Posté Dim 12 Mai 2013 - 18:35 par Enzo P. Hisachi
Raaaah, foutue jungle. Elle avait beau être vaste comme pas possible, je n’y trouvais aucun abri potable. C’était trop dur de foutre une grotte dans ce putain d’endroit maudit ? Je courais, je commençais à désespérer, et puis, alors que la tristesse recommençait à me dévorer, je fini par repérer des traces de boue sur le sol. Ce qui signifiait deux choses : 1 : suivre ces traces me conduirait à du gibier. 2 : vu que seule ces traces comportaient de la boue, cela signifiait que l’animal à qui elles appartenaient avait quitté un endroit humide. Décidant de remonter la piste en sens inverse, je fini par tomber sur un petit ruisseau. L’eau n’était peut être pas la plus potable qui soit, mais elle restait plus digérable que l’eau de mer, et puis, mon estomac en avait vu des bien pire. Je plongeai ma tête dans la flotte, histoire de m’abreuver et de me rafraichir un peu, mais rapidement, je me redressai, sortant le grand couteau prit sur le Léviathan que j’avais réussi à garder sur moi malgré l’attaque de l’immondice des mers.
Du bruit, j’avais entendu du bruit. Mon rythme cardiaque s’accélérait, mes émotions se remettaient à tourbillonner dans ma tête. Qui était la ? Qu’est ce qui était la ? Quelle saloperie allait essayer de me buter ? Je ne savais pas, et je n’avais pas envie de savoir. Sautant dans un arbre, je me cachai quelques instant avant de descendre et de m’éloigner le plus vite possible de la zone. Malgré ma panique, je pensai à marquer au couteau les troncs d’arbre sur mon chemin, afin de retrouver le point d’eau. Même si je devais fuir cette chose voulant ma peau, je ne devais pas pour autant oublier de rester pratique dans ma survie.
Une fois bien éloigné, je repris ma quête d’un endroit pouvant servir d’abri, bien que mon sentiment de panique n’étais toujours pas passé. Tout en avançant, je me mettais à ricaner, à me moquer de moi-même parce que j’avais surement pris mes jambes à mon cou à cause d’une simple sauterelle ou d’un fruit tombé d’un arbre. Et puis, je me mis à sangloter. Ca n’avait rien de drôle en fait. Non, c’était même catastrophique. Je n’arrivais plus à faire la part des choses. Oh, pourquoi, pourquoi Dame Fortune m’avait elle jetée dans cet enfer ?
Je me sentais mal, il me fallait me poser, vite ! J’observais la jungle, j’essayais d’analyser un maximum d’information, de repérer le plus de détail utile possible, sans pouvoir m’empêcher de me retourner brusquement de façon régulière, m’attendant à tomber sur un monstre, une créature voulant se repaitre de ma chair. Et puis, finalement, malgré cette confusion très ordonnée, je fini par trouver un arbre. Un grand arbre, dont la disposition des branches semblait assez particulière. Ces dernières s’étendaient sur les cotés, cachant grâce à leur feuilles ce qui se trouvait au « centre » de l’arbre, au milieu du tronc.
Agrippant l’écorce et l’utilisant pour grimper le long de l’arbre, je me glissai entre les branches (qu’il est pratique d’avoir le tour de taille d’une baguette parfois) pour finalement voir que les premières branches cachaient tout simplement d’autres branches. Je découvris aussi que le sommet du tronc était plat, et que couplé aux branches extérieurs, le tout formait une sorte de « plancher » assez long et large. Bref, avec quelques efforts, cet endroit pourrait faire un parfait abri de fortune.
Je fis craquer mes doigts avant de me mettre à arracher toutes les branches qui ne faisaient pas partie du « plancher », pour après les entreposer au pied de l’arbre. Elles pourraient servir à faire du feu ou des outils, donc autant les conserver. Au cas où, je gardai tout de même une grosse branche en haut avec moi, afin de l’utiliser comme gourdin si jamais une sale bête se pointait pour m’attaquer. Une fois le centre de l’arbre dégagé, je me mis à retirer tout les restes de branches pointus qui trainait de ça de la du tronc, afin d’être sur de ne pas me blesser. Après avoir terminé, j’observai l’endroit, et il était parfait : spacieux, pas trop dangereux (le risque de glisser sur une des branches existait toujours, ce qui signifiait que j’allais devoir solidifier le tout pour éviter ça), et surtout, complètement invisible de l’extérieur, cette sorte de grosse bulle végétale allait être un très bon abri.
