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Je suis la vengeance narquoise de Kiril.

« Mais j’ai fait parti d’la Marine nom de diou ! Vrai qu’y’a bien que’que chose que j’peux vous raconter si vous m’croyez pas, eh ! Bon… Par exemple, à mes débuts, fin quand j’étais caporal, y avait un gang fou dans une d’ces îles que j’protégeais avec ma troupe… »

Si j’en vois un bouger d’là, ne serait-ce qu’un…
Vos copains vont goûter le lard, de mes poings…


Souvent, cette chanson annonce que la peau va rougir. Enfin non pas souvent, après que j’la chantonne, ça veut dire c’que ça veut dire. Alors, c’est comme ça hein, c’est ça l’équipe qu’on m’a donné ! On était chargé d’observer tous les recoins d’l’île et y en a un qui m’dit qu’il a vu l’fou pyromane, la vipère qu’on l’appelle. Ces malotrus nous font chier d’puis 3-4 semaines, sont sortis d’nulle part et ils faisaient que d’la merde. Mmh. De source sûre, on sait qu’ils sont qu’trois mais voilà, j’ai un problème. Ils causent les dégâts que vingt hommes auraient pu faire ! C’est ça qui chamboulait ma caboche… Puis z’ont commencés avec des délits mineurs et là, j’viens d’apprendre que cinq hommes sont morts découpés et brûlés vifs.

Y avait donc :

- le sabreur, parait qu’l’a les cheveux longs et puis bah… un sabre ? Lui, il s’amusait à découper des rochers en trois et s’était d’jà attaqué à quelques piaules près du port.
- le pyromane, c’est le plus débile de la bande apparemment vu que mes soldats l’ont repéré assez facilement. Il est blond, rapide et gesticule partout. Il a une tête d’excentrique et possède des sortes de griffes en guise d’armes. Son passe-temps est d’brûler tout c’qu’y se brule, il a commencé avec les arbres et les maisons qu’son compère le sabreur avait d’jà réduite à néant. Puis z’ont finis par s’faire des mecs…
- et le leader, lui, zéro info.

Franchement, penser qu’ils allaient échapper au Caporal Jeliev, fallait être sacrément timbré ! Harry pense pareil. Harry aussi, c’t’un soldat, mais c’est pas pareil. C’t’un camarade lui, c’mon second et il fait pas dans les pleurnicheries. C’un connard et j’l’aime bien J’ai passé mes débuts en tant qu’mousse avec lui, on a évolué ensemble alors j’peux pas l’considérer comme les autres tocards de drilles. L’a les cheveux bruns et un regard de tueur en série. Il frappe avec son épée ou ses poings. Mais la lame, c'pour le fun et il sait pas s'en servir, il l'a volé a un marchand ambulant.

N’empêche que cette chanson qu’je chante, elle est pas là pour rien. Les trois soldats sans compter Harry s’prennent deux beignes chacun. De un, parce qu’ils sont trois et qu’j’vois pas comment z’ont pu perdre de vue un seul criminel. J’crache. Qu’est-ce qu’ils sont cons, ma parole, j’en reviens pas. De deux, parce que je suis énervé. Ces connards de tarés m’tapent sur l’système, comment que j’fais pour faire sentir à la population qu’elle est en sécurité avec moi ? Parce que oui, les civils, c’est les plus importants et ceux qu’avaient perdus leurs toits à cause de ces timbrés, ben fallait bien leur montrer qu’on ferait en sorte de les venger et d’rétablir la Justice.

Raah, ça m’énerve. J’leur fous encore deux-trois torgnoles. Faut pas s’foutre de ma gueule, bordel ! Rah putain ! J’vais péter un boulon. Mais j’sens la main d’Harry sur mon épaule, j’me retourne puis il m’envoie sa gauche. Ça, il le fait souvent pour me r’mettre les idées en place, ouais. L’a raison. J’dois réfléchir comme un caporal le ferait. J’me pose sur le sol comme un vrai paysan et j’me concentre. Comme les dégradations ont toutes eu lieu vers le port, c’est là qu’on serait principalement, Harry et moi. Les trois autres, eux iront vers l’entrée d’la ville. S’il s’passe que’que chose on le saura et on remontra assez vite. Ça m’parait bien. Voilà, on fera ça et ce, à partir de maintenant.

On redescend mon aminche et moi, j’me perche sur un arbre et lui que’que part d’autre, j’fais pas attention, j’fais confiance.

