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L'incendie du siècle






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Ce fut l’incendie le plus dévastateur de l’histoire du Royaume et probablement l’un des évènements majeur des dernières années à South Blue.
Géralt Tilwell, Historien de Saint-Urea.

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Une cigarette allumée, une allumette jetée…

Du bois sec et c’est le départ de feu.

Ce qui pourrait ne rester qu’une flammèche est ravivé par une brise légère. Le feu prend de l’ampleur, il grossit et finit par devenir incontrôlable. Les secours sont impuissants et le feu devient vite un monstre aux envies propres. Il saute de bâtiments en bâtiments, il grandit et jette son dévolu sur la ville…

Pendant ce temps, Rydd dormait du sommeil du brave. Mais cela ne dura point. Bien vite la porte de sa chambré fut enfoncée par un pied viril. Manfred apparaissait dans l’embrasure de la porte. Fait rare, il était échevelé et paraissait inquiet. Le seul fait de voir son maitre dans un tel état d’anxiété provoqua une subite montée d’adrénaline chez l’élève. Sautant de sa couche il s’enquit de la situation. Déjà il se voyait attaqué par un groupe de mercenaires à la solde de leur pire ennemi, Mac Finnegan.

-«Il y a un incendie dans le quartier inférieur.»
-«Et c’est ça qui vous met dans un tel état maitre ?»
-«C’est grave, je ne sais pas s’il pourra être endigué.»


Ils discutaient tout en marchant. Jamais encore Rydd n’avait vu Manfred porté tant d’inquiétude sur son visage.

-«Doit-on fuir ?»
-«NON ! Ce royaume nous offre une couverture trop belle pour que nous puissions nous permettre d’en changer. VA ! Descend en ville ! Rend toi utile ! Fait toi voir.»


Il enfila bien vite sa tenue rouge-noire et salua son maitre une dernière fois avant d’enfiler sa cagoule et de partir.

Dès qu’il fut dehors, il n’était plus question de prendre la chose à la légère. Malgré une nuit sans lune le ciel était parfaitement clair, les flammes dansaient à des hauteurs vertigineuses dans le quartier inférieur. Toute la ville n’était qu’hurlements et vacarme. Même à très bonne distance du brasier l’on pouvait sentir la chaleur, accablante, harassante. Dans les rues adjacentes l’on courrait dans tous les sens, on eut dit que pas un habitant du Royaume de Saint-Urea n’était resté dans son lit.

Des cohortes de militaires courraient en formation serrée droit vers le brasier, probablement pour lutter contre l’inexorable avancée du feu. Au détour de certaines ruelles Rydd constata que de nombreuses rixes avaient lieu. Des boutiques étaient éventrées, des hommes battus à mort. Ce brasier était un véritable révélateur de la nature humaine. Pour la première fois de sa vie, le chasseur de primes se trouvait en face d’une mission qu’il trouvait insurmontable. Cette fois ci il n’était qu’un homme parmi tant d’autres et toutes ces capacités n’étaient rien face à un brasier si exceptionnel. Alors sans certitude, Rydd se contenta d’exécuter les ordres de son maitre et de se rendre utile. Il se dirigea donc vers le quartier inférieur, au plus près du brasier. Peut-être que là bas il pourrait se rendre utile…  

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La chaleur est étouffante, la fumée empêche de respirer. Nous avançons pourtant à travers les flammes qui consument l’appartement. Nous n’avons pas eu le temps de nous éclipser avant. Contre temps, qu’on dit. A présent, la fumée pique les yeux et arrache les bronches. Je me stoppe soudainement, toussant à en cracher mes poumons, prête à dévaler les escaliers du première étage. Mais le mur me brule la main, et alors que je vais pour continuer mon chemin sans me soucier de ma brulure, une poutre de l’étage du dessus cède et me barre la route, tandis que ma jambe passe soudainement à travers le plancher. Mon cœur s’agite soudainement, j’essaye de me libérer, mais le plancher me tient fermement.
Bee le remarque. Il va pour revenir, mais les poutres effondrées nous séparent. Il s’affole.

Va chercher de l’aide !

Il ne part pas. Il ne peut pas me laisser là. Pourtant, c’est ce qu’il devra faire. Il essaye de dégager les poutres de sa route, en faisant levier avec son dos, poussant sur ses pattes, mais les poutres sont trop lourdes, le feu commence à les ronger, à bruler ses plumes déjà en pagaille. Il s’énerve et se prépare à se métamorphoser. Je l’en empêche en hurlant à plein poumon. Je tousse, je crie encore :

Non ! Si tu te transformes, l’étage cédera… VA CHERCHER DE L’AIDE !
Kwak !

Il tourne sur lui-même, en rond, battant des ailes à tout va, puis il dévale les escaliers à vitesse grand V, défonçant la porte sur son passage. Lorsqu’il arrive dans la rue, il ne sait plus où donner de la tête. Trop de monde, partout, autour, qui court, partout, là. La population a l’air affolé, et les quelques personnes représentant l’autorité de l’île ne savent pas comment gérer la situation. Bee tente de trouver assistance auprès d’eux, mais ils snobent le canard en le chassant du pied. Toujours aussi affolé, il va pour se fondre dans la foule, bousculer les passants, leurs demander de l’aide, mais personne ne semble le comprendre, encore moins vouloir lui filer un coup de main. On le repousse, et lui s’énerve d’autant plus, insultant à sa manière les quelques bonhommes qui l’ignorent.
Mais là, au milieu de tous, il voit un type qui se distingue des autres. Un type vêtu d’un costume fort étrange, avec un masque sur la tête. Dans les souvenirs de Bee, les gens vêtus ainsi sont des super héros. Il se remémora l’une de ses lectures, avec un justicier portant un costume bleu moulant avec son slip rouge par-dessus, et se dit que malgré ce manque de gout, il devait être en mesure de l’aider. Il court vers l’homme, lui fonce dans le torse au point de lui couper le souffle. Mis à terre, il s’installe sur son buste et le fixe avec des yeux de canard furibond :

KWAK ! Kwakwak !!

Il se retire de son buste, lui montre l’immeuble en feu, le tire par le bras sur le sol boueux et caillouteux. Alors que seulement quelques minutes sont passés, il finit par perdre patience et pince l’homme pour le forcer à se relever, à avancer, à le fuir dans le sens qu’il exige. Tirant toujours sur le costume, c’est proche de la porte éventrée de l’immeuble qu’il crie en direction de l’escalier :

Kwak !
Bee ?!

Je tousse, je ne vois qu’à deux mètres devant moi. La fumée commence à envahir l’espace, les fenêtres cèdent à cause de la chaleur et ma vue se trouble. J’entends pourtant le canard dehors. J’espère ne pas halluciner, j’espère qu’il a trouvé quelqu’un. J’espère que le monoxyde de carbone ne fait pas encore son effet. J’essaye toujours de me retirer, mais le parquet craque sinistrement à chaque essai…

Bee ! Tu as trouvé quelqu’un ?!

Je ne vois rien, je n’entends que peu. Je ne vois pas le regard assassin du canard adressé à l’homme qu’il a trouvé. Je ne le vois pas, mais Bee pousse ce type à rentrer dans cet immeuble ou des flammes se déchainent…


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Jeu 22 Aoû 2013 - 15:22, édité 1 fois
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Difficile, même pour un jeune homme musculeux, d’avancer dans une foule qui se déplace en désordre. Rarement Rydd n’avait eu l’impression d’être si fondu dans la masse. Lui qu’on pointait si aisément du doigt, lui qui suscitait si aisément les murmures à son passage, cette fois il n’était qu’un homme. Il avançait dans les ruelles, voulait se rapprocher du brasier. Dans les rues trois types de personnes ; les militaires et courageux qui se dirigeaient vers le feu pour aider, les civils qui fuyaient la propagation des flammes et enfin les « dangers » rassemblement d’individus de tous bords qui profitaient de la panique pour s’en mettre plein les poches. Pour l’heure Rydd désirait avant tout venir en aide à la population. Il arriva relativement vite dans les quartiers en flammes. La chaleur était pesante et les émanations plus qu’handicapantes pour la respiration et les yeux.

Sans crier gare voilà que le chasseur de primes vit son équilibre défaillir et qu’il chuta lourdement sur le sol. Après une analyse plus approfondie, et grâce à des coups de becs répétés, Rydd constata que sa chute était due à un petit animal particulièrement énervé. Tâche ardue que d’interpréter les volontés d’un animal, qui plus est un canard ! Alors reste la fuite, le tigre rouge recula, esquiva et fut incidemment dirigé vers un bâtiment en flammes. Près de la porte le canard émit un son qui transcende les espèces, un cri d’appel à l’aide, de désespoir. Alors Rydd s’enfonça sans se poser de questions dans le bâtiment attaqué par ce monstre appelé feu.

