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[R]epartir à Zero

Channelle parcoure les longs couloirs de Navarone, perchée sur ses hauts talons. Tournant d’un côté, elle revient sur ses pas la minute d’après, cette fois-ci armée d’un sèche cheveu et d’un dossier qu’elle tient fermement en main. C’est en trottinant qu’elle arrive bien vite devant le bureau du Vice-Amiral Otto Anderman, qu’elle pousse la porte sans frapper, s’affichant avec des yeux papillonnants et une tenue d’officier rose devant son supérieur :

Ils arriiiiveeeeeent ♥
Fort bien !

L’homme abat un tampon sur un dossier avant de se lever de son siège et suivre d’un pas conquérant la commandante.

*

Êtes- vous prête à prendre ces fonctions, mademoiselle Jacob ?

Accoudée à la rambarde, je regarde devant moi sans rien penser, n’écoutant qu’à peine la question de Shiro qui m’a rejoint. Devant nous, la base Navarone montre le bout de son nez, forteresse au milieu d’un océan changeant, ou nous allons faire escale. Après tout ce temps passé au large, voir un endroit ou poser pied qui ne tanguera pas, ça me fait plaisir. Je me racle la gorge et me redresse pour faire face à mon supérieur qui attend toujours une réponse :

Je n’ai pas vraiment le choix.

Shiro sourit mais semble déçu de la réponse. Il espérait sûrement plus d’engouement. Pas faute d’avoir essayé pourtant. La joie n’est au rendez-vous pour personne sur le Léviathan. Pas depuis la scène finale d’Alabasta. Difficile de remonter le moral des troupes quand notre propre moral se trouve plus bas que nos chaussettes…

L’ingénieur Genzo est un homme bien, mais les derniers évènements nous montrent qu’il est plus que temps qu’il reste… a un post moins risqué. Le stress post-traumatique diagnostiqué par votre médecin montre qu’il ne peut pas assurer l’entretien du navire… Mais… Je ne voudrais pas que vous vous sentiez forcer de prendre cette promotion et je peux faire jouer mes relations pour appeler quelqu’un d’autre pour gérer le Léviathan… Si vous voulez ?

L’Amiral, depuis notre départ d’Alabasta, fait son possible pour tous les membres du navire. Il se plie en quatre, comme s’il se sentait coupable de ce qu’il s’était passé. Je peux le comprendre. On se sent tous coupable, ici. D’avoir été là, ou ne de pas avoir agi. De ne pas avoir sauvé tout le monde. De ne pas être assez fort. Regretter n’avance à rien, il faut regarder vers l’avant désormais et anticiper pour l’avenir :

Non ! Ne vous cassez pas la tête… Vous savez, ça ne me changera pas de d’habitude… Je faisais déjà son taff avant d’avoir sa place.

Le trait d’humour le fait sourire et le rassure sans doute. Au moins, certain sont encore capable de rire, même après toutes ces histoires sans queue ni tête…

La division scientifique n’aura pas vu une progression aussi rapide depuis bien longtemps !

Je le salue, il fait de même et tourne les talons pour prendre le pas vers un autre attroupement. Je l’interromps, une question au bord des lèvres :

Amiral ?
Oui ?
Qu’est-ce qu’il nous attend maintenant ?
Du travail. Et des nouvelles recrues compliquées selon le Vice-Amiral Anderman… Et beaucoup de travail.
Et vous, qu’est-ce que vous allez faire ?
Arrêter de prendre des vacances, ça ne me réussit pas du tout !

*

Le Léviathan approche vers l’entrée de Navarone. La marée haute et les vents forts nous permettent d’approcher bien vite de la grande entrée de la base. Même si le Léviathan est un navire immense, la taille de l’île, des roches, des parois, le rendent minuscule… Et j’ai l’étrange impression que pour l’habiter, l’homme a dû se rendre aussi habile qu’une fourmi. Vent qui fouette le visage, regardant droit devant avec des yeux émerveillés, une voix perce de plusieurs hauts parleurs :

OUVREZ LES POOOOORTES !

Et un grincement assourdissant retentit devant nous, avant qu’une mince ouverture nous donne l’occasion d’admirer l’intérieur de la base.

Navarone.
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Kestuno Fenyang parcoure les longs couloirs du Léviathan à la vitesse d'un missile, Sarkozyzy haletant sur ses talons. Tournant d’un côté, elle revient sur ses pas la minute d’après, cette fois-ci armée de son uniforme complet, son manteau de lieutenant-colonel, de son sabre et d’un dossier qu’elle tient fermement en main. C’est presque furax qu'elle frappe du pied, et de toute ses forces la porte de mon bureau, porte qui décroche de ses gonds et traverse la pièce à toute vitesse. Mais juste assez tard pour que je me décale sur le côté et esquiver le projectile de fortune. Je pose un regard étonné vers elle, debout au centre de mon bureau, devant un miroir.

-OSWAAAAAAAAAAAAALD! QU'EST-C'QUE TU FOUES ON ACCOSTE LÀ! ON TE VEUT SUR LE P… euh..

Elle s'arrête un instant, dans sa crise, Sarko pointant presque timidement son nez par-dessus son épaule. Ses yeux intrigués grandissent en analysant mon accoutrement. En me retournant vers le miroir et en époussetant celui-ci, je le réajuste sur moi. Un manteau de la Marine. Un manteau de Commodore.

-C'est… c'est… balbutie la jeune femme aux cheveux rosés.

-C'est le vieux manteau de Salem. Il est un peu trop ample pour moi, mais je me suis dit que ça pourrait faire un genre de truc symbolique, je sais pas trop, comme s'il était encore là. Vous en dites quoi, il me va bien ou j'devrais juste mettre mon bon vieux smoking noir et…

Brusquement, Ketsuno se jette sur moi et m'enlace le coup avec force, me serrant contre elle avec une force que je ne lui connaissais pas.

-…blanc?

Je jette un regard un peu désarçonné vers Sarko qui, adossé au cadre de porte, m'envoie un sourire qui se veut bienveillant. Bien évidemment, la seconde d'après, le cramoisi me monte au visage et, maladroitement, j'enlace la lieutenant-colonel. Dans l'oreille, avant de se défaire, elle me souffle:
-Merci Oswald. Merci.

-Euh… en fait… c'est-à-dire… que… euh… eh ben…

L'instant d'après, elle s'écarte, reprend son tempérament sanguin, et ramasse avec vigueur les papiers de son dossier tombé au sol un instant plutôt. Avec hésitation, je tâte ma joue gauche, incertain.

-ALLEZ! MAGNE-TOI! ON A PAS L'TEMPS DE FAIRE UN DÉFILER DE MODE!
-J'arrive! J'arrive!

On s'engage tous trois dans le couloir, moi en tête de file, mes deux acolytes à gauche et à droite. Et comme on traverse les couloirs du Léviathan d'un bon pas, j'ai droit à un abrégé de mon emploie du temps.

-T'as toutes les nouvelles recrues à rencontrer après une courte rencontre avec l'Amiral Anderman. 'Va être question des ressources nécessaires pour la reconstruction du Lév', mais aussi pour son optimisation. Et va aussi falloir que tu poses un œil sur les documents de transferts de ressources alimentaires. Y'a une nouvelle cargaison de bois et de barils d'eau à embarquer aussi.  
-Allez, sur le pont Wallace, prévient Jones, aussi. soufflé-je au médecin qui passe justement dans le couloir.
-Reçu Oswald.
-Dis tu m'écoute?
-Oui, oui.
-Du coup, comme je disais, dans les recrues, t'as des phénomènes, cette fois. Un certain Lieutenant-Colonel Queen, un genre d'autiste laxiste qui n'écoute pas les ordres - va savoir comment il s'est dégoté ce grade - qui affiche des bons statuts de missions sur East Blue, notamment. Mais cet Oliver, il vient avec un deux en un, une genre d'énergumène du nom de Smiley Smile.
-Pas banal comme nom.
-Ouais, c'est spécial.
-HÉ! Vous me laissez parler ou pas?!
-Oui madame.
-Oui madame.

