Les jours. Les nuits. Quelle différence ? Toujours la même rengaine. Les remords, puis les doutes. Et enfin la colère. Jamais le marchandage, ça non. Plutôt croupir à Impel Down plutôt que de quémander à ces chiens le moindre quignon de pain. Sur le champ de bataille, il avait failli flancher. Et cela n'arriverait plus jamais. L'assassin n'avait que de brefs moments de répits, à cause du poison que distillait le granit marin sur sa peau. Ce poison qui sapait toutes ses forces et le condamnait à demeurer entre l'éveil et le sommeil, dans un état quasi catatonique. Comme si on prenait plaisir à aspirer toute sa force, mais à lui en laisser juste assez pour qu'il se sente aussi faible qu'au premier jour. Il avait appris à faire avec, à résister à ce contact délétère. Mais c'était sa malédiction. Il avait frôlé tous les murs de sa cellule. Lisses, sans accrocs. Du pur Granit Marin. Cette pièce avait été construite pour lui. Le Léviathan avait du rapidement traité, et certainement que Salem avait veillé à ce que l'assassin ne leur cause plus de tort. Plus jamais. Où allaient-ils à présent ? Pour quelle raison ? Ah, que de questions. Si peu de réponses. Tout ce qu'il pouvait faire dans ces ténèbres, c'était ressasser, tirer des enseignements. Cela restait une forme d'entraînement. Visualiser dans son esprit, faire ses plans et les mener à grande échelle. Malheureusement, cela ne pouvait jamais aller très loin, ses forces étant limitées. Mais chaque jour un peu plus ...
"T'es dans un était pitoyable, Rafaelo." gronda la voix qui s'était éveillée à Drum.
"Pire encore que lorsque je me suis fait enlever. Tu te souviens ? Cette fois où tu es resté dans l'eau sans rien faire, alors que la Marine m'emportait loin de toi ?" continua-t-elle, appuyant avec malice là où elle savait faire mal.
L'assassin secoua la tête, essayant de chasser cet oiseau de mauvaise augure comme il l'aurait fait d'un moustique incessant. Inutile, c'était au fond de son crâne. C'était comme des flashs. Il revoyait Césare, il ressentait ses échecs jusqu'au plus profond de ses tripes. Et cette voix qui n'était que trop semblale à celle de son frère ne cessait de le tourmentait. Mais elle lui permettait de tenir, lui rappelait d'où il tenait toute cette rage enfoncée en lui. Pourquoi il se battait. Ou, s'il ne s'en souvenait plus vraiment, d'où il puisait sa force et sa volonté. La vengeance. La colère. La peur. Beaucoup de peur. Tout cela menait sur de biens obscurs chemins. Mais pour combattre le monstre, ne fallait-il pas en devenir un ?
"Non, petit frère, pas du tout. Ceci n'est qu'une excuse. Ecoute, écoute la rumeur du Léviathan. Entends comme ces hommes ont souffert sur Drum. Tout ça, à cause de toi. Ah, mais suis-je bête : tu n'en savais rien ! Ah ah. Ombre a fait claquer sa langue et ta dague a frappé, c'est ça ?" continua l'insidieuse petite voix, tirant un gémissement de douleur à Rafael.
Ce n'était pas ça. Il avait refusé de tuer Alleyn, tout comme Old Lando. Il avait voulu faire autrement, déroger à leurs petites règles. Et où cela l'avait-il mené ? Pas la moitié du plan de la Révolution ne lui était parvenu aux oreilles. La Marine lui avait appris l'existence des bombes, quelle infamie. Et par un sursaut de désespoir, il avait voulu emporter le plus de monde avec lui. Le plus de Corsaires. Si tenté était que Krabbs en fut un.
"Bah oui, mourir. Intelligent. Qui me sauvera ? Ah non, ça, tu as déjà échoué. Et la Confrérie alors ? Personne pour corriger ceux qui se croient tout permis ? Peut-être aurait-il mieux valu que ce soit toi, celui qui soit capturé et torturé. La Cause y aurait gagné au change." continua-t-elle, ricanant avec malice.
Un frisson parcourut l'échine de Rafael, qui baissa la tête, faisant tinter les chaînes. Cette voix. Ce n'était pas son frère. C'était ... pire. Quelque chose qui ne pouvait émaner que de lui. Ce qu'il restait de sa conscience ? Un fragment de son humanité ? Tous ses regrets, tous ses doutes. Non, cette voix, c'était la vérité. L'abominable vérité. Que pouvait-il faire face à cette expression de son subconscient ? Mais cela ressemblait trop à la voix de son frère disparu. C'était comme écouter un écho vengeur de ce qu'il fut.
"Redresse-toi. Tu me fais honte. Capturé, humilié. Tu as tant tué que tu ne sais même plus pourquoi tu te bats. Tu es perdu, seul comme jamais tu ne l'a été. Et tu continues à vouloir diriger le monde comme si ce n'étaient que des marionnettes, mais réveille-toi Rafaelo, révei..."
"TA GUEULE !" hurla l'assassin, à l'encontre de ce qui se déroulait dans son propre crâne.
"Oh. Une réaction. Il était temps. Je voulais juste te dire, tu as de la visite. Une rouquine incandescente. Je te laisse deviner qui c'est." le toisa la voix, avant de s'évanouir.
