L’odeur sucrée et chaude des pâtisseries envahissaient les narines des passants. Quel bonheur, que celui de ne pas avoir à renifler les effluves de poissons pourri et d’ordure qui hantent les rues sales des docks et des bas quartiers de Goa ! Ici, tout n’était que couleurs harmonieuses, trottoirs étincelants et conversations charmantes. Les enfants riaient en courant en tous sens, visages illuminés de sourires lacunaires ; les femmes éblouissantes, engoncées dans des robes criardes, surveillant ce spectacle charmant de leurs yeux amusés. De ci de là, un homme endimanché passait, plongé dans son journal, ou tirant sur une pipe aux senteurs amères et entêtantes. Un spectacle gai et bucolique que celui d’un quartier résidentiel ensoleillé ; la plupart des résidents de cet endroit n’avait cure, voire ignorait, qu’à quelques centaines de mètres de là, une femme mendiait à même le pavé pour une miche de pain qu’elle pourrait donner à son enfant de 7 ans, qu’un employé des entrepôts était viré pour avoir manqué une journée de travail en soignant sa mère malade, ou encore qu’un autre se faisait poignarder dans une ruelle pour une poignée de berrys.
Parmi toutes les demeures luxueuses du quartier, il en était une qui se démarquait par on originalité et son exubérance. Passé un portail en acier bleu et aux motifs floraux, un petit jardin boisé s’offrait à la vue du visiteur. Orchidées de toutes les îles des quatre mers, et même, selon le vieux jardinier qui taille les haies toutes les semaines le jeudi de 6h30 à 11h, de Grand Line, effigies et statues en marbre, ébène et autres roches précieuses… Un étalage de richesse somptueux, mais qui évoquait plutôt ici un mauvais gout certain, en raison de l’organisation chaotique des décorations et des différentes plantes et arbustes. Un petit sentier tortueux traversait ce bazar fleuri et menait à la demeure en elle-même. Le bâtiment se divisait en une partie centrale et deux ailes, à gauche et à droite. Les murs extérieurs étaient peints de différentes couleurs éclatantes : du vert pomme pour l’aile est et un rouge cerise pour l’aile ouest, tandis que la partie principale de la villa brillait de bleu azur. L’architecture en elle-même était atypique : la maison n’avait pas d’arrêtes carrées, et de légères courbes internes et externes donnaient un style déformé à l’ensemble. Des fresques et des bas-reliefs en or et en argent purs couraient sur les murs, entourant les fenêtres et zigzagant dans un ballet grotesque.
Le propriétaire de cette insulte au bon goût et à la sobriété se nommait Achilles Von Monnatery. Le bonhomme avait hérité à 18 ans d’une fortune familiale conséquente, tirée de l’exploitation de vignes par ses deux parents sur une île paisible de North Blue. A vingt ans, il avait investi dans une usine sur Dawn Island et l’avait reconvertie en industrie pharmaceutique grâce à son argent. Il s’était rapidement fait un nom dans le métier, et bientôt, les remèdes Monnatery envahissaient le marché, avec la prétention de soigner maux de gorge, de tête, de ventre et douleurs vénériennes. L’efficacité relative bien que temporaire du médicament créa le succès de son entreprise en développant une addiction chez les consommateurs, qui pour certains continuaient de prendre quotidiennement le remède, bien après leur rétablissement, au plus grand bonheur d’Achilles et des actionnaires. Ce dernier avait également très tôt manifesté sa passion de collectionneur artistique et un certain goût pour la débauche de métaux précieux et de joyaux, et avait très vite attiré l’attention du gratin de Goa dans les réceptions mondaines.