Nous débarquons sur le pont où une bonne activité grouille déjà. Avec amertume, je ne peux m'empêcher de remarquer cette ombre morne qui plane toujours sur les visages, malgré les sourires et les paroles échangées avec qui que ce soit. Je soupire, désobligé, et sans vraiment que je ne m'en rende compte, ma main vient nicher une cigarette entre mes lèvres.

-Du feu, Oswald?
-S'te-plaît.

Sarko fait crépiter son batte-feu et des volutes grises s'échappent de la cigarette. J'inhale les vapeurs de nicotine avant de me mettre à tousser violemment, les poumons en feu. Et quelque peu à contrecœur j'aspire une nouvelle bouffée contre mes poumons qui crient grâce.

-Tu sais, Capitaine, t'es pas obligé de te mettre à fumer. C'pas génial pour la santé. me dit Sarko en s'allumant à son tour une clope.
-Ce sont les siennes. Il aimait bien fumer sur le pont.

L'immense baie de Navarone s'ouvre au Léviathan lorsque le bâtiment traverse les grandes portes. Une étendue d'eau impressionnante prisonnière de ces colossaux pics rocheux percés de fenêtre et de balustrades.

"Woah… joli boulot…."
-Tu l'as dit…

La majorité de l'équipage gagne le pont, émerveillé par la splendeur de l'endroit. Partout, des navires de toutes tailles sont amarrés, arborant fièrement les drapeaux de la Marine. Sur les quais, des mousses en entraînement, des matelots vidant un navire de sa cargaison, des soldats faisant un exercice de patrouille, d'autres hommes briquant le pont d'un cuirassé. L'activité de l'endroit dépeint l'ampleur de cette mythique base du G-8. Toussotant encore, j'expire une bouffée de cigarette, la gardant au coin de ma bouche tout en m'avançant vers la rambarde tribord.  

-Dis toi, Oswald, que parmi tous ces hommes et toutes ces femmes qui triment dur, sur ces quais, dans cette base, sur ces navires, il y en a des centaines qui bientôt, seront près à donner leur vie pour ce navire et à appliquer la justice selon tes ordres.

Nouvelle bouffée de cigarette. Je ne peux m'empêcher un sourire amer en écoutant l'amiral qui s'appuie contre la rambarde près de moi.

-Mais à quel prix, Amiral Shiro?
-Tu dois montrer l'exemple, Oswald, les Rhino Storms n'iront pas bien loin s'ils n'ont pas un capitaine pour leur remonter le moral. Il faut quelqu'un de ta trempe pour mener le Léviathan.
-De ma trempe? J'ai l'air d'avoir une gueule d'amiral, moi?
-Non, mais… t'as la gueule du meilleur ami qu'on puisse avoir.

Je manque bouffer ma clope lorsqu'il prononce cette phrase et la retient in-extremis en me retournant brusquement vers mon supérieur qui s'en retourne déjà.

Navarone, déjà.

Shiro a raison. L'équipage doit se relever. Soudain galvanisé, je traverse le pont à toute vitesse pour monter quatre-à-quatre les marches menant au sommet du colossal gaillard arrière du Léviathan. Haletant de par la distance parcouru à la course, je m'appuie contre la rambarde du gaillard, ayant une vue imprenable sur le reste des ponts du Léviathan.

-TOUT L'MONDE! ÉCOUTEZ-MOI BIEN!

Dans les gréements, du sommet des vigies, de la proue à la poupe, tout le monde se retourne. Lilou, loin là-bas, Wallace qui vient tout juste d'arriver en compagnie de Cross, Ketsuno, l'air agacé, Sarko, un sourire espiègle sur les lèvres, toujours à fumer sa touille. Même si Salem n'est plus là, je continuerai de me battre pour eux comme je le faisais déjà, mais cette fois, j'assumerai e rôle d'un vrai leader. Définitivement, je trouverai le moyen de devenir un héros comme mon idole et mentor.
J'arrache ma cigarette de ma bouche, la lance au sol et l'écrase avant de pointer le haut du mât central.

-VOUS VOYEZ TOUS CE DRAPEAU?! VOUS LE VOYEZ?! ET SAVEZ-VOUS CE QU'IL REPRÉSENTE?
"Héhé, quel parleur tu fais… quand tu veux…"

Tous peuvent détailler le tissu qui volète sous le doux vent de la baie. Un tissu d'un bleu profond sur lequel se démarque les formes solides et massives d'un pachyderme immaculé. L'emblème de l'équipage, l'emblème du Léviathan.

-CE DRAPEAU, IL NOUS UNI TOUS LES UNS LES AUTRES! CE DRAPEAU, C'EST NON SEULEMENT UN EMBLÈME, MAIS C'EST AUSSI LA SYMBOLISATION-MÊME DE NOTRE JUSTICE! DE NOTRE AMITIÉ! DE CETTE FORCE QUI NOUS SOUDE TOUS ENSEMBLES! Écoutez, il y a désormais plusieurs semaines, nous avons perdu quelqu'un qui nous était tous très cher, autant à moi qu'à n'importe lequel d'entre nous. C'était un père pour nous, un ami, un chef et un combattant révéré par chacun.

Lui, il n'est peut-être plus là, mais ce drapeau, LUI, il est toujours là! TANT QUE CE DRAPEAU EXISTE! TANT QUE QUELQU'UN LE RECONNAIT, Y PENSE, LE COMPREND OU L'APPROUVE, CHACUN DES HOMMES QUI SE SONT SACRIFIÉS POUR L'ENTREPRISE DU LÉVIATHAN NE SERONT PAS MORTS EN VAIN. CAR ILS SONT NOS FRÈRES D'ARME, NOS AMIS! ET PEU IMPORTE SI J'AI UNE SALE TRONCHE, PEU IMPORTE SI LE PSY VOUS FAIT UN PEU PEUR! QU'IMPORTE SI UN CANARD GÉANT SE PROMÈNE SUR LE NAVIRE! NOUS SOMMES TOUS UNIS DANS CETTE ENTREPRISE, UNIS JUSQUE DANS LA MORT.

ET CE N'EST PAS PARCE QUE SALEM N'EST PLUS LÀ QUE LES CHOSES NE SERONT PLUS COMME AVANT, IL EST LÀ, AVEC NOUS, DANS CHACUN DE NOUS, DANS LES FONDATIONS MÊME DU LÉVIATHAN!
Et soyez certains que je ferai de mon mieux pour honorer son titre de capitaine du Léviathan.


Quelque part sur le navire, un amiral, adossé à un mur, sourit dans sa barbe, les yeux clos, en entendant ce discours.


Dernière édition par Oswald Jenkins le Lun 12 Jan 2015 - 2:00, édité 1 fois
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-Alors?

Sarko se détache du mur sur lequel il était adossé pour venir à ma rencontre alors que je quitte le bureau du vice-amiral Anderman. À première vue, il semble avoir rajeuni d'une bonne dizaine d'années depuis tout à l'heure. Quand avec lui et Ketsuno, j'ai quitté le Léviathan en emportant de derniers sourires reconnaissants et des acclamations joyeuses. Les mots que j'ai tenu semblent l'avoir rassuré, avoir comblé ses inquiétudes et ses doutes. On peut aller de l'avant maintenant. En cette mine seule qu'affiche ce fier lieutenant et son demi-sourire énigmatique couvert par sa barbe de trois jours, je peux entendre sonner le glas d'un nouveau départ.

On recommence. On repart à zéro.