Une minute passe.

Cinq, dix minutes passent.

Trente minutes… P’tain c’est long, merde. Faut dire que j’ai jamais transpiré la patience, eh, et c’tait la première fois que j’faisais ce genre de chose. Moi, j’aime bien patrouiller, j’marche et en même temps j’observe. Là, ça m’faisait vraiment chier. Montrez-vous, on vous capture et on vous cogne les gars. Sér… Merde ! Qu’est-ce que c’était qu’ça ? J’ai cru voir un lièvre ou un truc comme ça passer en coup d’vent. J’saute de l’arbre et aperçois Harry à ses trousses apparemment puisqu’il court. J’fais d’même, le plus vite possible un riffle à la main. Reusement qu’y a personne à c’t’heure là, fin j’crois qu’il est 18h. Les pêcheurs sont d’jà rentrés et y a très peu d’bateaux qu’accostent dans l’îlot.

Du feu. Y a du feu sur la route ou j’rêve ? J’vois toujours l’dos d’Harry. Comment qu’il pouvait l’voir, dis ? Moi j’voyais que dalle, sauf son dos, comme j’l’ai dit. D’un coup, il s’arrête et j’peux l’rejoindre aisément.

L’mec est là… Merde, c’est quoi ça… Il a les cheveux en bataille, sont semi-longs et une espèce de barrette rouge qu’en retient un paquet. L’est habillé d’une simple veste rouge brique et dans ses yeux, j’vois rien d’autre que de la folie. Ils sont d’une couleur assez particulière d’ailleurs, j’aurais dit gris. On distingue très clairement un tatouage bizarre sur son torse, comme s’il voulait qu’on le voit. Sa langue pend et l’a plein de p’tit objet métallique qui trainent autour d’son pantalon marron.

Pfééééhéhéhééé ! Ch’ai pas pourquoi j’cours, z’êtes des faiblards, pféééééééhéhéé ! Patron m’a bien dit qu’y avait des sangsues ! Mais savéhéhééé qu’une sangsue ça brûle ?

Pas l’temps d’lui poser des questions qu’il sort de sa poche trois barrettes suivit d’allumettes qu’il a frotté à ses chaussures et de je ne sais quel ciel le feu a soudainement prit les projectiles. J’baisse ma tête et m’prend un coup d’genou dans les dents. Il est d’jà là et vrai qu’il est rapide. Et maintenant c’est au plat d’son pied de se poser sur ma joue qui guide mon corps deux mètres plus loin.

Harry surgit alors et l’envoie valser avec le plat d’son épée. J’ai l’temps d’me relever, de décharger mon flingue et d’sortir mes poings. Dans ces situations là, faut s’battre avec c’qu’on affectionne le plus non ? Ben moi, c’est ces deux là. J’profite du temps qu’Harry m’a offert pour lui foutre ma droite courbée et sévère. Il s’allonge et érafle le sol mais s’remet d’bout aussi tôt, j’tente de m’approcher mais un cercle de feu s’forme autour de nous. Moment d’inattention car surprit, il m’jette dans les flammes pendant qu’il saute par-dessus. J’ressens une grosse douleur au dos mais j’fais vite fait d’m’en séparer. Mon partenaire essaie de l’toucher avec sa lame mais y arrive pas visiblement. J’fonce comme un bourrin et vise ses côtes avec mon genou, objectif atteint j’réattaque avec un coup d’coude dans le crane. Il est par terre, inconscient. Fin c’est ce que je crois. Il rouvre subitement les yeux, m’éclabousse d’un liquide et m’jette un briquet. J’vois mon veston s’foutre en flamme. J’l’enlève et m’prend sa semelle en plein visage. J’tombe. ‘ry reprend l’combat.

J’distingue mes trois soldats arriver l’air inquiet puis en r’marquant c’qui nous arrivait, encore plus inquiet. Qu’est-ce qui s’passe là-haut… J’peux rien faire, appart leur ordonner d’nous prêter main forte. C’qu’ils font très mal d’ailleurs, mais ça nous laisse un peu d’temps. Pendant les échanges de coups, l’un deux m’glisse un mot « L’sabreur a fait des ravages à l’entrée mais on l’a pas vu ».
Connerie d’drilles de merdes. Ils voyaient jamais rien. Puis c’singe d’pyromane gesticule toujours dans tous les sens en mettant mes hommes à terre un par un. ‘vec un saut magistrale, il est maintenant à huit mètres de moi.

