Et vous savez, hier, on a vu un gros poisson avec une tête de chat ! Il était énooooorme ! Plus gros que Requin ! J’aurai bien voulu aller lui dire bonjour, mais les messieurs du bateau ils ont pas voulu me laisser descendre du bateau…
Ils ont surement raison…
Oui… Peut être… Mais ça fait longtemps quand même que je ne suis pas allée dans la mer. Je sais que c’est mieux comme ça, et que je n’ai pas à me plaindre. Oh, non, je ne dois pas me plaindre. Mon maître serait très mécontent si je me plaignais… Mais je suis un poisson alors c’est normal pour moi de vouloir aller dans la mer, vous ne croyez pas ? Mais bon, d’un autre côté, les gens sur ce gros bateaux sont gentils avec moi, ils m’apportent des fruits frais touuus les jours ! Et même du raisin ! Et vous ? Vous aimez le raisin ? C’est si frais et juteux ! Hmmm ! Rien que d’y penser j’ai envie d’en manger !
Alors que je parle à mon cadeau qui porte ma voix jusqu’à mon ami, un petit poisson logeant avec moi dans cette aquarium m’interrompt et tente de communiquer tout en sanglotant.
Qu’est ce qu’il y a Fifi ?
…
Quoi ? Ils ont emmené Doudou ?! Mais pourquoi ?! Doudou !
Je suis désolé Monsieur, je dois vous laissez ! Soyez prudent, d’accord ! Le petit escagophone à tout juste repris de ses blessures, il ne faudrait pas qu’il en ait d’autres ! Je sais que vous êtes invincible mais je suis triste quand mon cadeau est blessé…
Il ne le sera pas. Va.
*Gotcha*
Je laisse donc mon cadeau sur la plateforme flottant au dessus de l’aquarium pour en revenir au problème de Doudou qui a disparu. Tous mes petits amis poissons ont l’air très inquiet par cette nouvelle. Les humains du vaisseau l’auraient emmené ? Mais pourquoi ?
Non, voyons, ne panique pas Titou. Je suis sûr qu’il y a une explication logique. Peut être était-il malade ? Quelqu’un sait s’il était malade ? Non ? Tu dis qu’il était en pleine forme ? Bon… Non, s’il te plait Nana, ne pleure pas… Tu dis des bêtises, nous ne sommes pas là pour être mangé, je vous assure !
Mes pauvres petits amis sont tous effrayé et je ne sais pas comment les rassurer. Alors, je dois savoir ! Je remonte à la surface du bocal pour parler aux messieurs sur le bateau.
Dites, dites, s’il vous plait… Je suis désolé de vous déranger mais… Mon ami Doudou a disparu de l’aquarium et les autres poissons m’ont dit que c’était un humain qui l’avait enlevé… On est tous très inquiet pour lui… Vous savez ce qu’il a ?
Euh…
C'est-à-dire que…
Je… Je crois que le médecin… a… vu… qu’il…euh… était… blessé ! Oui, il a du abimé sa nageoire et il avait des problèmes pour nager.
Alors il l’a sorti de l’eau pour le soigner ! Il sera surement vite guéri.
Mince… Je n’ai rien vu... Pauvre Doudou. Merci de m’avoir prévenue ! Je vais tout de suite aller le dire aux autres poissons !
Mais avant même que j’ai le temps de détourné le regard, un homme vêtu de blanc fait son apparition sur le pont, un magnifique plat en argent posé sur sa main !
Et voilà ma merveilleuse nouvelle création ! Le poisson soleil à la sauce lunaire !
Et le monsieur tourne sur lui-même pour bien montrer son plat à tout le monde… Même à moi, même aux autres poissons de l’aquarium.
Doudou…
Doudou !
DOUUUUDOUUUUU !!!!!
Les larmes pleins les yeux, je ne réfléchis pas et saute hors de mon bassin, rampant à pleine vitesse sur le pont jusqu’à cet homme qui porte mon ami sur un plat. Je m’accroche à lui et dans un bond, je réussis à attraper le plateau. A le faire tomber. Doudou, mon pauvre Doudou… Que t’a-t-il fait ?
Aie !
Mais tu es chaud ! Tu es trop chaud ! Et tu ne bouges plus ! Tu ne…
*Snif*
VOUS L’AVEZ TUÉ !!
Et soudain, les bulles de Nana me reviennent en mémoire.
Vous l’avez tué et vous vouliez le manger… Vous allez tous nous manger, c’est ça ?! Vous M’AVEZ MENTI ! OUIIININININININININININ ! OUUUIIININININININININ ! BONSIEUUR ! ILS M’ONT BENTI !!! OUIIININIININININ !!! […]
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Je ne suis qu'un simple poisson...
Comme d'habitude le hurlement de la sirène a le même effet sur les gens que le klaxon surpuissant d'un poids lourd sur le lapin de garenne qu'il a pris dans ses phares. On se fige, on se crispe, et dans tous les couloirs ou résonne le cri on laisse tomber tout ce qu'on a pour se regarder avec angoisse et la même question dans les yeux. Qu'est ce qui a bien pu se passer pour justifier un cri aussi empreint de drame et de souffrance. Quoi que ce soit, ça ne peut être qu'horrible.
Et tellement monopolisant que personne ne remarque l'étrange équipage qui se glisse dans le coin du port que le royaume d'Alabasta réserve en tout temps à la marine. Non pas un mais deux pédalos qui avancent l'un derrière l'autre dans le vaste bassin ou est amarré le Léviathan.
D'abord un petit, le modèle standard en location sur n'importe quelle plage des Blues. Deux flotteurs blanc, deux sièges blanc, un parasol et un minibar trois en un (glacière, barbecue, shaker)...
Et juste derriére en remorque, un gros pédalo, modèle famille nombreuse avec pas moins de huit places pour ramer et un aménagement en forme d'ile paradisiaque miniature avec fausse plage de sable, palmier gonflables et rangement en forme de coffres de pirate... Le top de la classe...
Et assis sur les bancs de nage, une série de types en chemises à fleurs, short et tatanes, dont la coupe en brosse, la rigidité, la synchronisation parfaite des battements et l'absence totale de la joie et de l'amusement que procure habituellement la pratique du pédalo trahit immédiatement pour l’œil un tant soit peu exercé la bande de marines d'élites en mode discret...OUIIININIININININ !!!
Toujours hurlante et serrant dans les bras le corps supplicié, délicatement grillé et bourré de sauce ail et beurre de son ami poisson, Daenerys déboule sur le pont et se jette immédiatement dans la mer en pleurant toutes les larmes de son corps.BONK !
Bonk et pas plouf ? Absolument pas naturel comme bruit pour une mise à l'eau. Et d'autant plus inquiétant que le cri de la siréne s'est comme coupé net. Immédiatement tous les hommes de quart sur le pont se ruent a tribord pour jeter un oeil coté mer...
Sur le pédalo a peine rangé le long de l'énorme navire de guerre.
Sur les types bizarres à bord qui lèvent les yeux vers le pont du navire.
Sur la sirène et sa bosse naissante qui s'est visiblement écrasé tête la premiére sur le plancher du pédalo. Presque sur les genoux du grand costaud qui..
-Hé mais, la ! C'est l'amiral Shiro !
-NOooon ?
Et effectivement, alors que tout les regards reviennent vers le pédalo de tête, le type qui le propulse vigoureusement retire son chapeau de paille et exécute un salut pas du tout réglementaire aux hommes au dessus de lui... Presque méconnaissable dans sa tenue décontracté rigoureusement identique à celle de ses hommes, l'amiral Shiro Fuuryuko s'extrait de son fauteuil pour ramasser la sirène et la prendre dans ses bras façon sauveur avant de s'élancer d'un seul bond jusqu'au pont du navire.
-Rompez messieurs rompez, inutile de vous mettre au garde a vous, ce n'est qu'une visite de courtoisie tout à fait impromptue... Vous savez bien, ce sont des choses qu'on fait en...
-En vacances...
Et c'est un amiral au bronzage parfait qui traverse le pont en faisant claquer ses tongues pour s'adresser au premier gradé qu'il croise.
-Désole d'arriver de façon aussi cavalière mais il me semble que cette jeune personne aurait besoin de soins.
Pas de violence, c'est les vacances !
Comment dire… ? La mauvaise fortune ? La poisse ? Pas de chance ? Ouais. Quelque chose comme ça. Parce que cela faisait la deuxième fois maintenant. Deux fois que j’étais en plein ébat sexuel avec une belle infirmière. Deux fois que l’amiral Shiro me gênait d’une manière ou d’une autre. A force, j’en vins même à penser que c’était complètement volontaire de sa part ! Ouaip, il le faisait exprès, ce type ! La première fois remontait à quelques temps, avec un appel plutôt impromptu par escargophone. Et cette fois-là, c’était son auguste présence sur le Léviathan qui venait tout gâcher. Son arrivée avait tellement surpris tout le monde, que deux bleus sous les ordres de ma cousine avaient fait irruption dans ma chambre, complètement troublés. Ils ressortirent aussitôt de la pièce, après m’avoir vu en pleine position suggestive avec ma maitresse. Et leur irruption inhabituelle m’avait plutôt interpellé. Il devait se passer quelque chose de grave pour qu’ils ne se soient pas attelés à frapper à ma porte avant d’entrer.
Très franchement, j’étais pas un grand fan du coït interrompu. Pas du tout même. Mais au vu des circonstances, j’avais été bien obligé d’oublier ma maitresse qui avait fini elle par mimer un air boudeur. Mon escargophone avait alors sonné et c’est la voix timide de ma cousine qui me confirma que notre bon amiral se trouvait à bord. Le grand Shiro lui-même. J’avais eu un soupir, dès lors. Autant j’avais été heureux de savoir qu’il nous honorait de sa présence, autant d’un autre côté, j’avais été un peu déçu de mettre un terme à mes galipettes. Pas de bol, que je m’étais dit. Alors que l’infirmière avait déjà quitté ma cabine, apparemment en colère, je m’étais attelé pour ma part à m’habiller comme il se le devait. Avec le manteau de contre-amiral tout ça. J’avais ensuite dévalé les escaliers comme un dératé, avant d’apparaitre quelques instants plus tard sur le pont. Et là, quelle ne fut pas ma surprise ! La belle sirène que Lilou et Ketsuno m’avaient formellement interdit d’approcher se trouvait dans les bras bronzés de mon supérieur…
- Hein… ? Capitaine ? Pourquoi vous pleurez ? Me demanda soudain un jeune mousse tout proche de moi.
- L’émotion mon petit ! L’émotion ! Que lui avais-je répondu immédiatement, avec tout le naturel du monde.
