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Ascension violente

Mes jointures viennent renfoncer à nouveau avec impolitesse les dents et le nez du révolutionnaire devant moi. Après un poing immaculé qui lui brise la mâchoire et le nez, c’est un poing complètement noir qui vient le cueillir au niveau de la tempe. Cette fois-ci, il n’en peut plus, ça ne pardonne pas, de confronter la Marine. Le pauvre bougre vient rejoindre ses trois autres copains au sol. De son côté aussi, un Mihai bien fringant finit d’abattre un dernier soldat d’un genou bien placé dans l’abdomen.

"C’est beau le travail d’équipe."

Alors que le charpentier tente vainement d’interroger les vaincus qui gisent au sol, inconscients, sur l’emplacement de son chapeau. Moi, je me saisi de l’objectif de notre récente escarmouche. Un escargophone chaleureusement calé entre deux piles de documents, sur un bureau.

Pulu Pulu

-Un, deux. Un, deux. Lilou tu me reçois? J’avertis que moi et Mihai sommes entrés en possession d’un escargophone.

-Bien reçu Lieutenant-colonel. Me répond un escargophone anormalement féminisé.

-Kwak! Enchaîne-t-il, soudainement affublé d’un bec de palmipède.

-Parfait. On reste en contact. Terminé.

Pulu Pulu

Je repose le combiné du gastéropode et fourre l’animal dans la large poche de mon manteau déchiré et abîmé de lieutenant-colonel. Le tout en réfléchissant aux derniers évènements.

Un peu plus tôt, Lilou, Bee, Julius, Rikkard , les deux toubibs, Mihai ainsi que moi-même nous étions laissés pour chacun attaquer nos objectifs. Lilou et Bee devaient libérer le Roi tandis que Rikkard et Le Rôdeur servaient d’appât pour la Révolution tandis que moi et Mihai allions à la fois nettoyer l’académie et examiner l’étrange navire qui se trouvait au sommet du pilier, non-loin du château.

Rapidement, j’avais compris la nécessité de rendre son autonomie à Mihai qui ne se remettait toujours pas de ses nombreuses blessures. Paraîtrait-il qu’il s’était confronté à un homme-des-neiges ainsi qu’une jeune rouquine. Drôle d’histoire. Peu importe, j’avais dut consentir à donner à Mihai la deuxième des trois pilules qui m’avaient été confiées par Numéro 4. Des joyaux de chimie qui redonnait vigueur et puissance à n’importe quel blessé qui les ingurgitait.

Depuis, par les tunnels du pilier. Nous étions tous deux entrés incognito entre les murs de l’académie des toubibs 20. Nous venions donc tous deux de nettoyer la première salle par laquelle nous avions émergés. Un bureau servant probablement à la communication entre les piliers. On y retrouvait de nombreux postes de travail, des escargophones et des documents non importants à foison.

Hélant Mihai, je m’avance vers la porte donnant sur un long couloir sobre, où on ne retrouve que peu de fenêtres. Le silence y règne, visiblement, les bruits de notre combat n’ont attiré personne. Je retire distraitement un bandage encombrant pour mon épaule alors que je me glisse dans l’allée dont les murs froids sont faits de béton. Aucune alarme, sirène ou cri d’alerte n’a encore annoncé une quelconque diversion lancée par Julius et son acolyte montagnard. Aussi faut-il rester vigilant et s’assurer de ne pas se faire repérer avant ces derniers.

-Tu me suis? Chuchote-je à un Mihai me regardant d’un œil un peu désabusé.

Vrai que d’un œil extérieur, je dois avoir l’air d’un espion à la manque. L’uniforme complètement en charpie, plaqué contre un mur, une tronche bicolore comme à l’habitude ainsi qu’un sac de bombes bien rempli que Lilou m’a remis. Le sérieux manque à mon infiltration. Aussi dois-je me résoudre à suivre le chasseur de primes qui passe en marchant à mes côtés. Ce dernier examinant le chargeur d’un flingue qu’il a volé à un révolutionnaire qui devait se reposer dans la pièce d’avant.

-Ce Julius. Tu le connais non? Parle m’en.

Nous continuons notre promenade dans les couloirs de l’académie. La plupart des salles que nous croisons sont des bureaux, des salles de classes, d’opérations ou des laboratoires vides. Les lumières de ces pièces sont closes, l’activité est bien nulle ici, depuis l’occupation révolutionnaire probablement.

Les salles s’enchaînent jusqu’à ce que nous tombions sur une dont les lumières sont allumées. Et l’activité à l’intérieur est bien présente. Je reconnais l’endroit, juste la nuit dernière je courais dans ces mêmes couloirs pour échapper aux forces révolutionnaires. Nous sommes dans l’aile des entrepôts de l’académie. Et ces entrepôts, ils ont bien sûr une fonction assez évidente pour la Révolution. Me plaquant près du cadre de la large porte ouverte d’où s’échappent des cris, des ordres d’autres sons de voix, je chuchote à Mihai mon hypothèse quant à notre emplacement.

-Les révolutionnaires doivent probablement stocker des armes et des vivres ici. Si on pouvait miner l’endroit ce serait une bonne chose de faite avant de retrouver le navire.

Cette fois-ci, lui aussi se fait plus petit, plus silencieux, on ne veut pas se fritter tout de suite avec un trop grand nombre de révolutionnaires. Les risques que ceux-ci donnent l’alerte en seraient plus importants. Aussi lui fais-je des signes exprimant un plan, tout en chuchotant de mon mieux.

-On entre chacun par un côté, tu prends le flanc gauche, et moi le droit. Te va?

En fait je n’attends même pas son accord. Je m’élance furtivement sans même jeter un regard en arrière, le besoin d’action est trop poignant. Car je ne peux me retenir d’une nouvelle fois mettre en ma vie en jeu. Car les défaites, il n’y en aura plus, que des victoires. Et les victoires, elles sont toutes dans cet entrepôt.


Dernière édition par Oswald Jenkins le Mer 17 Avr 2013 - 3:57, édité 1 fois
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J'étais loin d'avoir toutes les cartes en main pour jouer au larron de la farce. Le bon double face avait beau m'avoir donné sa pilule magique, j'avais beau ne plus rien sentir, je savais bien que ce n'était qu'une impression et que dès que les effets disparaîtraient, je retomberais à moitié mort dans mon état léthargique de légume à moitié pourri par un soleil d'été trop fort. Alors j'économisais mes forces, je ne parlais que pour les choses importantes. La chose importante. Mon chapeau. Mais rien n'y faisait bordel. A croire que tout le monde s'en foutait, de mon chapeau. Quand ces sales révos ne donnaient pas la réponse que je voulais, je tapais plus fort. Ils me sortaient qu'ils n'en savaient rien, et bordel, je tapais encore plus fort. Mais rien, nada, pepette, j'étais toujours à moitié nu, la tête pleine mais pas vêtue. J'avais emprunté les frusques d'un révo histoire de n'pas mourir de froid mais rien y faisait. J'me sentais toujours aussi dégarni qu'un verre de terre sous la flotte d'hivers.

Alors quand le bon Os me demanda d'parler du Jule, c'est à peine si j'répondis poliment. Et pourtant l'était bien sympa avec moi, ce Double Face.

J'lai rencontré y'a de ça quelques année. Pour une mission. On a massacré du bandit ensembles. Une drôle d'histoire qu'à commencé par un bateau et d'la came pas légale. Qu'a fini en bain de sang et par un passage trop près de la faucheuse. On s'en est sorti. M'en devait une et l'a payée aujourd'hui.

Le guss me répondit par un hochement de tête mais on comprit vite qu'il valait mieux se la jouer discrète et que palabrer au milieu du camps révo n'était pas une bonne idée. J'avais assez donné de moi pour ce jour là et la chose qui comptait, à cet instant, ce n'était plus les primes. Ce n'était plus t'offrir à toi, ma fille, c'que tu mérites. C'était rester en vie.

Parfois, j'ai tendance à oublier ma belle, qu'à toi et ta magnifique de mère,j'dois tout. Ma remontée. Ma vie. Mon bonheur de savoir que bientôt, le petit jardinier que je suis pourra laisser aller sa jolie rose pousser toute seule. Mais pas trop vite, hein ? Laisse moi encore t'enlacer quelques années, te bichonner pour que les jolies pétales éclosent de la plus belle des manières.


-On entre chacun par un côté, tu prends le flanc gauche, et moi le droit. Te va?

Son idée n'était pas bête. Basique mais pas bête et alors même que j'allais lui répondre je le voyais déjà partir de son côté. Au son des voix je pouvais imaginer une bonne dizaine de guss. Une salle d'une cinquantaine de mètres carrés. Du meuble ou quelque chose y ressemblant et qui évitait l'éco. Tout les infos résonnaient dans ma caboche comme pour tenter de trouver une solution. Mais j'avais pas le temps, fallait rentrer. Je bondis en avant, les genoux pliés comme pour être plus discret et dès le premier pas je vis un énorme caisse à gauche où cacher ma carcasse usée.

Cette petite seconde, où j'avais pu observer les lieux, je la refaisais dans ma caboche. Une pièce de plâtre et de béton où s'entassaient un nombre incalculable de caisses en tout genre, petites et grosses, noirâtres et marrons, protégées par des films plastiques ou non. Au centre, j'avais pu observer au moins une dizaine de soldats se beuglant dessus et gesticulant entre différents cartons. A droite, double face semblait m'attendre.

