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The Cell [1624]

Alors c’est ça. Impel Down.

Alors c’est ça. La cage où tout se termine.

Ils l’ont relevé. Soigné. Embarqué. Il faisait la gueule et mangeait ses dents. Pleurait son sceptre et sa fierté. Jurait vengeance et savourait victoire. Je l’ai regardé partir. Il est parti.

Ils m’ont relevé. Menotté. Embarqué. Je souriais et montrais mes crocs. Pleurais ma poulie et mon sabre. Mes plus fidèles compagnons, toute cette partie de moi qu’ils représentaient, mes deux passés, ma vie entière, ils n’étaient plus. On m’a dit qu’on partait. On est partis.

On m’a lavé. Dépoilé. Ebouillanté. Ma cravate et mon manteau aussi, ils sont morts. Mon costume, taillé en pièces. Tout ce que j’ai pu accumuler dans ma vie, le peu que j’ai choisi de conserver avec moi toutes ces années, je ne l’ai plus. Les médailles sur le revers de mon cuir. Les vestiges du passé que je faisais voyager avec moi. Je ne les ai plus. Je n’ai plus rien. Je ne suis plus rien.

J’ai morflé, je bave encore et je fais probablement peur à voir. Pas grave, personne ne me voit. Je ne peux pas bouger. J’essaie mais je n’y arrive pas. Je ne suis plus fou, je suis seul avec la pierre nue de la cellule, et plus aucun bruit ne me parvient. Ni bruit ni lumière. Ce n’est pas dans une cellule qu’on m’a mis, mais dans une cave. Une cave de roche tout au fond des océans.

C’est étrange, je suis parfaitement calme. Comme si j’étais là où je dois être, comme si le Nouveau Monde ne comptait plus tant que ça, n’avait jamais tant compté que ça. Comme si toute cette errance n’avait eu que ce seul et unique but. Impel Down. Impel Down. Impel Down. Le nom sonne dans le vide qui m’entoure quand je le chuchote. Ricoche sur les murs, ricoche sur les barreaux du même granit que mes fers. Un grognement s’élève depuis la cage d’à-côté, passe par le couloir et rentre.

Je suis à l’étage où on range les monstres comme moi, je ne devrais pas être dépaysé. Je ne le suis pas. Pas vraiment. Je m’interroge. Est-ce que c’est ma place ? La prison ? La prison sobre ? Mes lèvres sont sèches, mon gosier aussi. Ma voix, je l’ai sentie pâteuse quand j’ai murmuré. Rauque.

Dans une nuit pareille, avec mes bras ballants qu’aucune énergie ne parcourt, qu’aucun sang ne me semble plus irriguer à cause des menottes, je n’ai que mes souvenirs à appeler. Je les appelle. Ils ne viennent pas. Ils viennent, mais comme de vrais souvenirs. Flous. Oubliés. Plus d’hallucinations.

J’essaie d’appeler Jenv, je ne la vois pas. Je ne sais plus la forme de son visage, plus le ton de sa voix, plus la douceur de sa peau. Son regard, de quelle couleur était-il ? Jenv, je crie, Jenv ! Mais personne ne répond. Pas même mes voisins. Rien, personne. On m’a dit qu’on viendrait me voir, on ne vient pas. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là déjà. Pas mal. Plus sans doute.

Peut-être pas. J’arrive à me relever au quatrième essai. J’étais à genoux, j’ai la cheville qui tremble encore. Les chevilles. Je ne sais plus quand ça m’est arrivé. Peut-être quand Pully est morte. Tout est devenu sombre à cet instant. Tout est passé brouillard. Tout est toujours brouillard.

J’explore de quelques pas le sol de mauvaises dalles inégales. Je les sens gelées par la profondeur, humides. Les nuits vont être rudes. Enfin les nuits. Quand je m’effondrerai de sommeil, ce sera dur. Avec ce pauvre linge en coton qu’ils m’ont refilé. Je me demande s’il est rayé. Quel intérêt à donner des rayures aux prisonniers quand on les plonge dans les ténèbres.

Des pas. Dans le couloir. Je crois. Je me trompe. C’est mon cœur, mon cœur qui bat jusque dans mes oreilles. Ca faisait longtemps que je ne l’avais entendu. Il me souffle tandis que je reprends mes tâtonnements que la cellule fait trois par deux. Bien, au moins je pourrai m’allonger.

Me vient l’image que si j’avais été dans une prison normale j’aurais souri à cette pensée. Mais je ne suis pas dans une prison normale et pas sûr que réussir à dormir sans me plier en quatre dans la longueur suffise à m’apporter joie de vivre jusqu’au lendemain. Je suis à Impel Down et aucun lendemain ne se profile à l’horizon. Je suis à Impel Down et il n’y a pas d’horizon. Un frisson me tend brusquement. Ma tête lance, je me rassieds brutalement en tombant à terre.

Au-dessus de moi qui m’écrase, un plafond de roche épais comme Calm Belt est profonde. Autour de moi, loin, l’immensité mortelle et quelques poissons perdus en chemin. Autour de moi, pesante et en passe de devenir lancinante, cette question nouvelle. Excitante parce que nouvelle, mais effroyable plus même qu’excitante. Cette question littéralement existentielle.

Est-ce que j’ai vu pire ?


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The Cell [1624] Hopev
Je me suis endormi et à me réveiller rien n’a changé. Rien que le sol rude et froid et dur sur lequel je me suis déjà râpé un pouce carré de la peau de la main en m’en faisant un coussin de fortune. Rien que la roche qui luit dans la pénombre presque totale au milieu de laquelle je discerne désormais au moins quelques silhouettes. Toujours pas de profondeur de champ, aucune réactivité au mouvement. De toute façon il n’y a pas de mouvement. Mais au moins je ne suis plus sur seulement quatre sens.

Quatre ? Mon odorat ne sert à rien car tout ce que je sens c’est l’humidité omniprésente. Mon ouïe non plus car tout ce que j’entends c’est le ronflement permanent en provenance du couloir et le rien, le grand rien qui rend sourd. Mon toucher me sert un peu. Ma vue aussi, donc, maintenant que j’ai dormi. Combien de temps ai-je dormi ? Aucune idée. Et mon goût… Mon goût je n’ai plus rien. Même à me lécher la main pour nettoyer l’égratignure de la terre qui pourrait l’infecter, je ne perçois rien. Pas le sang de la plaie, pas la saveur de la poussière, pas même le granit des menottes. Rien.

Un visage dans la nuit.

Un visage familier, noir comme le fond de mes pensées. Clair-obscur, c’est ça. Tendance café au lait, ce truc infâme que les pégreleux boivent dans leurs troquets. C’est parler de goût, ça m’a donné envie de manger, et manger depuis un an c’est elle qui me sert. Les trucs les plus immondes, elle les rend top. Je sais pas où elle a appris ça. Je m’en rends compte maintenant que je l’ai plus, mais je lui ai jamais demandé. J’aurais pu, même si l’afro-coupe la flatte pas et favorise pas la dialogue. Ses poils, c’est ça. Ses poêles aussi. Je fais de l’humour, c’est bon signe. Je me redresse avec un sourire mini.

Une bosse sur le pavé à l’entrée de la cellule, je distingue ça dans l’ombre. J’y vais, ça sent rien mais ça doit être comestible. S’ils voulaient me tuer ils l’auraient fait déjà, plutôt que de me tenir là-dedans. Déplacer un amiral ça coûte moins cher que d’entretenir une taule pareille. Pourquoi est-ce qu’ils me gardent d’ailleurs ? J’ai la tête ailleurs pendant que j’avale la pâtée. Ca vaut pas celles des prisons de la surface niveau dégueulasse, je me serais attendu à pire de La prison. M’enfin.

Ca vaut pas non plus les pitances de Hope. Michaela. Ouais, peut-être que j’aurais dû taper la causette au moins une vraie fois avec elle depuis ce recrutement un peu forcé à Las Camp. Hm. J’essaie de me souvenir de ce qu’elle m’a dit sur le moment. Pourquoi elle me rejoint et tout ça, mais rien. L’écran noir de la mémoire qui flanche. Elle m’a sans doute jamais dit. Pas trop son genre de se confier. Oui je pense. Je pense beaucoup, j’ai tout mon temps pour penser. Penser au pourquoi.

Penser au comment. Comment faire pour tenir le coup. Sans doute pas avec une pâtée pareille, sûrement pas sans sel et sans poivre et sans épices capables de te rendre succulent un steak de pigeon. Sans doute pas. Mais peut-être en imaginant. En transposant et en forçant les papilles à se rappeler. Peut-être. J’essaie. Une cuillère pour toi, poupée avec ta langue trop bien pendue mais pas pour les bonnes choses. Je me souviens une fois. Ca me revient. L’arrivée sur Union John.

Quelque chose sur sa fille, elle avait lâché. Comme quoi j’ai pas tout perdu. Comme quoi je sais écouter parfois. Ecouter, retenir. Ressortir. Je et puis on, nous les mecs. Même Jack je l’ai surpris à l’écouter une fois. Si. Jack. Les cuillères de raclures de fond de casseroles passent les unes avec les autres. Une pour ta fille, Hope. Une pour son père qui doit se réjouir de ce que l’équipage sur lequel tu comptais pour venir lui peler les bourses ait fait faillite. Faillite ?

Me surgissent d’autres questions. Des sur le futur des autres. Le futur ou le présent, remarque. Le futur d’après le clash avec Pride et Ribouldingue. Aucune idée d’où y sont, près ou loin, juste au-dessus où à trois cents bornes. Foutues entraves. Foutu démon qu’a peur d’un zeste de roche. Pris d’une idée je passe le tiers de ma bouffe à essayer de huiler mes poignets pour les extraire des cercles en pierre.

Que dalle. Bien sûr que dalle.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 17 Déc 2012 - 15:44, édité 1 fois
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The Cell [1624] Mayaq
Le bon néant.

Le néant vide. Un néant vide dans le succès de mes tentatives pour me défaire de mes chaînes qui me rappelle un autre rien. Qui fait surgir un autre visage qui vient se mettre à côté de l’autre, dans les airs de mon imagination qui revient au grand galop. Un visage blond, pas poupin pour un sou, plutôt sec même, mince et pas émacié mais pas loin. Mignon, hein, mais un style particulier de mignon. Jeune. Jeune et cadré de blond, cadré de blond et illuminé d’une chandelle, d’une seule chandelle émeraude. Une chandelle, une gemme même. Un bon éclat à côté duquel mêmes mes yeux à moi sont ternes quand je suis en forme.