Émotion mon cul ouais ! En réalité, il y avait cet amalgame de colère et d’admiration qui me saisissait tellement que j’en avais inconsciemment les larmes aux yeux. Il avait la classe, le Shiro. Mais trop de classe. C’est dire à quel point il m’éclipsait. Sans compter qu’en plus d’avoir ramené sa poire dans le coin, il avait réussi ce que j’avais essayé des millions de fois : Poser mes pattes sur les formes de cette sirène douce et innocente. Que faire maintenant, cependant ? Bonne question qui méritait réflexion profonde. Réflexion qui ne se fit pas longue, puisque j’avais essuyé mes larmes de croco d’un geste rageur, avant de m’afficher enfin devant tout le monde. Oui oui. Pendant que je pleurais, j’étais encore derrière une foule nombreuse, assez fascinée par la prestance d’un amiral émérite qui avait tout pour lui : L’élégance, la force, la puissance et une bonté inégalée. Un exemple pour nous tous. Une idole pour moi et c’était même peu de le dire. Une fois à quelques mètres de lui, le salut militaire fut donc de rigueur :
- C’est un honneur de vous recevoir parmi nous, amiral ! Permettez-moi de vous décharger et de vous montrer le chemin de nos bureaux !
Est-ce que j’avais attendu une réponse ? Niet ! Car aussitôt dit que j’avais joint l’acte à la parole, en saisissant la jeune sirène dans mes bras, avant de jubiler intérieurement ! C’était la première fois ! La première fois que je la tenais dans mes bras et je devais avouer qu’elle était hyper belle vu de près. Un véritable bijou ! Je comprenais à présent pourquoi les dragons célestes dépensaient des fortunes pour en avoir et pourquoi l’un d’entre eux nous poursuivait. J’allais peut-être devoir mettre en exergue le nom de mon grand-père pour la protéger. Je n’avais pas pour habitude de me proclamer descendant de dragons célestes, mais pour protéger cette beauté des vices de ces pervers, je n’allais pas m’en priver, oh que non ! Mais alors que je pensais à rejoindre mes bureaux en devançant l’amiral, la grosse bosse fumante de la jeune créature m’interpella. Immédiatement donc, ma mine s’assombrit. C’est pas pour dire, mais je tenais là une bombe à retardement. Même si j’admirais sa beauté, il n’y avait pas plus pleurnicheuse qu’elle…
- Et Merde…
Très franchement, j’étais pas un grand fan du coït interrompu. Pas du tout même. Mais au vu des circonstances, j’avais été bien obligé d’oublier ma maitresse qui avait fini elle par mimer un air boudeur. Mon escargophone avait alors sonné et c’est la voix timide de ma cousine qui me confirma que notre bon amiral se trouvait à bord. Le grand Shiro lui-même. J’avais eu un soupir, dès lors. Autant j’avais été heureux de savoir qu’il nous honorait de sa présence, autant d’un autre côté, j’avais été un peu déçu de mettre un terme à mes galipettes. Pas de bol, que je m’étais dit. Alors que l’infirmière avait déjà quitté ma cabine, apparemment en colère, je m’étais attelé pour ma part à m’habiller comme il se le devait. Avec le manteau de contre-amiral tout ça. J’avais ensuite dévalé les escaliers comme un dératé, avant d’apparaitre quelques instants plus tard sur le pont. Et là, quelle ne fut pas ma surprise ! La belle sirène que Lilou et Ketsuno m’avaient formellement interdit d’approcher se trouvait dans les bras bronzés de mon supérieur…
- Hein… ? Capitaine ? Pourquoi vous pleurez ? Me demanda soudain un jeune mousse tout proche de moi.
- L’émotion mon petit ! L’émotion ! Que lui avais-je répondu immédiatement, avec tout le naturel du monde.
Émotion mon cul ouais ! En réalité, il y avait cet amalgame de colère et d’admiration qui me saisissait tellement que j’en avais inconsciemment les larmes aux yeux. Il avait la classe, le Shiro. Mais trop de classe. C’est dire à quel point il m’éclipsait. Sans compter qu’en plus d’avoir ramené sa poire dans le coin, il avait réussi ce que j’avais essayé des millions de fois : Poser mes pattes sur les formes de cette sirène douce et innocente. Que faire maintenant, cependant ? Bonne question qui méritait réflexion profonde. Réflexion qui ne se fit pas longue, puisque j’avais essuyé mes larmes de croco d’un geste rageur, avant de m’afficher enfin devant tout le monde. Oui oui. Pendant que je pleurais, j’étais encore derrière une foule nombreuse, assez fascinée par la prestance d’un amiral émérite qui avait tout pour lui : L’élégance, la force, la puissance et une bonté inégalée. Un exemple pour nous tous. Une idole pour moi et c’était même peu de le dire. Une fois à quelques mètres de lui, le salut militaire fut donc de rigueur :
- C’est un honneur de vous recevoir parmi nous, amiral ! Permettez-moi de vous décharger et de vous montrer le chemin de nos bureaux !
Est-ce que j’avais attendu une réponse ? Niet ! Car aussitôt dit que j’avais joint l’acte à la parole, en saisissant la jeune sirène dans mes bras, avant de jubiler intérieurement ! C’était la première fois ! La première fois que je la tenais dans mes bras et je devais avouer qu’elle était hyper belle vu de près. Un véritable bijou ! Je comprenais à présent pourquoi les dragons célestes dépensaient des fortunes pour en avoir et pourquoi l’un d’entre eux nous poursuivait. J’allais peut-être devoir mettre en exergue le nom de mon grand-père pour la protéger. Je n’avais pas pour habitude de me proclamer descendant de dragons célestes, mais pour protéger cette beauté des vices de ces pervers, je n’allais pas m’en priver, oh que non ! Mais alors que je pensais à rejoindre mes bureaux en devançant l’amiral, la grosse bosse fumante de la jeune créature m’interpella. Immédiatement donc, ma mine s’assombrit. C’est pas pour dire, mais je tenais là une bombe à retardement. Même si j’admirais sa beauté, il n’y avait pas plus pleurnicheuse qu’elle…
- Et Merde…
Tout autour, tout le monde avait compris que la sirène n’allait pas tarder à donner un concert. Et c’était les plus belles et les plus attentionnées des infirmières qui couraient déjà vers moi…
Menti.Menti.MENTI.
Comme Mani.MENTI.Menti.
Menti.
Je veux fuir. Je dois fuir ! Monsieur, aidez moi ! Vous m’avez promis vous ! Je dois vous le dire ! Ils m’ont mentie ! Je suis en danger ! Ils veulent nous manger ! Nous pauvres êtres de la mer !
Ils ont voulu manger Doudou…
Doudou…
Pourquoi n’es tu plus dans mes bras Doudou ! Je te tenais ! J’en suis sur ! Et puis je suis tombée, et j’ai mal, mais jamais je ne t’ai lâché ! Alors pourquoi je sens plus ton poids entre mes bras ! Et pourquoi j’ai plein de miettes molles sur mon ventre… Et…
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
Ces miettes ! C’est Doudou ! C’est horrible ! Je ne veux pas ! Partez de mon corps ! Au secours !!!
Non ! C’est Doudou ! Je vais te refaire Doudou ! Je vais te secourir !
Mais tu es mort ! Mais tu ne bougeras plus jamais ! Mais tu ne souriras plus jamais…
J’ai tellement bougé que je suis tombé des bras de mon nouveau porteur que je ne connaissais que de loin. Dont on m’avait dis « Ne t’en approche pas ! » . Mais cela n’a pas d’importance comparé au fait que Doudou est mort. Cela n’a pas d’importance comparé au fait qu’ils nous veulent du mal !
Monsieur. Je dois prévenir Monsieur. Je lui ai promis de le prévenir si jamais j’étais en danger. Je suis en danger. Ils veulent nous tuer. Ils veulent nous manger.
Alors je rampe vers ce lieu où ils nous conservent en vie. Je rampe vers mon cadeau posé à la surface de l’eau. Mais trop de jambes me barrent la route. Trop de bras viennent me cueillir. J’entends des « Calme-toi Daenerys ! On ne te veut aucun mal ! » . Mais Monsieur m’a dis que je ne devais pas croire les menteurs ! Il me l’a dis ! Alors je ne les crois pas ! Et même si je suis bloquée, je me débats ! Je frétille et gigote, comme se doit de le faire le poisson hors de l’eau que je suis.
Mais je suis bloquée, et un bras tendu vers mon escargot que je ne peux atteindre, il ne me reste que mes yeux pour pleurer.
"….."
-….
"…."
-…
"T'AS RIEN FAIT?!"
-M…m…maiiis!
"L'AMIRAL FUURYUKO VIENT TOUT JUSTE DE PASSER DEVANT TOI POUR TE PARLER…"
-Non, mais… mais!
"…ET T'AS RIEN TROUVÉ DE MIEUX QUE DE TE CRISPER COMME UN SALE LIÈVRE APEURÉ!"
-C'est pas ma faute ! Comment j'pouvais m'attendre à ce que Le Sage en personne débarque sur le Lév' aujourd'hui!?
"Mais t'aurais tout de même pu penser à mieux que simplement dire "E…Euh…Bah." . C'est juste ridicule merde!"
-Raaah! Laisse tomber!
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
"Et la P'tite Sirène qui s'remet à gueuler comme la dernière des perdues! Tu veux pas l'étouffer s'te-plaît? Ça rendrait probablement service à l'amiral ça…"
-Ouais, j'vais m'en tenir à c'qu'y faut…
J'me décrispe, cesse d'avoir l'air d'un idiot statique au beau milieu du pont. J'me dirige vers l'aquarium, tout en eau et en poissons, là où une dizaine de matelots tentent de calmer la bombe H en la tenant, tandis qu'elle se débat comme une forcenée.
"H pour Hurlement, hein."
-Tout juste.
J'écarte les hommes qui s'agglomèrent autour de la légende vivante en jouant des coudes marchant à contre-courant pour rejoindre la sirène. Faut avouer que moi non plus je ne porte pas vraiment attention à ce que je fais, une véritable aura renversante émane de l'homme bronzé. C'en est saisissant, il a beau revêtir une tenue frôlant le ridicule pour un homme de son titre, il n'en reste pas moins quelqu'un d'une prestance écrasante. C'est incroyable à quel point un humain peut avoir cette facilité à en impressionner d'autres…
Fascinant.
-Poussez-vous, j'm'occupe d'elle, faut pas qu'elle dérange Salem et l'Amiral non?
Les hommes me laissent la saisir et je la soulève malgré ses protestations criardes et ses claques dérangeantes.
Mais pourtant, lorsqu'en me dirigeant vers l'intérieur du Lév', je passe à côté de Salem et de notre invité, mes jambes se mettent à nouveau à trembler. Ma gorge se crispe, des sueurs coulent le long de mon dos. Et enfin, une fois à leur hauteur, je me dresse et me crispe comme une statue.
"Bon sang… T'es une fillette y'a pas à dire…"
Et moi de regarder l'Amiral, puis Salem, et de dire:
-Dah, dah,euh…Hé.
Ridicule.
Je suis un idiot c'en est impressionnant! J'ai déjà rencontré des gens d'en haut, mais c'est bien la première fois que j'ai l'air aussi stupide! Un fou rire général contenu traverse la foule. Pour reprendre contenance, je me racle la gorge et regarde spécialement Salem pour éviter de croiser le regard de Thunderbird.
-Euh, j'vais m'occuper de la p'tite Dae, elle dérangera pas pendant… coup d'œil rapide à l'amiral, votre entretiens.
J'imite un sourire presque forcé à Alh' avant de lui montrer maladroitement la sirène azurée qui geigne dans mes mains. Et tandis que les pleurs et les cris de la gamine continuent de faire saigner abondamment les tympans de l'équipage, je file à toute vitesse à l'intérieur, direction mon bureau au quartier des officiers.