Mon index vint se perdre devant mes lèvres. Il nous fallait rester discret le plus longtemps que l'on pourrait. Je me mis à avancer vers le centre de la pièce gardant toujours au coin de l’œil la mouette qui elle aussi continuait son avancée. On zig zaguait entre les caisses, rampant parfois, courant à ras de terre sur les portions les plus longues. Puis vint le moment où on n'avait plus le choix

Je jeta un coup d'oeil à Double face et on se mit debout au même moment. Mes deux poings fracassaient déjà les deux caboches les plus près. Un guss tenta de lever son arme vers moi mais j'étais plus rapide. Un couteau pris sur un mort volait dans sa gueule. Un autre tenta de m'arracher le bras avec son pétoire mais mon pieds gicla dans son poings avant que ma caboche ne frappe la sienne, de caboche. Je jeta un coup d'oeil autour mais c'était déjà fini. Double face avait fait son travail.

Sauf que l'un des révos, un peu plus bête que les autres tenta de se lever pour récupérer son arme un peu plus longs. Mon pied s'écrasa sur son dos avant qu'il n'puisse faire quoi que ce soit.

N'y pense même pas. Dis moi plutôt où est mon chapeau.

_De... De... Quoi …

Bordel... Izya, des Shynorius ou un truc du genre, ça t'dit quelque chose ?

_Même...Même si j'le savais, j'te l'dirais pas.

Alors crève.

Un couteau s'enfonca dans sa caboche.
    -T'étais pas obligé d'le tuer.

    -M'erf. Rien à battre, Os'.

    -Moins y'a de mort, moins y'a de journalistes qui vont pouvoir s'étendre sur "à quel point la Marine est pleine de salauds".

    -Rien. À. Battre. Y savait pas où était mon chapeau. C'tout c'qu'il mérite.

    "Il a raison Os'."

    J'termine de placer un dernier explosif légué par Lilou dans l'entrepôt tout en laissant tomber ma discussion unidirectionnelle avec Mihai. Elles ne l'ont peut-être pas marqué, mais moi, les paroles des deux toubibs m'ont fait réfléchir. Tout ces conseils et ces points de vue échangés avec Numéro 4 me revenaient en tête à chaque coup asséné à un révolutionnaire. On ne devient pas un héros en semant la mort, craint, certes, mais pas un héros. Je ne dois plus m'écarter de mon objectif. Je ne veux plus redevenir le monstre que j'ai longtemps été. Plus être considéré comme le fléau de la Marine. Comme une bête pointée du doigt au milieu des hommes. Les bombes placées, j'empile néanmoins avec une certaine brusquerie la dizaine de faux-jetons qui ont eu le malheur de tomber sur nous.

    L'entrepôt contient des boîtes, beaucoup de boîtes. Des paquets de boîtes. Ce qu'il y a dedans? Simple. Des vivres, des armes et probablement un tas d'autres trucs fichtrement utiles pour tenir un siège. Je le sais déjà tout ça, pour avoir remarqué lors de ma dernière visite. En y repensant, je ne peux porter une main à mon torse. Car je sais qu'une cicatrice refuse d'en disparaître. Toujours bien là pour me rappeler mes nombreuses défaites à travers mon existence, la trace du sabre de Morvak reste bien écarlate et provocante au milieu d'mon ventre. Serpentant vicieusement de mon épaule droite jusqu'à mon nombril. Une blessure de guerre se rapprochant plus d'une vile satyre qui ne semble servir qu'à me faire amèrement regretter mon parcours et les défaites qui l'ont parsemé.

    Faisant face à nouveau à Mihai qui examine lui aussi l'entrepôt, je m'apprête à lui proposer de continuer lorsque nous sommes interrompus. C'est Julius. Ou alors Lilou. Mais je préférerais la première option. Partout sur le pilier, de tonitruantes sirènes d'alarme s'élèvent à travers le frais matin pour troubler la quiétude presque effrayante dont s'était nimbée le château sous son épais voile enneigé. Peu importe qui a causé la diversion, elle fonctionne fort bien. Dès le moment où l'alarme termine de percer les tympans innocents de tous et chacun, c'est la pagaille. Ça se sent et s'entend depuis le fond de l'entrepôt, les troupes révolutionnaires sont en branle. L'alarme provenait du château, une intrusion devait y avoir eu lieu. Le plan semble dès lors fonctionner. J'espère silencieusement en reprenant mon sérieux et en faisant signe à un Mihai tout aussi étonné, de me suivre.

    Nous nous engouffrons à nouveau dans les sobres et sombres couloirs, cette fois à la course, il ne faut plus perdre de temps. Mais on ne peut pas toujours tout prévoir. On ne peut pas réellement considérer l'armée révolutionnaire comme une armée si elle n'est pas bien organisée. Je me résous donc à réaliser la bévue qu'a été notre course à travers l'académie et les entrepôts que lorsque nous fonçons directement dans une patrouille de plus de trente soldats révos.

    Leur groupe donnant plutôt l'image d'un large porc-épic dont les baïonnettes des armes inspirent les épines au lieu d'une patrouille armée, cette œuvre contemporaine se voit malheureusement saccagée lorsque l'impact se fait.

    Personne n'a le temps de réagir, pas même moi, emporté par ma vitesse. Peut-être ai-je entendu le son de quelques coups de feu. Peut-être est-ce mon imagination. L'importance d'un tel fait n'a pas sa place pour l'instant. Les règles qui se doivent de prôner pour l'instant son réduites à frapper et survivre. Deux tristes vérités qui régissent pourtant notre monde. Monde qui, avec un peu de recul et de réflexion, ne semble pas si moderne et développé aux yeux de ceux qui, comme moi, se doivent d'y appliquer la justice.

    "La ferme."

    -Oh tooooi….

    "LA FERME J'AI DIT! BAAAAAASTOOOOOON!!!"

    Mon poing droit fracasse une mâchoire tandis qu'un tibia se fracture sous mon pied gauche meurtrier. Toujours fasciné par l'absence de douleur éprouvée par mon corps et par sa vigueur renouvelée, je ne peux retenir un sourire carnassier lorsque j'enchaîne sur deux nouvelles victimes en leur broyant le crâne de deux poignes vengeresses. L'instant après m'être bien assuré que le plancher et les têtes de mes deux adversaires ne font plus qu'un, je me relève brusquement en virevoltant sur moi-même dans une puissante toupie qui propulse une vague d'air autour de moi, créant une distance respectable entre moi et les soldats qui sont maintenant sur leur garde, armes pointées sur ma bouille. Un peu plus loin sur ma droit, ça pétarade. Mihai se crée aussi un chemin à coup de crache-feu et de poignard dans la mêlée.
    Le son d'une quinzaine de crans de sécurité se relevant me rappelle à l'ordre. Je suis littéralement encerclé d'un mur humain bardé de canon sertis de baïonnettes. Quelle chance, pense-je ironiquement.

    "Soit pas ironique, on a qu'à foncer dans le tas comme d'hab'."

    -Tu l'as dit.

    Plus que sûr de moi, je me campe bien solidement sur mes deux jambes tout en projetant mon poing droit loin derrière mon épaule, visant un poing au hasard dans la foule. Bien ancré au sol, je sens peu à peu la puissance nécessaire à ma porte de sortie s'accumuler dans mon poing.

    -Désolé les gars. J'ai à faire.

    Midnight Blast

    En moins d'une seconde je suis propulsé à une vitesse et une puissance ahurissante en ligne droite. Mon poing, lui, s'élance bien au devant de mon corps, s'enflammant littéralement sous la friction avec l'air provoquée par la force du coup. Les révos sur mon passage n'ont d'autre choix que de s'aplatir sous ma charge ou de se voir cruellement ravagés par mon poing incandescent.

    Je ne sais pas si j'halète de plaisir ou de fatigue, mais j'halète. Une goutte de sueur ne peut retenir sa course le long de ma tempe tandis que je échange un pain un peu trop brutal avec un nouvel adversaire qui s'écrase sur trois de ses compatriotes, propulsé par ma frappe.

    Je dévie un coup de baïonnette sur ma gauche, en esquive un sur la droite, manque de rencontrer d'un peu trop près le canon d'une arme tout en rendant ça-et-là de vicieux assauts sur qui veut bien les recevoir. Rapidement, je retrouve un Mihai légèrement fatigué au milieu du chaos, ce dernier ayant délesté son arme à distance qui devait être à court de munitions. L'écart des forces se crée peu à peu, les révolutionnaires s'étalent les uns après les autres jusqu'à ce que le moral n'y soit plus. Ils sont donc sept à quitter les lieux en courant.

    -Bon débarras, on sera déjà loin lorsqu'ils préviendront quelqu'un de notre intrusion.

    Du moins, je le crois sans pour autant l'espérer. Je sais que quelque part sur le pilier se trouve Staline. Et je ne peux m'empêcher de penser à me mesurer à lui une seconde fois. Ce désire viscéral ne me quitte plus. J'ai l'impression de ne respirer que pour combattre le géant un nouvelle fois. Peu importe les résultats d'un tel affrontement.

    -Tout va bien Mihai on peut continu…er?

    Le Mihai pointe un flingue ramassé au sol vers moi. L'air assez décidé pour remuer mon instinct qui me hurle de me jeter sur le côté. Le plomb part et va se ficher derrière moi, dans un corps qui s'écroule. J'aperçois alors la vrai cible du cowboy. Du couloir surgisse comme une meute de loups une demi-douzaines d'hommes drapés de noir et de cuir. Complètement recouverts par leur souples mais longs vêtements, ils portent tous une capuche recouvrant leur visage de même. Tous ont des sabres. Tous sont des assassins.
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    Tout va bien Mihai on peut continu…er?

