et c'est normal qu'ils ne pigent que dalle: Anko n'est pas un animal de compagnie, c'est une amie pour moi... Non, plus, c'est quelque chose de plus fort. Une amie, une mère, une soeur, une fille, une amante, rien de tout cela et tout cela à la fois.... C'est... compliqué. Disons juste qu'à une période de nos vie où nous étions tous les deux perdus, nous nous sommes rencontrés. Et, on a réussi à s'en sortir grâce à l'autre. Ouais, Anko c'est un peu la petite perle qui donne de la valeur à mon existence. Si je me lève le matin, ce n'est pas que pour elle, mais c'est clairement l'une des principales raisons....

Kéhahahaha, Réhahaha, désolé, désolé, je parle, je me perds dans le sentimentalisme au point de m'oublier. J'dois passer pour un drôle de bonhomme....
Kéha, m'enfin, sinon, oui, ça m'a aussi surpris de la voir s'entendre aussi bien avec Bee. Aussi vite surtout, c'est qu'elle a généralement du mal a vraiment s'attacher aux gens en dehors de moi. Non pas que Bee n'est pas le genre d'animal a qui on peut s'attacher facilement, mais....une petite minute, maintenant que j'y pense, Bee est un canard robot non? Jme doute que tu l'as construis, mais c'est quoi son histoire? J'veux dire, c'est pas le genre d'invention qui cours les rues....



Je m'étais laissé emporter par mon affection pour An. En tout cas, ce que j'avais dis sur elle était la pure vérité... Mais je préférais changer de sujet, et j’espérais même glaner des info supplémentaire à propos de Bee de cette façon. Après m'avoir répondu, Lilou replongea dans son guide touristique, à la recherche de quelque chose d'intéressant à faire.


-Tiens, sur la brochure touristique, ils disent qu’il y a un spectacle de saute-mouton dans le village ou on va. Ainsi que des artisans qui valent le détour ! Moi, j’aimerai bien voir celui-ci !

Oh, ça ça pourrait être intéressant, surtout si on y sert du mouton sauté! Mais avant même t'avoir pu saliver en m’imaginant le plat, Lilou me colla sa brochure dans la figure, tout en pointant du doigt un petit encadré dessus.

-Paraitrait que ça fait près de deux ans qu’il essaye de passer sa pierre de l’autre côté de la colline, pour boucher un trou d’une grotte et qu’il la retrouve à chaque fois au pied de celle-ci. J’aime bien les mystères ! J’aimerai bien comprendre !

Tentant de lire l'article, j'aperçu du coin de l'oeil une meule de foin fonçant pour traverser la rue, poursuivie par un type transportant ce qui semblait être des aiguilles. J'utilisai ma main pour Lilou de traverser, et de risquer de se faire meulester. Décidément, cet île n'était pas commune, mais j'aimais bien ça.

-Alors, intéressé par quelque chose ?

-Hummmm, j'veux bien aller voir ce type avec sa pierre. Maintenant que tu en a parlé, ça m'intrigue, j'veux en savoir plus sur cette histoire. Sinon, j'aimerais trouver un alchimiste, ainsi qu'un vendeur de chapeau, il doit surement y avoir des choses très rares dans les magasins du coin. Mais avant tout ça, j'aimerais bien manger!


Voila, c'était dit, j'avais faim, et il me fallait me remplir l'estomac. Ne laissant pas à Lilou le temps de répondre, je la saisi par le bras, accélérant le pas à la recherche d'un endroit où se remplir la panse. La demoiselle semblait vouloir en savoir plus sur moi, et bien elle allait découvrir mes talents de magiciens, notamment mon tour préféré, celui où je fais disparaître toute la nourriture présente sur une table en quelques secondes!
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t5368-enzo-p-hisachi-le-fin-du-faim
« J’ai construit trop de trucs pour que je puisse te les énumérer, dis-je entre deux bouchés d’un Makalala à l’orange. »

La recette du Makalala était bien trop absurde pour pouvoir être décrite, la seule chose à retenir, c’était que chaque bouchée était un régal sans nom, nous donnant envie d’en avoir toujours plus. Nous avions choisis de prendre chacun quelque chose à emporter, pour avoir la chance de nous remplir la panse tout en continuant notre visite touristique. Ça nous faisait un bien fou : cela nous permettait de nous ressourcer et de faire connaissance avant de repartir en mer. Si j’avais dut rester la journée sur le navire, je serais devenue complètement dingue. Avalant un morceau d’orange (le seul ingrédient que je pouvais décrire de la recette), je repris la conversation là où je l’avais laissé, plantant mes baguettes dans mon ragout :

« J’ai commencé très tôt à m’intéresser à la mécanique, à comment construire des choses, comment tout ça fonctionne. A trois ans, déjà, j’apprenais par cœur des définitions sur des trucs dont tu n’as même pas idée. Bien sûr, je ne comprenais pas tout, mais j’aimais ça. Et puis, Bee a été construit quand j’avais huit ans, pour te dire, ça remonte à très loin. Ça fait plus de quatorze ans qu’on est ensemble, et il a dut me sauver la vie une bonne centaine de fois. »

Enzo tenait dans chaque bras une demi-douzaine de spécialités différentes dans lesquels il piochait à tour de rôle. Le caporal était quelqu’un de particulièrement élancé et svelte, j’étais étonnée de voir la quantité de nourriture qu’il était capable d’ingurgiter en si peu de temps. Nous étions même obliger de nous arrêter toutes les cinq minutes parce qu’il venait de finir son repas, et qu'il avait encore faim.