En traversant les couloirs, de nombreuses portes s'ouvrent pour me regarder passer avec agacement. Une Ketsuno en pleine rédaction de rapport, un Sarko qui rattrapait des heures de sommeil suite à une garde nocturne, un Jones tout simplement dérangé par les hurlements.
À chaque fois, je ne peux que m'excuser platement en continuant ma course, plus vite arrivés à ma demeure, plus vite on pourra calmer la gamine qui hurle de plus belle au rythme des tressautements de ma course. Et faut dire, c'est pas aisé de transporter une sirène en pleurs. Une claque dans la gueule par-ci, un coup d'queue dans l'front par là. Je dois serrer de mon mieux pour éviter de l'échapper ou qu'elle me glisse des mains. Mais à force d'en découdre, j'arrive finalement en rejoindre la chambre, couvert d'eau et de bleus .
Ça y est, j'la dépose sur mon lit et m'agenouille devant elle… euh… comment on fait pour calmer une gamine qui fait une crise?
"Étouffe-la."
-M…M…Mais t'es malade!?
"Assomme-la alors."
-C'est qu'une enfant! On frappe pas les enfants!
"Arrache-lui la langue alors…"
-Mais t'es complètement cinglé!!
"Elle m'énerve merde! Faut bien y faire quelque chose! Mets lui une gifle, je sais pas moi!"
Ignorant Dark, je tente de calmer Daenerys qui continue de me casser magistralement les tympans. À travers les sanglots et les hurlements, j'l'entends parler de son escargophone. C'est ça qu'elle veut?
"Rah merde! Il est sur le pont!"
Le pont? Merde, ça s'annonce mal. Je m'approche de ma table de travail où s'empilent la paperasse et des trucs en tout genre pour me saisir de mon escargophone personnel. Un bijou de génétique. Un gastéropode bigarré et bicéphale.
-Regarde, il est joli lui! Tu veux bien t'en occuper au lieu du tiens, un moment?
Silence. Les gros yeux mouillés de Daenerys se posent sur le placide animal dont les deux têtes regardent dans le vague. Puis, dans un grognement sauvage, la tête noire montre les dents et mord la tête blanche. Le combat dure un certain moment dans le silence de
…Combien je paierais pour m'épargner ce hurlement…
-C'EST PAS PAAAAREEEIIIL!!! BOUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHAAA!!
C'est bon! C'est bon! J'abdique! J'vais le chercher, l'escargot à gueule de Corsaire! En soulevant un improbable nuage de poussière derrière moi, je fonce à toutes jambes vers le pont.
Impressionnant ce que l'on peut faire pour un enfant… Non?***
-Bordel…
"C'était inévitable, je dis…"
-M…m….mais pourquoi elle a foutu l'camp?!
"Parce que t'es qu'un idiot qui laisse la porte ouverte en sortant et qu'elle avait évidemment aucune envie de rester dans les quartiers d'un mec avec une tronche comme la tienne."
-…Faut qu'je la retrouve, et vite, avant qu'on s'retrouve avec des problèmes.
"Bof… moi, le plus longtemps je suis loin d'elle, le mieux j'me porte."
Et je quitte mes quartiers à nouveau à la course, laissant derrière moi un lit couvert de l'eau qui recouvrait la sirène. Eau qui continue de s'étendre sur le sol jusque dans le couloir du Léviathan. Non, pas seulement le couloir, les couloirs. Et dieu qu'il peut en avoir, des couloirs, dans ce navire…
J’ai pas vraiment tout compris…Tout s’était passé tellement vite, que j’avais pas tout capté. La seule chose qui m’avait paru évidente était l’embarras d’Oswald devant l’amiral qui nous faisait l’honneur d’être présent à bord du Léviathan. Il fallait voir comment il avait rougi et balbutié pour comprendre, avant de fuir avec la sirène dans les nombreux couloirs du navire. J’arborai une mine pantoise, avant de me frapper mon front à l’aide de ma paluche droite. Qu’est-ce que c’était que cette journée vraiment ? On aurait dit qu’elle était marqué par la poisse quoi. D’abord l’arrivée inattendue de l’amiral, ensuite mon coït interrompu, après les vagues d’une sirène capricieuse et de celle d’un équipage en désarroi devant une telle personne. De quoi vous faire longuement soupirer. La cérise sur le gateau fut le retour express d’Oswald sur le pont avant de s’emparer du mauvais escargophone… Ouais… On ne pouvait pas avoir une journée plus pourrie que celle-là. Et c’est dans ces moments-là que je me demandai ce que j’avais pu faire aux divinités qui régissaient notre existence dans ce monde, ici-bas. Chienne de vie…
- Sincèrement désolé amiral. Les états d’âmes de cette sirène nous dépassent encore… J’espère qu’elle ne vous aura pas causé trop de problèmes… Dans tous les cas, ne restons pas là. Veuillez me suivre s’il vous plait.
Si j’avais été profondément gêné au début de ma phrase, j’avais fini par reprendre contenance et par le saluer militairement, une fois encore. Par la suite, j’avais commencé à marcher, dans l’espoir qu’il suive mes pas. Direction mon bureau. Je ne sais vraiment pas comment, mais la plupart des infirmières commencèrent à nous suivre, sans doute pour former une belle escorte à l’amiral. L’une d’elle avait avec elle le bon escargophone, celui que Double Face avait loupé. Je me demandais parfois s’il y avait plus gaffeur que lui dans ce navire, et cette pensée me fit tout simplement sourire. Mais à peine voulais-je prendre un tournant à ma droite, qu’une lourde masse au sol me fit glisser et me fit tomber, face contre terre, cul bombé vers l’amiral. Une nouvelle fois encore, j’avais un tête à tête charmant avec la sirène qui avait réussi à filer entre les doigts d’Oswald. Les infirmières se précipitèrent aussitôt sur la sirène qu’elles hissèrent dans leurs bras. L’une d’elle approcha même le fameux den-den-mushi qu’elle glissa les mains de la sirène pour qu’elle se calme un tant soit peu. Il fallait bien hein, il fallait…
- Direction son aquarium, mesdemoiselles.
Ma voix avait eu écho, puisque les infirmières se dépêchèrent de prendre la direction de l’aquarium. Pour ma part, je me relevai à l’aide d’un homme qui nous avait suivis, avant que celui-ci ne me raconte la mésaventure de la sirène. Un cuisinier avait eu l’ingénieuse idée de prendre l’un des poissons de l’aquarium et de le préparer… Génial ! Comme si on n’avait pas assez de nourritures dans les réserves des grandes cuisines. Je soupirai avant de reprendre la marche, non sans avoir demandé poliment à l’amiral de me suivre et d’avoir demandé à mon homme de faire venir le cuisinier en question. Quelques minutes plus tard, un bon nombre de personnes étaient réunis devant l’aquarium géant. Personne n’avait encore réussi à hisser la sirène dans l’eau. C’était mieux ainsi d’ailleurs. Lorsque le cuisinier fit son apparition, je fis vite d’agripper sa tête, avant de l’incliner devant la belle sirène ; tout en faisant de même on s’entend. L’équipage tout en entier -Mis à part peut-être l’amiral- exécuta le même geste, ayant compris là où je voulais en venir. En soi, le tort ne pouvait pas être réparé, mais il n’y avait plus que ça à faire en fait !
- Nous te présentons toutes nos excuses Dae. Du fond du cœur ! Cela ne se reproduira plus jamais ! Plus jamais !
- Sincèrement désolé amiral. Les états d’âmes de cette sirène nous dépassent encore… J’espère qu’elle ne vous aura pas causé trop de problèmes… Dans tous les cas, ne restons pas là. Veuillez me suivre s’il vous plait.
Si j’avais été profondément gêné au début de ma phrase, j’avais fini par reprendre contenance et par le saluer militairement, une fois encore. Par la suite, j’avais commencé à marcher, dans l’espoir qu’il suive mes pas. Direction mon bureau. Je ne sais vraiment pas comment, mais la plupart des infirmières commencèrent à nous suivre, sans doute pour former une belle escorte à l’amiral. L’une d’elle avait avec elle le bon escargophone, celui que Double Face avait loupé. Je me demandais parfois s’il y avait plus gaffeur que lui dans ce navire, et cette pensée me fit tout simplement sourire. Mais à peine voulais-je prendre un tournant à ma droite, qu’une lourde masse au sol me fit glisser et me fit tomber, face contre terre, cul bombé vers l’amiral. Une nouvelle fois encore, j’avais un tête à tête charmant avec la sirène qui avait réussi à filer entre les doigts d’Oswald. Les infirmières se précipitèrent aussitôt sur la sirène qu’elles hissèrent dans leurs bras. L’une d’elle approcha même le fameux den-den-mushi qu’elle glissa les mains de la sirène pour qu’elle se calme un tant soit peu. Il fallait bien hein, il fallait…
- Direction son aquarium, mesdemoiselles.
Ma voix avait eu écho, puisque les infirmières se dépêchèrent de prendre la direction de l’aquarium. Pour ma part, je me relevai à l’aide d’un homme qui nous avait suivis, avant que celui-ci ne me raconte la mésaventure de la sirène. Un cuisinier avait eu l’ingénieuse idée de prendre l’un des poissons de l’aquarium et de le préparer… Génial ! Comme si on n’avait pas assez de nourritures dans les réserves des grandes cuisines. Je soupirai avant de reprendre la marche, non sans avoir demandé poliment à l’amiral de me suivre et d’avoir demandé à mon homme de faire venir le cuisinier en question. Quelques minutes plus tard, un bon nombre de personnes étaient réunis devant l’aquarium géant. Personne n’avait encore réussi à hisser la sirène dans l’eau. C’était mieux ainsi d’ailleurs. Lorsque le cuisinier fit son apparition, je fis vite d’agripper sa tête, avant de l’incliner devant la belle sirène ; tout en faisant de même on s’entend. L’équipage tout en entier -Mis à part peut-être l’amiral- exécuta le même geste, ayant compris là où je voulais en venir. En soi, le tort ne pouvait pas être réparé, mais il n’y avait plus que ça à faire en fait !
- Nous te présentons toutes nos excuses Dae. Du fond du cœur ! Cela ne se reproduira plus jamais ! Plus jamais !
« J’ai entendu quelqu’un pleurer ! » grogna une voix d’outre-tombe.
Une silhouette massive émergea de l’ombre, au sommet de laquelle deux pupilles jaunes brillaient d’une lueur inquiétante. Elle avançait d’un pas lourd, faisant vibrer le plancher en bois d’Adam du Léviathan. Sa main émergea et agrippa l’encadrement de la porte par laquelle la chose émergeait. Ses doigts griffus éraflèrent le bois et sa trogne abominable se révéla à la vue de tous. Un borsalino grande classe était vissé sur son crâne, plongeant dans l’ombre ses yeux inquiétants. Son sourire acéré et dépourvu de lèvres était plus que mis en évidence, les dents partaient en tous sens. Ses naseaux, de simples fentes, soufflèrent un air vicié. Empreint d’une forte odeur de chlore qui soulevait le cœur des plus faibles du troupeau. Le monstre émergea des ténèbres, entouré d’un fort vent d’ouest. Son imperméable brun claqua au vent, s’ouvrant et révélant son torse et sa musculature herculéenne. Sa peau parcheminée, constellée de plaques craquelées et au teint légèrement verdâtre roulait sur ses muscles. Ses croûtes ressemblaient à des écailles, donnant à cette créature un aspect d’autant plus monstrueux.