    J'lui aurais bien dit que non, au Double Face. Je lui aurait bien dit mais je préférai faire plus simple et venir loger une balle de mon pétoire dans la caboche du nouveau venu. Les carcasses noirâtres apparaissaient comme des fantômes venant nous voler notre belle vie de leur lames de mort.

    Sauf que moi, ma vie, elle n'était pas belle. Et que si fallait torgnole du guss pour te revoir, ma belle, alors j'allais torgnoler du guss. La première lame vola devant mon nez, manquant de couper mon bout de clope restant. L'encagoulé recommença mais c'est fois pour me déchirer mon bac et mes pauvres jambes avec. J'esquivais, je tournais un peu partout.

    J'me rallumais ma clope.

    Et je recommençais à éviter histoire de pas ressembler à mon pauvre oncle qu'avait trop traîné à côté de ses belettes et qu'avait fini par avoir tant d'marques sur son visage qu'on ne pouvait plus les compter. Faut dire qu'elles étaient sacrément méchantes, ses belettes. Presque pires que ces guss qui voulaient me tailler.
    Ces carcasses noirâtres et teigneuses étaient sacrément nombreuses. Y'en avait quatre rien que sur moi et j'imaginais bien qu'ils étaient encore plus sur le pauvre Double Face. Mais je pensais à toi ma belle et un sourire apparaissait sur mes lèvres. Et j'pensais à mon couvre chef et il disparaissait. Et les guss revinrent à la charge et je ne repensai plus à rien qu'à ma vie. Aux coups qui volaient vers ma trogne sans que je ne puisse rien faire d'autre qu’esquiver. Qu'à mes jambes qui gesticulaient de partout. A ma caboche qui se baissait et remontait aussi vite qu'un verre de sky dans mon bec. Mes mains restaient collées au fond de mes poches pour pas donner plus de prise aux lames de ces enflures de révos. Empoisonnées, sûrement. Je ne voulus pas tenter ça non, je continuai à éviter. Mes muscles se crispèrent sous la douleur et la fatigue. Les effets de la pilule magique disparaissaient. Une faim que je ne m'étais pas entendu commençai à remonter le long de mon ventre pour venir par gratte ma gorge.

    Bordel, à quand remonte mon dernier repas ?

    Je ne pris pas le temps de finir ma phrase. Une ouverture. Enfin. Mon pied vola vers le ventre d'un des gars, ma caboche siffla derrière une lame. Ma pétoire se sorti et le coup vola. Vers la capuche du premier. Une giclée de sang vint recouvrir tout ce qu'il y avait autour et la carcasse se fracassa contre le sol. Sans vie. Enfin. Les trois survivants s’arrêtèrent, le souffle exalté. Ils sentaient qu'avec cette homme en moins, la roue tournait. Moi, je tentai tant bien que mal de reprendre vie. Les bras posés contre les genoux, le souffle court et le clope tombante.

    Mais ce temps là, où les cœurs criaient la chamade et les becs crachaient leurs poumons, j'analysai aussi, cette foutue petite distance qui me séparait des guss, leurs rapidités. Ma rapidité. Le nombre de balles qui me restait dans ma pétoire. On allait jouer au loto. A la grande roue de la fortune qu'allait se transformer en grande Roue de la mort.

    Je me relevai d'un coup, saisis ma pétoire et trois balles volèrent. Une première caboche tombai, une deuxième aussi mais la troisième balle vint gicler dans l'épaule du dernier et l'eut le temps de lancer sa lame vers mon bras. Une autre bale vola mais c'était trop tard. Merde.

    Je me trouvais avec une foutue épée bloquée dans le biceps. Ça saignait salement mais je m'en contrefichais. Non, ce qui m’inquiétait c'était ce foutu liquide noirâtre qui coulait le long de l'épée. C'était ma vision qui commençait déjà à se faire floue. Mon corps que je commençais à plus sentir. Cette chaleur qui m'envahissait de partout. J'avais pas le temps de réfléchir. Fallait bander ça. Sacrebleu ce que j'étais lent. Je déchirai un bout de toque de l'un des cadavres et fit un garrot, mes mains tremblaient de fatigue. Mes gestes se faisaient salement imprécis.

    Je m'écroulais contre le mur, le cul par terre. Le teint blafard et la vision disparaissant, la voix pas rassurée.


    Dis, Double Face. J'crois bien...Kof Kof, que tu vas d'voir… continuer tout seul. J'sais bien... Qu'tu peux plus te passer de moi... M'enfin...
      Les combattants de l'ombre s'accumulent dans l'inquiétante pénombre du couloir. Les lames quittent leurs fourreaux, scintillent un instant d'un éclat intimidant dans la faible lumière qui semble être absorbée par leurs costumes opaques. Leur nombre reste incertain de par l'habileté avec laquelle ils se fondent tous dans l'obscurité du couloir. Ce qui est néanmoins très distinguable, c'est bien sûr le trio qui me fonce dessus à toute vitesse. Chacun inspirant un démon drapé de ténèbres plutôt qu'un assassin au dard porteur de mort.

      "Bon, là on a du vrai challenge."

      -On passe aux choses sérieuses Dark?

      "J'aimerais bien oui."

      -Et si mon corps a trop souffert pour me laisser faire?

      "Rien à foutre. On les massacre un point c'est tout!!"

      -C'est décourageant de parler avec toi, Dark.

      Que je ne peux m'empêcher de soupirer tout en ressentant un froid atypique envahir mes bras et durcir peu à peu mes os, puis mes muscles et l'essence même de ma chair.

      Blade Mode 1

      Le premier assassin est désormais à portée de bras de moi, la lame dressée à niveau d'épaule, prête à m'embrocher l'épaule, ou peut-être le cœur. Mais soudainement, sans même qu'il ait le temps de réagir, son avant-bras accompagné de sa main et de sa lame quittent tous le reste de son corps. Coupés net. Le roublard ne peut retenir un hurlement de douleur en saisissant le moignon sanguinolent qui lui restait du bras droit. Ses yeux paniqués se posèrent alors sur mon propre bras, scintillant lui aussi dans la sobre lumière, comme une épée aiguisée par la meilleur des meules.

      -Les gars, je croyais que vous aviez la logistique sur mon fruit du démon bon sang. ne puis-je m'empêcher de lancer aux autres assassins qui se sont brusquement stoppés dans leur course, surpris. Le fruit tailladant. Ce sera bien la dernière chose à laquelle vous goûterez.

      Mon bras droit, couvert du sang de mon ennemi, s'enfonce cette fois dans l'abdomen du bonhomme, transperçant littéralement le pauvre homme qui éructe un douloureux gargouillis alors que je le propulse sur ses deux compatriotes qui ont tôt fait de l'esquiver. Je jette un regard inquiet vers l'arrière pour m'assurer que Mihai s'en sort bien et que le sac de bombes que j'ai laissé derrière moi est toujours à sa place. Ce dernier est toujours adossé contre un mur du couloir alors que mon compagnon est assailli par quatre des combattants.

      Quant à moi, ils sont huit à enchaîner des coups vicieux et des bottes que je dois me résoudre à parer ou à esquiver. L'acier de leurs lames tinte contre mes avant-bras alors que je tourbillonne sur moi-même dans une tempête de colère et d'acier pour imposer le respect à mes adversaires. Ces derniers semblent toujours avoir un coup d'avance sur moi, toujours à reculer après avoir tenté un assaut, au moment où je contre-attaque. Certains tentent des crocs-en-jambes, d'autres des piques vers ma tête que je dois me résoudre à esquiver de mon mieux. Mes muscles, malgré le médicament de numéro 4, commencent à me faire ressentir leur fatigue. Je me décourage de frapper des adversaires plus habiles que des serpents et plus rusés que des renards. Si ce n'était pas de mon fruit, je serais probablement couvert d'égratignures et de coupures à l'heure qu'il est.

      De plus en plus, la rage d'écraser mes adversaires me prend, je me frustre de devoir virevolter incessamment dans l'espoir vain de toucher l'un d'eux. Mes coups coupent toujours du vide, mes pieds frappent l'air et jamais je ne perce autre chose qu'une impression de défaite croissante.

      "Tue!!!"

      Et Dark qui s'y met, et moi qui ne peut réprimer cette colère croissante qui brouillonne mes coups, qui fait cascader la sueur sur mon front.

      "Tue!!!"

      Un bras métallisé frappe là où une seconde plus tôt se trouvait un assassin alors que le gauche pare une lame descendant directement vers mon coup. Avec agacement mon pied balaie la zone autour de moi alors que je tente un saut pour éviter de perdre une jambe au profit d'un troisième assaillant.

      "Tue!!!"

      -Raaah!

      Les coups se bloquent de plus en plus difficilement, les parades me demandent chaque fois plus de sacrifices. Si bien que des estafilades se crées sur mon torse et mes épaules sans que je ne puisse réellement contre-attaquer les auteurs de ses blessures.

      "Tue!!!"

      Un mal de tête poignant me prend alors que je fait ricocher un sabre un peu trop dangereux d'une légère déviation du bras droit. Un sabre me coupe alors la joue gauche. Un autre s'attaque vicieusement à mon mollet tandis qu'un troisième et un quatrième viennent à leur tour terminer de saccager mon manteau de Lieutenant-Colonel.

      "Tue!!!"

      -RAAAAAAAAAAAAAAH!!

