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[E]n terre inconnue

Blanche. Comme neige.

« Mh, je vais y aller. Peut-être que ça donnera quelque chose. »

Je me tournai vers Enzo avec la mine sérieuse. Rien n’aurait pu me prêter à sourire. Excepté peut-être la bosse toujours apparente sur le sommet de son crâne. M’enfin, pour rester fixée sur mon objectif, j’étais prête à partir. Ou presque. J’enfilai le sac de vivres que je devais emporter, contenant du fromage en pagaille et une pièce de jambon. J’avais pris la peine de mettre l’armure souple pour y aller, des fois qu’un piège m’attende. Je voulais être prête à me défendre en cas de problème. Bee, à mes côtés, faisait trois fois moins que sa taille habituelle sous sa forme de canard, en partie parce qu’il lui manquait quelques pièces majeures... Les aléas des fruits du démon fixés sur un objet. Il ne pourrait, certes, pas m’être d’un très grand secours, mais l’animal avait pris la décision ferme et définitive de m’accompagner. Alors, pour lui faire plaisir, Enzo l’avait lui aussi équipé d’une écharpe et d’un gilet pour qu’il soit au chaud et protégé. Il avait d’ailleurs vérifié deux fois mon équipement pour s’assurer que je ne manquai de rien, et après que je me sois moquée de lui en le traitant froidement de « mère poule », nous en étions venus aux choses qui inquiètent :

« Je prends ça, avec moi. Et si je mets trop longtemps à revenir… Prépare-moi une jolie tombe, d’accord ? »

Je savais qu’il n’appréciait pas mon humour. La main sur une fusée de détresse, il était au moins rassuré de voir que je prenais toutes les dispositions possibles pour survivre. Enzo s’y connaissait, en survie. Tout du moins, les vagues détails dont j’avais entendu parler sur ses aventures me disaient qu’il n’était pas du genre à se laisser mourir sans rien faire. Face à ce froid infernal et la distance que j’allais devoir avaler, l’agent Hisachi serait mon exemple pour affronter l’enfer glacé de Drum. Enfonçant la fusée dans une de mes sacoches, m’enroulant dans une écharpe et plaçant un bonnet sur ma tête, je me disais, fière de moi, que je n’aurais pas aussi froid que tout à l’heure, surtout parce que j’avais pris quatre pulls sous ma grosse veste pour me tenir très chaud. Héhé…

« Veille sur le Léviathan. Je vérifierai tout ce que vous trouverez à mon retour. J’espère ne pas mettre trop de temps… »

Ordres donnés, faveurs écoutées, mes pas me menèrent sur le quai, ou le Léviathan avait abordé, et sous les yeux de mes camarades d’infortune, je m’étais mise à courir en direction de la montagne, Bee sur mes talons.

*

« RAAAAH ! »

Je n’avais pas compté les heures. Ça devait en faire au moins dix que j’y étais, avec ce froid horrible qui me lacerait la peau à travers mes quinze épaisseurs. J’allais mourir, c’était certain. Ma montre me souffla que ça ne faisait que deux heures que nous courions sous la neige, et que même l’effort n’arrivait pas à nous réchauffer. J’essayais en même temps de me rappeler des indications de mon compagnon montagnard, mais mon sens de l’orientation mêlé au gel qui m’attaquait violemment la peau encore apparente ne m’aidaient pas à aller dans la bonne direction. Sur les deux heures, j’en avais probablement perdu une à m'égarer inutilement. Et je n’avais visiblement pas parcouru ne serait-ce que la moitié du chemin. Je me rassurai, me berçant d’illusion, en imaginant que peut-être je mettrai moins de temps au retour à regagner un foyer chaud. Peu d’espoir, pourtant, car j’étais à peu près sûre que les Montagnards allaient me malmener, que c’était génétique chez eux, et que l’expérience m’avait montré qu’il ne fallait pas y aller pour leur demander de l’aide sous peine de finir dans une merde sans nom ! Je connaissais Robb Lochon. J’avais eu un avant-gout de ce qu’était qu’un Montagnard de Drum. Alors… Qu’est-ce que je foutais ici ?!

« POURQUOI C’MOI QUI ME RETROUVE A FAIRE L’IDIOTE AU MILIEU D’UNE MONTAGNE POURRIE ?! POURQUOI JE SUIS OBLIGEE DE ME PELER LES MICHES A CAUSE DE PUTAIN DE BORDEL DE FOUTRE DIEU DE REV…
- Y’a quelqu’un ?!
- Kwak !
- Merde ! Planquons-nous ! »

Je m’étais pensée seule. A tort. J’en avais oublié que j’approchais certainement des petit-camp révolutionnaires, qui s’occupaient d’épier tous nos faits et gestes. Que j’étais en terrain ennemi… J’en avais oublié qu’à causer toute seule dans une montagne, la malchance finissait toujours par nous foutre sur le chemin des gus qu’on préférait évidemment ne pas rencontrer. Plongeant dans un buisson avec Bee, m’allongeant par terre, me collant contre la neige qui allait forcément finir par humidifier mes vêtements, je fermai les yeux. Pourquoi ? Parce que j’imaginais que si je ne les voyais pas, ils ne me verraient pas non plus. Un peu comme une autruche, oui, voilà…
Les pas se rapprochèrent, en même temps que les voix de ces types qui zonaient dans le coin. J’allais mourir. Evidemment, j’allais mourir. Il me fallait un autre plan. Je soufflai à Bee de faire le mort, au cas où ils trouveraient ma position. Je pourrais toujours me faire passer pour une simple civile… Espérons néanmoins ne pas en arriver là.

« Je jurerais avoir entendu quelque chose…
- Peut-être un lapin… Ou ça doit être la fatigue mon pauvre Bertrand…
- Peut-être… Mais j’ai quand même entendu distinctement « putain de bordel de foutre dieu »…
- Dis voir, t’es passé voir le psychologue du camp ? Non, parce qu’entendre des voix qui insultent, ce n’est vraiment pas rassurant, mon pauvre vieux !
- Ah, tu crois ?
- Ouais, je crois. Non, mais moi, je dis ça, je dis rien, mais tu sais les dernières études là-dessus… »

Rouvrant les yeux, sortant du buisson, époussetant mes vêtements, veillant à être bien seule, je poussai un long soupir de soulagement. Le canard sortit à son tour, plus vivant que jamais. Nous étions tous les deux rassurés d’être passés à travers, mais à la fois pleinement conscients qu’on ne pouvait pas prendre cette excursion comme une promenade de santé. Qu’il fallait impérativement rester discrets et attentifs.

« Quelle idiote… C’est pas passé loin…
- Kwak. »

*

Montagne. Putain de montagne, à perte de vue. Horizon enneigé. Et pas que l’horizon.

Cheveux, chaussures, pantalon. J’étais couverte de neige et elle fondait à cause de ma chaleur. Je n’en pouvais plus. J’avais envie d’en finir, et vite. Ou de me jeter dans une crevasse pour être encore plus expéditive. Combien de temps, partis, là ? Trois heures ? Quatre ? Quatre. J’étais rentrée dans les montagnes depuis une bonne demi-heure. Robb m’avait dit que ses copains montagnards devaient s’être rapprochés des bases. J’espérais que j’étais allée assez loin, que je n’aurais pas à m’enfoncer plus dans ces terres et pour risquer de m'y perdre. Et qu’ils avaient fait le chemin dans mon sens pour me trouver. Un coup d’œil derrière moi, et déjà mes traces de pas avaient disparu.

C’était clair et définitif : je détestais Drum.
Et qu’elle reste aux mains des révolutionnaires, je n’en avais plus rien à foutre.

Enfin, pour ne pas avoir fait le chemin pour rien, autant finir ce que j’avais commencé. Prenant une grande inspiration, regardant vers les monts et les rochers, les cachettes et les tas de neiges, je criai fort et distinctement :

« REBLOCHON ROBB LOCHON ! Ou l’inverse,… Je sais plus… »

Et je m’arrêtai. Attentive. Concentrée. Quelques secondes, qui se transformèrent en minutes, avant que des ombres commencent à bouger sur le flanc de la montagne que j’arpentais.