« Am … am … am … AMIRAL FUURYUKOOO ?! » piailla le monstre, écarquillant les pupilles comme une véritable groupie.
Le vent qui faisait claquer son imperméable s’empara de son borsalino au moment même où le monstre s’exécutait d’un garde à vous impeccable. Le chapeau s’envola par-dessus le bastingage sous le regard ahuri de Wallace. Celui-ci passa une main inquiète sur son crâne dénudé puis se rua à la poursuite de son chapeau en hurlant de panique.
« Ah aah … Je l’ai ! » fit-il, quelques instants plus tard, en levant son bras avec son chapeau.
Il était trempé de la tête aux pieds et ne tenait au Léviathan que par la force de son autre bras. Il grimpa par-dessus le bastingage puis se répandait à terre, essoufflé et avec des algues sur la tête. Il s’assit en tailleur et vida l’eau de mer contenue dans son chapeau avant de le mettre sur son crâne avec un bruit peu ragoûtant, par-dessus les algues vertes. Cela lui donnait l’air d’une rock star, vraiment. Mais d’une rock star issue d’un disque de métal vénérant les morts vivants et les associations habituelles. C’était déjà quelque chose. Il se rappela soudain qu’il n’était pas seul et se releva en hâte pour se remettre au garde à vous face à l’amiral.
« Amiral Furyuko ! » fit le monstre, autour duquel s’épanchait une flaque d’eau salée.
« Je … hum. Heu ? J’ai … entendu la demoiselle pleurer, alors j’ai … enfin. Je sui venu. Pour … pour ? Pour quoi déjà ? Heu … Ah ! Pour l’aider ! Enfin, j’espère ? Puis-je l’aider, mon Amiral ? Ah … heu, et vous aussi Contre-Amiral, puis-je m’occuper de la sirène afin de heu … vous aider ? Enfin, vous devez avoir autre chose à faire ! » s’emmêla le Docteur, bafouillant comme une adolescente.
« Qui je suis ? Docteur Wallace Johnson, monsieur. Je suis le médecin en chef du Léviathan … c’est moi qui soigne les gens parce que je suis médecin et que je sais soigner les gens, vu que je suis médecin et que c’est mon métier …» poursuivit-il avant toute voix ne meure dans sa gorge.
Une silhouette massive émergea de l’ombre, au sommet de laquelle deux pupilles jaunes brillaient d’une lueur inquiétante. Elle avançait d’un pas lourd, faisant vibrer le plancher en bois d’Adam du Léviathan. Sa main émergea et agrippa l’encadrement de la porte par laquelle la chose émergeait. Ses doigts griffus éraflèrent le bois et sa trogne abominable se révéla à la vue de tous. Un borsalino grande classe était vissé sur son crâne, plongeant dans l’ombre ses yeux inquiétants. Son sourire acéré et dépourvu de lèvres était plus que mis en évidence, les dents partaient en tous sens. Ses naseaux, de simples fentes, soufflèrent un air vicié. Empreint d’une forte odeur de chlore qui soulevait le cœur des plus faibles du troupeau. Le monstre émergea des ténèbres, entouré d’un fort vent d’ouest. Son imperméable brun claqua au vent, s’ouvrant et révélant son torse et sa musculature herculéenne. Sa peau parcheminée, constellée de plaques craquelées et au teint légèrement verdâtre roulait sur ses muscles. Ses croûtes ressemblaient à des écailles, donnant à cette créature un aspect d’autant plus monstrueux.
« Am … am … am … AMIRAL FUURYUKOOO ?! » piailla le monstre, écarquillant les pupilles comme une véritable groupie.
Le vent qui faisait claquer son imperméable s’empara de son borsalino au moment même où le monstre s’exécutait d’un garde à vous impeccable. Le chapeau s’envola par-dessus le bastingage sous le regard ahuri de Wallace. Celui-ci passa une main inquiète sur son crâne dénudé puis se rua à la poursuite de son chapeau en hurlant de panique.
*PLOUF*
« Ah aah … Je l’ai ! » fit-il, quelques instants plus tard, en levant son bras avec son chapeau.
Il était trempé de la tête aux pieds et ne tenait au Léviathan que par la force de son autre bras. Il grimpa par-dessus le bastingage puis se répandait à terre, essoufflé et avec des algues sur la tête. Il s’assit en tailleur et vida l’eau de mer contenue dans son chapeau avant de le mettre sur son crâne avec un bruit peu ragoûtant, par-dessus les algues vertes. Cela lui donnait l’air d’une rock star, vraiment. Mais d’une rock star issue d’un disque de métal vénérant les morts vivants et les associations habituelles. C’était déjà quelque chose. Il se rappela soudain qu’il n’était pas seul et se releva en hâte pour se remettre au garde à vous face à l’amiral.
« Amiral Furyuko ! » fit le monstre, autour duquel s’épanchait une flaque d’eau salée.
« Je … hum. Heu ? J’ai … entendu la demoiselle pleurer, alors j’ai … enfin. Je sui venu. Pour … pour ? Pour quoi déjà ? Heu … Ah ! Pour l’aider ! Enfin, j’espère ? Puis-je l’aider, mon Amiral ? Ah … heu, et vous aussi Contre-Amiral, puis-je m’occuper de la sirène afin de heu … vous aider ? Enfin, vous devez avoir autre chose à faire ! » s’emmêla le Docteur, bafouillant comme une adolescente.
« Qui je suis ? Docteur Wallace Johnson, monsieur. Je suis le médecin en chef du Léviathan … c’est moi qui soigne les gens parce que je suis médecin et que je sais soigner les gens, vu que je suis médecin et que c’est mon métier …» poursuivit-il avant toute voix ne meure dans sa gorge.
Je…
*Snurf*
Je ne comprends pas ce qui se passe.
J’ai beaucoup paniqué, si bien que je n’ai pas réussi à articuler quoi que ce soit à Monsieur que j’ai enfin pu joindre. Les seuls mots qu’il a pu comprendre sont «Manger », « Menteur » et « Au secours ! »…
Et puis le monsieur qui m’a porté tout à l’heure et m’a à moitié écrabouillée a parlé.
Et puis là, y’a plein de gens devant moi qui se baisse bizarrement… Comme les esclaves le faisait devant mes maîtres.
Alors je ne comprends pas.
C’est un peu effrayant tout ça, et j’ai un peu peur. Y’a la voix de Monsieur qui dit des choses mais je suis trop entrain d’essayer de comprendre ce qui se passe pour me concentrer sur lui. Et puis finalement, il ne dit plus rien.
Et moi, je ne comprends toujours pas.
Vous…
*Snurf*
Vous n’allez pas me manger ?
Non, Daenerys, et nous sommes désolés pour ton ami poisson.
*Snurf*
Oui… Doudou est mort… C’était une erreur ? Mais il est mort quand même. Et rien ne le ramènera. Pauvre Doudou. Il était si mignon lorsqu’il nageait au soleil. C’est tellement triste.
*Snurf*
Alors, il n’y a une chose que l’on puisse faire… Je rampe sur le pont, et les hommes s’écartent sur mon chemin. Finalement, j’arrive jusqu’au tas de miettes… Enfin… C’est là où il devait être…
*Snurf*
Où est Doudou ? Il faut enterrer Doudou ! Je l’ai lu dans un livre que les gens qu’on aimait il fallait les enterrer dans la terre et chanter des chansons en leurs mémoires pour qu’ils puissent dormir en paix !
*Snurf*
Il faut que Doudou soit en paix ! Il vous aimait beaucoup vous savez ! Alors il faut lui montrer qu’on l’aime aussi !
Mais Doudou n’est plus là, et il est mort… Alors il a pas pu se sauver !
*Snurf*
*Snurf*
Où est Doudou ?
Qu’est-ce qu’il se passe ?
L’attroupement face à l’aquarium de Dae fait peur à voir. Et le manège qui s’y déroule me laisse pour le moins perplexe. Bee, à mes côtés, n’en sait pas plus que moi. Je tiens dans mes mains des sachets plein de livres et de contes pour enfant, acheté pour la sirène et ses exercices de lecture. Je m’avance à grand pas vers le premier mousse que je vois pour éclaircir les choses. Mousse de première classe, Danny, m’indique son insigne et sa présentation rapide. La question lui parvient bien vite et le garçon se relève avec l’air désolé. Il me demande d’un signe de main de m’avancer pour me chuchoter à l’oreille et éviter de perturber ce moment presque (trop) solennel :
Doudou est mort.
Ah ?… Que s’est-il passé ? Eau trop chaude ?
Non, du tout… Le régulateur de température a l’air de bien fonctionner mais… Les cuisiniers l’ont fait flamber pour le repas du Contre-Amiral…
Doudou ? Sérieusement ? Rah… Les idiots… ils n’ont pas assez avec leurs aquariums personnels… ?
Mhmh… Et euh… l’amiral est là.
Vraiment ?
Posant mes paquets par terre dans la précipitation, je me mets sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir l’homme en question.
Oui, là-bas, vous voyez ?
Mh, le grand type tout bronzé ?
Oui, lui.
L’amiral est un homme élancé, avec une carrure musclée, massive. Des cheveux bruns, une barbe naissante et un sourire à en faire tomber plus d’une. Son teint halé met en valeur son air avenant et serein. Je regrette néanmoins cette affreuse chemise hawaïenne qui, même sur le plus beau des apollons, ne donne rien de spécialement euh… viril/sexy/beau (rayez la mention inutile).
Il est mignon.
Euh…
… Je n’ai rien dit.
Vous… Vous devriez aller le saluer.
Vraiment ?
Vous êtes une gradée, vous gérez le Léviathan…
Ah oui. J’oublie souvent ce détail. Salut militaire obligé ?
Il est en vacances alors euh… Je ne saurais dire…
Ça explique la chemise…
Le mousse me fait un sourire amusé. Lui aussi l’a remarqué. Sa couleur, ses grosses fleurs… Le pédalo qu’est la marque de fabrique de l’Amiral Shiro... Chuchotant toujours, je lui fais un sourire et enchaine :
Apportez-lui un Mojito avec un petit parasol.
Tout de suite !
