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Macabre nostalgie

[Seul ceux qui savent peuvent comprendre......]



Enzo P. Hisachi regardait l’horizon, ricanant faiblement, laissant de petites larmes couler le long de ses joues. Il était encore très troublé par les récents évènements, par le fait que le destin s’acharnait à lui pourrir l’existante, à le détruire sur tous les plans. Mais, tout comme ce broyage mental avait réveillé l’ancienne démence du survivaliste, il avait aussi fait ressortir son désir de survie dans son état le plus pur. Et après avoir réussi à mettre un peu d’ordre dans sa tête, le cornu décida qu’il était temps pour lui de reprendre les « bonnes » vieilles habitudes.

Il retira ses bras de ses manches, laissant tomber le haut de sa redingote au niveau de ses hanches, se faisant ainsi un pseudo pagne bourré de poches, et dévoilant son torse et son dos, tous deux couvert de cicatrices. Certaines étaient plus grosses que d’autres, mais chacune représentait un douloureux souvenir pour le jeune-homme. Sur son ventre, le mot « FAIM » trônait fièrement, ayant été écrit à même la chair, mémo morbide de la malédiction du CP ayant toujours dirigée sa vie.

Enzo caressa lentement plusieurs des cicatrices, et chaque fois que ses doigts effleuraient l’une d’entre elles, il ressentait la lame, le croc, la balle ayant marqués sa peau à jamais transpercer son corps, comme si les diverses blessures venaient de lui être infligées.

Mais il avait déjà perdu suffisamment de temps dans cette séance de flashback glauque et malsaine. Il devait se concentrer sur le présent désormais, et non sur le passé. Or, actuellement, le présent consistait à trouver un moyen de survivre sur ce petit bout de terre où Enzo était la seule forme d’intelligence.

Lentement, il avança en direction la forêt, comme un condamné à mort se dirigeant vers la potence, humant pleinement cette écœurante odeur de souvenir flottant dans l’air.

Comme au bon vieux temps….


Dernière édition par Enzo P. Hisachi le Sam 6 Juil 2013 - 7:21, édité 1 fois
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Raaaah, foutue jungle. Elle avait beau être vaste comme pas possible, je n’y trouvais aucun abri potable. C’était trop dur de foutre une grotte dans ce putain d’endroit maudit ? Je courais, je commençais à désespérer, et puis, alors que la tristesse recommençait à me dévorer, je fini par repérer des traces de boue sur le sol. Ce qui signifiait deux choses : 1 : suivre ces traces me conduirait à du gibier. 2 : vu que seule ces traces comportaient de la boue, cela signifiait que l’animal à qui elles appartenaient avait quitté un endroit humide. Décidant de remonter la piste en sens inverse, je fini par tomber sur un petit ruisseau. L’eau n’était peut être pas la plus potable qui soit, mais elle restait plus digérable que l’eau de mer, et puis, mon estomac en avait vu des bien pire. Je plongeai ma tête dans la flotte, histoire de m’abreuver et de me rafraichir un peu, mais rapidement, je me redressai, sortant le grand couteau prit sur le Léviathan que j’avais réussi à garder sur moi malgré l’attaque de l’immondice des mers.

Du bruit, j’avais entendu du bruit. Mon rythme cardiaque s’accélérait, mes émotions se remettaient à tourbillonner dans ma tête. Qui était la ? Qu’est ce qui était la ? Quelle saloperie allait essayer de me buter ? Je ne savais pas, et je n’avais pas envie de savoir. Sautant dans un arbre, je me cachai quelques instant avant de descendre et de m’éloigner le plus vite possible de la zone. Malgré ma panique, je pensai à marquer au couteau les troncs d’arbre sur mon chemin, afin de retrouver le point d’eau. Même si je devais fuir cette chose voulant ma peau, je ne devais pas pour autant oublier de rester pratique dans ma survie.