-On va rester pas plus qu'une semaine. Après, y'a des chances qu'on reparte sur le pied de guerre. 'Parait qu'on a pas assez testé les capacités de feu du Lév', selon les rapports.

La porte du bureau se ferme derrière moi et on se retrouve tous deux à progresser dans les couloirs troglodytes de Navarone. Couloirs qui, sans mon sens de l'orientation développé à même le Léviathan, seraient pour moi et mon acolyte un véritable labyrinthe. Évitant de mon mieux les charges administratives, j'ai confié plus tôt les tâches de ravitaillement à Ketsuno qui, de toute façon, me trouvait probablement trop incompétent pour les accomplir seul.

-On nous a laissé une cour intérieure immense pour les rencontrer.
-Héhé, pas mal. On doit en voir combien?
-Plusieurs centaines, et c'est sans compter la brigade scientifique.
-Ah, au fait, faut vraiment que tu changes de couleur. Ça te réussi pas vraiment le rouge.
-Venant de quelqu'un de coloré comme toi, je ne peux pas en douter… C'est mieux comme ça?
-Ah, ouais, bien mieux.
"Je préfère le noir."
-Toi on sait bien, hein…

Après plusieurs minutes de marche dans les mornes couloirs de la base, deux imposantes portes se profilent finalement devant nous. Deux portes qui s'ouvrent très certainement vers plusieurs centaines de soldats près à rencontrer leur nouveau supérieur. Des centaines d'hommes et de femmes près à donner leur vie pour la justice…. et qui vont tous, dans un instant, river leur regard sur moi.

-Euh, Cap'tain?
-Hmm?
-Je croyais pas que c'était possible d'être plus blanc que toi, mais là tu viens de battre un record.

Sarkozyzy a bien raison. Je sens le sang quitter mon visage comme je constate que je ne suis absolument pas près à faire ça.

"Héhé, gonzesse."
-Non mais comment je fais moi pour faire une bonne impression devant autant de personne avec ma gueule?!
"…Qui a parlé de bonne impression?"

Découragé, je soupire en reculant presqu'inconsciemment, comme pour créer une distance sécuritaire entre la porte et moi. Comment Il aurait fait lui? Non, c'est un mauvais exemple, il était né charismatique, et bien meilleur dans le domaine du leadership que moi… Pour lui, ça n'aurait été qu'un jeu d'enfant d'entrer dans cette cour et montrer de quoi il en retourne d'être un Storm à tous ces matelots.

Mais je ne suis pas Salem, ça ne peut pas être aussi facile.

-Hé Oswald.

Je lève un regard piteux vers Sarko qui pose sa main sur mon épaule vêtue du manteau d'Alheïri.

-On repart à zéro, non? Y faut une nouvelle génération de Storms. Et t'es bien celui qui peut faire ça, Salem t'a pas nommé Second pour rien, j'en suis sûr.

Il me rassure, le Sarko, avec son regard à la fois las et compréhensif. Son timbre me rassure, ses intonations me confortent et me donnent espoir. Je peux devenir capitaine des Rhino Storms, je peux prendre la responsabilité du Léviathan. Je suis Oswald "Double Face" Jenkins, et je vais reprendre le flambeau de Salem. Je peux le faire! Je peux le faire! Je peux le faire! On peut le faire! Les Storms vont reprendre la mer avec de nouvelles recrues motivées! JE PEUX LE FAIRE!

-LEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOY JEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINSS!!!!!!!

"Oh putain…."
-Qu'est-ce que tu fais?!

J'enfonce la porte en gueulant à pleins poumons. C'est presque si les deux énormes plaques d'acier sautent de leurs gonds par la force du coup de pied que je leur acène en m'engageant dans la cour bondée de gens en uniforme. À mon entrée, ils se tournent tous et me fixent dans des mélanges de surprises et de questionnement.  

Ma charge digne des meilleures cavalcades crève même la foule  de mousses et de marines en tout genre qui s'écartent sous mon passage. Et arrivé au beau milieu de l'impressionnante cour intérieure creusée à même les montagnes de Navarone, je freine ma course, toujours normalement dynamique.

-BONJOUR MESSIEURS-DAMES!
"T'es complètement con mec…"

Lorsque la foule comprend peu à peu que c'est celui qu'ils attendent qui se tient au beau milieu de ce large plateau rocheux et cimenté, ce sont différentes mines qui s'affichent. Certains s'étonnent ou s'écœurent devant mon visage, d'autres se posent des questions et chuchotent les uns entre les autres. Ils avaient été prévenu, mais sur le coup, ça frappe quand même. Chez eux… comme chez moi. Un peu plus amèrement, en réalisant leurs tronches ébahies ou dédaigneuses.
Sarko débarque devant moi en bousculant plusieurs mousses, une chaise à la main.

-Mais t'es malade!? Débarquer comme ça! Non mais…!
Reprenant difficilement constance, il me refile la chaise sur laquelle je m'assoit, le bras croisés, appuyé contre le dossier. C'est le temps d'y aller.

-Je suis le Commodore Oswald "Double Face" Jenkins. Et j'suis ici pour voir si vous avez tous la trempe de devenir un Rhino Storm!
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Après s’être malheureusement séparé de ça bien aimer et divine petite ange aux courbes généreuses, Smile arrêta un marin sans importance alors qu’il était rendu dans le couloir qui menait à sa chambre provisoire. Le marin en question eut tôt fait de lui apprendre que ce n’étaient pas un exercice, mais bien une arrivée réelle de la part des célèbres Rhino Storm. L’excitation était donc tout à fait justifiée et les tristes nouvelles quant à leur meneur n’étaient pas aussi rependues qu’elle aurait pu l’être, mais en fait ce n’était probablement qu’une question de temps. Bref, après l’avoir remercier d’un sourire aussi large qu’il puisse le faire, le blondinet tourna le coin et arriva directement devant la porte de ça chambre. À l’intérieur la décoration laissait à désirer, deux lits superposer reposaient chacun dans un coin de la pièce, un bureau à quatre tiroirs et trois ou quatre paires de bottes supplémentaire trainait ici et là. Au moins, les colocataires avaient une belle vue et seulement l’un d’entre eux ronflait, la fenêtre donnait directement sur la grande cour intérieure. Grande cours intérieur… Smiley voulait bien y jeter un dernier coup d’oeil à celle là, mais le devoir fessait vibrer ses pieds, il se devait de ramasser ses choses puis d’aller rejoindre sa nouvelle affectation !

Ramassant ses vêtements, sa photo souvenir prise un peu plus tôt dans le centre d’hospitalisation avec l’une des infirmières, son den den mushi donné par le mec du Cp5, son katana et bien sûr, son nouvel attirail de nettoyage. La nouvelle vadrouille modèle grand tourbillon marin avec les fibres deux fois plus absorbantes, le manche de cerisier tourner à la main par un artisan et une poignée en caoutchouc dernier crie avec ses initiales gravées sur le manche, une vraie petite merveille ! Sans oublier le sceau de métal tout neuf et les savons qui allait avec !

- Voillllllla ! Me voilà enfin près ! J’ai hâte de retrouver Olive et ma petite princesse à bord !

Avant de partir, il défit le lit de l’un des gars, un maniaque du nettoyage celui-là, puis il s’arrachât un cheveu pour le mettre sur son oreiller se qui aurait pour désastreuse répercutions cette nuit ! Smiley s’imaginait déjà les ‘’ qui a faits sa ? Ce n’est pas bien je vais devoir renettoyer tout mon lit ! ’’ Et, etc. sur le coup, cela fit bien rire le blondinet, car se serait surement la dernière plaisanterie qu’il ferait à se gars là, ouais il n’avait été ici qu’un petit moment, mais Smile s’attachait vite aux gens. C’était toujours comme ça.