Pféééééhéhéhééé ! Z’êtes pas drôles alors j’me casse féfééééé

En guise d’au revoir, il nous envoie évidemment des p’tits artifices. On essaie d’le rattraper mais niet, il saute et r’saute sur les toits des maisons jusqu’à plus être visible. Et tout ça, en 20 secondes.

…Raaaah ! On est des putains d’gros tocards ! À cinq sur un mec et on est pas capable de l’chopper ! C’est ça la Marine ? C’est ça l’ordre ?!! Et voilà, encore une beigne de la part d’mon second préféré.

Calme toi, imbécile. On l’aura, il à l’air stupide et il n’a que la vitesse, quand on observe bien. Ces p’tits jouets enflammés n’font pas vraiment peur. Pas à moi en tout cas. On va soigner ton gros bobo, et on se remet à la chasse demain ou ce soir.

Toujours serein c’mec. J’peux que l’écouter et m’résigner à aller faire que’que chose pour c’te brûlure. On bouge alors dans l’sous sol d’une auberge qu’est devenu notre « base » d’puis quelque temps. La patronne d’la cosne m’fait des soins d’vrais médoc mais m’faire toucher par une grosse gonzesse avec les mains moites, c’est jamais la joie. Malgré tout, j’cogite sur tout ça. C’mec, l’était vraiment pas normal. Va falloir qu’on s’mette sérieusement au boulot… Puis que j’fasse que’que chose pour mes poings. J’sais pas c’qu’il m’arrive, j’sens qu’ils faiblissent.

Comme j’peux pas dormir, j’tape dans l’vide. J’revois la tête du mec, j’le dauble brutalement, il tombe et j’fais pareil à ses copains… C’est comme ça que ça doit s’passer et c’est comme ça qu’ça se passera, j’espère… Le truc, c'est qu'j'le sens mal, ce leader, par définition il doit être plus costaud qu'les deux autres, et bien qu'Harry ait souligné un point fort comme un point faible, cette "vitesse" nous falicite pas la tache. Moi, j'ai toujours été lent dans mes déplacements, dans ma compréhension, dans ma vie... Fin j'ai qu'21 balais, on a le temps. Mais y a un décalage entre les autres et moi tout d'même.

Qu'est-ce qui pousse un homme à tuer ? De quel droit peut-on se permettre d'oter la vie de quelqu'un ? Qui sont-ils pour pouvoir débarquer et faire ça... Elle me met hors de moi cette histoire mais je ne vais pas en pleurer, bien au contraire. Je vais venger les familles des victimes et avant tout me venger moi-même. Mon poing droit sera ma vengeance.


Dernière édition par Kiril Jeliev le Sam 16 Fév 2013, 15:30, édité 2 fois
    Mon bâillement est pire que c’lui d’un matou abandonné. La nuit dernière, j’ai pas pu fermer les châsses. Ce matin est l’matin. On va faire des ravages. J’lève les gars, faut qu’on bouge vite au port et qu’on s’répartisse le champ de vision. Le plan : on en trouve un, on s’fout tous dessus. Ce serait au moins un d’pendu. Vu la vitesse du premier, les autres doivent pas être banals. Tant mieux, moi aussi.

    J’me lance sans attendre les autres et cette fois-ci m’met un brin plus loin, toujours en hauteur dans un arbre. J’fixe le chemin d’vant moi et étrangement, j’suis patient. J’veux plus faire d’erreur, j’prends même pas l’risque de cligner des yeux. Rien ne vient. J’fixe. Rien en vue. J’fixe. Toujours niet. J’fixe. Que dalle. Mes paupières faiblissent et cède à la tentation d’cligner et bam ! J’vois un point noir comme hier. J’saute puis galope comme un étalon à la poursuite d’ma proie. J’cours comme si ma vie en dépendait sauf que c’est pas la mienne mais celle de citoyens qu’est en jeu. Plus de temps à perdre j’me suis fait cette promesse la nuit dernière donc j’m’élance carrément sur le gars et arrive à lui attraper les mollets. Cri. Aide. J’me relève directement et lui fout mon pied dans la gueule. Encore une fois. Encore une parce qu’il m’énerve. Ma grôle gauche va se poser sur sa main d’façon à l’empêcher d’me brûler mes vêtements une fois encore mais malheur, en une fraction d’seconde j’reçois d’la poudre dans les yeux et j’me laisse aller à la tentation d’gratter et donc encore une fois d’être prit d’une inattention. J’reçois un coup dans l’bide, surement d’son droit, j’peux pas dire j’vois pas. Il est pas très puissant n’empêche et j’bouge pas d’une guibole. Par contre, j’lui en voulais tellement qu’j’ai pas pu m’empêcher d’lui cracher à la gueule avant d’bousiller sa mâchoire avec un coup d’pinceau bien coloré, pour l’coup.

