Précédemment.
« - Reviens ici, espèce d’enfoiré !
- Non, merci. »
Dingue, la gonzesse. Sous prétexte que je lui piqué d’la bouffe, elle me poursuit. Au lieu d’ça, elle devrait m’remercier de lui faire bouger son gros cul. Déjà qu’elle passe ses journées à s’affaler comme une pintade sur son canapé, il faut qu’elle râle.
Et la bonté d’caractère, tu connais, connasse ?
Enfin, elle s’épuise. Elle a quand même fait vingt mètres de course. Et pour un cachalot, ça en fait vingt de trop. Le palpitant qui lui pète à la gueule. Comme une vieille bonbonne de gaz trouée. Et moi, j’me marre comme une baleine. Je m’bidonne, j’me beurre la tartine.
Bref.
C’est cool, ici. Grand Line, c’est chaud. Très. C’est comme être lâché en pleine nature à poil avec des ours géants dans l’périmètre. Quand t’as pas une grosse expérience, t’es mal. Mais, je sais déjà que le bidule que j’ai piqué à l’autre grand con est un log pose. Théoriquement, c’est censé me mener à la suite.
Il ne manque que le bateau et l’équipage. Je sens que ça va passer tout seul. Presque. Franchement, les gens sont égoïstes. Ils ne pensent même pas à moi. J’traîne souvent du côté du port. En cherchant un capitaine qui a une bonne réputation. Ma première expérience me dit de n’pas embarquer avec le premier trou d’balle v’nu. Surtout vu comment l’autre s’est fait sauter. C’est sûr que ça fout l’trac d’avoir vu c’que j’ai vu.
Gardons espoir. Si les types comme moi n’arrivent pas au bout de leurs peines, c’est mort de chez mort pour les autres. Les faibles ne survivent pas, les forts ont leur chance. C’est comme ça, les mecs. Si t’es pas foutu de dézinguer ta dizaine de gus, faut pas y aller. T’ouvres la boîte de Pandore, elle te crame.
Mais encore, quoi faire ? Les gens commencent à m’reconnaître quand ils me voient. Ça fait une semaine que j’pique par-ci par-là. Je n’me fait pas encore emmerder par la garde, mais ça n’saurait tarder. Il faut dire que cet enfoiré de toubib m’a raclé. Tout pris. Par contre, je suis frais comme un gardon. Alors, bon, voilà. De toute façon, d’l’oseille, y en a des paquets, dehors. Pas la peine de s’casser la nénette. Il suffit de prendre la mer.
Capitaine Jobb, qu’il s’appelle. Connu ici, semble-t-il. Fort, grand, con. Le CV idéal. Et il engage et je signe. Il précise qu’il ne te paye que dalle, ton salaire, c’est ta part du butin. Moi, je suis trop jeune pour m’encombrer d’une morale. Pas comme mon paternel. Lui, il a eu la chance d’atteindre l’âge où c’est seyant d’être sage.
J’aime pas trop y penser. J’embarque. Bye, Innocent Island. Bonjour, reste du monde. Je quitte cette île comme je quitte les femmes, sans un regard en arrière et sans regret.
Un deux-mâts, en bon état. Le boulot est rude, mais j’ai les épaules pour. Je n’suis pas comme un de ces nuls qui pullulent. J’fais ma part, tranquille. Rien que la routine : partager un hamac avec des gars qui prennent d’autres horaires que toi, manger une bouffe immonde, être couvert d’eau salée et se faire brûler par le soleil. Une vie simple qui balaye tous les soucis. Tous, sauf un : les gonzesses.
« Navire en vue, pavillon civil. »
Bon, pinage, quoi. Les canonnades font mal de part et d’autre. Mais, on s’en branle. C’est la vie d’pirate. On s’met sur la tronche et puis, voilà. Le détail, on s’en fout. Je m’planque pendant que les canons se gueulent dessus. Pas con, quoi. T’as déjà essayé d’arrêter un boulet avec les dents ? Jamais ? T’as raison, c’est pas sain comme activité. Moi, c’est bon. L’attrait d’la nouveauté, c’est bien, mais je passe.
« À l’abordage ! »
Les grappins fusent, les bateaux se cognent entre eux. Et puis, ça commence, la ruée vers la filoche. Chacun veut sa part de castagne et moi l’premier. Parce qu’il faut bien gagner son pain, quoi.