Rafael leva les yeux, alors que la porte coulissait. Il s'enfonçait de plus en plus dans sa folie, et son incarcération n'arrangeait pas les choses. Il y avait une fine limite à franchir avant de définitivement sombrer. Mais bien qu'il flirtait sans arrêt avec elle, il ne s'était pas encore décidé à faire le grand saut. Pour combien de temps encore ? Ce fut un homme affaibli et au regard hagard qui accueillit Lilou. Sa dernière discussion mentale l'avait mis à rude épreuve, et le contact prolongé avec le granit marin n'arrangeait en rien les choses. L'assassin se prit d'un rire assez sinistre en voyant la jeune femme qui venait le voir. Il inspira bruyamment.
"Salut ma belle. On a pas bien pris le temps de discuter depuis notre dernière rencontre, hé hé ... Une envie de renouer avec le bon vieux temps ?" tenta-t-il de plaisanter, cherchant à cacher au mieux sa faiblesse apparente.
Ne laisser aucune faille, rester comme un roc. Mais avec des fondations aussi friables, c'était peine perdue.
"T'es dans un était pitoyable, Rafaelo." gronda la voix qui s'était éveillée à Drum.
"Pire encore que lorsque je me suis fait enlever. Tu te souviens ? Cette fois où tu es resté dans l'eau sans rien faire, alors que la Marine m'emportait loin de toi ?" continua-t-elle, appuyant avec malice là où elle savait faire mal.
L'assassin secoua la tête, essayant de chasser cet oiseau de mauvaise augure comme il l'aurait fait d'un moustique incessant. Inutile, c'était au fond de son crâne. C'était comme des flashs. Il revoyait Césare, il ressentait ses échecs jusqu'au plus profond de ses tripes. Et cette voix qui n'était que trop semblale à celle de son frère ne cessait de le tourmentait. Mais elle lui permettait de tenir, lui rappelait d'où il tenait toute cette rage enfoncée en lui. Pourquoi il se battait. Ou, s'il ne s'en souvenait plus vraiment, d'où il puisait sa force et sa volonté. La vengeance. La colère. La peur. Beaucoup de peur. Tout cela menait sur de biens obscurs chemins. Mais pour combattre le monstre, ne fallait-il pas en devenir un ?
"Non, petit frère, pas du tout. Ceci n'est qu'une excuse. Ecoute, écoute la rumeur du Léviathan. Entends comme ces hommes ont souffert sur Drum. Tout ça, à cause de toi. Ah, mais suis-je bête : tu n'en savais rien ! Ah ah. Ombre a fait claquer sa langue et ta dague a frappé, c'est ça ?" continua l'insidieuse petite voix, tirant un gémissement de douleur à Rafael.
Ce n'était pas ça. Il avait refusé de tuer Alleyn, tout comme Old Lando. Il avait voulu faire autrement, déroger à leurs petites règles. Et où cela l'avait-il mené ? Pas la moitié du plan de la Révolution ne lui était parvenu aux oreilles. La Marine lui avait appris l'existence des bombes, quelle infamie. Et par un sursaut de désespoir, il avait voulu emporter le plus de monde avec lui. Le plus de Corsaires. Si tenté était que Krabbs en fut un.
"Bah oui, mourir. Intelligent. Qui me sauvera ? Ah non, ça, tu as déjà échoué. Et la Confrérie alors ? Personne pour corriger ceux qui se croient tout permis ? Peut-être aurait-il mieux valu que ce soit toi, celui qui soit capturé et torturé. La Cause y aurait gagné au change." continua-t-elle, ricanant avec malice.
Un frisson parcourut l'échine de Rafael, qui baissa la tête, faisant tinter les chaînes. Cette voix. Ce n'était pas son frère. C'était ... pire. Quelque chose qui ne pouvait émaner que de lui. Ce qu'il restait de sa conscience ? Un fragment de son humanité ? Tous ses regrets, tous ses doutes. Non, cette voix, c'était la vérité. L'abominable vérité. Que pouvait-il faire face à cette expression de son subconscient ? Mais cela ressemblait trop à la voix de son frère disparu. C'était comme écouter un écho vengeur de ce qu'il fut.
"Redresse-toi. Tu me fais honte. Capturé, humilié. Tu as tant tué que tu ne sais même plus pourquoi tu te bats. Tu es perdu, seul comme jamais tu ne l'a été. Et tu continues à vouloir diriger le monde comme si ce n'étaient que des marionnettes, mais réveille-toi Rafaelo, révei..."
"TA GUEULE !" hurla l'assassin, à l'encontre de ce qui se déroulait dans son propre crâne.
"Oh. Une réaction. Il était temps. Je voulais juste te dire, tu as de la visite. Une rouquine incandescente. Je te laisse deviner qui c'est." le toisa la voix, avant de s'évanouir.
Rafael leva les yeux, alors que la porte coulissait. Il s'enfonçait de plus en plus dans sa folie, et son incarcération n'arrangeait pas les choses. Il y avait une fine limite à franchir avant de définitivement sombrer. Mais bien qu'il flirtait sans arrêt avec elle, il ne s'était pas encore décidé à faire le grand saut. Pour combien de temps encore ? Ce fut un homme affaibli et au regard hagard qui accueillit Lilou. Sa dernière discussion mentale l'avait mis à rude épreuve, et le contact prolongé avec le granit marin n'arrangeait en rien les choses. L'assassin se prit d'un rire assez sinistre en voyant la jeune femme qui venait le voir. Il inspira bruyamment.
"Salut ma belle. On a pas bien pris le temps de discuter depuis notre dernière rencontre, hé hé ... Une envie de renouer avec le bon vieux temps ?" tenta-t-il de plaisanter, cherchant à cacher au mieux sa faiblesse apparente.
Ne laisser aucune faille, rester comme un roc. Mais avec des fondations aussi friables, c'était peine perdue.