J'ferme la porte derrière moi pour aller arpenter l'pavé d'Dead End. Par la même, j'enterre le secret. Dans la cave qu'j'abandonne, trois encapuchonnés s'tirent de leur coté, par les égouts. Linus, Noah et Alex qu'ils s'appellent. Les généraux d'l'ombre, ceux qui combattent sur les flancs. Après quelques jours de séparations, y m'ont bavés les nouvelles. Elles sont bonnes. Alex et Noah sont au top. Y rossent les p'tits caïds du coin, à raison d'un par jour. Vrai, mes deux compères sortent un peu du canvas qu'j'leur ai imposé. Y s'attaquent à tout, pas qu'aux clans. Mais j'suis qui pour entraver leur créativité. L'esprit d'initiative, j'l'encourage. Puis ça fout un bordel monstre, tout l'monde est à cran. On parle de tueurs fous, d'animaux sauvages, haha. Linus aussi à bien bossé. Les p'tites mains d'l'équipage sont maintenant infiltrées un peu partout. Du hall de combat aux gardes des portes, en passant par les serveurs des plus grosses tavernes, tous sont à disposition. Quant au bateau, il est bien planqué, prêt à réparation. Tout se met en place donc. ... Et pourtant, à mesure que j'avance dans ces rues, j'me dis qu'on a pas assez. Pas assez de gens, pas assez de force de frappe. Y m'en faut plus, beaucoup plus.
Pour palier à ça, j'ai quelques idées. Une en particulier. C'est pour ça qu'prend la direction du port. Aux abords des eaux et des embruns, on trouve un matériel précieux. Sous-estimé, mais précieux. Un matériel que j'aurai pas d'peine à utiliser, parce qu'il est fait du même bois que moi. Je pense à tous les zonards, les paumés, ceux qui même sur Dead End n'ont pas trouvé leur place, n'ont pas pu r'joindre les rangs. Ce genre de dingue, sont comme moi, mais sans le talent, et je les attire comme un merde attire les mouches. Après, je passerai le voir, l'autre. Après.
J'arrive dans l'coin, et déjà, j'bifurque. Direction les vieilles allées, celles qui puent, qui tuent. J'y engage le pas, confiant d'y trouver qui j'veux y voir. Plus j'avance, et plus les baraques sont pourries. A Dead End, c'est pas peu dire. En plus, aujourd'hui, il pleut. Les pavés glissent. Raison probablement suffisante pour qu'Anthrax daigne rester sur mon épaule, comme un bon toutou. Et c'est la seul âme qui pointe, dans le coin. J'ai beau m'enfoncer, tout est vide. Pas un pey. Parfois, j'en mire un, en bout d'rue, qu'mendie. Mais dès que ses globuleux pointent ma gueule, le gus disparait aussi sec. Les désagréments d'la célébrité, faut croire. Et pourtant, j'sens des r'gards. Ca fait un moment déjà, qu'j'les capte, ces mires qui m'épient l'arrière train. J'continue pourtant mon ch'min, et m'enfonce, à raison, dans un cul-d'sac, une dead end comme on dit. Arrivé face au mur, j'me r'tourne, clame haut et fort.
Montrez-vous, et j'vous crèverai pas.
Silence. Vide. Puis. Une, deux, douze, vingt silhouettes sortent de nulle part. Elles sont armées de chaines et de bars à mine, mode fracasse à la construction. Parmi toutes ces sales gueules, juvéniles, une plus marquée s'illustre. L'chef de bande, tu le sers rapide. Indéniablement. L'est dur à esquiver, sa fonction est écrite sur sa gueule. C'lui-ci fait pas exception. Plus grand, plus vieux, plus armé aussi. Pourtant il hésite.
J'suis sur vot'territoire.
Il le sait, mais il hésite toujours. C'est simple de base. Tu défends tes intérêts, et tes intérêts, c'est ton quartier. Si quelqu'un y fout les pieds en touriste, y raque, ou tu l'craques. Mais voila, aujourd'hui, quelqu'un c'est moi, ça change la donne.
Vous êtes qui?
Les gars d'ici.
Malgré l'impasse, il a bavé ça l'air sur de lui. Le gus est conscient de ses attributions.
Alors dis moi, les gars d'ici, y veulent se faire du fric?
Ça dépend c'qu'on leur propose.
[/b] Je propose rien tant que j'ai pas l'cul bien installé, mec.
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La baraque qui m'accueille est plutôt big. Sale, vieille, mais masta. Difficile de croire qu'un puant ai fait construire ce truc. Faut croire qu'avant d'être c'qu'elle est, Dead End était autre chose. Héhé, le passé. Ca m'fait penser à Tahar tiens. Le cul sur une chaise, je mire les tronches des gus autours. Tous un peu nerveux, tous un peu sale, tous de bonne conditions. Une vingtaine de gosses sous la houlette d'un moins gosse, qu'ont rien à envier aux plus âpres des pirates. Formés par la rue, calibrés par l'environnement, c't'une belle bande de casseurs qui m'entoure. Leur boss, grand blondinet à la tronche qu'en a vue, sort une bouteille genre bonne came, m'sert un boq. J'le mire.
T'as peur?
Un peu.
[/b] C'est bien. Ça prouve que t'es pas un con. T'sais qui j'suis donc.
L'acquiesce.
Parfait. On peut parler alors. J'veux qu'tu m'baves c'que tu fais, c'que tu peux faire, et c'que tu veux. Puis ton nom aussi.
C'faisant, j'pose un gros billet sur la table. Vingt mille. On est entre gens de bien.
Dernière édition par Jack Sans Honneur le Mer 6 Mar 2013 - 13:23, édité 1 fois