*

« T’as pas entendu ?
- Quoi ?
- Je te jure que j’ai entendu un truc à propos de Reblochon…
- Putain, Bertrand, tu me fais flipper quand même ! »
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Ils étaient venus nombreux. D'abord les Pirates, avides et fourbes, quémandant comme des chiens quand ils ne pouvaient pas mordre pour obtenir quelque chose. Puis les Révolutionnaires, petits rats désespérés se battant pour ronger les fondations du Gouvernement Mondial. Et maintenant la Marine, guerriers citadins à l'éthique aussi changeante que le blizzard. Tous des citadins, tous des intrus venus fouler le Royaume Blanc comme si c'était leurs terres. Aucune considération. Toujours leurs problèmes avant ceux des autres, toujours leurs principes avant ceux des autres, leur monde bleu entravée de règles contre notre monde blanc seulement soumis aux Dieux et à leurs voies. Nous devions réagir. Nous avons oublié le monde et c'est ainsi qu'il nous remercie. Les Dieux nous testent. Ils haïssent notre silence. Le silence c'est les morts, pas les vivants dit Mémé Bonbiture. Mes frères et moi acquiescèrent, tandis que Rouge-Neige et Verraldine hululaient pour se moquer gentiment.

Nous sommes partis de Winterfell, car nous devions faire quelque chose. La Montagne riait de notre lâcheté. Nos frères de White-Knife partirent dans une autre direction que la nôtre, espérant nous offrir plus de chances. Foutaises qu'essayer de raisonner ces fous, mais nous sommes trop peu. Trop faibles. L'heure du choix vient et le fer va rugir, la neige se gorger de sang, mieux vaudrait être prêt alors. Plus de temps devant nous. Nous sommes des ombres dans le vent et la neige pour l'instant seulement. Peu mourront par la bise et peu se laisseront perdre par le blizzard. Un maigre avantage et de pauvres décisions. Quand les femmes entendirent le Cri, ce fut une joie tout d'abord : enfin un ami dans ce désastre, un qui avait frayé longtemps avec les citadins. Mais ils nous apparut rapidement que ce n'était que bières frelatées, aucun Montagnard de son âge ne se perdrait ainsi dans le lointain et surtout pas aussi facilement. Un ami ? Non. Une alliée. Fierté alors, tandis que nous nous approchons sous nos effets couverts de neige pour passer inaperçus telle l'hermine. En tout temps, la famille est précieuse et en ces temps incertains, elle ne l'a jamais été plus. Pourvu que cela soit un "merci" et non un "adieu".

Les ombres devinrent des hommes et entourèrent la petite femme aux cheveux de soleil.
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Lentement, Rikkard s'approcha, sa rude carrure obstruant l'horizon gelé de Drum et sans un mot -mais un regard fixe et noir comme le charbon- il arracha les épaisseurs de vêtements, ne laissant que l'armure légère et les couches de tissus les plus communes sur le corps de la rouquine. Lilou avait toujours cru que Robb était sans-gêne. Ne vous y trompez pas, c'était génétique. Offrant un sourire en coin jaune en voyant le bel ouvrage, il la flatta d'un coup d'patte puissant sur le dos et dégagea d'un coup d'épaule une partie de son propre manteau de fourrure pour la caler dessous, elle et son canard. ça lui sera bien plus utile que ces merdasses. La chaleur d'un autre humain couplé à son manteau tanné pour le froid valait mieux que ces pauvres frusques.

Rikkard : « Je suis Rikkard Lochon, femme. Oncle de Robb, frère d'Eddard, fils d'Alkoll. T'es amie avec l'p'tit à c'qui 'semble. On donne pas c'cri à n'importe qui et s'il t'envoie à nous, c'pas pour rien bwa ha ha !
Rhummy : - Rhummy Lochon. Oncle de Robb, Frère de Rikkard, fils d'Alkoll. T'inquiètes pas pour la bouffe. Si t'en as apporté comme il t'l'a demandé -et j'suis sûr qu'il l'a fait- ce sera moit'-moit'. Faut manger des bons trucs ici pour tenir.
Voddka : - Rmmpf. Grm.
Rhummy : - Lui c'est Voddka Lochon, oncle de Robb, not' frère, fils d'Alkoll aussi. Il a du mal à parler.
Voddka : - Mmmtch !
Rhummy : - Ouais, ouais, j'lui cause de ça. En tant que barbier du village, il voudrait savoir si tu envisageais de te faire pousser la barbe ou les cheveux. 'Peux t'les couper t'vois. J'ai beau lui dire qu'on est plutôt en mode sérieux dans l'voisinage ces temps-ci, il en fait tout un sentier. Bref. J'crois que t'as des choses à nous dire, à commencer par ton nom.
Rikkard : Ouais, si on l'appelle femme trop longtemps Rouge-Neige va nous engueuler. Personnellement, j'ai pas encore envie d'm'prend' un coup dans les couilles et d'me faire traiter de por-misodjin. Je sais même pas c'que ça veut dire et ça m'les broute de pas savoir de quoi qu'on cause !


[E]n terre inconnue 273314pnj32[E]n terre inconnue 180244pnj26[E]n terre inconnue 576406pnj31
Repartant dans la direction indiquée par la fille aux cheveux oranges, trois silhouettes féminines apparurent, s'ajoutant à la troupe. Rouge-Neige au maquillage de sang et aux cheveux de soleil se glissant sous le manteau de Rikkard pour lui balancer une claque dans l'dos et se présentant avant d'exposer à nouveau sa peau diaphane aux vents froids de l'île. Verraldine titubant et lui tendant une de ses bouteilles de rhum pour, disait-elle, "se réchauffer un brin l'cœur aussi", puis enfin la vieille Gertrude qui lui jeta un coup d'œil de côté, calant son gourdin et lui offrit un de ses (trop) rares sourires.

Gertrude : - T'inquiètes pas gamine. Si vous la jouez réglo avec nous, on vous pète pas la mouille. »
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« Je… Je-euh… Lilou. Je m'appelle Lilou.
- Kwaaak… »

Les Montagnards. Voilà qui ils étaient. Voilà ce que j’avais en face de moi. Ces gens qui m’assaillaient de questions en tout genre, aussi futiles qu’amusantes, un sourire aux lèvres et un air rustre sur le visage qui avait le don de me décontenancer. Je savais d’où Robb tenait son côté entreprenant, extravagant, limite abracadabrant. En les regardant, eux, leurs tailles immenses, leurs barbes longues, leurs manteaux lourds, je ne savais pas ce que je faisais là, et l’évidence de mon déplacement ne me semblait plus si évidente. J’étais impressionnée par ce peuple grandissant dans la montagne qui m’accueillait à bras ouvert, juste parce que j’étais une aventurière en marge, comme Robb Lochon, sans se poser de question. Je sentais pourtant que ce que j’avais à dire n’enchanterait personne, et que j’avais des alliés à me faire… Qu’il me faudrait peser mes mots…

« Non… enfin… Je suis une femme… Je ne peux pas avoir de barbe… »

Ma déclaration laissa pantois les trois frères, surpris par les faits, avant d’être interrompu par l’arrivée de trois femmes aussi haute en couleur que les trois premiers hommes, dont l’une possédait la même chevelure de feu que moi. Un vague sourire plus tard, l’une me tendit gentiment une bouteille d’alcool :

« Je… Je suis en service, je ne peux pas boire d’alcool, refusai-je poliment, sans savoir si c’était vraiment une bonne idée de refuser quelque chose à un Montagnard. »

Puis, la vue du gourdin de la dernière femme me refroidit instantanément, malgré l’épais manteau de Rikkard. Un long frisson me parcouru l’échine : même si l’accueil était chaleureux, je savais qu’avec des tempéraments aussi explosifs et semblables à Robb, je ne ferais pas forcément long feu si je ne disais pas les bonnes choses. Nous avancions pourtant, et il me sembla que c’était en direction du camp. J’étais au moins assurée qu’ils ne me laisseraient pas perdus dans les Montagnes de Drum, au moins parce que j’étais l’amie de Robb. Me raclant la gorge, je pris timidement la parole dans un premier temps, avant de sembler de plus en plus assurée :

« En parlant de la jouer réglo… Je préfère en venir directement au fait, quitte à en fâcher certain. Ma démarche n’est pas anodine, et je suis venue vous trouver pour une très bonne raison. Vous n’êtes pas sans savoir l’arrivée des révolutionnaires sur Drum, ainsi que la présence du futur Capitaine Corsaire, Krabb. Je pense que nous voulons la même chose, que nous avons le même but, et que parce que c’est votre terre, vous devez être au courant et agir en conséquence. »

En disant cela, nous avancions toujours. Plus ça allait, plus je me blotissai contre Rikkard, qui irradiait de la chaleur et qui me permettait de lutter contre le froid de Drum. Mes cheveux s’emmêlaient dans son col, en plus de Bee qui n’arrangeait pas les choses en ayant pris l’initiative de monter sur mon épaule pour capter plus de chaleur.