Une fois bien éloigné, je repris ma quête d’un endroit pouvant servir d’abri, bien que mon sentiment de panique n’étais toujours pas passé. Tout en avançant, je me mettais à ricaner, à me moquer de moi-même parce que j’avais surement pris mes jambes à mon cou à cause d’une simple sauterelle ou d’un fruit tombé d’un arbre. Et puis, je me mis à sangloter. Ca n’avait rien de drôle en fait. Non, c’était même catastrophique. Je n’arrivais plus à faire la part des choses. Oh, pourquoi, pourquoi Dame Fortune m’avait elle jetée dans cet enfer ?

Je me sentais mal, il me fallait me poser, vite ! J’observais la jungle, j’essayais d’analyser un maximum d’information, de repérer le plus de détail utile possible, sans pouvoir m’empêcher de me retourner brusquement de façon régulière, m’attendant à tomber sur un monstre, une créature voulant se repaitre de ma chair. Et puis, finalement, malgré cette confusion très ordonnée, je fini par trouver un arbre. Un grand arbre, dont la disposition des branches semblait assez particulière. Ces dernières s’étendaient sur les cotés, cachant grâce à leur feuilles ce qui se trouvait au « centre » de l’arbre, au milieu du tronc.


Agrippant l’écorce et l’utilisant pour grimper le long de l’arbre, je me glissai entre les branches (qu’il est pratique d’avoir le tour de taille d’une baguette parfois) pour finalement voir que les premières branches cachaient tout simplement d’autres branches. Je découvris aussi que le sommet du tronc était plat, et que couplé aux branches extérieurs, le tout formait une sorte de « plancher » assez long et large. Bref, avec quelques efforts, cet endroit pourrait faire un parfait abri de fortune.

Je fis craquer mes doigts avant de me mettre à arracher toutes les branches qui ne faisaient pas partie du « plancher », pour après les entreposer au pied de l’arbre. Elles pourraient servir à faire du feu ou des outils, donc autant les conserver. Au cas où, je gardai tout de même une grosse branche en haut avec moi, afin de l’utiliser comme gourdin si jamais une sale bête se pointait pour m’attaquer. Une fois le centre de l’arbre dégagé, je me mis à retirer tout les restes de branches pointus qui trainait de ça de la du tronc, afin d’être sur de ne pas me blesser. Après avoir terminé, j’observai l’endroit, et il était parfait : spacieux, pas trop dangereux (le risque de glisser sur une des branches existait toujours, ce qui signifiait que j’allais devoir solidifier le tout pour éviter ça), et surtout, complètement invisible de l’extérieur, cette sorte de grosse bulle végétale allait être un très bon abri.

Je me sentais bien. Joyeux. Euphorique même. Les choses s’arrangeaient un peu J’avais enfin un endroit où dormir. Certes, la pluie réussirait à se glisser entre les feuilles mais ce n’était pas le plus gênant. Et puis, j’avais tout de même fait du bon travail. Et puis, je sentis de nouveau la tristesse me poignarder. Mais que m’arrivait-il ? Il n’y avait aucune raison de se réjouir d’être ici ! J’avais perdu la tête ou quoi ? Raaaaaaah, ça m’agaçait, ça m’agaçait, ces sentiments de joie et de peine qui se chevauchaient. Je m’assis un moment, laissant mes jambes pendouiller à travers les branches et les feuilles de l’arbre, me grattant la tête pour essayer de me calmer. Je réalisai soudainement que je n’avais plus mon haut de forme, ce qui signifiait que mon arme secrète, mes cornes, étaient visible de tous. Graaaah, quand la fortune a décidée de te faire chier, elle le fait jusqu’au bout en tout cas.

Et puis, une voix me tira de mes réflexions. On m’appelait ? Qui m’appelait ? Et pourquoi ce ton me semblait si familier ? Saisissant ma branche gourdin, j’écartai quelques feuilles avec mes doigts pour voir d’où cela venait. Et puis, d’un coup, je vis deux sortes de cordes bleues s’enrouler autour de la branche où je me trouvais. Et merde…. C’était lui.

Je donnai un coup de pied sur la branche tout en hurlant « DEGAGE ! », avant de me laisser tomber au sol, massue de fortune toujours en main, évitant d’atterrir de justesse sur un petit homme trapu et bossu. Se dernier se mit à sautiller en arrière, puis il marmonna quelque chose et ses longs cheveux bleus se mirent à s’élever dans les airs pour aller s’attacher à l’une des branches d’un des arbres voisins. Les cheveux tirèrent alors l’homme, qui s’assit dessus comme s’il s’agissait d’une balançoire.

