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Blacksmith Scene [Solo 1624]

Dzing dzing.

Courant d’air, bruit de fond urbain, rai de lumière.

Poussières qui volent dans l’interstice éclairé.

Dzing dzing, la porte se referme, l’air s’apaise et la pénombre revient dans le silence.

Du fond de sa petite boutique, comme lui en fin de course, le vieux Ouik rehausse ses lunettes d’un doigt aux phalanges gonflées par l’arthrite. Personne n’est donc rentré ? Est-ce que c’était le vent ? Les binocles retombent sur l’arête grasse d’un nez relié par une bouche qui bave un peu au menton qui fait de même. Respiration qui s’adoucit, s’approfondit. Dos qui se détend, bras qui retombe le long de la chaise. Si on penchait une oreille attentive on entendrait même des ronflements.

Peydilla & fils ?

Un ange trépasse. Des étagères en tout genre proviennent des petits bruits de choses qu’on dérange, on farfouille, on regarde, on ne cherche rien et on ne trouve pas.

Mh.

Dzing dzGNEUHU ?!

Ah ben quand même.

Reste donc étranger, reste donc ! Et excuse ma somnolence, j’ai bien peu de clients depuis quelques années… Allez, ne t’enfuie pas, reviens et dis-moi en quoi je puis t’aid-Oh.
Oui, c’est moi, non je n’ai pas changé. T’as vu, les affiches me font pas bien justice, hein ?

Silence. ing. La porte se referme. Des bottes sur la pierre du sol. Des jambes qui s’arrêtent derrière un comptoir, un visage qui s’est dessiné, facilement reconnaissable et reconnu. Célèbre et de plus en plus. Connexions qui se font, la prudence convie à laisser la poursuite de la conversation à l’indésiré.

C’est toi, le vieux dont on m’a parlé ?
Si… Si on t’a parlé du vieux Ouik Peydilla, c’est moi en effet.
Isidore ?
Ah, non, c’était le père, ça. Mort dans son lit il y a deux ans après son siècle…
Et ton petit nom à toi, c’est ?
Ignace. Dernier I. depuis que mon petit-fils est mort sur Dead End… La boutique fermera avec moi…
Triste.
Merci de ta compassion Tahar Tahgel. Tu viens avancer l’heure du baisser de rideau ?
Ca peut s’arranger si c’est dans tes désirs, je sais me montrer charitable…

Laisser glisser. Prier le ciel et laisser glisser.

On m’avait parlé de toi, ou de ton père, quand je suis arrivé sur Grand Line il y a dix ans…
Puis-je demander qui nous avait recommandés ?
… Céléno. Ton père lui avait fourni un fourreau dont elle était contente.
Céléno, Céléno… Oh ! Céléno ! Oui bien sûr, je remets. Rouquine, jolie, effrayante ? Oui oui bien sûr ! Céléno… Elle repasse tous les deux ou trois ans pour l’entretien. Et c’est moi qui m’occupe d’elle désormais… Nidai Kitetsu, bien sûr que je me souviens…

Depuis qu’il a répondu à la question qui lui était posée l’atmosphère s’est comme détendue. Un peu comme si parler de cette époque où il avait accédé à la route de tous les périls et où tout se passait encore bien, d’une personne connue de beaucoup et d’évènements qui l’ancrent dans une certaine histoire du monde, avec quelqu’un au passé commun sur ces éléments même s’il ne l’avait jamais rencontré, un peu comme si tout ça le ramenait à une relative quiétude psychologique.

Pour la première fois depuis le passage du cap des jumeaux, et même depuis plus longtemps que cela, Tahar se sent… posé. D’humeur bonhomme. Presque tranquille. Est-ce le fait d’avoir planté là les Saigneurs et de se retrouver simple solitaire comme avant ? Est-ce de parler à un ancien qui, comprenant peu à peu qu’il ne mourra que s’il commet une erreur monumentale, reprend à mesure de sa contenance et lui parle calmement ? Peu importe, c’est appréciable et il apprécie.

Regards qui se perdent dans les souvenirs d’un temps révolu. Silence qui retombe, une fillette pleure dans la rue devant l’échoppe. Son squelette craque quand le vieux marchand se redresse.

Que puis-je pour toi, donc ?


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Tu peux me le laisser jusqu’à ce s?