L’intérieur était une version aggravée de l’enfer. On avait l’impression que la peau voulait s’enfuir, que les poumons veulaient cesser de fonctionner. Mais si l’enfant de Saint Urea était réputé pour quelque chose, c’était bien pour sa persévérance. Alors il s’avança encore et finit par trouver ce qu’il cherchait. Une jeune femme était là, presqu’immobile, son impétueuse chevelure semblant défier la teinte même des flammes. Elle était aux prises avec le plancher qui ne daignait pas la libérer.  Rydd s’approcha, soulèva les poutres, se fraya une chemin et finit par analyser rapidement la prison de bois. Tout semblait dangereux, toucher le plancher risquait de causer de graves conséquences.  

-«Tout va bien… Je suis là.»


Mais non, en réalité la situation est critique. Le chasseur de primes comprit assez rapidement qu’il ne pourrait la faire sortir d’ici sans prendre de risques. Il la regarda encore une fois, il afficha un léger sourire par dessous sa cagoule. Elle vaut le coup de se sacrifier songea-t-il. Rydd se retourna, attrapa rapidement le petit animal et le plaça à coté de la jeune demoiselle. Et sans attendre il frappa furieusement le plancher avant de recouvrir le duo de son corps. Autour d’eux tout sembla s’affaisser de centimètres en centimètres. Mais quelques secondes suffirent pour que cela s'arrête.

Rydd se relèva légèrement, le plancher tint le tout par miracle. Mais un craquement sinistre se fit entendre, le temps de lever la tête pour voir une poutre massive tomber sur le groupe. Pas le temps de pousser les deux autres alors il se jeta, tête en avant pour dévier le projectile. Le massif morceau de bois entra en contact avec le crâne de Rydd, il fut alors dévié et tomba sur le plancher non loin d'eux.

-«Allez ! On y va ! Vite !»

Et le trio sortit en catastrophe du bâtiment et cette fois-ci c’est le chasseur de primes qui joua les poursuivants et qui n’hésita pas à bousculer le petit canard pour qu’il se presse. Finalement le groupe atteignit la sortie, bien que l’air extérieur soit vicié il semblait plus rafraichissant qu’une cascade.

Rydd constata alors avec effroi qu’une douleur lancinante lui lacérait le visage. Il porta sa main à son côté et constata avec stupeur qu’il ruissellait de sang. La poutre déviée l’avait gratifié d’un profond sillon en forme d’éclair qui traversait son côté droit. Par miracle son œil avait été épargné. Sa cagoule avait été emportée également, qu’importe dans ce remue-ménage si l'on voyait son visage... Il reporta plutôt son attention sur la jeune femme et la gratifia d’un sourire bien que son visage devait être particulièrement repoussant.

-«Vous allez bien ?»



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Je tousse, je respire. En me tenant les côtes, soulagée de ne pas être morte asphyxier. J’ai eu de la chance, mais je ne sais pas si ça sera le cas de tout le monde autour. Les gens semblent comme fous, courant dans tous les sens, bousculant sans regarder ou ils vont. Cet incendie a généré une panique sans précédent à St Urea, et pour la première fois ou je mets les pieds ici, je ne m’attendais pas à tant. Auparavant pliée en deux, je me relève péniblement et vais pour remercier mon sauveur. Mais je m’arrête net en le regardant de haut en bas. Il n’a pas l’air dans un très bon état, et je peux supposer que j’ai été sauvé par un aliéné en costume moulant. Mais mes yeux s’arrêtent sur la blessure à son œil, qui a embarqué son masque. Le masque, en parlant de lui, je m’en souviens à peine maintenant que j’y réfléchis, je n’ai même pas fait attention à qui était venu me tirer de ce mauvais pas.

C’est sacrément moche... Je parle de votre œil, hein, pas du… du costume…

Je me sens obligé de préciser. Mais la précision attire plus de suspicions qu’elle n’en évite. Mais sérieusement, qui se ballade habillé ainsi de nos jours ? Je savais qu’en partant à la découverte du monde, j’allais tomber sur de sacrés spécimens, mais à ce point… Essayant de garder mon sérieux entre deux toussotements, je ne peux pourtant m’empêcher de glisser un petit commentaire qui se veut humoristique…

Je parle aussi du costume, en fait… Vous êtes un genre de super héros, c’est ça ? Avec vos supers pouvoirs, vous allez arrêter l’incendie ? Maintenant que vous avez sauvé la jeune fille en détresse et son canard, vous pouvez passer au monde ! Qu’est-ce que vous attendez ?

Mais de l’humour, dans cette situation, ce n’est pas le mieux. Un passant me le rappelle en me bousculant. Appuyée sur ma jambe endolorie, je manque de tomber mais me rattrape en titubant et en m’accrochant au costume rouge pétant du type en face. Je me relève, m’en sépare précipitamment parce que je n’ai besoin de personne. En passant à ça, je jette un coup d’œil rapide autour, pour vérifier, au cas où. Pour vérifier qu’il n’est pas là. Même si je ne connais pas son visage précisément, je pense pouvoir le reconnaitre. Mais rien. Me raclant la gorge, avisant qu’il n’y a personne de ma connaissance autour, je reviens à mon sauveur. Il est essoufflé, comme moi, et sa blessure à l’œil saigne abondamment. Un bon prétexte pour ne surtout pas rester seule…

Je devrais me contenter d’un merci, pas de mauvaises blagues…

Je me stoppe et m’abaisse doucement devant lui, le saluant et le remerciant par cette action :

Merci.

Puis, je l’attrape par le coude et le tire vers moi, l’obligeant à me suivre et à avancer.

Il faut faire quelque chose, pour l’œil. Sinon, il va tomber.

Je trouve une maisonnette épargnée par les flammes et encore à l’écart, qui semble vidée de ses habitants grâce à l’évacuation de tantôt. Je casse la fenêtre en enrobant mon poing dans mon T-shirt, puis tâtonne sur le plan de travail de la cuisine. Un torchon me tombe sur la main, en même temps qu’une bouteille d’alcool fort. Je les sors, fais un grand sourire à mon nouveau copain qui ne semble pas vraiment rassuré parce que je vais faire. Alors que je vide le contenu de la bouteille déjà bien entamée sur le torchon, je saisis le type par le col de son costume de justicier et l’abaisse pour lui coller le tissu imbibé sur l’œil. Il a le réflexe de fermer la paupière pour éviter de perdre son globuleux. Aussi de retenir un cri qui s’étrangle dans sa gorge, parce que l’alcool comme ça, ça pique forcément un peu.

Voilà, voilà…

Essorant le torchon, je le repose ensuite sur mon épaule et rebouche la bouteille pour la remettre à l’endroit d’origine. Vidée, certes, mais les propriétaires ne reviendront pas ici avant quelques jours. Et ils ne se mettront pas à boire tout de suite, faut espérer. Lui faisant un sourire, je rejette un coup d’œil en arrière pour vérifier que personne ne nous a suivis. Seulement la foule qui circule et les cris qui continuent. L’incendie se propage de maison en maison et les autorités responsables n’arrivent pas à le contrôler. L’évacuation continue, comme les incidents liés à la panique. Bee, lui, se tient à mes côtés et me suit de près. Je garderais de St Urea un souvenir impérissable, mais pour l’instant, je dois veiller à rester à l’abri et à partir assez vite. Le port doit être fermé pour l’heure, et le trafic interrompu pour les prochains jours à venir, probablement… Je soupire et compose avec ce que j’ai sous la main : lui.

Mh… Vu que vous êtes un super héros, je peux rester avec vous ? Promis, je garde votre identité secrète. J’ai quelques petits ennuis et pas très envie qu’ils me rattrapent… Posez pas de question. Alors, vous continuez à me protéger, et moi, je désinfecte vos blessures. C’est pas une super idée ?
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La ruelle était toujours aussi bondée, les visages horrifiés semblaient se mélanger tant c’était la cohue. Au milieu de cette masse en mouvement subsistait pourtant trois points immobiles, Rydd, Lilou et Bee. Le chasseur de primes prit le temps de jeter un œil au brasier, il était toujours aussi conséquent mais semblait ne pas prendre trop de terrain. Pourtant la propagation était un souci bien subalterne tant son visage était douloureux. Il ne lassait rien paraître devant la jeune inconnue afin qu’elle ne s’inquiète pas. Mais finalement il ne fallut que le temps des paroles pour constater que la demoiselle disposait de réelles ressources, elle était déjà tout à la plaisanterie. Super-héros, c’est le terme qu’elle employait, cela arracha un sourire au chasseur de primes.

-«Oui je me suis ouvert la moitié du visage pour sauver une personne mais je pense être maitre de la situation pour sauver le million qui reste. Avec un peu de chance j’aurai encore un membre à la fin de cette histoire.»