    Les renforts arrivent et j’me sens soudainement comme un moulin à vent face à une pauvre petit souris. J’me marre et c’est là qu’j’apprends un mot en plus d’une provocation qu’j’répéterais sans cesse dans l’futur.

    T’es un tocard !

    Harry l’attrape. J’fais la nique en tirant ma paupière vers le bas et en tirant la langue comme un enfant qu’a gagné à un jeu. Bien fait, tocard. Pendant qu’mon second l’traine comme la racaille qu’il est préalablement ligoté, j’me permets d’susurrer mon prénom et mon nom à son oreille. Kiril Jeliev. Et maintenant c’est à ces potes d’se faire attraper par mon escouade. C’est pas des malins, c’est pas les plus forts marins d’la terre mas n’empêche qu’on est cap’ de faire du bon taf. J’me sens bien d’venir Sergent, là… Fin ce sera pour plus tard. La Justice dans c’bas monde, elle est trop peu respectée. J’vais montrer au monde ce qu’est ma Justice.

    Et. En fait, l’pyromane.

    J’te r’crache à la gueule.


    Action faite, mon bon caporal.

    « Eh ouais ouais ! C’t’est en février, un mardi…j’crois. Ben on l’a attrapé c’tocard. S’appelait Fire. Ouais, moi aussi j’t’ais surpris ! Ressers moi un sec, patron. »
      Y a la mer, les poissons, y a des mauvais poissons d’dans, y en a des bons. C’est comme ça sur la terre ferme aussi. Et ceux en bateaux ? Ceux-là, z’ont été forcé d’la prendre et je sais pourquoi. J’ai entendu un jour un artiste de rue qui disait « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme… » Tin tin tin… C’était un poète même, un philosophe sans l’vouloir ! C’est grâce à lui qu’j’me suis décidé à entrer dans la marine, grâce à une de ses chansons. J’la chantonne souvent, vrai qu’j’chantonne pas mal d’choses, mais celle-ci, j’la scie vraiment bien ! ‘coutez.



      La mer c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans…

      Ça fait deux jours qu’on a attrapé le saligaud qu’aime le feu et plus rien… Le sabreur s’est calmé et toujours aucune info sur le boss. Certes, les villageois étaient heureux mais moi j’sens comme un truc qui cloche. Normalement on s’attendait à c’qu’ils viennent venger leur pote, mais que dalle. Les dégradations et meurtres avaient justes cessé.

      Au début, vrai qu’on était aux aguets mais comme y avait toujours plus rien au bout de deux semaines, le p’tit groupe a commencé à relâcher son attention et là bam, nous nous sommes prit une météorite dans la gueule. Le sabreur a refait surface et l’endroit choisit pour laisser un signe de vie n’est pas des moindres puisqu’il s’agit du sous-sol de l’auberge où nous logeons, notre Q.G. Nous y avons retrouvé un pot de fleur parfaitement donc symétriquement découpé au milieu de la pièce. Des yeux partout, hein. Il aurait pu venir nous trancher pendant qu’on dormait, aussi. Mais il a choisit de faire ça, pour qu’on le craigne, qu’on est peur.

      Harry lui fronce des sourcils agacé par une telle situation. Il met son visage fixant le sol entre ses mains, les paumes sur les tempes, le dos courbé. La position du désespoir… ou de la réflexion. Apparemment, le sabreur était bien plus intelligent que l’autre fou. Jamais on ne pourrait l’avoir dehors comme on a eu Fire. Alors Harry m’a fait part d’une idée, une thèse.

      Qu’est-ce qu’on cherche ? Après tout, on ne sait pas. Le pyromane on la trouvé parce qu’il était spécial et débile. Mais sinon, 95% de la population est d’un banal effarant alors il serait logique que notre proie se cache dans ce pourcentage.

      A chaque fois qu’il parle, il fait tout pour être le plus convaincant possible alors je ne peux me le contredire. Observer les habitants n’est pas la première idée qui me serait venue à l’esprit mais il me semble quand même que les chances qu’ils se trouvent dans ce pourcentage étaient aussi élevées que celui-ci.