« En fait, Bee est un robot qui a mangé le fruit du canard. Enfin ‘manger’ plutôt. On a dut créer une machine qui a failli nous faire exploser. Mais on a réussi, comme tu peux le voir. Et puis après, j’ai construit d’autres équipements, dont le canon à air que je vais devoir réparer… »

Marquant une pause, alors que nous étions en train de nous arrêter dans un autre restaurant pour prendre de la bouffe je l’interrogeai :

« Dis-moi… ou est-ce que tu mets toute cette nourriture ?

*

« Hahahahaha !
- Hihihihihi !
- Mh. »

Nous arrivâmes, Enzo et moi, sur les lieux de l’attraction. La colline était dégagée, l’herbe aussi verte que possible, le ciel d'un bleu trop bleu et le vent frais soufflait sur nos visages. Il n’y avait personne à part nous deux et les trois loustics posaient sur un rocher. Tous trois regardaient l’attraction en éclatant de rire, ne pouvant se retenir. Pourtant, en constatant ce que c’était, et de la difficulté qu’avait l’homme à pousser son rocher, rien ne me fit rire. J’avisai les énergumènes : Le premier était vêtu de cuir, avec des lunettes, le visage dur et les cheveux coupés court : Il voulait probablement ressembler à un caïd. Le second portait du rose à outrance, noir de peau, les dents du bonheur et le sourire étendu. Le dernier était d’une neutralité absolu, la mine pourtant sérieuse, les cheveux tirés en arrière.
Nous nous approchâmes, fixant l’homme suer sang et eau pour gravir son rocher. Je jetai un coup d’œil vers Enzo, écoutant les trois gus derrière rire de la situation.

« Hahahahaha ! Regardez-le en train de galérer ! C’est tellement drôle ! Je suis diabolique !
- Hihihihi, tu as raison Vilin, c’est trop choupi !
- Mh. »

Je lisai ma brochure, trouvant le nom de l’individu qui galérait à gravir l’énorme boule.

« Sissife ? »

L’homme s’arrêta un instant :

« Vous connaissez mon nom ? Êtes-vous perdu ?
- Absolument pas ! Nous sommes venus pour voir… Parce que… Euh… vous êtes dans cette brochure, dis-je en agitant le papier dans mes mains.
- Oh… Désolé de vous avoir déranger, il n’y a rien de particulier à voir : Je ne fais que monter ce rocher pour boucher la grotte qui désorganise mon champ à cause des courants d’air. Et tous les matins, quand je reviens, le rocher se retrouve en bas de la colline. Vous devriez aller voir le spectacle de saute-mouton. »

Ses déclarations étaient absurdes, mais le plus absurde était que je m’en étonne. Nous étions dans un royaume bien étrange, et j’avais du mal à m’en rendre compte. Pour moi, il ne faisait aucun doute que depuis tout ce temps, les trois gars devaient s’amuser à saboter le travail du pauvre homme, et qu’ils en riaient à chaque fois. Sissife semblait exténuer. Il s’étira, la main toujours posée du la pierre, puis recommença à pousser.

« Il n’y jamais personne qui passe mis à part ces trois personnes là, reprit-il en montrant les compères qui se tenaient les côtes tant ils riaient. Excusez-moi, mais j’ai à faire : je n’ai pas de temps à vous accorder. »

Mon coéquipier était plongé dans son repas, ne jetant que des regards discrets et désintéressés, trop captivé par son estomac. Je plantai mon coude dans le flanc d’Enzo (qui laissa échapper un cri de douleur), lui lançant des yeux plein de reproches :

« Vous avez besoin d’aide ? »

Enzo me renvoya un regard furieux, tandis que je m’approchai de Sissife en posant ma main sur la roche froide. Ce dernier me fit un sourire, essuyant la sueur sur son front. Enzo se joignit à moi, voulant aider, mais avant même que Sissife ne nous réponde, l’homme habillé de cuir se rua vers Enzo et enfonça un talon dans le dos du caporal en hurlant :

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! Mêlez-vous de vos affaires, espèce de sous-hommes ! »