D’ailleurs, le voilà qui sortait de son domicile, salué par un valet de pied visiblement fatigué, un journal sous le bras. Il parcourut les quelques mètres qui le séparait de la rue et se vit ouvrir le portail par deux hommes armés vêtus de gris-bleu, plantés devant l’entrée comme deux poteaux. Au moment même où il posa le pied sur le trottoir, une patrouille de la marine tournait à un croisement à sa droite et se dirigeait vers lui. Le notable tira une montre à gousset de sa poche, la regarda et sourit, visiblement satisfait. Il était petit, grassouillet, et vêtu avec la même exubérance qui caractérisait sa demeure. Un costume vert à carreaux jaunes, un haut de forme excessivement haut et lustré, une canne sertie de pierres plus précieuses les unes que les autres, des souliers à boucles d’or et une chemise à dentelles constituaient son vêtement. Ses petits yeux enfouis dans sa tête semblaient briller d’une certaine arrogance, alors qu’il titillait la paire de bacchantes qui trônait au milieu de son visage. Il marchait au pas de la patrouille qui le suivait en sifflant, et se dirigea vers le centre-ville. Il sourit à une femme en robe jaune clair devant qui il présenta ses hommages, et qui se cachait derrière son éventail pour pouffer d’un petit rire aigu quand il prit sa main gantée pour l’embrasser. Puis il salua la promeneuse en tirant son chapeau, découvrant une calvitie avancée, et continua sa route.
Lorsqu’il tourna à l’angle de la rue et que la patrouille le suivit, la damoiselle en question tourna la tête à droite, puis à gauche, et baissa l’accessoire qui dissimulait son joli minois… barbu. Les yeux verts étincelants de Nikolas Baeteman se portèrent alors sur la demeure de l’industriel, son habituel sourire affiché sur son visage. Les gardes entourant l’entrée fixaient le trottoir juste devant eux, et l’imposteur se trouvait sur leur gauche, à une vingtaine de mètres de là. Cela faisait maintenant presque une semaine qu’il observait les allées et venues du maître des lieux, les rondes des gardes et des patrouilles, et de jour en jour ses plans s’obscurcissaient. Le notable était visiblement un paranoïaque affirmé, et les moments où les entrées du bâtiment restaient libres étaient quasi-inexistants. Les gardes de la demeure profitaient des passages de patrouilles pour effectuer les relèves, et chaque soir à la tombée de la nuit, les fenêtres se voyaient condamnées par de lourds volets renforcés. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, deux gardes étaient en permanence postés devant la grille, et quatre autres de plus tournaient dans les jardins devant et derrière la villa. C’était une véritable forteresse, et Nikolas eut la confirmation définitive de ce qu’il redoutait le plus : il lui était impossible de réussir seul. Il lui fallait de l’aide, et pas n’importe laquelle. Un début d’idée commençait à germer dans son esprit, et pour les besoins de cette idée il avait besoin d’autre chose que du premier escamoteur du dimanche venu. Par chance, il savait où dénicher un associé idéal. Il quitta donc le quartier dans son habit de riche bourgeoise, et se dirigea vers un des quartiers les plus mal famés de la cité.
Une fois à destination, il repéra, adossé à un mur, une petite crapule de bas étage, vêtu d’une chemise, d’un pantalon simple et de bretelles. Il se planta devant lui de façon ostentatoire, tout en couvrant son visage, puis, une fois qu’il l’eu remarqué, s’engouffra dans une ruelle sombre et déserte. Comme il l’espérait, le voyou était sur ses talons. Deux ou trois minutes et quelques bruits étouffés plus tard, Nikolas Baeteman sortait de la ruelle, les vêtements de sa victime sur le dos. Il tira une large paire de lunettes de soleil de sa poche et les chaussa, avant de se diriger et d’entrer dans un bouge crasseux du nom de Mohawk Lawn. Ici s’enivrait et pariait la lie de l’île de Dawn et des Blues. Le tenancier mâchait une sorte de tabac à chiquer qu’il crachait régulièrement au pied du comptoir en nettoyant les verres grâce à un chiffon crasseux. Quand Nikolas entra, laissant passer un rayon de lumière diurne dans le bar sombre et enfumé, les regards se portèrent sur lui un instant, et s’en désintéressèrent presque immédiatement. Il commença à parcourir la salle du regard à la recherche du profil idéal pour son projet. Il finit par s'approcher du barman, une connaissance, et lui demanda:
-Hey l'ami. J'prendrais une pinte de blonde... et un tuyau. Je monte un coup dans un quartier huppé de la ville, et j'ai besoin de renforts. T'aurais pas ça sous le coude ?