Maya. Ma solitude absolue du moment, dans ma cellule comme dans ma tête me renvoie à son orbite vide. J’y suis attiré comme par un aimant. Un trou noir et pas un glorieux. Pas un qui attire la lumière, un qui la rejette violemment, laissant à l’autre œil en forme le loisir de la capter toute. Maya.

Pareil, la première rencontre me remonte. A Las Camp, chez Roland. Le massacre et le reste. La dette, le chocolat. Et puis la suite avec ses sauts guillerets d’enfant sage dans sa tête. Je lui ai jamais trop causé à elle non plus, je me rends compte. Elle aurait l’âge d’être ma môme, si j’étais un père, et même pas je lui ai demandé pourquoi elle a décidé de continuer à me suivre encore et toujours alors que ses créances étaient bien remboursées depuis longtemps et avec les intérêts s’il vous plaît.

Je dis s’il vous plaît à voix haute, un gars à l’extérieur me dit que je suis faible, je lui dit d’aller sucer sa mère. Il me dit que c’est pour ça qu’il est là, ça a été le début de tout, le jour où il. Je l’interromps en lui lançant du rien et il finit par sortir de mes oreilles. Maya y revient, espiègle petite Maya capable de faire peur à Jack et aux autres. Les braves. Non, moi je l’ai jamais vraiment crainte. Me suis toujours méfié, toujours été impressionné par ses méthodes mais si j’avais eu peur ça se serait su.

Me remonte que depuis Clockwork elle s’est mise à en partie causer à la première personne, que je l’ai vaguement noté, et que je l’ai même pas relevé. Que ni moi ni les autres ne l’avons noté. D’ailleurs. Fini le temps des responsabilités, je me dis, fini le temps de chapeauter tout le monde, de prendre pour eux. Ca se fait sans moi et même si ça ne se fait pas, tant pis. L’heure du personnel a sonné. Retraite. Rideau. Dodo. Comme elle, tiens. Narcolepsie. Subite. Pléonasme ?

Possible, mais j’ai déjà oublié la question en relevant les paupières sur ma pitance du jour. J’imagine qu’il y a une régularité dans les services de restauration ici. Alors ça doit faire un jour. Ou à peine un tiers de jour s’ils suivent les directives de nutritionnistes et nous filent le manger matin, midi et soir.

Je doute. Même si la torture n’a pas l’air leur fort à ce niveau qui n’est pas censé exister si je me rappelle bien de mes cours sur envoyez vos prisonniers dans l’un des cinq niveaux d’Impel Down, je doute qu’on gâche trois fois de la soupe à nous engraisser. Torture, je suis reparti sur Maya, ça y est.

Curieusement cela dit ça ne m’empêche pas d’y aller à la gaie fourchette dans mon broc. Pas un brin dégoûté par ses œuvres d’art. Est-ce que c’est de les avoir trop contemplées ? Est-ce que c’est d’y penser alors que ma situation n’est pas la plus enviable ? Peuh. Je n’en sais rien, sûrement comme d’habitude toujours les deux, avec un mélange d’autre chose que personne ne définira jamais, surtout pas moi. Dernière bouchée ou gorgée, comme on veut, et je repose le plateau.

Ca fait un tintement métallique qui me rappelle à Marie-Joa dix ans plus tôt, dans les catacombes où me torturaient un vieux schnock et sa compère, enfin surtout sa compère. Aucun rapport sauf le bruit du chose qui tombe et l’idée que peut-être des gens aiment ça. Des gens pas comme Maya. Moins blond, moins ingénu, moins accro au chocolat. L’idée que peut-être moi j’aime ça. J’essaie de voir, ne vois pas, reste dans l’indécision pendant quelques… quelques riens. Pas d’unité de temps ici. Je pourrais compter mes pulsations pour fixer une échelle mais à quoi bon ?

A quoi bon alors que sans fruit je vais devoir y passer toute ma conscience. Un truc à devenir fou encore plus vite qu’ils ne le souhaitent. Et je ne leur ferai pas ce plaisir. Oh non.


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The Cell [1624] Lilou2
Non je serai rebelle, indomptable, et je ne céderai pas à la tentation de déprimer. Je verrai le bon côté des choses et je croirai en l’humain, en moi qui le suis un peu malgré tout et surtout pas en la raison d’être de ce niveau inexistant dans les fichiers : la torture psychologique par la solitude est pire que n’importe quoi d’autre. Pour l’instant je dois dire que je m’en sors pas mal. Je m’attendais à pire, mais niveau douleur j’ai connu pas mal moins glop chez les scientifiques tarés de l’île de l’horloge, tiens.

Lilou. Je dis son nom là comme ça soudain parce que sa face m’apparaît sur le mur toujours indistinct mais un peu moins de ma chambrette douillette. Sa face et son allure, aussi, mince et tout comme elle est, était les deux-trois fois où je l’ai rencontrée. Héhé. Lilou. Tu entends ça, ténèbre ? Je ne céderai pas, je ferai comme elle et je croirai que le monde est sympa à vivre et vaut le coup et tu ne pourras pas me casser, non tu ne réussiras pas, je te surmonterai et tu auras l’air ridicule quand je sortirai sourire aux lèvres et mimines libres de faire tout et n’importe quoi, en particulier caresser des rousses jolies et mignonnes mais un peu jeune, pourquoi tu fais si jeune sur le souvenir que j’ai de toi, dis ?

Elle ne répond pas bien sûr, mais c’est bête, quand même cette apparence. Ca fait presque malsain. Genre j’aime les fillettes alors qu’elle avait tout d’une femme moi, je sais, quand on a fait des rêves ensemble sur la banquette comète de la Sublime dans le port de Peutin. J’essaie de modifier, d’appeler à moi les courbes généreuses que j’ai explorées mais ça reste bloqué. Alors je m’énerve et un maton qui passerait, mais heureusement il n’y en a pas, croirait sans doute que je suis dans la phase de colère de l’acceptation en douze étapes de la perte d’un proche.

Proche qui serait en l’occurrence ma liberté.

Mais on ne m’enlève pas ma liberté comme ça à moi. Pour ça il faut me couper la tête et ça il ne l’ont pas fait, grand mal leur fasse. Non là je pense, je pense et je bloque. Je bloque et je retourne et je reviens à mes bonnes vieilles habitudes où je tourne en roue libre sur un sujet bien précis.

Le sujet bien précis c’est ce visage en sépia qui me toise en silence avec cet air qu’elle a facilement de reproche mais où il faut savoir exactement ce que tu as fait mais par toi-même, elle ne te dira pas. Et puis après elle te dit ah mais tu vois, c’était évident, non ? Pourquoi tu ne savais pas ? Pourquoi pourquoi. Hum. Je suis mauvaise langue, elle ne m’a jamais demandé pourquoi.

Ca doit être son côté ingénieuse. L’ingénieur demande comment et non pourquoi. Fait au lieu de penser. Ca doit être notre grande différence, entre elle et moi, et c’est probablement pour ça que je ne comprends pas ce que son avatar dans mes pensées veut me faire entendre. Est-ce que c’est le reflet de sa fragilité de frêle rousse qui a besoin d’un canard de quatre mètres et du haki de l’armement pour avancer dans la vie ? Ou est-ce que c’est à travers ça le reflet d’une fragilité que moi j’aurais ?

Hinhin. Moi fragile. Je chasse la bougresse aux cheveux flamboyants de ma sphère et me concentre sur autour, sur ailleurs et sur maintenant mais à côté. Ca ne marche pas trop. Elles sont trois à me regarder et ça commence à faire beaucoup. Oui, même Maya et Hope, qui sont à côté sur le mur nu de la cellule s’y sont mises. Et avec leurs cinq yeux plus un trou noir, ça commence à faire pesant.

Je souffle, regarde l’espace sous la porte dans le noir moins noir et plus gris là-bas. Rien, rien à manger, rien pour se distraire. Okay. D’accord. Faisons comme ça. Vous voulez qu’on se regarde en chien de faïence ? D’accord. Je m’assieds en tailleurs et j’attends. Si elles veulent que je comprenne quelque chose, si elle veut que je comprenne quelque chose, eh bien qu’elles soient plus claires. Qu’elle soit plus claire. Que leur message le soit. Moi en attendant je ne bouge pas.

Je ne bouge pas.

Je ne bougerai que pour me détendre les jambes.


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The Cell [1624] Viperc
Me détendre les gambettes ou enchaîner avec les personnifications de rousse au sang chaud comme toutes les rousses l’ont dans les pierres suintantes d’humidité du mur de ma sentence. Oui, forcément, penser à Lilou c’est penser à Viper. Forcément. Et puis bon, être enfermé à Impel Down, si près d’elle qui doit être quelques marches plus haut dans la hiérarchie des laissés pour presque morts, c’est quelque chose quand même. Pas réalisé jusque là, mais quelque chose à coup sûr. Oh oui.

Ca fait un moment qu’ils ne m’ont rien filé à manger. Je ne sais pas si c’est l’inaction, le réveil par l’optimisme forcené que m’évoque la petite Jacob, ou encore l’appétit sexué que m’ouvre le souvenir somptueux de la fieffée CP6-9 repoussée jusque dans ses derniers retranchements par un canard, un tapis et un chasseur de primes véreux, mais je commence à avoir les crocs. J’attaque les mâchoires articulées qui me tiennent les poignets mais rien. Rien qui me tarisse la faim à part le goût ferreux qu’a ce minéral du fond des eaux et du fond des âges. J’hésite à continuer sur les barreaux de la porte mais je me dis que je vais me faire mal pour rien, alors en attendant je me fais du bien pour pas grand-chose. Une seule fois, finalement, ça sera fait entre elle et moi. Si c’est pas gâcher, tout ça.

Non, je ne suis plus en colère de ce que notre dernière retrouvaille ait été interrompu. Lilou valait le détour et puis on a pu s’expliquer elle et moi depuis le début. Mais j’ai un petit regret, oui. Un gros regret même, et puis des envies qui me montent. Des envies d’elle, d’elles et de juste monter la saut. La sauver de son étage de fournaise ou de froid, je ne sais plus très bien tout se mélange dans mon esprit quand j’essaie de revenir à mes savoirs sur la structure de la prison.

Et ce n’est pas le gardien dont j’aperçois à peine la main affreuse en train de me distribuer ma ration du jour ou de la nuit ou de moins ou de plus, à travers le petit panneau amovible de la porte, non ce n’est pas lui qui va me répondre. A coup sûr il est muet, et s’il parle par le plus grand des hasards il doit parler un charabia assez incompréhensible à base de coups de fouet parce qu’il aime ça, de coups de trique parce que c’est dans le manuel pour éviter les rébellions et tentatives d’évasion, et de vocables plus ou moins insignifiants du genre ouaf, ouaf, parce que vu ses pattes il doit avoir une tête de chien. Je dis ça, je ne dis rien, c’est respectable d’avoir une tête de chien.