Il ria d’un rire presque gêné, il n’aimait pas affirmer si haut et fort qu’il était impuissant. Mais il n’eut pas le temps de rire longtemps car déjà son interlocutrice semblait inquiète. L’ombre qui passa sur son visage se volatilisa en l’espace d’un instant ne laissant à Rydd qu’une mauvaise impression.

Finalement le petit groupe se dirigea vers les maisons. Une nouvelle fois la jeune femme se montra pleine de ressources en montrant à Rydd toutes ses aptitudes. Voilà qu’ils venaient de quitter une maison en catastrophe pour pénétrer par effraction dans une autre, cruelle ironie. Le bâtiment était vide, il faut dire que le réflexe le plus humain était de partir au plus vite. Lilou s’attela à la recherche d'objets, Rydd lui regardait le petit canard avec attention, il n’avait jamais vu d’animal de cette espèce si attaché à un maitre. Sa maitresse justement s’affairait dans la pièce pour concocter un désinfectant rudimentaire mais diablement efficace. Cette efficacité fut testée bien vite, l’alcool sur une plaie à vif était extrêmement douloureux. Néanmoins pour l’heure toutes les prières de l’homme allait à destination de son œil qu’il voulait à tous prix conserver.

Heureusement l’entreprise fut rapidement finie.

-«Je ne sais qui est le sauveur de qui.»
Et il ponctua sa phrase d’un léger sourire narquois.

Étant dans une maison il tâcha de trouver des vêtements civils. Il se changea rapidement pour s’affubler d’un pantalon noir simple et d’une chemise planche lui permettant d'être plus discret. Il reporta ensuite son attention sur ses autres compagnons d’infortune. Bien vite la jeune demoiselle s’intéressa à la suite des évènements. Elle demandait de l’aide, certes de manière assez maladroite.

Il n’était pourtant pas nécessaire d’en faire autant pour convaincre le jeune chasseur de primes souvent désireux d'aider.

-«Je serai heureux de vous défendre. Mais seulement si je connais votre nom.»
Et ne souhant pas paraître impoli il prit lui même les devants.
-«Moi c’est Rydd, Rydd Steiner. Enchanté.» Il passa néanmoins sous silence le folklore habituel, son surnom de Tigre Rouge et tout ce que cela comportait… Dans le même temps une petite voix ne pouvait s’empêcher de lui murmurer des choses inquiétantes à l’oreille. « Quel risque de donner son nom à une parfaite inconnue… »




Dernière édition par Rydd Steiner le Jeu 1 Aoû 2013 - 21:45, édité 1 fois
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Appellez-moi… Lou.

Je lui fais un petit sourire, franc, qui se veut sincère et convaincant. Lou, c’est presque mon nom. C’est pratique pour ne pas se tromper. C’est aussi un vilain petit mensonge. Je voulais profiter d’un certain anonymat pour brouiller les pistes jusqu’à moi, pour une simple question de sécurité. Je jette un vague coup d’œil en arrière, pour me retourner vers lui presque aussitôt. J’y pense, mais Lou, c’est un peu court face à un Rydd Steiner qui s’est présenté sans une once d’hésitation et en toute bonne foi. Parce que « Lou », ce n’est qu’une partie de ce que je suis réellement, et une partie, c’est rien du tout.

Mon nom est composé de douze syllabes pour vingt-six lettres, je vous donne le raccourcie. Mes parents étaient de très grands fans de la culture longs-bras, connu aussi pour donner de longs noms. Vous n’imaginez pas ce que c’est de porter mon patronyme… J’envie tellement le vôtre, Rydd Steiner.

Le plus gros mensonge de ma vie.

*

Désolé mademoiselle, le port est fermé jusqu’à nouvel ordre. L’incendie a tout ravagé, et nous ne pouvons pour l’instant n’admettre personne à quai, encore moins faire partir un navire.

Ravagé. C’est le mot.
Les quais ont été rongé par les flammes une bonne partie de la nuit, avant que les autorités compétentes ne réussissent à maitriser l’incendie. La ville est partiellement détruite, et il traine dans l’air une odeur de charbon et de cendre, cendre qui imprègne l’air et lui donne une odeur caractéristique. Notre peau est couverte de suie, nos cheveux plein de résidus brulés. La nuit a été rude et nous n’avons plus autant fier allure. Personne ne l’a. Les rues sont désertes, les habitants ont été rapatrié dans les hauteurs et parqués dans des lieux « sûrs ». Mais la psychose s’est emparée de la ville, tantôt, et les dégâts sont immenses. Pas qu’à cause du feu. Le verre jonche le sol, fondu à cause de la chaleur étouffante qu’il a fait quelques heures plus tôt. Dans les quartiers brulés, on entasse les cadavres à moitié consumées ou totalement carbonisés. Des hommes qui ont pourtant tout donné cette nuit donnent encore au petit matin pour dégager les décombres et sortir les victimes.
St Urea ressemble à une ville presque morte. Presque, parce que loin, là-bas, loin de ce port partiellement détruit, la vie reprend son cours comme si elle n’avait jamais cessée. C’est terriblement troublant lorsqu’on est peu habitué aux grandes communautés…  L’homme en face de moi parait confus de m’interdire le départ. Il se gratte sa tignasse brune salie, faisant apparaitre un bout de manche noir et brulé. Il semble extenué, blessé aussi par cette nuit passée à colmater les dégâts. La journée est loin d’être finie pour lui…

Les autorités ont de toute façon interdit la sortie de tout bateau tant que l’enquête sur l’incendie ne sera pas plus avancée…

J’hoche la tête, le remerciant pour ensuite tourner les talons. Insister aurait pu paraitre suspect devant ces nouvelles informations. Je ne tiens pas à rester ici, mais je n’en ai pas le choix pour l’instant. Rydd, à côté, a eu la gentillesse de m’accompagner jusqu’au port, m’ayant pourtant averti que l’incendie l’avait également brulé durant la soirée, et que j’aurais du mal à m’en aller. Mais qui ne tente rien n’a rien, et j’ai au moins la chance d’être en compagnie d’un type qui connaissait St Urea comme la poche de son nouveau jean.
Un soupir m’échappe tandis que nous remontant la rue principale qui mène jusqu’aux quais en trainant les pieds. Pas la peine de relever les yeux pour admirer les dégâts, nous avons eu l’occasion de le faire toute la nuit. Le lever du soleil donne un nouvel aspect au paysage, mais un aspect qui reste sinistre.

Pour une première escale à St Urea, je suis déçue. Comment pouvez-vous vivre ici ? C’est une île dangereuse, pleine de psychopathes et d’hommes qui se promènent en costumes moulants. Tiens, à ce propos… Vous êtes quoi au juste Monsieur Rydd Steiner ? Un échappé de l’asile, un super héros ou un truc dans ce genre-là ?

La fatigue, l’agacement et la frustration se faisaient sentir dans ma voix. Rien qu’à penser à rejoindre mon lit, je poussais un long soupir : ma chambre avait probablement brulé également, comme les quelques affaires que j’avais laissé là-bas. Je n’avais heureusement pas grand-chose et j’avais gardé le plus important. Mais je sentais les nuits à la belle étoile arrivée à grand pas, et ça n’était pas pour m’enchanter. Je ne suis pas une très bonne campeuse…
Pire encore, une autre menace me pèse et je ne vois pas comment m’en tirer. Qu’importe le temps que je dois passer à St Urea, je tiens à être en sécurité.

Et vu que vous êtes la seule personne que j’ai sous la main et que j’ai eu toute la nuit pour vous observer, jusqu’à quel point je peux vous faire confiance ? Ne me prenez pas pour une paranoïaque, je pourrais très mal le prendre. Et je pourrais utiliser ce canard pour conserver mon honneur, vous êtes prévenu.
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Difficile parfois d’obtenir une identité. On dissimule une vérité, un passé, un présent. Parfois l’on agit par méfiance, par crainte. Beaucoup de raisons justifient le mensonge ou tout du moins la dissimulation.  Et en ce moment il y avait fort à parier que la jeune demoiselle mentait ou s’arranger pour modeler la vérité, ce qui du reste est assez approchant. Sur la noble figure de Rydd, rien ne laissa présager qu’il avait noté cette petite dissimulation. En homme trop honorable pour vouloir en savoir davantage il inclina légèrement son buste pour saluer.

«Et bien Lou, ravi de faire votre connaissance…»

*

Fidèle à sa parole Rydd avait accompagné la jeune femme et avait scrupuleusement veillé à sa sécurité. Il la regardait toujours du coin de l’œil de crainte qu’elle ne se perde mais aussi, il fallait l’avouer, car elle était fort charmante. Arrivé au port on s’intéressa à la situation des navires. Comme il était à craindre, aucun départ n’était prévu pour l’heure et selon toute probabilité le retour à la normale n’allait pas être rapide.