« Je ne suis peut-être pas la première à être venue vous voir, n’est-ce pas ? Pas la peine de me répondre, ce n’était pas vraiment une question. Je sais que je ne suis pas la première... Nous avons besoin d’alliés car nous sommes dans une galère monstrueuse. Mais vous pouvez être assurés que notre envie de quitter Drum est bien plus forte que tout, et que notre seule issus pour partir d’ici, c’est d’emmener avec nous tous les révolutionnaires de l’île. Morts, blessés, vivants, qu’importe l’état. Nous avons un de nos guerriers à terre, le moral dans les chaussettes, nous sommes en sous-effectifs, avec un abruti qui pose des bombes sur notre navire… Le plan qu’ils ont monté a pris le Vice-Amiral Alleyn en traitre, et je vais éviter d’en dire plus car il se pourrait que je devienne grossière à ce propos. »

Ma voix se mit à trembler. J’étais tellement en colère. Contre les rapports erronés, contre les révolutionnaires, contre Alleyn qui n’avait pas été assez prudent. Contre Staline, l’ennemi d‘en face, qui l’avait terrassé en deux temps trois mouvements. Secouant la tête pour faire passer ce moment de haine, je repris aussi tôt :

« Nos obligations nous amènent à camper sur Drum, et nous devrons rester jusqu’à ce que l’île soit nettoyée. Mais parce que nous voulons partir au plus vite, et que vous voulez qu’on se tire d’ici encore plus vite, il nous faut votre aide. Je… Je vous demande ça comme une faveur. Je saurais vous rendre la pareille s’il le faut… Alors, nous n’avons peut-être pas assez d’hommes, assez d’armes, assez de munitions, assez de connaissance du terrain pour pouvoir agir. Le Capitaine Fenyang a eu l’idée d’ensevelir l’armée révolutionnaire sous deux avalanches pour réduire drastiquement leurs nombres, mais Robb m’a annoncé très clairement que nous étions de gros idiots si nous nous servions de l’île à notre avantage, et que ça ne vous plairait pas. »

J'en profitai pour parler des positions des uns et des autres, de Julius, d'Old Lando et de la raison de sa venue dans le coin, à lui comme à Krabb, des hommes que nous avions envoyé à droite à gauche, des négociations en cours du côté de Salem... Je marquai une pause, mais préfèrai ne pas trop m’arrêter sur ma lancée pour ne pas qu’ils ne se fâchent et ne me coupent :

« Je pense que c’est une solution de dernier recours, qui a toutes les chances de ne jamais aboutir. Mais si nous devions en arriver là, je pense qu’aucun de nous n’hésitera très longtemps. La patience de beaucoup est à bout, avec la presque-mort d’Alleyn, je suis certaine que pas mal ont envisagé pire pour l’avenir de Drum. Et pour le pire, je suis persuadée que le gouvernement en est largement capable. »

Je sous-entendais quelque chose qui pouvait faire froid dans le dos. Tellement froid que même l’enfer glacé de Bulgemore ou de Drum apparaissait comme une douce promenade de printemps. Buster-call. Ça disait forcément quelque chose à quelqu’un.

« Pour parler franchement, nous avons les couilles dans un étau. Et l’étau est très serré. Je vous informe de nos choix, de nos alternatives, de nos galères, pour que vous ayez une vue d’ensemble de ce qu’on veut et de ce qu’on a. Je vous informe de notre ultime recours, et je sais qu’il ne vous plait pas. Mais si vous avez mieux, si vous êtes capable de me donner l’avantage du terrain, si vous pouvez m’apprendre à comment arpenter le royaume de Sakura, si vous me dites comment libérer mon ami, ainsi que le Roi sans qu’il n’y ait besoin d’en arriver à ces extrémités… Je prends volontiers. »
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Il fallait la voir frémir la gamine. De colère à cause de la situation, de colère à cause des pertes, de tout. Elle s'inquiétait et essayer de nous ménager. Chanceuse. Vraiment chanceuse. Nous n'avions aucun choix. Trop peu pour défendre leur propre patrie et trop faibles pour se dresser contre les envahisseurs. Il n'y avait alors qu'à ravaler notre fierté et se faire larbin d'un des camps, comme des putains de bas étage. Notre disgrâce est totale. Et pourtant nous serons là et nous ferons voler des têtes sur le champ de bataille comme toujours. A la toute fin, même si nous mourrons tous, ils n'oublieront pas nos noms et se rappellerons de nos visages. Accomplir chaque acte de sa vie comme s'il était le dernier, voilà le crédo des Montagnards.

Elle expliqua tout et nous nous doutions qu'elle n'avait sans doute pas le droit de divulguer des informations de ce type à des gens qui n'étaient pas de la Marine. Rikkard comprenait pourquoi Robb était devenu ami avec elle et qu'il lui avait fait si confiance. Alors, l'oncle ainé sourit, même si plusieurs choses le préoccupaient encore lui et les siens. Mais tout d'abord la rassurer, c'est l'plus important.

Rikkard : « ET COMMENT QU'ON VA T'AIDER ! Robb a sans doute déjà dû t'le dire, mais on savait pas trop comment la jouer nous-même. On aime pas trop le Gouvernement Mondial normal'ment, mais c'te fois on va faire une exception. Vous n'êtes pas tous seuls dans c'combat. Par cont', j'espère que les autres de White-Knife vont pas déconner. Bah ! Ils nous trahiront pas, ça c'est sûr. Y pourraient essayer d'nous buter, mais c'est d'bonne guerre 'près tout.

Se grattant la barbe, Rikkard remarqua la mine de l'amie de Robb. Détournant le visage et continuant à marcher comme si de rien était, il siffla une demie-bouteille de bière au lard qui trônait dans une de ses poches sans mot dire. Ses frères étaient tout aussi silencieux et les femmes étaient songeuses. Ce qu'avait dit Lilou n'était pas rien. Puis l'oncle s'arrêta brusquement, manquant de faire tomber Lilou hors du doux écrin de son manteau avant qu'il ne la rattrape d'un mouvement bourru.

Rikkard : - Ah bordel, j'ai totalement oublié de t'expliquer ça. Nous, on vient comme Robb de Winterfell, j'sais pas s'il t'en a causé quelque peu ? Si ? Cool ! On a plusieurs villages, mais y en a vraiment que deux grands : Winterfell et White-Knife. On était au départ neuf a avoir été jugé assez forts pour se battre avec les citadins et les trois de White-Knife ont décidé d'aller observer les Révolutionnaires pendant que nous on allait observer les Marines. Les gens nous prennent pour des barbares, mais on aurait préféré négocier avec eux. Ils les observent pour ça. Savoir si on peut leur faire confiance. Mais y a peu d'chance qu'ils révèlent nos secrets aux crétins de Freeman mêm'sous la torture d'façon, donc pas d'crainte.

Le groupe se remit à progresser dans la neige dans un même élan.

Gertrude : - Pour ton ami pas de prob' gamine, par contre le roi peut s'gratter lui. Y représent' rien. 'Simple, nous on s'en passe très bien. On va pas crevouiller pour un couronné qui peut être remplacé. 'Pas qu'on l'aime pas ou qu'il est mauvais hein -m'fais pas dire c'que j'ai pas dis ou j'te pète ta mouille- mais l'est pas dans l'plan d'base, t'vois. 'Pis, vu qu'on a une tradition égalitruc et que l'bougre est pas tyran pour deux Berry, 'm'étonnerait qui lui casse les g'noux, nan ?! Gégégégégé !