Chien, ça me rappelle que c’est comme ça qu’on m’appelait, avant. Le chien fou.

Tahar Tahgel le rouge, le chien fou des abysses infinies. Je le redeviens, fou. Je le sens. C’est mal. Mal parti alors je pense à Viper. Viper la pas douce, Viper la manuelle du Rokushiki qui a accepté pour rien de me faire une gâterie devant tout le monde au Baratie un jour où elle aurait pu juste me tuer. Elle en avait les moyens en plus, à l’époque, avec ses arts obscurs. Mais non, elle ne l’a pas fait.

Et voilà où elle est aujourd’hui, sans même pour lui tenir compagnie son furoncle de copain avec lequel elle a passé sa mise à la retraite anticipé quand j’ai fait surface, j’ai nommé le Punk Shell Phillip, autrement dit le paternel présumé de la Lilou, de cette même Lilou qui depuis une paie maintenant me regarde du haut du plafond indistinct. Mais désormais avec un peu plus de désir et d’âge que tout à l’heure, ça doit être dans ma tête. Pas grave, je prends aussi. Je prends tout, je prends toutes. Il faut que ça passe, je commence à disjoncter. Comment j’ai fait, plus tôt ?

J’ai bâfré, fait confiance à la tambouille et bâfré en prétendant que c’était Hope qui m’avait préparé à manger. Peut-être que c’est pour ça que je suis malade d’ailleurs, que ça me revient alors qu’en arrivant j’étais calme et posé et serein et seul dans ma tête. Peut-être que c’est parce qu’ils me droguent que ça me revient. Et peut-être que Hope aussi me droguait en fait, et que c’est pour ça que je voyais des choses et pour ça que cette nuit il y a longtemps entre le Cap des Jumeaux et l’île de John j’ai assommé Lucia et Sonja de mon gros haki déjà bien balèze mais je ne le savais pas encore.

Leur faute, sa faute, leurs fautes à toutes. Putes.


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The Cell [1624] Adrienne2
Putes.

Tiens, une blonde. Laquelle est-ce, celle-ci ? AH. Le poing massif de la débandade se plante dans ma face et s’enfonce de tout ça au moins avant de me laisser pour mort dans ma misère et les miasmes de mon irrépressible envie de rendre mon casse-croûte. Adrienne Ramba flotte dans sa bure rêche de nonne enrobée mais c’est du muscle et va se coller au plafond au-dessus de Lilou parce qu’elle l’aime bien cependant que Viper et les autres en croient pas leurs yeux. Qu’est-ce que Ça fait dans mon imagination. Qu’est-ce que. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j’ai un souvenir pareil dans ma mémoire.

Je ne sais pas, je ne veux pas savoir. La faute à Lilou sans doute, la faute à pas de chance peut-être, ce pas de chance qui m’a fait la rencontrer le temps de ce baiser si langoureux à Bliss alors que juste avant tout baignait et surtout moi, et qu’après tout crachait, surtout les mitrailleuses lourdes de Bee le discret et de la Marine la sainte défenseuse de nos droits et de nos intégrités physiques. Je repense à cette tentative de viol avortée sur moi-même et plus j’y pense et moins je veux y penser. Erk.

Pour oublier car tout peut s’oublier je me mets à faire des pompes avec deux puis une puis sans les mains et avec deux puis un puis sans les pieds. Ca m’occupe mais je sens bien qu’elles se parlent toutes les cinq là-haut alors j’écoute ou j’essaie d’écouter mais je n’entends rien et je suis trop faible car trop fatigué par ma défonce, par ma défense en forme de défonce physique, pour entendre et réussir à percevoir quoi que ce soit. Mais quand j’arrête, aussitôt elle tourne vers moi son gros visage rond et ses cheveux courts de sainte en croisade et ses gros. AH. Alors je recommence et je recommence et je m’endors mais même dans mes rêves elle me poursuit et elle est encore moins vêtue qu’avant parce qu’elle a tombé sa robe austère de religieuse pour des tenues expérimentales, forcément expérimentales sur une silhouette comme la sienne mais expérience ratée, ratée.

Ratée.

Au bout d’un moment elle en a marre alors elle s’arrête et peut-être qu’elle a compris que je ne voulais pas d’elle ou peut-être qu’elle attend juste que je m’endorme vraiment et même dans mes rêves pour venir s’occuper de moi pendant que je ne pourrai vraiment plus me défendre, déjà que je ne peux plus beaucoup non je ne veux pas non ne t’approche p. Je m’endors et je dors et au réveil je suis fatigué comme si je m’étais fait rouler dessus par une boule de roche de trois fois mon poids et je me dis que j’aurais dû avoir le fruit du sang quand je l’ai rencontrée à Bliss elle et Lilou comme ça elle ne m’aurait pas touché, pas moi ni même ma rétine et peut-être que je dormirais mieux maintenant et peut-être que je pourrais passer à autre chose et ne plus, et ne plus paniquer quand je ferme les yeux.

Ou alors c’est une étape de plus sur l’échelle de l’acceptation en douze étapes de machin tout ça mais c’est dur, c’est très dur et j’ai presque envie de redevenir sobre ou alors de beaucoup boire au contraire. Voilà c’est ça, boire, c’est ce qu’il me faut et je décide que les gardiens sont des gens compréhensifs alors je me lève et je tape sur la porte et je crie et je tape et je crie et je tape et j’oublie pourquoi je fais ça alors je m’effondre et je dors encore et je me relève et encore elle est là et elle ne me lâchera pas parce qu’elle a encore le sourire aux lèvres qu’elle avait quand elle m’a embrassé là-bas sur la table de l’auberge devant tout le monde soi-disant pour me revivifier mais je n’y crois pas.

Personne ne répond, personne ne répond jamais à la porte alors j’abandonne et je me laisse aller et finalement je la laisse venir et je ne sais pas combien de jours ça fait que je la combats elle et son souvenir mais voilà j’ai perdu et je lui demande si elle est contente et elle me répond contente de quoi et je lui dis contente que j’aie perdu et contente que je dise que j’ai perdu et elle me dit qu’elle s’en fiche que tout ce qu’elle voulait me dire depuis tout ce temps c’était que non toutes elles ne sont pas des putes comme je disais et que dire que c’est des putes c’est grossier et que son dieu n’aime pas les gros mots alors je dois faire amende honorable et plein d’autres trucs. Et je lui demande comment faire amende honorable et elle me dit de prier Dieu et je lui demande pourquoi et elle me dit que je verrai et je ne vois pas alors je n’essaie pas et elle s’énerve alors je fais et me voilà à prier je ne sais qui pour je ne sais pas très bien quoi, et je crois que tout ça est dans ma tête.

Je la perds.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 17 Déc 2012 - 18:14, édité 1 fois
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The Cell [1624] Louisew
Je me perds.

Je me perds et les blondes se succèdent, de maman haltères qui part rejoindre ses copines sur les murs on passe au garçon manqué vachement vaginalement squattable. Et squattée. J’ai nommé Louise Mizuno, chasseuse éperdue à ses heures gagnantes. J’ai lu ça après l’avoir quittée. A parler de pute… Oui non forcément ça lui plaît pas et son avatar veut m’en mettre une mais bon. Je m’excuse pas. On parle quand même de la gonzesse capable de se donner pour une place sur un bateau, quitte à ce que le bateau, ce soit le mien. Malheureuse. Je me demande ce qu’elle est devenue après que je l’ai lâchée sur la chaloupe des mers du sud. Rien ? Boh, si, quand même.

Elle me regarde l’air de dire, tu vois, c’est pas bien d’abandonner les jeunes filles plus très vierges mais femmes quand même. C’est pas bien, j’espère que tu souffre le martyr sous le poids du remords qui t’accable. J’aimerais bien, note. Peut-être. Je sais pas trop, ça me vient pas vraiment. Le remords.

Le remords.

Ca commence comme regrets pourtant, ça devrait pas être très différent. Mais non… remords, vu le nom, ça doit impliquer de se bouffer la rate soi-même avec ses propres dents, et ça c’est pas trop dans mes gènes d’animal sauvage. Teh. Plutôt crever que de s’infliger ça. Crever. L’envie m’en prend, mais encore faut-il savoir comment faire. A part m’attaquer les veines à la ratiche, rien qui me vienne de transcendant. Je connais mes réflexes, m’arrêter de respirer servira à rien et me tanner contre la porte, au mieux ça la cassera elle… Tiens, pourquoi pas ? Je me lève dans le noir moins noir et saute à pieds joints sur le panneau. Ca résonne mais se passe rien à part mon oreille qui gémit.

Trop de bruit à la fois et mes copains de dortoirs sont dans le même état. Et que ça gueule, et que ça gueule, et que ça gueule encore. Je réessaie une fois, deux fois, trois fois. Quand j’ai l’épaule bien défoncée à force de, le service d’ordre arrive, me shoote à distance à travers le soupirail qui sert de vasistas avec un truc qui me rappelle les bons procédés de ce docteur de Clockwork à qui j’ai refait la psychologie. Ca me calme direct, je me planque dans un coin et j’attends, pendant que deux gorilles. Non, pas Potemkin, des gorilles légaux avec droit d’existence et tout ça. Pendant que deux gorilles viennent me matraquer parce qu’ils trouvent ça drôle. Leur torche me brûle la rétine et je deviens aveugle pendant qu’ils font gicler le sang. Quand ils s’en vont, je m’autorise un petit gémissement.

Mais discret, faudrait pas qu’on sache que je suis sensible.

Dehors dans le couloir les bruits se sont calmés. Je présume qu’on a fait subir le même traitement à mes nouveaux meilleurs amis. Ca leur apprendra à suivre le mouvement aussi. Je sais pas si c’est très légal, mais de temps j’imagine que ça dégourdit les bras aux gardiens de l’étage qui autrement doivent sérieusement s’emmerder. Et taper un petit coup, c’est agréable. Comme tirer.

Tirer, ça me ramène l’histoire de Louise et des bons marins qui voulaient nous arrêter avant qu’on se tire, par tous les trous du scénario fixé par le destin à l’époque. Ca me ramène sa frimousse chérie aussi, de fille pas droite dans ses bottes pour deux ronds, pas frileuse des yeux non plus, bref, sa trogne de gamine adaptée à son monde de déliquescence. Elle me regarde de là-haut avec les autres, et moi je dis rien pendant qu’elle se fout de moi et me fais signe que bisque bisque rage, a bien ri celle qui aura ri le dernier. Moi, je me marre doucement.