Tandis que Rydd laissait la jeune femme discuter avec les autorités portuaires, il regardait aux alentours l’étendue des dégâts. Le feu avait finalement été maitrisé, mais les dommages étaient considérables. Les quais eux mêmes semblaient avoir été léchés par les flammes et ne devaient leur salut qu’à la proximité de l’eau. Beaucoup d’hommes s’affairaient déjà à remettre en ordre la place car tout port est primordial pour une île, il assure les échanges de vivres et pour une île comme Saint-Urea c’est capital.

Mais déjà la demoiselle, cette certaine « Lou », revenait vers Rydd en faisant la moue. Le départ n’était pas pour tout de suite. Elle s’intéressa donc davantage à la qualité de son sauveur. Le chasseur de primes fut particulièrement étonné de constater que la seule personne à qui il donnait son nom à visage découvert n’avait jamais entendu parler de lui. Lui ! Le Tigre Rouge, le chasseur de primes le plus réputé du Royaume ! Il parvenait encore à conserver un certain anonymat finalement ! Après mûre réflexion cela expliquait pourquoi l’évocation de son nom ne changea pas la physionomie de la jeune femme et pourquoi la vue de sa tenue rouge lui avait fait si grand effet.

Tout circonspect qu’il était il ne put réprimer un léger sourire tant la situation était cocasse. Elle persistait sur le versant du super-héros, et c’était là une histoire qui plaisait fort aux oreilles du traqueur.

« Et bien ! Le Royaume est tout ce qu’il y a de plus normal. Sa nombreuse population explique nécessairement l’existence de… Psychopathes et autres dégénérés. Quant à moi j’ai bien peur de ne pas être un super-héros, bien que cela pourrait être un objectif… »

Et en cela il se montra, tout en étant volubile, aussi mystérieux à l’endroit de sa profession que le fut Lou à l’endroit de son identité.

Mais déjà s’intéressait-elle à nouveau à sa sécurité. Pressentant qu’il y avait là une fameuse histoire à entendre il préféra la conduire jusqu’à son logement afin d’être plus à l’aise.

Rydd conduisit donc Lou’ dans le quartier supérieur de la ville qui avait été épargné. Ils se rendirent au manoir Tigan. Le bâtiment était imposant et très élégant entouré de hauts murs et agrémenté d’un très grand jardin, luxe pour une île si urbanisée que Saint-Urea.

Lou’ fut conduite dans un salon de belle taille et d’une élégance rare. De nombreux tableaux de maitres étaient accrochés aux murs, l’ameublement était d’un raffinement exceptionnel et l’ambiance globale du manoir transpirait la maison noble à une lieue. Rydd invita Lou’ à s’installer et un majordome vint rapidement prendre connaissance des envies de l’hôte.

Rydd se montra laconique avec le majordome.

« Apportez donc à Mlle Lou’ ce qu’elle désire. »

Et ensuite il reporta son attention sur son invité.

« Lou’ permettez moi de vous inviter durant votre séjour à Saint-Urea. Néanmoins je vous serai gré d’oublier cet endroit une fois que nous n’y serons plus…

En effet, cet endroit est un refuge dont beaucoup aimerait connaître l’adresse. Ainsi vous pouvez avoir confiance en moi attendu que vous disposez d’un levier puissant pour me faire plier.

J’espère maintenant que je vous inspire une confiance totale…
»


Et il lui afficha un léger sourire en homme qui s'attends à entendre quelques confidences.

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Ché’drochement b’n !

La bouche pleine à craquer de chantilly et de pancake, les joues rougies derrière la suie toujours noire, je suis heureuse. Ou pas loin d’être la plus heureuse du monde : Ce majordome est un dieu de la cuisine. Ce dessert essuie en deux bouchées la plus nulle des nuits du monde. Et pourtant, avec l’incendie, c’était difficile de me remettre d’aplomb aussi vite et bien.

Faudra me donner la recette, c’est vraiment parfait ! Mais sérieux, c’est votre base secrète ici ? Genre, vous êtes agent secret infiltré, et vous enfilez votre costume moulant à chaque fois qu’on vous appelle en mission ? Ou alors, vous avez votre signe dans le ciel à chaque fois qu’on a besoin de vous ? C’est quoi votre signe ? Une… Chouette ? Un poney ? J’adore les poneys !

Vague sourire plus tard, les poneys sont bien loin d’être un de mes rêves de jeune fille, mais ça a le mérite de me faire rire. Faut dire que la moquerie était facile et que, même si Rydd m’est sympathique, c’est sacrément louche d’enfiler un costume pour sortir. Avec son explication sur son manoir magique et son majordome parfait, je comprends qu’il doit être un type recherché. Je ne sais pas, par contre, si c’est une très bonne nouvelle : recherché par les bonnes ou mauvaises personnes ? Dois-je m’attendre à voir débouler la marine dans le coin ? Ou pire ?

Je devrais arrêter de vous taquiner sur votre costume, c’est vraiment bas…

Attrapant ma cuillère, je replonge dans la chantilly et engloutis un morceau de pancake avec un sourire ravi :

Che vouch chai conchianche chu la chuite…

Je relève les yeux et constate la mine confuse de mon collègue. Vrai que c’est loin d’être facile de se faire comprendre avec la bouche pleine. Et je n’ai pas forcément eu une éducation digne de ce manoir, hein… Moi, je suis une fille de la campagne. Ravalant vite, avec un air humble, je reprends :

Je disais que je vous faisais confiance sur la suite…

Sa déclaration a le mérite de me mettre en confiance. Et ces pancakes aussi. Je pose l’assiette sur la table basse. Prenant un masque de sérieux, je prends le temps de remonter mes cheveux en un chignon haut, d’essuyer une trace de suie sur mon menton et de lui dire, avec une voix teintée de mystère :

Je sais qui a déclenché l’incendie. Et il sait que je sais.

Lourd silence dans la pièce. Pièce somptueuse, il va sans dire. En bref, le genre de révélation qui sonne très bien dans un endroit tel que celui-ci. L’homme me fixe étrangement, du genre à pas vraiment comprendre ce que je suis en train de lui dire, une tête qui dit « ah bon ? l’incendie n’est pas juste un accident bête et méchant ? ». Ah, bah non. Dommage…

Mais l’incendie était une bête erreur, il n’a pas eu… le temps de le contrôler… Il a été pris au dépourvu…Par ma présence. En fait, je crois qu’il était en train de couvrir les traces d’un… autre crime.
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Rydd regarde affectueusement la jeune demoiselle se nourrir de bon cœur. Elle semble particulièrement enjouée par ce faste et ce luxe. Pour le chasseur de primes il en est tout autrement. Son regard mélancolique semble se perdre. Il songe. Pour lui cette cage, bien que dorée, reste une prison dont on ne sort pas. La privation de liberté est probablement pire que l’octroi des plus grandes richesses. Mais Lil’ n’en a pas conscience, et Rydd se garde bien de rompre l’engouement de celle-ci. Il écoute patiemment, sourit légèrement aux différentes supputations de son interlocutrice. Songe parfois, rêve de cette liberté perdue. Sa main parcourt légèrement son visage encore douloureux. Une cicatrice restera à jamais sur son visage…

La nourriture disparaît rapidement. Rydd ne touche pourtant à rien. Il préfère mettre la main à la poche et en ressortir un cigare. Il l’allume et commence à le déguster avec détachement. Tout en produisant des volutes de fumée il écoute patiemment la demoiselle particulièrement volubile pour une personne ayant la bouche très souvent pleine. De temps à autres il acquiesce, sourit délicatement. Mais finalement son regard devient dur et soudain très intéressé. Des mots viennent de sortir, plus intéressants que les autres. L’incendie. Un responsable. Déjà Rydd voit là l’occasion de se démarquer une nouvelle fois. L’homme est ainsi fait, il ne désire que trop souvent faire plus pour obtenir plus…

La jeune demoiselle semble bien informée. Trop bien. Rydd commence à douter. A-t-il été piégé ? A-t-il baissé sa garde devant une demoiselle que pour n’être que mieux lésé ? Il fronce les sourcils, tire une longue bouffée de cigare et réfléchit.

Le responsable ? L’incendie est un accident ? Mais l’homme incriminé semble loin d’être un personnage ordinaire. Cela expliquait donc pourquoi la jeune femme semblait si désireuse de disposer d’une si bonne escorte. Les mains du Tigre Rouge jouaient maintenant négligemment avec un coupe-cigare. Il avait écouté avec patience, avec discernement. Maintenant été venu le temps des questions. Il se leva pour s’approcher de Lil’. Attrapant une chaise il se plaça à ses côtés, tout proche d’elle. Il plongeait son regard dans le sien. Cherchant à cerner l’existence éventuelle d’une traitrise. Rydd était de ces hommes qui parviennent à déchiffrer la véritable nature des gens d’un simple coup d’œil. Il ne vit pourtant rien dans ces pupilles juvéniles. Etait-ce un agent particulièrement bien rodé ou simplement une jeune demoiselle innocente ? La réponse était difficile à obtenir mais pouvait être primordiale pour le futur du traqueur…

-«Très chère Lou, il me faut en savoir plus à ce sujet. Pourrais-tu me faire un récit plus détaillé de la question ? Ou tout du moins me tracer les grandes lignes de cette sombre affaire ?»