Ce drôle de gars était connu sous le nom de « La tique ». Personne ne savait d’où il venait, ni ce qu’il faisait avant, mais une chose était sur : ça n’était pas un mec banal. Son truc lui permettant de manipuler ses cheveux en était la preuve. Il m’avait d’ailleurs proposé de m’apprendre comment faire, mais j’avais préféré l’envoyer bouler. En même temps, cette ordure me réclamait les trois quarts de mes réserves de bouffe. Et puis quoi encore ?! Il y a une limite à l’arnaque.



-Alors l’diablotin, la forme aujourd’hui?

-…. Si c’était pour me poser des questions connes tu aurais pu rester chez toi la tique.

-Toujours aussi aimable à ce que je vois.

-Toujours aussi cynique à ce que je vois.

-Qui ne l’est pas ici mon petit. Enfin bref, je suis pas venu pour ça, parlons affaire !

-Ma massue et moi nous t’écoutons…

-J’ai repéré un joli tas de viande sur l’île. Un Garaginou. Je me suis dis que ça t’intéresserais…

-…Où est l’arnaque ?

-Oh, il n’y a pas d’arnaque voyons, juste un petit paiement en échange. Et arrête de baver je te prie !

-Hum ? Oh, oui, je bave, c’est vrai. Réhéhéhéhé, quel dégueulasse je fais. Faut dire que j’ai pas manger depuis……*sniurf*

-Wow, calmos, me refait pas une de tes crises s’il te plait. Répond moi juste : tu veux que je te dise où il est ou non ? Et puis, je pourrais aussi t’aider à l’attraper tu sais ? C’est pas simple de chopper des Garaginou en solo. Et je suis prêt à te laisser toute la carcasse en plus.

-… Où est l’arnaque?

-Paiement, tout est paiement ici.

-Paiement et arnaque sont des synonymes ici, tu le sais très bien.

-Toujours aussi cynique, gamin.

-Qui ne l’est pas ici, mon petit ?

-Malin, tu m’as eu sur ce coup. Mais bref, assez discuté, le temps c’est de la survie, je te demande en échange de me donner ton nouvel abri.

-L’arbre ?

-Je sais très bien que c’est une sorte de coque de feuille où l’intérieur n’est pas visible de l’extérieur. Ca faisait un moment que je lorgnais l’endroit !


-Et malheureusement pour toi, tu es arrivé trop tard. Dégage, je ne suis pas intéressé.

-Oh, tu ne veux vraim…

-J’ai dis DEGAGE !

-Bon, très bien, très bien, pas la peine d’être aussi agressif…



Massue brandie, je me tenais prêt à lui écraser la tête au moindre mouvement un peu trop dangereux. Ce type était trop louche, je n’avais aucune envie de marchander avec lui, je connaissais sa réputation. Par réflexe, je tournai la tête un quart de seconde, le temps de voir si rien n’essayait de m’attaquer dans le dos, et en me retournant, je vis que la tique n’était plus la. Il était rapide le nabot, tant mieux, sa présence me mettait beaucoup trop mal à l’aise. Mais avec son marché débile, il m’avait donné faim cet abrutit. J’avais trouvé un abri, alors il était grand temps pour moi de m’adonner à la partie la plus intéressante et la plus vitale du jeu de la survie : trouver de la bouffe.
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Rien de consistant…. Je n’avais rien trouvé de consistant jusqu’à présent. Quelques fruits comestibles, deux trois lézards de petite taille, une ou deux larves d’insecte, bref, que juste des en-cas. Des amuse-gueules. Rien de suffisant pour combler la faim qui me rongeait. J’avais besoin de viande, d’un gros gibier qui pourrait me rassasier quelques temps. J’avançais prudemment dans la jungle, ignorant mes maux de tête, essayant de retenir mes pleurs ou mes ricanements, un couteau en main et une branche dans l’autre. Je fini de tailler cette dernière en pointe, avant de la glisser dans l’une des poches de ma redingote, avec les autres. Ces petites piques allaient m’être utiles pour poignarder ou embrocher ce qui passerait à portée.

