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The Ten Commandments [1624]

Et j’étais dans ma cage, toute la sainte journée, ohé, ohé.
Et j’étais sur ma roche, toute la sainte nuitée, ouh yeah, ouh yeah.

Hahaha, que je ferme ma mouille, Potem ? Mais va te faire foutre, mec. Va te faire foutre.

Je suis le Saigneur mon Dieu qui me fera sortir du pays des gnous, voilà ce que je suis, voilà ce qu’elle m’a dit ma maman apparue. Ouais. Et toi tu sortiras pas, et tu sais pourquoi ?

PARCE QUE.

Hahaha, ouais ouais, gueule, gueule, crie ta rage mec, crie-la. Mais moi j’ai vaincu mes dix-huit démons, démones, succubes, et je sais que je vais sortir, et tes sanglots longs n’y pourront rien changer, snif, snif, snifyeah. Ca te fout la rage que je sois joyeux ? Non, c’est juste que t’y crois pas ? Ouais, t’as peut-être raison ouais. Peut-être c’est juste ma bipolarité qui se déclare, ouais. Peut-être je suis juste en train de surfer sur la vague de mon enthousiasme. Mais tu vois moi si tu me dis ça, moi j’ai envie de dire : et alors ? Mec. Sérieux.

Tu crois que j’ai autre chose à branler qu’être content de mon sort et optimiste sur le futur ?

Et qu’est-ce que t’en as à foutre d’abord ? Ca te pompe les esgourdes que je sois tout nouveau tout frais tout beau ? Enfin presque. Boh, t’es devenu aigri depuis le temps que t’es là, voilà tout… Faut pas que ça te dure, tu vas te choper un ulcère à force, et avec la bouffe à l’harissa qu’ils nous servent dernièrement, moi je te dis : fais gaffe, Potem, fais gaffe. Te faire de la bile un jour ça te perdra. Le zen, y a que ça de vrai. Le bon vieux zen qui détend les muscles jusque là. Mais attention, hein, pas résigné. Zen. La nuance est importante, mais tu peux ptet pas la comprendre toi avec ton crâne trop petit et tes muscles trop gros. Héhéhé, pas bouger, tes barreaux cèderont pas. Tu vois quand je dis que t’es nerveux…

Nan mais même la brique elle a eu mal, même la brique ! Quand tu me l’as descellée et que j’ai voulu me finir avec. Yeh, cette brique-là. Moi j’appelle ça un signe du destin. Toi t’appelles ça une mauvaise occasion de te foutre la paix ? Mais eh, c’est quoi ton problème, gros ? Tu m’aimes plus c’est ça ? Je suis plus du mauvais côté de la solitude et toi t’es pas content parce que je partage plus ta grisaille quotidienne ? Roh, le jaloux quoi…

Cela dit, je vais te le dire franco, gars. Ouais. Moi, que tu m’aimes plus, je vais tellement bien que je m’en branle. Non mais pas littéralement, oh. Putain, même toi t’as eu vent de mes ébats avec Pride ? Ouais ? Mais bordel, c’est pas moi qu’étais sensible, c’était lui. Je dois t’avouer, j’y ai pas cru sur le moment… Le mec je lui pompais la moelle par la cuisse, il allait y passer, et après il me trouve le moyen d’avoir la gaule pour garder son sanguin le temps de me percer à jour ? Putain…

Bon, je le lui ai bien rendu, note, hein. Je sais pas où il est mais ta phobie de l’Arashibourei, elle doit faire pâle figure face à la sienne de mahgel, ouaich. Quoi, c’est Arashibourei qui te fait tiquer comme mot ? Héhé, Arashibourei, Arashibourei, Arashibou, bon okay j’arrête. Mais c’est marrant n’empêche, comment t’as les crocs qui se mettent à trembler, on les entend claquer d’ici. Arashibourei. Haha.

Allez, quoi, reviens à ta porte, mec, c’était pour déconner. Eh, Potem ? Cherche pas, je sais que t’es là. Comment j’ai fait ? Ah oui t’es vraiment gland en fait sous tes allures de bête féroce… Comment tu veux quitter ta cellule, gars ? L’opération des saints d’esprit, c’est ça ? Grand con, va, c’est beau tant de naïveté.

Dis, tu m’écoutes quand je me parle ? Très bien, suis mes mouvements, je vais t’enseigner la sainte voie du Tahar. C’est un truc pas bien compliqué, ça consiste à me branler l’ego pour avoir le mojo pour tout péter quand je sortirai. Oh oui je sortirai va, t’en fais pas. Mais t’as pas écouté ou quoi quand je t’ai dit que c’était ma maman qui me l’avait dit ? T’y croyais pas ?

Impie.

Bon, maintenant tahgel. Ta gueule, écoute, note et retiens.

Mais non les matons, salut Paul, mais non ça gêne pas qu’on discute. Mais non. Allez, cassez-vous maintenant ou je vous assomme à coup de haki royal. Mais oui vous savez que j’en suis capable. Oui je sais que vous ça vous donnera l’occasion de vous défouler sur moi après quand vous aurez rouvert les yeux mais bon. Hein. A force ça doit lasser de se faire évanouir, non ? Ouais c’est ça, merci.


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Bon, qu’est-ce que je disais ?

Ah oui, se branler l’ego. Ecoute-moi mec, et répète après moi. Tahar est grand, Tahar est grand, Tahar est grand. Oh oui, répète encore un peu. Oh oui. Oh oui ! Ah ! C’est bon putain, c’est bon ! Continue ! Et vous les autres aussi ! Allez les hiboux qu’êtes là depuis avant que je sois né, allez !

Tahar est grand, Tahar est grand ! Yeah, yeah !

Eh, toi, cellule 54, je t’entends pas ! Eh ! T’étais qui avant, d’abord ? Un gars de Drum ? Non mais j’en ai rien à carrer en fait… Tu mangeais des petits enfants au petit déj ? Et alors, chacun ses goûts qu’est-ce que tu veux que ça me fasse, que j’en aie peur ? Mais non mec, jamais de la vie.

Epargne ta salive et fais-moi plaisir, aime-moi moi-même, allez, idole-moi, fais style, allez !

Tahar est grand, Tahar est grand ! Yeah, yeah ! Yeah !