Avant de tourner les talons vers un avenir meilleur, la tentation gagna son combat et un petit regard discret fut lancé par la fenêtre, généralement un gros gars surnommé bouboule fessait son jogging à cette heure, mais malheur ! La situation était désespérée ! Un homme noir et blanc fessait son discours devant une horde d’hommes en uniforme ! C’était maintenant !? Et merde, Smile s’était encore trompé, il enfila donc son uniforme de parade et dévala le corridor, tourna et descendit l’escalier de secours avant d’arriver dans se qui était désormais l’endroit de réunion !

Devant la foule l’homme aux peintures de guerre étrange venait de terminer un discours des plus mouvementé, s’était au moins l’impression que cela laissait sur les autres marins, mais Smile lui n’avait même pas pue entendre le dernier mot !

- Pardon, excusez-moi, attention ! Criait Smiley tout en se frayant un chemin parmi la foule rectangulaire et opaque d’hommes en uniforme.

Cet idiot n’avait pas sur comprendre durant toutes ses années qu’il lui aurait simplement sufi de s’abstenir de commentaire pour passer dans la masse, mais lui il voyait les choses différemment, il était en retard ? Et alors ! Il irait personnellement s’excuser auprès de ce gars là-bas, celui en noir et blanc comme ses chiens vous savez ceux qui mange des croquettes et font des tours pour d’autres croquettes, les dalmatiens songea le mousse. Mais le temps n’était pas à la pensée animalière, il venait de se frayer maladroitement un chemin en assommant quelques un de ses camarades à grand coup de vadrouille neuve en plein visage pour en arriver à la première ranger, quand soudain, silence. Tout le monde le regardait, s’était se qu’il jugeait être le meilleur moment pour se présenter !

- Bonsoir ! oui vous dont j’ignore le nom !
- C’est simplement le commodore Oswald Jenkins alias Double face. Lâcha sèchement un soldat gros comme une armoire à glace tout en riant.

Ce qui eut pour but d’entrainer un petit rire nerveux de l’assistance. Puis l’homme en question se leva de son siège et débuta une marche lente vers celui qu’on reconnaissait à son sourire. Celui-là même qui sans vraiment reconnaître la gravité de la situation se pencha sur le côté pour chuchoter avec un brin d’excitation et des yeux plisser à son compagnon de droite :

- LE double face ?
- Ouais mec…
- Tes pas sérieux ?
- Ouais mec…
- Oh mon dieu LE double face Jenkins en face de moi…
- Ouais mec …

Boulette. L’idole d’une génération celui là même qui était reconnue de tous comme étant l’un des espoirs de la marine, le choco-vanille et magnifique Oswald se tenait maintenant à un centimètre de lui. Smile ne pouvait pas espérer de meilleur tournant pour sa fin de soirée qui avait si bien débuté avec les lèvres pulpeuses de sa petite déesse adorée. Il sortit donc sa moppe et un style de sa poche tout en tendant les deux objets au commodore.

- Vous voulez bien me la signer siouplait grand double face ?
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J'me tiens au repos dans la grande cour, invisible au milieu des quelques autres lieutenants pressentis pour rejoindre l'équipage des Rhino. Rejoindre un équipage... la bonne blague. J'aurais su, p'têtre bien que j'l'aurais pas acceptée d'aussi bonne grâce, cette médaille noire et verte qui pend sous le revers de la veste de mon habit de parade. Connard d'Andermann. J'lui faisais confiance, quoi. J'étais à peu près prête à penser qu'il était sincère dans ses intentions. Qu'il me croyait quand je lui disais que j'étais pas folle, pas autant que les tarés avec lesquels ont m'avait fait débarqué y'a des semaines de ça...

Je ne vois pas où est le problème, il disait ; un équipage soudé, fraternel, dans lequel vous serez bien entourée ; principalement affrété pour des missions qui nécessiteront votre énergie et votre enthousiasme ; vous ne vouliez de toutes manières pas rester à Navarone, n'est-ce pas ?

Grand branquignole, comment voulais-tu que je t'explique ce que je ressentais pour de vrai ? Que j'me suis toujours battue pour rester en poste, dans l'espoir un peu vain d'avoir un jour une vie tranquille ? Que j'ai pas envie de rejoindre un équipage qui a pour chef ce mec sur qui on raconte des trucs contradictoires ? Qu'il ait l'air net ou pas, qu'il soit bizarre ou pas, j'm'en cogne. Juste, je veux pas rejoindre potentiellement plus tordu que moi, le concept est quand même pas compliqué à comprendre, merde ! T'en fais quoi de mes raisons de me battre pour la mouette ? La promesse d'un cadre rigide, d'ordres strictes qui me permettent de jamais trop déborder... t'en fais quoi, putain ? Et mon énergie, mon enthousiasme, j'aimerais mille fois mieux te les coller au cul que m'en aller les dispenser aux quatre vents comme une va-t-en guerre ! C'est ça, qu'tu voulais que je t'avoue ? Que j'suis sur la trace d'un des hommes du corsaire Jack, et que j'voulais une mutation qui m'rapproche des saigneurs tout en m'permettant de m'préparer physiquement et mentalement à cette rencontre là ?

Putain, laisse tomber. J'aurais du savoir qu'ça serait plus difficile que ça. Le Seigneur me le dit dans l'oreille : n'en veut à personne, ça ira.

J'vais pour me reconcentrer sur le moment présent quand y'a ce grand débile qui fend les rangs pour faire son malin devant le commodore. Con de fayot, s'il nous rejoint, j'sens que je serais pas tendre avec lui tous les jours. Il était pas encore là quand j'ai débarqué, mais dans les rangs des sous-off', ça parle que de lui... un mousse chiant qu'est pas foutu de tenir en place une minute, qui respecte rien et qui s'en rend pas compte.

Ouais, on se ressemble sans se ressembler. Ce que j'respecte pas, j'fais pas exprès de pas le respecter... je déborde de partout, j'échappe sans arrêt à mon propre contrôle. J'suis une sorte de mélasse multiforme et brûlante qu'essaye de s'enfermer elle-même dans une boite toujours trop petite pour essayer d'éviter de perdre des morceaux en route. Lui, c'est pas pareil. Il est juste carrément pas conscient. P'têtre même qu'il croit dur comme fer à la justice de l'uniforme. Encore un facteur aggravant à ton actif, bonhomme. J'blaire pas la naïveté du côté d'ceux qui tiennent un flingue et qu'ont permis de tuer.

En plus, 'paraît qu'il serait sous les ordres d'un branleur notoire, et salement gradé en plus. C'est ce qui se raconte dans le quartier des officiers, toujours. Après, on en sait jamais beaucoup sur ce qui se passe chez ceux qui sont au-dessus, et on s'en tape pas mal de presque rien savoir sur les potins du dessous. Bonjour l'idéal, ouais. Eh. Mais là-dedans, le cadre tient bon, et c'est ce qui compte. Si y'en avait plus que ça qui avaient pigé, y'aurait eu moins de désertion... embauchez des instables en quête de rédemption, donnez leur ce dont ils ont besoin, et ils feront les meilleurs soldats.

En théorie. Juste en théorie... j'suis pas fière de moi et de mes états de service. J'aurais jamais réussi ma dernière mission sans la volonté de fer de mes hommes, et, même si ça me fait mal de l'admettre, sans le soutien de Barbie, la commandante.