Le barman ne répondit mot mais hocha la tête et partit en direction de la salle. En attendant une réponse, Nikolas s'installa confortablement à une table, salivant déjà à l'idée d'une bière bien fraîche et d'un partenaire viable pour son cambriolage de haute voltige.
Parmi toutes les demeures luxueuses du quartier, il en était une qui se démarquait par on originalité et son exubérance. Passé un portail en acier bleu et aux motifs floraux, un petit jardin boisé s’offrait à la vue du visiteur. Orchidées de toutes les îles des quatre mers, et même, selon le vieux jardinier qui taille les haies toutes les semaines le jeudi de 6h30 à 11h, de Grand Line, effigies et statues en marbre, ébène et autres roches précieuses… Un étalage de richesse somptueux, mais qui évoquait plutôt ici un mauvais gout certain, en raison de l’organisation chaotique des décorations et des différentes plantes et arbustes. Un petit sentier tortueux traversait ce bazar fleuri et menait à la demeure en elle-même. Le bâtiment se divisait en une partie centrale et deux ailes, à gauche et à droite. Les murs extérieurs étaient peints de différentes couleurs éclatantes : du vert pomme pour l’aile est et un rouge cerise pour l’aile ouest, tandis que la partie principale de la villa brillait de bleu azur. L’architecture en elle-même était atypique : la maison n’avait pas d’arrêtes carrées, et de légères courbes internes et externes donnaient un style déformé à l’ensemble. Des fresques et des bas-reliefs en or et en argent purs couraient sur les murs, entourant les fenêtres et zigzagant dans un ballet grotesque.
Le propriétaire de cette insulte au bon goût et à la sobriété se nommait Achilles Von Monnatery. Le bonhomme avait hérité à 18 ans d’une fortune familiale conséquente, tirée de l’exploitation de vignes par ses deux parents sur une île paisible de North Blue. A vingt ans, il avait investi dans une usine sur Dawn Island et l’avait reconvertie en industrie pharmaceutique grâce à son argent. Il s’était rapidement fait un nom dans le métier, et bientôt, les remèdes Monnatery envahissaient le marché, avec la prétention de soigner maux de gorge, de tête, de ventre et douleurs vénériennes. L’efficacité relative bien que temporaire du médicament créa le succès de son entreprise en développant une addiction chez les consommateurs, qui pour certains continuaient de prendre quotidiennement le remède, bien après leur rétablissement, au plus grand bonheur d’Achilles et des actionnaires. Ce dernier avait également très tôt manifesté sa passion de collectionneur artistique et un certain goût pour la débauche de métaux précieux et de joyaux, et avait très vite attiré l’attention du gratin de Goa dans les réceptions mondaines.
D’ailleurs, le voilà qui sortait de son domicile, salué par un valet de pied visiblement fatigué, un journal sous le bras. Il parcourut les quelques mètres qui le séparait de la rue et se vit ouvrir le portail par deux hommes armés vêtus de gris-bleu, plantés devant l’entrée comme deux poteaux. Au moment même où il posa le pied sur le trottoir, une patrouille de la marine tournait à un croisement à sa droite et se dirigeait vers lui. Le notable tira une montre à gousset de sa poche, la regarda et sourit, visiblement satisfait. Il était petit, grassouillet, et vêtu avec la même exubérance qui caractérisait sa demeure. Un costume vert à carreaux jaunes, un haut de forme excessivement haut et lustré, une canne sertie de pierres plus précieuses les unes que les autres, des souliers à boucles d’or et une chemise à dentelles constituaient son vêtement. Ses petits yeux enfouis dans sa tête semblaient briller d’une certaine arrogance, alors qu’il titillait la paire de bacchantes qui trônait au milieu de son visage. Il marchait au pas de la patrouille qui le suivait en sifflant, et se dirigea vers le centre-ville. Il sourit à une femme en robe jaune clair devant qui il présenta ses hommages, et qui se cachait derrière son éventail pour pouffer d’un petit rire aigu quand il prit sa main gantée pour l’embrasser. Puis il salua la promeneuse en tirant son chapeau, découvrant une calvitie avancée, et continua sa route.