Vous êtes chics les types, ça me fait bien plaisir ce que vous dites même si vous êtes que des gars pas très très nets, faut bien le dire. Tu vois Potem, tout commence par le soi. S’affirmer aux autres, c’est bien, mais si tu t’assumes pas toi, c’est normal qu’à un moment tout se casse la gueule.

Mais si tu t’aimes toi-même, si tu m’aimes toi-même, oh alors si c’est le cas… t’es imbattable, mec.

C’est ça, aime-toi, aime-toi. Moi je m’aime. Moi je m’aime ! Et si je rencontre Toji Arashibourei, et si je rencontre Sentomaru Kenpachi, même, je m’aimerai, je m’aimerai tellement que peut-être ils me battront, gros, peut-être que je reviendrai ici à peine je sortirai tellement ils me battront, mais jamais je cesserai de m’aimer moi, et à partir de là jamais ils pourront me briser, jamais. Foi de moi, ouais.

Allez, fais pareil, répète après moi. Sentomaru, c’est une bite !

Allez !

Voilà ! Maintenant, on va tenter un truc. Répète après moi encore. Toji.

Toji.

Toji !

Arashibourei !

Ara.

Ara !

Shibou.

Shibou !

Shibourei !

Arashibourei !

Allez, t’y es presque. T’y es presque, eh ! On y va ensemble, allez. Allez.

Toji ARASHIBOUREI, yeaaaah. On applaudit Potem, les gars, c’est un grand pas pour lui. Et tous, là, tous autant que vous m’entendez depuis le couloir, je veux que vous répétiez le nom de votre Némésis. Tous, ouais, tous. Gueulez-le. Que ce soit le mec qui vous a foutu en taule, votre papa qui vous a violé quand vous étiez môme ou le monstre sous le lit de quand vous avez grandi, y a forcément un gars qui vous fait peur. Je veux que vous expurgiez le nom de ce fils de salope. Allez !

Moi ? Non moi j’ai pas besoin. Moi je m’aime, c’est différent. Moi j’ai pas peur, moi.

C’est la prochaine étape, ça, mais on va y aller mollo avec vos esprits de fillettes apeurées. Aimez-vous vous-mêmes et après vous aurez plus peur de ce nom qui vous hante. Psychologue, yeah.


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Et pour vous aimer pas mal, suis en train de me dire que ptet faut commencer par vous refaire le chapitre séduction. Hein ? Ouais, on va parler go, les gars. Non pas le jeu : les gonzesses, les meufs, les rombières, les salopes, les putes, les femmes, elles, quoi. Ouais je suis délicat comme garçon. Mais vous c’est ce qui vous manque, eh. La délicatesse, tout juste. Attention numéro 45, t’as une ratiche qui se fait la malle, elle va bientôt tomber. Faut s’entretenir, tu sais ? Non tu sais pas, forcément tu sais pas, sinon tu serais pas encore là après deux siècles, forcément…

S’entretenir c’est le secret, d’ailleurs. S’entretenir et avoir la classe, que dis-je : et suinter la classe. Par tous les orifices et surtout les pores. Non je dis pas qu’il faut se faire des porcs, tais-toi numéro 12 porte gauche. Ton passé dans la basse-cour de Sainte Thérèse, on s’en fout. Je m’en fous.

Donc, pour plaire aux douces et pour vous plaire à vous-mêmes, et là je parle d’expérience personnelle, ça vaut ce que ça vaut mais ça vaut tout tellement je m’aime, faut que vous en arriviez au point où moi je peux me dire à moi-même en me regardant dans le miroir : Tahar c’est un joli prénom, et tu habites chez tes parents mon canard ?

Mh’voyez ? Narcisse, le gars dont tous les journaux de Goa ont parlé quand il s’est noyé en regardant son reflet dans un puits… vous connaissez pas cette histoire ? Arf, possible que ça se soit passé dans les années 20, ouais, possible. Trop récent pour vous du coup, sûrement. Bref, ce mec qui s’aimait au point de clamser tellement il se gargarisait l’ego, c’était un branleur de première classe à côté de moi. Non, pas au sens propre, Potem. Putain, promis on passe par une échoppe à filles faciles le jour où on sort, ça a l’air de te manquer pas mal.

Donc. S’aimer les uns et les autres personnellement. Imaginez que vous vous voyez, là, maintenant, tout de suite, à l’instant où je vous parle. Imaginez un peu. Vous êtes dans votre cellule de gros crevard, la lumière est allumée parce que monsieur Edgecomb le geôlier en chef a eu un instant de pitié, si si c’est possible, on imagine j’ai dit. Mais vous êtes en dehors de vous-mêmes. Qu’est-ce que vous voyez ? Des rebuts ouais, des déchets pour sûr, pas rasés, pleins d’escarres, le tissu rayé plus trop rayé, noyé sous la pisse, la merde, les petits plaisirs nocturnes des pauvres condamnés à mort absents des registres, et le sang, le sang et les restes baveux des bouffes d’hier, d’avant-hier et d’avant-avant-hier, depuis si longtemps accumulés faute de râteliers capables de mâcher correctement comme le sieur 45 ici présent ? Enfin présent. Absent, presque, même.

C’est bien, les gars, continuez, imaginez-vous, imaginez que vous êtes à ce moment magique où l’âme se sépare du corps et où on a cette vision ectoplasmique de ce qui se passe partout autour, en mode omniscient. Bon, c’est pas très reluisant, hein, on est d’accord ? Bon, ben, now, et jusqu’à la prochaine potée, je veux vous entendre réciter des catchprases de quand vous voulez vous pécho vous-mêmes, okay ? De quoi ? Mais si, c’est la base. Si tu veux choper de la tendre et fraîche guenon, faut être capable de te sortir toi-même. Tu m’as pas écouté, hein, avoue ?