Enzo se retrouva le nez collé contre la pierre, lâchant au passage le paquet de Chichilulu qu’il avait dans la main (une autre recette absurde du royaume). Je fronçai un sourcil, regardant l’assaillant de mon coéquipier :

« Non mais… ça ne va pas… ?
- Tais-toi donc, femme ! Tu n’as pas à être ici, tu n’as pas à aider cet idiot !
- Mais enfin ?
- J’ai dit « TAIS TOI ! », hurla-t-il en tapant du pied par terre. Pagenty ! Frappe-là, elle est méchante !
- D’accord choupidou ! En plus, elle est rousse… elle est donc moche ! Il n’y a que le rose qui soit vraiment beau… »

J’écarquillai les yeux, me tournant vers Enzo qui se frottait le nez. Le dénommé Pagenty (habillé de rose) sautilla dans ma direction.

« C’est une bla- »
Clac.
« Non mai- »
Clac.
« Arrêt- »
Clac.
« Raaaaah ! »

Je repoussai mon agresseur d’une main, mais il m’évita en tournoyant, les bras en l’air tel une ballerine en lâchant un rire sonore et presque féminin. J’avais les yeux ronds, me tenant la joue après les gifles que venait de me mettre le grand noir. Sissife posa la main sur mon épaule et s’excusa :

« Je suis désolé, il vaut mieux que vous ne m’aidiez pas. Excusez-moi pour votre nez, monsieur.
- Ouais ! Cassez-vous bande de touristes ! Sous-êtres !
- Oui, écoutez Vilin ! Sinon, je vous tape encore ! Hihihi !
- Mh. »

La main toujours sur ma joue, je m’adressai à Enzo :

« Dis-moi, je ne suis pas dans la marine depuis très longtemps, mais frapper un représentant de la loi, ça nous autorise à leurs péter les dents, n’est-ce pas ? J’ai la claque qui me démange et je crois que… ton Chichilulu mérite vengeance. »

Lui rappeler le souvenir pourtant très clair dans son esprit de cette nourriture gâchée, au vu du plaisir qu’il prenait à la dévorer, était une manière de sortir Enzo de ses gonds et de le ranger de mon côté. Dans son coin, Sissife reprit son ascension, sous l’œil avisé du dernier des trois loustics qui n’avait pas changé d’expression depuis le début de notre « discussion ».
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Décidément, on trouvait beaucoup de chose originale sur cette île, et la nourriture en faisait partie. Les plats, en plus de posséder des noms plutôt comiques, étaient tous délicieux. Tellement délicieux que je ne pouvais pas m'arrêter d'en manger et de vouloir goûter d'autre spécialités locales, ce qui nous forçaient, Lilou et moi, à nous arrêter toutes les cinq minutes parce que j'avais repéré un nouveau restaurant, ou un nouveau snack, et que je voulais absolument voir ce qu'il proposait à manger car "Je n'aurais pas l'occasion de revenir avant un bon moment". Bon, d'accord, c'est surtout que ma gourmandise avait prit le dessus. Ouais, la bouffe était bonne dans le coin, et si le passé ne m'avais pas apprit que découvrir la composition d'un plat mystérieux pouvait réserver de mauvaises surprises, j'aurais surement faucher toutes les recettes du royaume. Heureusement, ma transformation en aspirateur à victuailles ne semblait pas trop gêner la caporal, qui se contentait de continuer la discussion avec moi. Par contre, elle semblait surprise de me voir ingurgiter autant de nourriture. Et bien soit, je m'arrangerais pour qu'elle prenne l'habitude d’assister à ce genre de spectacle. Et, tout en enchaînant les discussions (et les consommations), notre petit duo continuait sa marche vers l'une des nombreuses curiosités de l'île. Au fur et à mesure du voyage, un sentiment de soulagement se répandais en moi: elle était plutôt sympa cette fille, et elle semblait me trouver moi aussi sympa, ce qui me rassurais énormément, car encore une fois, mal s'entendre avec quelqu'un que l'on dois surveiller, c'est le genre de chose qui complique le travail. Et puis je n'aime pas rester en compagnie de gens qui ne m'apprécie pas, j'en avais fait les frais par le passé.

Après une bonne marche, nous finîmes par arriver sur le lieu de l'attraction. Une jolie vallée, ou l'air était doux, et on pouvait apercevoir un homme en train de pousser une grosse pierre roude. Surement le fameux Sissife. Mais il n'était pas seul, car, pas loin de lui, trois drôles de bonhomme le fixaient tout en ricanant (enfin, deux plutôt, le troisième affichait un air stoïque, presque inexpressif). Ouais, les trois gus semblaient se moquer du malheureux pousseur de pierre et...... Attendez une minute.... Noooon, quand même pas?
Alors que je rentrais en pleine réflexion, Lilou, elle, alla interpeller Sissife. Je me mis à la suivre, sans vraiment écouter de quoi ils parlaient, tout en continuant à piocher dans le paquet de Chichilulu que j'avais mis de coter pour grignoter plus tard (et il était plus tard). Cependant, une phrase réussie à attérir dans mon oreille:

-Il n’y jamais personne qui passe mis à part ces trois personnes là, reprit-il en montrant les compères qui se tenaient les côtes tant ils riaient. Excusez-moi, mais j’ai à faire : je n’ai pas de temps à vous accorder.