Le mousse détale vers les cuisines tandis que je contourne la foule en m’avançant vers l’aquarium. A pas de chat et l’oreille tendue, j’écoute attentivement la jolie sirène qui, entre deux reniflements et sanglots déchirants, demande au Contre-Amiral Fenyang un enterrement digne de ce nom pour feu son ami Doudou. L’homme semble un peu circonspect par cette demande, car après tout, ce n’était qu’un poisson. Il jette un regard vers moi qui dépose mes paquets sur mon plan de travail, en cherchant un peu de soutien, j’imagine. Le soutien ne tarde jamais, surtout que je suis celle qui connait sans doute le mieux Daenerys des Rhinos Storm, de fait, celle vers qui on se tourne pour toutes nouvelles la concernant :
Ne t’en fais pas, Daenerys. Nous allons nous en occuper. Nous allons conserver son corps jusqu’à la veillée en son honneur, et lui construire un cercueil. Demain soir, il aura des funérailles, et tout l’équipage y assistera…
Maaais…
Oh…
TOUT l’équipage, j’ai dit…
Le temps que je termine ma déclaration sous les regards furieux/boudeur/blasés de la majorité de l’assemblée, contraints et forcés d’assister à une cérémonie relativement absurde, Danny revient avec un verre rempli d’un liquide translucide, de feuille de menthe, de glaçon, d’une paille et d’un adorable petit parasol assorti à la chemise de l’amiral. Le mousse tend son bien à l’illustre face à lui, et ajoute d’une petite voix impressionnée :
A-Amiral, c’est… c’est pour vous…
L'homme semble agréable surpris.
Pendant ce temps, je m'approche de l'aquarium et tends les bras en avant, Dae se rapproche de la vitre et passe par-dessus, droit contre moi pour m'étreindre en pleurnichant dans mon T-shirt. Je fais demi-tour vers l'entrée qui mène aux cabines :
Je t'amène te recueillir à l'écart... Amenez son ami dans un petit cercueil, s'il vous plait.
Faut-il encore savoir où est le poisson.
Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 20 Sep 2013 - 23:31, édité 2 fois
-Bordelbordelbordelbordelbordelbordelbordelbordelbordelbordel…. J'AI PERDU UNE SIRÈNE DANS UN PUTAIN D'BATEAU GÉANT!
"Héh Os'…"
-Bordelbordelbordelbordelbordelbordelbordelbordelbordelbordel!!
"Os'…"
-Où est-ce que ça peut aller une sirène? Hein? Dans la cale? Y'a plein d'objets pointus dans la cave, c'pas bon!
"Os'…. tu m'écoutes?"
-Ou peut-être qu'elle est aux cuisines! Y'a des trucs coupants et des fours brûlants là! Merdouillemerdouillemerdouillemerdouille….
"Os'… Écoutes deux secondes…"
-Et puis j'ai son putain d'escargophone… comment elle va faire pour le retrouver… Raah! Et si elle s'était mise à aller ver la bibliothèque!? Si un mobilier lui était tombé dessus?! ELLE VA CREVER D'ASPHYXIE SOUS UNE MONTAGNE DE LIVRE ET ÇA VA ÊTRE DE MA FAAAUUTE!!
"OOOOS'!!!"
-QUOI?! TU VOIS PAS QUE JE STRESSE LÀ?!
"ÉCOUTE DEUX SECONDES ESPÈCE D'IDIOT!"
-VAS-Y J'T'ÉCOUTE!
"MERCI"
-'FAIS PLAISIR!
"De un, si la sirène retourne à quelque part, ce sera dans son aquarium, s'pèce d'idiot! De deux, t'étais tellement pressé que t'as pas pris son escargophone…"
-Hein?!
J'baisse la tête, haletant, regarde ce que je transporte à la course depuis tout à l'heure. Une délicate assiette de porcelaine dans laquelle repose un fin filet de chair blanche. Des fines herbes accompagnent le plat sur lequel une alléchante sauce orangée refroidie placidement.
-…C'est….C'est…
"Ouaip, c'est Doudou…"
Et merde, on repart à la course dans les couloirs, direction le pont. Sérieux, comment j'vais à nouveau avoir l'air du plus incompétent des seconds devant Le Sage... Comment je vais encore avoir l'air d'un idiot et ne rien trouver à lui dire… Qu'est-ce que je donnerais pour ne pas donner l'impression d'être le moins qualifié de tout les lieutenant-colonel de la planète…
Je monte les marches qui mènent sur le pont quatre à quatre, faisant cette fois de mon mieux pour ne pas abîmer le plat de Salem que je tiens à bout de bras.
J'ouvre la porte pour m'engager à toute vitesse sur le pont, l'assiette au dessus de ma tête, couvert de sueur.
-J'AI DOUDOU-WAAAAAH!!!
Parce que, bien entendu, il fallait bien sûr que je mette les pieds directement dans une énorme flaque d'eau soudainement apparue sur le pont, probablement laissée là par un docteur bien maladroit. Et évidemment, il fallait aussi que je glisse.
-WOWOWOWOWW!!
Et bim! Au sol. Je tombe tête première, et propulsé par mon élan que je n'arrive plus à freiner, je me bouffe une dizaine de mètres face contre bois. De mon mieux, malgré tout, je continue de garder l'assiette en l'air pour ne pas en renverser le contenu. C'est donc complètement étalé au sol, un bras dressé vers le haut, que je glisse jusqu'au milieu de la foule pour finalement réussir à arrêter ma course devant l'aquarium.
-….fheew…. Vous auriez pas vu Daenerys au fait? Ah, elle est là, parfait. Tenez… j'ai r'trouvé Doudou…
De mon mieux, j'me relève… pour me retrouver face à un amiral tout en bronzage, en chemise hawaïenne et en mojito. D'un coup, j'me met à trembler, ma gorge se serre, des sueurs froides parcourent mon dos… Quelle chance… Et comme une fébrilité imperceptible s'installe sur le pont sans que je ne le remarque, je trouve le moyen de bégayer le plus beau torchon de l'histoire.
-Eh…Dah…Aba…Gaaah…Agah…Dah…. Buh?
"T'es vraiment terrible…."
Mais l'amiral, interloqué, n'a pas le temps de me répondre que soudainement, partout autour ça met un genou à terre et ça regarde bien bas.
"Qu'est-ce qui s'passe?"
Ce qui s'passe? Un mec foutrement bien habillé vient de débarquer sur le pont, encadré d'une douzaine de mecs de l'Élite tous en chemises hawaïennes et revêtant des verres fumés. Mais ce qui m'titille sur le moment, c'est cette bulle qui sert de casque à l'homme qui sent le luxe et l'eau de toilette à deux kilomètres à la ronde. J'ai déjà vu ça, j'ai déjà faillit m'faire exécuter par ça, y'a plusieurs années. Une vieille histoire datant de mon service à Marie-Joa, une histoire impliquant une désagréable diva du cp ainsi que son mentor aujourd'hui félon de la Marine.
Un dragon céleste.
Dernière édition par Oswald Jenkins le Mar 8 Oct 2013 - 1:51, édité 2 fois
Cela fait combien de temps déjà ?
Ah, oui. Quatre ans.
Quatre ans que je la cherche. Quatre ans perdue en mer. Et enfin, je vais la retrouver.
Elle.
Ma précieuse Daenerys.
MA Daenerys.
Regarde jusqu’où je suis allé pour toi. Toi qui n’es rien d’autre qu’un animal. Mais tu es Mon animal, à moi seul. Et pour te récupérer, je m’avance dans ces gens aussi peu…
Si… inférieurs.
Des esclaves sans collier, rien de plus. Même toi, ma sirène, tu vaux mieux qu’eux. Parce que tu es mienne, tu vaux même mieux que cet amiral assurant ma protection… Comme si j’en avais besoin… Surtout que la seule fois où j’en ai eu besoin, il fut bien incapable.
Pfff.
Que des vauriens.
Mais au moins, il n’y a pas de doute, ces gens t’ont bien gardé pour moi. Entre l’aquarium et les flaques d’eau sur le sol, il n’y a pas de doute possible.
Bel aquarium d’ailleurs…
Mais il manque quand même le plus gros des indices à ta présence.
Alors je regarde l’amiral et l’autre homme à côté de lui. Il a beau être immense en taille, c’est moi le maître de tout.
Et quand je veux quelque chose, je l’obtiens.
Regard froid, dur, sévère. Voix sur le même ton :
Où est-elle ?
-Qui ça?
Ce ton plus tranchant que le pouvoir de mon fruit, il fait rarement bon ménage avec qui que ce soit. Encore moins avec un Dragon Céleste. Mais parfois, on ne contrôle plus ce qu’on dit, ce qu’on fait.
Et c’est définitivement ce qui m’est arrivé, là.
Parce que lorsqu’il a parlé, lorsque je suis resté dressé devant lui, contrairement à tous les autres matelots, c’est parce que dans les tréfonds de mon esprit, c’est une conversation datant d’un moment qui m’a scié l’esprit.
Une conversation escargophonique entre le Boss et le Thunderbird. Une conversation où l’amiral prévenait ouvertement le capitaine de protéger Dae de cet homme.
Dae avec qui Lilou est partie il y a peu. Dae que personne n’a pensé à cacher.
Dae qui court un grave danger.
Malgré ce constat terrible qui me crispe de partout, je reste néanmoins sur place. Paralysé par la gifle qu’un des hommes du Noble m’asséné sous ordre de ce dernier.
Partout autour, l’équipage aussi se tient à carreau. Ça sue, ça tremble et ça ferme les yeux en attendant que le mal passe, du commandant Jones au Médecin en Chef Wallace, de Salem à moi.
Où elle est? Tu reposes la question? Tu t’attends à ce que je réponde?
Non. Parce que peu importe le devoir, on ne laisse personne derrière. Pas même le plus faible des maillons.
Ce n’est pas une gifle cette fois que je vois venir, c’est un poing bien fermé. Un poing fermé auquel l’amiral intime de se détendre. Je ne sais si c'est pour m'éviter une séance de torture aussi humiliante en public, ou parce qu'un autre des gardes du corps du Dragon hèle ses collègues en pointant une large trace mouillée sur le pont. Une trace inévitablement laissée derrière par une sirène accompagnant une jolie et merveilleuse mécanicienne s'engouffrant toutes deux dans le Léviathan.
Une trace que le Tenryuubito et ses hommes suivent comme des limiers à la recherche d'une proie, suivie de l'amiral, qui, la mine sombre, procède à contre-cœur derrière eux.
Dans un silence presque mortel, un long moment où même l’air iodé de la mer, le bruit calme des vaguelettes contre la coque ou le cri des goélands n’arrivent pas à apaiser les hommes échaudés par le passage de ce personnage qui se révèle bien dangereux par sa seule présence.
Tout le monde connait les mauvaises habitudes des Tenryuubitos. Et personne ne veut en être victime.
La porte donnant vers l’intérieur du bateau claque derrière Fuuryuko et le Dragon. Et comme un seul poumon proche de la noyade, l’entièreté de l’équipage sur le pont recommence à respirer.
Mais il y a pire à venir, Dae est en danger, Lilou aussi. Peut-être.
Lilou aussi.
-Salem, Ketsuno, Wallace, quelqu’un! On va pas les laisser faire?!
Là c’est un cri presque déchiré. Je fixe le Boss, presque avec désespoir. Ce n’est pas vrai qu’on va les laisser emmener Daenerys! Ça ne peut pas être aussi simple et injuste!
Mais personne ne semble être d’accord, personne ne semble vouloir prendre de mesure. Alors on reste là, bouleversé, tous un peu perdu devant les évènements qui se trament sous notre nez.
On reste là, et on constate les préliminaires d’un drame à l’ampleur qui n’est toujours pas calculé.