      C'est là que ça se produit. Soudainement, sans prévenir. Comme un miracle, une manifestation divine. Tous mes adversaires, les huit, sont propulsés vers l'arrière par une vague au caractère indicible qui dévie leurs armes et surprend à nouveau la troupe de guerriers de l'ombre.

      -Quoi?

      "Hum?"

      Je reprend ma droiture, moi aussi étonné, mais ne perdant pas un instant pour reprendre contrôle sur la situation. Je me propulse, empale un assassin sur mon bras gauche tandis que mon bras droit fait littéralement perdre la tête à un autre.

      Deux corps s'écrasent au sol, sans vie.

      Trois nouveaux se jettent sur moi. Sabres bien brandis vers le ciel.

      Blade Mode 3

      Mon corps se raidit un simple instant et se métallise complètement du même fait. Les lames ne viennent pas trouver chair sur ma peau durcie et ricochent piteusement. Moi, je me reprend immédiatement mes moyens et éviscère deux hommes dans une tempête coupante qui a tôt fait de les massacrer. Le troisième reçoit en prime un pied dans le torse qui le fait se fracasser contre un des murs du couloirs.
      Trois corps viennent rejoindre les deux premiers.

      Les trois guerriers restants enchaînent coup sur coup, ne me laissant pratiquement aucune chance, mais le nombre leur fait défaut. Mes bras fracassent littéralement leurs épées en plusieurs morceaux. Ces derniers trouvent la même mort que les autres, éventrés sans pitié ou tout simplement brisés. Haletant, je me repose un instant à genoux, encore un peu étourdi et incertains de l'évènement salvateur qui m'a sauvé un peu plus tôt. Cette vague invisible ayant déstabilisé un instant mes adversaires.
      Mihai est blessé de son côté. Il s'est débarrassé de ces adversaires néanmoins.

      -Dis, Double Face. J'crois bien...Kof Kof, que tu vas d'voir… continuer tout seul. J'sais bien... Qu'tu peux plus te passer de moi... M'enfin...

      -Je peux pas t'laisser ici, Mihai, on est en plein territoire ennemi.

      -Tu crois que j'ai l'air en état d'casser du révo peut-être?

      La réplique est cinglante, mais puante de logique. Malgré tout je ne peux pas me résoudre à laisser sur place un membre des Storms. Ce n'est pas ainsi que ça doit se passer. Mais je dois tout de même mettre à bien ma mission, j'ai déjà assez commis de bévues sur Drum comme ça, je me dois d'explorer le navire, mais aussi de sauver Mihai.

      -Écoute Mihai, j'te laisserai pas ici. J'reviens dans une demi-heure ou j'm'appelle pas Double Face. C'est clair?

      -T'inquiètes. C'pas plus grave avec ou sans toi. T'sais.

      -Tiens bon Mihai.

      Et sans plus attendre, je me saisi du sac de bombes et m'élance dans les couloirs, alors qu'une Lilou sur les nerfs fait hurler mon escargophone…
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      Pulupulu, pulupulu

      Oswald ? Faisons vite : Enzo a retrouvé le chapeau de Mihai. Il est entre de bonnes mains. ALORS VOUS ARRÊTEZ VOS CONNERIES IMMEDIATEMENT, COMPRIS ?! Terminé !

      Pulupulu pulupulu

      -Oui, oui ça va Lilou, ça va…

      "Et dire que le second plus gradé du Léviathan se laisse marcher sur les pieds comme ça."

      -La ferme Dark. Parfois il faut savoir s'abstenir de répliquer.

      "Tu veux dire s'abstenir de se prendre les glandes à deux mains, ouais."

      -Non je veux dire d'apprendre à ne pas toujours engueuler tout le monde et donner son avis sur tout!! Putain…

      "T'es fâché mon Oswald?"

      -Nan, pas fâché. Seulement, y'a ces foutues coupures qui me donnent un mal de chien et mes muscles qui sont bien engourdis après ce combat… Et… et… ce… ce truc.

      "Ce truc. Tu veux dire le Haki?"

      -Le Haki!?

      "Bah oui, c'était clairement ce truc qui t'es arrivé tout à l'heure."

      -Qu'est-ce qui te fait penser ça? Et puis pourquoi moi j'aurais le Haki?

      "De un, parce que y'a rien d'autre que le Haki qui puisse ressembler à c'qui t'est arrivé. De deux, parce que t'es Double Face. Mon grand."

      -Beh, j'suis perdu là… Le Haki…

      "Seulement les plus puissants et les plus braves sur cette mer peuvent avoir un tel pouvoir Os'."

      -Justement, ça me paraît spécial que moi, le salaud de Double Face, puisse posséder un tel pouvoir.

      "C'est à la portée de tout le monde Oswald. Mais ce n'est pas tout le monde qui réussit à éveiller un tel pouvoir."

      -Mais..

      "Ah et y faudrait aussi que t'arrêtes de te foutre de toi-même et de te rabaisser. Ce sont pas une ou deux défaites contre des gros bourrins qui vont te rendre minable. Regarde, le Haki en est la preuve."

      -Et comment je fais pour l'éveiller c'pouvoir?

      "On trouvera bien comment. Peut-être que Fenyang le sait, lui."

      -Peut-être…

      "L'important c'est que désormais, t'es spécial mec. Tu vas devenir un des plus grands héros de Grand Line!"

      -J'espère bien Dark… J'espère bien…

      "Alors on continue? On va achever ce connard de cowboy? On donne la chasse au canard de Lilou?"

      -Je propose qu'on continue notre investigation Dark…

      "Pourquoi tu soupires comme ça? Il est passé où ton dynamisme?"

      -Il s'est fait remplacer par mon besoin de me fritter Staline.

      "Ah ouais, il est dans le coin, j'le sens."

      -Mais avant ça, va falloir retrouver le bateau.

      "Comme tu veux, "Monsieur Haki"."

      -Pfff… T'es ridicule!
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      -Dépêche Harvey! L'alerte a été donné bon sang!

      -Laisse-moi juste réajuster mon flingue.

      -Rooh saloperie! T'as échappé ton chargeur partout au sol!

      -Oh ça va je fais c'que j'peux!

      -Le reste du groupe est déjà sortit d'l'académie merdeuh!

      -Si tu continues à me stresser comme ça j'avancerai pas plus rapidement!

      -De toute façon vous n'allez nulle part.

      -Que?

      -Aaaaaah! Qu'est-ce que c'est qu'ce monstre?!

      -Aaaaarg!!...

      Silence.

      Les deux cadavres s'effondrent sur le sol froid et dur, tous deux brisés par des poings qui leur ont écrabouillés le cou.

      "Tiens, tu fais dans le bruyant mon Oswald."

      -J'y peux rien, une fois que c'est commencé, j'peux plus m'retenir.

      "Sacré toi."

      -Sacré moi.

      Je poursuis mon avancée de conquérant dans le couloir froid. Ici, la seule lumière est celle qui émane du bout du couloir glacé que je foule. De là, un léger courant d'air presque imperceptible accompagne une senteur fraîche de doux matin hivernal. Insensible au froid que je considère désormais comme un simple ennemi de plus, je franchis les derniers mètres qui me séparent de la sortie des entrepôts. Un timide soleil levant m'accueille en faisant miroiter le manteau immaculée de neige qui recouvre le sommet du pilier. Une bonne couche de neige s'est accumulée depuis mon passage, mais malgré tout, je n'ai pas l'impression d'avoir vraiment quitté l'endroit. Une partie de moi y est restée. Y est morte, plutôt. Voilà ce qu'on perd à mordre la poussière face à de puissants adversaires. On perd l'honneur. Un immense terrain vague recouvert de neige me fait face, au fond de ce dernier, le bateau. L'objectif de cette nouvelle infiltration.

      Cette fois, ce n'est plus une simple silhouette qui se dresse au milieu d'une tempête nocturne. Non. Maintenant c'est un majestueux galion qui prône au là, voguant sur l'imaginaire d'une mère neigeuse. Ses trois mâts défient le ciel, ses voiles repliées inspirent les larges ailes d'un grand oiseau endormi au sommet de son nid. Sa solide coque insensible au frimas rend le château qui lui est voisin presque jaloux. Lui il est là, il n'a pas bougé, n'a subit aucun dégât. Lui, il n'a rien perdu de sa splendeur ni de sa ferme beauté. Sans tout de suite le réaliser, je m'avance dans l'épaisse couche glacée qui s'empresse de s'infiltrer dans mes bottes et mon pantalon. Les sirènes brisent toujours la quiétude du pilier, mais aucun soldat n'est dans les environs. Tous ont été attirés par le bordel qu'ont créé Julius et Rikkard. Je cale un peu mieux le sac de bombes sur mon épaule, prend une profonde inspiration et pose à nouveau le pied dans la neige, et ainsi de suite. Graduellement, je laisse mes traces là où la nuit dernière j'ai été vaincu. Le mur de l'académie que j'ai percuté est toujours en morceaux, du sang recouvre toujours la neige, à quelques endroits, des cratères, des fissures et des traces de corps profanent la majesté silencieuse du paysage. Des yeux, je suis une trace d'un cadavre que l'on aurait traîné jusqu'au bord du pilier. Probablement ma pauvre carcasse.

      Avec étonnement, je remarque des traces de pas qui apparaissent soudainement au centre du terrain, comme si un homme était tombé du ciel. Étrange.

      "On va l'voir c'foutu bateau?"

      -Oui, oui.

      Je cesse de ressasser ma défaite, reporte mon attention sur le navire et m'en approche définitivement. Jusqu'à en caresser sa coque.

