Mes jointures viennent renfoncer à nouveau avec impolitesse les dents et le nez du révolutionnaire devant moi. Après un poing immaculé qui lui brise la mâchoire et le nez, c’est un poing complètement noir qui vient le cueillir au niveau de la tempe. Cette fois-ci, il n’en peut plus, ça ne pardonne pas, de confronter la Marine. Le pauvre bougre vient rejoindre ses trois autres copains au sol. De son côté aussi, un Mihai bien fringant finit d’abattre un dernier soldat d’un genou bien placé dans l’abdomen.
"C’est beau le travail d’équipe."
Alors que le charpentier tente vainement d’interroger les vaincus qui gisent au sol, inconscients, sur l’emplacement de son chapeau. Moi, je me saisi de l’objectif de notre récente escarmouche. Un escargophone chaleureusement calé entre deux piles de documents, sur un bureau.
Pulu Pulu
-Un, deux. Un, deux. Lilou tu me reçois? J’avertis que moi et Mihai sommes entrés en possession d’un escargophone.
-Bien reçu Lieutenant-colonel. Me répond un escargophone anormalement féminisé.
-Kwak! Enchaîne-t-il, soudainement affublé d’un bec de palmipède.
-Parfait. On reste en contact. Terminé.
Pulu Pulu
Je repose le combiné du gastéropode et fourre l’animal dans la large poche de mon manteau déchiré et abîmé de lieutenant-colonel. Le tout en réfléchissant aux derniers évènements.
Un peu plus tôt, Lilou, Bee, Julius, Rikkard , les deux toubibs, Mihai ainsi que moi-même nous étions laissés pour chacun attaquer nos objectifs. Lilou et Bee devaient libérer le Roi tandis que Rikkard et Le Rôdeur servaient d’appât pour la Révolution tandis que moi et Mihai allions à la fois nettoyer l’académie et examiner l’étrange navire qui se trouvait au sommet du pilier, non-loin du château.
Rapidement, j’avais compris la nécessité de rendre son autonomie à Mihai qui ne se remettait toujours pas de ses nombreuses blessures. Paraîtrait-il qu’il s’était confronté à un homme-des-neiges ainsi qu’une jeune rouquine. Drôle d’histoire. Peu importe, j’avais dut consentir à donner à Mihai la deuxième des trois pilules qui m’avaient été confiées par Numéro 4. Des joyaux de chimie qui redonnait vigueur et puissance à n’importe quel blessé qui les ingurgitait.
Depuis, par les tunnels du pilier. Nous étions tous deux entrés incognito entre les murs de l’académie des toubibs 20. Nous venions donc tous deux de nettoyer la première salle par laquelle nous avions émergés. Un bureau servant probablement à la communication entre les piliers. On y retrouvait de nombreux postes de travail, des escargophones et des documents non importants à foison.
Hélant Mihai, je m’avance vers la porte donnant sur un long couloir sobre, où on ne retrouve que peu de fenêtres. Le silence y règne, visiblement, les bruits de notre combat n’ont attiré personne. Je retire distraitement un bandage encombrant pour mon épaule alors que je me glisse dans l’allée dont les murs froids sont faits de béton. Aucune alarme, sirène ou cri d’alerte n’a encore annoncé une quelconque diversion lancée par Julius et son acolyte montagnard. Aussi faut-il rester vigilant et s’assurer de ne pas se faire repérer avant ces derniers.
-Tu me suis? Chuchote-je à un Mihai me regardant d’un œil un peu désabusé.
Vrai que d’un œil extérieur, je dois avoir l’air d’un espion à la manque. L’uniforme complètement en charpie, plaqué contre un mur, une tronche bicolore comme à l’habitude ainsi qu’un sac de bombes bien rempli que Lilou m’a remis. Le sérieux manque à mon infiltration. Aussi dois-je me résoudre à suivre le chasseur de primes qui passe en marchant à mes côtés. Ce dernier examinant le chargeur d’un flingue qu’il a volé à un révolutionnaire qui devait se reposer dans la pièce d’avant.
-Ce Julius. Tu le connais non? Parle m’en.
Nous continuons notre promenade dans les couloirs de l’académie. La plupart des salles que nous croisons sont des bureaux, des salles de classes, d’opérations ou des laboratoires vides. Les lumières de ces pièces sont closes, l’activité est bien nulle ici, depuis l’occupation révolutionnaire probablement.
Les salles s’enchaînent jusqu’à ce que nous tombions sur une dont les lumières sont allumées. Et l’activité à l’intérieur est bien présente. Je reconnais l’endroit, juste la nuit dernière je courais dans ces mêmes couloirs pour échapper aux forces révolutionnaires. Nous sommes dans l’aile des entrepôts de l’académie. Et ces entrepôts, ils ont bien sûr une fonction assez évidente pour la Révolution. Me plaquant près du cadre de la large porte ouverte d’où s’échappent des cris, des ordres d’autres sons de voix, je chuchote à Mihai mon hypothèse quant à notre emplacement.
-Les révolutionnaires doivent probablement stocker des armes et des vivres ici. Si on pouvait miner l’endroit ce serait une bonne chose de faite avant de retrouver le navire.
Cette fois-ci, lui aussi se fait plus petit, plus silencieux, on ne veut pas se fritter tout de suite avec un trop grand nombre de révolutionnaires. Les risques que ceux-ci donnent l’alerte en seraient plus importants. Aussi lui fais-je des signes exprimant un plan, tout en chuchotant de mon mieux.
-On entre chacun par un côté, tu prends le flanc gauche, et moi le droit. Te va?
En fait je n’attends même pas son accord. Je m’élance furtivement sans même jeter un regard en arrière, le besoin d’action est trop poignant. Car je ne peux me retenir d’une nouvelle fois mettre en ma vie en jeu. Car les défaites, il n’y en aura plus, que des victoires. Et les victoires, elles sont toutes dans cet entrepôt.
Dernière édition par Oswald Jenkins le Mer 17 Avr 2013 - 3:57, édité 1 fois