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Des ordures et des ombres.

Les soûls-sols de cette folie grisâtre étaient comme un gruyère ; Un repaire de choix pour les rats et les révolutionnaires. On avait depuis longtemps arrêter de chercher comment se sortir de l'enfer du labyrinthe de crasse et de détritus déposés là depuis des milliers d'années. Certaines ordures avaient desséchées là pendant une décennie, devenant comme une roche insalubre. Ce satané fromage planquait toutes les odeurs, et explorer se tas d'immondices ne serait jamais venu à aucun des stratège de Dawn. Il fallait une bonne dose de folie, de chance et d'impétuosité pour oser s'aventurer dans cet enfer peuplé de cadavres en décomposition, de charognards voraces et de tout ce qui faisait l'horreur du Grey Terminal.
A l'intérieur des monticules de fange, se trouvait des cavités emplies d'eau savonneuse et pourtant à la couleur locale (ndrl, le gris). Sa puait le pourris et la crasse la plus immonde, comme un mélange de merde, de viandes passées et de cadavres plus ou moins frais. Plus on descendait, plus on en découvrait sur cette nécropole de crasse. On trouvait bizarrement, des traces de constructions humaines par ci et par là. Les caves sèches en voûtes gigantesque auraient fait pâlir un noblions par leur grandeur, et une petite bourgeoise par son odeur.
Des petits trous fumaient là, éclairés par des feux de broussaille. Ou d'autre chose, bien fou serait celui qui voudrait savoir. La population locale était un ramassis d'exclus et d'associaux, tous plus illettrés et dénués de toutes civilisations les uns que les autres. Il valait mieux montrer ce pourquoi l'on se battait, paraissait il. Là, l'horreur choquait tant que personne n'aurait essayé de sortir ses indigènes de leurs crasses.



On m'a déposé là comme une lettre à la poste après tout le joyeux bordels des tunnels. Le chef a des trucs à faire, et m'écarte déjà des affaires. Doit être un sale turbin. En tout cas, il me lâche quelque mots à la fin de notre entrevue, et rejoint son état major. Il pleut à verse dans la ville, et à force de tremper dans la crasse jusqu'au cou, je ne sens plus les relents de la ville. La situation pourrait être pire, Judas. C'est vrais, c'est pas comme si tu allais droit à une réunion de conspiration contre un des royaume les plus influents du coin ! Ni que tu t'attaquais au gouvernement en place depuis des années et tout ça pour quoi ? L'honneur ? Et si tu y avais quelque chose de plus à y gagner, sa changerait quoi ? On se demande tous pourquoi t'en arrive là, toi le premier, et pourtant … C'est la vie que tu m'aime. Pas vrais ?
On a tous dans le cœur des aventures et des histoires, à chacun sa motivation, moi, c'est le grand H qui m’intéresse. Le grand schlem. La trilogie et même les produits dérivés... Devenir un grand, compter. Ne plus jamais passer pour une cible facile. Alors j'suis docilement Auditore. Il a prit de la carrure et de l’étoffe, et grâce à mon deguisement je passe comme un rien.

Il me confie à ses lieutenants, ceux avec qui j'ai traversé l'enfer du poison. On se casse direction l'autre coté de la barrière. J'dinerais pas avec des couverts en argent ce soir, ni ne coucherais dans des draps en  satin. Dommage pour le luxe, mais l'aventure appelle le grand air et les situations précaires. Il faut s'avoir se contenter de ce qu'on t'offre, et la liberté n'a vraiment pas de prix. Comment dis t'on déjà ? Un homme dans le désert ...

(Note à moi même ; Ne plus avoir à porter une épée de Damoclès sous forme de granit au dessus du crâne n'est pas trop mal non plus).

On traverse donc l'paysage de mort et de pourriture. On se carapate dans des caves secrètes et pourtant bien aménagées par le révolutionnaire. Des piques et des cordes, des globes lumineux et même des prises remodelées par une dague experte. Certaines parois sont tellement à pic ou branlantes que l'on se demande comment l'assassin avait lui même fait pour passer par là sans se briser la nuque. Peut être même n'y avait-il pas échapper, le connaissant … Hahaha. J'adore ce gamin, prêt à tout pour sa cause sans conscience pour lui même et les dangers qu'il court. Il court à sa perte sans penser à ce qu'il fera après tout cela... Car il y'aura un après, il y'en a toujours un, Assassin.

- Ce soir, je te parlerais plus de ton rôle et comment te fondre dans mon ordre …

J'remache ses mots en escaladant la fange dans laquelle tu m'as foutu, Auditore. J'la remâche et plus j'ai l'impression que tu m'as pris pour un con. Ton histoire de décision à prendre, de responsabilité et de retours de la justice m'ont pas éblouis au point de voir dans quoi tu veux me fondre ; La pire crasse des environs.
J'regarde les mecs qui m'amènent à notre retraite. Et quelle sacrée repaire ! Digne du docteur No. En passant sous un porce en bouteille de verre, on arrive dans une grande crique faite à moitié de galets et de détritus. Un campement a été érigé à l’abri du vent nauséabond et de la froideur de l’océan. Juste sous une cavité, à même la terre chaude de Dawn.  Le campement est fait en tôle et matériaux de recup', on dirait presque une maison de campagne pour famille embourgeoisé. Bon, l'cadre laisse à désirer mais j'suis pas là pour les vacances.

Me fondre dans son ordre alors ? J'examine la trombine des collègues mais ne voit que des capuches renfrognées sur elles mêmes. Il pue trop pour qu'on parle, et même à l’extérieur il faut un temps pour s'habituer à l'odeur. Sa pique les yeux et la gorge quand on essaye de l'ouvrir. J'suis pas vraiment d'humeur de toute façon, j'ai beaucoup à réfléchir... Me fondre dans l'organisation d'une sorte de tueur en série ? Tout ça pour mener à bien mes projets et payer mes dettes ? Je shoote dans une conserve en regardant l'océan délavé.

Et j'attendrais jusqu'à que tu revienne pour tout m'expliquer. J'aime pas sa attendre, c'est comme mettre une laisse à un Lion, faut pas y rester à coté en espérant qu'il ronronne.

Ce soir, Auditore va comprendre pourquoi on m'appelle Le Pater Pugilat.

***


Dernière édition par Judas le Mar 27 Aoû 2013 - 11:07, édité 7 fois
    On arrive d'ici, avec une ellipse de quelques heures.

    Jour 4 - fin de la nuit, petit matin.



    Que manquait-il au tableau sinon les éclairs et la pluie ? Un homme sombre, maculé de sang. Une entrée en scène. Une introduction au plus grand film que Goa connaîtrait. Ce soir s'était joué le premier acte. Le premier sang, l'estoc par lequel tout commencerait. Les écrans du Royaume s'étaient tous allumés, les gradés de la milice et de la garde étaient convoqués. L'impensable s'était produit, au sein même du palais. Quelque chose qui ne les avait pas terrifié depuis plusieurs décennies, la crainte d'une fin. La peur de la mort. Sinistre tableau auquel les éclairs répondaient en écho. Le ciel se fendit d'un énième trait, les ordures prenaient feu et s'envolaient au gré du climat inhospitalier des lieux. Les hommes avaient compris depuis longtemps que l'endroit le plus sûr restait les souterrains. Nauséabonds, putrides. On s'habituait à tout, même au fait de ne pas valoir plus que la vie d'un rat. Fange pestilentielle vectrice de maladies et de mort. On en comptait plus que d'hommes au fond de cette décharge immonde. Le Royaume des Rats. Voilà comment on aurait du l'appeler.

    La maladie tenait une part importante dans ce monde, elle qui ne cessait de décimer régulièrement les pauvres hères qui vivaient là. Toujours le fracas du tonnerre, accompagnant dans leur malheur la famille royale de cette parodie de royaume. Les alarmes grondent, le ciel pleure. Quoi de mieux pour débuter une révolution ? Mais il y avait encore fort à faire, fort à parier. Ce n'était que le début, le commencement de la fin. Le ressac incessant des vagues frappait à renforts démesurés la planque branlante des assassins. Ils en avaient vu d'autres, ils tiendraient comme toujours. Le premier apprentissage était de les trouver, après tout. Et d'y survivre. Ce n'était pas pour rien que leur planque était située si loin de tout accès, si difficile à atteindre. Le lieu idéal pour les assassins. Le ciel se fendit une énième fois. Pourtant, il y avait là quelque chose de différent. Les assassins levèrent les yeux de concert, certains même osèrent un sourire.


    "Le voilà." grommela  l'un d'eux, dans un souffle.

