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Sans nom. #1

Encore un sale temps. C’est quand tes neurones pleurent pour se vider… de quoi. De rien.  Y a rien dans ta tête. Tu penses à rien parce que tu penses à toi. Mais toi t’es rien. Tu penses à toi. Et ils pleurent. Pourquoi ils pleurent… Elle les a lâchés. Elle est partie. Pourtant ils étaient bien ensemble, ils s’aimaient. Ils s’imaginaient faire de toi un type bien. Mais elle est plus là et ils pleurent. Pas son départ, non, son arrivée. Ils avaient jamais demandé à ce qu’elle vienne, ils étaient mieux unis dans leur stupidité enfantine, leur naïveté inoffensive, leur triste honnêteté. Et puis, elle est arrivée. Mais aujourd’hui, elle est partie. Ils l’ont retenu. Un peu. Mais un peu, c’est beaucoup,  on dit. Ils ont tout fait pour rester calme mais là, ils n’en peuvent plus. Non, ils ne veulent pas qu’elle revienne. Mais ils n’ont  jamais voulu qu’elle parte.

La raison.

J’ai perdu la raison. Il y a bien longtemps. J’ai perdu ma maison. Mais il faisait froid dedans. Dehors, l’air frais me réchauffe et l’obscurité m’illumine. Non, pas moi. Illumine mon chemin. La pluie sèche mes vêtements humides à cause du soleil brûlant. Je vis dans un monde où personne ne vit car je suis le seul à être plusieurs. Je l’ai perdu, je ne sais pas où. Peut-être dans un petit cambron à l’ombre d’une estrade de pierre. A côté d’un bistrot. Peut-être dans un rouillard en bois troué. Dans l’alcool de celui-ci, un alcool fort comme ce que je suis ou plutôt ce que je crois que je suis. Peut-être dans un tabar, celui d’une femme ou du mien. Dans une de mes poches sales de sueur et de sang, de poils et d’acariens. Peut-être dans…

Elle a raison.

D’être partie car je suis comme une robe de chambre vide, j’attends le mort. Pas la. Le. J’attends mon propre cadavre, ma vie, son cadavre, la mort. Des fois je me soupçonne même de souhaiter qu’elle m’y rejoigne. Dans ce chenil où mes faux sentiments cohabitent. Ils crient, dansent avec les souris. Moi je suis le chat, las. Je suis fatigué d’être vivant, courir pour m’arrêter, manger pour déglutir ces stupides boules de poils. Laides. Si morbide. Je me nourris de ce que je hais, ces souris… Stupides souris détestables, moches, affreuses. Elles les aiment. Quoi. Mes faux-sentiments. Comme si je possédais l’amabilité, l’humour, le plaisir… Comme si j’étais un type fréquentable, un type sympa et sociable. Comme si.

Pourquoi t’es venue alors ? T’ai-je demandé de venir m’envahir de tes idées à la noix sur l’avenir ? Sur comment devenir humain ? Sur comment devenir… Tout court. Devenir. Parce que j’étais pas et je ne suis plus. Une carcasse sans âme, sans esprit. Rien que des yeux vides. Rien que des neurones perdus sans toi. Rien qu’eux, rien qu’eux. Une tête creuse. Plus de force.

Je suis mon propre camerluche. Dans les moments difficiles je me remonte le moral. Mais comme c’est moi, ça ne fonctionne pas. Alors je me suis envoyé moi-même au travail forcé, à la fagotterie. Je suis devenu Sisyphe et le rocher est bien trop lourd pour que je puisse le pousser. Imparfait, rond ? Dans cette boule de pierre se sont rassemblés tous mes pêchés. C’est presque comme si j’allais les porter au tribunal de la pénitence. Que le haut de la montagne était le paradis, le ciel blanc de nuages purs. J’ai tout ce que j’ai fait de mal dans ma vie devant moi, repoussant mes mains et cette vision parfaite, cet atmosphère sain juste au dessus de ma tête. Et. Je sais que je ne l’atteindrais jamais…

Je ne suis pas coupable d’avoir fait du mal. Je suis coupable de m’en avoir fait.

C’est pour ça que tu es partie… Tu me tournes le dos comme si tu ne m’avais jamais connu. Tu refuses de me connaître. Reviens ! Fais-moi face ! Tu es lâche. Je hais la lâcheté. Je hais la lâcheté, je la hais, je lui crache dessus. Elle est laide. Je hais la lâcheté… Je hais ça. Je déteste ça, je ferais tout pour qu’elle disparaisse, je la hais. Je ferais tout pour que plus jamais les hommes ne s’en souviennent. Je hais la lâcheté… Mais alors dis-moi pourquoi je n’arrive pas à te haïr ? Pourtant je te déteste. J’en suis convaincu. Tu représentes tout ce que je veux. Une vie. Une de ces vies normales où on va se promener l’après-midi avec ses péchons. Je te hais…peut-être. Je n’y arrive pas.