J’entendis un bruit dans l’un des arbres à coté de moi, et immédiatement, je me jetais au pied de ce dernier, avant de l’escalader pour voir ce qui s’y cachait. Mais à peine eu-je le temps de glisser ma tête entre les branches qu’un singes jaillit de derrière ces dernières, me sauta sur le visage et atterrit sur le sol avant de commencer à courir.

Cet animal avait des réflexes, mais moi aussi. Ainsi, juste après m’être fait piétiner par le macaque, je me retournai brusquement avant de lancer mon couteau dans sa direction. J’avais beau ne pas savoir viser avec un arc ou avec un pistolet, j’étais tout de même très précis quand il s’agissait de lancer des objets. Ainsi, la lame du couteau fendit l’air en tournoyant avant d’aller se planter dans le dos de l’animal, qui continuait à avancer, mais beaucoup moins vite cette fois. Il me suffit de quelques enjambées pour le rattraper et pour lui briser la nuque.

Ce n’était pas l’énorme gibier que j’espérais, certes, mais cela restait quand même un bon début. Pour le coup, la faim me fit perdre toute patience et incapable d’attendre plus longtemps avant de manger, je m’installais dans un petit coin de la jungle pour commencer à préparer mon repas, frugal certes, mais repas quand même.

Je n’avais pas mangé de singe depuis un bail, et mon avis sur ces bestioles était toujours le même : ça manque de sel. Mais alors que je rongeais tranquillement une jambe simiesque, je sentis quelque chose me chatouiller la nuque. Quelque chose de pointu. Quand je réalisai ce que ça pouvait être, je me retournai brusquement tout en donnant un grand coup avec le morceau de singe que j’avais en main. Mais il n’y avait rien devant moi, à part un buisson.

Alors que je m’approchai prudemment pour voir ce qui pourrait s’y cacher, une jeune femme habillé en peau de bête et en vêtements sales, ayant une dague d’os en main et arborant une large cicatrice sur la gorge jaillit du tas de feuille et se jeta sur le reste de mon singe. Réagissant sans réfléchir, j’aplatis mon corps devant elle, l’air menaçant, me tenant prêt à me projeter sur elle en appuyant sur mes mains, ce qui la fit reculer de quelque pas. Je reconnu alors la femme. Elaine, une femme ayant perdu l’utilisation de ses cordes vocales après une mauvaise rencontre, mais sachant parfaitement se débrouiller sans parler. J’avais réussi par le passée à apprendre auprès d’elle à parler le langage des signes, mais dieu ce que ça m’avait coûté cher.


Cette fille savait se démerder pour obtenir ce qu’elle voulait, et à n’importe quel prix. Or, la, il était assez clair qu’elle en avait après mon repas. Sauf que moi aussi j’étais le genre de type prêt à tout pour avoir ce qu’il veut, et aussi pour garder ce qu’il a déjà. La muette bondit sur moi, dague en avant, me forçant à reculer pour l’esquiver. Je lui connaissais des méthodes plus subtile à la miss, comme la séduction, ou feindre l’innocence ou encore faire croire qu’elle était en danger et avait besoin d’aide. Le fait qu’elle soit assez mignonne et son infirmité, couplée à ses talents d’actrice, trompaient facilement les personnes les plus crédules.


Mais Elaine n’avait jamais rien obtenue de moi en agissant de cette façon, du coup elle avait finie par comprendre qu’elle ne pourrait me dérober quelque chose que par la force. Hors, sur ce point la, je me débrouillais assez bien. Mieux que la demoiselle en fait. Mais étrangement la muette arrivait à esquiver toutes mes attaques. C’est qu’elle était souple la petite.

