Ma bouche s’ouvre en grand et mes yeux pleurent, c’est la fin d’soirée. Fatigué, un peu, j’ai usé d’mes poings, comme d’hab. J’suis devenu champion y a peu, pas compris pourquoi. J’crois bien qu’le Scott m’a expliqué mais j’ai oublié puis j’en ai rien à foutre, en fait. Les gens du clan qu’j’ai apparemment rejoint m’ont dit qu’j’avais juste à m’faire des mecs quand ils m’diraient. Bof, ça allait pas changer mon quotidien, c’est c’que j’fais la plupart du temps. Mais j’sais pas pourquoi j’les sentais pas eux, p’t’être parce que l’type qui m’a dit ça a une tête de pigeon… Au sens propre. Connerie d’fruit du diable. C’que vous savez pas, c’est qu’ce même porteur de fruit m’a donné une mission, ouais. Pour demain matin, bon. Il m’a dit un truc du genre :
Bien, monsieur Jeliev ? Oui ? Heum… Heureux de vous avoir parmi nous et heum… désolé de vous donner du travail à faire si tôt mais vous semblez productif.
Accouche, j’dois pisser.
J’ai ouïe dire que quelques gentilshommes, je n’en doute pas, au service du clan Python se battaient très tôt le matin contre des habitués de bars ou d’auberges et leur extirpaient ce qu’ils avaient…
Et ? V’faites pas ça vous ?
Heum. Bien sûr que si, mais si les autres le font à notre place il est évident qu’on ne peut pas le faire.
J’me tâte à rentrer, l’est qu’la vingt et trois heures mais bon vu l’auberge d’gros matons où j’loge, ce serait problème que d’me pointer dans une ou deux heures. Puis j’vais avoir du boulot l’matin apparemment. Donc j’y vais. J’observe un peuple calme et détendu quand l’soleil a disparu. Fin, ici, en tout cas. J’suis dans la grande allée qui mène à tout. Contrairement à c’que j’ai vu sur d’autres îles, y a moins d’dingues à cette heure là, faut attendre la vraie nuit noire pour qu’les loups-garous s’réveillent… J’en suis témoin, ça fait longtemps qu’on m’a envoyé ici quand même. D’ailleurs j’regrette pas d’avoir atterri là. Merci maman, merci papa.
Y a quand même dans l’lot, que’que chose qui sent l’pas bon. Un groupe d’grands mecs que j’ai jamais vu trainé vingt mètres avant l’auberge. C’est p’t’être eux. Cela dit j’suis pas d’humeur pour les ennuies et j’suis sûr de rien mais j’les châsse du coin d’l’œil, les mains dans les poches et la marche lente pour pas attirer les soupçons.
L’cosne est toujours très calme, j’rentre sur la pointe des pieds et fonce m’écrouler dans ma chambre au rez-de-chaussée. M’a fallu apercevoir l’lit pour comprendre qu’j’suis en fait réellement épuisé. J’me dévêtis d’tout c’qui pourrait gêner mon sommeil puis tombe sous la couette chaude. Mes paupières lourdes décident alors de s’fermer en douceur. J’entends plus rien. J’me sens libre.
J’rêve d’une vie paisible avec des gosses débiles et chiants qui pisseraient au lit. Une p’tite fille en jupe rose avec des points blancs avec le caractère d’la mater’ et l’autre un peu garçonne qui frapperait ceux qu’oseraient la faire chier comme son papa. Un garçon avec des grosses joues toujours dans les pâtes de sa mère et beaucoup plus pleurnichards qu’ses sœurs… Sa mère ce serait…
Rah putain c’est quoi ce bordel ? J’sors d’un coup d’mon sommeil à cause de cris et d’bruits. Qu’est-ce qui s’putain d’passait dehors nom d’une gnôle vieille d’cent ans ? Pas la peine d’voir que’que chose d’ma fenêtre, ma chambre est à l’opposé d’où vient l’vacarme. Puis j’faisais un rêve… Un capharnaüm de faux souvenirs où il est bien difficile d’se retrouver… Rah, à force d’rêver d’une autre vie, j’finirais par tellement détester la mienne que j’deviendrais quelqu’un d’méchant. Et j’aimerais bien qu’on m’dise que j’suis un bon gars, parce que c’est vrai.
J’enfile mon veston avec ma topette et Lana d’dans pour voir c’qui s’passe au dehors, on n’est jamais trop prudent.