Un sourcil se hausse mais pas besoin de le voir pour entendre la friction des poils contre la peau du front dans le silence qui s’est posé. Le vieillard s’excuse en un murmure automatique en réalisant son erreur et repose le sabre sur le comptoir après l’avoir une dernière fois soupesé. Il revient avec une grosse loupe dont il chausse ses yeux malades mais encore vifs et reprend tout en la regardant de plus près la lame aux quelques éraflures et taches pas faites d’huile si tu vois ce que je veux dire. Lame et pommeau, pommeau et lame, garde, lame et pommeau, pommeau et…

Alors ?
Alors, vois-tu, je ne suis plus en état de te forger un fourreau moi-même. Il faut que je l’amène à celui qui me fait ça pour qu’il ait les cotes parfaites et tout ça, tu compr…
Nope.
Tu viens avec moi alors ? Pas de probl…
Nope.
Eh, quoi ?! On ne va quand même pas transbahuter la forge ici tout de même…
… Mouais. C’par où ton truc ? Loin ?

Raison quand tu nous tiens… Dans un souffle les deux hommes s’en vont sans même que le propriétaire juge bon de mettre un verrou à la porte. A quoi bon ? Quand bien même il aurait quoi que ce soit à voler, il n’a plus d’héritier pour se sentir lésé si son dû est diminué. Et puis les voleurs sont rares dans les environs, Clockwork n’est pas l’île la plus accessible de la troisième voie…

Non ce n’est pas très loin, une demi-lieue, un quart de lieue peut-être. De quoi installer un mutisme plus ou moins pesant. De quoi se rendre compte que si sur l’eau à travers les brumes et de loin l’île paraît un minuscule piton en suspension dans les airs, de près et à la surface de la plaine supérieure, elle est bien de taille fort raisonnable et peuplée comme il faut. Pas trop de pirates cependant malgré les rumeurs, ou alors peut-être se terrent-ils dans l’espoir que le plus gros poisson nommé ta gueule ne leur ferme la leur s’ils l’ouvraient un peu trop, comme il a cloué le bec au brave équipage qui passait par là à son arrivée…

Bougre de con, mais qui c’est qui m’a foutu un travail pareil ?! Ah c’est du joli, hein ! Ah ouais c’est du jo-Oh pardon m’sieur, je l’avais pas vu.
Mh…
Euh…
Non mais jvoulais dire… C’est qu’il est rud’ment bien amoché son bijou, là, y fait gaffe quand il le sort de son fourreau ou bien ? Il l’a protégé un peu à l’intérieur ou pas du tout ? Avec du tissu ou du bois ?
Euh…
Mh…
Non fin moi c’que j’en dis… Non mais c’est dommage quoi, un beau Trois-Marteaux comme ça, on en prend soin… je dis pas ça pour lui, hein, encore une fois, qu’il le prenne pas mal, ptet c’est pas sa faute et je connais p
Mais enfin tu sais pas à qui tu parles, Che ? Ta langue, tiens un peu ta maudite langue…
Ecoute la voix des aînés et tiens-la bien, bonhomme, oui…
Nan fin moi c’est que c’que j’en dis, hein…
Trois-Marteaux tu as dit ? C’est quoi ça ? De quoi tu parles ?
Ah, j’avais bien raison, oui, au fait ? C’est pour ça que je voulais que tu jettes un œil…
Ben c’est pourtant pas compliqué, Bill Trois-Marteaux, il a jamais entendu parler ?
Il d-Je devrais ?
Ben je sais pas, moi… Ouais ? C’que j’en dis après c’est lui le patron, hein. Je veux pas désobliger moi je fais que mon métier et je me tais. Un fourreau tu veux, c’est ça ? J’ai bon ?
Oui oui, c’est ça. Un fourreau
Non mais…
Je vais t’expliquer…
… Et je lui mets un coup de ponce avec ça ? Et j’y fais un truc avec du qui brille ou on reste dans le d
Oui vas-y, va, va ! Ce que tu veux ! Le mieux ! Pars dans ta forge et laisse-nous entre hommes, allez ! Je lui explique, t’en fais pas. Mais va-t-en, ça va mal se mettre je sens sinon… Et toi, tu viens ?
Mh…

Dialogues en triangles qui s’achèvent, vies sauvées qui s’ignorent, Che le forgeron crache dans ses mains, les essuie sur le faux chiffon qui pend de sa poche arrière et se met à l’ouvrage. Et va que le soufflet s’active et va que les braises rougeoient et que la cendre tournoie et tape le marteau et tape l’enclume et tourne la meule et glisse la lame et frotte la pierre et frotte le chiffon qui râpe et reflète le métal poli lavé lustré… Un monde tourne.

Et pendant ce temps-là, dans un décor propice à une discussion historique avec un vieux qui joue du go en arrière-plan tandis que les effluves du poulet du soir se fondent dans les fumées du charbon…


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C’est l’histoire d’un mec…
Normal, blanc ? On la connaît… mais c’est quoi le rapport ?
Y dit que y a aucun rapport.
Tu serais pas en train de te foutre de ma gueule là un peu ? Tu craques ?
Oui, pardon. Pouf pouf. Je n’étais pas sûr au début.
Abrège tu veux… ?

