[M]ain de fer et géant d'acier.

Lilou, je sais que tu voulais bien faire, et qu’entre nous, tu as sans doute bien fait même si la méthode était discutable… Mais tu ne peux pas créer un incident diplomatique entre Alabasta et le Gouvernement Mondial comme ça ! Si à chaque fois qu’on arrive sur une île tu commences par détruire les locaux, on va au-devant de très gros ennuis ! Il faut que tu te mesures un peu ! Attraper des criminels, c’est important, mais faire preuve de prudence et être diplomate, ça l’est encore plus… Enfin, je dis ça, mais je trouve ça aussi pas mal chiant…
Je saaaais… Désolée… Il y avait juste urgence, j’ai agi pour le mieux sur le moment…
Pourquoi tu n’as pas essayé de me joindre ?
Ils ne voulaient pas que je téléphone… J’ai demandé pourtant ! Mais le temps que tu arrives, Jörg serait sans doute mort et LKD en fuite !
Je sais Lilou… Mais maintenant que tu es une marine, qui plus est une scientifique, tu es soumise à plus de loi et de protocoles qu’avant… C’est fini les aventures de la petite civile qui n’en faisait qu’à sa tête… Tu dois être responsable de tes actes et assumer les conséquences…
Pardon Salem…
Ce n’est pas auprès de moi que tu dois te faire pardonner… C’est auprès du peuple d’Alabasta, qui a vécu ces quelques jours d’angoisses… Tu as provoqué une panique à Rain Base impressionnante ! Et je viens de passer une heure au denden avec la Reine du Royaume, je me suis jamais fait passer un savon comme celui-ci… Elle m’a demandé de te repasser le même alors…
Tu vas me frapper ? Je trouverais ça normal ! Frappe-moi, je le mérite !
Mais t’es malade ou quoi ?! Je vais pas te frapper ! Tu vas trouver un moyen de tasser cette histoire. Une solution diplomatique. Avec ce que tu sais faire, tu y arriveras sans aucun souci…
Hihi…
C’est quoi ce petit rire qui n’annonce rien de bon ?
J’ai déjà trouvé, Salem !
Bon, avant de te mettre au boulot, tu vas me montrer ce que tu as l’intention de faire… Et je te donnerais mon approbation si c’est une bonne idée, d’accord ?
Oui, j’ai ! Tu vas être fier de moi ! Regarde… CA !
Euh… C’est très joli, mais qu’est-ce que c’est ?
Mais enfin, ça ne se voit pas ? C’est Bee !
Tu me trouveras sans doute très bête, mais je vois pas le rapport entre Bee et une solution diplomatique… Tu vas leur donner ?
Non ! Je vais l’améliorer pour reconstruire ce que j’ai détruit ! Il sera équipé d’une foreuse, d’un monte-charge, de plein de trucs comme ça ! Comme ça, personne n’aura à se casser le dos ! Avec un peu de chance, il pourra même porter des poids très lourds ! Je vise la tonne, presque ! Voire plus ! Et puis, j’ai fait stopper les travaux à Rain Base le temps que je le mette au point !
Tu as fait QUOI ?! Lilou… Je sais que tu veux bien faire, mais tu ne peux pas utiliser tes accréditations pour ça !
J’ai juste demandé à ce que personne n’y travaille le temps que je termine, que je ferais ça toute seule pour ne pas qu’ils perdent du temps et de l’argent à le faire… Je trouvais ça normal de m’en occuper seule, pour que personne n’ait à souffrir de mes actions…
Bon, va pour cette fois, mais ne ralentis pas le chantier trop longtemps… Tu en as pour combien de temps pour monter ça…
Et bien… Le temps que je trouve les matières premières et que je les travaille ça devrait me prendre une poignée de jours… Si je fais au plus vite, je peux terminer les rénovations de la prison à la fin de la semaine…
Je t’en donne quatre, de jours.
Quatre ?! Mais Salem ! C’est impossible, je vais devoir travailler jour et nuit !
Oui.
Mais pourquoi ?! Je préfèrerai que tu me frappes ! Cogne là ! Juste là sur la pommette ! Si tu tapes assez fort, je ne crierai pas très fort, je tomberai directement dans les pommes !
Arrête ça ! Tu ne peux pas stopper un chantier aussi longtemps, surtout pour une prison qui reçoit toujours des prisonniers.
Maiiis Saleeeeeeeem…
Lilou, tu as du boulot, non ? Tu devrais t’y mettre.
RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
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C’est là !

