Ce RP se situe après l'event de South Blue et mon -futur- RP avec Pludbus au cours duquel Shaï mange son FDD. Je reste volontairement floue sur les relations aux autres pour pouvoir RP cette période si l'occassion se présente. Shaï n'utilisera pas son FDD lors de l'entraînement pour des raisons expliquées RP parlant.
Je crois que le pire dans tout ça était que j'avais été volontaire. J'avais signé de moi-même. Pire, j'avais dû supplier et faire jouer mes contacts familiaux pour avoir le privilège de poser un doigt de pieds sur cette foutue base.
Comme quoi, j'étais de loin ma pire ennemie.
A l'heure actuelle, je n'avais qu'une envie : dormir. Si je n'avais pas déjà si mal au dos – pff, si seulement ce n'était qu'au dos – j'aurais été capable de m'étendre là, sur terre, dans la poussière et m'endormir ici, avec les cailloux comme sommier.
Dormir et pas autre chose. Sûrement pas ressasser ce sentiment bizarre qui s'emparait de moi à chaque fois que je me demandais ce que je faisais ici, ce que m'amenait systématiquement à me questionner sur ma santé mentale et m'ébahir – une nouvelle et énième fois – sur le fait que j'ai voulu venir ici.
Oui dormir. Juste dormir. Je n'en demandais pas plus.
Cela faisait des heures que je n'avais plus ressenti les symptômes de la faim qui m'avait pourtant tiraillée les entrailles plus tôt dans la journée. Ou était-ce le début de soirée ? Je ne savais plus. Les détails des derniers jours s'estompaient, coulant les uns sur les autres comme la peinture à l'eau dégorgeait sous la pluie. Je ne savais plus rien. Ni l'heure, ni la date, ni même vraiment où j'étais, à part cette idée fixe que je venais de découvrir l'enfer sur terre. Oui, je me trouvais sans aucun doute à la gueule béante du Tartare et je goûtais en avant-première de tout ce qui m'arriverait après ma mort.
Dormir.
Dormir et pas manger. Et surtout pas se laver. Ah, ça, ça avait été la première leçon que j'avais dû m'avaler. Ça et pas un repas pourtant bien mérité. Se laver ne servait à rien quand on luttait pour survivre. C'était même pire. Le temps d'une douche bien chaude, les muscles se relaxaient un peu et votre âme oubliait ses tourments. Le retour sur le champ de torture n'en était au final que plus douloureux que jamais. Non, valait mieux rester sale et puante et couverte de bleus, bosses et autres plaies et encaisser les coups du mieux possible. « Je souffre, donc je vie ». Je n'avais jamais compris ce dicton que mon aîné m'avait sorti plusieurs. Oh, Angus, comme je te comprends maintenant. Et comme je te déteste aussi, toi qui semble faire de tout ça une simple ballade au parc.
Et dire que j'avais été volontaire pour ça...
Je voudrais seulement dormir. Juste ça. Pendant une heure, ou même trente minutes. Juste fermer les yeux et oublier ce bourbier dans lequel on s'enfonçait, l'averse continuelle qui martelait de piqûres glacées mon corps et cette douleur lancinante qui m'empêchait de penser à autre chose que « Aie. J'ai mal. Achevez-moi. »
Sauf qu'il m'était impossible d'abandonner. Ma mission était pourtant simple. Atteindre le point de ralliement de l'autre côté de l'île, et ce dans la durée impartie de cinq jours, et si possible avant les autres. Tout autre état final était considérer comme un échec. Abandonner... Ce mot n'existait pas dans cet enfer. On vivait pour souffrir. Arrêter de souffrir, c'était comme arrêter de respirer. Donc, atteindre le camp. A ce point de notre mission, les autres, on s'en foutait. On voulait juste y arriver, pour que ça s'arrête. Mais merde à la fin ! Traverser une île et grimper une petite colline, ça ne devrait pas être si difficile ! Les mots faisaient que ça semblait facile. Les relevés topographiques faisaient que ça semblait facile
Avec Garry Cooper, facile est synonyme de mort à chaque seconde. Il n'y avait ici pas une chose morte, vivante ou inerte qui n'avait pas vouée son existence à nous meurtrir d'une façon ou d'une autre. Les caillasses mêmes semblaient avoir un don inné pour s’infiltrer dans vos chaussures où techniquement il n'y a pas d'espace pour s’infiltrer. La moitié des plantes ici étaient toxiques au simple toucher et le reste nourrissait insectes, serpents ou autres joyeusetés animalières qui étaient nées pour nous en vouloir, et ce jusqu'au sang et au-delà. Mince, j'avais été attaquée pour une sorte de poule. Une poule bon sang !!! Ceci dit, une poule avec des griffes comme ça, je n'appelle pas ça non plus une poule, mais mon cerveau est bien trop éreinté pour passer au-delà de l'image de trucs à plumes blanc, avec des ailes atrophiées, deux pattes et qui picorent en pondant = poules.