Lorsqu’il tourna à l’angle de la rue et que la patrouille le suivit, la damoiselle en question tourna la tête à droite, puis à gauche, et baissa l’accessoire qui dissimulait son joli minois… barbu. Les yeux verts étincelants de Nikolas Baeteman se portèrent alors sur la demeure de l’industriel, son habituel sourire affiché sur son visage. Les gardes entourant l’entrée fixaient le trottoir juste devant eux, et l’imposteur se trouvait sur leur gauche, à une vingtaine de mètres de là. Cela faisait maintenant presque une semaine qu’il observait les allées et venues du maître des lieux, les rondes des gardes et des patrouilles, et de jour en jour ses plans s’obscurcissaient. Le notable était visiblement un paranoïaque affirmé, et les moments où les entrées du bâtiment restaient libres étaient quasi-inexistants. Les gardes de la demeure profitaient des passages de patrouilles pour effectuer les relèves, et chaque soir à la tombée de la nuit, les fenêtres se voyaient condamnées par de lourds volets renforcés. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, deux gardes étaient en permanence postés devant la grille, et quatre autres de plus tournaient dans les jardins devant et derrière la villa. C’était une véritable forteresse, et Nikolas eut la confirmation définitive de ce qu’il redoutait le plus : il lui était impossible de réussir seul. Il lui fallait de l’aide, et pas n’importe laquelle. Un début d’idée commençait à germer dans son esprit, et pour les besoins de cette idée il avait besoin d’autre chose que du premier escamoteur du dimanche venu. Par chance, il savait où dénicher un associé idéal. Il quitta donc le quartier dans son habit de riche bourgeoise, et se dirigea vers un des quartiers les plus mal famés de la cité.
Une fois à destination, il repéra, adossé à un mur, une petite crapule de bas étage, vêtu d’une chemise, d’un pantalon simple et de bretelles. Il se planta devant lui de façon ostentatoire, tout en couvrant son visage, puis, une fois qu’il l’eu remarqué, s’engouffra dans une ruelle sombre et déserte. Comme il l’espérait, le voyou était sur ses talons. Deux ou trois minutes et quelques bruits étouffés plus tard, Nikolas Baeteman sortait de la ruelle, les vêtements de sa victime sur le dos. Il tira une large paire de lunettes de soleil de sa poche et les chaussa, avant de se diriger et d’entrer dans un bouge crasseux du nom de Mohawk Lawn. Ici s’enivrait et pariait la lie de l’île de Dawn et des Blues. Le tenancier mâchait une sorte de tabac à chiquer qu’il crachait régulièrement au pied du comptoir en nettoyant les verres grâce à un chiffon crasseux. Quand Nikolas entra, laissant passer un rayon de lumière diurne dans le bar sombre et enfumé, les regards se portèrent sur lui un instant, et s’en désintéressèrent presque immédiatement. Il commença à parcourir la salle du regard à la recherche du profil idéal pour son projet. Il finit par s'approcher du barman, une connaissance, et lui demanda:
-Hey l'ami. J'prendrais une pinte de blonde... et un tuyau. Je monte un coup dans un quartier huppé de la ville, et j'ai besoin de renforts. T'aurais pas ça sous le coude ?
Le barman ne répondit mot mais hocha la tête et partit en direction de la salle. En attendant une réponse, Nikolas s'installa confortablement à une table, salivant déjà à l'idée d'une bière bien fraîche et d'un partenaire viable pour son cambriolage de haute voltige.
Dernière édition par Nikolas Baeteman le Mer 18 Sep 2013 - 15:08, édité 2 fois