Dernière édition par Rydd Steiner le Ven 23 Aoû 2013 - 17:20, édité 1 fois
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Plus de détails…

Je déglutis péniblement, relevant les yeux vers le plafond avec une mine agacée. J’ai l’impression qu’il ne comprend pas l’urgence de ma situation. Ça sert à quoi de se confier à quelqu’un s’il n’est pas foutu de réagir en conséquence ? Pourquoi il ne court pas vers son mur secret qui cache des armes secrètes pour me filer un bazooka, pour le mettre sous mon oreiller, cette nuit, au cas où ? Quel idiot ! Quelle idiote !

Tu crois quoi ? Que j’ai eu le temps de prendre son numéro de denden et son nom, aussi ? Tu crois que je me suis approchée de lui pour voir sa sale tête de grand malade pour lui dire « Hé mec, ça serait bien qu’on reste en contact ! » ? Genre, plus de détails, t’es vraiment un rigolo toi ! Je me suis carapatée dès que j’ai compris que c’était un taré en puissance ! Je suis une fille seine d’esprit, moi ! Je ne reste pas plantée au milieu d’un conflit ou y’a des morts et des psychopathes ! C’est bête, hein, mais je suis du genre à tenir à la vie, à penser que je suis un peu jeune pour y rester…

Je me stoppe, prends une grande inspiration pour tenter de faire passer ma fureur. C’est vrai, quoi ! Plus de détails… Comment on peut avoir plus de détails alors que tout s’est passé en un temps très bref… Trop bref ! Et je suis censée lui donner des détails ? Il m’a prise pour qui ? J’ai une tête à porter des costumes ultra court à paillette et moulant pour aller sauver des vies ? Non ! Je suis une putain de trouillarde, moi ! Quand j’ai l’occasion de me tirer, je me tire !

Tu veux savoir quoi ? Le type qui est mort, je le connaissais. Un peu. Il était censé m’enseigner des choses, mais il est mort avant. L’autre type ne devait pas savoir que j’étais là, j’étais enfermée dans la salle d’eau. Quand j’ai compris qu’il y avait quelqu’un d’autres dans notre appartement, je suis restée planquée. Ils parlaient d’argent, de dettes, d’un sale coup qui serait mal passé soit disant. Là, il l’a tué… J’ai compris qu’il fallait que je m’en aille. Lui, il était en train d’enduire le corps d’essence, ou un truc du genre… Simplement en partant, je me suis prise un meuble et il m’a vu… Là-dessus,  je me suis mise à courir aussi vite que j’ai pu…

Plus calme, mais piteuse aussi, je baisse les yeux vers mes genoux et semble y trouver un intérêt particulier. Je préfère ne pas croiser son regard, il me met mal à l’aise. Comment est-ce qu’on assume dans les yeux de quelqu’un sa lâcheté ? J’aurais mieux fait d’intervenir, pour tenter de sauver ce sale type de Joe la mouche. J’aurais. Mais maintenant, ça ne sert plus à rien.

C’est ce que tu voulais savoir, Rydd ? Qu’est-ce que ça t’apporte de plus… ? Qu’est-ce que tu veux faire, mh ?

Relevant le regard vers lui, je le soutiens avec l’air toujours un peu fâchée. Je n’aime pas agiter les souvenirs, je préfèrerai m’enfuir. C’est ce que je sais faire de mieux. Sauf ici… Je suis bloquée.

Maintenant que tu sais toutes ces bêtises et que j’ai à mes trousses un tueur implacable, tu vas m’aider à quitter cette île et à ne jamais, jamais, jamais, jamais, jamais y revenir ?
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Rydd se verse un verre de vin avec peine. Est-ce cette jeune femme aux cheveux ardents qui lui donne le tournis ? Ou n’est-ce tout simplement que cette blessure au visage dont la douleur lancinante lui rappelle encore à quel point il est parfois dangereux d’aider autrui ? Il rêve un instant, le regard plongé dans celui-ci de son hôte. Elle veut fuir mais son regard semble hurler le contraire.

« Est-il nécessaire de me demander si je vais t’aider ? N’est ce pas ce que je fais depuis notre rencontre ? »

Il afficha un sourire affectueux.

A ce moment le majordome du manoir fit son entrée. Il déposa un costume rouge et noir tout en s’inclinant respectueusement.

Rydd n’y prêta guère attention, il était trop occupé à faire virevolter le vin dans son verre afin d’en éveiller tout le bouquet. Il passa un long moment à réfléchir. Puis enfin il prit la parole.

« Je ne sais pas si t’aider à fuir et la meilleure des choses à faire ? Est-ce vraiment ton souhait ? Si tu as un homme aux trousses, la fuite n’est pas la meilleure des solutions. Je peux t’assurer qu’on n’est jamais éternellement à l’abri lorsqu’on est pourchassé. »

Il s’arrêta une nouvelle fois. Ce discours était celui d’un combattant pour un autre. Peut-être que ces conseils ne pouvaient être destinés à cette jeune femme. Il haussa donc les épaules en homme résolu, il n’y avait finalement qu’une chose à faire.

« Très bien Lou. Je vais t’aider à t’enfuir. Mais ce que je te dis reste vrai. Je vais donc me mettre à la recherche de ton tueur implacable. Ainsi tu n’auras plus à t’inquiéter et tu pourras non pas fuir mais poursuivre ta route en toute quiétude. »

Il lui lança un nouveau sourire avant de se lever.

« Je vais avoir besoin de quelques informations au sujet de cet assassin. Je vais me changer, comme tu le vois, j’ai une nouvelle tenue à enfiler pour protéger au mieux mon identité.

En attendant tu peux rester ici. Réfléchis à ma proposition et tu me diras si elle te convient à mon retour. Réuni aussi tous les éléments qui peuvent me mettre sur la piste de l’assassin.

Je n’ai besoin que de quelques minutes. A tout de suite.
»


Et il se dirigea vers une pièce adjacente, non sans jeter un dernier regard troublé à destination de cette jeune femme.



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Je me tiens près d’un tableau, dans cette immense salle, regardant le portrait sans le regarder vraiment. Quelques minutes, c’est assez pour prendre une décision, et pourtant trop peu en définitive. Les pas de mon hôte reviennent vers la pièce. Il me regarde et m’interroge, pour savoir ce que je compte faire. Il a raison, sur plusieurs points. Mais être traqué n’est pas dans mes projets, et peut-être que chasser le chasseur est une bonne idée. Je ne suis sûre et convaincue de rien, peut-être parce que je suis une affreusement trouillarde

Suis-moi.

Je prends le pas vers une porte, pleinement décidée. J’ouvre la porte à la volée et me retrouve face à un placard. Je ne me souviens même plus par ou je suis rentrée, ça commence bien... Refermant derrière moi, je me retourne vers Rydd avec la mine fâchée, et lui dis d’une voix hâtive que je veux bien le suivre au moins jusqu’à la sortie mais qu’après, je prends les devants.

Le dédale de rue incendié se confond et ne m’aide pas à m’orienter. Les rues sont désertées par les habitants, et y circulent les autorités du pays qui tentent d’évacuer les morts. Lorsqu’on lève les yeux, on remarque des pointes de fumées par-ci par-là, signalant un buché servant à bruler les entraves et les corps pour éviter les épidémies. Cette partie de la ville est silencieuse, comme éteinte, et l’on n’ose même pas se regarder lorsqu’on se croise. En fin de compte, c’est Rydd qui me ramène au lieu du crime. La route que l’on ferait d’ordinaire en moins d’une heure s’est fait en plus de trois. Mais nous arrivons finalement au bon endroit, ou ce qui y ressemble de loin.

C’est là... Enfin, je crois…

Je ne reconnais qu’à peine la devanture noircie. L’immeuble semble totalement éventré, la façade ne tient que par miracle. Le feu a rongé le bois, mais le bâtiment se fond dans le décor, car les maisons voisines sont du même acabit.

Fais attention.