L’affrontement s’étendait en longueur et je commençais sérieusement à en avoir marre, et puis, je réalisai quelque chose qui m’incita à vite mettre fin au combat : elle n’était pas en train de m’attaquer, elle était en train d’essayer de passer dans mon dos pour me piquer mon singe grillé. Ayant pris conscience de ça, je fis un grand bond en arrière afin d’atterrir à coté de mon maigre repas, avant de ramasser un maximum de morceau et de sauter dans un arbre, pour finalement m’enfuir en sautant de branche en branche, merci la proximité des arbres de cette forêt.


Après cet incident, je m’empressai d’engloutir ce qui me restait de singe grillé pour être sur que personne d’autre ne viendrait me le faucher. Et finalement, je repris ma recherche de nourriture un peu plus consistante. Petit à petit, mes sautes d’humeurs cessèrent de me gêner, que ça soit dans ma recherche de nourriture ou dans mon repérage des lieux. Je recommençais à apprendre à survivre avec. Et puis, au bout d’un certain temps à courir, sauter et me balancer, une odeur familière vint me chatouiller les narines.

C’était l’odeur du sang. Cela signifiait qu’un animal blessé, voir mort, se trouvait dans les parages, et donc, qu’un potentiel repas trainait dans le coin. Utilisant mon odorat pour trouver l’endroit d’où provenait cette odeur, je finis effectivement par tomber sur un gros animal mort. Le souci c’est que sa dépouille était entre les mains de deux adolescents, surement les personnes responsables de la mort de la bête.

Je reconnu les deux mioches, mais j’étais incapable de me rappeler de leur nom. Ils ne m’avaient jamais intéressé, c’était juste deux ado chassant en tandem et tentant de se démerder comme ils le pouvaient pour survivre. Ils n’avaient jamais eu rien d’unique ou d’intéressant à m’apprendre ou à m’apporter…. Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Parce que cette jolie dépouille qu’ils transportaient semblait bien trop lourde pour leurs jeunes et frêles épaule, hors, je me sentais d’humeur à aider les gens aujourd’hui.

Mais le gargouillement de mon estomac trahit mes intentions. A moins que ce ne fût la bave coulant le long de mes lèvres, ou tout simplement le regard de dément que j’adressais aux deux ados. Bref, comprenant que j’en avais après leur nourriture, ces derniers commencèrent à s’enfuir, tentant de courir le plus vite possible.

Mais on n’échappe pas à Enzo P. Hisachi. Encore moins quand Enzo P. Hisachi à fin et est persuadé que sa tête finira par exploser s’il ne trouve pas quelque chose à manger fissa. Sans m’en rendre compte, je m’étais projeté sur eux avec un Geppou Inseki, mais ratant mon coup, je finis par m’encastrer les cornes dans un tronc. Possédé par la faim et par mon début d’épisode maniaque, je me dégageai de l’arbre en donnant un grand coup de pied, libérant ainsi ma tête, mais laissant tout de même un morceau du tronc enfoncé dans mes cornes, que je m’empressai d’arracher pour le balancer sur les deux fuyards, sans les toucher hélas.

Je me lançai à leur poursuite, évitant les arbres, shootant les obstacles, zigzagant et sautant comme un fou. Mais le duo était très rapide, trop rapide même…. Ils allaient si vite que je finis par avoir du mal à distinguer le…. Le….. En fait, je n’avais même pas pris le temps de voir quel animal les deux lâcheurs transportaient, tout ce qui comptait c’est qu’il était gros et plein de chair. La course poursuite continuait, et, a bout d’un moment, sans que je comprenne pourquoi, je fini par tomber sur la proie qu’il transportait, seule. Je m’en approchai doucement, sentant venir le piège, et alors que j’allais la toucher, je fis un grand bon en arrière, bougeant la tête dans tous les sens à la recherches des deux ados qui, s’ils avaient voulu me piéger, auraient agit à ce moment.

Mais il n’y avait personne…. Et lorsque, toujours suspicieux, je me retournai pour ramasser mon futur repas, la carcasse avait disparue…. Un frisson parcourue pas peau, avant d’être rejoint par un profond sentiment de panique et de tristesse, remplaçant ainsi l’obsession qui m’habitait un peu plus tôt. La bouffe n’était plus la. MA bouffe n’était plus la ! Où ? Qui ? Comment ? Qu’est ce qui avait bien pu se passer. Je me remis à courir comme un fou, fouillant dans tous les coins et recoins de la zone où je me trouvais, allant jusqu’à soulever des cailloux afin de voir si ma nourriture n’avait pas été cachée en dessous.