    Des nuages s'échappa un trait de fumée noire, qui fila vers le sol et frappa les déchets avec une violence qui claqua aux oreilles de tous. Une gerbe de fumée les secoua, chassant temporairement l'odeur malsaine qui se dégageait de leur monde. Au milieu de la scène, un homme vêtu de noir se tenait là, maculé de sang. Il bascula sa capuche en arrière et révéla ses bandages. Nul sourire, nulle pitié. Un air dur et consterné. Peu importait, la mission avait été un succès. À leurs yeux tout de même. Seuls lui et son plus fidèle frère savaient la vérité. Tous lui rendirent son sourire, aucun mot n'eut le besoin d'être échangé, ils savaient à présent que Goa ne se remettrait jamais de cette soirée. La Révolution avait commencé. Il leur fit signe d'ouvrir l'abri, puis entra à l'intérieur à leur suite. La lourde porte de fer se ferma derrière eux, révélant un abri salubre et protégé de toute influence extérieure. Un centre d'opération stable et sans odeur. L'un des hommes appuya sur un levier, illuminant les lieux. Vengeance, l'assassino responsable de Goa, avait aménagé l'endroit comme on pouvait s'y attendre. Table présentant une miniature des lieux, avec la position supposée des différentes troupes. Bandits, Révolutionnaires. Milice et Garde. Les failles connues. De quoi assurer une parfaite bataille. Ce bunker était la cachette idéale des assassins, le seul endroit qui n'ait jamais été compromis.

    L'assassin vêtu de noir s'assit à la tête de la table, faisant signe à Judas de prendre le siège situé à sa gauche. Il ôta ses gants maculés de sang et sortit un torchon blanc pour s'essuyer le visage, grimaçant en passant sur le côté droit. On voyait de la cendre, de la chair boursouflée. Inutile de le nier, Il Assassino avait trouvé un adversaire de valeur. La nuit avait été mouvementée. Rapidement, l'un des assassins sortit une bouteille et quelques verres. Eclairés par la seule ampoule présente au-dessus de la table, ils ressemblaient exactement à la bande de conspirateurs qu'ils étaient. La poussière se soulevait à chacun de leur geste, et les éclairs se percevaient à peine dehors. Nul doute, ils étaient tous ici dans le plus grand secret. Pourtant aucun d'eux, à l'exception de Rafael, ne releva sa capuche. La présence d'un nouvel arrivant ? Probablement. Chacun était libre de ses choix et de ses actions ici. Mais il se devait de révéler qu'il avait lutté, et qu'il en était fier. Uther. Fils de chienne. Il ne fallait pas leur laisser apercevoir sa haine et sa morgue, juste leur donner du courage. À quoi bon avoir sacrifié sa vengeance à l'encontre de la Révolution, sinon ?


    "Mes amis, trinquons à notre Révolution.  Les évènements sont en marche, et ils ne s'arrêteront que lorsque nous aurons rendu ce Royaume à son peuple." fit Rafael, levant haut son verre.

    Puis il le vida d'un trait, le posant à l'envers sur la table. Qu'ajouter de plus ?


    "Maestro, qu'en est-il des visites promises ?" fit-il, se tournant vers l'un de ses subalternes.

    Visites promises. Il parlait certainement des négociations avec la bourgeoisie.


    "Nous avons ciblé les personnages les plus influents de Town Center. Ils n'attendent plus qu'à être contactés. Nos travaux d'espionnage ont porté leurs fruits." répondit le concerné.

    Il Assassino acquiesça et tira le rapport vers lui. Il redoutait qu'Uther ait pu en avoir vent. Il le savait traître et félon, pourquoi donc le croire ? Raison de plus pour accélérer le mouvement. Les médications fournies par Vendetta suffisaient à peine à le maintenir debout. Mais les dernières heures de repos lui avaient fait le plus grand bien. De quoi se ressourcer assez pour garder la face. Il consulta le rapport, étudia les fiches de ses, certainement, prochaines cibles puis referma le dossier. Phase suivante.


    "Bien. Les esclaves ?" fit-il, adressant sa question à un homme situé encore dans l'ombre.

    "En sécurité, la rumeur d'une révolution court déjà chez eux depuis quelques jours. Nous nous assurons qu'ils la colportent à travers toute la cité. Autant à High Town qu'à Town Center. Ils sauront reconnaître le moment." répondit-il, montrant les endroits concernés par leurs actions sur le plan de la ville à l'assassin.

    Des centres névralgiques pour la plupart, non loin des tavernes et autres. Là où les esclaves se retrouvaient pour discuter de leur semblant de vie. Là où les rumeurs se répandraient le mieux parmi les maisonnées les employant.


    "Et pour le reste ?" demanda l'assassin, s'adressant visiblement à un autre homme.

    "Concernant Edge Town, beaucoup des nôtres sont déjà implantés là-bas, cela n'a pas été difficile de graisser quelques pattes pour que les hérauts axent leur discours dans notre optique. Pas de meurtre sordide, juste une 'justice' qui incitera les citoyens à nous aider." répondit le concerné.

    Voilà pour l'état des lieux. Les rumeurs couraient déjà dans la ville et le peuple serait prêt. Qui prêterait foi aux esclaves et aux pauvres de la cité ? Un point de réglé. L'assassin resta songeur quelques instants. Les minutes passèrent durant lesquelles ils étudièrent les différentes possibilités d'action, la façon dont il serait le mieux pour eux de disposer des troupes. Là où envoyer les bandits, là où le Roi des ordures serait à même d'intervenir. Sans oublier l'importance des souterrains et leur projet d'ouvrir les murailles par l'intérieur. Les souterrains qu'il devrait aller vider du gaz et neutraliser les pièges, ça aussi c'était sa tâche. Pour le reste, tout n'était affaire que de manipulation et de leurres pour la plupart, visiblement la spécialité de ces assassins. La réunion s'acheva plutôt rapidement, compte tenu du temps qu'il avait fallu attendre pour y assister et, rapidement, tous les assassins sortirent de l'endroit pour vaquer à leurs missions. Ils étaient visiblement beaucoup mieux organisés qu'il n'y paraissait et il n'avait suffit à Rafael que de le leur demander pour qu'ils lui fournissent tous les renseignements dont il avait besoin sur la cité. Une fois le dernier assassin ayant claqué la porte, il se replongea dans le dossier des bourgeois à aborder puis soupira. Avant de revenir à Judas.


    "Alors, qu'en dis-tu ?" lui demanda-t-il, sarcastiquement.


    Dernière édition par Rafaelo Di Auditore le Dim 8 Sep 2013 - 17:22, édité 2 fois
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    Viens voir dehors, on va se donner l'air et la couleur locale, histoire d'avoir un vrai panorama sur la situation. Son ombre s'étends presque jusqu'à moi. La mienne s'étends jusqu'à l'océan, dont on sent le relent putride nous arrivant qui dans le dos, qui dans la face. Dans tes dents Auditore, fallait pas me laisser là à attendre comme un chien fidèle. J'ai l'air d'un con sans peur et sans reproche ? Il va falloir que tu me prenne un peu plus au sérieux, l'assassin, sinon tu risque d'avoir des surprises. Du genre qui te plaisent pas. Et on sait touts les deux qu'en arriver là signerait notre perte à tout deux. J'ravale mon égo ma fierté et ma patience limité dans ma poche, juste derrière mon poing. J'ai pourtant pas la langue dans les poches encore.
    Et j'ai eu du temps à la pelle.

    - Tu m'as parlé de ton plan, j'ai entrevue tes hommes et tes oeuvres. Tu m'as demandé mon avis, et je me suis tus. Il y'a des choses qui doivent se faire en chaque temps et en chaque lieu, pas vrais l'ami ?

    Je frotte mes mains les unes contre les autres. C'est délicat. Son seul oeil valide me regarde comme s'il voulait graver chaque instant de cette scène dans sa mémoire. Il a l’œil du peintre, qu'est-ce que j'baragouine, de l'assassin qui fixe le temps. Un vrai artiste, aussi habile du poing que de la pointe. Pas vraiment le genre de type à sous estimer, et moins encore à énerver. Surtout dans des circonstances pareilles. Mais moi j'suis un idiot, un fou, une tête brûlée, je m'en pète des détails et passe au gros morceaux. Lentement, j'pose mon cul sur une caisse retournée, à moitié éventrée. Mon pied s'pose sur ce que je crois être une grosse bouteille de Rhum.

    -  Tu vois, j'suis pas au courant de tout ... Les effectifs, les accords secrets, quoi qu'ils valent en temps de guerre et même tes idées profondes et secrètes. Si j'devais relever quelque chose, c'est ton inconscience.

    Je lève mon index en l'air, presque divin tant il annonce l'heure de la sentence. Un gros doigt, sale et salé par l'océan et des années d'vie à la dur. Buriné et dur comme du bois, à force de les couper.