Je devais avouer que j'étais déçu. Moi, je m'attendais à quelque chose de vraiment mystérieux, nouveau, voir surnaturel, du genre que la pierre soit en réalité le dernier membre d'une espèce disparue de créature à la peau rocailleuse, dormant la journée et devant se déplacer par téléportation à cause de l'absence de membre pour marcher. Et bah non, la vérité était tout autre. Il était évident que les trois bonshommes rieurs se trouvaient à l'origine des malheurs de Sissife. Non, franchement, il fallait avoir de la matière fécale dans les yeux pour ne pas comprendre qu'il s'agissait d'eux. Ou alors je tirais encore des conclusions hâtives, et c'était juste trois gros lourds venus se moquer d'un pauvre hère. Non, non, c'était trop gros cette fois, même moi j'avais du mal à imaginer une autre hypothèse. Malgré tout, histoire d'être bien sur, je décidai de chercher une autre solution à ce problème. Mais alors que je m’apprêtais à replonger dans mes réflexions, je sentis une vive douleur dans le flanc. Vive douleur dont l'origine était le coude de Lilou, avec lequel elle venait de me frapper.


-GUEAÏ!

-Vous avez besoin d’aide ?

D'aide? Mais bien sur qu'il avait besoin d'aide. Mais pas pour pousser la pierre, non: pour apprendre à réfléchir. Les responsables de la redescente "mystérieuse" de son gros caillou se trouvait juste à coté de lui, c'était évident, et ce type ne s'en rendait pas compte. Mais comment pouvait on être stupide à ce point. Ce type la n'était pas fait pour survivre, et je n'étais pas la pour lui apprendre comment faire. Mai , en réponse au regard plein de désapprobation et de colère (parce qu'elle m'avait fait mal la mécano!) que j'accordais à Lilou, j'eu droit à des yeux plein de reproche, du genre "Comment ose tu laisser ce malheureux tout seul avec ces problèmes". Grrr, je détestais ça, devoir voler au secours de ceux qui ne le méritaient pas.... Après tout, c'était ma gueule avant, et ensuite les autres. Mais voila, je commençais à bien m'entendre avec la caporal, et je n'avais aucune envie que les choses changent. Laissant donc mes principes de cotés pour cette fois, je me dirigeai vers la pierre pour aider les deux autres à la pousser, quand j'entendis un grand cri derrière moi.

-NOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! Mêlez-vous de vos affaires, espèce de sous-hommes !

Et ce grand cri fut suivi par une légère douleur dans mon dos. De toute évidence, l'un des trois abrutis venait de me frapper. Bon, coup de bol, il ne l'avait pas fait particulièrement fort, donc, je n'eu pas trop mal. La ou la chose devint problématique, c'est qu'il avait mit suffisamment de puissance dans son coup pour que je sois un peu projeter en avant. Hors, je me trouvais juste devant le rocher. Et jusqu'à présent, je n'avais pas réaliser qu'il était aussi grand. Assez grand pour me dépasser, moi et mes deux mètres. Assez grand pour que je m'écrase dessus, le nez en premier. Et c'était solide comme pierre, assez pour que la douleur me fasse lâcher mon bien aimé paquet de Chichilulu, et que le choc fasse tomber mon chapeau, dévoilant mes deux longues cornes, pointues comme à leur habitude. Je devais l'avouer, la, j'avais quand même eu mal. Massant douloureusement mon nez, je pus voir Lilou au prise avec l'un des trois hommes.... enfin, homme, je n'étais pas sur pour celui la. Certes, il avait l'apparence d'un individu mâle, mais son comportement se rapprochait plus d'une femme.... D'une femme très niaise. Sa tenue aussi, qui était complètement rose, ce qui me rappelait une certaine personne, ne faisant que m'énerver encore plus. Et pendant que Sissife essayait "d'arranger" les choses et que Lilou se prenait des claques, moi, sans lâcher mon nez, je cherchais où était tombé mon chapeau et mon paquet de......

J'eu un déclic. Le choc avait ralenti mon cerveau, et l'information venait seulement d'être analyser: mon paquet de Chichilulu, mon délicieux paquet de Chichilulu, il avait été renversé. L’apercevant enfin, je commençai à me diriger vers lui pour le ramasser quand le dénommé Vilin marcha dessus, écrasant complètement son contenu. Il venait de gaspiller de la nourriture.... Il venait de commettre l'affront de gaspiller de la nourriture devant mes yeux. Pire, il venait de gaspiller MA nourriture. Me redressant en essayant de contenir la colère montante, je relâchai enfin mon nez, avant de sentir quelque chose de froid en couler. Jetant un coup d'oeil à ma main, j'aperçu sur mes doigts la trace d'un petit liquide couleur pourpre. Cet idiot avait en plus réussi à me faire saigner....