Mais rien. Je ne trouvais rien. Il n’y avait plus rien. Je finis par pousser un juron avant de déraciner un arbre à grand coup de pied pour me défouler. Et puis, séchant mes larmes, je repris la quête d’un repas convenable, tentant d’oublier le festin qui s’était évaporé sous mes yeux……

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Le temps continuait de passer, la journée continuait d’avancer, tout devenait de plus en plus cauchemardesque. Je continuais d’enchainer les rencontres avec des personnes que je n’avais aucune envie de voir, des arnaqueurs, des voleurs, des gens à voler mais qui s’enfuyaient toujours, des gens en voulant à ma peau ou à mes affaires, c’était l’horreur. Plus ça allait et plus mes émotions me déchiraient, mes épisodes maniaques, hypomaniaques et dépressifs s’enchainant de plus en plus fréquemment, les situations variant de plus en plus souvent, mais toujours dans l’optique de me pourrir.

Et histoire de ne rien arranger, la faim me tiraillait, me déchirait, prenait petit à petit le contrôle de mon esprit. Et impossible de la satisfaire, les proies me fuyants toutes sans raisons, ou disparaissant comme par magie. Tout ce que j’avais pus manger était quelques fruits pourris, et il me fallait quelque chose de plus consistant, vite ! C’était un calvaire, ma tête me faisait mal, les imbéciles me narguant défilaient constamment devant moi, je n’arrivais plus à faire la part des choses ou à me repérer.

Sans savoir comment (probablement grâce mon instinct fonctionnant encore), je finis par retrouver le point d’eau que j’avais repéré plus tôt dans la journée. Sans perdre de temps je plongeai dedans, essayant de me remettre les idées en place. Après quelques minutes passées à me désaltérer et à me donner des baffes, je me traînai hors de l’eau, mon crâne croulant toujours sous la douleur. Manque de pot (et d’équilibre surtout), je glissai sur la boue pour atterrir la tête la première au fond de la flotte, le visage enfoncé dans la tête boueuse.

Je me redressai en vitesse, sortant de ce piège en marchant à quatre pattes de façon désordonnée, cherchant à fuir cette eau qui voulait me tuer. Tout voulait me porter préjudice ici ! Tout voulait ma mort. C’était horrible, c’était l’enfer ! Je plongeai ma tête dans mes mains, en larme, et je tentai désespérément de reprendre mon calme. Et puis, un bruit sur les cotés me tira de mes lamentations.

Je vis un homme, une tenue de corsaire plutôt sale sur lui, avançant lentement dans ma direction avec un gant griffu à la main. Ce type, je le connaissais…. Comment se nommait-il déjà ? Je ne savais pas, je l’avais toujours appelé « la sale ordure », essayant toujours de tout me voler, de détruire tout ce que j’avais, de me faire ma fête….. Il avançait avec sa griffe, se trainant un peu, et d’un coup, il bondit sur moi, me laissant juste le temps de faire un tekkai pour bloquer le coup. Sa griffe percuta ma peau avec un bruit sourd, et puis, je le repoussai d’un coup de pied, analysant la scène, et réalisant ce qu’il se passait : lui aussi il voulait me tuer, il voulait juste m’éliminer.

La tristesse laissa place à l’obsession. L’obsession de vivre, qui ne pouvait être satisfaite et accomplie en ce moment même que d’une seule façon : en tuant ce type avant qu’il ne me tue. Je ramassai une des pierres trainant près de l’eau avant de me jeter sur l’ordure et de lui fracasser le minéral dans la tête. Le coup fit gicler du sang de son visage, qui alla s’étaler sur le mien, me donnant un air encore plus dément.