Si seulement j’avais eu la raison. Si seulement tu ne m’avais jamais quitté.

Mais le pire ce n’est pas que tu sois loin de moi, le pire c’est que tu sois près des autres. Tous les jours j’observe, je vis avec toi et pourtant tu ne me permets pas de t’approcher. Tu es chez eux. La plupart. Et même s’ils ont des vies de merde, ils ont des vies. Pas moi. Je suis un fantôme. Je ne suis plus là. Touche-moi et ta main passera au travers. Car si je ne suis plus capable de ressentir quoique ce soit, … … Tu ne pourras pas me ressentir.

Je veux que tu reviennes. Je veux qu’on soit à nouveau copain. Pas que tu te trouves un nouveau copain. Je serai obligé d’aller lui faire bouffer son cerveau. Je suis jaloux. Reviens. Infi… Infimachin, tu sais. Comment on dit. Je serai longtemps triste, mais multiplier par l’infini. Voilà, c’est ça ce que je veux dire. Infi quoi ? Infiniment ? Ah, tu vois, tu reviens.

Non. Tu me disais pourtant qu’on pourrait aller élever ma vie dans une campagne tranquille à l’ombre de tout.  Ma vie tranquille à l’ombre. Tu me disais que ce serait sur une montagne, qu’il y aurait une vue magnifique. Orangée avant le soir et avant le matin. Montagne orangée le matin du soir. Que le soleil serait semblable à la boule de pierre que porte Sisyphe mais cette fois-ci ce serait bien lui et pas moi. Tu as dit que tu m’apprendrais à me protéger. Tu m’as dit que tu m’apprendrais à sourire et à faire des ronds dans le sable. Comme ça, par ennuie, par songes. Tu me l’as dit et tu es partie… Pourquoi ?

Hm…

Je ne te crois pas. Tais-toi. Non. Non. Non.

Non.

C’est bien, de toute façon. Tu ne racontais que des charades pour me séduire. En fait, tu n’es pas partie c’est moi qui a fait chibis. A chaque fois que je pense à toi, c’est avec une gueule de fait divers et les poils qui hérissent. C’est avec dégou…ttes sur mes joues traversant mon visage pour se rendre jusqu’au néant. Je ne voulais pas te perdre. Sans toi je ne sais plus qui je suis, on ne sait plus qui je suis, tu ne sais plus qui je suis. Parce que je ne suis personne. Un fantôme. Alors je ne sais plus qui tu es, je ne sais plus qui ils sont, je ne sais plus qui vous êtes. Ils me passent au travers me dérobant… mon être.

Il erre sans âme. Il cherche quelque chose…
Il cherche son âme, noyée dans la prose.
Mais il l’a perdu. Avec la raison.
Mais il s’évertue à avoir raison…
De lui, ses mouvements, ses pas.
Lent. Trépas. Il trépassera.

Alors, c’est comme ça. Tu prends la vie que tu m’as promise, ma vie, et tu pars. Tu t’en vas. Comme tu es venue. Tu es venue un matin, oui. Un matin où j’étais mort. Je pensais que j’étais mort. Les  gens autour de moi semblaient si vivants… Ils souriaient, riaient, avaient les mains de leurs enfants dans les leurs. Ils déambulaient avec enthousiasme, passaient devant moi et certains me saluaient. Ils sentaient, observaient, touchaient. On me bousculait. On châssait ma crête. Ils faisaient…

J’étais mort. Comme un fantôme. Moi, je ne peux rien faire de tout ça. Je ne peux rien faire. Excepté pousser ce fichu rocher. Et je n’y arrive pas. Il m’écrase sous sa masse. C’est vrai, dans ma vie, j’en avais fait des conneries… Comment puis-je me faire pardonner, dis. Je peux commencer par avouer, hein. Hn.  Alors… J’ai menti plein de fois… J’ai fait des erreurs. Hm, non ? Pas comme ça ? Tu les a noté, en plus. Je dois les lire. D’accord, je les lis.