Un pas en avant, je pénètre à l’intérieur en avançant avec précaution. L’endroit ressemble toujours à un hôtel, juste carbonisé. Il y a encore, sur le comptoir léché par les flammes, la petite sonnette en or qui attend qu’on l’appelle. L’on pourrait y entendre les mots du vent… J’empreinte les escaliers à ma droite et monte la première marche. Doucement, la deuxième, et la troisième, avant d’atteindre le premier niveau... Les planches du parquet et des escaliers grincent dangereusement, certaines cèdent, d’autres tiennes. Je n’hésite pas à me tenir au mur pourtant aussi friable et à la barrière qui ne tient que par miracle.  Marche après marche, Rydd sur mes talons, nous arrivons doucement vers ma chambre. La porte qui nous fait face est en mille morceaux. J’y pénètre, fais le tour rapide du regard et désigne du doigt ce qui ressemble à un tapis noirci ou une petite flaque plus sombre apparait, flaque qui ne dit pas grand-chose en définitive.

Voilà. C’était là. Le corps était là. Avec l’incendie, difficile de distinguer ce qui tient du meurtre ou de la victime des flammes.

Un bruit attire notre attention. A la fenêtre, Bee se pose et surveille attentivement les mouvements du costumé.

J’étais là.

Je désigne du doigt ce qu’il reste de la salle de bain, puis j’enchaine vers une petite fenêtre ou les vitres ont clairement explosées :

Et je me suis enfuie par là. J’ai bondi sur le toit et j’ai poursuivi ma route jusqu’à l’immeuble d’après, ou tu m’as trouvé. Le feu s’est propagé très vite, faute que les structures sont anciennes et mal faites… Si tu dois commencer quelque part pour l’attraper, j’imagine que c’est par ici. Je t’ai dit tout ce que je savais. Je peux te dire le surnom de l’homme mort : la Mouche.. C’est tout ce que je sais vraiment de lui…

Je marque une pause, avant de reprendre d’une voix douce :

Quant au reste… Sois prudent si tu dois fouiller, le plancher est fragilisé, et il ne supportera sûrement pas trop de poids.
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Rydd parcourt des yeux l’endroit. La pièce n’est plus que charbon. C’est un miracle d’équilibre de voir l’ensemble toujours debout. L’odeur de mort a envahi la pièce, semble s’être insinuée dans les murs.

« Le tribut a été cher pour qu’un simple crime soit dissimulé… »

Et il repoussa légèrement les cendres du pied. Le feu avait emporté avec lui tous les secrets de cette fumeuse affaire. Aucun indice exploitable, aucun départ de piste. Le chasseur de primes était confronté à la pire des situations du métier : l’inconnu.

L’inspection se poursuit. Des débris de verre, des pièces qui se succèdent. Rydd et Lilou prennent des risques en s’engouffrant dans cette ruine encore fumante. Le chasseur inspecte, silencieux, la rouquine cause. Beaucoup de paroles et dans le flot continu, une lueur, un scintillement. Le traqueur se retourne sur son interlocutrice.

« Le surnom de l’homme mort ! C’est bien plus que ce que nous trouverons ici ! »

Instant de pause tandis qu’il réfléchit à la situation.

« La mouche, la mouche. Cela ne me dit rien. Mais on trouvera bien des informations à la place de l’obélisque. Elle est probablement intacte. Trop peuplée pour avoir été négligée. »

*****

Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent finalement à la fameuse place. La foule était toujours aussi nombreuse que d’accoutumée. Curieusement l’incendie récent avait augmenté drastiquement les besoins divers et les commerçants ne savaient plus où donner de la tête.

Rydd s’enfonça dans la place tout en gardant un œil attentif aux faits et gestes de sa protégée.

Ils avancèrent ainsi, péniblement, jusqu’à une petite échoppe de tapis bondée. Le patron était un homme grand et mince qui gesticulait énormément et qui flattait savamment tous les clients à sa portée. Rydd expira longuement avant de se tourner vers Lilou.

« Tu vois ce vendeur ? Ce n’est pas un simple marchand de tapis. Il a énormément d’informations sur ce qui se passe à Saint Urea. Il y a juste un léger problème. Il coûte cher… »

Rydd se gratta le haut du crâne, gêné.

« Tu as des atouts que je n’ai pas… Si tu pouvais lui faire du charme pour avoir des informations au rabais… Le connaissant, s’il me voit, il va me faire payer le prix fort… Il s’appelle Joseph.  
Tu veux bien faire ça … ?
»




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Sourcils froncés, yeux écarquillés, j’interroge Rydd du regard pour savoir s’il blague. Il n’a pas l’air. Il s’excuse même d’un sourire gêné. Je me retourne pour admirer le personnage : Joseph est un type relativement grand, les cheveux bruns tirés en arrière, le teint café avec beaucoup de lait. Ses gestes attirent la foule autour de sa marchandise. Je fais un pas, disparais au milieu de la masse pour m’approcher progressivement du bonhomme. Quelques longues minutes plus tard, j’arrive enfin à lui glisser quelques mots qui ne sont audibles que par lui et moi :

Joseph ?
Qu’est-ce que je peux faire pour toi, jolie demoiselle ?
J’aurais quelques questions…
A propos d’un tapis ?
J’ai vraiment l’air d’avoir envie d’un tapis ?
Hinhinhin… Attends-moi au coin de la rue dans une heure ma douce, nous pourrons discuter tranquillement…

Il me désigne du doigt une ruelle et me fait un sourire complice.

Je crains le pire.

*

Rue isolée, déserte et puante. Rydd reste à l’écart, Bee, lui, n’ose pas me quitter d’une semelle. J’attends patiemment adosser à un mur, jusqu’à ce que Joseph se ramène avec un sourire satisfait sur les lèvres. Il s’avance d’un pas conquérant, regardant derrière lui pour vérifier qu’il sera en paix pour faire ce qu’il souhaite faire. Se plantant à même pas un mètre, il m’invite à parler d’un geste de la main :

Je cherche des informations à propos de la Mouche…
Oh, oui, Joe. Ça peut être négociable, qu’est-ce que tu m’offres ?
Mon plus beau sourire.
Il m’en faudra plus.
D’abord les infos, et je te dirais ce que ça vaut…
Dure en affaire… Bien, ce n’est pas trop non plus… La mouche est une petite racaille des bas quartiers, un type pas extraordinaire mais qui s’défend pas mal en ingénierie.
Il travaille pour qui ?
Personne en particulier, même s’il parait qu’il magouille pas mal avec les révolutionnaires et les mafieux.
Pourquoi ?
Ils paient mieux, ça se sait.
Des noms d’employeurs en particulier ?
Il va falloir commencer à payer, ma douce… Approche donc… AIE AIE AIE !!!!

Alors qu’il avançait sa mimine pour me saisir la poitrine, j’attrape son pouce et le tords brutalement. Son bras se tend à l’extrême et lui se retrouve obliger de se plier pour supporter la position. Prise de soumission contre les pervers. Bee fait un pas en avant et menace le vicieux d’un regard assassin :

MA MAIN ! T’VAS ME PETER LA MAIN !
Moi ? Non. Par contre, lui, oui.
Qu’est-ce que c’est que ça ?!

L’animal s’allonge et se déplie. Le cyborg prend sa place sous les yeux et la bouche tombante de mon vis-à-vis qui begaie un temps avant d’hurler. Et pour finaliser le tout, le géant abaisse sa main pour dévoiler une gueule noire. La gueule d’un canon.

Un canard. Cyborg. Et prêt à t’exploser la tête si tu ne craches pas ce que tu sais et si tu oses poser un seul doigt sur moi.
Whaaaaat ?! J’ai pas signé pour ça ! J’voulais juste peloter moi ! Aie ! Aie ! Aie !
Alors ! Des employeurs ?
Non ! Non, j’en sais rien du tout ! Euh… Si ! Il… Il était en magouille avec un type fortuné de St Urea, un gros ponte qu’on m’a dit, mais je sais pas plus moi ! L’ancêtre ! C’est l’ancêtre !
Ok… Et il lui devait de l’argent, à l’ancêtre ?
Qu’est-ce que j’en sais ? Va voir chez lui et dis à ton canard d’écarter son canon de ma tête !
Bee…
Kwak…
Tu sais où il vit ?
D’hotel en hotel, de squat en squat ! Le temps que son bateau miteux puisse reprendre l’eau !
Le nom du navire ?
« Le Roi des Mers ». Une vieille coque de noix miteuse ouais… Aie ! Mais ! J’ai rien dit !
Je sais, désolée… Une dernière question : Un tueur implacable, à St Urea, qu’aurait descendu la mouche, ça te parle…
Putain… il est après toi ?
Ça veut dire « oui » ?
Et t’es venue me parler ? Putain !
Qui c’est ?
Personne, une rumeur ! Une putain de rumeur qui fait disparaitre miraculeusement des pauvres types qui posaient presque problème !

Il se débat, blême à la suite de ma déclaration. Ses yeux regardent de gauche à droite nerveusement, ses jambes ne tiennent plus en place, à un point ou je l’imagine déjà s’enfuir en courant en laissant son bras derrière lui s’il le faut.

Laisse-moi partir !
D’accord…

Il se remet l’épaule en place, m’insulte copieusement.

