J'avais pris ma décision.
Plus rien ne me retenait ici, depuis le départ de Hans. J'avais au début cru que rien allait changer, que ce n'était qu'une étape sans plus d'importance. J'avais imaginé que la vie reprendrait son cours mais non. Depuis l'accident chez le maire, la sécurité avait été renforcée et les cambriolages se faisait de plus en plus rares. Ma réserve qui avoisinait les 80 000 Berrys était descendue à 50 000 et si cela continuait, je n'aurais bientôt plus assez pour vivre. J'avais utilisé la chambre d'Hans pendant le mois suivant son départ mais j'avait le sentiment que cela ne pouvait pas continuer comme ça. C'est ceci qui m'a amené à une conclusion :
Je devais partir.
La ville que j'ai choisie était Luvneelgraad. La révolution y était installée et le luxe dans lequel vivait les habitants était un argument de poids pour un voleur de mon espèce. J'avais estimé environ deux jours de marche c'est pour cela que j'avais emprunté une tente à la femme de Hans. Le temps d'acheter des vivres et de rassembler mes affaires, j'étais parti pour la capitale du royaume de Luvneel.
Je marchais depuis déjà une ou deux heure. Le froid qui n'avait rien d'inhabituel pour un mois de Janvier épuisa mes forces plus vite que je ne l'avait prévu et bientôt, je dus faire une pause pour recharger mes batterie. Je m'assis sur une petite pierre et entreprit de consulter une nouvelle fois la carte du royaume de Luvneel que j'avais acheté. J'avais marché plus vite que je ne l'avait prévu et déjà, une journée et demi me paraissait une durée plus probable. Une fois reposé, je repris mon périple jusqu’à la tombée de la nuit où je décidai de m’arrêter. Alors que j’allais installer un campement, j’aperçu une lueur éclairer le crépuscule. En regardant plus précisément, je compris que c’était une maisonnette, sobre, qui devait pouvoir au moins accueillir.
« Surement un bucheron ou un chasseur, me dis-je silencieusement.»
Je vis un homme, surement dans la quarantaine, quitter la demeure et se diriger vers les bois. Je décidai de renflouer mes poches, histoire de rattraper les dépenses réalisée pour préparer mon périple et puis, soyons franc, je ne pouvais résister à l’envie de me distraire. J’attendis quelques minutes pour être sur qu’il ne revenait pas puis me décidai à commencer le cambriolage.
Toute fatigue m’avait échappée. Commettre un vol, et cela peut paraître bizarre, faisait au contraire disparaître toute l’angoisse et la fatigue que j’accumulais. Je m’approchai à pas de velours de la maisonnette et ouvrit le plus silencieusement possible la porte qui, heureusement, ne grinça pas. Une fois à l’intérieur, je dus redoubler de prudence car le parquet était loin d’être silencieux et je ne savais pas dans combien de temps il allait revenir.
Alors que je me dirigeais vers un des meubles pour commencer à chercher, une voix retentit derrière moi :
« On ne vous à jamais appris à frapper avant d’entrer jeune homme ? »
Mon sang se glaça. Sans réfléchir, je me dirigeai rapidement vers lui et me préparai à lui asséner un coup avec le manche de mon pistolet mais celui-ci attrapa ma main fermement, comme s’il avait prévu mon coup et continua à parler avec cette voix à la fois emplie de colère et de déception.
« Je suis peut-être âgé mais ne crois pas que je laisserais un gamin de ton genre piquer mes économies. »
Je reculai violemment et dégageai ma main de son emprise. Il grogna et m’envoyai un puissant coup de poing qui me propulsa à l’autre bout de la pièce. Décidemment, ce gars ne plaisantait pas. Il ricana légèrement et me dit d’un ton moqueur.
« Celle-là, tu l’as méritée. Si tu veux, on peut s’arrêter là, je te laisse partir et on est quitte, dit-il sans me laisser voir une autre expression que son rictus moqueur. »
Que je m’en aille ! Il en était hors de question. Jamais un butin ne m’avait échappé et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer. J’avais beau être un voleur, cela ne m’empêcher pas d’avoir un honneur !
« Tu peux toujours rêver, dis-je en tirant une balle dans sa direction ! »
Il l’évita en se déplaçant sur le côté avant même que je n’appuie sur la gâchette.
« Alors, dit-il sur le ton acerbe qu’il employait depuis le début, on a un petit coup de barre?
-La prochaine, elle est pour toi, rétorquais-je !»
Je continuai à le cribler de balles qu’il évitait toutes et lui m’envoyait ses coups de poings dévastateurs si bien que sa maison devint vite un champ de bataille. J’avais des bleus partout sur le corps et je saignais tandis que lui était intacte mais je voyais qu’il s’épuisait. Il fallait que je trouve une solution car l’issue de ce combat était loin de pencher en ma faveur. Il fallait que je réfléchisse. Je me mis à observer tous ses mouvements en essayant de trouver son point faible. C’est lorsqu’il recula pour éviter un coup de manche que j’allais lui porter que je compris le talon d’Achille qui allait me permettre de changer l’issue de notre combat. Ce que je remarquai, c’est qu’il avait beau esquiver mes coups aussi rapides soient-ils, il boitait, ce qui le ralentissait. Voilà pourquoi il se contentait de bouger son buste ou sa tête pour éviter mes balles ! Je décidai de tirer parti de cette situation.
Je reculai rapidement et cria rapidement le nom de la technique que je venais d’élaborer :
« Triple Ball : Triangular Shot »
Je tirai rapidement deux balles, une dans chacune de ses jambes. Il poussa un gémissement de douleur. Comme je l’avais prévu, ses jambes n’avaient pas l’agilité nécessaire pour éviter cela. Il ne pouvait plus bouger et la douleur changea son rictus hilare en une grimace de souffrance. Je m’approchai agilement de lui et, alors que j’allais tirer une troisième balle, elle ne partit pas. Etais-ce parce-que je n’avais pas appuyé sur la gâchette ? De toute façon, il ne restait aucune balle dans le pistolet. Mais ce qui m’avait empêché de l’achever, c’est la marque au fer rouge que j’aperçu. Elle était apparue lorsque ses longs cheveux s’étaient écartés de son cou. Et malgré le fait que cet homme était près à me tuer, je ne pouvais plus voir un esclave mourir sous mes yeux. Je lui portai un coup de manche au ventre et il tomba dans l’inconscience. Je le retins avant qu’il ne s’écrase sur le sol et le hissa difficilement au pied d’un canapé. Je lui dis, en sachant pertinemment qu’il ne m’entendait pas :
« Je n’ai utilisé que deux balles. »
Je pris environ 15 000 Berrys (je n’allais quand même pas lui voler toutes ses économies) dans une de ses commodes, non sans avoir longuement cherché, des pansement car soyons franc, mes plaies me faisaient souffrir horriblement, puis je sortis de la maison. Je finis ma nuit dans ma tente, épuisé par ce rude combat, et, repliai mes affaires et repartis pour Luvneelgraad. J’arrivai après environ 4 heures de marches et entrepris de visiter cette grande ville qu’est la capitale de Luvneel.