J’en zigouille deux d’entrée de jeu. Pour faire place nette. Cependant, il arrive que ce ne soit pas possible, y en a toujours, des remplaçants. Et tenaces, ceux-là. Y en a un qui a failli m’arracher l’bras. Il a fait la gueule quand je le lui ai fait. Forcément. Et j’en crève d’autres et encore d’autres. Et puis, il arrive le moment où les ennemis flanchent, ils se rendent. On pique tout, on en recrute quelques-uns et on abandonne les déchets, les siens comme les leurs. Quoi, t’as vraiment cru à un esprit d’camaraderie ? T’es con comme un meuble, en fait.
Comme j’ai fait mon quota de beignes, je me chope un pactole correct. Et j’passe quartier-maître. Ça veut dire que j'taffe moins et j'gueule plus. Maintenir l’ordre et la discipline. Les manœuvres, je n’les connais pas. Du moins, pas encore. J’fais gaffe à apprendre, des fois qu’ça serve.
Le navire a besoin d’être remis en l’état. On fait c’qu’on peut en mer. Le reste viendra une fois à l’île suivante. On suit le log et j’vérifie avec le mien. Des fois, on dévie un peu. Cette mer est traîtresse. Il passe encore quelque temps avant que la danse ne reprenne. Par contre, cette fois, je vois la catastrophe nous foncer droit dans l’pif. Y a eu du dégât et j’crois que le capitaine n’est pas chaud pour se faire ces pirates.
Sauf qu’on n’a pas le choix. Ils sont plus rapides et on gère au mieux l’abordage pour passer au corps-à-corps. Histoire de rester à flot.
Et ça recommence. Une grosse distribution de claques. Ça part dans tous les sens. Y a du sang et des tripes partout. Si t’es pas vif, tu finis en brochette ou en passoire, selon le stock disponible. J’allonge ma douzaine de gars. Je prends quelques coups. Rien de grave, y a rien de mieux que l’sel pour te désinfecter une plaie. Et du sel, y a qu’ça. Et rebelote, partage du pognon, nouveaux venus dans l’équipe.
On croit que ça va finir, mais non. C’est là où cet océan prouve qu’il est pute. On repart pour une troisième danse. Hélas, la valse de trop.
Dès les cinq premières minutes, je m’fais assommer par le capitaine des autres. Et je m’réveille avec un mal de crâne énorme. Comme je suis logé dans une pièce crade barrée en fer avec des potes en sale état, je capte le message. On a perdu, on s’est pris une peignée. Et moi, je n’sais pas où j’vais finir.
Bordel de merde.
Fin de l’acte deux.
« - Reviens ici, espèce d’enfoiré !
- Non, merci. »
Dingue, la gonzesse. Sous prétexte que je lui piqué d’la bouffe, elle me poursuit. Au lieu d’ça, elle devrait m’remercier de lui faire bouger son gros cul. Déjà qu’elle passe ses journées à s’affaler comme une pintade sur son canapé, il faut qu’elle râle.
Et la bonté d’caractère, tu connais, connasse ?
Enfin, elle s’épuise. Elle a quand même fait vingt mètres de course. Et pour un cachalot, ça en fait vingt de trop. Le palpitant qui lui pète à la gueule. Comme une vieille bonbonne de gaz trouée. Et moi, j’me marre comme une baleine. Je m’bidonne, j’me beurre la tartine.
Bref.
C’est cool, ici. Grand Line, c’est chaud. Très. C’est comme être lâché en pleine nature à poil avec des ours géants dans l’périmètre. Quand t’as pas une grosse expérience, t’es mal. Mais, je sais déjà que le bidule que j’ai piqué à l’autre grand con est un log pose. Théoriquement, c’est censé me mener à la suite.
Il ne manque que le bateau et l’équipage. Je sens que ça va passer tout seul. Presque. Franchement, les gens sont égoïstes. Ils ne pensent même pas à moi. J’traîne souvent du côté du port. En cherchant un capitaine qui a une bonne réputation. Ma première expérience me dit de n’pas embarquer avec le premier trou d’balle v’nu. Surtout vu comment l’autre s’est fait sauter. C’est sûr que ça fout l’trac d’avoir vu c’que j’ai vu.
Gardons espoir. Si les types comme moi n’arrivent pas au bout de leurs peines, c’est mort de chez mort pour les autres. Les faibles ne survivent pas, les forts ont leur chance. C’est comme ça, les mecs. Si t’es pas foutu de dézinguer ta dizaine de gus, faut pas y aller. T’ouvres la boîte de Pandore, elle te crame.
Mais encore, quoi faire ? Les gens commencent à m’reconnaître quand ils me voient. Ça fait une semaine que j’pique par-ci par-là. Je n’me fait pas encore emmerder par la garde, mais ça n’saurait tarder. Il faut dire que cet enfoiré de toubib m’a raclé. Tout pris. Par contre, je suis frais comme un gardon. Alors, bon, voilà. De toute façon, d’l’oseille, y en a des paquets, dehors. Pas la peine de s’casser la nénette. Il suffit de prendre la mer.
