Phrase d’accroche. Phase d’accroche.
Un paysage de rêve qui se dévoile sous un soleil levant. La tiédeur de la nuit qui fait place à la fraîcheur de l’aube venue avec sa bise aux dix frissons. Une plaine, des cailloux, de l’herbe. Plus loin, la mer et une petite crique cerclée de falaises hautes comme un palais. Acérées, mordantes, taillées par le vent et les vagues. La marée qui descend et l’eau qui s’étire en flaques. Sur les galets un chien qui gambade, jappe, va et vient jusqu’aux bottes de son maître réveillé aux sons du large qui s’était rapproché pour la nuit. Le sable qui crisse sous ses pas sûrs d’homme habitué. Un paradis. Un paradis qu’il connaît, que comme chaque matin sans exception depuis tant et tant de temps il arpente depuis les premières lueurs, pour à nouveau le redécouvrir vierge et sans autre âme que la sienne. Une terre loin de tout et, surtout, de tous. Seules les mouettes, qui le connaissent comme il les connaît, strient l’air de leurs cris âcres en volant alentour en quête de nourriture.
Quand le haut du disque rouge apparaît à l’horizon l’homme s’arrête et le chien aussi. Ensemble, silencieux, ils regardent le miracle sans cesse perpétué s’accomplir. La bête a la langue pendante mais la queue calme, se campe bien sur ses pattes de devant. Elle est attentive, comme son maître qui s’est assis sur ce gros rocher plat. Au loin là-bas, pas une ride vaporeuse, pas un nuage, pas un voile. La splendeur renouvelée de l’astre brûlant monte dans le ciel et, comme à son habitude, le promeneur ne cesse de fixer la boule de feu que quand sa vue commence à se brouiller sous la visière de son chapeau de cuir. Il lui faut alors un temps de réadaptation qu’il met à profit pour sortir, d’un geste tout à fait machinal qu’il saurait accomplir aveugle, une boule de pain et du saucisson de son petit sac de toile. A son ami dont les babines se sont humidifiées sous l’envie devenue réflexe, il lance une tranche de jambon extirpées du même mouvement. Et sans un mot, sans un geste superflu mais avec toute l’attention du monde l’un pour l’autre comme les deux vieux compagnons qu’ils sont devenus avec les années, ils grignotent le plein jour revenu.
Ils grignotent cette sérénité absolue des êtres contentés.
Et à chaque bouchée faite d’accoutumée les yeux durs d’expérience du baroudeur explorent un nouveau coin de son programme de la journée. Le bois à couper pour les jours à venir, la cuisson du pain à lancer, l’eau à remonter dans le baquet pour la douche, ce livre à lire peut-être que lui a passé le voisin du meunier dont il a déjà oublié le nom… Comment est-ce, déjà ? Henry ? Harry ? Artie. Un peu de pêche aussi, tiens, s’il fait toujours assez beau au midi pour ne pas prendre froid les pieds dans l’eau. Ca fait longtemps qu’il n’a pas mangé autre chose que ces petits poissons emprisonnés à marée basse dans les bassins qu’il a construits entre les rochers… Un peu de truite ne fera pas de mal pour changer du gibier, cette fois.
Au dernier morceau de la chair pas si grasse du tube de viande, la brise devient vent mordant et il bénit son haut col de laine, son épais pardessus qui le protègent des embruns agressifs. Actif mais toujours calme, il a tôt léché ses doigts, essuyé sa petite lame rengainée à sa ceinture et rempaqueté ses quelques affaires. L’homme d’extérieur est toujours prêt à bouger vite sans oublier son barda. Et c’est seulement à l’abri d’une muraille de pierre plus loin qu’il prend le temps de vider quelques lampées à sa gourde en peau. De l’eau bien sûr, car l’homme sage est homme de raison et car l’alcool dessèche inutilement l’organisme de celui dont la journée est un effort constant.
Woof ! Woof !
Belle ? Qu’est-ce que tu as trouvé ?
La voix est chaude malgré le dehors, mais attentive, toujours attentive et ouverte à l’inconnu qui se profile là-bas dans ces éboulis. L’animal depuis quelques temps est reparti vagabonder dans les rochers au pied de la paroi de terre et de roche mêlées. Et tourne en cercle depuis ce courant d’air plus frisquet que les autres. Et de ses pattes et de ses aboiements de solide chienne d’extérieur elle crie à l’homme de se dépêcher. Et plus encore quand il accourt enfin, ses cris résonnent sur les murs et sur les roches. Des oiseaux décollent de leurs aires plus haut tandis que plus bas un visage se penche sur un autre méconnaissable dans un bruit de caillasse mouillée qui roule.