Je me sentais bien. Joyeux. Euphorique même. Les choses s’arrangeaient un peu J’avais enfin un endroit où dormir. Certes, la pluie réussirait à se glisser entre les feuilles mais ce n’était pas le plus gênant. Et puis, j’avais tout de même fait du bon travail. Et puis, je sentis de nouveau la tristesse me poignarder. Mais que m’arrivait-il ? Il n’y avait aucune raison de se réjouir d’être ici ! J’avais perdu la tête ou quoi ? Raaaaaaah, ça m’agaçait, ça m’agaçait, ces sentiments de joie et de peine qui se chevauchaient. Je m’assis un moment, laissant mes jambes pendouiller à travers les branches et les feuilles de l’arbre, me grattant la tête pour essayer de me calmer. Je réalisai soudainement que je n’avais plus mon haut de forme, ce qui signifiait que mon arme secrète, mes cornes, étaient visible de tous. Graaaah, quand la fortune a décidée de te faire chier, elle le fait jusqu’au bout en tout cas.
Et puis, une voix me tira de mes réflexions. On m’appelait ? Qui m’appelait ? Et pourquoi ce ton me semblait si familier ? Saisissant ma branche gourdin, j’écartai quelques feuilles avec mes doigts pour voir d’où cela venait. Et puis, d’un coup, je vis deux sortes de cordes bleues s’enrouler autour de la branche où je me trouvais. Et merde…. C’était lui.
Je donnai un coup de pied sur la branche tout en hurlant « DEGAGE ! », avant de me laisser tomber au sol, massue de fortune toujours en main, évitant d’atterrir de justesse sur un petit homme trapu et bossu. Se dernier se mit à sautiller en arrière, puis il marmonna quelque chose et ses longs cheveux bleus se mirent à s’élever dans les airs pour aller s’attacher à l’une des branches d’un des arbres voisins. Les cheveux tirèrent alors l’homme, qui s’assit dessus comme s’il s’agissait d’une balançoire.
Ce drôle de gars était connu sous le nom de « La tique ». Personne ne savait d’où il venait, ni ce qu’il faisait avant, mais une chose était sur : ça n’était pas un mec banal. Son truc lui permettant de manipuler ses cheveux en était la preuve. Il m’avait d’ailleurs proposé de m’apprendre comment faire, mais j’avais préféré l’envoyer bouler. En même temps, cette ordure me réclamait les trois quarts de mes réserves de bouffe. Et puis quoi encore ?! Il y a une limite à l’arnaque.
-Alors l’diablotin, la forme aujourd’hui?
-…. Si c’était pour me poser des questions connes tu aurais pu rester chez toi la tique.
-Toujours aussi aimable à ce que je vois.
-Toujours aussi cynique à ce que je vois.
-Qui ne l’est pas ici mon petit. Enfin bref, je suis pas venu pour ça, parlons affaire !
-Ma massue et moi nous t’écoutons…
-J’ai repéré un joli tas de viande sur l’île. Un Garaginou. Je me suis dis que ça t’intéresserais…
-…Où est l’arnaque ?
-Oh, il n’y a pas d’arnaque voyons, juste un petit paiement en échange. Et arrête de baver je te prie !
-Hum ? Oh, oui, je bave, c’est vrai. Réhéhéhéhé, quel dégueulasse je fais. Faut dire que j’ai pas manger depuis……*sniurf*
-Wow, calmos, me refait pas une de tes crises s’il te plait. Répond moi juste : tu veux que je te dise où il est ou non ? Et puis, je pourrais aussi t’aider à l’attraper tu sais ? C’est pas simple de chopper des Garaginou en solo. Et je suis prêt à te laisser toute la carcasse en plus.
-… Où est l’arnaque?
-Paiement, tout est paiement ici.
-Paiement et arnaque sont des synonymes ici, tu le sais très bien.
-Toujours aussi cynique, gamin.
-Qui ne l’est pas ici, mon petit ?
-Malin, tu m’as eu sur ce coup. Mais bref, assez discuté, le temps c’est de la survie, je te demande en échange de me donner ton nouvel abri.
-L’arbre ?
-Je sais très bien que c’est une sorte de coque de feuille où l’intérieur n’est pas visible de l’extérieur. Ca faisait un moment que je lorgnais l’endroit !
-Et malheureusement pour toi, tu es arrivé trop tard. Dégage, je ne suis pas intéressé.
-Oh, tu ne veux vraim…
-J’ai dis DEGAGE !
-Bon, très bien, très bien, pas la peine d’être aussi agressif…
Massue brandie, je me tenais prêt à lui écraser la tête au moindre mouvement un peu trop dangereux. Ce type était trop louche, je n’avais aucune envie de marchander avec lui, je connaissais sa réputation. Par réflexe, je tournai la tête un quart de seconde, le temps de voir si rien n’essayait de m’attaquer dans le dos, et en me retournant, je vis que la tique n’était plus la. Il était rapide le nabot, tant mieux, sa présence me mettait beaucoup trop mal à l’aise. Mais avec son marché débile, il m’avait donné faim cet abrutit. J’avais trouvé un abri, alors il était grand temps pour moi de m’adonner à la partie la plus intéressante et la plus vitale du jeu de la survie : trouver de la bouffe.