    - Compter sur des mecs qui accordent plus d'importance à leurs affaires qu'à la vie de milliers d'êtres humains, c'est pas judicieux. On pourrait croire comme ça que sa leur fait plaisir, mais que crois tu qu'ils feront quand ils s’apercevront que cela fait plus de mal que de bien ? Que ce qu'ils ont gagné en impôts, ils le perdront dans leurs affaires ? La noblesse est peut être une caste inutile, elle en reste importante. Elle est un joyau, une icône, autours duquel on se rassemble et on se recueille.

    Je mouille mes lèvres d'un habile coup d'langue. Ni vu ni connue... J'crois.

    - Surtout que les impôts ne disparaîtrons pas subitement, eux. Les profits oui.

    Je lance un deuxième doigt en l'air, suite logiquement de mon argumentaire. Je parle pas souvent, alors profite. Le vent nous envoie un deuxième salve d'effluves nauséabondes.

    - Pour tout te dire, tu sais la vie dans les îles, et surtout ici, c'est juste des millier microcosmes en liens les un avec les autres qu'je dis, illustrant en joignant les deux mains. Qu'tu crois qui va se passer quand tu vas venir ficher du pied certains ? Qu'tu crois qui se passera quand tu viendra mettre à bas tout l’édifice ? Certains auront peur, d'autre se débattrons et d'aucuns ne voudra se soumettre. Même parmis les esclaves ... Certains sont si habitués à vivre comme ça que c'est presque inscrit dans leur sang, beaucoup auront plus peur de la vie sans maîtres et des ses incertitudes, que n'avoir qu'à obéir.


    Dernière édition par Judas le Mer 28 Aoû 2013 - 11:04, édité 2 fois

      L'assassin lâcha un rire sarcastique, jouant avec son verre vide. Devant Judas, il ne jouait pas la comédie. Il était exténué, usé. Affaibli. Ses cernes, ses marques de combat. Impossible de savoir ce qu'il s'était passé, mais il avait apparemment trouvé défi à sa taille, voire plus. Il soupira en reposant le verre et se resservit une rasade, puis fit de même avec Judas. Il l'avait écouté patiemment, sans trouver mot à redire. Il aimait avoir un avis extérieur, un regard neutre sur ce qu'il se passait, à l'abri des machinations et des complots tels qu'il les menait. Un oeil innocent, en somme, qui pourrait voir des problèmes là où il ne pensait pas en avoir. Et si Judas tapait juste, il ne pouvait que reconnaître qu'il manquait surtout d'un défaut d'information. S'il devait incarner la tête du complot, il se devait de tout savoir. L'assassin, pour toute réponse, entreprit de défaire les bandages cachant son oeil droit. Une légère fumée s'échappa de la blessure, révélant une cicatrice rectiligne surplombant un oeil fermé. Cicatrice encore boursouflée, et couturée. La fumée qui s'en échappait n'était qu'un ersatz du sang qui était supposé couler de là. Cet homme avait de la cervelle, et un instinct qui le faisait sourire. Ce naturel, c'était quelque chose qu'il appréciait. Une raison de plus qui lui accordait sa confiance. Ça et l'histoire de la vie de Judas. C'était proprement intéressant, à vrai dire. Bien que ce ne fut pas le sujet de cette soirée.

      "La noblesse croit qu'elle va devenir Reine, pour l'instant. La noblesse croit que si elle ne plie pas, elle mourra. Alors la noblesse complotera dans son coin, lèvera une armée. Et pour quoi ? Pour le trône, pour se protéger. Des autres nobles, des dissidents. Jamais elle ne croira que le peuple gronde : la princesse est morte, le prince envolé. Je pense qu'ils auront leurs problèmes à résoudre." répondit l'assassin, goûtant prudemment ce nouveau verre de liqueur.

      Au moins, il en révélait un peu plus sur sa soirée. Le pourquoi des alarmes, la raison de ses blessures. Toujours cet air distant, ces paroles énigmatiques. Pas difficile de savoir qu'il parlait sans trop en dire. C'était sa spécialité après tout, les mots. Tout comme sa promesse à Uther. Des mots choisis avec soin, avec un sens de la morale qui lui était propre. Inutile de faire confiance à un traître. Inutile de faire des promesses lorsqu'on n'était pas prêt à y croire.


      "Mais tu as raison. C'est pour ça que nous travaillons très vite. La cible principale est la bourgeoisie. Ils jalousent les privilèges, et préfèrent les voir sombrer que continuer à vivre sous leur joug. Eux se soulèveront assurément. Avec leurs impôts, leurs profits ... Les têtes vont tomber, assurons nous que le loup et la hyène s'entredévorent." ricana Rafael, finissant son verre d'un trait.

      L'alcool lui brûla le gosier avec un bien fou. Sentir autre chose que ses doigts gourds ou la douleur qui lui mangeait la face, c'était divin. Sans compter son oeil qui le démangeait atrocement. Ses nerfs fantomatiques s'agitaient sans cesse, cherchant à faire le lien entre ce qu'il voyait et ce que son esprit aiguisé percevait par le mantra. Une connexion annexe, en somme, qui suppléait à merveille sa vision déficiente, à présent. À l'origine de sacré maux de tête cependant.


      "Les esclaves se soulèveront ou se tairont : les chiens qui ne mordent pas la main de leur maître ne nous mordrons pas non plus. Et les exception seront ... rares." conclut-il, en se redressant quelque peu.

      Ce faisant, l'assassin se pencha sur la table, miniaturisant le royaume de Goa et tout ce qu'il comportait. Il indiqua nonchalamment les deux grosses forces de Grey Terminal. Les bandits et les Révolutionnaires du Roi des ordures.


      "Ce territoire nous est virtuellement acquis : ces hommes se battront pour nous. Ils ont la peur au ventre, la haine. Plus d'hommes que de soldats dans les murs de la cité. Tout ça, avec les accords de la bourgeoisie qui arroseront les mercenaires de la milice et de la garde. Sans compter que les esclaves en majorité briseront leurs chaînes une fois la Révolution avérée. Grosso modo, si nous parvenons à entrer dans la ville et à franchir les murailles, nous verrons notre combat tourner à la faveur de dix contre un. Dix contre des soldats, certes. Mais un homme qui n'a plus rien a perdre vaut bien son content d'armes." expliqua Rafael, se rasseyant.

      "Je sais que tout ça fait peur. Mais l'histoire de ce royaume est bercée par le sang et le vice. Nous testerons une nouvelle arme demain : la corruption. Aujourd'hui, il a seulement été question d'introduire une petite goutte d'anarchie dans le régime en place. Le Prince a tué la Princesse, après tout. Hé hé." ricana-t-il, se passant une main sur le menton.

      Il laissa à Judas le temps de faire les amalgames, de comprendre en quoi consisterait leur tâche de la journée. Les visites organisées, les choses à réaliser.


      "Je sais que tu n'es pas adepte de ces pratiques, mais il faudra que tu te fondes dans le rôle pour que les yeux restent rivés sur ta capuche et ce qu'elle symbolise, Césare Di Auditore. L'As de la Révolution."
      lui fit-il, avec un sourire amusé.

      Césare, son frère. Instructeur du BAN, bien à l'abri. Hé hé. Que dirais-tu de ça, petit frère ? On entendrait parler de toi jusqu'au fond de Grand Line. Ton baroud d'honneur donné par ton cher jumeau. Alors que tu regarderais tranquillement l'information de ton baraquement. La famille, c'était à jamais.


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      On se rentre donc vers le petit baraquement, tout en discutant face à un océan en cul de bouteille. Il a sa couleur verte et son odeur éventée. On dirait le relent de fin du monde, le feu remplacé par la fange. C'est vraiment déroutant, je vous rappelle que pour moi l'odorat et le goût sont mes principaux alliés, et que récemment ma rétine en a pris un coup. J'ai encore le corps en miette, et j'regarde en biais mon interlocuteur. Il est pas plus frais que moi. Nous arrivons devant le bâtiment, jetant notre dévolu sur une table à l’extérieur. Il semblerait qu'à l'instar du sommeil, les mauvaises odeurs ouvrent à débats. Faut dire que toute cette histoire pue, sa inspire... Non...sutout...pas ! N'inspire pas. Il faut respirer par la bouche, sinon tu risque encore d'avoir le tournis.