Mais discret aussi, faudrait pas qu’on croie que j’ai encore de l’humour.

Ils risqueraient de vouloir en remettre une couche.

Surtout que. C’est juste du putain de cynisme. Ultime défense.


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The Cell [1624] Karyll
Niveau cynisme, y en a bien une qu’avait à revoir sa copie, qui me revient alors que Louise se met à me faire la gueule. C’est miss Karyll, bien sûr, la noblesse dont j’ai pété le chat moche à coup de Narnak, et non c’est pas cochon. Y a la version cochonne aussi qui s’est passée, je m’en souviens comme si j’avais participé, mais j’essaie de pas trop y penser. Je commence à être tellement en chien sans gonzesse et sans alcool pour oublier les gonzesses qui me manquent, ou l’inverse, que c’est pas bon si je me fixe sur ces choses-là. Ca va provoquer une crise, je vais devoir me fracasser contre la porte encore pour me calmer, ou penser à des trucs sordides comme Adrienne qui me fait toujours du gringue depuis le recoin avec l’araignée bizarre là-bas, et dans tous les cas ça va me mettre mal.

Chienne de vie.

Je cause de la mienne, sûr, mais je cause aussi de la sienne, à la belle Karyll. Je t’ai pas dit ? Elle est devenue timbrée quand son défuncté mari a perdu à la guerre et au jeu, ce qui est un peu la même chose mais pas complètement. Paraîtrait qu’il se serait défenestré pour bien finir dans le cliché, et qu’elle aurait eu tout ce qu’il lui laissait, à savoir son manoir hanté, le chat qu’il lui avait offert pour remplacer sa gamine mort-née et son majordome qui la reluquait en secret mais ça personne l’a jamais su que moi. Faut dire qu’il était pas discret le gars quand il nous matait nous, elle et moi, elle en train de prendre mon pied pendant que je lui prenais le sien parce que mine de rien j’aime bien partager et ces choses-là c’est mieux de les faire ensemble que chacun seul dans son coin.

Bref. Pas tendre, la rosse fortune avec elle.

Et du coup elle était devenue tarée, un brin nympho et surtout pas mal bête, ou alors ça c’était de naissance, j’ai jamais bien su si c’était à sa blondeur ou aux éthers qu’elle prenait en fumigation sur les conseils malavisés du bon docteur du bled d’en bas qui l’avaient rendue ainsi. Sûrement un peu des deux… Elle aurait mieux de faire comme moi, niquer la police, le monde et même la vie en jouant de ses richesses abandonnées pour se venger de l’existence et tromper l’attente en attendant la mort, mais bon, quand tu sais pas comment faire de manière innée, il faut apprendre et personne avait jamais pris le temps de faire ça avec elle. Peut-être que j’aurais dû, avant de me barrer, plutôt que de juste profiter. Bah. Regret ou remords ? Remords ou. Regret, sans doute.

J’espère que tu vas bien, très chère Karyll. T’étais bien un peu dérangée mais qui ne le serait pas devenu à ta place et dans ta place ? Elle me fait signe dans ma tête que ça va, elle s’est remise de mon passage, et oh commodore je lui manque, tu sais. Avec les mains levées éperdument vers moi comme dans un mauvais rêve avec une sirène qui voudrait m’attraper dans les brumes des récifs sur lesquels elle m’entraînerait pour que je me fracasse et meure dans les atroces souffrances qui la feraient enfin prendre son pied. Enfin sa queue. Enfin sa nageoire, quoi. Merde, comment on appelle ça ? … Mais je sais que tout ça c’est un mensonge de mon cerveau, je commence à lire entre les lignes et à me rendre compte que je suis en train de creuser ma tombe dans la réalité des faits, à travers les profiteries que j’ai faites en me les cachant à moi-même.

Je suis un sale type et je devrais mal le vivre. Bah. Chienne de mort.

Et comme les monstres dans les histoires, voilà que la chère marquise change de visage, que sa tendre peau douce comme les blés et blonde comme la soie se mue en une gueule de murène atroce, et quand je pense qu’entre les dents j’ai mis mon v. Ma vie. Erk, ça me fait frémir et je grelotte, sous la couverture que je me suis tissée avec les poils de mon voisin Potemkin. Ouais, on penserait pas forcément mais, un singe, ça perd super vite ses tifs dans l’obscurité et l’ennui d’une cellule au septième sous-sol. Il me les passe régulièrement depuis le couloir. Il les balance par entre les barreaux de sa cellule et moi je les récupère par en dessous, en m’arrachant les doigts sur le dessous de la porte. Je lui ai dit que je le rembourserai en bananes si jamais on sortait d’ici.

Quand j’ai dit ça il s’est marré bruyamment comme seuls savent le faire les gorilles, et il m’a demandé depuis combien de temps je pensais que j’étais là. Quand j’ai dit que je savais pas il m’a dit que lui non plus, mais qu’à son avis pour avoir eu le temps de tisser une couverture en poils, ça devait faire long. Il avait sans doute raison. Et puis il m’a dit qu’on verrait un autre jour pour le remboursement.


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The Cell [1624] 390325Heidi
Un autre jour.

C’était bien trouvé comme formule. Sur le moment je me suis marré mais maintenant que j’y repense et que j’essaie de dater l’événement ça commence à moins me faire marrer. D’ailleurs y a beaucoup de choses qui me font moins marrer maintenant que même au début où déjà c’était pas spécialement rose. Au début de quoi ? Je sais plus trop bien. Ca non plus. Au début de tout, quand je suis venu au monde et qu’on m’a mis ici pour me punir d’être né. Ca doit bien faire un moment.

Et ça commence à me rappeler furieusement cette époque pas tellement bénie où je sirotais des bars en faisant la tournée des caniveaux, y a bien… y a pas si longtemps mais y a déjà si longtemps de ça, finalement. Avant la Santa et avant l’Ecume, avant les jeunes et avant les vieux, avant les filles de rien et les jeunesses d’aujourd’hui. Avant le réveil, avant ce banc à la con et cet adjudant pas plus nœud qu’un autre. Avant ce jour où j’ai décidé que Tahar Tahgel ne crèverait comme le fils de Red Nekke, pas dans un caniveau d’un trou perdu au milieu de nulle part, pas sans avoir foutu le pied à Marie-Joa une dernière fois pour y cramer une brique ou deux, un amiral ou deux.

Avant ce jour où j’ai décidé que Sentomaru Kenpachi me devait une fière chandelle et que je la lui planterais où tu penses une fois qu’il me l’aurait filée, pour avoir laissé crever une belle femme et promu un enfant de putain, pour avoir commis un corbeau pour me découper en rondelles. Pour m’avoir appelé non-stop une semaine où il fallait pas, pour être le symbole suprême de l’état décati du monde dans lequel j’ai perdu mon âme si jamais j’en ai eu une. Pour être juste la clef du pont vers tous ces connards de saints de l’Upper Side, pour jouer les gardes-barrière jusqu’au nouveau monde où personne m’a jamais envoyé en mission, pas eu le temps faut le dire, mais quand même.

J’aurais pu choisir le commandeur suprême, mais c’aurait été tricher.

Ce bon vieux Gentry. Et dire que jamais je lui serrerai la patte à cet enfoiré aussi, vu qu’il doit sans doute être canné si pas en train de finir de se vider dans le bassin de l’hospice où ils l’auront foutu, juste à côté des cinq étoiles et aussi haut que le chef du gouvernement.

Mais ça me rend aigre, tout ça, et je sens mon crâne qui s’agite encore sous les assauts d’une mémoire à long terme qui commence à merder grave comme je l’ai déjà vue faire. Ca m’angoisse, j’ai peur de faire une rechute mais en même temps je sens que c’est déjà trop tard, alors pourquoi renâcler. De toute façon si ça doit arriver, ça arrivera, que je lutte ou pas. Alors j’arrête et je me cale dans mon fauteuil toujours en poils de Potemkin. Ouais, ça va, niveau confort je commence à être pas mal. La bouffe reste dégueu mais ça on s’y fait, et puis de temps en temps ils nous mettent un extra et on lance les paris dans le couloir pour savoir si c’est un gars qu’on connaît. Moi régulièrement je balance les noms de mes copains mais jamais je vois un des cubes du bouillon me regarder d’un air noir, alors je me dis qu’ils sont toujours en vie, tous. Ou alors que je le suis seul saigneur à être arrivé jusqu’ici, et qu’ils sont en train de bien se marrer à l’extérieur en train de se faire plaisir sur mes bateaux.

Dans ces cas-là ça me met dans une colère noire mais j’ai appris à ne pas dépenser mon derme en tapant inutilement contre les murs. Maintenant je mange juste mon poing et j’attends que ça passe.

Bref, je suis dans le fauteuil, et j’attends que l’averse tombe. Avant, en prélude, y a un visage qui vient avec l’époque, un visage fin et rose comme peu de visages le sont en nos temps de crasse populaire. Elle s’appelle Heidi je crois, et elle est morte noyée après avoir refusé puis voulu me suivre en croisière au large d’un bled quelconque. Conne de bôme, connes de blondes.

Toutes les mêmes, à vous lâcher dès que ça devient intéressant.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 17 Mai 2013 - 16:58, édité 3 fois
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The Cell [1624] Feclochette
Comme en écho pour me prouver que j’ai raison, la couleur de tifs change et après un lavement aux effluves pas très orthodoxes de ma mangeaille du moment, je vois apparaître une poupée couleur myrtille, ou mûre, ou lavande lilas. Ouais, lilas ou lavande, c’est bien. Violets les cheveux, ouais. Je mens pas, alors à moins que je me souvienne mal ça doit être vrai. La fée clochette est là, et comme la première fois qu’on s’est rencontrés elle veut me tanner direct le cuir pour avoir violé des chats.

Je lui demande si elle préfère pas qu’on se met confort avant, j’ai tout ce qu’il faut entre mon plumard et mon fauteuil pour faire des choses rigolotes mais non, elle m’envoie me fracasser contre le fauteuil qui s’effondre et en fout partout. Quand je me réveille sous le choc je sais que c’est trop tard. Il a plu, l’averse est passée, je suis plus moi-même ou je le suis à nouveau. Le moi-même qui se contrôle pas, le moi-même qui a creusé le sol de sa folie ordinaire. Le moi-même avec des voix et des actes manqués par milliers. Le moi-même déjà mort et chaque instant plus vivant que le précédent.

C’est moi qui me suis lancé dans le mobilier. C’est moi qui me suis cassé le nez que je remets dans un cri de douleur, c’est moi et c’est encore moi. La clochette me regarde de dessus sa minijupe trop belle pour être vraie, me lance un clin d’œil sournois puis s’enfuit déjà, là-haut encore et toujours là-haut. Je commence à en avoir ma claque du colloque qu’elles se font toutes ensemble. J’aimerais savoir ce qu’elles se disent et que j’entends pas de mon enfer. J’essaie enfin de monter.