      On a donc recommencé à patrouiller, à faire la ronde, à regarder chaque visages, chaque expressions. Nous cherchons un homme avec de long cheveux noirs et aux avants bras musclés mais souples, choses que tout sabreur possède. A part ça, y a pas grand masse d’infos. Fire a été interrogé et n’a pas décroché un mot, bizarrement.

      J’me balade vers les navires de pêche avec l’intention de prendre une pause, et voilà que je le remarque. Un pêcheur que j’ai jamais vu en a peu près trois mois d’boulot sur cette île. Me semble que j’ai aperçu au moins de fois tous les habitants mais lui, ben j’vois pas. Dans les archives d’la caboche, ya aucun dossier sur lui. D’autant plus qu’il correspond parfaitement au profil du mec qu’on r’cherche. L’a un bandeau kaki, que’que chose qui attache ses cheveux, une cigarette en bouche et des lunettes de soleil. ‘videmment, j’suis tout seul. J’vais quand même histoire de discuter avec le boubre, convaincu que j’tiens l’bon. Boule au ventre.

      Z’êtes plus en période de pêche, dites ?

      Mmmh…et vous êtes ?

      Caporal Jeliev. Bizarre qu’vous ayez pas entendu parler d’moi. J’ai attrapé l’pyromane.

      Ah c’est vous ! Si, si. Bravo et merci. Quel soulagement !

      Héhé, merci. Nous manque encore deux personnes en réalité. Sinon alors, z’êtes en période de pêche ?

      Il dit non de la tête. Question piège. Ça y est, j’le tiens. Déjà, il a pas lâché un mot pour répondre et puis, deux lieues plus loin les canots n’sont pas là parce qu’il est 11h, l’heure d’la pêche. Puis en plus, on est samedi et tout l’monde a mangé du poisson frais hier. J’sens ben qu’il s’doute de que’que chose et j’le suis jusqu’à la cabane où il se refuge, tranquillement.

      Un lieu sombre, chaud, presque étouffant où il n’y a… pas de matériel de pêche. Qu’est-ce que …

      SLASH. Je vois que dalle mais j’sens que j’viens d’éviter sans le vouloir une lame. J’cherche la lumière et m’propulse jusqu’à la porte. J’tombe sur l’cul mais j’peux enfin voir le fameux « sabreur », il a enlevé son bandana ridicule. De longs cheveux noirs, un regard terrifiant, des bandages qui n’rassurait en rien et enfin, ce sabre plus large qu’la moyenne… J’distingue aussi des cicatrices assez étranges sur son bout d’poitrine visible, des espèces de griffures.

      Pfeuh. J’suis dans la merde. Le seul mec qu’arrive à s’battre contre un bretteur avec ses poings et d’gagner s’appelait Luffy. Et il est mort. Et parait qu’l’avait des pouvoirs. Moi, j’ai pas d’pouvoir, même pas celui d’appeler des renforts. J’suis seul mais j’peux pas reculer. Ce serait tourné mon dos à la Marine, à la Justice et à tout le monde.

      J’mets la garde et r’garde chacun d’ses mouvements. Il enfonce sa lame sur le sol et réajuste sa tignasse.

      Tout à l’heure, il me semble que vous ayez dit qu’il vous manquait encore deux personnes. Haha, mon bon monsieur, au risque de vous corriger, j’en vaux, disons… une quinzaine. Et lui, une centaine. Quant à Fire, qui s’est fait attraper d’une manière forte stupide n’en valait que cinq et il me semble que vous êtes cinq dans votre équipe ! Oui c’est ça. Cinq.

      Tout ce que j’retiens d’son discours de péteux, c’est qu’il sait pas compter. J’charge brutalement mon poing droit, le classique en direction d’sa face. Comme on peut s’y attendre il m’repousse encore plus violemment avec sa lame. Parlons d’sa lame. Elle fait en largeur, la taille d’un visage mais est fine comme un cheveu, pour l’instant, j’ai pas gouté à ses capacités mais au vu des dégâts qu’elle a causé j’peux dire qu’j’ai pas envie d’me la prendre ni sur les jambes, ni sur les bras alors instinctivement après une offensive raté, j’recule. Il avance. J’recule. Il avance. J’bouge plus. L’bretteur brandit son sabre en hauteur et comme j’peux m’y attendre, m’envoie un gros coup d’vent. J’évite et la masse tombe sur l’sol complètement craquelé par tant d’puissance. Putain, ça fout la tremblote d’imaginer deux s’condes qu’j’aurai pu être à la place d’l’estrade. J’ai les gouttes sur l’front et lui est étrangement calme. D’un calme troublant… Comme les eaux de Calm Belt. Un silence et une expression vide de sentiments. Je me sens comme un bateau parcourant ces eaux.