- « Alors les gonzesses ? Vous n'avancez plus ? Vous voulez peut-être qu'on vienne vous tenir par la main ? J'vous signale que vous n'avez plus que trois heures pour arriver à votre putain point de ralliement et pour le moment, c'est mon pied qui va rallier votre cul ! Bougez-vous, bandes d'enfoirés ! »
Quelque part dans la frondaison des arbres, un système de haut-parleurs débitait continuellement depuis le début de l'épreuve de survie la si douce et mélodieuse voix de notre instructeur. A croire que c'était un cyborg ce mec. Cinq jours qu'il nous gueulait dessus à distance, sans jamais faillir. Au début, on avait pensé que c'était un escargophone pré-enregistré, mais l'acuité des beuglantes que Le Formateur nous envoyait dans la tronche ne laissait pas planter un seul doute : il nous voyait, nous traquait. Big Brother était parmi nous. Et inlassablement, il hurlait, nous empêchant de dormir ou même de nous concentrer. On pensait qu'on allait s'y faire, qu'au bout d'un moment, ces remontrances deviendraient comme un bruit de fond, tout comme la résonance de la pluie sur nos casques ou les croassements des crapauds. Que dalle. On ne savait pas comme c'était possible, mais ouais, le caporal nous tannait encore et encore, s'immisçant dans notre cerveau 24/7.
« On », c'était la bande d'éclopés qui formait avec moi l'équipe jaune. Cinq clampins qui comme moi-même avaient désiré se retrouver dans une île au climat tropical, à barboter dans la gadoue et la merde de poules-qui-ne-sont-pas-des-poules, entourés de dangers... Tous des gars. Les deux autres filles avaient été réparties dans l'équipe vert et l'équipe brune. La tronche des cinq marines quand ils avaient compris que c'était moi, 'leur' fille. Je suis même certaine que l'un deux a considéré très sérieuselment le choix de se tirer une balle dans le genou, là, sur le tarmac d'embarquement, plutôt que de faire équipe avec moi. Ceci dit, connaissant Le Formateur, il l'aurait chargé dans la navette et le gars n'aurait eu que le temps de la traversée pour se faire rafistoler avant de se payer la tranche de rigolade qu'était l'épreuve de survie du BAN. Tout ça pour vous dire que ma présence avait démoralisé tout le monde avant même que le test n'eût commencé.
Il faut dire que techniquement, je n'avais rien à faire ici.
Le BAN, ce n'était pas tellement pour les Cipher Pol à la base.
Le BAN, c'était encore moins pour les Cipher Pol dont les affectations les menaient plus derrière un bureau que sur le terrain.
Le BAN, c'était juste pas fait pour une poulette bimbo fifille à papa comme moi. Surtout quand elle – moi – avait massacré son entraînement de base, poussant deux ou trois instructeurs à la dépression mentale ou au découragement le plus total.
Pourtant j'y étais.
Et c'est moi qui avais demandé à y aller.
Et malgré tout, je continuais à croire – enfin, si j'en avais les capacités mentales – que c'était ma meilleure décision jamais prise.
Comme quoi, meilleure n'est pas forcément un synonyme de sage.
Mais depuis quand il y avait quelque chose de sage dans ma vie ?
Déjà gamine, j'étais insupportable. Une véritable peste, pourrie-gâtée. Odieuse et hautaine envers les « moins que soi », persifleuse et aigre-douce pour les semblables, véritable belle du sud, j'avais été éduquée pour me réjouir du malheur des autres et en tous points chercher à améliorer ma condition et celle de ma famille. Je n'avais jamais questionné cet état des choses et encore moins les décisions de mes parents. J'aurais obéis et in fine, pas de doute que je me saurais satisfaite d'une vie de bourgeoise pondeuse de chiards tout aussi étriqués d'esprit que les générations précédentes.
Sauf que je n'étais pas simplement l'adorable impertinente.
J'étais avant tout et surtout une chieuse, et ça avait tout naturellement que j'avais fait ma crise d'adolescence en envoyant tout péter. Devenir un agent du gouvernement et non pas une Marine, et y faire carrière, plutôt que de contenter d'un mariage avec un officier supérieur.
Et encore une fois tout détruire pour devenir révolutionnaire. Trahir mes serments et œuvrer dans l'ombre pour aider des sociopathes assoiffés de sang.