J’ai plus trop de force mais j’essaie quand même. La bouillie non-stop depuis mon arrivée commence à faire effet. Le manque d’activité pas solitaire aussi. La sécheresse, j’en parle pas. D’ailleurs, je parle de rien à personne. Mais je suis cuit, je le sens. Une traction et je souffre. Je souffre vachement mais je me dis que si j’arrive à choper une de ces apparitions par le col je saurai enfin pourquoi je vais pas bien, et je pourrai rester moi-même, le moi-même qui est tout seul dans ses pompes, et je trouverai un moyen pour fermer la mouille à mes voisins qui me gonflent à me dire de la fermer, résigne-toi petit couillon, tu sortiras pas d’ici, blah blah blah blVOS GUEULES. Tous.

Toutes.

Elles ricanent alors que je suis à mi-hauteur, à déjà deux ou trois fois ma taille d’altitude par rapport au sol brumeux obscur rempli des poils de Potem. Elles ricanent et me pointent du doigt en se disant des choses que j’entends toujours pas. Et elles m’aguichent en même temps, et elles minaudent et elles froufroutent. Et ça me rend dingue, clairement dingue et je trouve la force de grimper de grimper encore et plus haut et une fois je manque de me casser le cou. Vraiment pas facile de grimper avec les menottes. Et en plus mes bras qui sont plus habitués se font la malle et décident de se foutre en grève et à un moment alors que je commence à entendre des murmures, des murmures de ce qu’elles se disent entre elles, je la sens monter, la sève mauvaise de la crampe dans mon bras droit.

D’abord l’épaule et après le biceps et après le coude et après le poignet. Ca tremble, mais je monte encore et je me fais mal mais je sais que si je tombe et que si je glisse je me ferai encore plus mal alors je monte et tant pis au moins j’aurai entendu. Et j’entends, ça parle de Tahar et de comment elles se sont saignées pour moi et de comment je suis un ingrat et je les regarde et elles me regardent et elle me regarde de derrière toutes, elle que je connais par cœur mais dont le nom ne me vient pas.

Je grimpe encore un peu pour essayer de les toucher mais le plafond m’empêche, le vrai plafond de la cellule que enfin je l’ai atteint. Là-haut au-dessus tout là-haut, elles se moquent encore, font un signe vers le mur inatteignable où elles sont et puis l’une d’entre elles me dit chut regarde en bas avec son doigt, son petit doigt de mutine, et je regarde en bas et je vois que c’est loin et je sens mon bras qui se décharge de sa nervosité accumulée et ma main lâche et mon pied ripe et mon autre bras lâche et je ne tiens plus que par un pied ce qui est peu. Et je ne sais pas si je crie mais je sais que j’ai mal.


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The Cell [1624] Sarakknor
Mal, ça fait putain de mal.

Si j’ai un os intact dans le corps, j’ignore lequel. Le crâne, peut-être. Ils disent que c’est le fémur le plus dur des os humains, mais je suis pas humain, ça doit être pour ça que ma tête est si revêche à se faire mettre en morceau, que pas une table, que pas un mur, que pas une chute de quinze toises peut me briser la nuque même quand j’ai plus la possibilité d’éclater sans rien sentir, même quand je suis enfermé dans mon corps d’homme de base. Fragile. Vulnérable. Mais toujours le chef bien résistant.

En même temps il faut bien. Non seulement avec moi faut bien être sûr que le cerveau risque rien des agressions extérieures, mais en plus faut être capable de résister à l’explosion de mes neurones sous l’effet de mes élucubrations plus ou moins continues. Plus ou moins discontinues. Pas évident d’être mon cortex, encore moins évident d’être mon squelette. Je le féliciterais bien d’une tape gentille comme on fait aux bons chiens à leurs maîtres, mais la seule pensée de bouger mon membre démantibulé m’arrache un cri de douleur alors je sens que ça va pas être tout de suite.

Point positif cela dit. Pendant un moment y a plus que moi et moi seul dans la cellule. Juste le plafond autour, vierge de toute présence un tant soit peu féminine, juste les murs indemnes eux aussi à quelques gouttes de sang près. Et moi, au sol, dans l’état où je suis arrivé quand j’ai plongé depuis le firmament. Personne est passé, personne va passer pour me remettre bien droit comme il faut. Je les sens à l’extérieur, qui me regardent et m’observent et parient en ricanant que je vais y passer d’ici un jour, ou deux, ou trois à l’extrême rigueur, si j’arrive à forcer mon cœur à battre encore et s’il faut que j’attende l’infection et la soif et la faim. Je le sais, je fais le même pari. La même estimation.

Ils continuent à venir me donner à manger quand même. Mais bouger jusqu’à la porte est hors de question. Je n’ai plus que moi, que moi seul et juste moi. Moi contre le reste du monde, et que le reste du monde soit tranquille, je vais y passer. Pas de souvenir pour me sauver cette fois, pas d’image bien bandante pour me tenir éveillé à travers la noirceur de la nuit cette fois, pas de visage désirable pour percer la douleur qui s’incruste insidieusement d’à peu près mes orteils jusqu’au plus long de mes cheveux. Mes cheveux qu’ils ont osé couper quand je suis arrivé. Les enfoirés.

Teh.

Même leur en vouloir ça me fait mal. Même ça. Dans mon malheur j’ai de la chance cela dit, je crois m’être rien percé de mes entrailles. Je crois, je sais pas bien, je sens rien. Mais si je m’étais pété le foie ou la rate ou un poumon ou les tripes, je le sentirais bien, que je me dis. Ce serait plus acide comme douleur. Les tissus rongés par les fluides de l’estomac. Ambiance. Poumon percé.

Ca me rappelle un truc. Un truc lointain. Un truc grave, sans doute plus grave que tout le reste même si pas forcément plus grave que maintenant. Un truc sur une plage, avec une fille et un mec en rouge. Un mec toujours en rouge. Rossignol, qu’il s’appelait comme j’ai su après. Et elle, elle elle s’appelait…

Sar. Sar Akk-Ônor. Hum.

Je le sens mal. Je le sens putain de mal. J’ai des nausées mais rien qui vient. J’ai tout qui gémit, j’ai le front qui suinte, ça me bave dans les yeux. Je transpire comme un goret et je sais ce qui va venir. La fièvre de cheval. Les muscles en vrac qui vont se contracter sous les frissons. Les os brisés qui vont grincer. L’esprit qui va partir. Partir loin, partir seul. Partir là-bas. Et je crois que je commence à flipper un peu. Comme la dernière fois. La dernière fois avec Sar. La dernière fois où je suis presque mort mais où j’étais pas tout seul. Sar, où est-ce que tu es, Sar ? Tu es morte ? Tu as réussi à te cacher ?

Sar, jeune fille, tu es là ? Tu m’en veux ? Moi je m’en voudrais si j’étais à ta place.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 17 Déc 2012 - 21:23, édité 1 fois
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The Cell [1624] Elavh
Un éclair dans les ténèbres.

Une petite lueur qui vient de me passer par-dessus. Je l’ai sentie sur ma joue, me voler doucement dans les cheveux, me toucher un peu la poitrine et puis ailleurs aussi. Sar ? Je demande dans un râle.

Mais personne ne répond, personne ne répondra. Ce n’était pas Sar, qu’est-ce qu’elle ferait là ? Qu’est-ce que quiconque ferait là ? Non, pas Sar. Je tremble, je sens que je tremble et mes yeux ont du mal à s’ouvrir. Il n’y a pas de lumière, non, pas de lumière dans l’angle de la pièce que je peux regarder. Derrière moi, derrière ma tête que je ne peux pas tourner, je ne sais pas. Je sens quelque chose, mais je ne peux pas voir. C’est doux, c’est féminin et c’est dur en même temps et c’est blond aussi, et c’est froid, froid comme la glace et l’air s’assèche dans ma gorge rauque.

Je pense à elle, je pense à toi, mais ce n’est pas ça. Pas encore. Ca ce sera pour quand je mourrai vraiment. Non… Il y a encore cette nuance de respect que je sens dans cette présence absente. Ce même air d’admiration lointaine, transie maintenant quand elle était assumée à l’époque, mais encore là, cette fidélité inébranlable alors qu’on se connaissait pas. Je murmure son nom mais elle ne me répond pas. Elle prend son temps, gèle un peu l’air de son mouvement et se fixe enfin devant moi, assise en tailleur contre le mur dans ce halo qui me prouve qu’elle n’est pas là vraiment. Mais je n’en ai cure. Ela… Que je la reconnaisse attire son regard mais elle ne sourit pas. Elle ne sourira pas.

Son silence en dit plus long que tous les mots qu’elle aurait pu inventer. Tous ces longs mots de reproche et je sais, à ce moment-là je sais, ce qu’elle est devenue, ce qui s’est passé après mon départ alors que jamais je n’ai pris la peine de m’en informer. Pris la peine littéralement, c’était plus simple de ne pas s’en soucier. Beaucoup plus simple, beaucoup moins compliqué qu’affronter son souvenir voire son regard si j’avais eu la folie de la rencontrer. Ce même regard qu’elle a là.

Le cassage de grade, le déshonneur, la rencontre avec Red, la survie après, l’exil de Marie-Joa sous les regards haineux, sans doute haineux, des soldats du onzième régiment… Le onzième, comment est-ce que j’arrive à me souvenir de ce numéro depuis si longtemps oublié ? Je pourrais presque nommer tous les officiers et tous les hommes que j’y ai supervisés, ils me reviennent tous. Et elle qui me fixe. Ce n’est pas fini. La vie d’errance, la misère retrouvée, pour elle qui n’en était sortie qu’en entrant dans la marine à seize ans. Elle que pendant même trois semaines j’avais habituée à une vie de faste et d’excès dans la capitale. Elle qui me fixe à présent et me souffle tous ces souvenirs.

Ses lèvres se pincent quand un garde vient espionner mes gémissements à la porte. Elle se retient de le frapper à travers le panneau de métal, et en bon fantôme je sais qu’elle n’aurait aucun mal à le terrasser malgré l’obstacle. Mais elle se retient, comme elle se retenait à l’époque de me frapper. Comme elle aurait envie de me frapper maintenant mais comme elle ne me frappera pas. Non, je sais. Elle va se contenter de rester, de me regarder et de ne rien dire. De m’abreuver de mémoires noires.