Que vas-tu faire ?
M’enfuir de St Urea. Je tiens à la vie, figure toi.

Il décampe en galopant comme un lièvre.

Ça coute pas une vie d’toucher des nichons !

Bee reprend sa forme animale. Derrière, des bruits de pas se font entendre. Rydd revient.

La prochaine fois que tu veux profiter de mon genre pour avoir des informations, je te brise une jambe… Humpf…
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Ryd contemple la scène de loin. Joseph est un beau parleur mais un piètre combattant. Néanmoins lorsqu’il commence à s’attaquer à la jolie rousse, le tigre s’avance déjà pour mettre fin aux exactions du malotru. Hâte inutile, Lilou a déjà prit les devants. La correction infligée force le sourire. Finalement le gaillard s’en va à vive allure, Rydd s’approche.

La prochaine fois que tu veux profiter de mon genre pour avoir des informations, je te brise une jambe… Humpf…

Le musculeux traqueur, amusé, s’incline de bon cœur.

« Jamais je ne profiterai de ton genre. Pardonne moi cette attitude grossière. »


Et sans attendre, il l’invite à reprendre la route tout en écoutant les informations durement glanées.

*****

Après un bref récit, les deux protagonistes de cette histoire finissent enfin par connaître le nom du présumé responsable de tout ce foutoir. Mais une bonne nouvelle n’arrive que très rarement seule. En effet, le responsable n’est autre que l’ancêtre, un vieil homme aussi puissant que malin et le véritable Némésis de Stanhope depuis des décennies. Un individu qui contrôle toutes les grandes actions criminelles de l’île et qui bénéficie d’une réputation accentuée par le mystère qu’il laisse planer sur lui.

Paradoxalement, il n’était pas particulièrement difficile de rencontrer l’ancêtre. Tout du moins si l’on était quelqu’un et si l’on avait quelque chose à faire avec lui. Or Rydd était parfaitement connu du vieil homme et nul doute qu’il était déjà informé que le Tigre Rouge de Saint Urea le recherchait.

C’est ainsi que le chasseur de primes emmena la jeune demoiselle avec lui, direction un vendeur de thé de la place de l’obélisque. Sur le chemin, un briefing fut lancé.

« L’ancêtre ce n’est pas n’importe qui. Je ne sais pas trop quel lien tu as avec lui… » Il jette un regard curieux à son interlocutrice avant de reprendre.

« Enfin, ça importe très peu. Le problème, c’est qu’il va falloir jouer serré. L’ancêtre c’est le patron de tout ce qui se fait de pire à Saint-Urea. Une sorte de légende du milieu, on le voit peu ou prou. Il sait tout ce qui se passe sur l’île mais il est inapprochable. C’est lui qui vient vers toi, jamais le contraire.

Alors on va se promener un peu, pour bien se faire localiser. Et on va finir par aller dans un endroit tranquille.

De toute façon, on est engagé jusqu’au cou depuis que son nom a été prononcé. Je crains d’ailleurs que Joseph n’ait parlé pour la dernière fois…
»


Ils marchèrent donc en silence pendant une bonne trentaine de minutes, parcourant la place de long en large. Rydd saluait souvent certains riches badauds et commerçants qui semblaient s’enorgueillir de pouvoir lui parler si facilement. Le traqueur, lui, veillait toujours à ne pas perdre Lilou des yeux. Ce petit manège fut d’ailleurs bien rapidement repéré par toutes les femmes du secteur, qui dès lors rivalisèrent de gloussements. Toutes se demandaient bien qui pouvait être cette jeune femme qui était parvenue à approcher celui qui ne leur accordait pas même un regard.

Enfin, le duo arriva dans un salon de thé, à la périphérie de la place de l’obélisque. C’était une tente carrée aux reflets marron et rouge, de grande taille et de bel aspect. Elle était solidement attachée au sol par des cordes partant des quatre sommets. Ils entrèrent par la seule ouverture possible. A l’intérieur, pas un client. De grandes tables élégantes et nettes n’attendaient pourtant que cela. De nombreuses bougies éclairaient la pièce tandis qu’une odeur délicate de menthe chatouillait les narines. Un vieux barman s’affairait à faire du thé derrière son comptoir, il tournait le dos aux deux nouveaux venus. Rydd s’avança sans que le barman ne s’en aperçoive, il s’installa au comptoir.

« Sert donc à cette jeune fille ce qu’elle désire brave homme. »
« Et pour vous Mr Steiner ? »
Demanda le barman en se retournant.

Le barman se retourna et son visage fut révélé à la lumière des bougies. Cet homme, Rydd l’avait déjà vu. Son visage marqué par des rides nombreuses mais élégamment portées, ce regard dans lequel on décèle l’étincelle d’intelligence et le grain de malice des grands de ce monde, ce corps voûté mais qui trahissait une force pas encore tout a fait passée.  Cet homme, c’était l’ancêtre.

Il afficha un léger sourire devant son petit effet. Déposant trois tasses de thé sur le comptoir, il attendit que Rydd reprenne.

« Je suis toujours étonné par cette capacité à surgir que vous avez. »
L’homme sage n’est pas comme un vase ou un instrument qui n’a qu’un usage ; il est apte à tout. Apparaître, disparaître, voir, entendre ; tout ceci ne m’est pas étranger. »
« Vous savez pourquoi je suis ici n’est ce pas ? »
Si je ne le savais pas, je n’y serai pas moi même. »


Le vieillard avala délicatement une gorgée de thé et se tourna vers Lilou.

« Ainsi, c’est pour cette femme que tu as presque perdu un œil ? Et pour elle que tu retournes la ville à la recherche de secrets qui ne t’appartiennent pas ?  »

Il la jugea quelques secondes.

« Voilà bien une chose que j’ignore. Je ne sais pas quelle raison te pousse à cet altruisme si soudain.  » Il poussa les tasses de thé.

« Bien… Parlons un peu de cette affaire. Voudriez vous me donner votre version ? »  Demanda-t-il à Lilou.  



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Je vois…

Je termine mon discours en essayant de contrôler mon timbre de voix. Depuis l’accident, je me sens épiée. Je le suis sûrement. Mais ça, je ne suis pas à même de l’expliquer. L’ancêtre ne peut s’empêcher de surveiller Bee, monté sur son comptoir, du coin de l’œil. L’animal s’amuse négligemment à faire tomber les coquilles de pistache sur le parquet récemment balayé. Une veine palpite sur la tempe du vieil homme qui semble avoir du mal à supporter ce genre de comportement. Ses yeux malicieux ont vite fait de retourner sur moi, avec un petit sourire circonspect. Je lui ai donné tous les détails que j’avais, et tout ce qu’il valait pour lui expliquer ma situation. Les deux mains sur le comptoir, il se redresse et fait mine de réfléchir.

Bien.

Il prend une grande inspiration et songe toujours. Je ne sais pas à quoi il pense, et je ne sais pas si j’ai envie qu’il puisse m’aider. Vu les propos qu’a tenu Rydd tantôt à son encontre, avoir une dette à une type comme lui, ça ne m’enchante pas. Mais sa mine soucieuse me fait croire que ma situation est sérieuse, et que je ne peux rester à attendre qu’un jour, la mort me tombe sur le coin de la figure. Il se racle la gorge, fronce les sourcils, et lâche en haussant les épaules :

Je ne peux rien pour vous.

Un silence tombe. Brutalement, comme un parpaing sur le comptoir. Je le regarde avec des yeux écarquillés, et une petite voix à l’intérieur de ma tête m’hurle qu’il ment effrontément. Si, il peut quelque chose pour moi, mais il ne veut pas. Ça se sent. Il reste pourtant d’une contenance à toute épreuve, pas dérangé pour un sou par les mots qu’il vient de me tenir. Si l’ancêtre a un cœur, ou une conscience, ils sont tous deux bien cachés sous une couche de pourriture. Rydd, à côté, reste immobile, ne cherche pas à répliquer. Sans doute que ça l’arrange de ne pas être mêlé aux affaires de cet homme, et que l’avoir de loin lui suffit largement… Mais moi, je bous, et j’explose :

Et… C’est tout ? On est venu ici pour rien ?!
Il semblerait. Vous me voyez… Désolée, ne de pas pouvoir vous aider.

Il place le torchon sur son épaule et s’adossant au mur derrière lui.

Mais… C’est bien votre homme non !?
Pourquoi un patron digne de ce nom s’encombrerait d’un employé qui fait mal son travail ?
Je me retrouve dans la merde parce qu’il a foiré ! Il a foiré, ça arrive !
Pas chez moi.
Vous mentez ! Vous le connaissez forcément !