Effectivement, c’est les mêmes gaillards qu’j’ai aperçu t’à l’heure. En plus ‘sont entrain d’se battre contre d’autres qu’j’connais. C’est eux les « gentilshommesj’n’endoutepas » J’me mêle jamais d’ce qui m’regarde pas mais là faut dire qu’j’essayais d’dormir et l’est la sans heure. Moi j’devais m’les faire au p’tit matin. J’me dis qu’tant pis pour mon sommeil, vraiment pas envie ce soir d’me foutre dans une baston quand que’que chose vient m’titiller les yeux. Une arme qu’un mec a sortit en même temps qu’sa chaîne. Une arme qu’a fait gicler l’sang du cou d’un autre type. Du même genre qu’Lana, j’ai l’impression, la lame scintille et j’ai l’impression d’voir une mini-hache… Mais c’est sûrement mon imagination. J’baisse les yeux.
Eh tu fais quoi là, à nous r’garder le punk ?
J’remonte la tête. J’regarde derrière moi, à côté. Le punk qu’il a dit ? Haha, c’t’amusant comme j’ai jamais aimé qu’on m’appelle comme ça. Quoi ? Elle est pas cool ma coupe de cheveux ? J’m’avance un peu, tend l’oreille et ma main à côté d’celle-ci qui montre qu’j’aimerais bien qu’il répète.
Ouais toi l’punk ? T’veux p’t’être gouter à mes poings ?
Et piapiapia, les belles paroles. J’me remets correctement avec les mains dans les poches d’ma redingue. J’avance, tranquillement. Sont trois contre deux vu que l’gars d’l’autre bande s’est prit un beau coup de « hache » tout à l’heure. C’lui qui s’plastronne aussi s’avance. C’est lui qu’a tué l’autre bougre donc j’reste sur mes gardes en observant c’t’arme qui m’dévore des yeux. Une fois qu’y a deux mètres entre lui et moi, là, surprise :
J’sors ma belle d’la poche où est ma main gauche et lui fout un coup d’sa lame dans sa pomme d’Adam, j’la laisse loger là et réutilise ma gauche pour lui foutre une beigne dans sa joue bien qu’le jet d’sang devrait suffir à l’tuer. C’est là qu’j’me la suis prit, par un dernier geste d’la part d’mon opposant, comme une légère griffure sur l’ventre. J’ai eu à peine le temps d’esquiver donc elle m’a effleuré. Avant qu’il ne tombe j’le tiens par l’avant bras et récupère l’bijou. Magnifique, vraiment. Une vraie hache, en quelque sorte avec une lame flamboyante et par pur coïncidence la poignée n’est autre qu’un poing américain. Comme si on m’l’a envoyé. J’prends la chaine qui va avec aussi et la met autour d’mon cou. J’me baisse, sans sortir ma main droite d’ma poche, pour prendre ma Lana. Une pomme d’Adam trouée, c’est dégueulasse, avis aux amateurs.
Reste quand même ses potes, j’soupire. Evidemment après m’être fait fracassé par l’Scott, j’me sens un peu plus fort donc j’me donne le droit d’frimer et d’refuser d’faire quelques combats. Donc j’tourne le pas et marche en direction d’l’auberge. J’entends des pas courant cherchant à v’nir à ma rencontre. J’me retourne brusquement vers la gauche pour intensifier mon poing droit qu’j’balance au gus qui s’trouve là. Ça à l’mérite de l’allonger mais j’me prends vite fait un kilo d’bidoche par l’deuxième gars… Et un coup qu’j’reconnais. Un poing métallique… L’mec m’a vraiment frappé avec un poing américain, mais comment s’faisait-il que j’l’ai pas vu. J’écarquille les châsses et distingue très clairement un cout…
J’me fous deux mètres plus loin pour éviter l’coup d’couteau qu’il m’a envoyé. Merde, il a un os d’mouton mais cette fois-ci y a une putain d’lame de couteau d’guerre de 20 centimètres ! Il m’le fallait aussi, quitte à avoir la collection des armes-combinés les plus loufoques d’la planète, il m’le fallait. J’ressors Lana et tourne un peu autour du mec sans m’douter qu’l’autre à qui j’ai foutu une simple beigne s’trouve maintenant derrière moi et m’attrape les deux bras.
Jsuis bloqué, c’est ce qu’il doit penser mais non. Comme j’le dis souvent, si tu peux pas utiliser tes bras, sers toi d’ta tête et j’lui fous l’arrière d’mon crane dans l’nez. Après coup, j’utilise mon coude pour l’foutre dans son estomac puis termine avec un uppercut sur l’menton version pique de Lana. J’m’attarde pas sur son corps et m’concentre sur l’autre rigolo qu’est bien proche de moi. D’puis t’à l’heure il utilise le couteau sans trop quoi faire. Ses coups sont pas précis et j’peux facilement les esquiver. Bien. J’déclare cet adversaire trop faible alors… Bim, coup dans les couilles, suivit évidemment par une lame de Lana dans la tête. End.
Pour finir mes achats crédités, j’lui enlève son couteau des mains et l’fout entre ma chaussette et ma botte.
Rah.