Je vois sa vie, sa vie de nonne presque ermite, ses chasses à l’homme pour manger, sa pratique infatigable de l’épée pour un jour, un jour peut-être se prémunir d’un homme en rouge à chapeau plat. Et puis sa colère quand mon nom a refait surface, sa colère et sa tristesse. Sa tristesse. Je bouge un doigt vers elle, un de mes dix doigts cassés, mais elle ne voit pas, elle est trop absorbée, trop soucieuse soudain de mon habitat. La voilà qui se relève et refait un tour du propriétaire, glissant d’un mur à l’autre, du sol au plafond comme s’il n’y avait pas de pesanteur autour de moi. Indifférente.

Eh.

C’est ça, le remords ?


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Dim 31 Mar 2013 - 20:50, édité 2 fois
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The Cell [1624] Jenv
La réponse ne vient pas, le spectre blond est chassé avant d’avoir pu prononcer les mots. Chassé par un autre aux cheveux plus sombres, à la présence plus douce, plus chaleureuse. Plus intime. Je sais qui c’est et je sais ce qui est en train de se passer. Je suis au point mort, à la croisée des chemins, au carrefour de l’âme. Je vais crever, et mon guide arrive, mon guide que j’attends depuis si longtemps. Mes doigts ne bougent plus, mes bras ne tremblent pas. Je n’ai plus peur, je ne sens plus le tourment.

J’ai encore un peu mal, mais ça ça va passer. Hein Jenv, que ça va passer ?

Elle ne répond pas, dans son costume d’apparat. Ce n’est pas qu’elle veut pas, elle essaie, mais apparemment les mots ne sortent pas de sa bouche. Sorcellerie. Destin fantasque, fortune perverse. Même réunis, même enfin réunis nous ne pouvons communiquer et elle qui n’est que l’ectoplasme de ce qu’elle a été, plus fine, plus diaphane, plus aérienne, elle n’est là que pour me montrer la voie. Soit.

J’en prends mon parti, je la suis et je ferme les yeux. Ma respiration se calme, mon cœur ralentit. Je commence à reprendre le contrôle sur ma douleur, sans doute cela fait-il partie de la voie. Il me semble entendre des rires d’enfants, et des papillons s’envolent à mes oreilles. Voilà, je dois y être, dans l’autre réalité, dans celle que j’ai quittée en naissant et que je retrouve enfin après quarante ans d’errance. C’est plus vert et plus lumineux que je ne pensais. Bah. Qui aurait pu savoir, après tout ?

Jenv est là qui m’attend tout sourire et qui me regarde m’approcher. J’arrive à marcher et la sensation recouvrée des muscles au travail sans contrainte ni limite me rend joyeux, joyeux comme je l’ai peu été. Mes cheveux ont repoussé, je les sens qui battent, mais propres, sur ma nuque et mes oreilles. Je suis vêtu de ma seule aura et ça ne semble choquer personne. Surtout pas elle et le velours dans lequel elle se drape. Ahh… Nous sommes seuls dans cette multitude de paix. Je suis bien.

Comme avant cependant, elle ne peut toujours pas parler et c’est par gestes qu’elle m’accueille, m’affriole et me guide dans ce nouveau pays où la violence, où ma violence ne règne pas. Où elle n’existe même pas et où rien n’existe que nous, que moi et qu’elle. Par gestes et par démarches. Féline, câline, mutine, elle m’attire et me retient et nous faisons l’amour et je dis bien l’amour et je m’oublie dans ce mot que je ne comprends pas vraiment et nous mourons.

Et si elle ne se réveille pas moi je me réveille et les ténèbres nous entourent elle endormie pour toujours à mes côtés dans un voile pâle qui s’effrite déjà et moi qui suis noir et gris et sans doute bleu et rouge et vert et jaune et marron mais je ne peux pas le voir parce qu’il n’y a pas de lumière et je suis revenu dans la cellule où je devais mourir. Derrière la porte un garde moque son collègue et empoche sa mise et la mienne et celle de tout l’étage. Je ne suis pas mort alors que j’aurais dû.

Et je peux bouger alors je bouge et j’ai mal et j’ai mal alors je crie. Je crie à me rompre les derniers cartilages intacts que j’ai dans le corps et je crie encore et plus fort et ma voix se casse et même Potemkin se tait et même les gardiens ne viennent pas et je crie encore et jusqu’à ce que j’aie réveillé toutes les douleurs de mon corps désarticulé je crie. Et quand je suis envahi par toutes ces piques du destin je m’effondre car je n’en peux plus supporter et le noir et le froid me reprennent et je sens mes os qui repoussent et mes muscles qui regonflent alors que je n’ai ni mangé ni bu ni dormi vraiment depuis que je suis né, mort, et rené. Une fois de plus la mort m’a refoulé et au plafond s’ajoute la figure floue d’une amirale qui n’a rien à faire ici. Elle me regarde et sur sa paupière lourde je vois.

Je vois son tatouage vert qui s’élargit et qui goutte comme de l’encre encore humide et comme si elle pleurait et comme si c’était ses larmes qui lui mangeaient la peau. Ses larmes.

Mes larmes.


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The Cell [1624] Clno
Ben alors Tahar, qu’est-ce qui vous arrive ?
J

La réponse, je l’ai entamée comme un réflexe puis je me suis arrêté, aux aguets. Mes paupières sont collées les unes aux autres, et mon oreille me chuchote que j’ai rêvé, qu’il n’y a pas un bruit, pas un son, et que personne, non personne n’a parlé. Après moult efforts, je parviens à ouvrir un œil et il apparaît que oui tout ça était bien dans ma tête, pour changer. Ma tête, je peux la bouger et j’y arrive même sans trop de mal. Enfin c’est encore raide mais disons que c’est assez pour lancer un regard circulaire dans l’ombre qui m’entoure et assez pour comprendre que je suis bel et bien seul, au même endroit qu’avant, au même endroit que toujours. J’essaie de bouger. Mais je n’y arrive pas bien sûr.

Mes bras sont comme paralysés, mon bassin me fait toujours la gueule et mes jambes sont inatteignables. Je gis là dans une mare de fluides divers et avariés qui laisse perplexe quant à ma capacité à survivre sans avoir ingurgité la moindre once d’eau et de viande depuis tant et tant de temps. Mais, il y a une présence. Une autre présence que la mienne et une autre présence que celle d’Ela, même si du même genre, qui rôde autour de moi. Mes amies s’avivent au plafond, inquiètes, toutes inquiètes même toi là-bas que je connais sans connaître, au fond du fond et au visage de noir.

La présence me guette, m’observe de je ne sais quel interstice du mur, de la porte, du sol. De ma vie. Elle m’observe et étale son emprise partout, sur les pierres qui dépassent, sur le nez que les barreaux laissent passer parce que j’ai bougé et qu’il faut voir de quoi il en retourne vu mon état aggravé, un pari encore sans doute, l’étale même sur moi et mes vêtements en lambeaux et me donne la chair de poule à nouveau, mais de cette chair de poule chaude qui vient quand paradoxalement on est bien.

Aye captain.

Les yeux bleus de la fieffée rouquine, une de plus, sortent de l’ombre et se posent sur moi comme si dix ans n’avaient pas passé, comme si elle avait toujours sa trentaine ravageuse et moi la mienne encore timide, comme si Impel Down n’était plus Impel Down mais le pont du Vagabond à nouveau. Et second encore, j’écouterais les enseignements de mon expérimentée tutrice. Faites pas ci, Tahar, faites pas ça. Surtout vous embobinez pas avec Machin, c’est un con, préférez Truc, lui saura voir vos qualités malgré vos méthodes, malgré nos méthodes. Et surtout si vous avez un problème vous vous démerdez avec vous-même, je suis pas votre mère, hein. Hein. La Harpie. Chic bonne femme.

Quand je vous ai dit d’aller gagner du galon ailleurs c’est pas tout à fait là que j’imaginais vous voir échouer un jour, mon petit Tahar…
Oui je sais, ce brave Fuuryuko m’a dit la même chose. Mais j’ai jamais été très bon quand il fallait faire le bon choix au bon moment… Vous le savez bien, Ma’am. Vous étiez là.

Elle était là. Ou plutôt non. Elle m’a lancé en pleine Marie-Joa comme si j'allais savoir m’en sortir alors qu’en fait non. Elle m'a lâché, moi petit agneau, chez les lions, et maintenant elle vient constater les dégâts avec une décennie de retard ? Allons, où se croit-elle. Dans le trou à rats où vous moisissez, Tahar, nulle part ailleurs. Touché. J’essaie de rappeler à moi la force de mes ancêtres et je me recroqueville contre un des murs pendant qu’elle va s’adosser contre l’autre. Elle est sûrement plus fripée que ça, maintenant, mais elle a bien vieilli dans son souvenir. Eh, presque encore toute sa superbe mine de rien, sûrement le maquillage qui conserve. Pas moi qui lui dirai que le sang n’est pas la clef de la jeunesse éternelle. Plus moi… Elle sourit comme si elle savait ce que j'ai pensé.

Peut-être qu’elle le sait, après tout elle est dans ma tête. Comme une envie de m’allumer une cigarette qui me revient. Ca tient à pas grand-chose, comme quoi. Une apparition de plus, une apparition réconfortante de plus, de bons souvenirs pas désagréables et la chandelle se rallume. La chandelle de la niaque, avec sa flammèche rougeâtre au bout… Manquerait plus qu’une allumette et tant pis si c’est du poil de singe, ça doit bien se fumer aussi.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 17 Déc 2012 - 21:30, édité 1 fois
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The Cell [1624] Crimsonbetty
Une allumette pour allumer quoi ?

Cette bougie là-bas dans le coin ? Mh. Juste un bout de cire avec pas grand-chose au bout. Et quand elle sera consumée, qu’est-ce qui se passera ? J’aurai ma liberté à nouveau ? Ma liberté pour faire quoi ? Cramer, mater, tuer, prendre ? Faire ce que bon semble. Mh. Pour faire quoi ? Juste être ? Etre. Après la pensée, la nouvelle victoire de l’individu sur l’absurde du monde qui l’entoure.

Me remonte l’image de l’attente dans la cabine de la Psyché avec Crimson Betty et son copain niais… Comment il s’appelait déjà ? Bert ? Bennett ? Ah non ça c’est Lilou… L’attente un jour de pluie, avec la belle brune aux ailes pas loin de fondre. J’avais jamais encore trop vu ce regard à l’époque, ce regard qu’elle a eu en regardant la bougie qui brûlait sa vie par un seul bout pendant que dehors il tombait des hallebardes sur tout Second Peace Island. Même en trente ans, jamais encore trop ailleurs que dans le miroir, et finalement je l’ai pas revu tant de fois encore après ça. Dans les verres que j’ai bus, dans les yeux de Jenv, de la Jenv changée à Marie-Joa après, et puis c’est tout en fait.