Je tape sur le comptoir brutalement, m’approchant violemment de lui pour le regarder droit dans les yeux. La peur et la colère parlent à travers mes mots, j’ai envie de lui attraper le visage et de l’envoyer plusieurs fois épouser son meuble en bois. Mais je ne le ferais pas, car déjà, Rydd m’invite à me calmer. Bee, lui, me regarde étonné, hésite à s’en prendre au vieux pour lui faire cracher le morceau…

Ne poussez pas, mademoiselle.

Mais je me recule déjà, furieuse d’avoir perdu mon temps et prends le pas vers le dehors. Sans dire merci, ni au revoir, j’ouvre la porte à la volée et me plonge dans la masse de monde qui vont et viennent sur la place principale de St Urea. J’enrage. Bee me suit de près et tente de me calmer en chantonnant une chanson de canard. Mais la colère gronde à mes oreilles.

Monsieur Steiner… Ravi de vous avoir vu.

Le tigre de St Urea éloigné, l’Ancêtre croise les bras sur sa poitrine et patiente. Cinq vrai minutes passent avant qu’il ne sorte son denden de sous son comptoir pour composer un numéro et décrocher. La tonalité sonne pendant quelques brèves secondes avant qu’une voix rauque teinte à l’autre bout.

L’Alpha a foiré. Supprime-le.

Il raccroche, sans en dire plus.

Nul doute qu’il y aura un corps supplémentaire dans le journal demain.

Mais peut-être pas celui qu’il attend.
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Sitôt agacé l’ancêtre eut tôt fait de congédier le Tigre. Convaincu que le vieillard était dans l’affaire jusqu’au cou, Rydd alla rejoindre sa comparse.

- « Et bien ! » débuta-t-il sur un ton plus emporté qu’il ne le voulait. « Je suis le premier à comprendre l’intérêt majeur d’une obtention d’informations par la force.  Mais là... » Croisant les bras, il expira fortement. « Analyse, agit en conséquence. Le vieil homme en a vu d’autres. Avec lui c’est une partie d’échec, pas de boxe. »

Privés d’informateur, la tâche allait se complexifier. Par ailleurs, l’ancêtre n’était pas de ceux qui acceptent sans coup férir les assauts verbaux. Une riposte mesurée était à prévoir. Le chasseur de primes, agacé, voyait cette affaire d’un œil de plus en plus sombre.

« Il reste bien un informateur. » Il hésita quelques instants. « La vieille Stanhope doit bien être sur le coup aussi. On ne brûle pas son Royaume impunément. Ce ne serait pas nécessairement une mauvaise idée d’aller voir de ce côté... » Il lorgna sur Lou’. « Quoique... » Et Rydd pointa du doigt la péronnelle. « Es-tu seulement en mesure de te tenir ?! Ou alors tu peux toujours m’attendre à côté. Mes rapports avec la vieille sont plus étroits qu’avec l’ancêtre. Il serait question de ne pas se lancer dans ... »

Il se stoppa net. Même sur la place de l’obélisque, toujours bondée, il y a des signes qui ne trompent pas. D’un coup sec il attrapa le bras de Lou’ et avança d’un pas franc. Non loin d’eux, quelques hommes s’étaient rassemblés. Des individus patibulaires qui dissimulaient mal leurs intentions.

« Je ne suis pas d’un naturel curieux. Mais j’ai foutrement l’impression que cette histoire dépasse largement l’incendie banal ou tout du moins que ce tueur n’était pas là pour rien. En tous cas, le gratin du royaume trempe dans l’histoire. »

Il jeta une œillade en arrière. Le doute n’était plus permis, il y avait du monde dans leur sillage. Devenu très calme, Rydd continua derechef.

« Il me semble avoir montré une bonne volonté jusqu’alors. Pourrions-nous envisager de nous faire un peu confiance ? J’essaie toujours de te sortir de ce guêpier ! »

Tout en parlant ils continuaient à marcher. S’enfonçant dans des ruelles de plus en plus étroites, de plus en plus calmes.

« Bon. Soit l’incroyable coïncidence veut que quatre individus derrière nous empruntent le même itinéraire incohérent, soit nous sommes suivis. Mes avis que ce n’est pas la première solution la bonne. »

Il stoppa la marche dans une petite cour. L’endroit semblait être une impasse. La cour formait un semblant de carré, encadré par de hauts bâtiments aux volets clos. Pas une  vie à l’horizon. L’endroit, propret, prouvait qu’il n’était pas abandonné.

« Bon, on a peu de temps. On semble coincé mais pas du tout. Regarde  là-bas. » Et il désigna une porte. « Elle n’est pas fermée et on peut passer par là. Ou alors... » Il jaugea son interlocutrice l’espace d’un moment. « On peut aussi attendre nos poursuivants histoire de régler ce problème mais ça risque de nous mettre en danger. » Il ne put s’empêcher de rire brièvement. « Je sais, coupons la poire en deux, attendons derrière la porte. On va peut-être les entendre causer. Et dans le pire des cas ils partiront et toi ! Toi ! Tu vas me faire le plaisir de me raconter toute l’histoire ! »    

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NON MAIS JE RÊVE !

Gngngnh... Une partie d'echec, pas de boxe, gngngnh... Si je lui fais cracher ses dents on aura aussi des informations, hein ! Pareil pour ta mamie !

Bon, je suis un peu remontée. Mais c'est normal après ce désert que je viens de traverser. Et je suis de toute façon pas totalement du genre à apprécier me prendre des vestes de ce genre quand ma vie est en jeu. Je ne comprends même pas pourquoi il s'est montré aussi peu compatissant à mon égard ! Mince, j'ai tout de la jeune fille adorable qui ne trempe pas dans les trucs louches et qui s'est retrouvée ici dans la merde totalement par hasard ! Du coup, l'ancêtre se retrouve avec toutes les cartes en main, et moi aucune issue de secours !
Rajoutons à ça le type en collant qui me sort une autre paire de sa manche alors que j'ai déjà les nerfs. On vient de voir papi, faut enchaîner sur mamie ! Si elle est du même acabit que l'Ancêtre, j'ai plus qu'à me passer une corde autour du coup et au moins, ça résoudra toute l'affaire ! Oui bon... J'ai les nerfs, et à tous les coups, ma réponse sera cinglante. Alors je respire un bon coup en suivant l'allure pressé de mon ami, avant de répondre :

Quoi quoi ? J'ai été honnête avec toi, je te ferais dire ! Je t'ai dit tout ce que je savais ! Je vais pas inventer une suite ou des histoires rocambolesques pour te faire plaisir ! Je suis mécanicienne, moi, pas barbouilleur !

Et c'était le plus calme que je pouvais faire ! J'y ai mis beaucoup de moi, d'efforts et tout. Je m'excuserai plus tard, je ne suis pas d'humeur... Et ça se comprend. Mains enfoncées dans les poches et renfrognée comme pas deux, je suis toujours son ombre sans vraiment savoir où je me rends, me contentant de grogner pour répondre à ses autres questions en fixant inlassablement le bitume... Jusqu'à ce qu'on arrive dans un cul de sac et que les mots de Rydd prenne plus de sens : On est suivi ? Et deux solutions s'offrent à nous : Nous planquer ou les attendre ?

Il m'a pris pour qui ? La réponse est évidente !

On se planque !

Pof ! J'attrape le gars par le col de son vêtement et le traine presque jusqu'à la porte. Je l'ouvre à la volée, le jette dedans et pénètre à sa suite dans une pièce sombre et un peu poussiéreuse. Je mets du temps à m'habituer au manque de lumière, sans vraiment m'attarder sur l'agencement de l'endroit.

Tu prends le judas et moi le verrou ! Que je me murmure en m'abaissant déjà...

Le judas étant trop haut pour moi, aussi...
Dans la petit fente, nous avons le temps de voir les gusses arriver dans la cour et se rendre compte du cul de sac, tout comme de notre absence. Leurs silhouettes sont indistinctes, mais je devine un petit trapus, un grand filiforme, un type plus ou moins normal et un barbu fumant un cigare... Puis, les premières questions fusent :

Bah, y sont où ?
Tu les as perdu ?! Putain ! L'ancêtre va nous faire la peau...
C'toi qui les as perdu !
Nan, c'est toi !
Nan, c'est eux !
De quoi on parle ?
PUTAIN MAIS TU SUIS RIEN !
J'étais pas là.
Mh...
Bon, on fait quoi ?
Ils peuvent qu'être ici ! On les cherche !
Ils se sont pas planqués dans un pot de fleurs hein...
Putain de putain de putain de merde ! Bon, toi, prépares les sacs...
Les sacs ? Mais on doit pas les tuer plus tard ?
On im-pro-vi-se !
Ouais mais si on improvise comme ça, on attrapera pas la brute...


C'est pas faux.
Mh.
Atcha !

Et merde...
Vous avez entendu hein ?!
La porte !

Foutues poussières...

Y'a une sortie de secours ?

HRP : Désolée du temps de réponse et d'la qualité ^^' C'pas terrible, mais j'me rattraperais...
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