Quoi, des exemples ? Mh. Déjà dit mais je suis bon prince, ouaich : Tahar c’est un joli prénom, et tu habites chez tes parents, mon canard ? Que tu as de jolis yeux, yo, zyva, et ton père il est pas plus primé que le plus primé des révolutionnaires, des fois ? Non c’est parce qu’il a quand même volé deux étoiles pour les mettre dans tes yeux que je me noie dedans, yeah yeah, on pieute ensemble cette nuit ? Et avant ça tu veux manger chinois ou chez moi ? Ouarf. Moi aussi je suis très pour l’éclectisme, mais surtout après, est-ce que tu b Ah, tu la connais celle-là ? Ben voilà, retourne, retournez aux classiques, les gars, hésitez pas, c’est un bon début. Et après on passera à l’un peu plus subtil du genre : hey beau garçon, j’ai remarqué que t’avais un super costard et je voulais savoir où tu l’avais acheté parce que je crois qu’il plairait beaucoup à mon beau cousin par alliance que j’ai jamais vu de ma vie pour son anniversaire que je vais pas fêter avec lui, mais non c’est pas un prétexte est-ce que j’ai l’air d’un mec qui drague comme ça facile ? C’est plutôt toi avec ton regard perçant qui me mate depuis tout à l’heure comme si j’étais un bout de viande, j’ai un cœur en dessous, moi, je suis timide, moi ! Si tu me fixes comme si tu nous voyais déjà au septième ciel ensemble je vais fondre et en foutre partout… Glamour, hein, z’avez vu ?

Allez, exercice pour tout le monde !

Et n’oubliez pas, tout passe par le blaze. Si vous le lâchez douze trouzillions de fois en une soirée, vous pouvez être sûrs que ce sera pas en vain, et que même si vous êtes le pire cradeux des lépreux, vous choperez au moins un truc que vous aurez tellement saoulé qu’il/elle saura plus où donner des oreilles. Et là c’est gagné, vous vous êtes imposé, plus qu’à cueillir la fleur.

Et quand vous vous sentez aptes à cueillir la fleur, tentez sur votre voisin ou sur monsieur Paul quand il revient. S’il se contente de vous rire au nez au lieu de vous charcuter les parties, c’est déjà bien.


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Moi je vais faire des peu-poms. Des ctions-tra et des bdosa aussi. Pour me remettre en forme malgré les côtes brisées, ouaiche, t’as vu comment suis un dur. Pourquoi ça vous me direz ? Vous me direz pas, vous êtes occupés à vous polir l’ego pour mieux me polir le mien quand vous clamerez partout que c’est grâce à moi que vous avez retrouvé votre dignité de vrais hommes alors que vous touchiez le fond du fond de la lie humain qu’Impel Down est censé vous faire devenir. Mais je vais vous le dire quand même, je vais te le dire à toi la brique du fond de la cellule, je vais te le dire à toi mon tas de poils de Potem que même plus je peux dormir dessus tellement je suis habitué à la roche dure qui me casse les os et tellement c’est confortable. Teh, tellement je suis habitué à vivre à la dure, maintenant, je suis sûr que même plus je peux bouffer les petits plats du Baratie. Même une livre de vachoratops je lui crache dessus moi maintenant, je suis un fou. Moi il me faut ma bouillie de rat mort depuis deux semaines, moi. Mon pâté de fauve gardien tué par les prisonniers. Mon pâté de prisonniers, même.

Tout mais pas un truc fait avec amour.

Mais bref, des pompes, des trucs, des machins. Biceps, quadriceps, forceps. Flexions, extensions, attentions. Branlette du bras gauche, branlette du bras droit, branlette de la jambe gauche, branlette de la jambe droite. La troisième ? Mais non, t’es con. Je m’uscle les muscles, moi, ce qui sert à porter des machins, à en tirer d’autres, à supporter ma grande carcasse et à impressionner les filles. Le reste, c’est le talent, mais récup mes forces ça c’est important, pour le jour où, pour le jour.

T’as entendu, maman. Je t’ai entendue quand tu disais que demain c’était loin mais que y aura un demain, et qu’il faut que je chérisse par avance mon jour, mon jour de sortie. Je sais que je vais me casser, et je sais pas quand ce sera mais je sais que ce sera. Et ce sera beau, avec les papillons roses qui se brûleront au soleil de midi et les arcs-en-ciel que déjà si y a du ciel c’est bien, les couleurs on verra après, c’est pas grave. L’air pur de la liberté, l’ivresse du bon vin de la vie dans mes narines assoiffées. Ah non, j’ai dit que je pouvais sûrement plus manger de bonne chère, sans doute que ça me fera pareil avec la bonne bière.

Ah !

Yeah, une, deux, une, deux, une, deux. Ouh. Et trois, et quatre, et cinq, et six. Un deux trois j’irai au bois, quatre cinq six me faire une Cerise, sept huit neuf avec mon gros nœud, dix onze douze ça finira en parto. Aaarfputaind’équilibrebordeldechiotttes ! Potem ! Arrête de foncer dans les murs tu veux. Ca va te venir, mais sois patient, travaille, abnègue, sois fort et ta gueule, quand je fais des pompes en mode poirier dans le noir parce que c’est plus la classe et que ça fait repousser les cheveux plus vite, j’ai pas envie qu’un glandu de ta sous-race me casse la motiv, okay ? On est bons ? On est bons.

Une, deux, une deux, une deux trois quatre et cinq et six et sept, ouh. Souflette.

Et une deux trois quatre cinq six sept huit douze neuf quatre trois six dix onze trente, allez, ça fait trente ouais. Et t’as vu gars, j’en ai fait trente. Quoi je mens, quoi je mens ? Tu me parles, c’est à moi que tu parles ? Ouais je vais te prouver que je chique pas, ouais. Allez une deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix. Comment ça je les fais à moitié, comment ça je les fais à moitié ?! Et toi, t’es ptet fait autrement qu’à moitié, on t’a bercé trop près du mur quand t’étais môme, c’est pour ça que t’es tout transparent ? Ou alors tu te la joues à la mode fantôme comme les poupées bimbos d’avant ?