      Quelle est le point faible de Calm Belt ?

      Faire venir contre son gré le courant… Le vent. Je vais le faire réagir et dessiner quelques expressions sur son visage.
      Je m’élance donc de la même manière que son ex-partenaire, Fire, en gesticulant partout, de gauche à droite et vice-versa. En même temps j’essaie de lui asséner des kilos d’bidoches mais je rate souvent à cause de la vitesse dont je ne suis pas habitué. L’objectif est de troubler les eaux en les chatouillant.

      Son visage commence à être légèrement irrité par tant de mouvements, il perd son calme et reprend son épée en main. Il la bloque, son bras contre ses côtes et court en ma direction. J’m’accroupis et comme un gamin lui fait un mini croche-guiboles.
        « J’ai moins de passions qu’avant car j’suis moins heureux. Quand j’étais heureux, les malheurs du monde m’bouleversaient. Maintenant, j’m’interroge moins sur la misère des autres. »

        J’me suis vautré évidemment sur lui sans attendre, le désarmant directement et l’daublant d’coups dans la tête pour qu’il m’dise au revoir 2-3 minutes. L’a l’visage en sang, mes poings l’sont aussi. J’le bloque par terre ‘vec mon pied et envoie un feu de détresse. Une sorte de fusée qui répond du rouge dans l’air, c’est pratique quand on est pas cap’taine d’une équipe de tarlouzes.

        C’est sacrément bizarre c’sentiment de devoir quelque chose aux autres… de pas vouloir qu’il leur arrive que’que chose. J’pense que j’pense être comme eux en un peu plus torturé. Les crimes et la violence gratuite m’écœure, voilà pourquoi je suis un servant d’la marine et qu’je le resterais. Les gens comme ce sabreur n’ont rien d’autres à faire que d’obscurcir les vies de pauvres habitants normaux qui n’demandent qu’à rester dans leur vie banal. Ces gens-là par conséquent mérite de finir leur vie derrière les barreaux. Et j’n’changerais pas mon avis là-dessus. Croix d’bois, croix d’fer, si j’mens j’vais en enfer.

        L’épéiste se marre d’puis cinq minutes peu-près, j’ai mon pied sur son torse et son épée chelou à la main. Il marmonne choses et autres, j’m’en fous mais ça fait un peu chier ses p’tits ricanements. Me d’mande plutôt où s’trouve ma bande de tocards. Quelque fois, j’le botte un peu avec mon talon, histoire qu’il s’taise et en guise de mini-vengeance aux familles qu’ont perdu leur toits. Rien à faire, il murmure que l’boss a tout prévu, qu’on est en danger. J’le crois. Je l’sais. J’entame quand même une discussion avec l’criminel et apprend qu’ils s’font connaitre sous l’nom d’G.O.D parce que l’patron s’identifie à Dieu lui-même.

        Ah. Un bon taré s’est échappé d’ma bouche. Il m’rappelle les tyrans qui foutent rien et qu’amassent la thune grâce à leurs sbires qu’ils ont endoctrinés au préalable. Un tyran sans sbire, c’est comme un riffle sans balles, ça sert à rien sauf à faire joli. Robin des bois, porte de l’enfer, si j’mens j’vais en enfer.

        J’m’ennuie, j’rêvasse un peu, j’peux pas l’transporter moi-même par mesure d’sécurité et puis, j’le sens pas. J’fais confiance à mon radar, c’mon nouveau pote de galère. J’me vois pas faire ça toute ma vie. Poursuivre des connards et les foutre en prison. J’vais pas faire ça toute ma vie… A cotoyer le peuple, on devient le peuple disait un vieux renard. Alors à force d’être avec les moins que rien… C’que j’me dis. Peut-être que j’finirais comme eux, que j’serais la mauvaise herbe de c’monde. Mais avant j’veux prendre du galon pour pas avoir l’impression qu’j’ai rien fait d’ma vie. J’aime la Justice et l’Ordre. Les valeurs de la Marine. Se battre pour la sécurité de ceux qu’ont en besoin, c’est essentiel. Gueule de bois, chemin d’fer, si j’mens j’vais en enfer.