      Fichus bicoque ! Le désinfectant est pas mieux que toute cette crasse. Le naturel chassant au galop, valait mieux se trouver dans les détritus. Avec du neuf on peut faire du vieux, truc du genre. Je lui retourne son air meurtris de majorette ; il tourne comme un disque rayé à qui on a enlevé son diamant. Au fond de son iris éteinte se bat la raison et le tourbillon de ses émotions. Il est froid, fielleux et pourtant, pourtant humain. Tout comme moi, tout comme eux. Est ce que c'est pour ça que je les aide ? Même moi j'sais pas, l'être humain étant égoïste de nature, je risquerais de me surprendre.
      Et j'aime pas les surprises. Son plan est alors le bienvenue, flattant mon inquiétude et calmant mon égo. Depuis que j'suis arrivé on dirait plus que j'suis l'ennemi que l'allié ! Ca me fout en rogne, c'est pour ça que les souterrains m'ont toujours débectés. Pas de confiance, pas de valeurs, pas de morale. Juste des cadavres qu'on empile, et des futures cadavres qui empilent. C'est pas vivre ça, c'est juste gâcher sa vie.
      Pas vrais, Auditore. Je regarde son fasciés, j’écoute ses paroles. Je bois à sa bouteille. Un mec sympa, Judas, pas vrais ?

      - Pouah. Sacré merdier dans lequel tu nous mets, amis assassin. On n'parle pas d'une simple bande de criminel et encore moins d'un simple royaume soumis aux privilège de toute sortes... On parle du Grey Terminal, et du port d'un gouvernement si unilatérale qu'il en domine quasi toutes les régions. Et celles qui ne sont pas encore sous leur coupe ne sont que poussières, état sans intérêt ni ressources d'aucunes sortes. Les autres, et bien les autres ne sont que d'autres régions à ajouter sur leurs listes. Ici c'est le monopole de l'EMM.

      Je le regarde bien droit dans les yeux pour faire taire la moindre réaction d'sa part. Je me lisse la barbe, paraît que sa fait érudit.

      - Pour moi ton plus gros soucis n'est pas de gagner s'te fichue guerre, c'est plutôt de gérer cette situation glissante avec un minimum de fermeté, c'est faire preuve de poigne et de délicatesse. T'sais, la mains de fer dans l'gant d'soie ; Un genre de tour de passe passe. Il faut que tu sois directe tout en passant de la pommade sur le gros culs de l'amirauté. T'vois le genre ? Le danger c'est pas l'île, c'est ce qu'elle représente. Et tout le monde le sait ici...

      Je m'retourne et désigne derrière nous la montagne de crasse. Je souris presque à l'idée que dans leurs cervelles d'moineaux, bien au chaud dans leurs tanières de crasses, les têtes plates savent bien eux aussi qu'il vaut mieux se taire et subir. Tout le monde le sait ici, du tas de boue en passant par l'esclave, jusqu'au moindre noble.
      On sait tous quel est le véritable enjeu de ses guerres non?

      - Tout ça pour pouvoir montrer un point sur une carte et dire « ceci est à nous, et ceci aussi » ? J'comprends sûrement pas touts les enjeux politique, mais tu déclare la guerre au gouvernement en t'attaquant à Goa ! Tu t'attaque aux joyaux de l'état, à ses huîtres les plus charnues... C'est vraiment une bonne idée, c'est bien pour ça que t'y travaille... Pourtant tu fais encore les choses à moitié.

      Je lui fend ma trogne encore défigurée malgré la cicatrisation. Deux estropiés aux milieux des ordures, de grands feux dépotoirs illuminant nos silhouettes ; Ombre et feu, fumée et sel. Ma première conspiration, sa s'arrose ?

      - T'devrais pas marchander avec ses salauds qui sucent les fruits de l’esclavage. On ne négocie pas avec les bourgeois grasouillets, on leur explique ce qui s'passe, et ce qu'ils risquent à nous contrarier. Mieux, on leur raconte des histoires sur un possible marché. Si tu t'abaisse à leur niveau, tu te salira et ton symbole ne vaudra plus grand chose... T'crois pas ? Par contre, je pense que la solde de quelques gardes glissée dans une ou deux poches nous sera sûrement utile !

      Je me gratte le menton. Perplexe. J'ai l'air lent comme ça, mais sous ma caboche sa turbine à plein régime.

      - J'sais pas qui c'est c'lui la, mais je ferais bien ce qui t'chante ! T'es le patron, je te suivrais jusqu'à te rembourser ma dette. Mon avis au final, c'est que t'es encore bien trop tendre pour le Terminal, Auditore.

      Dans tes dents, Assassino.




        L'assassin secoua la tête. Les points soulevés par Judas étaient intéressant et pouvaient mettre en relief des faiblesses. Mais des faiblesses qui n'entraient pas en compte à ses yeux. Car c'étaient là des choses que son interlocuteur ne saisissait pas vraiment. Enfin, plutôt qu'il ne les appréhendait pas de la même manière que lui. Pourquoi Goa et pas  un autre ? Car c'était un royaume indépendant, puissant et indépendant. Pas de récidive immédiate possible. Le Gouvernement ne pourrait pas se permettre de lancer un buster call sur cette île car elle n'était pas sienne : le Conseil ne laisserait jamais faire cela. L'EMM n'était pas un empire du mal, pas à ce point du moins. Il le pensait réellement, mais un petit doute perdurait toujours au fond de lui. Doute ravivé par Judas. Non non. Il n'avait pas de raison de s'en faire pour le Gouvernement mondial tant que la Révolution se mènerait rapidement. Il n'avait pas son mot à dire sur les affaires internes de ce royaume. De toute manière, il préfèrerait certainement le laisser moisir dans ses problèmes afin d'en tirer le meilleur profit. Raison de plus pour que les choses se passent rapidement. Ce n'était pas contre un seul royaume que la Révolution se battait mais contre une hydre implacable aux têtes infinies.

        "L'EMM n'a rien à foutre ici. Et on ne lui laissera pas le temps de se découvrir un soudain intérêt. C'est pour ça que tout doit se passer très vite. Les bandits ont été faits par l'oppression de ce royaume, mais il resteront des bandits c'est vrai. Raison pour laquelle l'après doit être pris en considération très vite. Et très fermement." répondit l'assassin, faisant un geste vers les troupes révolutionnaires du coin.

        "Il est vrai que c'est prendre un gros risque. Quitte ou double. Mais il faut savoir miser quand on veut gagner." ricana-t-il, se servant un autre verre.

        L'alcool lui engourdissait les doigts et faisait taire la douleur de ses blessures.


        "Le communiqué de presse est déjà prêt. Les nobles, comprenant leurs erreurs ... pour les survivants du moins, instaureront la république démocratique de Goa. Dans un premier temps, l'un de nos fidèles communiquera avec le Gouvernement, leur faisant gober la pilule que Goa a survécu et que tout est rentré dans l'ordre. Maintenir les relations, graisser les pattes : il y aura de quoi faire avec le trésor royal. Ce ne serait pas la première fois qu'une résistance émerge de l'oppression et fait brûler ses détracteurs." fit l'assassin, poussant la bouteille vers Judas.

        C'était justement ça le noeud de la stratégie, le Royaume de Goa n'avait que des relations amicales avec le Gouvernement, rien de plus. À compter de ce moment là, il pourrait en découler beaucoup de choses. Rafael ne pourrait pas exiger que le Royaume se plie à sa lutte, c'était entendu. Mais son but n'était pas de se faire une armée, ou encore une terre d'accueil.


        "Les libérer. Leur assurer une vie qui en vaille la peine. En somme. Ce n'est pas un acte altruiste, ce serait mal me connaître, j'y ai moi aussi mes intérêts. Mais pour l'heure, pour honorer la Cause, c'est le moins que je puisse faire. Tu te demandes certainement pourquoi je fais ça, pourquoi j'implique la vie de tous ces gens. Pourquoi je les pousse à faire ce sacrifice alors qu'ils courbent l'échine sans rien demander. Parce que je le peux. Parce que je suis un Révolutionnaire." ricana-t-il, faisant un geste vers les montagnes d'ordures qui les entouraient.

        Pour quoi d'autre ferait-il cela sinon ? Pour que cette puanteur disparaisse à jamais, pour que des enfants n'aient plus à vivre au même niveau que les rats. Pour gagner ses galons, pour diriger le mouvement. Il n'en savait que trop rien. Il sentait que c'était la bonne chose à faire, il en était convaincu. Il y avait des défauts, il y avait des risques. Mais il osait tout ce qui pouvait seyait à un homme. Qui ne le faisait pas n'en était plus un.


        "Quant à ma négociation ... fu fu fu ... on doit pas avoir la même définition. Je me fous leur morale au cul, et ils seront trop aveuglés par leur oseille pour lever les yeux. Et une fois la bataille terminée, on leur montrera qu'il y a toujours un temps où la justice vient frapper à notre porte. Soyons clair, des hommes qui s'enrichissent sur le dos des esclaves ne peuvent pas se targuer d'oeuvrer à la cause de la révolution. Je suis tout à fait d'accord pour cette idée, hé hé." ricana Rafael, posant sa main sur l'épaule de Judas.