Commandante que j'vois me faire coucou depuis le flanc droit du vice-amiral. Sûr que j'échapperai pas à une séance shopping avant de partir, et j'lui en suis étrangement reconnaissante. J'aime toujours pas ça, mais sûr que ça me permettra de me concentrer sur quelque chose de léger. Coup d'œil vers mes deux sacs, le militaire, et le civil. Le premier explose littéralement sous la charge de ma nouvelle garde-robe. Impossible de lui trouver une place dans le second. C'est pour mes livres, pas moyen que je m'en débarrasse alors que cette fois, c'est bien certain, j'aurais presque plus jamais l'occasion de m'en acheter de neufs... au hasard des traversées, des missions à risque et des guerres. Ils ont fait Drum. Je l'oublie pas. D'ailleurs, ça se voit chez le commodore. Il est arrivé en gueulant et en pétant une porte gondée en acier. C'est bon, sa force, elle a échappée à personne. Y'en a qu'ont cru à une blague, d'autres qu'ont fait comme moi : s'sont frotté les yeux pour voir si y'avait pas quelque chose qui déconnait là-haut.

Eh ouais, les gars. On part en guerre. On peut sortir les peintures, les tambours et les tomahawks. Que notre chef soit puissant, ça devrait pas nous rassurer, on n'en sera que plus exposé. La loi de Grand Line.

Il parle d'épreuves. J'écoute plus, j'sais que j'suis recrutée d'office, que ça sera jamais que de l'esbroufe. Alors j'attends, et j'dis rien.
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Jeska était repartie dans sa chambre. Contrairement aux hommes, les femmes disposaient d'un peu plus d'intimité, avec des chambres individuelles et surtout, des verrous sur la serrure de la porte. Enfin, ça c'étaient les avantages principaux que voyaient habituellement les soldates de la justice. Pour l'ange, le confort de ces piaules se trouvait ailleurs. Dans la salle de bains. En effet, celle de l'aveugle disposait d'une large baignoire-douche. C'est ainsi que la jeune femme entreprit de s'accorder un peu de temps pour se remettre de ses émotions. Le corps immergé dans un bain chaud et moussant, elle laissait les senteurs délicates des huiles essentielles reposer son esprit.

Comment allait-elle se sortir de là? En y réfléchissant bien, elle admettait volontiers qu'il y avait une sorte d'alchimie entre elle et Smiley. Mais la nature de ses sentiments envers le souriant soldat ne différaient de peu de ce qu'elle éprouvait envers Oliver Queen. L'aveugle les considérait plus comme des petit frères un peu turbulents que comme des amants potentiels. D'autant plus que la bagatelle n'était pas dans les centres d'intérêts de l'ange. Seulement, elle s'était laissée embrasser par Smile, et, en plus Oliver les avait vu. Sans forcement lui en vouloir, elle maudissait quand même le blondinet pour ça. Qu'allait penser le moustachu d'elle à présent. Et pire encore, que se passerait-il si ce dernier se mettait à en parler? Elle allait passer pour une fille facile, ou pire encore, une trainée.

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, l'aveugle se préoccupait du regard des autres. C'était à présent devenu une nécessité, il fallait qu'elle clarifie les choses auprès de Smile. Car plus elle laissait la situation trainer, plus ça serait difficile pour lui comme pour elle. Elle quitta donc une eau délicieusement tiède et parfumée pour aller retrouver le jeune homme. Enfin, il fallait enfiler ses habits avant. Ce qui était si simple pour une personne normale était une tâche assez ardue pour l'ange. Sa tenue n'était déjà pas des plus simple à mettre de base, mais réussir à rentrer dedans juste en utilisant son sens du toucher faisait monter l'épreuve à un très haut niveau de difficulté. Fort heureusement, la dextérité de la jeune femme était sans égale. En moins de cinq minutes, elle était habillée et apprêtée.

Voilà donc l'ange qui filait à toute vitesse dans la base à la recherche de Smile. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle se retrouva à l'endroit où ils s'étaient séparés. Là, elle n'eut aucun mal à sentir son odeur. Telle un chien de chasse, elle suivit la trace laissée par cette fragrance jusqu'aux dortoirs des hommes. Elle était tellement décidée qu'elle surmonta sans aucun mal la gêne qu'elle aurait du ressentir à arpenter ainsi un lieu réservé à la gente masculine. Elle continua de pister sa proie, indifférente aux remarques douteuses qui glissaient sur elle. L'aveugle fonça dans les couloirs, sortant par la même occasion du quartier des hommes. Le fumet qu'elle percevait se faisait de plus en plus intense. Elle se rapprochait du but. Plus qu'un petit effort et ...

Il y avait beaucoup de monde dans cette cour intérieure. Tellement d'odeurs différentes que le nez de l'ange satura d'un coup. Elle ne pouvait plus vraiment se fier à son odorat à présent. Malgré tout, elle sentait que certains se laissaient un peu aller niveau hygiène. L'aveugle dut donc se concentrer à nouveau pour enfin réussir à distinguer le parfum qui lui permettait de distinguer Smile des autres. Comme sa cible quelques instants plus tôt elle se fraya un passage dans la foule. Suscitant les mêmes réactions mécontentes. Elle finit donc par arriver entre le souriant et une personne dont elle ne pensait pas sentir l'odeur ici. Mais, ce n'était pas sa priorité pour l'instant. Elle se plaça devant le blondinet. Et parla un peu plus fort qu'elle ne l'aurait voulu, au point que tous purent saisir ce qu'elle disait.

Smile, ce qui s'est passé tout à l'heure n'est qu'un malentendu. Je ne t'aime pas. Enfin, je t'aime, mais pas comme toi tu m'aimes. Je t'apprécie en tant qu'ami, c'est tout.

Une bonne chose de faite! Certes, elle venait de mettre en public un râteau à son ami, mais, elle avait enfin le cœur plus léger. Finalement, elle se tourna vers Alheïri S. Fenyang. Elle n'avait pas oublié l'odeur de cet homme, il l'avait aidé à surmonter une épreuve difficile à une époque, et depuis, il faisait partie des rares personnes que Jeska affectionnait au point d'en faire un de ses modèles. Elle ne pouvait pas un instant se douter qu'il s'agissait juste d'une autre personne qui portait le manteau de son idole. Alors, elle se jeta contre l'homme et le serra dans ses bras.

Monsieur Fenyang...

C'est seulement quand elle eut le nez dessus qu'elle réalisa que le monsieur n'était pas celui qu'elle pensait. En fait, il portait juste son manteau. Il n'était pas Alheïri S. Fenyang. C'était donc un imposteur que Jeska, grâce à ses sens surdeveloppés, venait de démasquer. Ni une, ni deux, elle stoppa son étreinte et envoya une claque magistrale à ce type qui osait se servir de l'apparence d'un des soldats de la justice les plus méritants qu'il ait été donné à l'ange de connaitre.

Vous n'êtes pas Alheïri S. Fenyang. Vous êtes un sale imposteur!

Aïe, voila que Jeska remuait le couteau dans la plaie sans le savoir. il faut dire que le Leviathan avait traversé es mers plus vites que les nouvelles. Ici, à Navarone, personne n'avait eu écho des évènements d'Arabasta.

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-Un…un…un autographe?
"Héh! Ça c’est la meilleure! "

Comment réagir devant ça? Que dois-je répondre? Un humain, et qui plus est un homme de la Marine, veut sincèrement un autographe de ma part? De ma part à moi?! Double Face? La brute de la première Voie? Le fléau sanguinaire de la Marine? Le cramoisi gagne mon visage, du moins, la moitié, et mes oreilles s’enflamment malgré moi. Perdant contenance et balbutiant des mots sans aucun sens, je baisse les yeux et fixe mes pieds, gêné au possible.

-Je… Je… c’est-à-dire que… heum…

Avant même que je ne puisse formuler ne serait-ce qu’une réponse convenable, c’est une ange aux longs cheveux noirs qui se plante directement entre moi et mon homologue au sourire désarmant. Et parlant de ce dernier, qu’est-ce qui lui prend à débarquer comme ça au beau milieu de cette rencontre importante?! Tandis que l’ange et le blondinet muni du kit parfait de la ménagère irréprochable échangent des paroles sur leur relation amoureuse, Sarko se glisse à côté de moi.