Et tu serais qui, toi, par le plus grand des hasards ? Un gars que j’ai buté ? Mais pourquoi tu montes pas ton réglage de luminosité, que je te vois un peu mieux, c’est pour garder le mystère ? Bon t’es bien gentil mais j’ai de la muscu à faire moi, c’est quand tu veux mais prends pas la mouche si tant que tu t’es pas décidé je continue mes exercices. Eh, Voisin, tu me sors une trentaine de briques du mur ? Je manque de haltères, là. Merci chef, t’es un as. Alors, comment je fais ça avec les menottes, moi… Tiens, elles me sont un peu lâches, mine de rien, j’aurais juré qu’elles tenaient mieux avant… J’ai maigri à ce point-là ? Putain, et mon muscle s’est fait la malle avec la graisse de mes poignets amoureux ? Raaah ! Potem ! Remets-m’en quarante de mieux, c’est vachement plus grave que je ne pensais… Mh. Bon, et maintenant le mono haltère avec les deux mains liées, youpi. Déjà les pompes à l’envers c’était tendu, alors ça… Gaffe à pas te louper mon canard, gaffe à pas te louper si tu veux garder tes petits petons entiers, gaffe…

Waah

Non rien, très chers voisins, non rien, très cher geôlier principal, c’est juste mon pied encore cassé qui vient de casser encore un peu plus. Tout. Va. Bien. Tout va bien, hihihi. Waah.

De quoi, ça te fait marrer, toi, le spectre ? Ca te fait marrer ? Oh. Salut brother.


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Tout va bien chez toi ? C’est pour te venger que tu es reviendu ? Me mettre minable devant les copains que je me suis faits ? C’est pour ça, pour mieux me contempler dans ma déchéance ? Okay, bon, je peux pas vraiment dire que je mérite pas. Mais, par contre, y a un truc que je comprends pas : Maman t’a pas dit ? Elle t’a pas fait un topo comme quoi c’était avant, que j’étais en mode décomposé à la petite cuillère par le destin méchant, méchant destin ? Elle t’a pas dit ? Non parce que là, bon, c’est un peu tard pour se foutre de oim, non ? Tu fais pâle figure à côté de moi, non ? Moi tout plein de muscle, moi tout plein de sueur ? Non ? Bon, si tu le dis. Tu permets ? Je m’y remets.

Non vas-y, cause-moi, cause-moi bien. Me dérange pas. Par contre va peut-être falloir que tu répètes certains trucs, rapport que quand je pompe je suis pas complètement là, tu vois. Non c’est pas une drogue, une drogue c’est quand tu kiffes ce que tu fais et quand t’arrives pas à t’arrêter de faire ce que fais et quand tu es tellement dedans que même on te parle t’entends pas… Là c’est juste qu’avec mon poids de cent livres sur le petit doigt et les mains emberlificotées comme elles sont avec ces connes de ferreries en granit qui tournent, faut que je me concentre un minimum et que moi, quand je suis concentré, j’entends mais je comprends pas. Le signal arrive jusqu’au cortex mais il décode pas.

De quoi, ma gueule ? Tahgel toi-même, ouais. Et avant moi, même, vu qu’y paraît que t’avais la primauté et l’aînesse et tout ça. Hein, M’man, que c’est lui qu’est sorti le dernier et que dans les lois à la con des Nekke ça veut dire qu’il est plus vieux ? Hein ? Ouais c’est ça va te planquer ouais.

De quoi ? Tu m’aimes plusse quand même ? Ben je sais, ouais, je suis le seul encore en vie alors forcément, même un violeur de chèvres tu l’aimerais mieux que les restes décatis enterrés sous la grange à foin, forcément. Mais non ça veut pas dire que je viole des chèvres. T’en vois beaucoup d’ailleurs, dans le coin, des chèvres ? Bon. Ca doit faire trois cents ans que j’ai pas violé un truc.

Bon, et vous m’emmerdez tous les deux, là, manquerait plus que le padre et le tableau serait complet. Comment ça, pas que ? Comment ça ? Rien ? Ouais, j’aime mieux ça. Cela dit, si toi le fantôme luminescent sous ta voilure de noir et si toi avec tes pommes tu as rien d’autre à me dire, j’ai du pain sur la manche et, oh, de la tambouille sous la porte. Merci Geroge, on a droit à quoi aujourd’hui ? A ma sœur en sauce ? Haha, sacré farceur ce Geroge, hein ? Eh bah, où vous êtes ? Non mais il déconne, hein, j’ai pas de sœur, ça doit être un gars qu’a pas tenu la cadence du premier étage…

Bon tant pis, j’allais vous proposer de rester au moins le temps du repas, après je m’y remettais tranquille sans vous sur le râble, mais si vous vous barrez je vais finir par croire qu’en fait, et surtout toi Maman, vous cherchez juste à m’emmerder et puis c’est tout. Et je dois dire qu’autant l’autre grand con je m’en fous un peu, depuis le temps que j’attends qu’il revienne me planter sa rage dans le dos, mais toi, mère de ma chair, ça la fout mal après les conseils que tu m’as filés en consolation des quinze harpies qui m’ont découpé la rage de m’en sortir l’an dernier. La fout mal, ouais.

Tain.

De ? Mais t’es où, je t’entends de loin mais pour une fois je te vois pas ? Derrière moi ? Ah non. Dans un coin cachée ? C’est le frérot qui te masque de sa capeline, c’est ça ? L’enc Ah ! Ah non. Bon.

Et donc ? Paul va venir et s’arrêter devant la cellule et refaire son lacet ? Okay, et alors ? T’en as d’autres des infos comme ça ? Et pourquoi tu me dirais pas qu’il fait du 46 fillette aussi ? J’en fais quoi, je lui construis un autel à sa gloire, au fumier, c’est ça ?

Ouais c’est ça, ouais. Merci Maman.

Très bon le civet de garçon post-pubère, cela dit. Ragoûtant.

Maman, Papa qu’est pas là qui fait du chocolat, frérot, je vous emmerde à tous, les parents c’est tous des crevures et ça me ferait bien mal que KiriLilou ait pas déconné avec Jempa. Penser qu’un jour il puisse se retrouver dans une cellule avec juste ses yeux pour pleurer dans le noir de ses souffrances sous les quolibets des fantômes de son ascendance, je suis pas un gars très sensible, mais je dois dire que ça me donne pas sérieusement envie de prendre fait et cause pour les joies de la parenté.