        Cet homme valait son pesant d'or. Il l'appréciait, bien plus qu'il le faudrait en réalité. Il ne pensait que l'utiliser, mais il était sagace et serait un atout de poids. Raison de plus pour ne pas le compromettre inutilement. En un sens, il l'utiliserait vraiment : il n'en avait pas grand chose à cirer de renverser un royaume. Mais il était des hommes comme ça qui devaient être employés dans une bonne direction. Lui, l'assassin, était un moteur qui avançait dans une direction fixe. Judas ... c'était une bombe. Prête à vous exploser au visage à tout moment. Mais en la posant au bon endroit ...


        "M'est avis que tu n'as pas encore vu ce dont j'étais capable ... Viens, je vais te montrer les quelques us et coutumes auxquelles tu ferais mieux de te faire rapidement. Nous rencontrons l'homme-chien et le roi des ordures demain soir, il faudra que tu te fasses beau pour l'occasion." le railla-t-il, le raccompagnant vers la salle 'spéciale' qu'il avait prévu pour lui.
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        Je rigole. Bien sûr qu'ici c'est pas une histoire d'idéalisme qui te pousse à agir. J'suis con d'penser comme ça, t'es un mec rationnel, carré. Pointilleux. Tu laisse plus rien au hasard, tu force la main pour te retrouver avec les meilleurs cartes. Tu as mis en place une organisation bancale sur un accord éphèmere, pour arriver à porter atteinte à l'EMM. Par ce geste, tu frappe symboliquement l'état du sceau d'la révolution. Y'aura ceux qui se battront pour la justice, d'autre pour l'argent et enfin d'autre pour leur liberté. Tout ça va finir dans la boue et dans le sang, comme un vrai champ de bataille.

        Et moi j'vais assister à cette guerre aux premières loges, j'vous avoue que sa m'donne des frissons. J'aime le sang et la boue. C'est mon élément, et j'y baigne depuis près de vingt ans. Quand j'étais un mercenaire, on avait souvent l'occasion de voir ce phénomène se produire. Celui auquel je participais à présent. Quand l'expansion du gouvernement se fit vorace, on a bien vu la réaction du peuple. Prudents mais indignés. Le citoyen ploie devant la tyrannie, pour sauver sa famille et son identité... Mais si tu transforme son eden en enfer, t'attends pas à ce qu'il se range tranquillement dans le rang.
        J'ai rien contre l'ordre établit. Il en faut un, et je pense que tous ont leur défauts. Mais quand tu fais plus de mal que de bien, faut pas rêver, une seule alternative est possible. Auditore a juste été le marteau, mais vous avez forgé votre propre défaite. Ne vous étonnez pas que l'enclume se compose alors de touts les laissés pour compte, touts les esclaves et de touts ceux que vous avez blessés. On récolte ce que l'on sème, et malheureusement vos graines sont pourries jusqu'au trognon. Ce royaume décadent va bientôt sombrer dans l'enfer de la guerre, mais sachez que vous êtes les artisans de votre propre perte.

        Le destin n'est qu'un coup de dé, l'homme façonne sa vie à chaque jour que dieu lui donne.


        - Pff. Ne me parle pas de cause, Auditore. Ici, c'est qu'un jeu de pouvoir ! Rien qu'un point sur une fichue carte. Rien qu'un point que tu vas mettre de ton côté plutôt que du leur. Je ne sais pas ce qui a changé, mais en toi j'vois que la colère, l’indignation, et la vendetta. Tu n'as rien d'un altruiste, t'en fais pas … Ta révolution n'est que pacotille ici Rafaelo, sa tiendra pas trois mois avant que la marine ne débarque.

        Je regarde mes mains et le suit dans les ténèbres. Des mains qui ont déjà verser tellement de fois dans l'art de la mort, et qui ont déjà fait couler tant de sang. Elles en redemandent. Leurs appétits est sans faim. Seule le carcan de ma conscience permet à leur violence de s'abattre sur les criminels. La violence n'a jamais fait preuve de justice.

        - Il débarqueront et tous mourront.

        Je plisse les yeux et sourit à Auditore. En attendant j'ai deux trois choses à mettre au clair ici, et c'est pas une poignée de Révolutionnaire qui me fera verser une larmichette. Notamment sur le rôle de Tuckson dans cette histoire. Son air avant qu'je monte sur le pont...  Et surtout l'implication d'un certains Gargarisov à Dawn.  Pourquoi Joe m'a-t-il conduit ici plutôt qu'à son maître ? Pendant ma capture, j'ai souvent fait semblant d'être dans les vapes. J'ai pu capturé des bribes de conversation en échange de ma captivé. J'ai fréquemment entendu le nom d'Igor, et même d'Alabasta. Ils disaient qu'ils ne comprenaient pas pourquoi on changeait de cap tout d'un coup.
        J'aurais aimé en savoir plus, parce qu'à chaque fois que je me suis retrouvé dans les histoires de sa clique, une certaine rousse y était mêlée aussi. J'espère que tu vas bien Lilou, parceque maintenant ses mecs sont morts, me coupant toute possibilité de te retrouver rapidement. Et je suis coincé ici.

        - Alors essaye de pas trop m'défigurer hahaha.

        J'commence à avoir des sueurs froides. Il faut dire qu'Auditore est un putain de monstre. Pas que j'vais m'applatir, mais se lancer dans un combat perdu d'avance m'fout toujours la peur au bide. Elle est un bon moteur, une sorte d'assurance. C'est pas la témérité qui va te garder en vie, c'est la prudence. Une bonne prudence, celle qui t'sors de la mouise... Tu vois, suivre quelques règles est parfois nécessaire, pas vrais, Auditore ? Parce qu'en matière d'enfumage t'es peut-être une perle, mais pour la guerre j'vaux encore mon pesant d'or.

        Je souris dans l'obscurité, tandis que ma silhouette domine celle du maître Assassin de quelques bons pieds. On m'a capturé, ligoté, frappé, presque torturé. Il est tant de laisser libre court à ton instinct primaire Judas. Contre lui, tu n'pourras limiter les dégats qu'à ton maximum... Mes mains réclament réparation, et dans mon crâne montent déjà les battements de mon cœur. Je le sens là, frappant contre mon arcade comme un tambour de guerre. Il ouvre une porte après qu'on soient rentrés. Les hostilités vont pouvoir commencer pour de bon ... huhuhu.


          Les mots de Judas font mouche, et il le sait. À quoi bon se battre lorsque l'enjeu semblait si risible ? L'assassin regarda son point de métal, pensif. La poule aux oeufs d'or qu'était Goa attirerait rapidement les rapiats et les vautours. Le Gouvernement. Ils aideraient en exterminant et montreraient les images des 'terroristes' pour se faire justice. Un point sur une carte ? Peut-être, mais dans le jeu des trônes, Goa était la Reine. Une pièce de choix et de maître. On pourrait l'accuser de vouloir presser ce royaume jusqu'à la moelle pour en obtenir avantages stratégiques et militaires. Ce n'était pas faux. Mais ce peuple qui souffrait et saignait, c'était une vérité. Tout était mieux que Grey Terminal, même ceux qui courbaient l'échine face au fouet le constataient. L'assassin resserra son poing avec une détermination féroce dans les yeux.


          "Ne me parle pas de vengeance, Judas. Tu ne sais pas ce que j'ai sacrifié à ma vengeance."
          grogna-t-il, dardant un regard incendiaire au colosse.

          Il lui adressa un oeil froid, implacable. Uther. Il avait courbé l'échine devant Uther. Et pour quoi ? Pour quoi ?! Pour sauver ses alliés dans cette révolution. Pour Vendetta, pour Céline. Même pour lui, Judas. Et ses autres alliés révolutionnaires. Alors la vengeance, il se la mettait où il voulait : il ne s'agirait pas de vengeance ce soir. Le sang et la mort, uniquement. La libération des ordures et des rats.


          "Cela ne tiendra pas trois mois ? Faux. Je ne serais pas un bon As si je n'avais pas prévu un atout dans ma manche."
          se gourmanda-t-il, faisant sauter un berry dans sa main.

          La famille royale était estampillée sur toutes les pièces de Goa, que ce fut Anthony, sa soeur ou même Eirikr. Même les enfants y avaient droit. L'assassin fit jouer la pièce entre ses doigts puis l'envoya vers Judas, avant d'ouvrir une petite porte devant eux. Le temps que Judas admire le portrait d'Eirikr sur le bout de métal, Rafael avait allumé la lumière, révélant une pièce faite pour l'entraînement. Des armes en tout genre, des mannequins avec des tenues de son ordre. Les lames secrètes, le crédo. Tout était là, un concentré pur de ce qu'il pouvait rester de leur ordre. Le repaire de Vengeance, un endroit qu'Uther n'avait pu souiller. Un endroit libre de tout traître. L'assassin fit quelques pas et se positionna au centre de ce qui ressemblait à une arène. Eclairé par le plafond, le cercle de dalles ressemblait à un ring élaboré pour les arts de l'assassinat.