Un paysage de rêve qui se dévoile sous un soleil levant. La tiédeur de la nuit qui fait place à la fraîcheur de l’aube venue avec sa bise aux dix frissons. Une plaine, des cailloux, de l’herbe. Plus loin, la mer et une petite crique cerclée de falaises hautes comme un palais. Acérées, mordantes, taillées par le vent et les vagues. La marée qui descend et l’eau qui s’étire en flaques. Sur les galets un chien qui gambade, jappe, va et vient jusqu’aux bottes de son maître réveillé aux sons du large qui s’était rapproché pour la nuit. Le sable qui crisse sous ses pas sûrs d’homme habitué. Un paradis. Un paradis qu’il connaît, que comme chaque matin sans exception depuis tant et tant de temps il arpente depuis les premières lueurs, pour à nouveau le redécouvrir vierge et sans autre âme que la sienne. Une terre loin de tout et, surtout, de tous. Seules les mouettes, qui le connaissent comme il les connaît, strient l’air de leurs cris âcres en volant alentour en quête de nourriture.
Quand le haut du disque rouge apparaît à l’horizon l’homme s’arrête et le chien aussi. Ensemble, silencieux, ils regardent le miracle sans cesse perpétué s’accomplir. La bête a la langue pendante mais la queue calme, se campe bien sur ses pattes de devant. Elle est attentive, comme son maître qui s’est assis sur ce gros rocher plat. Au loin là-bas, pas une ride vaporeuse, pas un nuage, pas un voile. La splendeur renouvelée de l’astre brûlant monte dans le ciel et, comme à son habitude, le promeneur ne cesse de fixer la boule de feu que quand sa vue commence à se brouiller sous la visière de son chapeau de cuir. Il lui faut alors un temps de réadaptation qu’il met à profit pour sortir, d’un geste tout à fait machinal qu’il saurait accomplir aveugle, une boule de pain et du saucisson de son petit sac de toile. A son ami dont les babines se sont humidifiées sous l’envie devenue réflexe, il lance une tranche de jambon extirpées du même mouvement. Et sans un mot, sans un geste superflu mais avec toute l’attention du monde l’un pour l’autre comme les deux vieux compagnons qu’ils sont devenus avec les années, ils grignotent le plein jour revenu.
Ils grignotent cette sérénité absolue des êtres contentés.
Et à chaque bouchée faite d’accoutumée les yeux durs d’expérience du baroudeur explorent un nouveau coin de son programme de la journée. Le bois à couper pour les jours à venir, la cuisson du pain à lancer, l’eau à remonter dans le baquet pour la douche, ce livre à lire peut-être que lui a passé le voisin du meunier dont il a déjà oublié le nom… Comment est-ce, déjà ? Henry ? Harry ? Artie. Un peu de pêche aussi, tiens, s’il fait toujours assez beau au midi pour ne pas prendre froid les pieds dans l’eau. Ca fait longtemps qu’il n’a pas mangé autre chose que ces petits poissons emprisonnés à marée basse dans les bassins qu’il a construits entre les rochers… Un peu de truite ne fera pas de mal pour changer du gibier, cette fois.
Au dernier morceau de la chair pas si grasse du tube de viande, la brise devient vent mordant et il bénit son haut col de laine, son épais pardessus qui le protègent des embruns agressifs. Actif mais toujours calme, il a tôt léché ses doigts, essuyé sa petite lame rengainée à sa ceinture et rempaqueté ses quelques affaires. L’homme d’extérieur est toujours prêt à bouger vite sans oublier son barda. Et c’est seulement à l’abri d’une muraille de pierre plus loin qu’il prend le temps de vider quelques lampées à sa gourde en peau. De l’eau bien sûr, car l’homme sage est homme de raison et car l’alcool dessèche inutilement l’organisme de celui dont la journée est un effort constant.
Woof ! Woof !
Belle ? Qu’est-ce que tu as trouvé ?
La voix est chaude malgré le dehors, mais attentive, toujours attentive et ouverte à l’inconnu qui se profile là-bas dans ces éboulis. L’animal depuis quelques temps est reparti vagabonder dans les rochers au pied de la paroi de terre et de roche mêlées. Et tourne en cercle depuis ce courant d’air plus frisquet que les autres. Et de ses pattes et de ses aboiements de solide chienne d’extérieur elle crie à l’homme de se dépêcher. Et plus encore quand il accourt enfin, ses cris résonnent sur les murs et sur les roches. Des oiseaux décollent de leurs aires plus haut tandis que plus bas un visage se penche sur un autre méconnaissable dans un bruit de caillasse mouillée qui roule.
Dernière édition par Tahar Tahgel le Mer 8 Juil 2015 - 14:47, édité 2 fois