Dernière édition par Oswald Jenkins le Jeu 26 Sep 2013 - 4:36, édité 1 fois
*Snurf*
Lilou m’a conduite jusqu’à une chambre où il n’y a personne. Et elle a beau me prendre dans ses bras et me dire de gentilles choses, je sais que ça ne ramènera pas Doudou. Alors je pleure, silencieusement, bercée par son étreinte. Je repense à lui, à ce pauvre petit poisson qu’il était.
Je repense à la première fois où je l’ai rencontré. Il était timide, il avait peur des autres poissons et surtout des humains ! Alors petit à petit, je lui parlais, je lui chantais des chansons douces et il a finalement compris qu’il n’avait rien à craindre. Mais maintenant, il est mort.
*Snurf*
C’est trop triste.
*Snurf*
Toi, dehors.
Cette voix… Je connais cette voix ! Je l’ai entendu si souvent ! Je pourrais la reconnaitre entre mille !
Il m’a retrouvée ! Il m’a finalement retrouvée ! Mani n’avait pas menti sur ça au moins ! Mon maître ! Mon précieux maître ! Mon…
Le ton de sa voix… Il a l’air en colère… Pourquoi ? Je ne sais pas. Je… J’ai peur… Je ne dois rien dire, je ne dois rien faire. Ne pas bouger, répondre si on me parle, sourire si on me le demande. Oui, voilà. Je dois juste attendre…
J’ai peur, je ne veux pas me faire punir ! Je suis sage, très sage. Je ne dois pas le regarder sans y être invitée. Juste fixer le sol, juste ne plus pleurer, juste ne pas bouger.
Bah alors, on t’a pas appris à obéir dans la marine ?! Sors !
A côté de moi, je sens Lilou se crisper, et puis, d’un coup, elle s’en va. Et la porte se referme derrière elle. Et moi, je fixe toujours le sol.
Daenerys…
Cette fois, le ton est doux, entrainant, apaisant. Alors je sais que je peux le regarder. Et je le vois. Il n’a presque pas changé. C’est mon maître, je le retrouve enfin. Mon cher maître !
Et le voilà qu’il se met à genoux sur le sol et ouvre les bras.
Ma petite Daenerys…
MAAAAAAÎÎÎÎÎTREE !!!
Je me jette dans ses bras et le serre fort contre moi. Il m’a tellement manqué pendant tout ce temps ! Je voulais tellement le revoir ! Et le voilà !
Vous m’avez troooop manqué maître ! J’ai cru que je ne vous reverrai jamais !
Je ne t’aurai pas abandonné Daenerys ! Tu sais à quel point tu comptes pour moi ! Tu es la seule qui me rende vraiment heureux ! Tu le sais, hein, Daenerys.
Voui… Mais ce tellement long le temps sans vous. Et j’ai vécu tellement de choses horribles ! Des gens ont voulu me manger, des monstres ont voulu me manger et des autres gens m’ont chassée ! Et j’ai vu des amis bourir sous mes n’yeux, et du sang, pardout et…
*Snurf*
Je suis là, maintenant, Daenerys, ce n’est plus la peine de pleurer. J’anéantirai tous ces gens qui t’ont fait du mal si tu le veux. Alors ne pleure plus Daenerys… C’est fini maintenant, nous sommes enfin réunis.
D’ailleurs, tu pleurais déjà lorsque je suis arrivé. C’est cette femme qui te faisait du mal ?
Non ! Lilou est très gentille, elle s’occupe de moi depuis que je suis arrivé ici. Elle m’a même apprise à lire, vous savez !
A… lire… ?
Oui ! Mais je débute seulement, alors je ne lis pas très très vite, mais Oswald dit que je progresse vite et que bientôt, je pourrais lire de vrai gros livre !
Non, si je pleurais…
*Snurf*
C’est parce que le cuisinier a tué Doudou, mon ami le poisson…
*Snurf*
Ma pauvre Daenerys. Je suis certain que ce poisson valait bien plus que la vie de ce cuisinier à tes yeux…
Je ne comprends pas ce qu’il veut dire, alors je reste silencieuse dans ses bras. Il m’a dit d’arrêter de pleurer, alors j’essaye. Mais c’est dur, quand même.
Puis il me repousse gentiment de lui pour me regarder dans les yeux.
Rentrons chez nous Daenerys. Père aussi s’impatiente de te revoir. Et je te le promets, plus jamais je ne te perdrais.
Plus jamais je ne prendrais ce risque.
Comment ça ?
Il me lance un regard surpris… Oups, je n’aurai pas du parler. Mais je ne comprends pas et ça m’intrigue et je veux savoir et…
Pardon, pardon Maître, je suis désolée.
Il est clair que tu ne dois plus jamais quitté la maison. Tu as changée, Daenerys.
Plus jamais, jamais ? Mais ? Et Lilou ? Et Oswald ? Et mes amis poissons ? Je…
*Sbaff*
Il m’a frappée. Jamais il ne m’avait frappée directement auparavant. Je… Je ne comprends pas ! Ai-je mal agi ? Je ne me souviens plus de ce que je dois faire… Alors, allongée sur ce sol, je regarde les lattes tout en laissant mes yeux pleurer mon désarroi.
Tu m’y obliges, Daenerys. Je suis ton maître, tu te souviens ? Tu n’as pas à discuter de mes choix. Rappelles-toi de ta place !
Mais ce sont mes amis !
*Sbaff*
Alors quoi ?! Hein ? Tu veux que je les emmène avec nous ? Ils ne survivraient pas dans ton bocal ! Enfin, si tu veux, je prendrai les poissons, mais les humains, oublies les ! C’est ce que tu as de mieux à faire !
NON ! Ce sont mes amis ! Et je les aime ! Jamais je ne les oublierais !
Pour la troisième fois, la main se lève. Je me crispe en fermant fort les yeux par réflexe, mais rien ne vient.
Et moi ? Daenerys. Tu ne m’aimes pas ?
Prudente, je le regarde un petit moment avant de m’exprimer.
Si, Maître. Bien sûr que je vous aime Maître.
Alors, rentrons ! N’est ce pas ce que tu veux ?
Je…
Ce que je veux… Je veux rester découvrir des choses avec Lilou, je veux revoir Monsieur et continuer de parler avec lui tout le temps. Je veux encore jouer avec les hommes sur le pont et les voir danser quand je chante.
Et je veux rester avec mon Maître et lui faire découvrir tout cela. Mais comment lui dire ? Lilou me dirait de ne pas réfléchir et de me lancer… C’est ce qu’elle me dit tout le temps lorsque j’hésite à lui poser une question.
Je veux rester ici avec vous et tout le monde…
Daenerys ?
Je veux rester ici avec vous et tout le…
*Sbaff*
TU RESTERAS AVEC MOI ET MOI SEUL, C’EST COMPRIS ?! JE SUIS TON MAÎTRE, JE T’AI ACHETÉE, TU ES A MOI !
Alors maintenant, tu vas arrêter tes caprices d’humaine gâtée et tu vas venir avec moi, QUE TU LE VEUILLES OU NON !
J’ai peur ! Non ! Arrêtez ! Maître ! Pardon ! Au secours ! Monsieur !!! ça fait mal ! Mes cheveux ! Pitié ! Maître ! Pourquoi ?!
IAAAAAAAAAAH
Entrée fracassante et massive sous nos yeux exorbités. Sous mes yeux exorbités. Son ordre tombe brutalement comme une guillotine sur ma nuque… Mais je n’ose pas bouger. Son ton, sa voix, son air autoritaire, sa tête à claque… Je le détaille, de haut en bas, avec une désinvolture certaine. Le temps que je prends à l’air de l’agacer. Instinctivement, je fais rempart de mon corps entre lui et elle. Les quelques mots de la sirène à son sujet ont vite fini par me convaincre qu’elle ne doit pas retourner avec lui. Et qu’il est trop tard maintenant pour réagir. Son ordre, je l’oublie. Je dois l’oublier. Faire front, attendre qu’il se lasse ou me frappe. Et si ça peut épargner la sirène, s’il peut en oublier pourquoi il est venu, c’est à tenter. Rien ne m’invite à sortir, à laisser Daenerys seul avec cet homme qui ne m’inspire rien de bon…
Rien, exceptée la silhouette de l’Amiral en vacances dans le cadre de la porte, qui me lance un regard inquiet et m’invite d’un geste de la main à le rejoindre. J’hésite. C’est l’Amiral. Oui, je reconnais en lui une figure d’autorité, des traits proches de ceux de Salem, qui me mettent en confiance. Peut-être qu’il a une solution à notre problème. Je lâche Daenerys en me décontractant au maximum. Je passe à côté de cet homme qui reste rivé sur la sirène. Je passe la porte en arrivant dans le long couloir désert et l’amiral ferme derrière moi.
Et…
Oui ?
Et rien.
Un silence de plomb.
Vous n’allez rien faire ? Je ne peux rien faire ?
Shiro semble contrarié. Je sais. Nous aurions dû prendre nos dispositions bien avant. Nous aurions dû quitter Alabasta dès son appel. Nous aurions dû. Mais nous ne pouvons pas refaire le monde, et mes paroles cherchent surtout une solution.
C'est un dragon céleste. Nous ne pouvons rien faire contre lui ou contre ses ordres.
Mais c'est... Ridicule... Absurde ! C'est un type avec un bocal sur la tête ! Il ne peut pas être si important que ça ! C'est ridicule !
Ce n'est pas lui, c'est ce qu'il représente. Les dragons célestes sont les fondements du gouvernement mondial. Et que nous le voulions ou non, ça leur donne tous les droits.
De réduire une sirène a l'état d'objet de décoration ? C'est ça qu'on défend ? Vraiment ?
Ce n'est pas ça qu'on défend ingénieur chef Lilou. Mais cela fait partie de ce que notre devoir nous impose de subir… Au moins pour l'instant.
Mais on laisse faire... On est contraint de fermer les yeux sur ce genre de comportement en niant ce qu'il se passe pour bien dormir la nuit ? Non, Daenerys est mon amie... Il y a forcément un moyen... Vous ! Vous êtes amiral non ! Vous avez forcément une solution !
Le masque de l'amiral glisse un bref instant, laissant échapper un éclair de colère qui traverse son visage soigneusement impassible :
Nous ne pouvons rien faire contre lui ou contre ses ordres. Rien de moins, mais rien de plus. Il faut trouver quelque chose pour le distraire. C'est votre bateau ingénieur ! Que faisons-nous ?
Le distraire ? Gagner du temps ? Je... Euh... Le Léviathan est grand, on peut facilement s'y perdre mais... On peut gagner une journée entière comme ça !
Le temps qu'elle s’échappe. Maintenant c'est tout ce que vous pouvez offrir à votre amie
J’y va-
TU RESTERAS AVEC MOI ET MOI SEUL, C’EST COMPRIS ?! JE SUIS TON MAÎTRE, JE T’AI ACHETÉE, TU ES A MOI ! Alors maintenant, tu vas arrêter tes caprices d’humaine gâtée et tu vas venir avec moi, QUE TU LE VEUILLES OU NON !
IAAAAAAAAAAH !
La porte s’ouvre à la volée, nous obligeant à quitter la route. Nous nous tapissons contre les murs avec des yeux exorbités, le temps de voir les yeux furibonds du Tenryuubito qui tient Daenerys par les cheveux. Je reste pantoise un temps. Complètement ahurie par la scène qui se déroule sur mes yeux. Ils ont le temps de faire quelques mètres avant que je ne réagisse, prenant le pas vers eux les poings fermés.