Verraldine : - Moi si j'étais à leur place, j'd'manderai des sous pour ça... rançon que ça s'appelle j'crois bien, hic ! Y z'ont d'mandé une rançon ou des truuuucs ou pas les Révo'laires ? »


Le vent soufflait de plus belle et les Montagnards accélérèrent leur allure, rompus depuis des temps immémoriaux aux changements du blizzard. Parler avec Lilou c'était bon, maintenant il faut causer avec les autres crevures du Gouvernement. Rouge-Neige vint se placer une nouvelle fois à côté de Lilou, son visage tatouée aux marques rouges tournée vers elle. Ses yeux noirs reflétaient une profond trouble qu'elle ne consentit à dire qu'après avoir tripoté pendant plusieurs minutes l'arme qui pendouillait à ses côtés. Il est dur de raconter les secrets d'un autre et d'expliquer des choses qui semblent naturels..

Rouge-Neige : « Pour tout te dire Lilou, le plan d'ton Capitaine est pas stupide, même si ça émane clairement d'un mec qui a de gros problèmes de contrôle ! Même nous on y a pensé. Le truc, c'est que nous on connait l'île assez pour éviter de tout détruire avec. Ton crétin pas. Seulement si on a pas prévu d'le faire, c'bien pour une raison : ces montagnes sont sacrées pour nous. On les a creusés, on y a vécu, on y vit encore... et tu nous dis qu'un putain d'homme qu'on connait ni de Flokkon, ni de Neij vient pour tout détruire l'air de rien. J'imagine bien que cousin Robb a été en pétard. Nous, on s'y attendait. Lui... eh bien lui, il est ce qu'il est, hein, rorororo ? T'jours plein d'optimisme... une bonne bûche.

La figure guerrière de Rouge-Neige s'adoucit et un petit sourire étrange vint flatter son minois pour ce compliment. Cependant, telle les pas qui ne laissent jamais de marques dans la neige, ces expressions s'estompèrent pour redevenir l'immuable tandem de sourcils froncés et de moue têtue. Ses yeux n'avaient pas changé d'expression, eux. Ils se levèrent sans ciller vers Lilou.

Rouge-Neige : Lui en veux pas ! Il déteste les avalanches. Notre rapport avec est compliqué. Respect et crainte. Il ne te la jamais dit -'en a sans doute parlé à personne- mais tout ça... tout son truc du papa... il a pas toujours été comme ça. C'était un Montagnard comme les autres : violent, casse-cou... disons-le clairement quelqu'un qui cherchait les emmerdes et qui recevait les gnons qu'il méritait... mais i' voulait dev'nir Médecin pour servir sur un navire pirate.

Elle soupira.

'Toujours été son grand rêve. Pendant sa formation, il s'est passé un truc... sa p'tite soeur... Et pas qu'elle. Des tas d'gens qu'on connaissait, qu'on aurait pu connaitre... des tas de gens sont morts. Des gosses partout sans familles. Des familles éclatées. La nôtre aussi. Une avalanche. » conclut-elle d'une voix sourde et énervée.

***
Bien loin sur d'autres mers.

Le dessin présentait un bonhomme grand qui tendait son poing en signe de défi, une femme qui souriait, mais sembler menacer les autres personnages et enfin, une petite fille. Un pouce caressait le papier à cet endroit-là.

Robb Lochon sourit.

Sarza... veille sur Lilou, d'accord ?

***

La Marine pouvait encore douter des Montagnards tant qu'elle pouvait. Mais une chose était sûre : jamais ils n'oublieraient et jamais ils ne pardonneraient.

Et dorénavant, jusqu'à la fin, ils seraient avec elle.
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« Je comprendrais que vous ne vouliez pas négocier avec les autres du gouvernement, que les fréquenter ne vous emballe pas. Pour vous ménager, considérez-moi comme votre intermédiaire : je ferais tout mon possible pour satisfaire les deux parties. Pour l’heure, il serait bien pour moi de retourner auprès de mes hommes : Le Léviathan a besoin de mon aide. Et je vous invite à me suivre, je suis certaine que vous n’avez jamais vu une merveille de technologie comme celle-ci. Et il y a de la réserve en nourriture et en boisson, peut-être que Salem acceptera de vous servir un bon vin, ou une bonne bière, pour vous accueillir. Dès qu’il sera rentré des négociations avec Krabb pour maintenir la paix entre les clans. »

Krabb. Maintenir la paix. Ou en tout cas, faire en sorte que Krabb ne s’en prendrait pas à nous. Temporiser les relations. Je ne savais pas comment Salem s’en sortait dans cette histoire. J’espérai que tout allait bien, que les négociations avançaient. La nouvelle ne tomberait qu’en fin de soirée, lorsque tout le monde serait de retour sur le Léviathan, peut-être peu après le départ d’Oswald, Cross et Enzo vers les piliers de Drum. Peut-être. Si tout allait bien.
Pourvu que tout aille pour le mieux…

« Je… Je comprendrais aussi que vous ne vouliez pas vous frotter à des membres de votre famille… Les White-Knife, c’est ça ? Alors, si ça devait arriver et que vous souhaitez vous retirer, je comprendrai tout à fait. Je ne veux pas vous mettre en danger. Vous êtes la famille de Robb, et une famille, c’est ce qu’on a de plus précieux sur terre. Je m’en voudrais s’il venait à la perdre par ma faute. »

M’inclinant respectueusement, quittant momentanément le cocon chaud que Rikkard me fournissait gentiment, j’éprouvai de l’admiration pour ces gens qui osaient prendre parti dans la bataille. Je savais que le choix n’était pas facile, qu’il y avait énormément de données à prendre en considération. Et qu’ils sacrifiaient quelque chose d’eux-mêmes en acceptant de me prêter main forte. Qu’ils se trahissaient peut être, qu’ils trahissaient leur solitude, leur mode de vie. Mais comme ils le disaient, Drum, c’était le plus important. Et pour la sécurité de Drum et de son peuple, il fallait savoir faire des sacrifices.

Moi, je mettais en jeu ma vie pour des convictions. Auprès de Salem, j’avais la sensation de faire quelque chose de bien. J’avais l’impression d’avancer, de prouver à Tahar ce que je lui avais dit. Avant qu’il ne change le monde, je devais m’en occuper, pour qu’il n’ait plus rien à haïr.
Alors ma vie, sur l’échiquier. C’était déjà énorme.

« En ce qui concerne le Roi, vous n’en avez probablement rien à faire, mais c’est un enjeu majeur dans notre histoire. Si nous tenons le château, nous tenons la victoire. Et si nous pouvons sauver le Roi de sa cage dorée, il nous en sera reconnaissant. Après tout, c’est lui qui a appelé la Marine pour qu’on lui porte secours. Je ne me déroberai pas à ça : Si nous sommes contraints de quitter Drum pour une raison ou pour une autre, nous voulons que le Roi soit à l’abri. Tout comme le peuple. »

Les regardant tour à tour en avançant toujours en direction du QG du gouvernement, je repris rapidement la parole en pesant toujours mes mots et en essayant d’être toujours délicate : Ces efforts m’en coutaient, je n’en avais pas l’habitude. Mais comment réagir face à un montagnard ? La franchise avait marché jusqu’ici, et c’était une bonne chose. Les faits étaient à plat, désormais, il ne restait qu’à voir. Voir l’avenir. Voir les actes, les choix de chacun. Voir ce qui allait peser dans la balance et la faire pencher d’un côté ou de l’autre. Voir et deviner ce qu’allait faire l’adversaire pour avancer. Ce que les révolutionnaires voulaient. Ce qu’ils faisaient ici. Pourquoi Drum ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? L’enjeu, c’était quoi ? Quelle carte pouvions-nous abattre pour remporter cette manche ?... Comment faire pour les déloger, pour revenir à ce calme propre au Royaume de Sakura, qui durait et avait pu perdurer jusqu’ici… ?