Non, non, il sera pas dit que Tahar Tahgel aura choisi pour ses bonnes œuvres une campagne promouvant l’art de la zigounette dans le pilou-pilou dans les verts prés de l’insouciance où l’homme et les femmes vivent heureux, surtout l’homme, tandis que dans le ventre de ses conquêtes grandissent ses futurs bâtards déjà bientôt en âge de lui suriner la jugulaire pendant la nuit pour mieux se taper, eux, leurs mères dulcinées. Non, non, la parenté c’est surfait.


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Et comme ma potée a figé, je vous snobe et je reviens à mes chèvres : la vie c’est la jungle et c’est pas votre halo falot derrière la meule de poils de Potem là-bas qui va m’en distraire, il faut que je me refasse une santé et je vais me la refaire, je vais me tailler les dents en pointe pour mieux m’enfoncer dans la jugulaire de ce monde pourri, buter les parents comme vous, détruire les familles et amener le chaos suprême qui seul saura nous défaire de cette immense farce qu’est le monde, hahaha je rigole.

Non je rigole pas en fait, c’était une figure de style. Ou alors si, je rigole à vous mes voisins et à vos tentatives désespérées pour vous reconstruire un Moi qui puisse la mettre assez profond à l’autorité pour qu’elle vous laisse ressortir d’entre les morts au monde des vivants et tout et tout. Ouais c’est ça ouais, je vous entends avec vos catchphrases à deux balles et vos attrape-nigaude qui séduiraient pas une tarentule, je vous entends. Je vous entends et je vous dis merde, vous y arriverez pas.

Vous y arriverez pas.

Mais moi, moi par contre, moi que j’aime et c’est pas neuf, moi que vous m’arrivez pas à la cheville, moi et mon canard d’ego, moi je vais y arriver, m’en sortir, m’extirper de cette fange innommable que vous êtes tous, toi aussi Paul et ton bâton qui tord les boyaux de l’extérieur, toi aussi qui refais tes laceEH ? Oh putain, Maman ? Maman t’es où ? Pas là ? Là-haut à danser le tango avec Jenv ? Très bien, amusez-vous bien, moi j’ai dit que je m’en sortais, et ça commence par prendre de la graine de badasserie, non ? Ouais hein. T’es prêt mon canard ? Prêt ? Attention ça va faire mal.

Tiens, avale.

Avale-moi cette bonne terre glaire pas trop glaise, avale-moi cette poussière de néant con, avale-moi ce sol et remets-en une couche en l’honneur de ce bon vieux Sergueï dont un jour il faudra que tu demandes à Rimbau, à Rimbau et à sa plume mélancolique, dont un jour il faudra que tu demandes à Rimbau de conter ses exploits innombrables et surtout sa triste fin épique sur l’île aux cornus. Remets-en une couche et une poignée en l’honneur de tout ce beau monde qui va prendre cher et à qui tu vas pétrir les miches de ton pied ravageur dès que tu seras sorti. Avale et malaxe, malaxe et avale, prends le temps, que tes molaires les écrasent tous ces grains de rien, tous ces grains faits de toute la sueur des esclaves qui ont construit le coin, de toute la douleur de ceux qui ont occupé avant toi cette cellule numéro 8, de tout ton sang évacué depuis que tu es arrivé ici. Mange mon canard.

Mange, broie, tue. Tue en rêve, muscle tes mâchoires et abrase ton œsophage et grogne et étouffe-toi c’est le temps que ça passe, et ouvre-toi une veine pour boire ton sang et fluidifier le trafic et non le hoquet c’est pas grave, continue, continue à t’empoisonner l’estomac avec un truc qui commence à le faire mousser tellement c’est pas bon, tellement c’est pas bon pour lui. Continue, continue ! Eh, qu’il hurle, c’est pour son bien ! Continue, continue ! Laisse-le, laisse-le grogner, c’est pour son bien aussi, pour leur bien à tous, à ton instinct de mort, à ton instinct de vie, à ton estomac qui n’a plus eu autant de matière à digérer depuis un bail, fût-elle merdique, fût-elle toxique, à tes intestins qui n’ont pas saigné d’avoir trop mangé depuis trop longtemps, à tes sphincters qui n’ont pas eu à traiter autant de crasse, de bassesse, de vide depuis tant et tant de temps. Allez, continue donc !

Mon canard.

La vie c’est la jungle mon canard. Ne survit que le plus fort mon canard, le plus fort. Le sournois ne reste que le temps où il innove dans sa médiocrité, le gros ne tient que jusqu’à la brisure de son armure, le charismatique n’est qu’un sournois qui s’ignore ou pas, bien vu de la masse qui le soutient jusqu’à ce que son quota d’impressionnant s’émousse ou s’érode ou se retourne contre lui… Seul le plus fort, le plus fort n’a rien à craindre. Il encaissera, le plus fort, il encaissera la pierre lancée sur sa peau, le feu brûlant ses poils, le sang versé et les poisons les plus vicieux, il encaissera la privation, la solitude et la nuit perpétuelle, il encaissera le tout, le rien, le toi, l’eux, l’elles, l’il, le je.

Force-toi mon canard, les hémorragies ne sont que le début, le début de tout. Et quand ton sang se débrouillera sans ton pouvoir que tu sens, que tu sens inhibé par ces salopes de pierreries qu’on t’a refilées, quand ton sang aura su se débrouiller sans ce fruit vénéré par les adorateurs de la sainte Vashkiri, quand tu auras survécu à ces milliers de mille pointes de pierre et de terre et de verre mêlés qui te labourent les parois internes, alors tu sauras, tu sauras que tu es prêt et tu pourras faire le fier parce que tu seras fort et que tu ne craindras plus rien. Allez. Sois fort, Tahar, sois plus fort que jamais et vos gueules le public je me vide de mon sang si je veux, sois fort mon Tahar, et survis, crache, vas-y crache maintenant tu peux, tu en as ingéré assez pour mourir, crache et survis et relève-toi comme tu t’es toujours relevé car tu.

Car tu as vu pire et car la vie est une jungle dont tu es le Saigneur.


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Et puisqu’on parle de Saigneur, mon gnou, puisqu’on en parle, il faut que je te dise…

Tu t’es laissé aller ces derniers temps, tu t’es vachement laissé aller.

Regarde-toi, regarde-moi dans ce miroir de ton inconscient vachement exprimé.