          "Attaque moi, que je te jauge."
          lui fit-il, enlevant les plaques supérieures de son armure.

          Il lança le tout au loin, restant face à lui. Il arracha ses bandages et ferma son oeil meurtri. Comble de l'insolence, l'assassin se mit sur le côté, laissant le pouvoir de son fruit à l'arrière de la scène. Ce serait un manchot borgne qui affronterait Judas ici. Il lui fit un petit signe provocateur de la main puis esquiva son premier coup comme s'il l'avait vu venir depuis le départ. Ce qui n'était pas totalement faux non plus, grâce au mantra. L'assassin tourna autour de lui, un sourire amusé sur les lèvres.


          "Le secret, c'est la précision. Force et vitesse. Pas force OU vitesse."
          lui fit-il, s'esquivant sur le côté pour lui claquer le dos de la main sur l'arrière du crâne.

          "Ils ne mourront pas tous, mon ami. Pas si nous leur fournissons un bouc émissaire. Un homme qui hériterait légitimement du trône une fois tout ceci en ruines. Un Prince en exil, un Prince malléable."
          continua-t-il, esquivant une nouvelle attaque de Judas.

          Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas battu en abandonnant tout recourt à son fruit. Mais c'était une chose qui s'avérait nécessaire maintenant. En se dispersant, il faisait une cible trop facile pour les utilisateurs du haki et il devait réapparendre à faire face en temps qu'assassin, en temps qu'homme. Son pouvoir ne devrait être qu'un outil ponctuel, pas un mode de vie. Il était assassin avant d'être fumée. Pas l'inverse. Ses adversaires faisaient montre de talents insoupçonnés, ainsi devrait-il être. La prochaine fois qu'il ferait face à Uther, ce serait en temps que simple homme. Nul logia, nulle fumée. Il serait Il Assassino et il le tuerait. Voilà ce que Judas allait lui apprendre ce soir, à n'être qu'un homme.

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          /!\ Thème

          - La vengeance c'est l'arme du faible pour justifier ses actes. J'te parle pas de l'utiliser, juste de la garder là, tout au fond de toi. Ton leitmotiv... Si c'est ça, quitte tout de suite cette voie. Les révolutionnaire sont des idéalistes qui agitent des drapeaux devant des moulins à vent. Jamais ils ne trouveront oreille maintenant … Depuis Le Dragon, personne n'a jamais pu faire frémir ce géant qu'est le gouvernement.

          Ce n'est pas une excuse, c'est un fait. On baigne tous dans cette tyrannie, depuis notre naissance à notre mort, elle rythme nos vies. Un fait inéluctable, comme l'air qu'on respire, et comme l'arbre pousse. Essayer de la combattre ne fera pas du monde un meilleur endroit. Cela ne ferait qu'empirer les choses et transformer notre faible paix en une guerre totale. Alors autant apprendre à vivre avec.
          De toute façon, Il n'y a pas plusieurs catégories de personnes … Il n'en existe que deux ; Les innocents et les criminels. Pas d'nuance, pas de demi mesure. Faisons nous une raison, et évoquons donc cet idiome : Qui vole un œuf, vole un bœuf. La triste la réalité  c'est que l'on ne peut se fier à un criminel... Pas que les secondes chances n'existent pas ; Mais il faut mériter sa place dans le monde, et c'est pareil pour tout le monde.
          Ce n'est pas parce que tu as causé beaucoup de morts que tu feras un grand héros. Bref, rédemption, pardon, sont des options rarement envisageables et souvent abandonnées. Il est plus facile à l'homme de se convaincre, et de se complaire dans ses vices.

          Je regarde Auditore. Alors, à quelle catégorie appartient tu ? Je ne peux te saisir, tu es la fumée tu t’échappe dès que je tire un pan. Tu m'énerve. Voir ton sourire trop arrogant s'effacer quelques secondes m'serait agréable. Huhuhu. Tu me montre ta colère et ta hargne et cette vengeance, je le sens, est plus vitale à tes yeux que tes compagnons. Je darde sur toi un regard tout aussi courroucé. A ce jeu là on peut être deux, et je m'agenouillerais jamais, suis pas ton larbin mais ton partenaire. Si tu veux deverser la colère des Auditore sur ma petite personne, libre à toi je crains pas grand chose maintenant.

          La salle est grande, aménagée à même la falaise d'ordures qui borde toujours Goa. Je me demande comment ses gens peuvent vivre avec une telle absurdité dans l'champ de vision. En plus son spectre revient par les vents marins dans la ville comme une odeur de mort, annonciatrice d'un désastre. Aujourd'hui elle masque même jusqu'à l'odeur de brûlé, l'odeur d'une révolution en marche et les effluves d'une fin tragique. Dans cette salle blanche, la bâche tirée contre les murs ne suffit pas du tout à les masquer. Ils sont toujours là, présent dans un coin de nos têtes. Le sol est en sable fin, les lampions aux plafonds en faisant scintiller le grain. On voit bien qu'il vient pas du coin, ça été fait pour les longues séances de souffrance en silence. L’entraînement. Je préfère encore une séance intensive sur Impel, plus concret, plus réel. Pas de triche, pas de faux semblant, une bonne castagne c'est plus formateur que toutes les répétitions du monde. J'admire les tenues sur les chevalets, et les armes rangées parfaitement le long du mur de gauche. Au milieu un cercle fait de corde dans lequel pénètre Auditore.

          - Tu es bon, mais ce n'est pas toi qui seras là.

          Je souris. Il est vrais que tromper les autorités est un bon choix. Il faudra commencer par les bâillonner mais je doute que mon camarade ci présent ne les laisse vivre très longtemps. Sur ce point il peut être aveugle, et je ne pense pas avoir entendu parler de clémence dans son dictionnaire. A la pageC on peut voir Châtiment, et il abat sa main de fumée comme un démon. Je l'ai vu combattre, essuyer des pertes innombrables, se faire rouer de coup, tranché, empoisonné. Et pourtant il restait toujours là, debout. Il est toujours là, toujours debout. Son petit sourire en étendard.
          Seulement, ici c'est un prince décadent et faiblard qui devrait rendre des comptes à l'état. Tutu. Sa ne passera pas longtemps, et ils préféreront s'emparer de ce juteux territoire qui ne serait plus défendu ardemment par son roi contre leur gloutonnerie. Mauvais calcul. « Le roi est mort, longue vie à l'EMM » s'empresserait de dire le roi Erikr, s'empresserait d’acquiescer les nobles et se réjouir les bourgeois. Il seront sans doute les plus gagnants du lot à ce moment là. Plus de taxes royales, qui donnaient de la haute trahison aux moindres manquements.
          Non, Goa serait perdu, c'est sûr. Maintenant, il s'agissait de le faire payer chèrement à chaque salauds qui franchiraient ses portes. De piéger chaque recoins de cette ville pour qu'elle devienne un enfer pour eux. Non mieux, une tombe. Leurs tombes. Chaque pas, chaque victoire seraient teintées de sang et de douleur. M'enfin y'a un temps pour tout j'disais.

          Et là c'l'heure du casse-croûte. On se regarde encore en chien de faïence. Un petit échauffement, après la douche froide qu'on m'a passé dans les caves. Ils y faisait froid, tellement que je sentais mes boules rétrécir. Sous mon linge mouillée, ma sueur était chaude. Mon regard se charge de rancœur. J'ai un tambour dans le crâne, lancinant, qui me met en mouvement a peine la fin de la phrase du gamin. Tout mon corps se fend en une charge coup de poing. Un truc massif, pas bien rapide, mais qu'importe, sa vient du cœur. Il en fit le tour rapidement, comme un magicien lors d'une répétition. Même pas l'once d'une sueur, d'effort ou quoi que ce soit. Ce mec est vraiment un monstre. J'avais pris la température, mais il semblerait que le thermomètre est besoin de réglage.

          Sa me rend tout chose, et le voilà qui me punit d'un revers en débitant des âneries. Bien sur que tu vas utiliser Erikr ! Qui d'autre, Stronzzo ? Mais bordel c'qui frappe fort le con ! Sa me donne du tournis et j'avance d'un pas. Ma lourde geta se plante dans le sol. Pour ne plus y bouger. Je parle pas, moi.

          Pas le temps pour ça.