« A ce propos… Vous qui connaissez l’endroit mieux que votre poche… Comment pourrais-je accéder au château sans avoir à passer par les milles hommes qui m’attendent devant ? Et comment pourrais-je rejoindre la base ou se trouve mon ami pour le sauver en toute discrétion ? Je ne suis pas une force de frappe, et je préfère procéder en douceur. Si vous connaissez des chemins alambiqués et des bifurcations connus de personne sauf vous… Je suis preneuse. »

Et alors que j’écoutai leurs réponses, nous avancions toujours vers le Léviathan qui, là où nous nous situions, dans les hauteurs de l’île, se dessinait : immense, massif, prodigieux. Une machine sophistiquée et magnifique, qui me fascinait, même de loin.
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On n'arrête pas le progrès, c'est impressionnant. Qui aurait imaginé que le message reçu du Quartier Général m'offrirait une promotion au rang de Commandant, hein ? Moi qui imaginait être passé inaperçu sur l'île précédente, il faut croire que rien n'échappe à nos supérieurs, pas même la capture d'un criminel. Commandant Stark, j'ai beau me le répéter en boucle depuis la sortie de ma cabine, je n'arrive pas à dissiper le plaisir ressenti. De mémoire, dorénavant il n'y a plus grand monde sur ce navire en droit de me donner des ordres. La rousse et son ami géant devront l'écraser, Cross pourra toujours contester. Reste double-crasse et le Capitaine, deux absents en ce moment même, deux abrutis perdus dans la neige et le froid mordant du Royaume de Sakura. Maintenant que la nuit tombe sur les lieux, il leur sera encore plus difficile de rentrer se réchauffer au Léviathan. Les risques qu'ils meurent durant la nuit sont élevés, mais qui ira s'en soucier ? Certainement pas moi.

Froid, du haut de mon perchoir, le froid se révélait plus agressif encore. Debout sur le bastingage, bras croisés, voilà une bonne dizaine de minutes que mon regard s'est perdu dans les montagnes. Autant de temps que la neige tombe en masse sur ma tronche, un tas se formant au sommet de mon chapeau nouvellement ajouté à ma tenue vestimentaire. L'épais manteau de fourrure que je porte ne suffit pas à me réchauffer, à combien sont les températures ? Aucune foutue idée, il est toutefois bien clair qu'à rester ainsi trop longtemps, je risque de finir congeler avant de m'en être rendu compte. Pour autant, je ne bouge pas. Ne répond à aucun de mes subordonnés s'inquiétant de mon état de santé. Continuant inlassablement de balayer les terres enneigées s'offrant à moi. J'ai ordonné que l'on amène quelques projecteurs pour éclairer le coin, quiconque s'approchera du navire sera repéré, mais pourra également être alerté de notre présence. Un moyen dangereux de donner un coup de main à mes camarades.

Non pas que je m'inquiète, mais il faut bien reconnaître que sans eux, je n'aurais que peu de chance de survivre. Oswald, Cross, Fenyang, des hommes puissants qu'il ne fait pas bon de perdre sur Drum. S'ils retrouvent plus facilement le chemin jusqu'au Leviathan grâce à la lumière des projecteurs, alors tant mieux. Alors pourquoi je reste ici, en hauteur, à fixer loin devant moi, à la recherche d'un quelconque signe de vie ? Je ne sais pas... J'en ai déjà bien assez fait pour ces incapables. Une rafale de vent plus importante que les autres, manque de me faire chuter, m'indiquant qu'il serait préférable de me retirer à l'intérieur du navire avant de mal finir. J'suis frigorifié, de bonne humeur, mais complètement refroidi. Doubler l’épaisseur de ses fringues n'est désormais plus suffisant. Un léger soupir s'échappe d'entre mes lèvres tandis que je me résous à quitter mon poste d'observation, sautant sur le pont. C'est le moment que choisit un larbin pour hurler à s'en éclater les poumons.

    - COMMANDANT STARK ! QUELQU'UN APPROCHE !


Inutile de m'en dire davantage, me revoilà d'un bond sur la rambarde, scrutant loin devant moi à la recherche de silhouettes humaines. Là ! Oh bordel, c'est qu'ils sont beaucoup ! Pas assez pour que ce soit les hommes envoyés à l'assaut des piliers, trop pour qu'il s'agisse du Capitaine Fenyang. Je me surprends à ressentir un soupçon de déception, grimaçant en m'demandant qui cela pouvait bien être. J'ordonne à mes hommes de braquer les canons vers le mystérieux groupe, tandis que je me dépêche de descendre du bateau. Pas seul, pensez-vous. Une quinzaine de marines derrière-moi, tous armés d'un fusil et prêts à s'en servir à mon signal. C'est vraiment jouissif d'être Commandant, je ne m'en lasse pas. Le mécanisme de défense en place, je m'avance sans crainte vers les inconnus, afin de découvrir de qui il s’agit. Les silhouettes se rapprochent, écartant définitivement la possibilité qu'ils appartiennent aux Rhino Storms. S'ils sont révolutionnaires, alors ils sont également suicidaires.

    - Ne faites pas un pas de plus, messieurs. Sauf si évidemment ramasser une balle dans le crâne est une expérience que gamins, vous rêviez de réaliser. La zone est sous contrôle de la Marine, il est interdit d'y pénétrer sans autorisation du Contre-Amiral Fenyang. A moins d'une bonne raison, vous risquez gros de venir ici. Alors, une explication à me fournir ? Faites vite, par pitié, j'ai froid.


Révolutionnaires, simples civils natifs de l'île, la situation est la même pour tous, personne n'est autorisé à s'approcher autant du navire. Et il suffit d'observer les têtes de vainqueurs de ces types pour comprendre qu'ils ne bossent pas pour le gouvernement. D'autant que, point négatif pour eux, j'ai comme l'impression qu'une rouquine les accompagne. On n'en veut pas avec nous, une seule suffit amplement à pourrir nos vies. Enfin, ce n'est pas évident de complètement voir le visage de ces individus à une heure aussi avancée de la soirée.
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La nuit était tombée très vite, le froid s’était fait plus intense, et même la veste épaisse de Rikkard ne pouvait plus rien. Je ne sentais plus mes pieds, mes mains, et sans la chaleur que dégageait le montagnard, je n’aurais jamais survécu à l’endroit. Combien de temps pour rentrer ? Trop, selon moi. Mais moins qu’à l’allé, vraisemblablement. Les autres prirent de l’avance sur Rikkard, Bee et moi-même, sans doute plus habitués aux tempêtes et aux caprices de leurs pays… Alors, ils arrivèrent en premier jusqu’à la limite du QG, non loin du Léviathan. Et ils furent les premiers à être accosté par les Marines en faction.

Les montagnards regardaient l’homme qui leurs faisait face de toutes leurs hauteurs, avec un mépris profonds et assumés. La troupe n’avança plus, mais se retourna vers Rikkard et moi-même qui trainions par ma faute. Malgré l’épaisse couche du manteau qui me protégeait du froid, j’avais un mal fou à progresser. Relevant la tête, le nez pris dans une épaisse écharpe que m’avait cédé Gertrude (ayant sans doute pitié de moi), je mis un temps fou à comprendre ce qui se tramait. J’aperçu de ma position l’attente des autres devant, et, me retirant de la prise de Rikkard, je m’approchai à grand pas et difficilement, mes pieds s’enfonçant dans la neige, jusqu’au petit attroupement pour voir le problème…

« Pardon… »

Perçant la petite foule, je fis face au lieutenant Stark Lazar, armé et veillant comme on lui avait ordonné à la sécurité des lieux. Rassurée de le voir ici, me faisant comprendre que nous n’étions plus très loin d’un foyer chaud, je m’adressai à lui sans prêter attention à sa tenue d’un prime abord :

« Lieu-… Commandant Lazar… La transmission passe mal, dans les montagnes… Félicitations. »

Un simple coup d’œil sur sa veste me fit comprendre que le bonhomme avait pris du rang durant mon absence. On n’arrêtait pas le progrès, effectivement. Et l’information passait vite. On avait toujours besoin d’homme pour guider les rangs, et même si Stark semblait être un peu dérangé, que je n’aurais pas spécialement pensé à lui pour monter en grade dans l’immédiat, une paire de bras supplémentaire n’était évidemment pas de trop… Un vague sourire plus tard et un salut militaire courtois, je lui adressai à nouveau la parole, un peu effrontée, mais pleine d’assurance :