Il était mort!


-Dis-moi, je ne suis pas dans la marine depuis très longtemps, mais frapper un représentant de la loi, ça nous autorise à leurs péter les dents, n’est-ce pas ? J’ai la claque qui me démange et je crois que… ton Chichilulu mérite vengeance.

-En effet, s'attaquer à des membres des forces de l'ordre, c'est passible d'une grave punition, et je pense que ça sera un plaisir pour nous deux de l'appliquer. Je me charge de celui la et de face de statue!

Je commençai à me diriger lentement vers Vilin, qui me regardait toujours avec son air narquois. Je pouvant entendre derrière Sissife demander faiblement à tout le monde de se calmer, mais je me mettrais à l'écouter quand il apprendra à s'imposer... Faisant enfin face à Vilin, je le regardai de toute ma hauteur, lui cachant le soleil, un rictus effrayant sur le visage. Mes cornes découvertes allaient parfaitement à la situation, me donnant une apparence démoniaque. Même si l'abruti continuait à sourire, je pus voir quelques gouttes de sueurs commencer à perler sur son front. Je me mis à lui parler de la façon la plus mielleuse qui soit.

-Alors comme ça tu t'appelle Vilin? Je trouve ça plutôt amusant...

-Ouais, et pourquoi ça tête de bouc?

-Parce que l'une de mes technique favorite s'appelle "Jeu de mains". Donc pour la situation, c'est plutôt adapté, vu que JEU DE MAINS JEU DE VILIN!

Mon bras s'abattit à toute vitesse sur Vilin. Après l'avoir saisi au niveau du col, je me mis à le frapper sur le sol, de gauche à droite, de droite à gauche, suivant un rythme que j'avais dans la tête.

-LAAAACHE MOI MINABLE!

SBAM!!!

-T'ES SOURD OU QUOI?! JE T...

SBAM!!!

-ARGH, D'ACCORD, LACHEZ MOI MONS...

SBAM!!!

-S'IL VOUS...

SBAM!!!

-PITIÉ!

SBAM!!!

-J'VOUS PAYERAIS!

Hum, donnée à prendre en considération...... Ça y est, mon choix est fait!

SBAM!!!

-JVEUX MA MAMAN!

SBAM!!!

-MAICHAN, FAIT QUELQUE CHO...

SBAM!!!

L'homme au visage inexpressif se décida enfin à venir en aide à son ami. Il se rua sur moi, toujours en affichant son air froid et stoïque, le poing levé, prêt à me frapper. Malheureusement pour lui, sa manœuvre manquait de subtilité, et surtout, il ne devait pas connaitre le principe du "j'en prends un pour taper sur l'autre". Envoyant Vilin dans les airs, je le rattrapai au niveau de la cheville, avant de m'en servir comme une batte de fortune. Un bon coup suffit à mettre l'assaillant par terre, et histoire de bien lui apprendre qu'on attaque pas les gens quand ils sont occupés (en plus d'essayer de voir si la douleur pouvait lui faire changer d'expression), je me mis à le frapper au sol à grand coup de Vilin. Il n'y a pas à dire, ça défoule ce genre d'activité. Au bout d'un moment, lassé par ce petit jeu (ainsi que part le fait que les deux cocos n'avaient plus la force de crier, ce qui rendait la chose moins amusante), je saisi Maichan à la cheville avant de me diriger tout en traînant les deux idiots gémissant derrière moi vers le rocher de Sissife. Ce dernier me regardait, voulant visiblement dire quelque chose pour m'arrêter, mais étant incapable de trouver le courage pour le faire.

-Vous devez quand même avoir une certaine force pour réussir à faire revenir ce gros caillou à son point de départ toutes les nuits vous deux. J'ai très envie de voir si vous le poussez aussi bien sans les mains. Et accessoirement, ça, c'est pour mon nez et pour mes Chichilulu!

Et, comme si Vilin et Maichan étaient des battes, j'entrepris de faire un grand Home Run avec leurs corps. Home Run qui se retrouva bloqué par la pierre de Sissife. Le grand bruit sourd et les quelques craquements qui furent provoqués par cette collision déclenchaient un diabolique ricanement intérieur. Laissant tomber sur le sol les deux zigotos, évanouis après cette rencontre "choc", je me tournai vers Lilou histoire de voir si elle s'en sortais avec Princesse baffe rose.