        Enfin les débiles s’ramènent, sans Harry, z’arrivent en courant en m’demandant si j’suis au courant d’c’qui se passe. Qu’est-ce qui se passe ? Un mec aux cheveux argentés a pécho Harry sur la grande place. Merde, c’est l’patron. Le bretteur est prit d’un fou rire immense. J’lui fous un coup d’pied assez fort dans la joue pour qu’il est perdu au moins deux dents. J’confis le sabre à un d’ces cons et leur donne pour ordre d’lui faire l’escorte jusqu’à la boite noire où il créchera pendant un bout d’temps. Jambe de bois, paille de fer, si j’mens j’vais en enfer.

        Ce mec s’est jamais montré et comme première fois, il choisit les projecteurs du jour. J’vais m’le faire et sauver mon aminche. Cheval de bois, rideaux de fer, si j’mens j’vais en enfer.


          Qu’est-ce que j’vois… Est-ce que j’vois bien… God, c’est lui ? Un grand mec aux cheveux blancs qui s’balade torse nu en chantant ‘vec des tatouages bizarres qui veulent rien dire sur les hanches et le bras droit. J’palis. Il a un couteau de cuisine. Harry est assit sur une chaise les yeux bandés, les mains et les jambes attachés. Ses poignets deviennent rouges à mesure que God finit une petite comptine… God. C’est comme ça qu’il veut qu’on l’appelle, c’est ce qu’il croit être, l’Dieu. Il a remarqué ma présence apparemment puisqu’il m’fixe la lame du couteau sur la langue. Il s’tient d’une manière assez loufoque, le corps bien droit mais les épaules et la tête légèrement en arrière. L’bougre s’écrit alors qu’il connait la vérité sur c’monde, qu’il sait tout.

          Les hommes n’sont que violence, et j’en fais parti même si je crois défendre une cause juste, je ne suis qu’un abruti de mouton pour qui le fil que les trois sorcières tissent se coupera un jour, p’t’être aujourd’hui. La vie, bonne copine de la mort me fait les yeux doux mais par derrière elle me mord, elle m’amadoue avec ses rêves et ses récits qu’elle me raconte dans la nuit. J’me vois péchon alors. J’voulais être un marine pour sauver les gens… Mais en fait, j’voulais m’sauver moi-même. L’a p’t’être raison God…

          Elle, elle en dit en tout cas qu’elle aime pas les humains
          Pourtant elle a mis l’bon Dieu, juste au-dessus d’son paddock
          Elle y croit si tu veux, mais c’est pas réciproque.


          L’cheveu argent a finit d’faire l’tour d’la chaise. Il enfonce la pointe de son couteau dans la peau de mon camarade souffrant l’martyr, souffrant d’perdre du sang pendant qu’je déraille à osé penser qu’il peut avoir raison. Pitoyable. J’me secoue la tête et fonce vers lui, sans armes et sans cerveau. J’décoche un poing qu’a pour but d’toucher son visage, il évite sans grand mal. J’retente et réitère l’action précédente. J’le touche pas. Lui par contre d’son coude m’met à terre assez facilement. Comme pour montrer sa suprématie il pose son pied sur mon torse d’manière à c’que j’puisse pas m’lever.

          Et si moi je suis barge,
          Ce n’est que de tes yeux
          Car ils ont l’avantage d’être deux.


          J’sens qu’son pied s’enfoncer dans mes côtes. J’suffoque et étouffe d’douleur, j’suis bientôt à court d’air. Au moment où j’sens qu’ma tête va exploser, il réduit la pression d’son pied et m’regarde d’un air qu’il n’a jamais prit auparavant. L’air d’une personne malsaine. J’remarque qu’il tient son couteau par le manche avec deux doigts très légèrement c’qui fait qu’il s’balance. Avant qu’j’ai pu dire « ouf » il le lâche sans sourciller. Avec beaucoup d’chance j’ai pu prévoir l’coup et décaler ma tête.

          J’entreprends alors d’lui attraper l’mollet avec mes deux bras et le bouscule vers la droite avec toute la force qu’il m’reste. Il m’entraine dans sa chute en prenant soin d’me foutre une d’ses grôles dans la gueule. J’reprends du poil de la bête en m’relevant.

          Oh.