-Dis… c’est qui ce type? Tu sais d’où il sort? Il me fait presque peur avec son sourire.
-C’est Smile, Smiley Smile.
-Ah, ça explique tout en fait…

La seconde d’après, l’ange fait volte-face et me donne un adorable câlin. UN CÂLIN?!

" Nyéhéhéhé! C’est génial! T’as beau être incapable de quoi que ce soit devant Lilou, faut croire que t’es un vrai tombeur, en fait, mon Oswald. "
-M…M…Mais….Mais…. Euh…

Elle me prend pour… pour… pour Salem?!

SBAFF!

La tête renvoyé vers l’arrière, une trace de main rouge imprimée sur le visage, je me contiens difficilement. Moi? Un imposteur? Un poids m’écrase l’esprit, oppresse mes pensées qui s’assombrissent. Je suis un imposteur. Je ne suis pas le vrai capitaine des Rhinos Storms. Le seul fait que quelqu’un d’inconnu me le fasse aussi radicalement remarqué a l’effet d’une douche froide sur moi. Et aussi improbable que cela puisse me paraître, ce n’est pas une boule de tristesse au fond de ma gorge qui résulte d’une telle violence de la part de cette ange sortie de nulle part. Non. C’est un nuage de colère qui embrume mon esprit au point de me faire voir rouge.

Avec les yeux de Double Face.

-C’est qui elle?!
-Jeska Kamahlsson, lieutenante, elle est dans la bande de Queen. Me dit Sarko qui, lui non plus, ne trouve définitivement pas drôle cette intervention.
-Ah bon? Et bien Lieutenante Kamahlsson, vous me ferez le plaisir de tout de suite emprunter la serpillère de monsieur Smile pour me récurer le pont du Léviathan.

Sarko la saisit par le bras, puis l’amène avec lui hors de la cour intérieure. La foule qui, jusqu’alors, retenait son souffle devant ma colère, se remet à respirer et adopte un garde-à-vous plus ou moins généralisé.

Toujours frustré, je retourne m’assoir sur la chaise. Frapper son supérieur? Questionner la légitimité de son grade? Le traiter d’imposteur? D’indigne de Salem? Je passe un regard probablement trop frustré sur l’assemblée. Pensent-ils tous comme ça? Croient-ils que je ne suis pas à la hauteur? Que je n’en vaux pas la peine? Ne suis-je à leurs yeux qu’une brute? Dépité, je soupire, puis m’adosse à la chaise en parcourant ces hommes et ces femmes du regard.

On verra bien ce qu’ils pensent de moi.

J’en pointe trois. Une rouquine aux cheveux mi-longs et à l’air renfrogné se tenant plutôt à l’écart, Smile et un second matelot affublé d’un catogan, les cheveux noirs, des lunettes fumées, un menton carré.

-Vous trois, dis-je en croisant une jambe sur l’autre, trouvez-vous un flingue.
Rapidement, on n’hésite pas à leur en refiler. Même que certains soldats quittent presque la foule pour trouver des cibles, comme les trois candidats qui cherchent des yeux une botte de foin, un mannequin de pailles, un tableau de tir. Rien. Seulement la foule, moi, ma chaise, et ces rochers nous encerclant.

"Voyons voir de quel genre de bois ceux-là sont faits. "

Et comme de plus en plus de matelots chuchotent entre eux en se posant de question, je revois dans mon esprit cette chaude journée dans le désert d’Alabasta. Cette journée, où, en arrêt à un point d’eau, j’ai eu à combattre Lilou. Et que jamais je n’ai réussi à ne serait-ce que l’effleurer.

-Imaginez tous que je suis… disons… le Seigneur Ombre... ou encore Mannfred D. Teach. Imaginez que je suis un salaud de la pire espèce, un vrai salopard qui vous en a fait voir de toutes les couleurs depuis longtemps, imaginez que je suis Tahar Tahgel, Thunder F., Jack Sans Honneur ou même Mantle Shoma.

C’est bon, z’avez l’image?

Maintenant, vous trois, tirez-moi dessus. Tout de suite!

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Alors que le mousse pouvait espérer toucher un autographe de l’un des membres les plus connus de la marine, LE double face ! Jeska pénétra la foule tel un buffle enragé, elle se fraya un chemin jusqu’à son bien aimer et devant toute la foule lui fit un beau petit discours de … déclaration d’amour ? Mais il ne faut jamais oublier la façon spéciale qu’à Smile de confondre, mal interpréter ou tout simplement déformer la réalité en face de cet ange, il ne comprit pas exactement la même chose que tout les autres, se qui explique le manque de réactions venant de sa part. Lui, compris plutôt ceci :

Smile,....... enfin,........ je t'aime.


Sur le coup, le mousse ne put espérer un meilleur timing, il pris son courage et pinça les lèvres pour donner un doux baiser à sa dulcinée, mais bon la jeune ange elle s’était évidemment éprise d’Oswald, car elle lui fessait un gros câlin, devant tout le monde. Non de dieu ! Ce qu’elle était belle et un épais brouillard de rage envahit la tête du blondinet. Comment pouvait-il utiliser son charme de commodore sur une novice et ainsi voler la copine de Smiley Smile ?!

Comme par miracle, alors que le blond s’apprêtait à sauter au cou de son nouveau rival, la brune aux yeux de lune se rendit d’elle-même compte de la supercherie et envoya une gifle monstre contre la joue blanche du supérieur. Bien fait ! Pensa Smile qui retrouvait un sourire plus normal.  Ne tenant pas compte de la situation, il reprit son carnet et son crayon tout en espérant pouvoir enfin avoir l’autographe qu’il désirait tant, mais les choses n’allèrent pas dans la situation idéale. Une tension s’était créé et l’officier qui dirigerait bientôt d’une main de fer tous ses jeunes dus faire se qu’on attendait de lui, il ordonna à Jeska de se saisir de la vadrouille et de partir en quête de nettoyage. S’était une corvée plutôt sympa se dit alors le mousse, mais lui bien qu’il aurait voulu se porter volontaire à la place de son amourette se rappela vite qu’il défierait un commodore devant une armée. Les répercussions auraient été si grandes que même Smile ne fut pas assez stupide pour faire quoi que ce soit.

-Vous trois, dis Oswald en croisant une jambe sur l’autre, trouvez-vous un flingue.

Aussitôt le calepin se fit échanger contre l’un de ses bons vieux pistolets à silex, fiable, bien balancer et tout à fait le type d’arme que Smile avait si longtemps essayé de maitriser par le passé. L’arme typique du marin normal, ça et le sabre. Malheureusement, lui n’était qu’un novice dans le tir au pigeon, son truc s’était les lames et encore le corps à corps lui convenait mieux pour ne pas mentir. Il se retrouvait donc avec une jeune fille au regard de flamme et un autre gus sans grande importance, tous trois avaient pour mission d’impressionner la galerie, ou de servir de cobaye pour démontrer la force du monstre en face d’eux.

Une fois que les trois apprentis eurent reçu leurs armes, la foule se dégagea comme une unique personne en un mouvement synchroniser, un pied en arrière puis un autre, laissant une cour quasi découverte avec en son centre, les trois jeunes et le double face.

D’un regard sombre et diabolique auquel on ne l’associait pas, Oswald cria :

-Imaginez tous que je suis… disons… le Seigneur Ombre... ou encore Mannfred D. Teach. Imaginez que je suis un salaud de la pire espèce, un vrai salopard qui vous en a fait voir de toutes les couleurs depuis longtemps, imaginez que je suis Tahar Tahgel, Thunder F., Jack Sans Honneur ou même Mantle Shoma.
C’est bon, z’avez l’image?
Maintenant, vous trois, tirez-moi dessus. Tout de suite!