-Lilou, t'as finie avec le tiens?
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t5368-enzo-p-hisachi-le-fin-du-faim
Je n’avais pas le souvenir, même en remontant assez loin pour me remémorer des idées floues, d’avoir ressenti ça, un jour. Rien d’aussi transcendant, rien d’aussi puissant. Cette sensation, coulant dans mes veines, comme un renouveau inespéré, d’une étrangeté sans pareille. Un désir puissant de faire payer, de rendre la monnaie sur des mois et des mois de souffrances. Et à bien y réfléchir, la situation ne prêtait pas à me faire sortir de mes gonds, ni à me fournir une volonté sortie de derrière les fagots qui me permettrait de terrasser le moindre de mes ennemis. Et je n’aurais su mettre des mots sur ce qu’il se passait, là, dans mon corps, mais j’avais cette impression inébranlable que rien ne pourrait jamais m’atteindre. Regardant mes mains, regardant mon ennemi qui me fixait avec l’air stupéfait, ni lui, ni moi, n’avions les mots pour expliquer ce qu’il s’était passé, là.

Entre nous.

Les bruits qui parvenaient du combat juste à côté me semblaient complètement étouffés. J’étais comme dans un cocon, protecteur, comme dans une armure imaginaire qui me recouvrait.
J’étais ailleurs.
Et j’étais bien.

Pagenty retint un gémissement, qui s’étrangla dans sa gorge. Une goutte de sueur perla le long de sa joue, tombant de son menton. Il balbutia quelques mots, sans sens, sans réussir à mettre un symbole derrière ses expressions. Simplement des syllabes, des échos. L’écho d’une surprise non feinte, tout comme d’une peur primaire qui l’avait totalement cloué. Il n’avait pas réussi à me toucher, il ne m’avait pas fait plier, et surtout… Surtout. Je n’avais rien éprouvé du tout. Et lui aussi l’avait compris. Principalement parce que je m’étais attendue à endurer la souffrance d’un coup de poing, immanquable à cette distance, dans ma situation. Immanquable, mais qui avait manqué.
L’homme m’avait mis à terre sans peine, m’avait remué pendant quelques minutes avant de réussir à me frapper en bonne et due forme. Et l’instant d’avant, il y eut un déclic. En moi. Autour de moi. Un déclic qui m’avait protégé. De lui. Inconscient, mais bien présent. Une force venue d’ailleurs, sans qu’elle me soit étrangère, et qui m’avait permis de ne pas souffrir de son attaque. Je l’avais vu, pourtant, je l’avais vu me frapper, je l’avais vu me toucher. Mais je n’avais rien eu, comme si sa main s’était écrasée sur autre chose que sur ma peau.

Et même si les circonstances ne devaient pas prêter à l’inquiétude, si Enzo maitrisait la situation de son côté avec brio, j’étais complètement tourmentée. Complètement. Une crainte du plus profond de mon être, ressortant à vif, nue, inavouable. Je ravalai ma frousse lorsque mon adversaire prit la parole, encore plus effrayé que moi :

« Toi qu’est-… Qu’est-ce que tu as fait ?! Je… Je suis sûr pourtant de t’avoir touché ! J’étais en train de te frapper et… Et… Tu n’as rien senti ! »

Oui. Voilà. Je n’avais rien senti. Haussant les épaules comme toute réponse, aussi perplexe que lui sur ce qu’il s’était passé, il ne perdit pas le nord. Nous nous mîmes sur nos jambes, reprenant le peu de sérieux que nous pouvions avoir. Sissife avait recommencé son ascension sans se soucier de rien, poussant sa pierre, abandonnant l’idée d’éviter l’affrontement qui nous semblait, à Enzo et moi-même, comme parfaitement inévitable.
Pagenty chargea, s’élança sur ses immenses jambes de gazelles, rapide et aussi gracieux qui pouvaient l’être un homme vêtu de rose. Il se rua et arriva à ma hauteur, tentant de m’envoyer en plein visage un coup de pied retourné et puissant. Mais je me baissais, attrapai son autre jambe et tirai dessus si fort que l’homme en fut totalement déséquilibré. Et de nouveau, prise d’un instinct primaire, d’une fureur sommaire, sans forme, sans fond sinon celui de ma propre survie, j’assenai un coup à l’homme…

Mais un coup si violent, contre sa pommette, que je sentis l’os se brisait. Et sur mes phalanges, recouvrant ma peau et protégeant mon squelette fragilisé, cette même sensation, à nouveau. Sa tête s’enfonça immédiatement dans la terre battue, son corps se souleva, m’embarquant avec lui et me déstabilisa assez pour m’envoyer à côté de lui. Le crâne planté, la carcasse en l’air, comme un épi qui n’aurait pas poussé convenablement, Pagenty ne donna plus signe de vie.