Prête à le tabasser, à le réduire en bouillie. Mon haki ne fait qu’un tour avant de draper mes poings. L’autre prend l’ascendant sur ma colère, posant sur mes propres épaules une chape de plomb qui me motive un peu plus à aller lui refaire le portrait. Je vais le briser, il ne fera plus jamais pleurer une sirène de sa vie.
Mais l’Amiral anticipe. Il me saisit par les épaules et me retient puissamment avant que je n’entame ma vendetta. Il me maintient fermement alors que je me déchaine pour me libérer et aller briser du Tenryuubito. Rien n'y fait, sa prise est forte… Wallace surgit du pont et s'interpose comme il peut, ralentissant le départ du Tenryuubito. Aveuglée par la colère, je rugis de plus belle, me débattant toujours comme une forcenée sans écouter les appels au calme de Shiro :
LAISSEZ-MOI Y ALLER ! JE VAIS LE MASSACRER ! LE REDUIRE A L’ETAT DE… RAAAAAAAAH ! DAE !!!!!
L’Amiral réagit et me balance à terre…
Et là… Bruit infernal. Cri à l’extérieur. On hurle aux armes. Je reconnais la voix de Salem qui invite au calme, à attendre…
Mes mains protègent ma nuque des gravats projetés dans tous les sens. La tôle est éventrée. En relevant la tête, je vois un jour dehors. Un jour, alors que nous sommes encore à l’intérieur. La fumée redescend, la poussière aussi… Et une silhouette informe et massive se présente à nous. On distingue de plus en plus un homme, assis négligemment sur le dos d’un requin géant. Un homme, clope au bec, visage brulé, lunette sur les yeux… Un petit sourire qu’il lance à la sirène, un autre plein d’arrogance en levant les yeux vers le Noble Céleste…
Alors les chéris ? On joue à tripote-la-Sirène ?
Silence bouche-bée.
Envy …
Dernière édition par Lilou B. Jacob le Ven 27 Sep 2013 - 15:04, édité 1 fois
Le claquement de la porte résonna juste après les dernières paroles du Docteur. Il resta un instant interdit, regardant ce qu'il avait visiblement loupé. Furyuuko l'avait salué d'un bref signe de la tête avant de partir à la suite du Dragon, visiblement effrayé par ce que pourrait faire le Tenryuubito. Le monstre échangea un regard avec Oswald, puis avec le reste de l'assemblé qui se tournait alternativement entre Salem et lui. Parce qu'Oswald venait de se prendre une gifle sans pouvoir réagir. Grand travail sur soi, bel effort de self contrôle. Parce que Salem fulminait, se pliait aux ordres et perdait une parcelle d'humanité à chaque seconde. Wallace frissonna, sentant venir la tempête. Il se rua à la poursuite des deux larrons et poussa la porte. Elle résista. Avaient-ils prévu qu'il le ferait ? Avaient-ils fermé pour éviter qu'une autre personne de l'équipage ne s'en mêle ? L'Amiral avait du en avoir l'intuition et préférait leur éviter cette tragédie. Ce Dragon céleste avait déjà provoqué la déchéance de plusieurs personnes sur son passage, mieux valait éviter que cela se reproduise. À moins que la porte ne se poussa pas, mais qu'elle se tirait. Ah.
Le Docteur s'engouffra sans attendre dans les couloirs, suivant l'Amiral et le Dragon Céleste à sa simple ouïe. Il entendit une porte se claquer, des cris. Puis un coup. Il se mordit son absence de lèvre ne sachant que faire. Ne pas s'opposer au dragon céleste, ne pas le toucher. Oui, bien sûr, mais que faire s'il en attentait à la vie de Lilou ? De Daenerys ? Que faire s'il représentait un danger ? Comment aider quelqu'un de ce statut sans y perdre toute dignité, tout espoir ? Le monstre ouvrit la porte à la volée, avisant le noble qui tenait Daenerys par le bras, levant haut son autre main. Sous l'oeil horrifié de la rouquine. Sous l'oeil furibond de l'Amiral qui la maintenait, la jugulait pour qu'elle ne fasse pas la peau à cet homme à tête de bulle. Wallace resta un instant interdit. Il était tenu d'agir ainsi mais il était aussi raide qu'un piquet pouvait l'être. Le monstre n'écouta rien d'autre que son bon sens. La surprise de son arrivée tira une mimique écœurée au noble, ce qui ne fit que peiner encore plus Wallace. Déjà qu'il n'avait aucun estime pour les Tenryuubito, celui-ci achevait de mettre à néant l'espoir qu'il avait de l'aider. Il se croyait tout permis : tous les pouvoirs lui étaient acquis. Comment lui faire entendre raison ? Comment le pousser à laisser tomber.
"Elle ... c'est ... ma patiente." grogna-t-il entre ses dents.
Et le coup partit.
*Ploc.*
"Tu vas bien, petit sirène ?" fit le monstre, avec un sourire écoeurant.
Le coup destiné à la jeune sirène s'était mollement écrasé sur la figure du monstre, qui avait encaissé le choc à sa place. La force de cet homme était ridicule, tout comme son statut. Le monstre se retourna vers Daenerys, que le noble avait lâché sous l'effet de la surprise, et la prit dans ses bras, la serrant fort contre lui. Elle ... était son amie. On ne touchait pas ses amis. Ils étaient précieux, trop rares pour êtres abîmés. Un tremblement parcourut son corps alors qu'il la voyait percluse de bleus et tremblante de douleur. Il était arrivé juste à temps, mais trop tard quand même. Il se releva en tenant la sirène contre lui. Il était trop tard, il avait commis une erreur fatale. Il n'avait pas touché le Dragon mais ... mais il s'y était opposé.
"Elle ... est ma patiente. On m'a demandé de m'occuper d'elle monsieur. Je ne voulais pas que vous la tuiez, sinon je n'aurais pas pu m'occuper d'elle. Heu ... et puis ..." bégaya-t-il.
Que dire ? Il s'emmêlait les pinceaux, la peur ? Certainement. D'autant plus que si les gamins de sa ville natale lui balançaient des pierres, le sort réservé par cet homme serait bien pire. Alors qu'il aurait du rester caché dans les ombres, il n'avait écouté que ses instincts et s'était interposé. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi stupide ? Pourquoi, bon sang, pourquoi ?!
"Si vous voulez la frapper, frappez-moi à sa place : je suis plus résistant, vous pourrez me frapper plus longtemps." trouva-t-il comme seule proposition.
C'était stupide, stupide et totalement improvisé. Mais mieux valait ça qu'autre chose. Mieux valait se faire frapper et mettre plus bas que terre plutôt qu'un de ses proches n'ait à le subir. Le monstre chercha le regard de l'Amiral. Il adressa à Furyuuko un regard empli de détresse. Une manière de dire : faite ça rapidement, ou aidez-moi. Et l'impensable se produisit. Fracas, tonnerre et entrée magnifiée.
"Heu ... bonjour ?" fit le monstre, arquant une absence de sourcil en dévisageant le corsaire qui venait d'arriver.
Cela ne sentait pas bon du tout. Pas du tout. Le genre de pressentiment qui font ravaler la salive et s'esquiver discrètement. Seulement là, sous les feux des projecteurs ... impossible. Le Docteur sera la sirène contre lui, recula d'un pas. Bizarrement, le Corsaire semblait débarquer pour une raison autre que mettre le boxon.
Le Docteur s'engouffra sans attendre dans les couloirs, suivant l'Amiral et le Dragon Céleste à sa simple ouïe. Il entendit une porte se claquer, des cris. Puis un coup. Il se mordit son absence de lèvre ne sachant que faire. Ne pas s'opposer au dragon céleste, ne pas le toucher. Oui, bien sûr, mais que faire s'il en attentait à la vie de Lilou ? De Daenerys ? Que faire s'il représentait un danger ? Comment aider quelqu'un de ce statut sans y perdre toute dignité, tout espoir ? Le monstre ouvrit la porte à la volée, avisant le noble qui tenait Daenerys par le bras, levant haut son autre main. Sous l'oeil horrifié de la rouquine. Sous l'oeil furibond de l'Amiral qui la maintenait, la jugulait pour qu'elle ne fasse pas la peau à cet homme à tête de bulle. Wallace resta un instant interdit. Il était tenu d'agir ainsi mais il était aussi raide qu'un piquet pouvait l'être. Le monstre n'écouta rien d'autre que son bon sens. La surprise de son arrivée tira une mimique écœurée au noble, ce qui ne fit que peiner encore plus Wallace. Déjà qu'il n'avait aucun estime pour les Tenryuubito, celui-ci achevait de mettre à néant l'espoir qu'il avait de l'aider. Il se croyait tout permis : tous les pouvoirs lui étaient acquis. Comment lui faire entendre raison ? Comment le pousser à laisser tomber.
"Elle ... c'est ... ma patiente." grogna-t-il entre ses dents.
Et le coup partit.
*Ploc.*
"Tu vas bien, petit sirène ?" fit le monstre, avec un sourire écoeurant.
Le coup destiné à la jeune sirène s'était mollement écrasé sur la figure du monstre, qui avait encaissé le choc à sa place. La force de cet homme était ridicule, tout comme son statut. Le monstre se retourna vers Daenerys, que le noble avait lâché sous l'effet de la surprise, et la prit dans ses bras, la serrant fort contre lui. Elle ... était son amie. On ne touchait pas ses amis. Ils étaient précieux, trop rares pour êtres abîmés. Un tremblement parcourut son corps alors qu'il la voyait percluse de bleus et tremblante de douleur. Il était arrivé juste à temps, mais trop tard quand même. Il se releva en tenant la sirène contre lui. Il était trop tard, il avait commis une erreur fatale. Il n'avait pas touché le Dragon mais ... mais il s'y était opposé.
"Elle ... est ma patiente. On m'a demandé de m'occuper d'elle monsieur. Je ne voulais pas que vous la tuiez, sinon je n'aurais pas pu m'occuper d'elle. Heu ... et puis ..." bégaya-t-il.
Que dire ? Il s'emmêlait les pinceaux, la peur ? Certainement. D'autant plus que si les gamins de sa ville natale lui balançaient des pierres, le sort réservé par cet homme serait bien pire. Alors qu'il aurait du rester caché dans les ombres, il n'avait écouté que ses instincts et s'était interposé. Pourquoi fallait-il qu'il soit aussi stupide ? Pourquoi, bon sang, pourquoi ?!
"Si vous voulez la frapper, frappez-moi à sa place : je suis plus résistant, vous pourrez me frapper plus longtemps." trouva-t-il comme seule proposition.
C'était stupide, stupide et totalement improvisé. Mais mieux valait ça qu'autre chose. Mieux valait se faire frapper et mettre plus bas que terre plutôt qu'un de ses proches n'ait à le subir. Le monstre chercha le regard de l'Amiral. Il adressa à Furyuuko un regard empli de détresse. Une manière de dire : faite ça rapidement, ou aidez-moi. Et l'impensable se produisit. Fracas, tonnerre et entrée magnifiée.