Elle avance à pas de géant dans cette grotte qu’elle a déjà exploré par le passé. Pioche en main, elle s’y enfonce et allume une torche qu’elle met devant elle pour mieux explorer. Sur les parois, de la roche, de la roche, et encore de la roche. Mais elle ne désespère pas et s’enfonce un peu plus dans la pénombre, quittant le désert glaciale d’Alabasta du milieu de nuit. Bee sur ses talons, qui tire une sorte de petite charrette contenant toute sorte d’outil, il la suit de près en silence, se dandinant sur ses pattes palmées. Il sursaute en croisant des cadavres putréfiés de scorpion. Il s’étonne en admirant l’architecture visible dans cette grotte.
Des maisons qui s’effondrent, mais des maisons quand même. A l’intérieur, des meubles poussiéreux, recouvert de sable. L’endroit laisse l’impression d’être un lieu où la vie a disparu soudainement. Une oasis au milieu d’une tempête de sable qui n’aura pas résisté plus longtemps… Lilou n’y prête pas attention, elle a déjà vu tout ça. Dans la précipitation, certes, mais qu’importe maintenant. C’est joli, ça ferait sans doute le bonheur de tout bon explorateur, mais ce n’est pas son cas. Elle est là pour une seule raison.

Passant une main sur une paroi rocheuse, elle cherche à tâtons ce qu’elle a cru voir en y passant. S’étant documenté au préalable, elle sait que le désert contient tout ce qu’elle peut désirer aujourd’hui. Des grottes et mines de titane. Même en petite quantité, diffuse, partout dans le désert, elle pense pouvoir en trouver ici. Et elle n’a pas tort, par chance. La roche est parsemée d’une couleur noirâtre, le sable lui aussi. Sans parler des propriétés chimiques et des noms complexes, Lilou se trouve soulagé de distinguer cette spécificité dans cet endroit. Elle n’a pas fait la route pour rien. Elle n’a pas à chercher plus loin, ni à creuser plus.

Elle tâtonne encore pour chercher un endroit ou piocher ne fera pas s’effondrer la grotte sur elle. Prendre des risques inutiles ne l’enchante pas. Lorsqu’elle estime que la grotte pourra soutenir un trou supplémentaire, elle se saisit de la pioche qu’elle tient à deux mains et envoie un coup net et puissant dans la roche qui lui fait face.

Et des heures durant, alors que la nuit laisse place au soleil.

Coup de pioche.
Les gravats s’amoncèlent aux pieds des deux amis.

Coup de pelle.
Ils sont triés, placé dans le chariot…

Et jusqu’à ce que le soleil laisse place à la nuit.

Les gravats débordent, ils sont contraints de faire une allonge pour pouvoir tout porter.

Les allés retours vers le dehors s’enchaine à un rythme soutenu.

Et jusqu’au soir même. Encore.

C’est vers cinq heures du matin qu’elle se dit qu’elle avait de quoi faire. Devant elle se dresse une montagne de gravats sur son énorme chariot. Elle vérifie l’heure et estime qu’ils en ont assez. Qu’au pire, ils reviendront comme des voleurs au milieu de la nuit. Regardant son amoncellement de gravats, elle pousse un long soupir et essuie la terre sur son visage poussiéreux. En vain.

Une douche ne lui ferait pas de mal.

Mais ils ont encore un long chemin à faire jusqu’au Léviathan, et elle préférerait ne pas créer un folklore autour de ses travaux. Bee attrape la corde pour tirer sa luge, tandis qu’elle et lui reprennent la route vers le Léviathan.
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Capitaine, vous… Vous ne devriez pas remonter ici…
Qu’est-ce qu’il y a Sergent ?
C’est-à-dire que… Le pont et tout le navire est un peu occupé !
Occupé ? Comment ça « occupé » ?
L’ingénieur en chef a expressément demandé que personne n’accède au pont avant demain matin…
Ah oui ? Et en quel honneur je vous prie ?
Désolé Capitaine, nous n’avons pas pu l’en empêcher ! Le navire entier est envahi ! C’est terrible ! Nous ne pouvons plus faire un pas sans nous marcher dessus !
Mais vous entassez des cadavres ou quoi ! Poussez-vous !