      D'un vif saut, je m'agrippe à une échelle de cordage durcie par le froid qui pendouille de la rambarde du galion. Je m'y hisse, le pont est celui d'un navire bien normal, rien de spécial. En fait, je ne m'y attarde que très peu, je préfère tout de suite trouver un chemin menant aux cales.

      C'est là que j'ai peut-être une chance de trouver quelque chose d'intéressant quant à la présence du navire au sommet du pilier. Mais je sais d'hors et déjà que cette fouille ne durera que très peu de temps. Car quelque part dans l'académie, ou peut-être même dans les entrepôts, ou peut-être plus près. Oui, quelque part près. Un géant rôde, hume l'air et traque une proie qu'il croyait déjà morte.
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        Le bateau est désert. Parfaitement désert. Pas un bruit dans les coursives, aucune lumière dans ces couloirs... Aucune de ces innombrables odeurs qu'une vie à bord t'ont appris à identifier comme partie intégrante de l'univers naval, ça ne sent pas le cuir, ni le sel et le métal... Ce bateau sent le neuf...

        Et... Et ce n'est pas un bateau !

        Tu t'y connais assez en charpente pour reconnaitre instantanément un truc construit pour flotter et affronter des tempêtes et un truc construit pour... Pour quoi au fait ? Le bois est trop léger et trop fin pour résister à de vrais vagues, l'ancrage du mat s'arracherait probablement au moindre déploiement de toile. Et même les renforts qui assurent techniquement l'intégrité de la structure du navire et l’empêchent de se faire broyer par la flotte sont agencés en dépit de tout bon sens...

        Ce truc n'a jamais été dans l'eau...

        Tu es en train de te préparer à descendre dans les soutes qui doivent probablement contenir l'explication de cette construction bidon quand une épée terriblement familière vient traverser la cloison la plus proche et bloquer le couloir de part en part juste sous ton nez...

        -Je sais que t'es la petit rat ! Je t'entends gratter et renifler partout ! Viens donc plutôt dehors que je te brise les reins pour de bon cette fois !
        Bon sang.

        "Putain."

        Déjà?

        " Héhéhé. Qui voilà. "

        Si près du but?

        "Je te trouvais justement un peu refroidis, Os’."

        Et voilà qu’il repart.

        "BAAAAAAAAASTOOOOOOON!!!"

        Qu’il chantonne incessamment. Alors qu’un poing large comme une maison explose le pont pour chercher à tâtons matière à écraser. Mauvais idée, mon Staline. Comme une guêpe zébrée armée d’un dard plus violent que nature, je me jette sur le premier doigt à porter pour sérieusement l’entailler. Pauvre index que le géant devra sucer comme un gamin.

        "VAS Y JETTE-TOI SUR LUI BON SANG!"

        -La ferme. Tu m’déranges là. Et puis t’es choix sont loin d’être éclairés.

        La main se retire assez rapidement. Hijiro est peut-être un idiot doublé d’une brute en puissance, mais il sait tout de même que laisser un à un ses doigt tomber n’est pas une fabuleuse idée. Je lève les yeux vers le puits de lumière qui m’asperge de la soudainement très amère clarté matinale, pour tenter de le retrouver, de pouvoir clairement revoir son visage. Lui, le guerrier qui avait si bien sut écraser mon honneur, la nuit dernière.

        C’est là que je l’aperçois.

        Grand comme trois maisons, surplombant le navire à l’architecture si insolite de toute sa hauteur, Hyoga "Staline" Hijiro. La barbe taillée, le casque bien enfoncé sur sa toison rêche et drue d’un noir de jais, les sourcils bien froncés alors qu’il écrase une paire de paupières sur son œil gauche pour mieux observer où se trouve le rat qui a échappé à son courroux. Moi, j’ai la réponse, devant lui, à le toiser de la même façon que j’ai dû le toiser la nuit même. Je notice la présence d’une blessure à peine cicatrisée sur son nez, faut croire que le souvenir que je lui avais laissé était d’assez bon goût pour qu’il le garde.

        -Je suis là, Staline. Que je lui envoie, sur un ton déterminé, qui joue dans l’agressif.

        Lui se contente de relever la tête et de brailler avec puissance un rire qui ébranle les fondations même du visiblement frêle galion.

        -J’imagine que t’es ici pour mourir une deuxième fois mon gars?! Me lance-t-il sur un ton qui se veut plus sérieux.

        Oui, pourtant, c’est bien ça. Je viens mourir. Mourir une nouvelle fois, pour renaître encore plus puissant. Parce que Double Face est éternel. Mais surtout, il ne meurt pas, il évolue continuellement. À nouveau dressé face à moi, brillant comme un seigneur de guerre nordique des temps anciens dans son armure rutilante, Staline me jauge. Voilà, il me jauge, il me prend au sérieux. Il me prend au sérieux parce que cette fois-ci, pas un seul instant je n’ai pu lui sembler faible. Il comprend que j’ai changé, en si peu de temps, parce que ma défaite m’a apporté quelque chose qu’il ne possède peut-être pas.

        Une volonté plus solide que sa lame. Une volonté plus solide que le crâne de tous les géants d’Erbaff réunis.

        "Bon, voilà. Maintenant… BAAAAAAASTOOOOOOOOON!!"

        -Non. Pas tout de suite.

        Maintenant qu’il m’a vu et qu’il connait mes intentions, Staline illumine son visage d’un rictus carnassier. Son poing se dresse dans les airs pour possiblement à nouveau s’abattre sur mon emplacement. Mais je ne vais pas le laisser s’en tirer ainsi.

        Blade Mode 1

        Je fais volte-face vers la lame qui me bloque toujours le couloir alors que lentement mes bras se métallisent et s’aiguisent sous l’action d’un froid complètement différent de celui qui régit l’île de Drum. La lame de Staline a beau être grande, elle est faite de métal. Et le métal, ça se coupe. Presque aussi bien que de la chair. Mes bras se croisent devant mon torse alors que j’accumule une tension et une énergie d’élan dans mes jambes courbés. En fait, l’entièreté de mon être se courbe, comme écrasé par une force qui se développe petit à petit en moi. Comme un ressort près à se relâcher à tout moment. Et il se relâche, le Double Face. Tout en puissance et en agilité, au moment où une nouvelle fois un poing large comme un mégalithe s'écrase et défonce la cale où je me trouve. Où je me trouvais, en fait. En effet, je me propulse dans les airs, directement vers le mur de fortune créé par l'épée de Staline.
        Mes bras tranchent aveuglément devant eux. Mes deux articulations aiguisées caressent le métal, puis le mordent, puis s'y enfoncent. Alors, la lame simple du géant se voit scindée en trois morceaux. Un morceau s'écrase dans le couloir sous mon pas alors que le bout de l'arme reste imbriqué dans le navire. Quand au reste, il reste bien accroché à la poignée et la garde que relève un Staline légèrement frustré de voir son large glaive coupé.

        L'effort n'y était que très peu impliqué, mais pourtant, alors que je m'élance dans le couloir du navire qui n'en est pas un, j'halète.

        Non, plus que ça, ma vision se brouille parfois, le sang bat avec une vigueur inopinée à mes tempes, la sueur perle sur mon front. Pourtant, je suis loin d'être fatigué, loin d'avoir chaud dans cet enfer glacé. Non, c'est mon instinct meurtrier qui me prend, Dark qui impose sa pensée dominatrice à la mienne. Dark qui insiste sur la nécessité d'un affrontement immédiat, qui se contrefiche de la mission.
        Dark, qui, comme d'habitude, pourrait à la fois se révéler comme étant ma perte au même titre que mon sauveur.
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          Tu files dans les couloirs, aux aguets, prêt à réagir instantanément à la prochaine attaque et riposter tout aussi vite... Mais rien. C'est tellement suspect que tu t’arrêtes pour écouter. Qu'est ce que ce piège? Ou est Staline ?

          Soudain un choc sourd ébranle le bateau, un choc sourd et un grognement et soudain toute la structure bouge autour de toi... Un bruit d'arrachement et le bateau s'incline d'une trentaine de degrés, te balançant contre la cloison la plus proche. Ce géant est une brute, il est en train de renverser le bateau !

          Aucune importance, il faut juste aller plus vite avant que tout ça ne te tombe sur la gueule et ne te broie façon avalanche. La progression est moins évidente avec un pied sur le plancher et un sur la cloison, mais ce n'est qu'un coup à prendre. Ignorant les secousses tu te glisses rapidement dans le niveau intérieur, et tu t’arrêtes net...

          La gigantesque cale est pleine de futs, des futs métalliques à l'allure mauvaise qui s'étalent à perte de vue dans la pénombre... Des futs qui suintent en dégageant une odeur que tu as déjà senti lors d'un passage au QG de la marine. C'était un jour de test. Celui d'un explosif liquide dérivé de la poudre classique, nettement plus concentré, nettement plus puissant... Et il y en a... Impossible à estimer... Des tonnes et des tonnes...

          Ce n'est pas un bateau, c'est la plus grosse bombe que tu ais jamais vu...

          Sous tes pieds le sol reprend sa place habituelle et tu t'aperçois soudain qu'il se passe quelque chose dehors.. Des cris, des explosions... Clairement trop pour la diversion prévu..

          Une explosion plus proche et la voix de Staline qui hurle de douleur, qui hurle, les pirates ?
          Quels pirates ? Kraab? Les truands ? D'autres ?