Mais les vieux prennent leur temps, c’est pour ça qu’ils survivent là où tant de jeunes sont morts d’avoir vécu trop vite. Alors il faut encore une bonne demi-cigarette à Tahar pour tirer du nez gras et suintant de Ouik les vers qui lui permettent de comprendre beaucoup de choses. Des images reviennent en mémoire, des scènes de combat pour beaucoup voire toutes. Des instants où l’échine lui a tremblé alors qu’il martyrisait ou au contraire rendait grâce à… Narnak. Narnak ?

Il a un vrai nom ?
Bill Trois-Marteaux lui en avait sûrement donné un à l’époque, mais c’était il y a bien plus d’un siècle maintenant et le gouvernement ne lui a pas tellement laissé la liberté de s’épancher trop avant sur ses créations avant de lui trancher la tête… Narnak, tu l’appelles ? Pourquoi ?
Mh.

Une légende du bled dont je viens. Une chanson pour môme. Les paroles sont trop loin pour que, non n’insiste pas, je te pousse la chansonnette. Ttt. N’insiste pas, t’ai dit. Ca parlait d’un type qu’aurait vécu, ben, dans les mêmes eaux que ton forgeron, là, à une grosse tapée près. Un type incroyable.
Narnak ? Jamais entendu parl…
Kan le rouge de son surn
Ahhhh, si oui je vois, évidemment que je vois… Héhé. Kan. Mauvais bougre, non ?
Tu m’as vu ?
Oh pardon. Mais pourquoi lui ?
Les circonstances de son acquisition, ça collait bien au contenu de la chanson…
Sûr que c’était une chanson pour môme ?

Dans le fond, derrière eux, une masse ou un autre outil à ascendance vaguement métallique tombe pour la dernière fois sur un établi. Une porte s’ouvre, le grand-père qui joue au go tourne la tête.

Bon alors puisqu’y m’ont pas dit j’ai fait au mieux, hein. Du pas trop voyant pour rester dans le ton, voyez, mais j’ai pas résisté, j’ai dessiné des trucs rigolos sur le bord de caisse pour faire un peu plus dynamique, voyez, c’est la touche personnelle de l’artiste, hein, comme on dit, bon, pas du tape-à-l’œil non plus, ça m’a pas paru trop votre genre et puis j’avais plus l’étain qu’y fallait vu que j’ai utilisé tout mon stock pour la vieille enfin vous vous en foutez mais bref j’ai pas pu et ah, et j’ai tout briqué la lame comme il fallait aussi, elle est propre comme elle est née jcrois bien, faudrait demander à Bill bien sûr, notez, héhé, mais voilà ça nous f’ra cinq et dix qui nous font cinq millions, jcrois bien, hein, voil
J
Je te règle après, d’accord ? Tu me connais, Che, tu sais que je tiens parole. Hein ? On en parle demain. Okay ? Okay, on en parle demain. Allez, ciao, rentre bien, on s’en va nous. Je reviens.

Excuse-le, il est un peu simplet, mais c’est le meilleur sur toute la voie dans son domaine… Tu viens ? Je t’offre une tournée de ce que tu veux et- Tu m’écoutes, dis ?

Tahar écoute. Vouloir offrir quelque chose à quelqu’un qui n’a pas payé un broc depuis deux ans et s’est contenté de se servir de ce dont il avait besoin quand il en avait besoin a quelque chose d’un peu ingénu, mais la scène n’en est que plus bucolique. Et l’encore plus ancêtre avec son plateau tournant qui joue contre lui-même semble de bonne compagnie. Ou en tout cas lui plaît assez avec son air d’alcoolique qui se cache derrière des phrases sages du genre « si tu veux déplacer une montagne, tu pourras pas » ou « qui veut voyager loin mange sa monture »…

Dzing.

Courant d’air, bruit de fond urbain, rai de lumière.

Poussières qui volent dans l’interstice éclairé.

Dzing dzing, la porte se referme, l’air s’apaise et la pénombre revient dans le… bruit de verres qu’on nettoie. Derrière le comptoir un homme brun à la quarantaine balbutiante avise le trio et maugrée. Aujourd’hui il fermera probablement plus tard… Mais enfin, le plus jeune du lot n’a pas l’air bien commode avec son coupe-coupe qu’il admire comme s’il venait de l’acheter aux puces. Et ce brillant sur la gaine de métal qu’il tourne et retourne dans sa main… Encore un bobo, tch.

Bobo ? Qui en veut ? Distribution gratuite, soyez pas timides, allons ! Qui a parlé de bobo, qui je tue ?


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