« Mais j’ai fait parti d’la Marine nom de diou ! Vrai qu’y’a bien que’que chose que j’peux vous raconter si vous m’croyez pas, eh ! Bon… Par exemple, à mes débuts, fin quand j’étais caporal, y avait un gang fou dans une d’ces îles que j’protégeais avec ma troupe… »
Si j’en vois un bouger d’là, ne serait-ce qu’un…
Vos copains vont goûter le lard, de mes poings…
Souvent, cette chanson annonce que la peau va rougir. Enfin non pas souvent, après que j’la chantonne, ça veut dire c’que ça veut dire. Alors, c’est comme ça hein, c’est ça l’équipe qu’on m’a donné ! On était chargé d’observer tous les recoins d’l’île et y en a un qui m’dit qu’il a vu l’fou pyromane, la vipère qu’on l’appelle. Ces malotrus nous font chier d’puis 3-4 semaines, sont sortis d’nulle part et ils faisaient que d’la merde. Mmh. De source sûre, on sait qu’ils sont qu’trois mais voilà, j’ai un problème. Ils causent les dégâts que vingt hommes auraient pu faire ! C’est ça qui chamboulait ma caboche… Puis z’ont commencés avec des délits mineurs et là, j’viens d’apprendre que cinq hommes sont morts découpés et brûlés vifs.
Y avait donc :
- le sabreur, parait qu’l’a les cheveux longs et puis bah… un sabre ? Lui, il s’amusait à découper des rochers en trois et s’était d’jà attaqué à quelques piaules près du port.
- le pyromane, c’est le plus débile de la bande apparemment vu que mes soldats l’ont repéré assez facilement. Il est blond, rapide et gesticule partout. Il a une tête d’excentrique et possède des sortes de griffes en guise d’armes. Son passe-temps est d’brûler tout c’qu’y se brule, il a commencé avec les arbres et les maisons qu’son compère le sabreur avait d’jà réduite à néant. Puis z’ont finis par s’faire des mecs…
- et le leader, lui, zéro info.
Franchement, penser qu’ils allaient échapper au Caporal Jeliev, fallait être sacrément timbré ! Harry pense pareil. Harry aussi, c’t’un soldat, mais c’est pas pareil. C’t’un camarade lui, c’mon second et il fait pas dans les pleurnicheries. C’un connard et j’l’aime bien J’ai passé mes débuts en tant qu’mousse avec lui, on a évolué ensemble alors j’peux pas l’considérer comme les autres tocards de drilles. L’a les cheveux bruns et un regard de tueur en série. Il frappe avec son épée ou ses poings. Mais la lame, c'pour le fun et il sait pas s'en servir, il l'a volé a un marchand ambulant.
N’empêche que cette chanson qu’je chante, elle est pas là pour rien. Les trois soldats sans compter Harry s’prennent deux beignes chacun. De un, parce qu’ils sont trois et qu’j’vois pas comment z’ont pu perdre de vue un seul criminel. J’crache. Qu’est-ce qu’ils sont cons, ma parole, j’en reviens pas. De deux, parce que je suis énervé. Ces connards de tarés m’tapent sur l’système, comment que j’fais pour faire sentir à la population qu’elle est en sécurité avec moi ? Parce que oui, les civils, c’est les plus importants et ceux qu’avaient perdus leurs toits à cause de ces timbrés, ben fallait bien leur montrer qu’on ferait en sorte de les venger et d’rétablir la Justice.
Raah, ça m’énerve. J’leur fous encore deux-trois torgnoles. Faut pas s’foutre de ma gueule, bordel ! Rah putain ! J’vais péter un boulon. Mais j’sens la main d’Harry sur mon épaule, j’me retourne puis il m’envoie sa gauche. Ça, il le fait souvent pour me r’mettre les idées en place, ouais. L’a raison. J’dois réfléchir comme un caporal le ferait. J’me pose sur le sol comme un vrai paysan et j’me concentre. Comme les dégradations ont toutes eu lieu vers le port, c’est là qu’on serait principalement, Harry et moi. Les trois autres, eux iront vers l’entrée d’la ville. S’il s’passe que’que chose on le saura et on remontra assez vite. Ça m’parait bien. Voilà, on fera ça et ce, à partir de maintenant.
On redescend mon aminche et moi, j’me perche sur un arbre et lui que’que part d’autre, j’fais pas attention, j’fais confiance.
Une minute passe.
Cinq, dix minutes passent.
Trente minutes… P’tain c’est long, merde. Faut dire que j’ai jamais transpiré la patience, eh, et c’tait la première fois que j’faisais ce genre de chose. Moi, j’aime bien patrouiller, j’marche et en même temps j’observe. Là, ça m’faisait vraiment chier. Montrez-vous, on vous capture et on vous cogne les gars. Sér… Merde ! Qu’est-ce que c’était qu’ça ? J’ai cru voir un lièvre ou un truc comme ça passer en coup d’vent. J’saute de l’arbre et aperçois Harry à ses trousses apparemment puisqu’il court. J’fais d’même, le plus vite possible un riffle à la main. Reusement qu’y a personne à c’t’heure là, fin j’crois qu’il est 18h. Les pêcheurs sont d’jà rentrés et y a très peu d’bateaux qu’accostent dans l’îlot.
Du feu. Y a du feu sur la route ou j’rêve ? J’vois toujours l’dos d’Harry. Comment qu’il pouvait l’voir, dis ? Moi j’voyais que dalle, sauf son dos, comme j’l’ai dit. D’un coup, il s’arrête et j’peux l’rejoindre aisément.