« Lilou, t'as fini avec le tien ? »

La position de mon adversaire ne laissait aucun doute sur l’issu du combat. Mais j’étais essoufflée, complètement prise de court, et regardant Enzo avec l’air affolé, je lâchai en bredouillant à moitié :

« Enzo, je… Je crois que j’ai un problème. »

L’homme m’interrogea du regard, car rien ne prêtait à dire que j’avais en effet un problème. Pourtant, mes mains tremblantes que je lui montrais, totalement indemnes, sans une égratignure ni signe d’une quelconque fracture alors que j’avais eu assez de force pour enfoncer la tête d’un homme dans la terre, étaient les preuves, pour moi, que quelque chose ne tournait pas rond.

« J’étais là et… et j’ai fait ça. Moi ! Je… Je ne comprends pas, il m’a frappé et… et j’ai rien senti. Pas d’os brisé, pas de douleur. Rien. Juste, il m’a frappé et je n’ai rien eu. Comme si… Comme s’il y avait un… »

Je m’écoutai. Et plus je m’écoutai, plus mon discours me semblait incohérent, complètement fou. Plus je parlais et plus je savais qu’on allait me prendre pour une dingue. Enzo était le seul témoin de cette démence passagère, et après tout ce que je venais de dire, lâchant ça comme une illuminée prise d’un délire, je me devais de le convaincre que tout, absolument tout allait bien. Oui, j’avais un souci, mais il fallait que je le garde pour moi.

« Non… »

Après un silence pesant, après réflexion, je me relevai en époussetant mes vêtements. Une métamorphose dans mon comportement, dans ma tenue. Je fis un sourire à Enzo en retirant les quelques mèches qui me tombaient sur le visage.

« Oublie ça, je crois que je suis fatiguée. Finissons-en avec Sissife et partons d’ici, tu veux… »

*

« Faiches nouch chortir d’ichi !
- Tu les as massacrés…
- Zous Payerez trèz zer ze que zous zavez faitz !
- Gneuh…
- Ze me venzerai ! »

Les trois loustics étaient en prison. Nous avions pris la peine de les amener au bagne après avoir aidé Sissife à transporter sa pierre jusqu’à sa grotte, et à lui faire comprendre que son champ ne pouvait pas être désorganisé par un courant d’air. L’homme ne nous prit pas au sérieux mais nous remercia de l’aide que nous lui avions apporté.
Nous repartîmes avec nos trois zigotos que nous envoyâmes derrière les barreaux, appréciant notre chef-d’œuvre malgré les menaces que nous lançaient un Vilin défiguré. Ces menaces, nous ne les primes pas au sérieux, principalement parce que son zozotement était beaucoup trop hilarant pour être sérieusement menaçant. Mais j’étais agacée de l’entendre jaser, de l’entendre nous avertir de dangers imminents.

« Z’ai des z’amis tréz zhauts plazés ! Ilz zous zauront, ilz zous turontz ! Zous me pazerai za tréz zer ! »

Je me penchai vers les barreaux, attrapai Vilin et le plaquai violemment contre les tiges glacées à travers lesquelles il hurlait vengeance. Et puis, je pris la parole, d’une voix douce et froide :

« Ramène-les. Tous. Ramène-les et je m’en occuperai personnellement. Mais préviens-les que je leur ferais la peau. A tous. Sans exception. Et je ferais en sorte qu’on te ramène leurs têtes dans une boite, que tu pourras accrocher au mur de ta jolie cellule. Comme ça, tu te rappelleras qu’on ne nous lance pas des menaces, même des menaces avec un zozotement ridicule. »

Un vague coup d’œil vers le Pagenty défiguré, pour faire comprendre que j’étais loin de rigoler avec ce genre de chose. Mon vis-à-vis me fit un sourire, un sourire qui en disait long, malgré ses dents brisées. Il était du genre à avoir plusieurs cartes en main qui sauraient nous mettre en difficultés.

Mais j’étais du genre à avoir assez de jeu pour pouvoir répondre.

Les dés étaient jetés.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t3945-fiche-technique-de-lilou#4
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Planté dans le sol. Elle avait planté le bonbon sur patte dans le sol, la tête la première. Cette fille avait vraiment une constitution très fragile?! Pourtant, ce n'étais pas moi le plus étonné par ce tour de force, mais Lilou. Elle se mit à bredouiller des phrases incompréhensibles, me disant qu'elle avait un problème et parlant d'os ne se cassant pas. Ma première réaction fut la surprise, et ça ne fit que s'amplifier quand la mécano changea son fusil d'épaule et essaya de me faire croire qu'en réalité tout allait bien, et qu'il fallait mieux oublier ce qu'elle venait de dire. Ça aurait peut être marché avec d'autre personne, mais ce genre de comportement ne fonctionnait pas avec moi. Ça ne me rassurait pas le moins du monde, bien au contraire. Et pour cause: j'avais l'habitude d'agir de la même façon pour cacher mes "écarts". Ouais, pendant son combat contre Pagenty, il avait du se passer quelque chose.... Mais quoi? Vu la réaction de la miss, pas la peine d'espérer qu'elle avoue quoi que ce soit maintenant. Non, avec ce genre de cas, la meilleur solution était d'attendre, d’instaurer le calme et la confiance pour lui faire baisser sa gardes, afin de récupérer l'information voulue. Si Sissife ne m'avait pas offert le mystère que j'espérais, la réaction de Lilou, elle, me donnait la possibilité de résoudre une énigme ayant l'air bien plus intéressante, et dont les conséquences sur ma mission pourraient être bien plus grandes. Pour le moment, tout ce que je pouvais faire, c'était agir pour son bon plaisir, et faire comme si rien ne s'était passé. Mais je connaîtrais les raisons de cette petite crise tôt ou tard, foi d'Hisachi.