Regarde-toi, avec tes yeux pâles et verts pisse. Regarde-toi avec ton teint hâve, de cave déterré, regarde-toi avec tes mains trop fines qui n’ont depuis trop longtemps que tenu la vacuité de ton existence ici-bas. Impel Down, c’était cool, c’était une bonne ligne à ton CV, mon Saigneur, une belle grosse ligne qui fera bien quand on racontera tes exploits, une belle et grasse ligne qui te rendra illustre pour des siècles et des siècles et fera de toi l’homme qui a osé, l’homme qui a pris le temps de faire sa retraite sous la septième cascade d’Enies Lobby, pour son bien commun avant le bien de tous. Regarde-toi avec ta barbe maigre et trop longue, avec tes cheveux gras, qui s’en vont à peine je tire dessus, regarde-toi…

Tu fais peine à voir, très cher moi-même, tu fais peine à voir.

Et au lieu de prêcher la bonne parole aux autres connards du coin, avant de leur dire de se faire beaux en eux-mêmes pour y croire et pour regagner des forces, il va peut-être falloir que tu te retrouves toi, toi le bel, le viril, l’homme parmi les hommes. Oui Tahar, te retrouver. Tu as pris des muscles Tahar, mais ce n’est pas assez, tu as repris des os Tahar, mais ce n’est pas assez, tu as retrouvé tes visions Tahar. Mais ce n’est pas assez. T’ennuyer ici ne suffira pas.

Il faut que tu sois présentable quand tu sortiras. Il faut que, à peine tu plongeras le pied hors de cette cellule, hors de ton cerveau, hors de ce niveau, hors de tout le reste quand l’heure aura sonné, tu sois beau et attirant et charmant et toi. Il le faut sinon tout n’aura servi à rien, ta mère aura parlé pour rien et toi tu te seras préparé pour rien. Il faut que tu t’apprêtes, alors travaille et sois prêt.

Et maintenant fais. Vide-toi, vide-toi une dernière fois. Pense à elle et sois frais. Voilà.

Voilà, tu y es. Maintenant lave-toi, purifie-toi de la boue et du sang et du silence et des larmes.

Lave-toi. Sois chat, sois loup, sois animal. Lèche tes plaies, lèche ton âme et panse avec ta salive le mal qu’on t’a fait et que tu t’es fait. Absous-toi de ta désespérance, deviens neuf, Tahar.

Voilà.

Et rase-toi, maintenant, passes-y une éternité de plus, rase-toi, sois frais pour tes fans Tahar.

Sois prêt pour qu’ils te suivent. Tu es le Saigneur ton Dieu mais un dieu sans autre fidèle que lui-même ne rayonne jamais très loin. Et c’est vers les sommets Tahar, c’est vers l’est que tu veux rayonner, n’est-ce pas ? Vers cet orient jamais atteint, dont tout le monde se garde et sans doute à raison. Pense au monde nouveau, Tahar, et prépare-toi. Fends la pierre sans demander à Potemkin de t’aider cette fois. Déchausse le mur de granit de ta seule force récupérée et fends-le car nulle prison ne saurait te résister. Ne t’attaque pas au mur de roche brute, ce serait peine perdue et l’évasion n’est pas encore pour tout de suite, mais déchausse au moins le parement.

Plus tard tu te feras des meubles de ces pierres mais pour l’instant fais-t’en une lame, une lame aiguisée comme était aiguisé le premier fil du premier silex taillé par ton premier ancêtre. Retrouve tes sources, Tahar, et rase-toi la barbe, les moustaches et même le bouc, n’aie pas peur. Ne crains pas la coupure, tes entrailles ont résisté à la terre mal battue que tu leur as fait digérer, ta peau survivra aux coupures mal lavées du couperet inégal. Ne tremble pas, Tahar, ne tremble pas. Et la gorge, même la gorge, rase-toi la gorge. Et les naseaux, nettoie-les toi, voilà, bien, et les oreilles, et maintenant la tonsure, défais-toi de cette perruque immonde dont le temps passé ici t’a affublé. Taille, Tahar, taille-toi un nouveau fil de pierre, plus long, plus effilé, et cisaille-toi les cheveux. Non, ne te rase pas le crâne, tu n’es pas un bonze, tu ne répandras pas la bonne parole, ou si tu le feras mais à ta manière, à ta manière qui demande des cheveux quand même. Garde un pouce, deux pouces de longueur et ils se renforceront. Ton crin s’épaissira de nouveau et n’aie crainte : tu seras beau.

Tu es beau, Tahar, ça y est. Tu es beau comme tu t’en vantais. Un dernier tour par les dents pour les polir de leurs saletés et tu es prêt. Prêt à prendre la femme du monde, et si elle est maquée c’est son problème, l’adultère n’est pas une faute qu’on peut reprocher à l’amant dont le seul tort est d’avoir été assez séduisant pour que l’amante s’amourache et se rende infidèle. Va, vole et te venge.


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Venge-toi car le monde t’appartient et vouloir t’en déposséder ou plutôt t’endiguer dans ta démarche de conquête n’a été que la plus grossière erreur de parcours de tous les autres qui ont cru pouvoir faire en sorte que le monde soit leur. Ah quels idiots, tous ces ils et ces moi et ces je. Pride en tête mais Pride n’est qu’un fer de lance, trois fers en l’occurrence même si désormais il faudra qu’il compte sans son trident… Non, derrière Pride il y a les sept corsaires qui ne sont plus que six depuis bien trop longtemps pour ne pas que la sclérose ambiante des institutions n’apparaisse au grand jour. Et derrière les sept corsaires il y a les institutions justement, les cinq étoiles désuètes déjà avant d’être nées, décaties malgré l’élection du jeune Ike à la suite de son grand-père, exemple par ailleurs criant du népotisme abscons qui gangrène tout et n’importe quoi. Et derrière les cinq plus ou moins vieillards il y a ces charognes ambulantes de dragons et devant ces fidèles marins.