Salem remonte la passerelle à vitesse grand V, soudainement pris de panique. Il s’attend sans doute à voir le Léviathan repeint en jaune canari, mais la réalité le surprend d’autant plus. Il marche sur des gravats qui craquent sous son pied. Devant lui, autour de lui, impossible de faire un pas sans piétiner des petites pierres grisâtres. Le Léviathan en est recouvert, quasiment totalement. Les portes dégueulent de cailloux. La mâchoire lui en tombe au niveau des genoux tellement il n’en revient pas… Et une seule personne responsable de tout ce capharnaüm…

Lil…

Il bondit, plein de colère en s’avançant à pas de géant vers son ingénieur en chef. Se plantant devant elle, il lui tapote sur l’épaule pour attirer son attention. Elle relève des lunettes de protection et le regarde avec l’air circonspect :

Lilou, qu’est-ce que c’est que ce bordel ?!
Mh ?

Le Contre-Amiral semble comme fou, il montre du doigt l’amont de gravats qui se dresse devant eux et recouvre une partie du mât.

Ah ! C’est du titane à l’état brut ! Je m’occupe de ça très vite, Salem, promis !
Mais Lilou !

Tournant sur lui-même, il attend des explications. Les hommes qui l’ont escorté, se couchant presque à terre pour que le haut gradé n’ait pas à se salir les pompes, semblent aussi pris au dépourvu que lui. Et le pire, dans tout ça, c’est que la jeune femme ne semble pas du tout comprendre ou est le souci. Elle continue, imperturbable, malgré les petits cris de l’amiral qui ne sait plus où donner de la tête…

Je sais, je sais, je prends de l’espace mais je ne peux pas faire autrement !
T’es allée forer ça toi-même ? Mais t’es malade ! Mais… Y’en a jusqu’où… ?
J’ai un peu envahi ta chambre, j’espère que tu ne m’en veux pas…
Ma… Ma… MA CHAMBRE ?
Oui, y’avait plus de place à l’extérieur… Mais j’ai réglé le problème, Salem !
JE VOIS PAS COMMENT TU PEUX REGLER CE PROBLEME ! MA CHAMBRE ! MON NAVIRE ! MES COULOIRS ! LILOU !
J’ai installé un campement sur la plage pour tous les hommes ! Et je t’ai réservé une chambre dans un des hôtels d’Alabasta !
Tu as ! Quoi ? Attends… Un hôtel tu dis ? Lequel… ?
Celui près du port.
Celui avec les jolies hôtesses ?
Oui !
Héhé… Héhéhé… Travaille bien Lilou…
Ouais, amuse-toi bien !
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Tu as besoin d’un coup de main ?

Nuit presque noire. Toujours à quai, il n’y a que le son d’un marteau sur le métal qui chauffe doucement. Crépitement, coup, crépitement, titane qui se tord, titane qui cri. Et au milieu de ça, Double Face qui se tient droit comme un piquet dans une tenue négligée. Rien d’inconvenant lorsqu’on sait l’heure tardive. Il regarde d’un œil distrait les plaques de métal, aussi longues que larges, posées contre la balustrade. Il les touche, admire le travail et le temps qu’elle passe sur ce projet farfelu. S’avançant, il se plante à côté d’elle, elle relève ses lunettes de protection en essuyant d’un revers de gant la suie et la transpiration de sur son front.

Désolée, je t’empêche de dormir ?
Un peu, mais je n’ai pas vraiment sommeil…

Regard complice, elle lui fait un sourire et reprend là où elle en était avant l’arrivée de Double Face. De nouveau, le marteau rencontre le métal qui durcit lorsqu’elle le plonge dans une énorme bassine d’eau.

Ça avance ?
Doucement…

Oswald transforme sa main en un marteau massif et le montre à Lilou. Il attrape la plaque de Titane et lui intime une proposition qu’elle ne peut refuser. Réveillé pour réveillé, songe-t-elle, il peut bien se distraire ainsi. Elle étend sous les yeux d’Oswald la découpe et les courbes que doivent prendre chacune des pièces qu’il forgera cette nuit. Il acquiesce simplement. Elle enlève ses gants et se tourne vers Bee qui attend depuis des heures maintenant. Un ordre suffit à le faire sortir de son demi-sommeil éveillé, à ce qu’il se transforme. Le robot s’étend sur toute sa longueur et se fige en une armure totalement inanimée. D’un gris anthracite, elle renvoie la lumière du croissant de lune et les quelques autres qui parsèment le port d’Alabasta.
Lilou attrape l’une des plaques déjà prêtes et sort boulons et vices pour se mettre au travail. Escabeau sorti pour l’occasion, elle s’attaque au haut de la structure, renforçant progressivement les bras et les avant-bras de Bee. Tournevis en main, perceuse dans l’autre, elle se met au travail sans regarder en arrière.