          Aucune importance pour l'instant, il faut sortir de la et prévenir les autres... Vite, très vite, parce que si cette bombe explose, il ne restera surement plus rien du pilier...

          Sauf que, sorti de ta poche, ton den den semble tout à fait incapable de fonctionner... Il roule des yeux fous d'amour, tend l'oreille, et semble tellement occupé à se barrer de ta main qu'il se moque complétement de tes tentatives d'appels... Qu'est ce que c'est que ce bordel ?
          Pas le temps de faire le point. Trop de choses étranges se bousculent les unes après les autres. D'abord les bombes, ensuite l'escargophone et maintenant Staline qui cesse de m'emmerder. Ça va pas, non, décidemment.

          Après avoir plongé tant bien que mal mon gastéropode amoureux dans ma poche, je ne perd aucun instant et m'élance vers les hauteurs du bateau. Et dire que Staline s'amusait à détruire un tel engin malgré la multitude d'explosifs qui le parsemaient! Soit le géant est un fou, soit il n'est pas au courant. Et les deux cas sont loin de me plaire.

          Car si même le chef des troupes révolutionnaires ne connait pas l'existence de ce que contient ce navire, qui donc peut bien l'avoir placé là? Tracassé par de telles pensées, je m'empresse de quitter l'endroit au plus vite. Les cales, je ne les traverse pas en courant, non. Je préfère accélérer le processus en explosant plafond sur plafond à coup de poing. Le bois frêle et de mauvaise qualité cède facilement sous l'impact de mes jointures et je me retrouve sur le pont en moins de temps qu'il ne le faut.

          La panique provoquée par la découverte de ce que cachait le navire a sut taire mes instincts meurtriers, mes sens me reviennent et j'analyse les choses avec plus d'affinité. Du moins, l'affinité ne sert pas à grand-chose pour s'apercevoir qu'un raid sur un pilier se retrouve à finalement être une vraie guerre. Je pose le pied sur le pont, et mon cœur ne peut s'empêcher de rater un battement devant l'ampleur de la situation.

          "Oh bordel."

          -C'est bien la dernière fois que j'reste dans une cale de navire en territoire ennemi, moi.

          Le chaos. Le vrai. L'unique.

          Si sur Little Garden j'ai cru un seul instant que la bataille qui m'avait opposé aux Conquérants était une guerre, et bien je me suis trompé sur toute la ligne.

          Devant moi, devant Staline, devant le navire, des pirates, des centaines. Jamais je n'ai vu autant de pirates au même endroit. Jamais. Des céphalopodes aux allures de montgolfières arrivent par dizaines pour laisser s'écouler un flot continue d'hommes armés jusqu'aux dents. Les Kraab's pirates.

          Staline, lui, est agenouillé tout près du faux galion, la main plaquée sur une épaule dont une cascade ininterrompue de sang gicle. Devant l'armée de pirate qui s'accumule sur le bord du large terrain vague composant la limite de cette partie du pilier, un autre géant domine les troupes. Et le géant en question braque le canon toujours fumant d'un titanesque fusil directement sur Hijiro. Hijiro qui, malgré tout, se relève et laisse apparaître sur son épaule une balle ressemblant plutôt à un obus bien enfoncée dans sa chair. Un sourire carnassier illumine son visage, alors qu'il ramasse sa lame qui gisait dans la neige vermillon.

          -Ça n'pouvait qu'être une question d'temps avant qu'le moucheron d'Kraab se ramène. Hahaha.
          Gronde-t-il en faisant trembler les fondations du navire de son rire gras.

          -On dirait qu't'es dans de sales draps, Staline. ose-je lui répliquer.

          -Oh non, Double Face. C'est toi qui doit te sentir mal en ce moment, regarde derrière.

          Suivant ses directives plutôt hargneuses, je fais volte-face , pour que même le plus las des sourires se bloque dans ma gorge.

          Des navires volants, quoi de mieux? Des navires volants révolutionnaires, quoi de mieux? Des navires volants révolutionnaires bourrés de soldats. Là c'est bien la limite imposable.

          "Woah, joli topo. Et dire que j'avais foi en notre survie."

          -J'adore ton sarcasme.

          À l'autre extrémité de l'immense plaine où prône le navire sur lequel je me dresse, de nombreux navires aux emblèmes de la Révolution flottent comme par magie au dessus du pilier, laissant descendre de leurs entrailles des forces probablement équivalentes à celles des pirates.

          "Oh bordel."

          -Tu te répètes. Dark.

          Je ne peux que me retourner vers Staline, toujours fièrement planté devant la horde de Kraab. Horde qui termine de descendre des nombreuses pieuvres-ballons. Je suis au milieu même de l'endroit où deux armées sont sur le près de se frapper. Je suis Marine au centre d'une mer tumultueuse de mal et de violence. Je suis Double Face, perdu dans les ténèbres.

          -Eh ben, Double Face, j'garde notre duel pour plus tard. Tâche de survivre à cette baston et je m'assurerai que tu r'joignes le ciel comme un vrai guerrier.

          Malgré ma position peu enviable, Staline réussit tout de même à me tirer un sourire. C'est ça, l'âme d'un géant. Même devant les pires dangers, ne pas fléchir, toujours garder la tête haute, même devant un obstacle qui peut sembler insurmontable. Je l'admire, je l'envie.

          -Compte sur moi, Hyoga.

          Le gaillard brandit sa lame coupée dans les airs en se retournant devant la masse de gris qui grouille, loin derrière. Il lance un cri de guerre plus puissant qu'un chant tyrolien au fond d'une vallée, et fonce. Fonce sans se préoccuper de rien. Fonce avec comme seules protections son armure qui cliquète dans sa course qui fait trembler la terre et ses dorikis qu'il affiche avec fierté. Il fonce comme ça, seul devant le monde. Et pourtant, comme pirate devant Sea Wolf, le monde prend garde. Le monde prend garde, parce qu'un colosse grand comme trois maisons fait valoir la cause qu'il protège et la volonté qu'il affiche en moissonnant une ligne entière de pirates lorsqu'il atteint le premier les troupes.

          Et alors que je reste en extase devant Staline, des centaines de révos foncent à leur tour en contournant le navire. Je suis seul à rester derrière, incertain de mon rôle à jouer dans une telle bataille.
          Premièrement, protéger le navire.

          "Non."

          -Non?

          "Non. On fonce!"

          -On fonce!

          "Bah oui!"

          -Mais..!

          "Mais quoi?"

          Et je fonce, parce que je ne peux m'en empêcher. Car je suis comme ça. Quel camp prendre? Peu importe. Quoi faire?

          Frapper.
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          Oh l'Os jonglait bien entre les coups du révo. Oh qu'il souffrait bien de pas réussir à le battre et je sûre, gamine, que t'aurais pas pû te retenir de faire germer une petite larme aux creux de tes jolies yeux bleus, si tu l'avais vu ainsi. Si mal en point. Mais l'avait beau cravacher comme l'avait pas souvent dû cravacher, et bah moi, j’étais pire. Oh oui, bien pire. J'avais beau placer mes mains devant ma vieille caboche toute abîmée, je ne voyais que du flou, deux images intangibles qui ne me disaient rien qui vaille. Bien de trop rouges. Bien de trop chaudes. Oh oui, il y avait bien de trop de chaleur dans cette foutue pièce. Je me trouvais dans l'île la plus froide de toute la première voie de Grande Line, et, bordel, j'avais si chaud que j'en asphyxiais. J'aurais voulu me mettre nu comme un rat mort, boire de la glace pillée jusqu'à plus soif. Mais j'étais juste capable de mirer mes mains ridées avant l’heure, toutes rouges et floutées par la fatigue. Je les mirais avec des gouttes de pluies coulant le long de mes joues. Le cul posé contre le mur, le dos avachis, je les mirais en me disant, bah qu'elles n'avaient pas réussi ce qu'elles auraient du faire. Te donner assez de berrys pour que t'aies pas à te soucier du futur. Ma belle. Ma douce et magnifique enfant.

          Oh que j'aurais aimé voir ta jolie pousse grandir. Moi l'pauvre jardinier qu'avait tenté jusque là de mettre à terre toutes les sales mauvaises herbes. Moi qu'avait voulu te voir éclore un jour, d'un magnifique rose qu'aurait fait trembler toute les autres belles plantes de ce foutu monde. Mais ces mains là, de jardinier, n'étaient plus bonne à rien d'autre que de creuser leur propre tombe. Qu'à pleurer sur leur sort sans même chercher à foutre à l'eau ce foutu poison. C'ui là même qui me rongeait de l’intérieur depuis trop longtemps.

          Cui là même qui me faisais de moins en moins voir, qui me faisais mirer l'ange venu m'enlacer, venu me sussurer des mots doux à l'oreille. Qui se faisaient écho jusqu'à ne plus entendre la fin.

          « C'est pas mon heure » que je lui disais, « c'est pas mon heure » que j'lui répétais, « ma fille m'attend » que je lui suppliais.

          « Ma fille m'attend... »

          Mais elle me lâcha pas. Me pris même le bras, laissant à l'air sa jolie poitrine à peine cachée par un bout de tissue blanc. « J'suis marié » que je lui dis. « Moi aussi » qu'elle me répondu.