"Heu ... bonjour ?" fit le monstre, arquant une absence de sourcil en dévisageant le corsaire qui venait d'arriver.
Cela ne sentait pas bon du tout. Pas du tout. Le genre de pressentiment qui font ravaler la salive et s'esquiver discrètement. Seulement là, sous les feux des projecteurs ... impossible. Le Docteur sera la sirène contre lui, recula d'un pas. Bizarrement, le Corsaire semblait débarquer pour une raison autre que mettre le boxon.
Le bruit des bottes qui écrase les débris causés par l'arrivée du corsaire est pendant une seconde le seul bruit du couloir. Envy écarte de la main le bout de cloison que l'attaque du requin a fait voler au milieu de la cabine et s'avance au milieu du groupe figé par son arrivée.
Son regard passe sur Lilou le temps d'un sourire appréciateur, sur wallace comme s'il n'existait pas, traverse l'amiral en ne faisant que noter sa présence, comme le ferait un loup jetant un oeil au chien de berger gardant le troupeau qu'il s’apprête a attaquer. Puis il se détourne et s'avance jusqu'à la sirène et son maitre. S’arrêtant assez prêt du dragon pour que son souffle vienne embuer sa vitre.
-Salut Princesse. Il t’embête le monsieur ?
Dans la bulle on frise l'apoplexie, on devient tout rouge, tout nerveux. Complétement soufflé par ce crime de lèse majesté tout simplement inimaginable. Et on porte un regard stupéfait sur la main que le corsaire est en train de serrer comme un étau et qui relâche Dae.
Et sous la douleur la grosse colére devient soudain un filet de voix étranglé et incrédule.
-Mais ! Mais vous ne pouvez pas faire ça !
-Je peux. Et je le fais. Ou t'as vu que tu pouvais toucher à Dae ?
-JE SUIS UN DRAGON CÉLESTE !
Sur le font du dragon les veines menace d'exploser pendant qu'il hurle pour qu'on le ramène dans le monde familier ou il vit d’habitude et ou le reste du genre humain ne sont que des ombres juste bons a satisfaire ses désirs.
-Dingue ça. Moi je suis celui qui va te péter ta bulle...
Et vlan, d'un coup de boule magistral Envy plante son front dans la bulle en face de lui et la fait voler en éclat. Laissant le maitre contempler d'un air effaré les débris de verres autour de son cou essayer soudain de ne pas respirer le même air que les autres.
-ARgh... A Moi !
Et soudain, dans le compartiment ça sent l'ozone, cette odeur qui flotte dans l'air alors que la foudre vient de tomber pendant un orage. Et pendant qu'une vague électricité statique vient dresser les poils et les cheveux de tous les acteurs, Envy tourne la tête vers l'amiral.
-Thunderbird hein ? Tsss
La situation déjà difficile dégénère à une vitesse effrayante, et passe en quelques secondes de sous contrôle a totalement chaotique. Et l'amiral Shiro ne peut qu'assister impuissant à ce qui ressemble du plus en plus à un désastre.
Et à la fin de ses vacances.
Et pendant que le corsaire Envy oublie ses prérogatives et commet l'impensable, l'amiral se résigne à appliquer la loi. Et à faire son devoir alors même qu'il ne désire rien de plus que de continuer à regarder la scéne, voire se déplacer pour aider Envy.
Mais il ne peut pas.
-Envy... Lache le sur le champ.
Envy ricane, sur de lui, sur de sa force, ouvertement méprisant. Et Shyro frappe.
Jaillissant de sa main dans un coup de tonnerre qui rend presque sourd tous le personnel du pont un éclair crépitant se rue sur le Corsaire qui ne l'esquive que d'un cheveu, juste avant qu'il n'aille finir sa course en pulvérisant la cloison de la cabine, remplissant l'espace de petits bouts de bois cramés et incandescent que le corsaire traverse en se ruant à l'assaut.
Éclair encore. Le poing crépitant de l'amiral frappe le corsaire de plein fouet au moment ou sa canne atteint son visage. Et cette fois c'est Envy qui va traverser le pont supérieur comme un boulet de canon.
-C'est le moment Lilou. Je m'occupe de lui.
Pas de violence, c'est les vacances !
J'dévale les escaliers à toute vitesse, faisant grincer le bois par la force de mes pas. Et lorsque je surgis dans le couloir, c'est pour me faire vriller les tympans par une monstrueuse déflagration électrique. Dans mon dos, une dizaine d'hommes, les yeux comme des billes, fixent, bouche-bée, la scène violente qui ébranle les fondations du navire. Du moins, nous le fixons tous jusqu'au moment où un Corsaire frappé de plein fouet est propulsé directement vers nous.
-POUSSEZ-VOUS!
Je n'ai à peine le temps de me retourner et d'envoyer un violent coup de pied au premier de file derrière moi avant que le Corsaire ne me fonce directement dessus pour m'emmener avec lui défoncer les marches d'escalier et les parois suivantes.
Le bois cède dans un craquement horrible, écorche et taillade ma peau en y enfonçant de brûlantes pointes ligneuses avant qu'un réflexe inné ne fasse jaillir de mon esprit un bouclier de volonté qui me permet d'encaisser le choc. Lorsqu'enfin Envy et moi traversons un dernier mur, nous culbutons tout deux contre une table dans un bureau coquet avant de nous affaler au sol. Le dos en bouilli, couvert d'échardes et de copeaux de bois, je me relève difficilement en massant mon corps endolori. L'autre se relève plus aisément, le tissu de son habit légèrement roussi.
Envy, lui, semble toujours en forme, grâce aux dommages que j'ai encaissé pour lui. Et d'un côté, un simple instant, j'en viens à me demander si ce n'est pas une bonne chose. Car il y a bien quelque chose d'évident dans sa présence sur le navire.
Il est là pour sauver Dae.
-Héh, t'avise plus d'être dans mon ch'min Double Face. Qu'il me dit, l'air arrogant comme à son habitude.
-De rien… Envy. Alors, tu viens mourir?
Silence entrecoupé par les échos de voix des hommes qui passent la tête dans le trou béant créé par notre passage.
-Non, j'viens miser sur l'avenir…
Et en un instant, il n'est plus là. Simple silhouette balayée par un souffle imperceptible.
Silencieusement, parlant presque pour moi-même en me ressassant les cris d'horreur de Dae, j'adresse un probable dernier message au Corsaire.
-Sauve la petite Envy, et survit, par pitié.
Je ne comprends pas. J’ai mal.
Mal à mes cheveux maltraités par mon maître.
Mal à mon corps entier trainé sur le sol.
Mal à mon cœur brisé par la violence de mon cher maître.
Pourquoi ?! Pourquoi faites-vous ça, maître ? Je ne sais pas. Et j’ai mal, et j’ai peur. Je ne veux pas partir, je ne veux pas être enfermée.
Je veux…
Je veux être libre ! Oui ! Je le comprends enfin ! Si j’ai si mal, c’est parce que je veux être libre ! Je ne veux plus être un objet ! Je veux être une… Per… une Personne ! à part entière !
Mais je n’en suis pas une. Avec lui, je n’en serais jamais une.
Mais avec Lilou, avec Monsieur, avec Oswald, avec toutes ces gentilles personnes, je sais que je peux l’être ! Alors non, je ne veux pas partir. C’est pour ça que j’ai si mal. C’est pour ça que je lutte. Je ne veux pas qu’il m’emmène.
Je n’ai pas la force de le dire, mais, s’il vous plait ! Que quelqu’un m’aide ! Pitié ! Je ne veux pas !
Et comme pour répondre à mon appel, mon maître me lâche. Quelqu’un est arrivé. Sa voix, je la reconnais. Je l’ai si souvent entendu, je l’ai si souvent attendu.
Monsieur !!!
J’espère à nouveau. Je peux être libre ! Je peux rester ! Il est là, pour moi. Il est venu me sauver ! Il a répondu à mon appel !
Mais j’ai toujours peur. Lui aussi est violent. Je pourrais lui demander d’arrêter, mais je suis trop effrayée. Alors je recule un peu pour me mettre dans l’ombre et je regarde, des larmes silencieuses coulant sur mes joues. Tout va beaucoup trop vite. Et je ne sais pas quoi faire.
Je veux juste…
Juste…
Rester avec lui. Rester avec Monsieur. C’est lui que je veux, lui qui devrait m’emmener. Il…
Et soudain, l’orage gronde.
Et soudain, il n’est plus là.
MONSIEUR !
J’ai peur. Il y a eu un éclair et maintenant il y a un trou dans le mur. Et monsieur n’est plus là. Monsieur n’est plus là ! Non ! Ce n’est pas possible ! Monsieur ! Tu es invincible ! Tu m’as promis ! Tu m’as promis d’être toujours là pour moi ! Tu ne peux pas !
Mes larmes redoublent tandis qu’il revient déjà. Je suis soulagée un instant, mais quand je le vois qui s’attaque à cet homme qui m’a rattrapée plus tôt, j’ai très peur. Je frissonne. Je ne peux pas. Je ne veux pas.
Ils ne doivent pas.
Arrêtez. Arrêtez juste. Vous ne pouvez pas vous battre. Vous n’êtes pas méchants. Vous allez vous faire du mal ! Vous allez souffrir ! Je ne veux pas ! Je ne peux pas !
Pitié !
Arrêtez !
ARRÊTEZ !
ARRÊÊÊÊÊÊÊÊTEEEEEEZZZZ !!!!
OUIIIININIININININININ
Insolent, inadmissible, incapable. Comment ose-t-il ? Pour qui se prend-t-il ?
Tues le, Amiral, tues le. Cet homme a commis l’impardonnable. Et pendant qu’ils s’agitent, j’appelle un des incapables un peu plus capable que les autres qui me sert.
Va tout de suite chercher le collier.
Oui, ce collier. Celui que j’ai toujours refusé de mettre autour du cou de ma jolie Daenerys. Mais elle a changé, et quoi qu’il m’en coûte, je la garderai. Elle réapprendra les bonnes manières, elle redeviendra ce qu’elle était.
Et même si elle ne le redevient pas, elle est à moi. Rien qu’à moi. Je n’autoriserai personne à la toucher, à la regarder sans mon consentement.
Ma Daenerys. Mon trésor.
Mon jouet.
Alors oui, Dae. Je vais te le mettre, ce collier. Et tu sais très bien ce qu’il fait. Tu l’as déjà vu exploser, une fois. Un manque de délicatesse de père, c’est sûr. Mais tu sais. Et tu sais que ça ne dépends que de moi.
Moi, ton maître.
Et pendant que tu hurles à en exploser les tympans de tout le monde. Pendant que ta voix porte jusqu’au fond de l’océan. Mon larbin passe discrètement dans ton dos. Et avant même que quiconque s’en rende compte, te voilà avec un collier autour du cou.
Et ta voix s’arrête.
Et tout s’arrête.
Maintenant, Daenerys, on rentre.
Oh, je le vois, que tu es traumatisée. Je le vois que tu hésites, mais tu vas venir, tu n’as plus le choix. Et je te la montre, cette télécommande.
Tu seras à moi, ou tu ne seras pas.
Et ce n’est pas ces soudain tremblement du navire qui y changeront quoi que ce soit…