          J’explique l’étonnement. J’me suis retourné vite fait pour voir comment allait Harry, action faite j’ai r’dirigé mes châsses sur God. Les civils s’en chargeaient et pas comme des débutants. L’gus a fini ligoté et torturé à coups d’balai. J’profite d’l’occasion pour aller détacher Harry qu’a perdu beaucoup d’sang. Comme il a pas l’air d’vouloir réagir, j’lui tapote gentiment l’épaule, une fois, cinq fois, vingt fois puis lui envoie franchement une mandale pour qu’il s’réveille. J’veux bien être gentil mais pas tout l’temps.

          SLASH.
          Cris.

          J’me r’tourne. Le mec à la grande épée a God à côté d’lui. Ils rigolent tous les deux. Mon dieu, c’t’un cauchemar dites moi… Pourquoi l’a fallu que j’tombe sur des chtarbés ? D’un coup, le cheveu argenté s’élance sur moi, m’couche à terre avec un pied et mime d’me courir sur le thorax à coups d’vingt pas en dix secondes. J’crache du sang… mon visage s’transforme en véritable mare. Il r’commence à peu près la même chose sauf que c’est avec ses poings et sur la bobine. Il m’fout une giboulée d’torgnole. J’sens mon heure venir. Elle vient, elle vient. Mais pour mieux faire, il finit par m’sauter dessus avec les deux talons. Ma tête s’lève ‘cause de l’impact. Mais j’meurs pas. Pourquoi j’meurs pas.

          « C’était la première fois qu’j’recevais autant d’coups. Puis à l’époque, j’étais une tapette faible. »

          J’ai les yeux semi-ouverts, que faire, j’ai plus la force de rien. J’ai l’impression qu’ça fait 100 ans qu’j’suis là. Ma tête bascule toute seule vers la droite puis j’aperçois Harry et les habitants entrain d’se battre contre celui aux cheveux longs. Où est God ? J’le cherche partout d’l’œil et là, j’regarde à mes pieds. Il est assit tranquillement entrain de regarder l’spectacle. Puis il tourne la tête vers moi.

          Hey Monsieur le Caporal Jeliev ! Comment va ? On s’repose ? Tenez, r’gardez l’spectacle. C’est absolument fantastique ! Fabuleux ! J’me d’mande qui va gagner. Ginz ou les habitants ? Le Juste ou les innocents ? HAHAHA ! N’empêche Monsieur le Caporal Jeliev, vous m’avez quand même enlevé mon blondinet préféré et ça, c’est pas sympa. J’me demande si par vengeance, je devrais raser ce village. Qu’est-ce vous en pensez, hein ? Caporal Jeliev ?

          Faut qu’tu t’lèves, vieille branche. Faut qu’tu t’lèves et qu’tu foutes une branlée à ces mecs… Haha. Non j’peux rien faire mais, il me vient une idée : j’ai toujours été bon aux fléchettes. Alors, au lieu d’ignorer ce gentil God, j’vais lui faire la conversation et pendant ce temps, j’en profiterais pour prendre le couteau qu’a faillit m’percer la caboche tout à l’heure.

          J’paris ma piécette sur les innocents.

          Allez, j’me lance. Ma main glisse sur le bois jusqu’à être à 2centimètres du but. Pour pas qu’il se méfie, j’remets mon bras en place et m’avance d’un peu plus. J’retente.

          Très bon choix, très bon choix ! Mais vous savez, il faut plutôt privilégié qualité à quantité !

          Bingo. J’ai l’couteau. Maintenant… J’ajuste mon champ d’mire, faut pas qu’ça rate sinon ma phrase de fin va perdre tout son sens et j’aurai l’air d’un con. J’repère le dos de « Ginz », comme ça qu’il s’appelle apparemment.

          C’est ce que j’ai fait. J’vous rappelle que… je fais parti des innocents.

          Lancé d’la lame avec un mouvement d’l’épaule avantagée qu’j’ai appris d’un marine en r’traite. Pich. Dans l’cou du sabreur, il s’écroule automatiquement, les habitants qui tiennent debout s’jettent sur lui. Quand à Harry, il a flairé l’truc et tourne sa tête vers nous. En parlant d’tête ? La mienne s’est faite littéralement explosé par God. J’vois Harry qui fonce vers lui avec la grosse épée d’Ginz.

          God s’est enfuit. Ginz a été livré. Kiril a deux côtes cassées.

          « V’là. »