Héhéhé, ce beau tableau que voilà, des hommes droits et fiers dans leurs bottes, larbins de ces messieurs et dames de la haute trop mous pour même lever un doigt dans une assemblée…

Ah, Glinglin, si je te chope après être sorti, si je te chope… Je sais même pas à quoi tu ressembles mais je sais que tu m’entends dans ton peut-être sommeil s’il fait nuit à Marie-Joa ou dans ton subconscient s’il fait jour… Si je te chope un jour après avoir massacré les trois amiraux que tu appelleras en renfort à mon arrivée, si je te chope je te fais manger tes doigts de pieds pour les crimes de tous ceux de ta race. Ouais, Judge Tahar, voilà comment on m’appellera alors, voilà ce que clameront tout haut et tout fort et tout partout tous ces glands de médiateurs de l’information sans plus de cervelle que leurs cibles. Tahar le libérateur, hahaha… Quoi, déjà pris par Mandrake, le sobriquet ? Du diable le Jonas ! Tahar, ça sonne mieux. Et en plus ma maman m’a dit un jour que ça voulait dire que j’aurais une vie de vertu, de franchise et d’honnêteté, que je serais le roi du monde de bien.

Haha.

Maman.

Tu l’avais pas vue venir celle-là, hein ? Sors donc de ta cachette, j’ai fini mes exercices pour le moment, viens par là, viens me montrer ton joli minois que si t’étais pas ma mère… Si t’étais pas ma mère je te jure qu’il m’en passe des trucs pas sains par le crâne, là, quand je contemple ton reflet de quand j’avais dix ans, oh oui… Eh, me pique pas un fard, ça te rendrait encore plus sexy. Ouh.

Non tu l’avais pas vue celle-là, Tahar le vertueux, Tahar le vertueux.

Hihihi, j’aurais presque envie de faire, tiens. Allez, je m’y risque même, y a personne pour m’entendre que des cons qui verront pas demain, pas comme moi :

Hihihi.

Je vois l’affiche d’ici. Du chien fou au vertueux, les journaux qui changent demain pour me mettre à la une de leurs torcheculs respectifs parce que j’ai commencé par sauver une mère-grand de l’extinction sur un passage clouté en plein Goa, en plein Hinu, en plein Marie-Joa même, allez ! Un peu de folie, quoi, merde ! Oh putain, ouais… Ouais. Je sais pas ce qui me prend, mon canard, je sais pas ce qui te prend, mon Tahar, mais y a pas à dire, c’est grand. Non c’est pas un souffle héroïque, non non, faut pas déconner, mais si le monde t’appartient, ben t’y fais ce que tu veux mon gros, hein. T’y crucifies un cochon devant la porte aux Cadenhead un jour, l’après-midi parce que t’as envie tu fais du pâté d’amiral pour déguster le lendemain soir, et si le lendemain soir il te prend l’envie en fait de savourer un petit sauvetage d’orpheline mignonne, ben tu fais et c’est marre. Et en plus si ça se trouve l’orpheline en question peut te faire plaisir, échange équivalent et toutes ces conneries.

Yeah.

Ah ouais, maman, frérot, vous me voyez avec mes grosses bajoues qui n’en veulent, vous me voyez le rouge de la bonne vie revenu au visage ? Vous la sentez ma bonne humeur ? Et vous les voisins, vous la sentez ? Eh, Potem ! Tu la sens ? Mais non, c’est pas tendancieux, mais non, et puis on s’en branle, non toujours pas littéralement, on s’en branle de ce que pensent les gens, on est des gars free dans notre tête, wesh wesh yo, et on danse le funk si on veut, pas de souci et pas de problème. Regarde, enfin écoute-moi danser plutôt, la vie c’est la danse, mec, c’est la danse, la grosse danse du mec qui retrouve son énergie et qui veut dessouder le mur avec ses mains liées l’une à l’autre par des menottes trop larges pour ses plus si gros poignets musclés par l’exercice assidu au fond de son trou.

Aherm…


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Acclamez Tahar le vertueux les gars, acclamez-le.

Tahar ! Tahar ! Tahar !

Oh, salut Paul, tu viens pour me niquer les couilles avec ton chalumeau ? C’est très aimable à toi.

Non, non, vas-y, vas. C’est pas mon heure, je le sens pas.

Non, pas aujourd’hui, pas cette fois.

Non, je vais rester bien sagement au fond de ma cellule.

Héhéhé.

Il m’a cru. Il m’a cru ce con. Paul Edgecomb, y a de la rétrogradation vers la chair à canon en vue.

Je dis ça je dis rien, mais.

Mais t’aurais dû mon pote, t’aurais dû. Rapporter à tes supérieurs que, au niveau qu’existe pas où tu bosses pas, y a un prisonnier qu’existe plus qu’a éclaté de rire sitôt la porte refermée derrière toi. Qu’il a éclaté de rire alors que tu venais de lui brûler les rognons à la braise encore fumante du voisin d’à-côté. T’aurais dû leur dire qu’au niveau moins six d’Impel Down les prisonniers sans avenir du couloir inconnu se sont soudainement mis à te demander si tu les trouvais beaux et si ça te plaisait quand ils te faisaient les yeux doux. T’auras dû leur dire, et eux comme ils sont très intelligents ils auraient compris. Ils auraient compris et ils auraient rapporté la nouvelle à un mec encore plus intelligent.

Un mec comme Shiro Fuuryuko si ça se trouve, ce brave Shiro. Lui aussi il aurait compris et comme il aurait compris il aurait bigophoné à son grand copain, qu’est aussi mon grand copain… à Kenpachi il aurait bigophoné que fallait pas traîner à obtenir du Toucan ma mise à mort en petit comité. Et il serait venu, il aurait débarqué ici dans son costume immaculé, et il m’aurait décapité à titre préventif.

Oh oui, sans doute qu’il l’aurait fait, lui. Sans aucun doute.

Comme ça, sans plus de plaisir mais sans non plus réfléchir à douze fois sur le pourquoi il faisait et si c’était juste et si c’était bien et si c’était bon. C’était nécessaire et ça se fera pas et je pense qu’un jour sur ton dossier, mon petit Paul, y aura écrit un truc du genre "ce con a oublié de remonter à sa hiérarchie que y avait une couille grosse comme ta mère dans le potage de la prison" avec en gros une mention "viré" à côté, la grosse mention qui fait tache et qui te vaudra une mutation à Classic Town pour aller finir tes vieux jours encore longs à garder du voleur de vaches et de l’immolateur de banquier furax. Ouais, Paul, je m’étends mais t’as chié, là. T’as grave merdé et moi ça me fait rire.