Et de décider que non, ce n'était pas ça que je voulais. De décider que j'allais faire autre chose, autrement... Si ça, c'était être sage, je ne donnais pas cher pour le devenir de ce monde...
- « Vous savez, moi, je peux rester ici pendant encore des jours. Si personne ne bouge dans les dix minutes à venir, je double la durée de l'exercice ! Si vous pensiez savoir ce que c'est souffrir, vous vous trompez, mes donzelles. MAGNEZ-VOUS, bande tas d'enculés! »
Et dire que Garry Cooper et moi étions parents... Parlez-moi encore de la génétique, hum ?
Lors de mes premiers jours à la base du BAN, plusieurs milliers de kilomètres de ça, Henry Cooper – le jumeau du Formateur – et moi avions comparé notre arbre généalogique, et effectivement, nous avions des ancêtres communs à la quatrième arrière-grand-mère. Quand on disait que les Raven-Cooper était une dynastie de la Marine, on ne mentait pas. Tous les Cooper et tous les Raven des Blues et de Grand Line portant l'uniforme étaient liés par le sang.
N'empêche... cousin au sixième degré ou pas... je détestai positivement Garry. Bon, ce n'était pas si ça me faisait quelque chose – et à lui encore moins. J'avais trahi mon père, alors un inconnu que je ne reverrai JAMAIS de ma vie. Jamais car soit je mourrai là, maintenant, ici... soit je m'arrangeai pour ne pas avoir à recroiser son chemin quand ma vie reprendrait son cours normal.
Avec difficulté, je me hissai sur mes pieds pour suivre mon chef d'équipe. Titubant derrière lui, je repensai à tout ce qui m'était arrivé récemment, et ce qui avait motivé ma décision de venir ici.
Car oui, c'était ma volonté. Je voulais venir ici. J'ai demandé, supplié, menacé pour que je vienne ici.
Rappelle-t'en, Shaïness. Pour que ta maudite fierté te sauve encore la vie, pour que tu trouves la force en toi de lever le pied et de le poser un peu plus en avant. Et pour recommencer. Encore. Et encore. Marche, Shaïness. Tu as commencé, alors tu finiras. Tu ne leur laisseras pas la joie de se moquer de toi. Non que tu y portasses une attention particulière. Rappelle-toi ton serment. Au diable la dignité et l'honneur. Même si je dois mentir, tricher ou tuer, j'y arriverai. C'est ce que tu avais dit n'est-ce pas ? Alors souviens-toi que tu as demandé à venir ici.
Comme quoi, j'étais de loin ma pire ennemie.
A l'heure actuelle, je n'avais qu'une envie : dormir. Si je n'avais pas déjà si mal au dos – pff, si seulement ce n'était qu'au dos – j'aurais été capable de m'étendre là, sur terre, dans la poussière et m'endormir ici, avec les cailloux comme sommier.
Dormir et pas autre chose. Sûrement pas ressasser ce sentiment bizarre qui s'emparait de moi à chaque fois que je me demandais ce que je faisais ici, ce que m'amenait systématiquement à me questionner sur ma santé mentale et m'ébahir – une nouvelle et énième fois – sur le fait que j'ai voulu venir ici.
Oui dormir. Juste dormir. Je n'en demandais pas plus.
Cela faisait des heures que je n'avais plus ressenti les symptômes de la faim qui m'avait pourtant tiraillée les entrailles plus tôt dans la journée. Ou était-ce le début de soirée ? Je ne savais plus. Les détails des derniers jours s'estompaient, coulant les uns sur les autres comme la peinture à l'eau dégorgeait sous la pluie. Je ne savais plus rien. Ni l'heure, ni la date, ni même vraiment où j'étais, à part cette idée fixe que je venais de découvrir l'enfer sur terre. Oui, je me trouvais sans aucun doute à la gueule béante du Tartare et je goûtais en avant-première de tout ce qui m'arriverait après ma mort.
Dormir.
Dormir et pas manger. Et surtout pas se laver. Ah, ça, ça avait été la première leçon que j'avais dû m'avaler. Ça et pas un repas pourtant bien mérité. Se laver ne servait à rien quand on luttait pour survivre. C'était même pire. Le temps d'une douche bien chaude, les muscles se relaxaient un peu et votre âme oubliait ses tourments. Le retour sur le champ de torture n'en était au final que plus douloureux que jamais. Non, valait mieux rester sale et puante et couverte de bleus, bosses et autres plaies et encaisser les coups du mieux possible. « Je souffre, donc je vie ». Je n'avais jamais compris ce dicton que mon aîné m'avait sorti plusieurs. Oh, Angus, comme je te comprends maintenant. Et comme je te déteste aussi, toi qui semble faire de tout ça une simple ballade au parc.