Et après avoir aider Sissife à pousser son rocher, et avoir tenté désespérément de le raisonner à propos de son histoire absurde de courant d'air, Lilou et moi emmenâmes les trois gugus, au visage un peu remodelé par notre affrontement, à la prison la plus proche pour les mettre derrière les barreaux. Apparemment, même la miss était un peu surprise de la violence avec laquelle j'avais fait comprendre à Vilin et Maichan qu'ils étaient de sales garnements, mais je détestais le gaspillage. Surtout de nourriture. Surtout quand c'était la mienne. Mais les coups sur la tête et l'emprisonnement n'avaient pas retiré au chef du trio son arrogance, et il se mit à nous menacer de faire déferler sur nous la vagues de contacts hauts placés qu'il connaissait. Bien qu'assez ridicule avec son zozotement constant, la menace fut prise un peu au sérieux par Lilou, qui répondit à Vilin qu'elle était prête à recevoir tout ce qu'il pouvait envoyer, et qu'elle le lui renverrait à la gueule. Ouais, elle était assez agressive quand elle le voulait la petite, et sa provocation me surprenait un peu: elle semblait pourtant si douce en temps normal. Mais bon, les gens les plus calmes sont souvent les plus dangereux, j'étais le premier à le dire. Laissant ainsi notre trio démoniaque à ses menaces de vengeance, Lilou et moi décidâmes de retourner au bateau, car, avec toutes ces histoires de rochers, de tourisme, et de ridicule ne tue pas, nous n'avions pas vu le temps passer, et la fin de la journée était déjà arrivée.

Une fois de retour sur le navire, nous fûmes accueilli par nos compagnons respectifs, Bee et An, qui semblaient incroyablement joyeux. Et la vision de plusieurs membres de l'équipage dépités et en larmes, ainsi que la grosse pile de billets et de pièces se trouvant derrière eux me fit vite comprendre les raisons de leur désespoir: visiblement, le duo canard-robot/anaconda avait finit par s'associer pour jouer contre les matelots. Et il s'était révélé très doué. Un peu trop même. Je soupçonnais An d'avoir un peu triché, mais la quantité de liasses qu'elle se mit à pointer de la queue joyeusement pour me dire qu'elle me les offrait m'incita à lui pardonner. Lilou aussi semblait assez surprise, mais pas mécontente pour autant. Et je pouvais la comprendre, certes, nos deux compagnons n'avaient probablement pas réussi à gagner des milliards, mais obtenir un peu d'argent n'était jamais désagréable.

Après avoir fait le compte et le partage des gains, et avoir envoyé bouler les matelots cherchant des excuses pour récupérer leurs fric (parce qu'une défaite est une défaite, même si elle vous ait administrée par un canard et un serpent), Lilou et moi nous quittâmes pour nous rendre dans nos cabines respectives. Cette visite de l'île avait été très productive: j'avais réussi à gagner la sympathie de la Caporal, j'avais pus goûter à d'excellents plats, j'avais pus visiter une île assez intéressante, et en ramener quelques souvenirs, An avait gagné un beau pactole, et un peu de piment s'était ajouté à ma mission avec le mystère de la crise de la mécano. Bref, le genre de journée agréable que j'aimerais vivre plus souvent. Mais alors que je me mettais à mon aise dans ma cabine, l'un des évènements récents me revint en tête: les menaces de Vilin et ses hommes. Et si ces types avaient vraiment des amis hauts placés, ou très forts? Et s'ils décidaient vraiment de nous faire payer ce qu'on leur avait fait? Mon esprit s’apprêtait à se lancer dans la création d'un bon nombre de scénarios catastrophes mais il s'arrêta très vite. Non, ces trois minables bluffaient, c'était évident. Ni moi, ni Lilou, n'avions quelque chose à craindre.

Oui, c'est ce que je m'étais dit à ce moment.


Malheureusement, une fois de plus, je n'entendis pas le ricanement frénétique d'une certaine divinité, qui observait toute la scène, et qui avait décidé encore une fois de m'apprendre à faire un peu plus attention aux choses auxquelles je pensais.





FAIM FIN
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