          J'fais violement pivoter mon corps, et mon coude frôle son menton. Il esquive bien. Mais déjà ma droite est partie direction son arcade. Je l’écrase. Dès le départ, je dois pas lui laisser d'ouverture. Sinon j'suis mort.
          Mon pied part en arc remarquable qui passe derrière ses bras tendues. Mon talon percute lourdement son occiput tandis que ma sandale retrouve la terre ferme en une secousse. J'arme mon poing pour un direct a l'estomac. Il a à peine chancelé sous mon pied, je dois y aller sérieux. Je pivote en chatouillant son foie et étendant mon bras de tout son long. Sa devrait l'propulser et j'pourrais alors... Mais voyons voir comment s'en sortira ton fruit avec ça déjà.  

          Eh oui mon pote, j'suis peut être lent mais j'ai de la suite dans les idées. Viens, montre moi tes dents encore une fois, que j'te fasse un petit ravalement de façade.


            L’assassin resta un instant interdit, regardant son poing. Un filet de sang courait le long de ses lèvres. Un sourire amusé se peint sur ses traits, puis il lâcha un petit éclat de rire sarcastique. Il se releva sans forcer et s’essuya le liquide carmin qui lui dégoulinait le long du menton. La vengeance ? Un moteur. Soyons sérieux un instant, à quoi carburait-il donc ? C’était sa force, son leitmotiv. Une facette de son être qui avait forgé son âme et sa cause. Il avait tant perdu, était devenu si faible. Depuis quand n’était-il plus capable de devancer son adversaire sans son fruit ? Depuis quand sa main ne savait plus trouver la faille dans un florilège d’enchaînements ? Il était un assassin, pas une espèce de fumée indolente. Son fruit était un outil, son fruit était une arme au même titre que sa lame. Rafael inspira profondément, faisant craquer sa nuque. Voilà pourquoi Uther avait eu tant de facilité à l’envoyer à terre. Il avait perdu par péché d’orgueil, encore une fois. Cela ne devait plus se reproduire.

            « Tu tapes plutôt fort, en effet. »
            le railla-t-il, se mettant en position de combat.

            Les arts assassins. Un style de combat qui mélangeait une somme incohérente d’arts martiaux, parmi les plus meurtriers au monde. Krav maga, karaté, close combat. Des styles qui n’avaient rien à faire ensemble pour la plupart, mais mis bout à bout, ils faisaient un massacre. Cette force était au service de Rafael depuis de nombreuses années. Des techniques qu’on apprenait qu’à force d’entraînement, de persévérance. Le style de Judas était brutal, naturel. En rien façonné par un mental similaire à celui d’un assassin. Comment pouvait-il se faire dépasser par quelque chose d’aussi grossier ?


            « Mais les assassins sont entraînés. Précis et puissants. Ton style te trahirait en quelques secondes. » poursuivit-il, lui faisant signe d’approcher.

            Il inspira profondément, puis ouvrit son œil valide. Quelques échanges de coups. Ce n’était pas encore ça. Comment faisait-il avant, avec Césare ? Analyse, statistiques. Frappe éclair. Il reculait, esquivait. Et puis … voilà. C’était comme un double de Judas, qui frappait avant lui, un tournant dans l’échange. Il le voyait clairement, le devinait et le sentait. Son mantra allié à ses sens faisait miracle. Levant sa main, il arrêta un direct du colosse, avec un petit sourire goguenard. Sa main seule contenait la force de son adversaire. Un jeu de force brute s’étala entre eux, jusqu’à ce que la main de l’assassin ne fasse basculer sur le côté le poing de Judas. Lentement, un bras de fer qui se dirigeait vers la victoire de Rafael.


            « Moi aussi je tape fort. » répondit-il, recréant sa main de fumée pour l’occasion.

            Et il frappa. Le poing gris cueillit Judas en plein estomac, le faisant décoller du sol jusqu’à l’autre côté du ring. Il s’écrasa dans les cordages.


            « Mon frère se battait presque de la même manière que toi. Il va falloir que tu apprennes à user de ceci. » lui fit-il en lui lançant deux couteaux papillons sortis d’on ne savait où.

            « Il était un stratège incroyable, qui voyait plus loin que le simple échange de coups. Tu as réussi à me surprendre comme il le faisait. Cela prouve que nous avons nos chances. Relève-toi, nous arrêterons le combat lorsque tu feras couler mon sang. Pour le reste … je serais sans pitié. » ricana Rafael, se mettant torse nu.

            Judas était brutal, bien différent de Césare en ce point. Mais avec les mêmes armes, il pourrait faire la différence. Il suffisait d’attirer l’œil, d’agiter les lames nonchalamment et ça ferait son affaire. Quant au reste … ils verraient cela au moment opportun. Pour l’heure, façonner Judas pour le faire ressembler à Césare suffirait. Ils n’avaient pas beaucoup de temps, ainsi donc l’assassin lui ferait rentrer la leçon à la dure : une douleur cuisante à chaque échec.


            « Tu ne m’auras pas avec ta force ou ta vitesse : essaies autre chose. » lui conseilla-t-il, se remettant en garde.

            C’était cet ‘autre chose’ qui faisait toute la spécificité des manières de Césare. Allons, Judas, t’étais certainement de la même trempe, non ? Et ça se sentait … hé hé.

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            Il ne le voyait pas encore. Ils ne le voient jamais, jusqu'à ce que la réalité les rattrape. Et leur claque la face. Et c'moi la réalité dans la plupart des cas. J'y peux rien, c'est un truc passif, j'demanderais à Papa si st'un brin génétique. Un jour, car j'pense que la prochaine fois il m'foutera une sacrée branlée. Alors j’appréhende. Sa fait mal un claque de papa. Le pire c'qu il a eu une belle vie, ce fieffé salaud, j'me demande comment il a pu m'en donner du sermon à droite, et du sermon à gauche. Il a du en voir des vertes, des pucelles et des mûres ! Hahaha.
            J'me recentre sur l'assassin. Rafaelo à un étrange regard, presque hagard mais surtout courroucé. J'ai frappé un point sensible ? Normal, j'y met souvent un poing d'honneur. Auditore, t'reste des cartes dans les manches nan ? Forcément que tu as encore quelques tours dans ton sac, magicien. Nécromant. Tu danse avec la mort, t'la chevauche comme une pucelle et t'aurais pas d'quoi percer mes défenses ? Nani. C'est pas en sous estimant ton adversaire qu'tu vas rester en vie. Il faut jamais reculer, toujours avoir confiance en sa puissance. Par contre, faut savoir rester dans les clous. Comme quoi la réalité st'un peu un truc à double trancheuses. Si t'mets la mains trop prêt, t'pourrais plus la revoir d'si tôt.

            T'sais, la baston c'est pas toujours dégeulasse. Dès fois on dit qu'c'tun sport -avec un air aristoche et constipo-sophistiqué  st'encore meilleur. S'iouplait M'ssieurs. Un sport ! Un truc qu'on commente et qu'on aime voir le samedi soir, avec bobonne et les cinq rase-paillasse. Y'a des mecs, ils vivent que pour st'explosion à la fin, et cette page blanche qu'il peut écrire avec sa tambouille verbale. Seulement s'toujours infecte. On essaye pas de m'faire avaler des couleuvres ou des vessies d'lanterne, un truc comme ça.
            Auditore semble amateur. En même temps la parlotte sa l'connait. Alors j'cogite. Et j'cogite vite et fort. Il faut qu'je me sorte de sa toile. J'me sens comme pris au piège d'puis le début. C'pas-rah-normal.
            L'assassin m'fait un signe et j'rentre dans sa garde avant d'obliquer vers l’extérieur avec des jabs. Il s'baisse et s'rélève comme un acrobate et m'esquive tout ! Encore une fois ! Tout un travail à refaire. C'est franchement pas évident c'que je me coltine aujourd'hui. On dirait qu'il sait d'ja ce que je vais envoyé à l'avance. J'innove en feintant, il s'cambre et glisse aisément hors de ma portée.
            On se déplace vers son extrémité du terrain. Il se stoppe avant les cordes tendues en rond dominion. J'arme une frappe et en lance une seconde, sacrément sèche … Elle pourrait te surprendre salopard d'assassin ! J'ai d'la reserve.
            J'crois faire mouche, mais mon professeur en arts occultes est encore debout. Sa main valide bloquant mon poing en forme d'enclume. J'sens comme une brise légère. Enfaîte c'est mon corps qui vole à travers le cercle d'exercice. J'plane sur trois mètres, roule sur le sol en m'protégeant l'crane, directe dans l'cordage. Une douleur irradie dans mon estomac comme un mauvais lendemain d'cuite. Pour soulever et projetter plus d'cent kilos d'muscles, t'es couillu, Auditore !