L’mec est là… Merde, c’est quoi ça… Il a les cheveux en bataille, sont semi-longs et une espèce de barrette rouge qu’en retient un paquet. L’est habillé d’une simple veste rouge brique et dans ses yeux, j’vois rien d’autre que de la folie. Ils sont d’une couleur assez particulière d’ailleurs, j’aurais dit gris. On distingue très clairement un tatouage bizarre sur son torse, comme s’il voulait qu’on le voit. Sa langue pend et l’a plein de p’tit objet métallique qui trainent autour d’son pantalon marron.
Pfééééhéhéhééé ! Ch’ai pas pourquoi j’cours, z’êtes des faiblards, pféééééééhéhéé ! Patron m’a bien dit qu’y avait des sangsues ! Mais savéhéhééé qu’une sangsue ça brûle ?
Pas l’temps d’lui poser des questions qu’il sort de sa poche trois barrettes suivit d’allumettes qu’il a frotté à ses chaussures et de je ne sais quel ciel le feu a soudainement prit les projectiles. J’baisse ma tête et m’prend un coup d’genou dans les dents. Il est d’jà là et vrai qu’il est rapide. Et maintenant c’est au plat d’son pied de se poser sur ma joue qui guide mon corps deux mètres plus loin.
Harry surgit alors et l’envoie valser avec le plat d’son épée. J’ai l’temps d’me relever, de décharger mon flingue et d’sortir mes poings. Dans ces situations là, faut s’battre avec c’qu’on affectionne le plus non ? Ben moi, c’est ces deux là. J’profite du temps qu’Harry m’a offert pour lui foutre ma droite courbée et sévère. Il s’allonge et érafle le sol mais s’remet d’bout aussi tôt, j’tente de m’approcher mais un cercle de feu s’forme autour de nous. Moment d’inattention car surprit, il m’jette dans les flammes pendant qu’il saute par-dessus. J’ressens une grosse douleur au dos mais j’fais vite fait d’m’en séparer. Mon partenaire essaie de l’toucher avec sa lame mais y arrive pas visiblement. J’fonce comme un bourrin et vise ses côtes avec mon genou, objectif atteint j’réattaque avec un coup d’coude dans le crane. Il est par terre, inconscient. Fin c’est ce que je crois. Il rouvre subitement les yeux, m’éclabousse d’un liquide et m’jette un briquet. J’vois mon veston s’foutre en flamme. J’l’enlève et m’prend sa semelle en plein visage. J’tombe. ‘ry reprend l’combat.
J’distingue mes trois soldats arriver l’air inquiet puis en r’marquant c’qui nous arrivait, encore plus inquiet. Qu’est-ce qui s’passe là-haut… J’peux rien faire, appart leur ordonner d’nous prêter main forte. C’qu’ils font très mal d’ailleurs, mais ça nous laisse un peu d’temps. Pendant les échanges de coups, l’un deux m’glisse un mot « L’sabreur a fait des ravages à l’entrée mais on l’a pas vu ».
Connerie d’drilles de merdes. Ils voyaient jamais rien. Puis c’singe d’pyromane gesticule toujours dans tous les sens en mettant mes hommes à terre un par un. ‘vec un saut magistrale, il est maintenant à huit mètres de moi.
Pféééééhéhéhééé ! Z’êtes pas drôles alors j’me casse féfééééé
En guise d’au revoir, il nous envoie évidemment des p’tits artifices. On essaie d’le rattraper mais niet, il saute et r’saute sur les toits des maisons jusqu’à plus être visible. Et tout ça, en 20 secondes.
…Raaaah ! On est des putains d’gros tocards ! À cinq sur un mec et on est pas capable de l’chopper ! C’est ça la Marine ? C’est ça l’ordre ?!! Et voilà, encore une beigne de la part d’mon second préféré.
Calme toi, imbécile. On l’aura, il à l’air stupide et il n’a que la vitesse, quand on observe bien. Ces p’tits jouets enflammés n’font pas vraiment peur. Pas à moi en tout cas. On va soigner ton gros bobo, et on se remet à la chasse demain ou ce soir.
Toujours serein c’mec. J’peux que l’écouter et m’résigner à aller faire que’que chose pour c’te brûlure. On bouge alors dans l’sous sol d’une auberge qu’est devenu notre « base » d’puis quelque temps. La patronne d’la cosne m’fait des soins d’vrais médoc mais m’faire toucher par une grosse gonzesse avec les mains moites, c’est jamais la joie. Malgré tout, j’cogite sur tout ça. C’mec, l’était vraiment pas normal. Va falloir qu’on s’mette sérieusement au boulot… Puis que j’fasse que’que chose pour mes poings. J’sais pas c’qu’il m’arrive, j’sens qu’ils faiblissent.
Comme j’peux pas dormir, j’tape dans l’vide. J’revois la tête du mec, j’le dauble brutalement, il tombe et j’fais pareil à ses copains… C’est comme ça que ça doit s’passer et c’est comme ça qu’ça se passera, j’espère… Le truc, c'est qu'j'le sens mal, ce leader, par définition il doit être plus costaud qu'les deux autres, et bien qu'Harry ait souligné un point fort comme un point faible, cette "vitesse" nous falicite pas la tache. Moi, j'ai toujours été lent dans mes déplacements, dans ma compréhension, dans ma vie... Fin j'ai qu'21 balais, on a le temps. Mais y a un décalage entre les autres et moi tout d'même.
Qu'est-ce qui pousse un homme à tuer ? De quel droit peut-on se permettre d'oter la vie de quelqu'un ? Qui sont-ils pour pouvoir débarquer et faire ça... Elle me met hors de moi cette histoire mais je ne vais pas en pleurer, bien au contraire. Je vais venger les familles des victimes et avant tout me venger moi-même. Mon poing droit sera ma vengeance.
Dernière édition par Kiril Jeliev le Sam 16 Fév 2013, 15:30, édité 2 fois