Il fait beau, hein ?
Je ne sais pas trop… On est au milieu de la nuit, alors…
Héhé, certes. C’était une manière d’engager la conversation.
J’avais compris. Tu as rencontré Wallace, alors ?
Ouais. On a combattu ensemble…
Premier grand combat en ta compagnie, ça devait être sympa !
T’aurais aimé !
Dis voir… Il t’a proposé un rendez-vous pour son suivi psychologique de je sais pas quoi ?
Oh, ça. Oui.
T’y es allé ?
Oui…
C’était… Comment ?
Vraiment étrange... Il s’est senti super heureux parce que j’avais une tête bizarre. Qui s’extasie de ça, hein ? Il t’a proposé de venir aussi, c’est ça ?
Ouais. Mais j’y suis pas allée. Ça fait le troisième lapin que je lui pose, va falloir que je me motive.
Héhéhé…

Elle se stoppe, se tourne vers son complice en relevant ses lunettes.

Disons que je n’ai pas envie de passer une heure enfermée dans une pièce à rabâcher du Drum. Ou à parler de mes bêtises ici. Je sais que j’ai fait des bêtises, pas besoin de prendre une heure pour me le rappeler.
Je te comprends…
On ne peut pas rester fixé sur le passé, ça n’aide pas à aller de l’avant. Son dossier, il devrait pouvoir le faire rien qu’en nous regardant : si on continue à vivre, c’est qu’on a la conscience plus ou moins tranquille. Et qu’on fait tout pour aller mieux. Mise à part Stark, personne a péter de câble, et quoiqu’on en dise… Le revirement de Stark n’était pas non plus surprenant. Mh… Vous avez parlé de quoi ?
Euh, je crois qu’il a dit que ça devait rester entre lui et moi alors… Je sais pas si je dois t’en parler.
Et c’est sur plusieurs rendez-vous, tu crois ?
Oui…
Oh merde…

Oswald éclate de rire, continuant la conversation en rythmant ses paroles à l’aide des coups de son marteau sur le métal.

Hier, j’ai fait bouger des affaires dans la cale C pour colmater une fuite. J’ai croisé Jones. Il m’a dit « Salut ».
Non ? T’es sérieux ?
Ouais !
La classe !


*

Voilà, fini.
Hey, merci. On fait une bonne équipe.

Plantés devant l’armure qui s’anime progressivement, ils regardent tous deux les mouvements de Bee qui se met à marcher pour se faire à son nouveau matériel. Le robot regarde ses mains, remplacées par une pince et une scie géante, ses plaques qui pèsent bien plus lourds que les anciennes. Il tente un peu, deux pas en avant. Constate qu’il est moins rapide et agile, mais paradoxalement, il se sent capable de porter de lourdes charges. Sous ses pas, le plancher du pont craque dangereusement. Il se stoppe et, pris de fatigue, décide simplement de se retransformer en armure et de se mettre dans un coin. Lilou fait un sourire, se tourne vers Oswald et lui tape sur l’épaule : il est temps pour eux de faire la même chose. Au moins pour lui, parce qu’elle doit d’abord nettoyer le pont.

On devrait en profiter pour dormir une heure ou deux. La relève du matin est dans trois heures, ça sera toujours ça de pris pour se reposer.

Oswald hoche simplement la tête, s’apprête à partir. Mais elle l’interrompt et se met sur la pointe des pieds pour déposer sur sa joue un bisou plein de bon sentiment qui précède sa parole :

Merci.
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Aaaaaah ! Aaaaaah pose-moi Lilou !
Désolée… Je… Je sais pas trop comment il marche !
Non pas par-là !
Attends…
Ni par-là ! Ah !
Mince !
Fais attention !
Pardon… !
Je vais mourir, je vais mourir !
Mais comment tu as fait pour t’emmêler là-dedans ?!
Mais ça m’est tombé dessus !
Hanlala ! Je… Hi ! Je sais pas où je vais !
Non ! Non ! Ne m’attrape pas avec la scie ! Pas avec la scie ! Ah !
Pardon je… ! Hiii !
Aie !
Pardon Oswald !
Aieuh !
Je ne le fais vraiment pas exprès, je te jure !