« J’ai l’autorisation du Contre-amiral Fenyang, vous permettez ? »

Prenant le pas vers le Léviathan, les montagnards sur mes talons, je m’arrêtai au niveau du commandant pour reprendre là où je m’étais arrêtée :

« Ces gens sont avec moi pour nous aider, ils m’accompagnent et sont sous ma responsabilité. Je me porte garante si jamais il y a un problème, Commandant. »

Reprenant la route, ayant hâte de retrouver une veste et au moins un coin de feu, le blizzard se faisait plus intense. En peu de temps, nous arrivâmes devant l’immense navire et nous gravîmes ensemble ses marches pour nous trouver sur le pont. La marche auprès du récent commandant fut silencieuse. Je me tournai vers Rikkard et l’invitai à se rendre en cuisine pour se restaurer et se reposer, le temps que j’ai une conversation avec mon acolyte, de me tenir au courant de ce qui s’était passé durant mon absence. Bee les guida en se dandinant, pressé lui aussi de se mettre à l’abri de la neige.
Un simple coup d’œil me fit comprendre que les trois engagés pour le nettoyage des piliers n’étaient plus sur place, et qu’il nous fallait probablement rester vigilant. Me tournant vers l’intérieur des terres, plissant les yeux pour essayer de discerner les montagnes, je constatai que le mauvais temps ne jouait pas en notre faveur, et me félicitai d’avoir donné des fusées d’une couleur très voyante.
Ordonnant d’un signe de main à un mousse de m’apporter un vêtement plus chaud que mon armure, je me tournai vers Stark en lui parlant assez fort pour que seul lui m’entende :

« Ou est-ce que ça en est, pour le déminage du Léviathan ? Le Contre-amiral est-il rentré ? Hisachi, Jones et Jenkins sont-ils partis pour les piliers ? »
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Malgré l'obscurité dans laquelle l'île était plongée, je parvenais à distinguer quelque peu les silhouettes me faisant face, la lumière de projecteurs étant pour beaucoup dans cet exploit. Je grimace et ne cache pas mon dégoût de voir de telles têtes ici, tous ressemblent bien trop à des pirates pour être de simples natifs de l'île. Qui sont-ils réellement ? Aucun ne bouge, ne dit mot, semblant regarder dans la même direction, dans leur dos, attendant quelque chose ou quelqu'un. Cette attitude me déplaît fortement et je m'apprête à ouvrir de nouveau la bouche lorsqu'une voix perce le silence, une personne se fraie un chemin jusqu'à moi. Bordel de... c'est bien ma veine. Elle ici, avec eux, pourquoi est-ce qu'une telle chose m'arrive ? Sa voix ne me trompe pas, ni sa chevelure maudite qui ne passe pas inaperçu, même à cette heure. Caporale Jacob, allias la rouquine chieuse autoritaire. Qu'est-ce qu'elle peut bien foutre avec des types aussi louches ? Et pourquoi cherche-t-elle à ramener ces crasseux sur le navire ?

Maladresse à l'annonce de mon rang, elle se rattrape comme elle le peut, ses félicitations m'arrachent un sourire satisfait. J'ai comme un énorme sentiment de supériorité qui me submerge en constatant à quel point son attitude peut-être différente envers moi désormais. Elle va même jusqu'au salut militaire la demoiselle, c'est bien. Mais pas assez pour que j'accepte son p'tit jeu bizarre. Tu as l'autorisation du Capitaine pour ramener des raclures au navire ? As-tu vu Fenyang par ici ma jolie ? Pas moi. Il n'y a que moi justement. Elle persiste quand même, malgré mon regard désapprobateur qui devrait suffire à la refroidir dans son élan. Soit-disant qu'ils sont de notre côté, qu'elle les a amenés ici pour nous venir en aide et bla bla bla. Connerie. Fais-les donc monter sur le Léviathan, mes hommes se chargeront du reste, ne t'inquiètes pas petite rouquine. Pris d'un frisson, j'les laisse se rendre jusque sur le pont, inutile de les retenir par ce froid, j'ai déjà la migraine qui me prend.

Temps merdique, froid mordant, si je n'avais pas autant de maquillage sur le faciès, il n'aurait pas été compliqué pour Lilou de remarquer un teint de peau en chute libre. Ce qui m'aurait évité une petite conversation à l'abri d'oreilles indiscrètes, dans l'froid. Sérieusement... cela serait trop lui demander de me prendre à part dans l'une des pièces à l'intérieur du bâtiment ? À moins que sa fabuleuse aventure au pays des lapins rageux l'a rendue insensible aux températures mortelles de Drum. Elle souhaite être mise au courant de l'avancée du plan durant son absence. Je ne réponds pas immédiatement, étant partagé entre le désir de l'envoyer promener pour m'avoir laissé seul pour le déminage et celui de lui raconter une connerie monumentale destinée à lui faire regretter sa fuite. Serait-ce le genre à croire que son ami Caporal a péri dans une explosion survenue lors de la fouille ? Ou encore que la tête du Contre-Amiral nous a été amenée ici par l'un des révolutionnaires.

Ce serait sans doute un petit peu trop gros pour être vrai. Soit, contentons-nous de lui dire la vérité, cela ne peut pas faire de mal.

    - Le déminage dont vous étiez censé vous charger est désormais terminé et ce depuis quelques heures maintenant, c'est que vous en avez mis du temps pour rentrer.


Bam, mange donc un petit pic au passage, comprend que je n'ai pas apprécié d'être abandonné durant ce long moment ennuyeux que tu étais censé superviser. Mon visage est tout proche du sien, je parle si bas, ce afin de ne pas être entendu d'une autre personne autre que Lilou. À cette distance, elle peut aisément distinguer ce sourire amusé étirer mes lèvres, admirer la beauté des cicatrices le rendant plus large qu'il ne le sera jamais. Dis-moi ma jolie, ai-je l'air effrayant en gros plan ? J'espère bien.

    - Le Contre-Amiral n'est toujours pas revenu et je ne suis pas en mesure de me prononcer sur une heure approximative, il vous faudra donc patienter, comme tout le monde. Quant aux trois autres... ils sont en effet partis pour l'assaut sur les piliers. Là encore, pas d'estimation sur leur retour, patientons, nous ne pouvons rien faire d'autre, n'est-ce pas ?


À moins qu'elle ne daigne me faire part de son fameux plan incluant les braves gens de Drum. Cela sonne comme une simple question dans ma bouche, mais dans mon esprit cela s'apparente comme une douce invitation à me faire part de ses idées. Et si jamais il s'avérait qu'elle refuse... oh mais non, elle ne serait tout de même pas assez folle pour le faire, si ?
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« Les Montagnards sont prêts à nous aider. Vous savez, l’avantage du terrain, tout ça. J’ai pensé qu’en allant chercher ce qu’il y avait de meilleur, nous serions mieux préparés à ce qui nous attend… Ni vous, ni moi, n’avons envie de finir nos jours dans une crevasse ou sous une mauvaise avalanche… N’est-ce pas ? Et j’ai pensé également que vous étiez bien trop doué pour avoir besoin de moi pour une tâche aussi facile. »

Comme toute réponse à son pic, je lui affichai l’évidence de mon déplacement. Qu’il le veuille ou non, ces habitants de Drum étaient des nôtres. Et même si ce n’était pas facile pour l’égo, mieux valait les avoir avec nous que contre nous. J’essayai tant bien que mal d’être diplomate, en étalant généreusement de la crème dans le sens du poil de ce pauvre Stark, lui qui semblait contrarié par la présence des Montagnards… Je saisissais facilement que le Commandant Lazar était un type un peu bizarre, son maquillage mettait facilement la puce à l’oreille. Savoir le prendre et être dans ses bonnes grâces devaient être toute une aventure…
Je préférai faire l’impasse sur le départ des trois gusses et sur le pas-encore-retour de Salem. Il n’y avait de toute façon pas grand-chose de plus à dire, et tant qu’ils n’étaient pas rentrés, nous n’en saurions pas plus. Bref,… puisqu’on en était à parler du déminage, mes pas me menèrent vers la pièce ou les hommes avaient pris la peine d’entreposer toutes les bombes désarmorcées. Il y en avait une bonne dizaine, toute de la même trempe à quelques exceptions près. Un peu plus au chaud et toujours entre nous, je soufflai avec un petit sourire :