Il y a écrit:J’ai persécuté un p’tit gros quand j’étais petit.
J’ai poussé et fait rouler Jean Peste dans les toilettes.
J’ai fait fuir les amis de mes parents en les faisant passer pour des tortionnaires en montrant des bleus que je m’étais fait tout seul.
J’ai harcelé mon correspondant de North Blue à l’école.
J’ai piqué dix berrys à un connard de l’épicerie de mon île natale, Lynbrook.
J’ai ruiné la campagne électorale de mon père aux élections municipales.
J’ai fait croire à une timbrée que j’étais Dieu.
J’ai ruiné l’anniversaire de ma première copine, Estelle.
J’ai raconté aux copines d’Estelle qu’elle était nulle au pieu.
J’me suis moqué d’l’accent des types des Blues.
J'ai jamais aimé Estelle, j'étais avec elle pour faire comme tout le monde et avoir une copine.
J’ai ruiné les chances d’Estelle d’être connue.
J’ai été nul au pieu.
J’ai fait des trous dans les chemises de mon père pour qu’on voie ses tétons.
J'ai trompé Estelle une dizaine de fois.
J’ai couché avec la mère d’un pote.
J’ai collé du chewing-gum sur toutes les tables où je suis passé.
J’ai kidnappé un chat à un concours de beauté pour chat pour qu’Estelle gagne.
J’ai assassiné le chat d’Estelle.
Je me suis servi d’une boite aux lettres comme poubelle.
J’ai jamais pris le temps d’apprendre à mon meilleur pote Lary comment faire une bulle de chewing-gum.
Je me suis fait passé pour mort pour échapper à une radasse trop envahissante.
J’ai escroqué Rosy sur les paris du tiercé.
Je me suis moqué de Maggie parce qu’elle avait une moustache.
J’ai couché avec Linda, une femme mariée.
J'ai volé le sac de la demi-soeur d'Estelle.
J’ai laissé Lary se faire accuser d’un crime que j’avais commis.
J’ai dégommé les fesses de Gwen la radasse avec le plat d’une épée.
J’ai fait exploser l’horrible figurine Minos d’Estelle.
J’ai jamais pris le parti d’Estelle.
J’ai laissé tomber Estelle pour m’engager dans la marine.
J’ai tué des centaines de révolutionnaires.
J’ai volé les portes feuilles de tous les pirates à qui je faisais la peau.
J’ai été jaloux d’Harry, mon second dans la marine.
J’ai jamais laissé Harry faire quelque chose de meilleur que moi.
J'ai profité de mon pouvoir de marine.
J'ai fermé les yeux sur l'esclavage.
J’ai laissé Lana toute seule.
J’ai toujours refusé de dire à Lana que je l’aimais quand elle en avait besoin.
J’ai tué un piollier quand je suis retourné à Lynbrook.
J'ai volé Rosita, la topette en cristal.
J’ai pissé à l’arrière d’un bateau de marine.
J’ai fighté des mecs de l’Underground arrivé à Dead End.
J’ai volé le stand de hots-dogs d’un type de l’arène de Dead End.
J’ai volé le distributeur de berrys de la banque de Dead End.
J’ai dévalisé la maison d’un toxicoman.
Je bois tellement que les gens qui me fréquentent ont sûrement des problèmes de foies.
J’ai volé un orgue à un pasteur…
J'ai volé un bébé à sa mère pendant deux semaines pour connaître les joies d'être parent.
J'ai abandonné ce même bébé dans la rue, au pas de la porte de sa mère.
J’ai volé la tente d’un sans-abris.
J'ai volé un poney à un enfant mourant et j'ai mis sa baby-sitter enceinte.
J’ai cambriolé une personne sourde.
J’ai volé un pédalo à une unijambiste.
J’ai dépouillé les enfants du longé Anderson à Dead End.
Je suis devenu un pirate.
J’ai perdu la raison…
J’ai perdu la raison…
J’ai fait fuir la raison…

Je n'en ai jamais voulu ?

Qu’est-ce qui te prend, hein ? T’as jamais voulu vivre et là t’as vu deux trois mecs avec des fleurs et des marmots, et maintenant tu veux ? Tu veux devenir comme eux ? T’en veux des gosses ? Mais t’en as déjà. Regarde la liste. La baby-sitter. Qui voudrait de toi ? Qui voudrait de cet homme transparent transpirant le dégoût d’une existence gâchée. Celui qui t’a fait a honte. Celui qu’a fait celui qui t’a fait a honte aussi. Tu n’es qu’un rien. Du décor. T’es ce type à qui les gens pensent pour se rassurer, se dire qu’ils vont bien, que ça pourrait être pire. Qu’ils sont heureux.

Et toi t’es là, tu sirotes ton nectar, tu te plains parce que t’as perdu la seule chose qui faisait de toi un humain. Parce que tu veux faire partie des leurs ? Tu veux devenir un mec qui se lève tous les matins pour aller au boulot en oubliant pas d’embrasser sa femme sinon elle gueule, elle réveille les enfants, les enfants pleurent, ils gueulent, cet homme qui les nourrit ne se fait pas respecter, il pète un plomb et gueule. La femme finit par partir avec les gosses…et son amant. Et le type devient un comme toi. Exactement comme toi. C’est un cercle vicieux. Le bonheur existe, oui bien sûr. Mais que par moment.

Tu l'as as perdu ta jolie p'tite raison. Non. Elle t'a abandonné, elle t'a tourné le dos. Faudrait te faire une raison. Parce que t'étais déjà condamné et tu l'empêchais de partir refusant de lui donner raison. Quand elle te disait que t'étais une larve, un sans avenir, un abruti, une...vie perdue. Et ces mots depuis qu'elle s'en est allée, dans ta tête, raisonnent.

Belle journée à l'intérieur de ma caboche, tiens.