Le robot va et vient, piétine le sol en se tournant de gauche à droite. Il tente d’attraper Oswald qui pend la tête en bas dans sa pince, mais n’y arrive pas. La chaine qui tient le lieutenant-colonel fait des mouvements larges, envoie la tête de l’homme rencontrer des obstacles sans le vouloir. A l’intérieur, la rouquine s’excuse piteusement d’une voix grave, voix déformée par l’écho dans la carcasse métallique qui lui donne une tonalité d’outre-tombe et saccadée. Au loin, deux silhouettes et une escorte s’approche à grand pas : Le contre-amiral Fenyang suit de près la reine de ce royaume, Vivi, en la tenant par le bras comme tout bon homme ferait.

Vous verrez, les travaux sont quasiment terminés et…
Contre-Amiral, est-ce normal tout ce bruit ?
Je… Je ne crois pas…

Les deux pressent le pas pour comprendre ce qu’il se passe et tombent devant un paysage presque chaotique. Les deux zouaves se stoppent en apercevant le Contre-Amiral qui les regarde d’un air sévère :

Qu’est-ce que vous faites ?!

Difficile de ne pas comprendre qu’ils font n’importe quoi. Oswald a des bosses sur la tête et Lilou continue de s’excuser, limite à supplier son coéquipier de ne pas lui en vouloir.

Est-ce que ça va ?
NAN ! Oswald est coincé dans les chaines et je ne contrôle plus rien !
Au secouuuuurs ~ !
Rahlala…

Salem sort son meitou et tranche les chaines qui retiennent son second. Oswald, lui, tombe dans le sable et mord la poussière sans broncher. Alh’ revient vers lui pour le remettre sur ses jambes, s’inquiétant de son état de santé après toutes ces péripéties :

Ça va ?
Oui… Oui, merci Capitaine… Je… J’ai la nausée…
Pfffou…

Entre temps, Lilou s’est libérée de sa machine infernale, qui ne bouge à présent plus d’un iota. Elle se rue vers les deux hommes, rapidement rejoint par la Reine du Royaume. La rouquine se jette au pied de son coéquipier bicolore pour se faire pardonner de cette mésaventure, mais Oswald s’esquive vite, craignant sans doute de passer un autre mauvais quart d’heure. Il est, de toute façon, beaucoup trop nauséeux pour avoir envie de quoique ce soit, question de dignité qu’il dit en détalant comme un lapin. Et Salem sort entre temps son denden de son veston et somme Wallace de venir s’occuper d’Oswald dans les plus brefs délais…

On a fini mais c’était vraiment laborieux…
Comment est-ce qu’il a réussi à s’emmêler là-dedans ?
Il était en train de finir les détails sur la fenêtre à barreau extérieur et…
Vous avez mis un cœur comme fenêtre ?
Euh, oui… Et donc je devais le redescendre mais j’ai fait un mouvement trop ample et il a failli tomber. Les chaines qui le maintenait se sont emmêlés autour de ses jambes et…
Mais un cœur, pour une cellule de prison, ce n’est pas un peu bizarre ?
Si, un peu. On aura qu’à donner la cellule à un prisonnier exemplaire ! Bref, je disais qu’il s’est retrouvé pendu la tête en bas sans réussir à se démêler…
Vous avez tout fini ?
Oui. Tout. Les finitions, les briques, la fenêtre, les meubles à l’intérieur, tout ! Ça nous a pris quasiment quarante-huit heures… Nous avons même peint les murs…
Peindre les murs ? Dans une prison ?
Je sais, mais je voulais vraiment bien faire…
Et Bee… Il fonctionne ?
Encore un peu raide, et dur à maitriser, mais il devrait se faire avec le temps…
Cette machine est à vous ?
Euh… Oui.
Reine Nerfertiri… Je vous présente Bee, un robot canard. C’est l’ingénieur Jacob, ici présente, qui l’a fait de ses mains.
Vous savez, moi aussi j’ai un canard. C’est un canard de course. Il s’appelle Karoo. Je pense que les canards sont les meilleurs amis des hommes… Vous ne croyez pas, vous ?

Esquissant un sourire, Lilou s’incline respectueusement devant Vivi :

Je crois qu’on est faites pour s’entendre…
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