Le temps de réaction de Smile battue des records, alors que la rouquine chargeait son arme d’un air décourager et plutôt blazer, l’autre binoclard lui n’envisageait même pas pointer le canon de son arme contre son chef, quant à Smile le simple nom de Tahar sufi à lui faire perdre tout contrôle, son sourire tourna d’une manière diabolique vers le bas et son poing se referma sur le montant de l’arme, les paroles lui revinrent en tête (imaginez que je suis Tahar Tahgel…) sans perdre une seconde, le geste fut machinal, l’espace d’un instant la cour redevint la décharge, sa mère apparut devant lui et son corps n’était plus aussi jeune et faible qu’avant. Il était l’homme qu’il aurait dû être il y a tant d’années et c’était à son tour de sauver le passé, il était temps de récupérer la vie tristement perdue de la vraie femme de sa vie. Toujours cramponner au flingue dans sa main, le blond s’accroupit en fessant une demi-rotation, balançant l’arme contre le sanguinaire ennemi en un mouvement qui se termina sur la garde de sa lame.

La réaction d’Oswald dut en surprendre plus d’un, lui qui venait de s’assoir s’était relevé en moins de temps encore qu’il n’en fallut pour que l’arme ne le touche, il était rapide, très rapide. Le projectile de fortune pourtant lancé avec la force du désespoir ne put que heurter l’avant-bras devenu tranchant du géant auquel s’attaquait le mousse. Couper net en deux l’arme révéla un regard des plus intéressants, voilà qu’Oswald se réveillait et qu’il prenait par aux jeux, on lui retrouvait également se petit sourire diabolique si caractéristique a l’excitent d’un combat. Il faut croire que personne n’aurait pu s’imaginer qu’il ne tirerait pas avec l’arme, mais la lancerait directement sur lui… C’était peut-être un coup de chance aux yeux des autres, mais pour Smile c’était l’occasion de placer son adversaire, de l’obliger à réagir alors que lui terminerait son mouvement.

Toujours à demi accroupie, Smile venait d’enclencher son mouvement bondissant tel un lion il frappa le sol de toutes ces forces pour augmenter sa vitesse de déplacement. Pendant un cours instant, un homme ayant la force de Oswald eut tout se qu’il lui fallait pour reconnaître se qui ressemblait fort bien à un Prélude au Geppou, une technique pourtant bien fermé et réserver à l’élite de la marine. Elle n’avait certes pas la force de la réelle technique, mais le mouvement était identique ! En plus, le blondinet pointa la pointe aiguiser de son sabre vers le cœur de son ennemi et rugie tel le fauve qu’il imitait !

- Spin Strike !

Le mouvement était parfait, une réalisation splendide de des années d’effort réunies en la pointe de sa lame. Heureusement pour lui, Double face ne se fit pas prendre au jeu, l’idée d’utiliser le haki pour parer le coup lui traversa l’esprit, mais au lieu de cela, il décida de profiter de sa vitesse beaucoup plus importante pour parer le coup, heureusement pour lui il ne le prit pas de plein fouet, car la technique avait pour mauvaise réputation de perforer dix fois plus fort que la normale, à se stade et à cette vitesse elle aurait facilement traversé un métal souple et bien qu’il soit bicolore une tache rouge n’aurait pas fait jolie sur se tableau déjà si complexe. C’est pourquoi il envoya la lame planter vers le bas entrainant par la même occasion le mousse dans sa chute. Profitant du moment, Oswald lui donna un coup derrière la tête avec pour intention d’envoyer le mousse dans un rêve des plus réconfortant.

-Y te reste du ch'min à faire, on dirait, Smile. Dit-il simplement.

Une fois le premier ennemi K.O. Le commodore s’avança un peu plus en direction du binoclard, le pauvre était sur le point de se faire dessus.

- Tir, maintenant !

Le jeune fondit en larme et au moment où son canon pointa le corps massif de double face, le coup partit. BAM ! la balle s’était écrasé contre la poitrine du bicolore et après cela, s’était écroulé lourdement au sol sans la moindre égratignure. Le Haki de l’Armement.

Mais ce qui surprit le plus le jeunot ne fut pas vraiment la balle, à vrai dire il ne remarqua même pas avoir touché sa cible, ses jambes flanchèrent et il s’écroula au sol en pointant du doigt dans la direction opposée.

Derrière Oswald, Smile s’était relevé et au moment ou le côté sombre de son ennemi lui apparut, sa main attrapa la gorge de se supérieur devenue l’espace d’un combat l’accumulation de tant d’années de douleur.

La foule s’était refermée, les officiers se fixaient les uns les autre devant l’incrédulité de la scène.

- Enf..ant de chie..nne j..je te retrouve ! dit m..oi que tu te s..ou..vient d’elle ? Begailla Smile en fessant référence à sa triste mère. Mère tuer de sang-froid par nul autre que Tahar.

Malheureusement se n’était plus lui qui parlait et heureusement Jeska n’était plus ici pour voir son côté sombre, il n’aurait jamais toléré qu’elle l’aperçoive ainsi. Mais lui n’était plus, s’était sa hargne qui parlait et sa vision n’était plus qu’un ramassis de couleur flou et toute mélanger. Comment un simple coup pouvait-il faire perdre le nord à un homme comme celui encaisser par Smile ? Seul Dieu en avait la réponse, mais le spectacle était terminé. Oswald en avait assez, il prit la main ferme du mousse et l’ôtât de son coup, le regarda un instant avant de le pousser légèrement vers l’arrière. Le corps tremblant, il retomba comme une feuille morte au sol. Submerger par la puissance de son adversaire.

Se qui était charmant dans se beau tableau, se ne fut pas le fait qu’il s’écroule, mais bine le sourire en coin qu’il venait de créé sur la bouche de son nouveau supérieur. Oui, il venait de remarquer que la lame du mousse s’était enfoncée dans le sol de pierre de la base, créant un trou de la grosseur d’un bras. La lame n’était même plus visible et s’était se qu’Os qualifierait peut-être de ‘’ technique intéressante’’ qui sais… maintenant il s’était lui-même surpris a éprouvé du plaisir contre se mousse et il ne pouvait plus continuer, s’était au tour de la fillette !
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Je ne peux retenir un sourire en coin devant la hargne du gamin. Peut-être pas de par cette agression fortuite, mais pour quelque chose de bien plus viscéral. Un frisson créé par cette simple confrontation, une excitation momentanée qui m'a, un simple instant, redonné ce sourire d'autrefois. Ce sourire d'avant la mort de Salem. Tout ça par un simple échange de coups, quelques beignes, mais assez pour faire resurgir un sentiment des plus poignants. Ce sentiment qui agit comme une drogue et permet de tout oublier, un simple moment. Un moment où il n'existe plus rien que l'adversaire.

"Le besoin du combat. L'appel du sang."

Et je réalise que, durant toutes ces semaines de deuil, nom de Dieu que tout ça m'avait manqué…
Et que dire de ce gamin. Ce Smile. Il y a un moment que je n'avais pas vu un potentiel comme celui-là. Une force cachée éveillée par la colère. Et quelle colère! Il y a quelque chose chez lui, dans ce regard fou qu'il m'a jeté, dans ses yeux rageurs et presque désespérés. Oui, quelque chose qui me conforte dans l'idée qu'à quelque part, il est forgé pour le combat, il a cette violence innée que seul les vrais brutes possèdent.

Et ce regard. D'un seul coup d'œil, j'ai su m'y reconnaître. Mes pupilles glauques auraient bien pu se retrouver à la place de ces iris marrons, et on n'y aurait vu que du feu. Car il a la même rage que j'avais. Cette colère qu'on a envers tout le monde et personne à la fois. Cette frustration contenue, mais si facilement libérée.