J’ai quand même buté trois types mais y en a quatre qui sont morts en réalité puis j’ai trois armes sur moi qui justifie les blessures qu’ils ont tous. De plus les deux autres qui restaient ont fuit comme des lâches après m’avoir vu. J’pense pas qu’ils iront m’balancer vu qu’ils étaient d’dans aussi. N’empêche j’bouge de là sans courir mais avec le pas pressé.
Le gnon passe partout mais surtout dans ton front…
Matin.
Ben, en fait, comme j'suis pas un mendiant et qu'j'ai des couilles. J'suis allé m'coucher sous la couette d'mon lit chez l'Perroquet Bourré. Par malheur, on m'a entendu et la grognasse m'a incendié mais bon, pas grave. Y a pas eu un bruit pendant la nuit. J'ai espéré reprendre mon rêve mais il n'en est rien. J'suis allé voir l'autre pigeon, histoire qu'on discute fric.
Bon maintenant qu'j'ai fait ça et ci là bas et ici, j'voudrais l'fric tout de suite, ici, sur la table, maintenant.
C'est à dire que heum, monsieur Jeliev : vous n'avez pas encore terminé.
C'est à dire que HEUM vous vous foutez d'ma gueule HEUM ?
Non pas du tout, loin de là sont mes intentions. Heum. Mais sauf votre respect il vous faudra aussi passer quelques rues avant l'Hibou de Nuit, parait-il qu'ils y sont en plus grand nombre. Après ça, vous aurez le droit à une jolie bourse de 200 000berrys.
Heureusement qu'c'est pas un boulot d'merde où j'dois taper des p'tites filles et qu'j'gagne des thunes, sinon ça fait bien longtemps qu'l'aurait reçu ma châtaigne celui là. Il fonctionne au "parait-il" ce mec, mais il s'trompe rarement. J'soupçonne quelques espions, fin bon. L'Hibou de Nuit, hein. C'est pas un rade qui m'plait mais j'y suis allé une fois pendant qu'j'construisais c'bateau... N'empêche, comme ça m'fait chier d'y remettre les pieds et d'me battre parce qu'un oiseau m'la demandé gentiment, j'irais plus tard. Quand j'aurais envie. Ah mais, j'risque d'oublier. Ben, pas grave.
Un soir dans la semaine.
Bouloublouuuuuu. Qu'est-ce que j'me suis foutu comme poivrade héhéhé. AUX ARMES CITOYENS. L'heure est venu de faire la guerre ! La guerre contre les révolutionnaires ! Gloire aux gouvernement. Z'êtes pas d'accord mes loulous ? Fermez vos goulots ou j'vous déforme la bobine ! T'as compris l'rouquin ? T'as compris l'géant ? Et toi la p'tite pleurnicharde là bas ? Montrez moi que vous avez des couilles ! Ne vous soumettez pas à la tentation et délivrez vous de vos maux ! Bon mes amis, ce soir, monsieur Pigeon nous a confié une mission. Nous y allons, en masse, détruire ces saletés de Pythons. Pigeon contre Python ! Nous sommes du côté de l'oiseau. Allons, allons. Marchons. Jusqu'à l'Hibou ! Oh mais mon Dieu, ce sont des cousins éloignés, non ? Il voudrait donc se venger du Hibou-ou-ou. Je vois. Les ordres de l'oiseau divin ne se refusent pas !
Oh mais dis donc, voyez vous ça. Il y a quelques mecs par ci par là avec une gueule qui m'reviennent pas. Je sais ! Ce sont des têtes d'hiboux. C'est donc ça... Le diable d'Hibou ! Chargezzzz Lana et Ken ! FEU. Ken, c'est la mini hache que j'ai volé auparavant. Je m'approche des gars du python, enfin, je sais même pas qui ils sont mais c'qui est sûr c'est qu'ces des gens du Hibou... Z'ont la tête. Alors j'emborgne avec Lana, je swift avec Ken, jusqu'à faire trois victimes en moins de dix secondes. Y en a encore tout plein dont deux qui s'enfuient, surement en direction du rade. Je m'en fous, moi ! J'attaque comme si je daublais avec ma hache, ben à la fin, ça fait pas une forme de poing sur l'visage mais un trait ensanglanté sur la joue. Je dauble sans m'arrêter : tiens celle là, c'est d'là part du rouquin, et cette grosse là, du géant puis ce p'tit jab de la pleurnicharde.
Voilà. Sont tous par terre les hiboux. La guerre des oiseaux n'fait que commencer. Mais les pigeons sont vainqueur pour cette bataille ! Héhé, les souvenirs sont dans la caboche, les souvenirs ou après une baston, j'chante souvent cette scie.
Beigne dans ta gueule et tu baignes dans ton sang...
Dernière édition par Kiril Jeliev le Ven 15 Mar 2013 - 19:45, édité 1 fois