« Nous pourrions réutiliser ces bombes pour les avalanches. Que celui qui s’est cassé les miches à faire tout ce boulot ne l’ait pas fait pour rien… »

Petit silence, je me tournai vers lui pour lui poser plus directement une question :

« A ce propos, vous qui êtes ici depuis plus longtemps… Vous savez qui peut-être ce « celui » ? »

Je murmurai ça, curieuse. L’instant d’après, des bruits de pas se firent entendre, nombreux, rapides, pressants. Comme si quelqu’un était revenu. M’avançant vers la porte, l’ouvrant, un mousse se rua vers la passerelle du Léviathan. A travers les chutes de neige se dessinait une silhouette haute, suivie de deux autres moins imposante que la première :

« Contre-Amiral Fenyang ! »

Nous eûmes à peine le temps d’échange quelques mots que nous nous retrouvions déjà dehors pour accueillir le Capitaine du Léviathan. L’homme vint directement vers nous, nous salua, nous demandant des comptes que Stark ne tarda pas à lui donner. Le capitaine le félicita, lui aussi, pour sa promotion, et enchaina :

« Stark, Lilou… Désolé d'avoir mis autant de temps... Il faisait tellement froid et il y avait tellement de neige que nous nous sommes perdus… Je hais Drum. »

Son teint avait pali, ses traits étaient tirés. La fatigue et le stress ne devaient pas l’aider à rester en forme. Drum avait raison de nos nerfs. Et ça ne faisait qu’un jour que nous étions arrivés. Soudain, Fenyang nous repoussa dans la petite cabine, là où étaient entreposées les bombes du Léviathan, et ferma la porte derrière lui.

« Mh, j’ai à vous parler, à vous deux. »

Il regarda par le hublot, méfiant. Puis, une fois sûr que personne ne nous écoutait, il se tourna vers nous deux et nous parla directement. Sa mine était on ne peut plus sérieuse, froide. Il n’était pas le Salem que je connaissais, mais une personne autoritaire, un dirigeant de la Marine. Un peu anxieuse, je fis face, croisant les bras sur ma poitrine, adossée à la table, attentive et à l’écoute :

« Les négociations avec Krabb ne se sont pas très bien passés. J’ai eu beaucoup de mal à être diplomate avec ce type… Mais… L’équipage des Truands se trouve actuellement sur Drum. Satoshi Noriyaki est mon cousin, et je lui ai demandé son aide. Nous avons un marché : Il me file un coup de main pour la révolution, en échange, vous ne les attaquez pas, et ils ne nous attaquent pas. Vous n’êtes pas obligés de collaboré ou de les aider, mais interdiction formelle de s’en prendre à eux… Il faudra en avertir Oswald, Cross et Enzo. »

Son regard se fit sévère, sérieux. Il nous interpella à nouveau :

« Compris ? »

J’hochai la tête, pour confirmer de mon côté, sans prêter attention à la réponse de Stark. Son regard sévère se perdit un instant vers le dehors, par le hublot ou la neige tombait encore. Me raclant la gorge, je le ramenai sur terre, quelques secondes, le temps de lui parler :

« Salem, les Montagnards de Drum sont dans la cuisine. Peut-être veux-tu t’entretenir avec eux pour te renseigner sur l’île ?
- Les Montagnards ? Mh… Je vais voir ça, oui. »

Il épousseta ses vêtements et resserra son écharpe autour de son cou, avant de tourner les talons et d’ouvrir la porte. Un vent froid rentra dans la pièce à peine chauffée, amenant quelques flocons qui fondirent difficilement :

« Il faudrait plutôt surveiller les piliers, si jamais un problème arrive... Prenez de quoi vous tenir au chaud et prévenez-moi s’il y a le moindre souci. »
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    - Et vous aviez parfaitement raison, cette fouille ne m'a posé aucun problème. En revanche, je doute de l'utilité de vos braillards des montagnes, aussi nombreux soient-ils, qu'importe la connaissance du terrain dont ils disposent. Nous ne devrions pas reposer sur eux, qui sait ce qu'il pourrait arriver par leur faute.


Je ne fait confiance à aucun d'entre eux, très clairement. Il en faudra beaucoup pour qu'ils parviennent à me prouver qu'ils peuvent s'avérer précieux pour remporter cette guerre. En attendant, ils pourraient agoniser à mes pieds, que cela ne me ferait ni chaud ni froid. Le sujet venant d'être abordé, nous en venions à pénétrer dans la salle où les bombes désamorcées reposées, attendant sagement qu'on vienne les réveiller afin qu'elles se mettent au travail. Je découvrais avec amusement qu'elles avaient été déplacées, une pièce pas bien grande et quasiment vide, si ce n'est la présence évident de la caisse d'explosifs et celle d'une table avec quelques chaises. Ce ne serait pas aujourd'hui qu'un feu d'artifice se déclencherait sur le Léviathan, tant pis. La discussion reprenait, une idée fut avancée, proposition ayant pour effet d'étirer mes lèvres dans un sourire carnassier. Oh que oui nous allions nous servir de ces foutues bombes contre la révolution, le résultat en sera grandiose. Quant à savoir qui pouvait être le rat infiltré sur le navire...

    - Comment pourrais-je le savoir ? J'ai perdu connaissance sur Little Garden, à mon réveil tout avait changé. Le décors, les hommes sous le commandement de Fenyang, le Léviathan qui ne brûlait plus, remis à neuf. Tout. Puis on débarque sur Drum et nous voilà les deux mains dans la merde comme sur l'île précédente, avec en prime un assassin qui se joue de nous. Je ne sais pas ce qu'on a fait pour mériter cela, mais je peux vous assurer n'y rien comprendre.


Et cela m'agace de ne rien pouvoir tenter pour coincer notre bourreau. La mort, je lui crache à la gueule plutôt deux fois qu'une. L'assassin aussi, il est toutefois hors de question de mourir aussi lamentablement ! La gorge tranchée dans mon sommeil, quelle fin médiocre pour un grand homme. Si je dois perdre la vie, ce sera sur le champ de bataille, tel le héros que je n'ai jamais su être. Perdu dans des pensées peu joyeuses, j'en fus tiré brusquement avec l'agitation qui prenait place sur le pont. Quelqu'un était revenu et ce n'était pas n'importe qui, mais le Contre-Amiral que j'imaginais perdu. Il voulait simplement se faire attendre le sale enfoiré ! Tout de même heureux de le savoir en vie, mais 'n'osant pas me l'avouer, je rejoignais Lilou, faisant bien attention à ne pas trop me presser, comme si tout cela me laissait indifférent. Un simple salut de la tête lui fut adressé, ainsi qu'un faible remerciement pour ses félicitations, rapidement suivi d'un bref résumé de la situation. Quelques mots pour lui faire savoir ce qu'il avait loupé.

Il suffisait d'observer le faciès du Capitaine pour comprendre que les négociations avec le futur Capitaine Corsaire ne s'étaient pas bien déroulées. Son attitude confirmait les doutes. Dans la salle de stockage des explosifs, nous fûmes, Lilou et moi, amenés, afin que Fenyang daigne en dire plus sur ce qu'il s'était passé du côté de chez Krabbs. Négociations échouées, évidemment. L'équipage des Truands dont le Capitaine est bien connu aujourd'hui, serait sur le Royaume de Sakura lui aussi, décidément... Fronçant les sourcils, anticipant que la suite ne me plairait pas, j'écoute. Sauf que je ne m'attendais pas à cela. Manquant d'en faire une attaque, les paroles du colosse déstabilisent. Noriyaki cousin de Fenyang. Un pirate et un Marine, 'fait chier. Pour couronner le tout, les deux ont passés un accord... Un pirate et un Marine qui s'associent... Non mais quelle énorme connerie il nous sert là ! Après les braillards des neiges, voilà que les Rhinos recevaient l'aide de criminels...