Et dire que j'avais été volontaire pour ça...
Je voudrais seulement dormir. Juste ça. Pendant une heure, ou même trente minutes. Juste fermer les yeux et oublier ce bourbier dans lequel on s'enfonçait, l'averse continuelle qui martelait de piqûres glacées mon corps et cette douleur lancinante qui m'empêchait de penser à autre chose que « Aie. J'ai mal. Achevez-moi. »
Sauf qu'il m'était impossible d'abandonner. Ma mission était pourtant simple. Atteindre le point de ralliement de l'autre côté de l'île, et ce dans la durée impartie de cinq jours, et si possible avant les autres. Tout autre état final était considérer comme un échec. Abandonner... Ce mot n'existait pas dans cet enfer. On vivait pour souffrir. Arrêter de souffrir, c'était comme arrêter de respirer. Donc, atteindre le camp. A ce point de notre mission, les autres, on s'en foutait. On voulait juste y arriver, pour que ça s'arrête. Mais merde à la fin ! Traverser une île et grimper une petite colline, ça ne devrait pas être si difficile ! Les mots faisaient que ça semblait facile. Les relevés topographiques faisaient que ça semblait facile
Avec Garry Cooper, facile est synonyme de mort à chaque seconde. Il n'y avait ici pas une chose morte, vivante ou inerte qui n'avait pas vouée son existence à nous meurtrir d'une façon ou d'une autre. Les caillasses mêmes semblaient avoir un don inné pour s’infiltrer dans vos chaussures où techniquement il n'y a pas d'espace pour s’infiltrer. La moitié des plantes ici étaient toxiques au simple toucher et le reste nourrissait insectes, serpents ou autres joyeusetés animalières qui étaient nées pour nous en vouloir, et ce jusqu'au sang et au-delà. Mince, j'avais été attaquée pour une sorte de poule. Une poule bon sang !!! Ceci dit, une poule avec des griffes comme ça, je n'appelle pas ça non plus une poule, mais mon cerveau est bien trop éreinté pour passer au-delà de l'image de trucs à plumes blanc, avec des ailes atrophiées, deux pattes et qui picorent en pondant = poules.
- « Alors les gonzesses ? Vous n'avancez plus ? Vous voulez peut-être qu'on vienne vous tenir par la main ? J'vous signale que vous n'avez plus que trois heures pour arriver à votre putain point de ralliement et pour le moment, c'est mon pied qui va rallier votre cul ! Bougez-vous, bandes d'enfoirés ! »
Quelque part dans la frondaison des arbres, un système de haut-parleurs débitait continuellement depuis le début de l'épreuve de survie la si douce et mélodieuse voix de notre instructeur. A croire que c'était un cyborg ce mec. Cinq jours qu'il nous gueulait dessus à distance, sans jamais faillir. Au début, on avait pensé que c'était un escargophone pré-enregistré, mais l'acuité des beuglantes que Le Formateur nous envoyait dans la tronche ne laissait pas planter un seul doute : il nous voyait, nous traquait. Big Brother était parmi nous. Et inlassablement, il hurlait, nous empêchant de dormir ou même de nous concentrer. On pensait qu'on allait s'y faire, qu'au bout d'un moment, ces remontrances deviendraient comme un bruit de fond, tout comme la résonance de la pluie sur nos casques ou les croassements des crapauds. Que dalle. On ne savait pas comme c'était possible, mais ouais, le caporal nous tannait encore et encore, s'immisçant dans notre cerveau 24/7.
« On », c'était la bande d'éclopés qui formait avec moi l'équipe jaune. Cinq clampins qui comme moi-même avaient désiré se retrouver dans une île au climat tropical, à barboter dans la gadoue et la merde de poules-qui-ne-sont-pas-des-poules, entourés de dangers... Tous des gars. Les deux autres filles avaient été réparties dans l'équipe vert et l'équipe brune. La tronche des cinq marines quand ils avaient compris que c'était moi, 'leur' fille. Je suis même certaine que l'un deux a considéré très sérieuselment le choix de se tirer une balle dans le genou, là, sur le tarmac d'embarquement, plutôt que de faire équipe avec moi. Ceci dit, connaissant Le Formateur, il l'aurait chargé dans la navette et le gars n'aurait eu que le temps de la traversée pour se faire rafistoler avant de se payer la tranche de rigolade qu'était l'épreuve de survie du BAN. Tout ça pour vous dire que ma présence avait démoralisé tout le monde avant même que le test n'eût commencé.