          « Ça se marie les anges? »
          « Je ne suis pas un ange; »
          « Alors pourquoi tu te mets dans ma caboche? »
          « C'est le poison, c'est le poison. »
          « Qu'est ce qu'tu fiches à triturer mon bras ? »
          « Je vous sauve la vie. »
          « Alors t'es un ange. »

          Je restai là, un moment ; La gueule pendante du tout heureux. Du tout mourant. Je restai là alors qu'elle partait déjà. « Merci l'ange » que ma caboche sortit. Un merci que tout mon corps criait, mais qui ne se fit entendre que par un murmure, inaudible. L'ange avait d'autres vies à sauver. L'ange repartait. Comme elle était venu, discrète. J'étais encore à terre, encore incapable de lever le moindre petit doigt, mais je souriais, car ce joli ange m'avait rappelé à ta maman. A la plus belle de toutes. A celle qu'avait rendu moins con un homme qui pourtant partait de loin. Alors je souriais en vous imaginant, toutes les deux, à jouer aux cartes tout près de la cheminée. Ce bon vieux cabot de Fly à tenter de grappiller quelques restes du repas. Et ta magnifique de mère à ne même pas y faire attention, trop occupée à trier les cartes. Toi, tu tendrais discrètement le bras vers le chiot qui viendrait lécher dans ta mains le bout de viande que t'aurais gardé pour lui.

              Une ange passe et te sauve la vie, c'est beau... Beau comme un conte de noël au coin du feu. Surtout ici ou tout est blanc et froid et ou un poéte pourrait parler des heures de la beauté du manteau de neige et du palais de glace...

              Mais avec ce qui se passe dans le coin le blanc de la neige se teinte du rouge frais du sang et le froid qui règne sur les corps éparpillés est celui de la camarde. Exit contes de Noél et poésie à la con... Alors les anges... N'en parlons pas...

              Tu reviens à la vie au moment ou ton ange repasse, mais le solennel de l'expression consacrée ne colle plus du tout à la scéne... Ton ange court, une lueur de panique sur le regard, traquée... Et alors qu'elle te jette un regard et décide, en brave médecin qu'elle est de fuir à l'opposé de l'endroit ou tu gis pour essayer malgré tout de continuer à te protéger, deux cartes à jouer volantes reliées par des cordes surgissent en tournant depuis un couloir pour s'enrouler autour de ses jambes et la faire chuter...

              Ange déchue... Ahah...

              Il ne faut qu'une seconde au coupable pour débouler dans la pièce... Un tigre d'abord, une bestiole énorme avec tout ce qu'on peut redouter chez ce genre de prédateur, muscles tendus, griffes et dents acérés, sens affutés. Et sur son dos une gamine de féte foraine dont la blondeur est gâchée par une de ses expressions a la fois joyeuse et mauvaise qu'arborent les mômes qui n'ont pas encore compris que s'amuser à arracher les ailes des mouches ça ne se fait pas...

              Ascension violente The-al10_imagesia-com_3guq_large

              -Wouuuhhouu ! Et une de plus !

              Puis elle te voit et tire sur les oreilles du tigre qui dérape et s’arrête juste avant de passer sur ton ange qui lutte pour se défaire de ses liens... Et la môme de se tourner vers toi avec toujours ce sourire qui signale qu'elle pourrait rire en te donnant une grenade... Elle penche la téte, visiblement intriguée et essayant de te caser quelque part... Pas en marines visiblement, ni en révos ou en pirates...

              -Salut... Tu es un médecin toi aussi ? Tu veux jouer ? Tiens, pioche une carte...

              Et pendant que le tigre se rapproche de toi en grognant, la môme déploie dans ta direction un éventail de cartes à jouer...

              Y'a plus de respect bordel...
              J'ai cru que c'était toi. Ce petit bout de nez, ces joues d'enfant rosies, ces longs cheveux blonds descendant jusqu'au cou, fleurtant au gré des mouvements. J'ai cru que c’était toi, mon bébé. Mais à ses yeux tout aussi bleus que les tiens, on n'y voyait pas l’insouciance, ni la joie ni l'amour ni tous ces autres sentiments qui font, bah que j't'aime, mon bébé. Non, dans ses yeux à elle, on y voyait que la folie. Cette folie qui devrait pas frapper les mômes aussi petits que toi. Ça non.

              Elle m'observa un long, pencha la caboche comme si j'étais un phénomène de foire. Mais j'suis pas un phénomène de foire, bordel.

              _J'suis pas un phénomène de foire, bordel.

              Elle sursauta de surprise, manquant de faire rugir son gros matou que j'avais pas envie qu'il rugisse. Ça non. Elle sursauta, pis surtout, elle ricana, plaquant sa main contre sa bouche comme pour se moquer de ma trogne. Mais pendant ce temps, la mienne, de trogne, faisait le tour de ma mémoire pour me rappeler où je l'avais déjà vu, cette gamine. J'étais sûr d'avoir vu ces fossettes, cet air d'enfant bercé trop près du mur. Et enfin, l'info remonta.

              _Ellyn Lyzi "l'As de cœur". Bordel, pas encore 10 piges et déjà 30 millions de berrys. T'as du en faire, des conneries, gamine.

              Le tigre me grogna dessus comme seule réponse, me montrant au passage ses canines bien de trop affûtées, son haleine bien d'trop parfumée.

              _Faut lui brosser les dents, à ton chat, ça fait peur, sinon.

              Je me levai, le cul tout coincé, les jambes encore flageolantes. M'fallait gagner du temps, histoire de récupérer. Histoire, aussi, de redonner à mon ange ce que je lui devais. Le genre de cadeau dont on est toujours redevable, jusqu'à payer sa dette. Et là, cet instant où le gros matou continuait à montrer ses belles dents, où la gamine me tendait une carte, c'était celui où je me devais d'une chose. Envoyer valser mon couteau près de la mistinguette qu'avait voulu jouer à la sauveuse de vie là où on doit s'occuper que de sauver la sienne, de vie.

              _J'veux bien te piocher une carte gamine. Mais après, t'vas tranquillement retourner chez ton papa. J'm'en voudrais de faire du mal à un gosse.

              Sans lui laisser le temps de répondre je piochai une carte. Assez vite pour pas qu'elle ait le temps de voir. Assez vite pour pas faire gaffe au cœur qui battait trop fort la chamade. Bordel c'était qu'une gamin et pourtant je suais comme un gosse devant sa première femme. Comme un chasseur devant sa première proie. Mes yeux glissèrent jusqu'à voir cette satanée carte.

              Une dame, de cœur. Ta mère, ma magnifique de femme. L'était là. Pour moi. Je montra la carte.

              -As de coeur ! Alors t'es bien un médecin ! Suuuperr ! Onc' Kraab veut tous vous voir, alors tu me suis sans faire d'histoire ou Cerber te mords !

              Je me gratta la tête. Comme pour me laisser le temps de réfléchir à une réponse. Comme aussi, pour encore sentir de plus près l'haleine du gros tigre venir me caresser la gueule, voir ses immenses muscles tous pliés, près à agir, et ses poils, retroussés, en épis, signe qu'il était aux aguets, prêt à fondre ses grosses dents sur ma caboche au moindre ordre de la mistinguette. La question était de savoir, si je lui répondais « non », ce qu'il allait se passer ; et si je répondais « oui », ce que j'allais bien pouvoir faire entouré d'ordures de la pures espèces, de monstre à la cruauté inimaginable et à la puissance divine comme le Kraabs. J'imaginais déjà une vingtaines de paire d'yeux braqués sur moi, une aura de puissance inimaginable m'entourer, m’oppresser comme un citron pour ne plus me lâcher. Et bordel, c'que j'aime pas l'citron.

              _ Désolé p'tite, mais j'suis pas toubib. La seule toubib qu'il y avait ici, c'est celle qui te l'a faite à l'envers. A cause de moi. Navré petite.

              Nos regards se tournèrent vers là où était censé être la toubib. Nos regards ne virent plus que deux cordes et
              deux bouts de cailloux. Coupés.

                  -Hiiii ! Jt'e déteste ! C'est toi qui l'a aidé à s'enfuir !

                  Moue accusatrice et visage furieux de préado en pleine crise, la miss est colère, pas de doute. Probable que tu vas découvrir sous peu pourquoi ce visage d'ange est collé sur la même affiche qu'une prime à sept zéros...

                  -Alors à moi de choisir une carte !

                  Et avec l'adresse d'un vieux vétéran des tables de jeu, la môme replie son éventail de cartes avant de faire cascader son paquet d'une main à l'autre, brassant les cartes à toutes vitesse avant de les rassembler d'une seule main pour brandir le paquet vers toi. Te laissant voir la carte qui est sorti sur le dessus, dame de pique...

                  Une dame de pique qui, a bien y regarder est peinte à l'effigie de la demoiselle juste derriére, avec le sourire vicelard comme il faut... Normal, le cœur ne lui allait pas du tout..

                  -Dame de pique ! Qu'on lui coupe la tête !

                  Et avec une virtuosité qui appelle le respect, la miss fait sauter en série ses cartes une par une vers sa main libre, les attrapant en vol de l'autre main pour te les expédier dessus comme si c'était des couteaux ou ses machins qu'affectionnent les ninjas. Rien de bien effrayant jusqu'a ce que la premiére des cartes vienne percer ton col de chemise en s'enfonçant dans le mur, immédiatement suivi par une demi douzaine d'autres qui viennent t'encadrer comme si tu étais une cible de fête foraine.. Et elle ne t'a même pas proposé de bandeau...

                  -Et voila, épinglé ! Maintenant mange le Cerber !

                  Franchement, qui a éduqué cette môme...
                  -Et voila, épinglé ! Maintenant mange le Cerber !