Interdiction de les attaquer mon cul, si j'estime nécessaire d'en éliminer un, rien ne m'en empêchera, pas même Fenyang. Hochant la tête à mon tour dans un numéro de parfait hypocrite, restant silencieux pour ne pas que le son de ma voix trahisse le fond de ma pensée, j'observais. Lilou suivait aveuglément le Contre-Amiral, cela en était effrayant. L'idiot allait rencontrer les braillards, la rouquine qui tombait plus bas encore dans le peu d'estime que j'avais d'elle ayant suggéré cette idée. J'espère qu'elle mourra pour les conneries de son si grand ami pactisant avec l'ennemi. De mon côté, je sautais sur l'occasion qu'offrait Fenyang pour ne pas avoir à assister à la suite des événements. Me proposant pour rester dehors à surveiller les piliers, comme avant l'arrivée de Lilou en fait. Ordonnant que l'on me ramène un second manteau de fourrure, une écharpe, une autre pair de gants et surtout, une bonne bouteille de rhum. Ainsi équipé, j'étais prêt à braver les températures assassines de l'île.
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« Prenez ceci. Vous aurez l’air d’un idiot, mais vous verrez loin. »

Je disais cela en tendant Stark une énorme paire de jumelle s’attachant à l’arrière de la tête, faisant vingt centimètres d’épaisseur et donnant tout l’air de scientifique fou. Me tournant vers l’horizon, enfilant moi aussi ma paire de jumelle avec un sourire, mes yeux se braquèrent sur les piliers. Emmitouflé dans la veste que Rikkard m’avait généreusement laissé, le temps de son entrevue avec le Capitaine du Léviathan, écharpe autour du coup de du bas du visage, bonnet enfoncé sur la tête, je pouvais presque prétendre avoir chaud.

« Et au moins, nous serons deux. »

Nous allions passer des heures, ainsi. Le temps se rythma avec les éclats de rire et de voix venant de la cuisine, des « Allez Fenyang, détends toi, reprends une bière ! », à « mais enfin, il faut bien que l’on agisse ! », en pensant par « Vous m’êtes presque sympathique, Fenyang, mais vous défoncer la mouille ne me gênerait pas ! » et autre « Rorororo ! ». Au moins, certain s’amusait.

Des heures.
Des heures de torture. Sous la neige, dans le noir. A chercher à se distraire en jouant avec l’agrandissement de mes lunettes sur la dague que Gabriel avait ramené. A en vérifier les contours et les imperfections. A la tenir, à la lâcher, à la passer entre mes doigts,… Dague que j’avais précieusement gardée à ma ceinture en sortant… Je songeai, en regardant par instant au loin. Je n’avais pas signé pour ça. Enfin, il ne me sembla pas. Nous mîmes un temps fou avant de prendre des chaises pour nous installer et pour aller chercher des couvertures. Pour allumer un feu, aussi, dans un baril pour nous tenir un peu plus au chaud. Sans un mot, à chaque fois, sinon vaguement des politesses.

Quand enfin, à travers le bruit de la tempête, un sifflement strident mais éloigné, et cette petite trace rouge au loin qui s’effaça la seconde d’après. Nous avions passé le milieu de la nuit, bondissant de nos chaises pour nous cramponner à la balustrade du Léviathan. Quelque chose allait mal. Très mal. Assez pour que l’un des trois envoyés se décident à utiliser sa fusée de détresse.

« … Commandant, vous voyez la même chose que moi ?! »

Il me fallait vérifier que je n’étais pas folle. Me tournant vers Stark, j’eus son visage en gros plan, avant de régler le zoom de mes lunettes. Il tourna les talons, mais je le rattrapai aussi sec, le ramenant vers moi en désignant au loin.
Parce qu’il y avait pire, selon moi.

« Avant de prévenir tout le monde, je crois qu’on a un autre problème. Cette fusée… Elle a l’air de venir du château… Non ? »

Le Commandant y regarda à deux fois, jouant sur le zoom des jumelles pour vérifier, cherchant la trace de fumée pas encore évaporée. Et derrière son maquillage, je le vis pâlir, grâce à l’agrandissement de mes lunettes. Je ne pouvais dire si c’était de peur ou de rage. Quoiqu’il en soit, nous nous ruâmes sur tous deux vers la cuisine ou Fenyang et les montagnards se trouvaient encore, enlevant notre attirail, nous précipitant comme deux idiots vers celui qu’on voulait considérer comme notre sauveur :

« Y’A UN GROS PROBLEME ! »

Fenyang se leva de sa chaise précipitamment, s’excusant auprès des hommes, qui se levèrent aussi pour le suivre de près. Lorsqu’on revint tous sur le pont, on désigna à Salem ce qu’on avait vu, ce qu’on savait, ce qu’on supposait et d’où ça venait. D’autres mousses vinrent autour de nous pour se tenir au courant. Ayame, sortie de son sommeil paisible par une personne qui jugea bon de la réveiller, se joignit à l’attroupement. Qu’une seule question en tête :

« Qui est assez con pour se perdre ?...
- Je parierai sur Jenkins…
- Et merde… »

Salem se passa la main sur le visage, décontenancé. Personne n’avait pris en compte la bêtise dans les calculs. Mais il se douta qu’avec le froid et la tempête, ces routes se ressemblant toutes, il était trop facile de se perdre. Drum jouait contre nous, et avec nos nerfs.

« Bordel… »

Il frappa violemment contre le bois lustré du Léviathan, le fendant légèrement. Il rageait, fulminait intérieurement ; ses hommes, en danger. Décidément, le Royaume de Sakura aurait notre peau. Ça nous apparaissait comme une certitude, comme cette impression d’être jeté en pâté pour Lion. Mais pour moi, pas question de renoncer, quitte à abaisser une carte plus risqué encore :

« Salem… j’ai une autre idée. »

Salem attrapa Stark par le bras, moi aussi par la même occasion, et nous traina vers la salle ou était posé les bombes. Il regarda par le hublot, et se tourna vers nous après s’être assuré que personne n’écoutait. Puis, il posa ses yeux sur moi et m’invita à parler d’un geste de la main :

« Nous avons une quinzaine de bombe à disposition et des hommes capables de nous conduire n’importe où sur cette île. A deux, nous pourrions nous rendre là-bas et leurs laisser une surprise digne de la leur... On trouve le Roi et celui qui s’est perdu là-bas, on les met en sécurité… On pourra aussi profiter de la cohue que feront les Truands, ainsi que de ton offensive, Salem… »

Il sembla réflechir, puis ouvrit brusquement la porte qui nous séparait de l’extérieur. Devant nous, un centaine d’homme attendant les ordres. Quand enfin, il se mit à hurler, d’une voix chargée d’autorité :

« Les blessés, sur le Léviathan, les autres, à terre ! On consolide le QG ! Je veux que les canons du Léviathan soient tournés vers Drum ! Personne… Et je dis bien PERSONNE, n’a le droit d’accéder au navire, ni même au QG, sans MON autorisation ! Ceux qui approchent sans être capable de justifier leurs rangs, leurs noms, leurs grades, se font emprisonner sans préavis ! »

Immédiatement, tout le monde se mit en mouvement. Sans discuter. Comme des fourmis, allant de gauche à droite, descendant et remontant par la passerelle… Comme un ballet sur-organisé. Quand enfin, Salem nous adressa la parole, à Lazar et moi :

« Stark, Lilou… Prenez de l’avance. Ton plan est bon si nous jouons de discrétion, de diversion et d’une bonne dose de chance. Donc, même si la tempête est rude, vous devez absolument aller au plus vite… Rikkard et Géraldine vous assisteront dans cette traversée… Si ça leur va… bien sûr. Je vais rester ici en attendant le retour des deux autres. Je vous laisse cinq minutes pour vous préparer ! »

Sortant de la pièce, fonçant vers ma chambre, Bee et Rikkard me suivirent de près. Cinq minutes, c’était largement assez pour m’équiper. J’étais de toute façon armée pour mes prochaines rencontres. Il me fallait un sac pour les bombes, et deux trois ajustements…

Mais avant, penser à Julius. Et il était justement sur ma route.
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