Le futur macchabé essayait de se relever péniblement, tandis que je m’approchai de lui, ma pierre toujours en main. Je voulais vivre, et ça n’était possible que s’il mourrait. C’était logique, simple, clair, et net. Le tuer rallongerait ma durée de vie. Cette pensée m’obsédait, et je devais la calmer en l’éliminant, c’était tout. Je lui enfonçai mon pied dans le torse, afin de le bloquer encore plus. Il réagit violement en plantant son gant griffu dans ma jambe, mais cela ne me fit même pas broncher. Je n’avais pas besoin d’utiliser le Tekkai pour une attaque aussi ridicule. Je sentais la douleur, mais je m’en fichais : il fallait juste que je le tue, c’était tout ce qui comptait. Rien d’autre ne m’intéressait actuellement.

Je soulevai la pierre avant de l’abattre à nouveau sur sa tête. Et puis, cette mise à mort devint très vite un défouloir, mes coups s’accélérant de plus en plus, à tel point que je fini par lâcher la pierre qui me ralentissait pour continuer de le frapper à mains nues. Je pouvais sentir son sang gicler et me recouvrir petit à petit. Il hurlait des choses que je ne comprenais pas, que je n’écoutais pas. Je devais vivre. Il devait mourir. C’était tout ce qui comptait ! C’était aussi simple que ça ! Oui, aussi simple que ça.

A chaque coup que je donnais je me sentais traversé non pas par un sentiment de joie, mais un sentiment de soulagement, de satisfaction. La satisfaction d’accomplir ce qui devait être accompli, de faire ce que j’avais toujours rêvé de faire. Et puis, cette obsession qui m’habitait fini par me quitter. Mes poings ralentissaient petit à petit. Je me redressai, complètement essoufflé, fixant le cadavre méconnaissable de l’homme maintenant. Pour la première fois depuis un long moment, je me sentais…. Relaxé. Oui, relaxé. Mon stress et ma folie avaient décidé de me laisser tranquille l’espace de quelques minutes. J’étais certes toujours perturbé par tout ce qui m’était arrivé jusqu’à présent, j’avais toujours aussi mal à la tête, j’avais toujours cette sensation que tout voulait me tuer sur cette île. Mais au moins, je me sentais bien. Et puis, je finis par entendre un bruit, un bruit incroyablement familier, et lui aussi très relaxant.



-Ksss.

-….

-Kssssssssss.

-Hum….. An….Anko ?



Oui, Anko était la. Elle se tenait à quelques mètres de moi, enroulée sur elle-même. C’était normal qu’elle soit la, Anko est toujours avec moi, non ? Mais elle se déroula et elle se dirigea vers quelqu’un. Cette personne se baissa pour la prendre dans ses bras et………..Marie. C’était Marie. La, devant moi, se tenait Marie. La Marie. Ma Marie. La femme que j’ai aimée de tout mon cœur. Celle avec qui j’étais prêt à finir ma vie. Celle qui m’avait offert les plus beaux moments de mon existence. Celle qui avait réveillée ma folie en décédant. Non, c’était impossible, ça n’était pas elle, ça ne pouvait pas être elle.

J’ m’avançai lentement dans sa direction, tendant fébrilement les bras vers elle, alors qu’elle me répondait avec son habituel sourire chaleureux, Anko enroulé autour de son corps sifflotant joyeusement. Combien de temps ? Combien de temps cela faisait depuis la dernière fois où j’avais aperçus cette image ? Combien de temps ? Combien de temps m’avait il fallut pour bien comprendre que plus jamais je ne pourrais revoir la dite image.

Non, ce n’était pas Marie. Pour la simple et bonne raison que Marie était morte. Morte et enterrée. Définitivement partie. Il avait fallut énormément d’effort pour que je comprenne ça, mais aujourd’hui, c’était encré dans mon esprit : Marie était partie et elle ne reviendrait pas. C’était tout. Je n’y pouvais rien. Personne n’y pouvais rien. Alors pourquoi ? C’était comme la période après sa mort, je la voyais tout le temps, me regarder, me parler, elle était la mais sans l’être…. Ce n’était pas elle, non, on s’était mit d’accord avec le doc, elle ne pouvait plus être la…..



-Ma……Ma….

-Allez Enzo, cesse de pleurer….

-Sssssss.