Je lui en aurais pas voulu à ce vieux Fuuryuko d’agir ainsi. Il me connaît le bougre, et je sais pas si lui se souvenait de moi avant que ma gueule reparaisse sur tous les murs de Marie-Joa et d’ailleurs, mais moi je l’aime bien, je l’ai toujours bien aimé. C’est un gars pragmatique, c’était nécessaire et même si du coup ça se fera pas en fait ça aurait dû se faire et ça se serait fait. Parce qu’il aurait fallu.

Et personne lui en aurait voulu moins que moi, le lésé de l’affaire. Le bien, le mal, c’est tellement relatif, hein frangin ? On aurait dû me buter quand je t’ai tapé trop fort, et finalement comme ça se faisait pas de buter un autre gamin ils l’ont pas fait, et au final regarde ce que j’ai fait après. Le mal, le bien, c’est tellement relatif. Tellement relatif… Ah, je me sens la fibre anar qui remonte, putain, qui remonte de loin, d’avant tout ce temps où je me suis enfermé dans ma cabine de gars méchant sur le navire des fous. Ah… je vous en veux pas, les gars, c’était rigolo avec vous. Yeah c’était rigolo.

Mais maintenant il est temps de passer à autre chose. Et quand je serai dehors on va passer à autre chose. On va passer à quelque chose de grand, de fort et de haut. Un truc du genre une capitale, du genre la jolie fleur de Redline, du genre les jolis jardins suspendus tout tout là-haut au dessus de tout, avec panorama sur le monde entier et même les îles célestes valent pas ça. Ah, les dragons vont prendre cher mes frères, tes belles idées de justice Lilou, tu vas voir qui va les appliquer en premier, et y aura mort d’homme, et y aura destruction et peut-être même profanation de cadavres divins, si ça me vient sur le moment, et tous les concepts du gouvernement, et ceux de la révolution même, tous, ils vont prendre cher. Le monde va se terminer, les petits. Embrassez vos nounours les garçons, embrassez vos poupées les petites filles, et vous les adultes, tremblez dans votre lit car le monstre dans le noir sous le lit, le monstre qui n’a plus de visage que celui resté sur les avis de recherche et balafré désormais d’un "mort", le monstre va sortir…


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Mais d’abord, avant ça et pour encore un peu, pour encore un si petit peu que ça commence à m’en brûler les lobes cérébraux, je dois faire avec la veuve poignet, avec mon imagination et avec mes canines qui poussent dans mes gencives. J’ai les dents longues, messieurs mes voisins, j’ai les dents très longues et si vous voulez en profiter il va falloir vous préparer, vous préparer comme j’ai dit qu’il fallait vous préparer, suivre ma méthode à moi que c’est la meilleure parce que je suis le plus mieux de tous et ta gueule, c’est moi qui raconte. C’est bon, vous êtes prêts ? Vous êtes prêts ?

Non parce que ça va pas tarder.

Je peux pas vous dire vraiment de qui j’ai eu l’info. Je peux pas vous dire quand, je peux pas vous dire comment, je peux pas vous dire qui, mais ça va pas tarder. Je le sais, on me l’a dit, je l’ai senti.

Maman ? Oui, Maman.

Mais pas qu’elle, y avait du moi aussi dedans. Du moi qui sait. Du moi que héhé.

Alors préparez-vous. Vous vous aimez les uns les autres bordel de merde ? C’est bon, on a passé cette étape ? Alors okay, voilà ce qu’on va faire. Des exercices transcouloirs. Moi je vais beugler la cadence, et vous vous allez pomper, tracter, jeter, tirer, pousser, creuser, sonder, bouffer, malaxer, pétrir, coiffer, raser, toiletter, ranger, casser, buriner. Vous avez tout ce qu’il faut autour de vous pour être des vrais des pas beaux des méchants, pour être à nouveau ceux que vous étiez quand vous êtes arrivés ici. Oh vous étiez moins beaux que moi, pas de souci je suis au courant.

Soyez modestes, ça vaut mieux pour vous quand je vous ouvrirai les portes de mon destin.

Soyez humbles, ça vaut mieux pour vous quand vous grimperez à bord de ma fortune.

Ma fortune qu’elle est belle, ma fortune qu’elle est grande, ma fortune qu’elle est.

Allez, non seulement je donne la cadence mais en plus je donne la cadence :

Sur la tête ! Et que ça saute.

Ouais ouais, la tête. Le poirier, jambes en l’air, mains tendues devant parce que les menottes c’est vachement pratique pour contraindre durablement. Et en route pour la grande aventure.

Soyez sereines, les filles, soyez cool. Même toi numéro 16.

Même toi numéro 23.

Ayez pas peur. Même si vous crevez à l’entraînement, ça vaudra ce que ça vaudra. Même si personne se souviendra de votre nom, on se souviendra de ces cons qui se sont foutus sur l’œuf pour faire plaisir à Bibi premier roi d’Impel Down et roi du monde par la suite quand Bibi le leur a demandé.

Et ça c’est la classe. Ma classe, votre classe à vie. Et maintenant pompez.

Pompez ouais. Démerdez-vous. Comme moi je fais. Pompez. Trouvez l’élan nécessaire. Trouvez la voie, trouvez le moyen, trouvez les muscles. Trouvez tout ce qu’il faut pour vous jeter en l’air dans le mauvais sens juste avec votre crâne. Et tant que vous pourrez pas, suez. Et quand au moins l’un d’entre vous pourra, on se casse d’ici. Moi en attendant je fais des pompes normales avec les bras.

Pourquoi ? Parce que je vous ai convaincus d’avoir l’air con, et que ça me rend plus fort que vous.

Que vous tous réunis.

Mais soyez sans crainte, je vous le revaudrai. Je vous le revaudrai au centuple.

Quand on sera dehors, vous saurez que je suis un homme de partage, généreux, qui donne, qui donne. Vous saurez que je suis un gars sain, sur lequel on peut compter, sur lequel on peut toujours compter. Et si je vous dis que vous aurez votre part de gloire, de thunes, de putes ou du monde.

Si je vous dis ça. Si on me dit ça.

C’est que vous l’aurez.


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