                  A cet instant, j’espérais qu'une seule chose, mon bébé. Qu'une seule petite chose. J'éspèrais juste... T'avoir mieux éduqué que cette foutue sale gosse ! Hein que tu n'es pas comme ça ? Hein que t'as pas tant de rage à dégager et que quand je disparais, tu ne deviens pas si folle ? Je crois bien, sinon, qu'il me resterai plus qu'à prendre une pétoire et à me la foutre au fond de la caboche. Et à tirer une foutue balle pour me faire pardonner d'avoir créer une horreur.

                  Mais bordel, avant tout ça, fallait que je fesse cette sale môme qu'avait voulu grandir trop vite. Trop mal.

                  Ça se passa vite. Trop vite. Je sentis l'haleine putride du monstre à quelques centimètres de ma caboche que mon pied vola dans son cou. Faisait piailler la bête à plus de deux mètre et voler la miss par dessus bord. Je déchira ma peau à m'extirper de ses foutus punaises mais j'en avais cure. Le gros matou me remontrait déjà ses dents et tous ses muscles se crispèrent pour se jeter sur moi. Ce moment là, où le chaton était propulsé dans les airs, immobile. La gueule grande ouverte, les immenses pattes tendues vers moi. Ce moment là, je n'admirai pas ses longues cicatrices sur le bas du dos, ni ses yeux couleurs ivoire pleins de rage. Ni son museau tout trempé d'humidité et de salissure. Je ne sentis pas non plus son odeur de musc, de verdure et de sel. Non, j'eus pas le temps de réfléchir, juste de sortir ma pétoire et d'tirer. D'tirer juste en dessous son cou, juste au dessus de son bas ventre. Juste vers là où devait se trouver son cœur.

                  J'tirai comme un forcené et me jetai en arrière, le dos face au sol et la caboche face aux griffes ouvertes, pointues. Mortelles. J'entendis un énorme cris animal, je vis les mâchoires du monstre claquer dans un grand fracas, les balles gicler dans son ventre, faisant voler du sang sur toute la pièce.

                  Mais surtout, je vis ses yeux qui se fermaient et sa vie, bah, qui se faisait la mal. Sauf que je me pris quand même cette énorme boule de poil jaune et noir sur moi. Dans un dernier soupire, dans un dernier râle animal, le monstre leva la patte, assez lentement pour que j'ai tout le temps de voir venir. Mais l'animal pesait son poids, et sacrebleu ce qu'il m'empêchait de bouger. Ses griffes vinrent eraffler ton mon bras avant qu'il ne décide, à s'en aller bien plus haut.

                  Sacrebleu c'que j'eu mal.

                      -Debout Cerber ! Debout !

                      Vu la colère dans sa voix, la gamine doit pas être habitué a ce qu'on tarde à obéir a ses quatre volontés dés qu'elle piaille... Pourrie gâtée en plus ? Décidément elle cumule, comme si ça suffisait pas d’être élevé par des pirates...

                      Pendant que tu t'extrait péniblement du corps massif du tigre la gamin vient le bousculer de l'autre coté. Puis elle voit le sang qui coule, la tête qui pend et ses yeux fermés, et arrive à la bonne conclusion, Cerber le matou a rejoint les zones de chasse éternelle...

                      -Ohlala tu l'as tué... Elaine va te massacrer quand elle va voir ça !

                      Elaine ? Allons bon...Dans ta tête les affiches liés à la flotte de Kraab défilent les unes derriére les autres. Elaine ? Elle est la aussi ?

                      -Sauf si...

                      Un poids suplémentaire vient te peser sur les jambes, pas vraiment un changement par rapport au poids total du tigre, mais de quoi le noter quand même. Et une seconde plus tard une tête blonde émerge de derriére la grosse tête morte du féline pour te sourire de toutes ses petits dents pointues..

                      -Sauf si c'est moi qui le fais d'abord !

                      Et pendant que les deux cartes qu'elle tient dans ses mains deviennent soudain de longues aiguilles effilés, le môme te saute littéralement au cou en hurlant comme une souris démente. Quel zoo...
                      La miss pouvait bien chialer d'avoir perdu son matou. Pouvait bien perdre toutes ses foutus larmes sur ce qu'était pour elle un jouet, moi ça m'allait. Ça me laissait le temps de me battre contre la grosse touffe de poils sans vie qui me bloquait, m'empêchait de sortir autre chose qu'un bout de bras. J'avais le cœur qui palpitait comme quand je te revois après un long moment. J'avais les poumons qui piaillait du manque d'oxygène comme quand je ne t'ai pas vu depuis trop longtemps. Mais j'avais pas le temps de me préoccuper de ça, j'avais depuis un bail plus le temps d'écouter mon corps qu'allait bientôt finir par me dire « merde »,. A force de tirer sur la corde sensible, qui s'effilochait. Qui s'effilochait tant qu'elle en était presque à céder. Et je continuais à triturer dessus. Le bras sorti suintait le sang à plus savoir où en mettre, tellement meurtri par de moches cicatrices toutes postulantes. Mais je poussais encore, et j'regrettais, d'avoir jeté mon Opinel qui m'aurait sacrément aidé. Je sentis que j'y arrivais, que j'allais bientôt pouvoir soulever tout le poids qu'il y avait à soulever quand la mistinguette réapparu. L'avait arrêté de chouiner. L'avait arrêté pour mieux se venger et déjà, je vis son regard qu'elle aurait pas du avoir à son âge.

                      Je vis sa caboche se rapprocher de la mienne, et je vis ses cartes se transformer en lamelles. Moitié essoufflé, je pus pas m'empêcher.

                      _Bordel de Dieu, un fruit du diable ?

                      Ma substance grise n'eut pas le temps de réfléchir. C'était mon instinct qui parlait et alors même qu'elle fonçait ses deux armes sur moi, ma caboche vola vers la sienne. De caboche. Ça fit un gros BAM, puis surtout, après, un gros Ouiiiin où la miss vola sur le côté, se tenant la trogne entre les mains. Mains qu'avaient laissé tombé les deux armes à côté, de la mienne, de main. C'était ma chance, je pouvais faire taire cette gamine. Mes doigts tâtaient le sol pour réussir à prendre l'une des armes. Tous fébriles, leurs manquait à peine plus d'un centimètre. A peine plus d'un ongle. Et la miss qui commençait à baisser son couinement, qu'allait bientôt se rendre compte. Et cette foutue main qui voulait pas grandir. Et ce foutu corps qui refusait d'encore bouger. Alors, et seulement à ce moment là, je me rappelait que pour donner un coup de caboche à la gamine, j'avais bien réussi à la faire bouger, cette grosse carcasse. Et à ce moment là, enfin, je poussai de tout ce que j'avais dans mes tripes pour me sortir de là !

                      _BORDEL DE DIEU JE VAIS Y ARRIVER !!!

                      Les veines de mon cou se mettaient à trembler sous l'effort, c’est à peine si mon dos ne se mettait pas à danser sous les mouvements de mes muscles. Et j'y arrivai. Enfin ! Je me mettais debout, face à la miss qu'avait l'air aussi furax que toi quand tu perds ton doudou. Mais je m'en cognais, j'étais debout ! Et j'allais la fesser comme il se doit. Ça oui. Sauf qu'elle me laissa pas le temps de récupérer. Pas même une seconde pour retrouver un peu de souffle et déjà, une corde vola vers ma gueule, vers mon cou. Elle se mit à tourner pire que dans un parc, à me serrer pire que ta mère aux retrouvailles. A m'étrangler pire que quand je cache tes jouets. J'étouffais, bordel. Ma gueule devenait plus rouge qu'une fraise cramoisie, plus rouge encore que le bon Joe du village qu'avait trop abusé de sky. Je pouvais plus réfléchir ! Je voyais sa gueule de faux ange se marrer à me voir clamser. Je voyais les étoiles apparaître tellement je souffrais. Mais surtout, je voyais ma main, qui dans l'dernier effort, tentait de sortir ma pétoire. Et de viser sa caboche. Et faire sortir le coup !

                          Bang !


                          Tu tires et la tête de la môme part en arrière et disparait de ton champ de vision pendant que le gros calibre de ton arme l'envoie bouler les quatre fers en l'air à l'autre bout du couloir dans un nuages de cartes à jouer diverses...

                          Tu te relèves en toussant pour t'empresser de te débarrasser du fil qu'elle t'a noué serré autour du cou. T'auras une marque comme les pendus. Un vrai lierre cette gamine, le genre je m'attache ou je meurs. Tu aspires avec un soulagement certain une nouvelle bouffée d'air frais et ton canon se rebraque instinctivement en direction du petit corps couché la bas sur le dos... Morte ?

                          Pas morte...

                          La bas une main bouge, une main qui tâtonne spasmodiquement sur le sol et se referme sur une poignée des cartes éparpillés autour d'elle, les agrippe, et les lève pour pour pouvoir les regarder...

                          -Aaaa... As de trèfle... Bou... Bouclier...

                          Elle tourne la carte vers toi, As de trèfle. Un As de trèfle dont le dessin central a disparu, remplacé par un trou circulaire et fumant, ainsi qu'elle le constate aussi quand ces doigts l'explorent en tâtonnant et que l'un deux traverse la carte...

                          -Ooooh mince...

                          L'As tombe au sol, remplacé par le roi. Percé aussi... Comme mue par une volonté indépendante, la main de la môme répète les gestes qu'elle connait par cœur, étalant en éventail les cartes ramassés... Une suite de trèfle, tous percés d'un trou...

                          -Trooop nuuul... Papa ?

                          La main lâche les cartes, retombe ouverte sur le sol, et ne bouge plus...