-Anko pense comme moi : tout ce que l’on veut, c’est ton bonheur. Réveille-toi maintenant.




Elle caressa mon visage et puis d’un coup, elle et Anko disparurent. Oui, c’était exactement comme après sa mort. Mes jambes cédèrent, et sans m’en rendre compte je m’étais retrouvé à genou sur le sol, fixant ce dernier avec des yeux exorbité. Je réalisais…. Je réalisais tout ce qui c’était passé…. J’avais admit et gravé en moi la mort de Marie, pour ne plus jamais être torturé par ces apparitions…. Mais pour les autres….. Oui, tout était clair….

La tique, Elaine, les deux ados, toutes les autres personnes que j’avais rencontrées au cours de la journée, elles étaient d’Inferno. Oui, c’était des habitants de la zone d’Inferno que j’avais rencontré à l’époque….. Je me croyais sur Inferno, mais ce n’était pas Inferno. Non, j’étais sur une île déserte mais ce n’était pas Inferno. Et Anko, Anko… Elle avait été perdue en mer, du coup elle ne pouvait pas être la avec moi….. Quand à Marie, même si elle avait été vivante, c’est sur Purgatoris que je l’avais connue, et c’est donc là-bas qu’elle aurait du se trouver…. Mais pourtant, la sale ordure était bien réelle elle ! Je l’avais tué ! J’étais couvert de son sang ! Me tournant vers elle pour confirmer mes pensées, je vis qu’à la place de son cadavre se trouvait un tigre mort, dont le corps avait été ravagé par des coups….. C’était en fait un tigre… Mais alors…. Tous ces gens…. Toutes ces proies…….

Des hallucinations.

Tout cela c’était des hallucinations.

Je….. Je délirais. Tous les chocs physiques et psychologiques subit jusqu’à présent m’avaient fait délirer, et m’avaient plongé dans mon pire cauchemar : un retour à Inferno. Je…. Je….. Ma tête…… Tous mes souvenirs se mirent à se mélanger, ils se transformèrent en tempête qui ravageait mon cerveau. Je délirais, je devenais fou, et il fallait que ça s’arrête.

Mon visage encore une fois plongé dans mes mains, je subissais cet ouragan de mémoire, ce typhon de mes pires souvenirs, cette nostalgie macabre et glauque que personne ne méritait de revivre. Et puis, au milieu des hurlements, une voix se démarqua du reste. Certains mots se répétèrent, encore et encore, surplombant la tempête faisant rage dans ma tête. « DEMERDE-TOI TOUT SEUL ! », « Mais les gens autour de toi sont comme ton serpent : Inexistant ». Inexistant, Tout seul, ces mots se répétaient en boucle dans ma tête, sans s’arrêter….

Et puis d’un coup, plus rien.

J’avais compris. J’avais enfin compris. Je m’étais souvenu, souvenu de la raison qui m’avait poussée à quitter Inferno. De la chose qui m’avait rendu petit à petit cinglé. De la sensation que je craignais le plus au monde après la faim : la solitude.

Sur Inferno, j’avais toujours été tout seul, et ici, j’étais de nouveau tout seul. C’était pour cela que je voyais des choses qui n’existait pas ! C’était pour cela que je prenais cet endroit pour Inferno. C’était pour cela que j’avais eu une vision des deux êtres ayant donné de l’intérêt à ma vie. Je devais trouver de la compagnie…. Je devais trouver quelqu’un qui me tirerait de mes délires, qui m’aiderait à garder au moins un pied sur terre….. Mais qui ?

Et la réponse apparue dans mon esprit le plus naturellement possible.

Izya.

Izya Selindé.

Celle qui m’avait permit de prendre conscience de cette solitude. Et accessoirement la seule autre personne présente sur cette île. Je devais la retrouver ! Je devais la retrouver et la faire rester avec moi.


Lentement, je me levai, puis je me dirigeai vers le point d’eau afin de retirer tout ce sang de ma peau. Et puis, habité par une nouvelle obsession, je me mis à avancer dans la jungle, accélérant petit à petit, et hurlant le nom de celle qui allait me tenir compagnie, de gré ou de force !




-IZYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !





FAIM
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