Ptet.

Tous ils se satisfont, tous ils font avec. Avec le sans. De la pluie, l’odeur de la pluie et du dehors, je voudrais, ça, là, maintenant. J’ai le gosier sec comme les yeux, comme les veines. Péniblement je me traîne jusqu’à la porte où je trouve à manger comme espéré et un peu d’eau à laper dans l’écuelle. Ils sont trop bons… Et qu’est-ce qu’il y a au menu aujourd’hui ? Oh, du pain sec. Putain…

Ironie.

Ma mâchoire craque encore, quand je mâche. Mes dents me font un mal de chien, de chien fou qui se met à manger des légumes parce que la viande est trop dure pour lui. Déliquescence, fin annoncée. Eh non, même pas, c’est trop tard. La fin c’était plus tôt, maintenant on est à la renaissance. Renaissance de quoi, j’ai envie d’être mort, vraiment mort, ou d’être demain, ou de ne plus avoir envie. Oui, plus avoir envie ça serait bien aussi. Juste être, faire, dormir, attendre que le temps passe autour sans avoir rien à penser. Me taperais bien la tête au sol si j’avais les muscles pour ça dans le cou, le muscle pour ça dans le cerveau, cette partie d’autodestruction qui m’a emmené au septième ciel plus tôt pour les rejoindre toutes, elles qui s’effacent et disparaissent là-haut bientôt.

Vacuité…

A chaque mouvement de mes molaires et de ma langue j’étouffe un gémissement et bois de mon sang, de mon propre sang que fut un temps j’aimais tant et qui maintenant me fait défaut. Ingratitude.

Et comme un papillon trop doux pour être dangereux, qui n’est dangereux que parce qu’il est fou et frustré de ne jamais pouvoir atteindre cette lumière là-bas au bout du couloir ou cette flamme de cette chandelle là-bas qui le brûlerait et il le sait, je recommence à voler un peu, je prends des forces un peu, je reprends goût à cette pâtée ignoble. Est-ce que c’est mon sang qui la rend bonne ? Est-ce que l’énergie qu’elle me procure qui me la rend toujours plus désirable ? Est-ce que c’est simplement d’avoir touché le fond, un fond, qui ne m’oblige qu’à remonter ? Ou est-ce que c’est encore d’avoir compris que tout est inutile et que si mon heure n’est pas arrivée peut-être qu’elle arrivera à un moment où je me serai préparé pour ça, à un moment où je m’y attendrai sans m’y attendre, à un moment où par pure ironie je croirai avoir atteint l’objectif final pour mieux me le faire enlever sous le nez ? Hm ? Une souris inconnue me répond, une souris un peu rousse avec de la crasse sur les poils.

Soit, faisons comme ça.


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The Cell [1624] Annakaurismki
Eh.

Parler d’objectif final, ça me fait remonter les souvenirs de la Cause, de la Lutte, finales elles aussi. Et puis dans le contexte je sais pas pourquoi même si j’ai vaguement une idée, c’est la tête de cette bonne Anna Kaurismäki qui me remonte dans la mémoire. Je dis que j’ai une vague idée parce que bon, elle est de mémoire juste au-dessus de moi ou pas loin. Depuis quinze ans. Elle était un peu tarée à l’époque, dans le genre servante de la Révolution tout ça, mais maintenant ça doit être un joli merdier dans son crâne. Tout ça à cause de Bibi, comme quoi on croit qu’on a pas d’influence dans le monde alors qu’en fait il suffit d’un rien pour créer des effets boule de neige… La vie tout ça. Marrant.

Je la revois la Anna, quand je l’ai chopée avec le Tasseur et qu’on s’est liés lui et moi contre elle et ce vieux schnock de… Je sais même pas comment il s’appelle, tiens. Jamais entendu parler avant, jamais entendu parler apAh, si, je suis con, Serg. Sergueï Suyakilo, voilà. Repose en paix mon brave, repose en paix. J’espère que les hyènes de l’île des Animaux sont pas allés récupérer ta carcasse pour se faire les dents sur tes os fossilisés… Ce serait moche, en plus, une hyène avec le fruit du sable, hein. Non ? Boh. Moche comme Anna, tiens. Moche comme elle, ouais. Garçon manqué.

Putain, je me sens fatigué d’un coup. Fatigué. Le genre de barre qu’on a après avoir failli crever de blessures, d’une infection, d’inanition et de déshydratation. Oui je sais bien que c’est forcément lié, mais quand même. Toute mon énergie retrouvée, tout mon optimisme remonté, que du flan ? Bah. Je me demande si c’est d’avoir mis à l’ombre une terroriste pendant quinze ans pour finalement finir comme elle au même endroit qu’elle qui me fait ça, ou si c’est juste physique… Probablement un peu des deux, oui. Cette réponse sonne comme un écho sur les six planches de mon cercueil de roche.

Leitmotiv.

Lénifiant.

Lancinant.

Dualité du tout, ambivalence du rien, l’idée que rien ne sert à rien m’empoisonne à nouveau à mesure que mon squelette se remet. Insidieuse comme avant, comme toujours, et plus et autant insidieuse qu’avant. L’obsession forme d’abord un gros kyste dans mon cerveau gauche et moi je n’ai pas un nénuphar qui me pousse dans les poumons mais bien une gangrène qui me bouffe les tripes de la tête, un gros cancer noir qui me prend de là derrière l’oreille et puis les côtes un peu et qui remonte jusqu’au centre, jusqu’à l’hypophyse ou un autre truc du genre avec un nom super compliqué et jusqu’au plexus, là, un peu plus bas, et qui gagne et qui gagne et qui me lance et qui parfois me suce la moelle jusqu’à me faire dégueuler du miasme mental dans un coin de plus de ma maison, ma belle maison construite avec amour par des esclaves à la myriade de noms dont tout le monde se fout aujourd’hui puisque ça a été fait à tous les coups dans un siècle dont tout le monde, ce même monde qu’avant, dont tout le monde se branle aujourd’hui. Tellement tout le monde s’en branle, personne ne sait ce qui s’est passé et pourtant les choses continuent d’être et les gens continuent d’être des connards ou d’être gentils et des gens continuent de croire qu’ils pourront changer ça et d’autres de croire que ça ne sert à rien et d’autres encore de n’avoir aucun avis sur rien parce que c’est plus simple et ce triptyque porte le monde depuis sa naissance et le portera jusqu’à sa mort et je ne sais plus pourquoi je pense ce que je pense et je ne pense plus à Anna et je ne pense plus aux autres et je ne pense plus à rien qu’à ça et mes entrailles se revident encore et encore je vomis ma rancœur et mon inutilité et mon inanité et l’inanité des autres ceux qui sont là autour de moi dans le même couloir que moi qu’ils soient dans ou hors des geôles dans lesquelles on a réussi à les enfermer parce qu’ils s’y sont laissés enfermer, ceux qui sont ailleurs dans un autre monde à Marie-Joa ou dans les Blues ou aux confins du Nouveau Monde où ils livrent une guerre dont l’impact n’est pas si important que ça puisque que Mannfred ou Toreshky gagne ça ne changera rien et il y aura toujours une gonzesse pour s’infiltrer dans un milieu d’hommes et tout faire péter par sa seule présence dans un milieu aux limites prévues pour tout sauf pour elle, et il y aura toujours un homme pour avoir des réactions de gonzesse et vouloir faire la paix à sa manière et tout seul là où seul le chaos doit régner. Merde.


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The Cell [1624] Supertrempe
Merde, oui, merde à toi Anna et tes idéaux à la con, merde à toi Betty et ta blase constante et merde à toi Céléno et ton indépendance crasse et même, oui même merde à toi Jenv et ta mort précoce et merde à toi Ela et ta fidélité muette et merde à toi Sar et ta naïveté de gamine et merde à toi Clochette et des boucles violettes et merde à toi Heidi et tes blés blonds comme ta connerie et merde à toi Karyll et tes tares indélébiles et merde à toi Louise et ta solitude sèche et merde à toi Adrienne et ta béate frustration et merde à toi Viper et tes cachotteries à tes supérieurs et merde à toi Lilou et tes gentils idéaux et merde à toi Mayaku et ton putain de chocolat et merde à toi Hope et tes bons petits plats et merde à toutes, lâchez-moi bordel de dieu, lâchez-moi, et merde à toi le marasme dans lequel je suis, crois pas que je t’avais oublié, oh non le crois pas, et merde, merde à tout, ah.

Et merde à toi caporale Super-Trempe, crois pas non plus que je t’ai pas vue te taper l’incruste derrière tout le reste en mode vicelarde comme tu savais si bien le faire à l’époque quand je t’ai promue pour faire plaisir à ton papa le contre-amiral. Il va bien ? Il est pas mort ? Il est en bonne santé ? Il fait partie du cortège des douze salopards maintenant, comme prévu ? Non réponds pas je m’en gamahuche en do majeur, et tire-toi, c’est ça tire-toi avec ta belle frimousse de fille qu’a bien dû réussir à tirer les pistons jusqu’à te poser colonel de quelque chose, non ? Je parie sur Shell, non, c’est pas toi, ça ? Ah non, juste, c’est le Fenyang, enfin c’était aux dernières nouvelles avant cette histoire avec Léviathan fleuron des mers et blah et blah. Encore un putain de fils de son père, celui-là, comme toi ouais. Et quoi tu chiales, et quoi ? C’est de voir que je suis pas content qui te met dans cet état ? Tu t’attendais sans doute à ce que je t’accueille les bras ouverts après le défilé des autres greluches de plus tôt, c’est ça ? Et elles m’ont servi à quoi les greluches, tu crois, elles m’ont servi à quoi ? J’ai grimpé au plafond je sais pas comment et j’ai grimpé et j’ai grimpé et résultat je me suis cassé la binette d’une hauteur que je te raconterais bien l’état de mes os là maintenant tout de suite si ces putains de menottes existaient pas et si toi t’existais pour commencer.

Rah.

Ouais, rigolez, rigolez, femmes de mauvaises graines, rigolez toutes là-bas sur votre piédestal mais au final vous m’avez apporté quoi, hein ? Sérieusement ? Prenons le temps de considérer tout bien en ordre : frustration, regrets, remords, folie. Ouais, beau tableau, pouvez vous féliciter, hein. Allez ! Félicitez-vous bordel, et plus vite que ça, félicitez-vous pute nègre ou je vais m’énerver… Non ? Pas de volontaire ? Ben quoi, vous riez plus ? Où ils sont passés vos sourires de niaises ? Vous les avez rangés ? Et pourquoi ça ? Vous craignez pour vous ? Qu’est-ce que je peux vous faire, vous croyez ? Ca veut dire que je peux faire quelque chose qui vous nuise ? Sérieusement ? Quoi ? Non vous regardez pas comme ça, regardez-moi et dites-moi, ouais dites-moi ce que je peux faire qui vous fera arrêter de vous foutre de ma gueule depuis deux cent sept ans que je suis venu en ce putain de furoncle qu’ils appellent monde et planète et que moi j’appelle juste tas de boue purulent, dites-moi !