Il faut dire que techniquement, je n'avais rien à faire ici.
Le BAN, ce n'était pas tellement pour les Cipher Pol à la base.
Le BAN, c'était encore moins pour les Cipher Pol dont les affectations les menaient plus derrière un bureau que sur le terrain.
Le BAN, c'était juste pas fait pour une poulette bimbo fifille à papa comme moi. Surtout quand elle – moi – avait massacré son entraînement de base, poussant deux ou trois instructeurs à la dépression mentale ou au découragement le plus total.
Pourtant j'y étais.
Et c'est moi qui avais demandé à y aller.
Et malgré tout, je continuais à croire – enfin, si j'en avais les capacités mentales – que c'était ma meilleure décision jamais prise.
Comme quoi, meilleure n'est pas forcément un synonyme de sage.
Mais depuis quand il y avait quelque chose de sage dans ma vie ?
Déjà gamine, j'étais insupportable. Une véritable peste, pourrie-gâtée. Odieuse et hautaine envers les « moins que soi », persifleuse et aigre-douce pour les semblables, véritable belle du sud, j'avais été éduquée pour me réjouir du malheur des autres et en tous points chercher à améliorer ma condition et celle de ma famille. Je n'avais jamais questionné cet état des choses et encore moins les décisions de mes parents. J'aurais obéis et in fine, pas de doute que je me saurais satisfaite d'une vie de bourgeoise pondeuse de chiards tout aussi étriqués d'esprit que les générations précédentes.
Sauf que je n'étais pas simplement l'adorable impertinente.
J'étais avant tout et surtout une chieuse, et ça avait tout naturellement que j'avais fait ma crise d'adolescence en envoyant tout péter. Devenir un agent du gouvernement et non pas une Marine, et y faire carrière, plutôt que de contenter d'un mariage avec un officier supérieur.
Et encore une fois tout détruire pour devenir révolutionnaire. Trahir mes serments et œuvrer dans l'ombre pour aider des sociopathes assoiffés de sang.
Et de décider que non, ce n'était pas ça que je voulais. De décider que j'allais faire autre chose, autrement... Si ça, c'était être sage, je ne donnais pas cher pour le devenir de ce monde...
- « Vous savez, moi, je peux rester ici pendant encore des jours. Si personne ne bouge dans les dix minutes à venir, je double la durée de l'exercice ! Si vous pensiez savoir ce que c'est souffrir, vous vous trompez, mes donzelles. MAGNEZ-VOUS, bande tas d'enculés! »
Et dire que Garry Cooper et moi étions parents... Parlez-moi encore de la génétique, hum ?
Lors de mes premiers jours à la base du BAN, plusieurs milliers de kilomètres de ça, Henry Cooper – le jumeau du Formateur – et moi avions comparé notre arbre généalogique, et effectivement, nous avions des ancêtres communs à la quatrième arrière-grand-mère. Quand on disait que les Raven-Cooper était une dynastie de la Marine, on ne mentait pas. Tous les Cooper et tous les Raven des Blues et de Grand Line portant l'uniforme étaient liés par le sang.
N'empêche... cousin au sixième degré ou pas... je détestai positivement Garry. Bon, ce n'était pas si ça me faisait quelque chose – et à lui encore moins. J'avais trahi mon père, alors un inconnu que je ne reverrai JAMAIS de ma vie. Jamais car soit je mourrai là, maintenant, ici... soit je m'arrangeai pour ne pas avoir à recroiser son chemin quand ma vie reprendrait son cours normal.
Avec difficulté, je me hissai sur mes pieds pour suivre mon chef d'équipe. Titubant derrière lui, je repensai à tout ce qui m'était arrivé récemment, et ce qui avait motivé ma décision de venir ici.
Car oui, c'était ma volonté. Je voulais venir ici. J'ai demandé, supplié, menacé pour que je vienne ici.
Rappelle-t'en, Shaïness. Pour que ta maudite fierté te sauve encore la vie, pour que tu trouves la force en toi de lever le pied et de le poser un peu plus en avant. Et pour recommencer. Encore. Et encore. Marche, Shaïness. Tu as commencé, alors tu finiras. Tu ne leur laisseras pas la joie de se moquer de toi. Non que tu y portasses une attention particulière. Rappelle-toi ton serment. Au diable la dignité et l'honneur. Même si je dois mentir, tricher ou tuer, j'y arriverai. C'est ce que tu avais dit n'est-ce pas ? Alors souviens-toi que tu as demandé à venir ici.
Dernière édition par Shaïness Raven-Cooper le Ven 4 Jan 2013 - 22:35, édité 1 fois