            Malheureusement …

            - Mon quoi ? Sss-tyle ? C'quoi ce truc, sa se mange ? J'vais t'dire un truc Auditore ; dans un combat, y'a rien d'autre que deux bonhommes qui s'tapent sur la tronche. Et l'meilleur l'emporte. Après tu peux t'agiter en f'sant la pose du septième lotus une plume dans luc*, sa change pas grand chose. Allons … Viens... Laisse moi te montrer.

            Mon discours trahis un tout autre discours. Oops, j'crois ma langue à fourché. Mais t'sais faut m'excuser, j'suis à la détente moi monsieur. J'ai une excuse m'sieur Auditore, j'vous jure ; Quand t'fais deux mètres cinquantes l'temps que l'idée naisse que t'as d'ja les deux pieds dans le plat. Il m'conseille. J'ecoute. Pas'que son plan m'a convaincu, et que la dette cours toujours. J'attrape les deux instruments par le manche. Serieux, une arme blanche ?

            - Pffff franchement, tu m'emmerdes.


            Les deux instruments font retour-à-l'envoyeur par la première poste expresse. Lame ouverte. Tourné vers toi. Même si en trente ans, j'ai pas bûché sur toutes les armes qui existe ici bas, sa s'en rapproche. J’emboîte le pas des cures dents d'une charge décidée. Un peu trop peut-être, parcequ'il voit venir l'assaut derrière le rideau d'fer.
            Il a juste le temps de reculer, de rouler, de bouler, et d'attraper une rapière sur l'établis tout proche. Ma chute sur le cercle de corde l'a percé. Il n'y a plus de limites. D'un savant arc d'cercle, il détourne les armes et j'sens comme un gargarisme naître dans sa gorge. Pas d'sermon ce soir ! J'lui cloue le bec parce que je l'rattrape d'un bond. L'office est close, maintenant ce n'est plus que les coups et les chocs, les cris et la douleur.
            Seulement, ça aussi, tu l'avais prévu. Tu entre dans mon cercle en passant sous mon bras ; Tu me punis d'un atémi au côté assez douloureux. On aurait dit un xylophoniste qui se serait acharné sur son instrument. Bordel, j'chante pas la même chanson moi. C'est ta partition, j'ai l'impression d'être une note baladé sur un rythme dont j'connais rien.

            Y'a qu'un truc de sûr que j'connais, c'est comment s'battre. J'y ai consacré ma vie, près d'une vingtaines d'année à essuyer et à moucher. Endurer, encaisser et survire. Tant qu'on reste en vie, c'est le principale... C'est ce que j'ai appris. Il fonce sur moi pour me montrer sa force, faisant preuve d'son habilité par une cabriole. Auditore est près du mur et se sert de son élan pour sauter au d'ssus d'moi. Il m'domine, c'est clair.

            J'décide de pas bouger, pas'que sa lui fera raté son coup, mais au moins j'ai l'temps de m'y préparer. Mes bras s'élèvent quand il amorce sa descente vers moi. Tout ça m'parait clair. Son corps tendu, son pied rabattu pour feindre un hig kick démentiel. Sa mains qui amorce un mouvement circulaire pour m'frapper à la machoire. Il compte me mettre hs avec ce coup.  Il y croit. J'dois lui montrer que même pour lui, me foutre des mandales suffira pas à régler nos comptes.

            Au dernier moment, j'recule d'un d'mi pas. Juste de quoi profiter à fond de sa force et d'la mienne. J'aime partager des trucs avec toi, l'ami. Son poing s'abat sur ma garde réduit d'moitié et mon aut'coude percute alors son plexus. J'aime aussi beaucoup aussi l'sens métaphorique d'notre histoire … Tu avance, tu recule... t'connais la chanson.

            - Rien a battre d'qui, d'quoi et d'comment ! L'important c'est que sa marche !


            Je t'en prie, relève toi. Pass'que j'le reconais, avec toi j'ai l'impression d'avoir du répondant, et suffisamment de mordant pour m'faire rentrer des trucs dans la caboche.
              T’es pas au point, Rafael. La force brute, tu sais que ça suffit pas. Pourtant, ça passe. Pas à chaque fois, mais ça passe. T’as beau te relever, regarder ta main et sourire. Tu sais que t’as changé, que t’as pris du galon. Cette boule dans ton ventre, qui explose et se diffuse jusqu’à tes extrémité. C’est l’excitation. Celle que t’avais ressenti en voyant Staline écraser les autres Marines. T’aimes te battre, t’as fait que ça de ta vie : encore heureux que tu aimes ! Lui ricaner au nez, ça change rien. La marque rouge sur ta peau en atteste : il est balèze. Assez pour endosser la carrure que tu lui destines. Et ça te fait plaisir. Que ce gars là ait les épaules. Pas la finesse, mais les épaules. Le tout est de faire croire assez longtemps au monde qu’il est la cible. Que ton frère regarde à travers l’œil de la Marine ce que tu fais. Pas pour qu’il soit fier. Non, pour qu’il sache que tu n’avais plus besoin de lui pour te surveiller. Une sorte de paix intérieure, tout ça. Des sentiments complexes, et certainement chiants à expliquer.

              « Ton style, Judas, c’est ça. Brut de décoffrage. Mais ce qu’il faudra pour donner l’illusion, c’est un peu plus de finesse. »
              répondit l’assassin, marquant une pause dans l’affrontement.

              Il arracha les couteaux et les fit jouer dans ses mains comme son frère en avait l’habitude. De l’esbroufe, du style. Rien que de la poudre aux yeux.

              « La duperie et la mise en scène sont des armes puissantes : nous ne sommes pas dans un ring ici à Goa. C’est une révolution. » poursuivit-il, lui lançant une des armes.

              « Ce que je veux de toi, c’est que tu mènes les troupes en te faisant passer pour mon frère. Que tu attires l’œil suffisamment longtemps pour me permettre d’entrer en scène. Alors pour ça, il faut que tu entres dans un petit moule, le temps que j’agisse. » continua Rafael, jouant avec son couteau.

              Ce faisant, il passa sur le côté de Judas, feintant à droite pour le prendre par surprise. Il traça un sillon carmin sur son flanc, juste pour lui montrer qu’il pouvait le faire. Glissant dans son dos, il s’appuya sur le mur pour sauter au-dessus de lui et lui claquer le nez du bout des doigts. Plus le combat s’éternisait, plus il retrouvait ses réflexes, sa morgue. Il encaissa un coup puissant en plaçant son bras en protection. Le coup le fit reculer d’un pas. Pourtant, cela le fit sourire. Sans s’en rendre compte, il avait développé une force surhumaine, alliée à une endurance qui n’avait plus rien à voir avec ce qu’il était avant. Comme lorsqu’il avait fendu le roc à Drum. Une impression de toute puissance qui le laissait perplexe. Depuis quand était-il capable de telles prouesses ? Se pourrait-il que l’usage de son fruit l’ait rendu inapte à se concentrer sur ses propres qualités ? Quoi qu’il en fut, il ne pouvait pas affronter Uther avec son fruit. Alors il devrait s’améliorer, encore et encore.


              « Et ce moule exige que tu agites cette lame. Je te parle pas de t’en servir : seulement de sourire lorsque la caméra sera sur toi. » lui fit l’assassin, se fendant en arrière pour éviter son direct.

              Il le blessa de nouveau du bout de la lame. Le couteau lui donnait une allonge légèrement plus grande et un avantage certain. Si Judas était un homme de poings et de puissance, Rafael était indéniablement doué avec les armes. Au corps à corps, il excellait avec. Ne lui avait-on pas collé une épée dans les doigts alors même qu’il apprenait à marcher, après tout ? N’avait-il pas été façonné pour devenir un expert ? Alors pourquoi s’en étonner. L’assassin para l’assaut de Judas et se fendit sur le côté pour l’entraîner avec lui, poussé par sa propre force. Il le fit basculer par-dessus et le mit à terre avant de se relever. D’un geste fluide, il envoya le couteau se planter à côté de sa tête.


              « Ta force sera utile, assure toi seulement de briller le temps que je fasse tout exploser, hé hé. » fit Rafael, portant soudain sa main à sa joue.

              Il regarda ses doigts rougis par son sang, et un sourire amusé se peint sur ses traits. Sa peau avait été entamée par Judas, laissant s’échapper un filet carmin qui dégoulinait jusqu’à sa lèvre. Il essuya ses doigts et tendit sa main vers l’intéressé, afin de l’aider à se relever. Non pas qu’il en eut besoin, mais le combat était à présent terminé.


              « Si tu le souhaites, un de mes hommes se tiendra à ta disposition pour t’aider à te fondre dans ce moule. Tu enfileras ta tenue le moment venu. Pour l’heure, je dois m’éclipser, nous nous verrons demain. » lâcha l’assassin, avant de saluer Judas d’un poing sur la poitrine.

              « Bien joué. » fit-il avant de disparaître dans le fond de la pièce.
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