Dites.

Oh et puis non, taisez-vous, taisez-vous bien, vous avez même pas besoin de prendre cette peine. Ca y est, j’ai pigé, j’ai tout pigé, tout est clair. Ca sert à rien de monter sur vos cuisses jusqu’à essayer de prendre votre jarretière sous vos jupons, non ça sert à rien d’autre que se casser la gueule. Et pourquoi se donner la peine de faire tout ça quand en fait il suffit de soi-même se casser la gueule. Dès le début. Sans attendre, sans s’emmerder à vivre toute cette misère, tout ce rien, tout ce vent de mauvais augure jusqu’à l’asphyxie inévitable de la fin quand au mieux le cerveau est trop vieux pour tourner, quand au pire la lame ou la balle ou le haki ou le granit te percent de toute façon la conscience jusqu’à t’annihiler de toute façon. Non, ça sert à rien. M’arrêter de respirer ? Non, ça je peux pas faire. Par contre je peux desceller une pierre en demandant à Potemkin, ce grand con, de foncer dans le mur mitoyen, et après je peux me casser le coin de la pierre sur la tête, que même ma tête elle aura mal. Ouais, je peux faire ça. Haha, ça vous fout les boules, hein ? Ouais, ça peut. Ouais.


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The Cell [1624] Sarahgr
Haha, je savais que ça marcherait.

Alors, qu’est-ce que vous avez, là, qu’est-ce que vous m’envoyez aujourd’hui, à quel ange de beauté, de vertu, de patience ou d’idéalisme j’ai droit aujourd’hui ? Et elle est blonde, elle est rousse, elle a les cheveux gris, bleus, verts ? Mal taillés, à la garçonne ? Bien peignés ? Et est-ce qu’elle est vraiment bien gaulée au moins ? Et est-ce qu’elle va m’aguicher depuis le fond du tréfonds infini de l’abysse noir que je m’arrête là mais z’aurez compris l’idée. Et si vous l’avez pas compris, c’est que ça sert à rien que je me casse à expliquer, parce que ça veut dire que vous commencez à plus être dans ma tête, que vous commencez à plus rien bitter de ce que je fais, que vous commencez à baliser sérieux.

Alors quoi, quelle guerrière aujourd’hui ? Cette rousse sans ailes de quand j’étais à Esperanza, pour continuer dans la chronologie ? Ou Marisa ? Ptet bien la Marisa du bon Layr, hein ? Ptet ? Non, ce serait abusé quand même, même en pensées j’ai pas couché avec elle. Alors qui, la daronne qui m’a recueilli quand j’ai passé la frontière entre Troop et le vrai monde ? La première vraie bourgeoise à qui j’ai fait la danse de la victoire sur mon lit de camp ? Ha. Je sais même plus à quoi elle ressemble, si vous voulez tout savoir. Allez-y, ramenez-la, elle, si elle se souvient de moi, ramenez-la, ça me rafraîchira la mémoire et après je pourrai me flinguer aussi, ramenez, ramenez donc !

POTEMKIN ! Fonce mon gros, fonce. Encore mec, encore ! ENCORE !

Héhéhé, voilà, vous la voyez la belle roche. Elle a fait un beau bruit en tombant, un joli bruit bien mat. Quoi, pourquoi il m’aide le singe, quoi ?! Est-ce que je sais, moi, il m’aime bien et alors ? Il peut même me violer le saint sépulcre une fois que je me suis encoigné la briquette dans la face jusqu’au bulbe, sérieusement j’en aurai rien à carrer. Non mais oui, cherchez pas à détourner le sujet : il est beau non ce joli petit parallélépipède rectangle à tendance fractale vachement prononcée ? Non ? Putain vous savez pas ce que c’est vous l’art. L’art c’est la gerbe de sang que personne verra dans ce noir pourri, c’est la trace qui restera à jamais dans ce putain de sable de cette putain de caverne jusqu’à ce qu’un jour un connard se prenne de l’envie de nettoyer, autant dire jusqu’à toujours. Ouais. Ca ce sera de l’art, ça ce sera beau, et ce qui sera encore plus beau, vous savez ce que ce sera, toutes autant que vous êtes à me mater comme des pucelles, là ? Vous savez ce que ce sera, hein ?

Non vous savez pas, forcément vous savez pas. Vous pouvez pas savoir.

En fait si, vous pourriez savoir si vous vous en donniez la peine. Mais pour ça faudrait se remettre en question, faudrait se demander si ça me coûte pas un peu, à moi, de vous entendre toute la sainte putain de journée me baliverner vos conneries dans le creux de l’oreille pour que je devienne soi-disant plus mieux tout ça alors qu’en fait ça me rend BORDEL DE TARE. Voilà ce que ça me rend votre putain de blah blah blah. Blah blah blah. Et j’en rajoute une troisième : BLAH BLAH BLAH.

Vous voulez savoir ? Vous voulez savoir. Héhé. Elles veulent savoir.

Le plus beau c’est ce putain de silence que me procurera la mort, la vraie, pas celle en noir avec ta jolie gueule dessus, Jenv, non, celle cruelle, froide, mesquine. Définitive. Dé. Fi. Ni. Ti. Ve. Celle que tu te relève pas alors que tes membres partent dans des sens qui sont pas prévus dans le manuel, celle qui te craque, qui te boum, qui te hu. Celle que t’es fini à la fin, et que y a pas de salope de séquelle derrière où tu rejoues la fin du début du second acte avec panache et brio parce que tu as vu pire. La mort. La. Mort. Viens à moi ma jolie, viens à moi archange des ténèbres, viens à moi princesse de mes nuits. Oh oui, embrassons-nous, finissons-en. Paix, sérénité, bonheur.

A moi la brique. A MOIII



C’est moche ce que vous me faites là, les filles. Très moche.



Salut miss Sarah.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Ven 28 Déc 2012 - 13:03, édité 1 fois
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The Cell [1624] Mamatahar

C’est pour quoi ?

Oh, tu veux causer du bon vieux temps, c’est ça ? Okay.

Oh, tu veux causer du jour où t’es arrivée, où j’étais en miettes et dalleux comme jamais, où on a sacrifié un poulet sur l’autel de mon amour naissant et où tu t’es barrée sous le vague prétexte que ton paternel c’est un marchand et qu’après tu pouvais plus ? Oh. Okay. Parlons-en.

Et qu’est-ce que tu veux me dire sur ce jour saint où j’ai décidé que vous étiez toutes des salopes et que j’allais m’attacher à aucune pour mieux profiter de toutes ? Hum ? Qu’est-ce que tu veux me dire ? Que ? Tu regrettes ? Que je dois affronter mes démons et que t’es pas comme toutes les autres, ou plutôt que toutes les autres sont pas comme toi ? Que certaines méritent mon amour, que je me fixe à elle et que je les chérisse plus que tout ? Haha, cette bonne blague, et tu veux quoi en bonus, que je te pardonne et qu’on file roucouler dans les champs vernis de ton insouciance d’alors ?

Ouais ? Crève, miss Ixcrow, crève. Tu as déjà crevé ? Tu es déjà crevée ? Y a un bougre de commodore qui t’a violée, mise en cloque et tu es déjà morte d’avoir vu ta gamine grandir avec un père ordurier comme Toji Archibourré ? Haha, ce bon vieux Toji. Mais bien sûr que je le connais. C’est un grand putain d’pote à moi, t’aurais dû voir la dernière mine qu’on s’est prise ensemble lui et moi. Comme ça on l’a fait dérailler le train, comme ça ! HA. HA ! Elle fuit. Elle fuit ! HA. Grognasse.

Ouais c’est ça ouais, casse-toi, tu me ferais pas frémir un poil du zob et tes charmes n’y feraient rien.

Okay ladies, c’est tout ce que vous aviez ? Vraiment ? C’était ça votre ange de la mort ? Z’avez vu comment je l’ai torchée. Bon, ramène-toi briquette, elles me prennent pas au sérieux. Je prends la briquette dans la main droite et je me la mets derrière l’oreille, comme un grand. Devant ? Ouais, t’as raison, devant ça marchera mieux, sur la tempe bien pas à plat comme il faut, avec le bout pointu… avec le bout pointu que je viens de recasser pour qu’il soit encore moins joliment pointu… avec le bout pointu bien sur la tempe, hell yeah. Attention à la une, à la deux, à la trois… Ouais je m’accorde un à la quatre parce que je vais mourir, et à la cccccciiiiinnnnnnnnn

q. Hum.

Bonjour, jeune beauté. Et vous êtes ? C’est vous mon antidote ? On se connaît, toi, moi et tes pommes dans ton panier ? Tu veux que je le porte peut-être ? Il a l’air lourd ouais. Oui je te tutoie, j’espère que ça te dérange pas. Que je t’accompagne jusqu’au champ là-bas ? Mais où ça un champ ? On est dans une pri. Ah ben merde. C’est où ? C’est toi qui m’as transporté ici ? Je reconnais le coin. L’odeur m’est familière. Et putain j’y vois comme en plein jour, pourquoi ça me brûle pas les yeux après deux ans de noir complet, pourquoi ? Comment t’as fait ça ? Qui t’es ? Tu m’expl.

Oui madame je m’assieds sur le muret. Là, d’accord. Et je mange une pomme ? D’accord.

Elles sont bonnes tes pommes madame. Bonnes comme la vue qu’on a d’ici est belle, tiens.

Je la connais cette vue. C’est calme, il ne se passe rien. Je connais l’endroit. Je sais où c’est. Oui.

Je connais cette odeur. Je connais cette plaine et je connais cette ferme là-bas. Oui.

Je connais cet âne, là, et je connais ce cri dans mon dos. C’est lui, n’est-ce pas ? Oui.

Et toi je te connais aussi, madame. Je te connais bien. Très bien même. Mieux que personne. Hein.

Et toi aussi tu me connais. Mieux que personne, et pourtant on s’est pas côtoyés si longtemps. Hein.

Et si je me retourne pour te regarder, tu es partie, c’est ça ?

Et si je reviens te voir là-bas sur l’île tu seras morte, c’est ça ?

Hm.


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Dim 31 Mar 2013 - 19:27, édité 2 fois
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