Capitaine Jobb, qu’il s’appelle. Connu ici, semble-t-il. Fort, grand, con. Le CV idéal. Et il engage et je signe. Il précise qu’il ne te paye que dalle, ton salaire, c’est ta part du butin. Moi, je suis trop jeune pour m’encombrer d’une morale. Pas comme mon paternel. Lui, il a eu la chance d’atteindre l’âge où c’est seyant d’être sage.
J’aime pas trop y penser. J’embarque. Bye, Innocent Island. Bonjour, reste du monde. Je quitte cette île comme je quitte les femmes, sans un regard en arrière et sans regret.
Un deux-mâts, en bon état. Le boulot est rude, mais j’ai les épaules pour. Je n’suis pas comme un de ces nuls qui pullulent. J’fais ma part, tranquille. Rien que la routine : partager un hamac avec des gars qui prennent d’autres horaires que toi, manger une bouffe immonde, être couvert d’eau salée et se faire brûler par le soleil. Une vie simple qui balaye tous les soucis. Tous, sauf un : les gonzesses.
« Navire en vue, pavillon civil. »
Bon, pinage, quoi. Les canonnades font mal de part et d’autre. Mais, on s’en branle. C’est la vie d’pirate. On s’met sur la tronche et puis, voilà. Le détail, on s’en fout. Je m’planque pendant que les canons se gueulent dessus. Pas con, quoi. T’as déjà essayé d’arrêter un boulet avec les dents ? Jamais ? T’as raison, c’est pas sain comme activité. Moi, c’est bon. L’attrait d’la nouveauté, c’est bien, mais je passe.
« À l’abordage ! »
Les grappins fusent, les bateaux se cognent entre eux. Et puis, ça commence, la ruée vers la filoche. Chacun veut sa part de castagne et moi l’premier. Parce qu’il faut bien gagner son pain, quoi.
J’en zigouille deux d’entrée de jeu. Pour faire place nette. Cependant, il arrive que ce ne soit pas possible, y en a toujours, des remplaçants. Et tenaces, ceux-là. Y en a un qui a failli m’arracher l’bras. Il a fait la gueule quand je le lui ai fait. Forcément. Et j’en crève d’autres et encore d’autres. Et puis, il arrive le moment où les ennemis flanchent, ils se rendent. On pique tout, on en recrute quelques-uns et on abandonne les déchets, les siens comme les leurs. Quoi, t’as vraiment cru à un esprit d’camaraderie ? T’es con comme un meuble, en fait.
Comme j’ai fait mon quota de beignes, je me chope un pactole correct. Et j’passe quartier-maître. Ça veut dire que j'taffe moins et j'gueule plus. Maintenir l’ordre et la discipline. Les manœuvres, je n’les connais pas. Du moins, pas encore. J’fais gaffe à apprendre, des fois qu’ça serve.
Le navire a besoin d’être remis en l’état. On fait c’qu’on peut en mer. Le reste viendra une fois à l’île suivante. On suit le log et j’vérifie avec le mien. Des fois, on dévie un peu. Cette mer est traîtresse. Il passe encore quelque temps avant que la danse ne reprenne. Par contre, cette fois, je vois la catastrophe nous foncer droit dans l’pif. Y a eu du dégât et j’crois que le capitaine n’est pas chaud pour se faire ces pirates.
Sauf qu’on n’a pas le choix. Ils sont plus rapides et on gère au mieux l’abordage pour passer au corps-à-corps. Histoire de rester à flot.
Et ça recommence. Une grosse distribution de claques. Ça part dans tous les sens. Y a du sang et des tripes partout. Si t’es pas vif, tu finis en brochette ou en passoire, selon le stock disponible. J’allonge ma douzaine de gars. Je prends quelques coups. Rien de grave, y a rien de mieux que l’sel pour te désinfecter une plaie. Et du sel, y a qu’ça. Et rebelote, partage du pognon, nouveaux venus dans l’équipe.
On croit que ça va finir, mais non. C’est là où cet océan prouve qu’il est pute. On repart pour une troisième danse. Hélas, la valse de trop.
Dès les cinq premières minutes, je m’fais assommer par le capitaine des autres. Et je m’réveille avec un mal de crâne énorme. Comme je suis logé dans une pièce crade barrée en fer avec des potes en sale état, je capte le message. On a perdu, on s’est pris une peignée. Et moi, je n’sais pas où j’vais finir.
Bordel de merde.
Fin de l’acte deux.