Il est comme moi. Comme moi avant que je ne me trouve une raison de vivre.

"Mais une raison qui en valle la peine."

Lilou. Wallace. Les Storms.
Salem.

-Prend une pause, Smile. T'en as bien besoin, on dirait. lui dis-je en l'aidant à ce relever péniblement.
Puis, reprenant mon sérieux, je me tourne vers l'assemblée, notamment l'homme aux lunettes fumées qui recharge fébrilement son pistolet encore fumant, à genoux au sol. Je me penche face à lui, lui retire son arme, puis termine de la recharger. Je lui tend la main et l'aide à se remettre debout.

-Écoutez bien. C'est évident pour plusieurs, l'action de Smile était complètement inconsidérée et stupide. C'était le cas, mais est-ce que ça implique d'attendre avant de tirer et regarder l'mousse se faire viander par le premier pirate venu?

Non.

Parce que chez les Rhinos, on ne laisse personne derrière. Ni devant. C'est ça, être une famille, c'est ça, faire partie d'un vrai équipage. Peu importe qui fonce dans le tas, peu importe qui joue les guignols et ramène des emmerdes, on se tient toujours soudés. Si Smile fonce directement vers Tahar Tahgel, on fonce tous vers Tahar Tahgel. Si je m'en vais me faire écraser par des révos au sommet de Drum, on va tous se faire écraser par des révos au sommet de Drum. Si Smile se met à faire des acrobaties contre Tahar Tahgel et manque se faire scier en deux, on couvre Smile et on se mange les coups à sa place. Et cette maxime, elle s'applique pour n'importe lequel d'entre vous ici.
   
Clair?


-Oui Commodore! répondent-ils tous en chœur, visiblement convaincus.

Je souris pour moi-même, finalement, je l'ai peut-être, cette fibre de capitaine. Reste la dernière, la rouquine. Cette rouquine que tous regardent d'un œil mal assuré, qui porte ses galons de Lieutenant et qui opère un garde-à-vous sans rien esquisser de plus depuis tout à l'heure. Tout en marchant vers elle, je croise mes bras dans mon dos et continue mon enseignement.

-Si je vous demande de me flinguer, ce n'est pas pour rien. Chez les Storms, la confiance est une valeur des plus importante. Notre confiance a déjà été trahie par le passé, et on fait un point d'honneur sur ce concept. Je n'ai peut-être pas peur de recevoir une balle, mais je veux aussi m'assurer que notre confiance soit mutuelle au point qu'aucun d'entre vous n'hésitera à me mettre un plomb…

…Si jamais les choses virent au vinaigre.


Je ne m'explique pas sur ce point, ils savent. Peut-être. Tout le monde connait Double Face et sa fureur.

Je viens me placer devant la rouquine qui tire une mine tellement sympathique qu'on a l'impression qu'elle invite à jouer aux dominos dans l'antre d'un roi des mers. Je recule un peu, puis ouvre les bras en grand, comme pour l'inviter à faire feu.

-Alors? Tu tires pas?
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J'ai envie de le lui dire. Qu'il aille se faire foutre. Un peu d'audace pour impressionner la galerie des mousses et des jeunes recrues, passe encore. Mais avec moi... tu crois que ça te mènera à quoi exactement, Jenkins ? On t'a peut-être pas encore refilé mon dossier, mais tu dois au moins le voir à mes galons et à ma manière de pas baisser les yeux. Que jamais j'ai hésité à tirer ou à tuer, depuis que je sers dans les rangs. Les moments où le cadre t'autorise à laisser un peu rugir la bête qui est en toi, tu penses si tu en profites quand tu héberges gratos un lion, un tigre et un serpent.

-Non, je tire pas.

Parce que mes galons, mon commodore, ils ont au moins une toute petite valeur : ils commencent à me redonner doucement le droit de penser. Et là, tu tombes mal, j'ai justement besoin de m'affirmer un peu. Contester une connerie faute de pouvoir remettre en cause ma mutation ; toujours me rappeler que j'ai besoin de l'armée pour vivre, mais qu'au delà de tous ces uniformes, ces ordres et ces directives, je suis un putain d'être libre ; et puis, te tirer dessus, pourquoi faire ? Pour me faire rétamer en public histoire de montrer comment t'es fort et comment on a de la chance d'avoir un chef comme toi ? T'aider à asseoir ton autorité ? Pour prouver que j'ai bien suivi ma formation de petit soldat sans âme ? Ou au contraire, pour prouver que je suis capable d'éprouver de la haine et de m'en servir face aux plus grands ennemis de la Mouette ?

Eh ben non, surprise connard ! J'en veux à personne, j'ai de haine contre personne au monde. Le chaos de ma tête et le sang qui brasse des bulles de colère au fond de mon cœur, ça suffit à faire de moi la boule de rage tout juste cadrable par les structures hiérarchiques dont l'armée a besoin pour exister.

Cette haine que tu crois pouvoir stimuler en moi, c'est de la merde, du ressentiment sans valeur pour ceux qui cherchent désespérément à se purifier. Tahar, Jack, tous ceux là, ce sont rien d'autre que des avenirs possibles pour moi. C'est Julius qui l'a dit sans le dire, juste en me montrant. Tu veux que je sois régie par la haine pour mieux servir l'équipage ? Alors tu ne te bats même pas pour le salut de tes hommes, Double-Face. Ou bien t'as pas pigé un truc. Et jamais je me soumettrais à une autorité qui me dicte un ordre formel par pure ignorance.

Après, tu peux parler de suivre un frère d'armes qui se met en danger, tout ça, ça va de soi, et je le ferai comme je l'ai toujours fait. J'suis responsable de mes hommes, j'sais ce que c'est que de porter un cadavre sur son dos et dans sa tête. J'veux plus jamais revivre ça, et c'est pas suivre ton délire qui m'aidera à le prouver. Puis d'ailleurs, j'ai rien à prouver. J'suis recrutée d'office, tu peux rien faire d'autre que me caler des jours d'arrêts... et ça fait longtemps que j'les compte plus.

-Et je peux savoir pourquoi ?
-Je me suis brisé les os des mains en mission, sauf votre respect mon commodore. Encore quelques jours sans pouvoir tenir une arme, m'a dit l'infirmier en chef, j'y peux rien.

Ouais, parce que mine de rien, j'ai pas non plus envie de niquer ta crédibilité devant tous tes hommes et recrues potentielles. Avec ta gueule, sûr que t'as du en chier pour te faire respecter, j'vais pas tout te casser par orgueil. J'suis la voie du Seigneur, et là, tout de suite, elle m'apparait plutôt claire. Et puis, j'ai un super alibi. J'suis bel et bien plâtrée, la faute à un déchaînement de colère un peut trop condensé sur les pommettes dures et saillantes du chef du réseau Lore&Ale. Je l'avais pas senti tout de suite mais le soir même, j'avais les mains bleuies et tuméfiées.

-Mais je peux vous jurer que je me montrerai fidèle à vos principes.

T'as vu si je suis gentille ? Bon, aller. Un petit effort en retour, m'engueule pas trop, on aura tout le temps pour ça quand je serais à bord... puis j'ai mal au crâne, aujourd'hui. Ça m'aide pas à être de bonne humeur, j'te jure, mais c'est pas contre toi.
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Et c’est un feu de joie qui emplit le bureau de Wallace et qui finit par consumer les rideaux. Enfin, de joie. Des papiers qui flambent, des trucs compromettant. Que voulez-vous, quand on adopte une famille, on décide de tout leur pardonner. Pas une famille avec des câlins et des histoires sordides dans les caves, celles de celles - ça fait pas lourd comme tournure ça ? Si si ça fait lourd .... en même temps c’est français ... enfin je crois - bref, celles de celles qui étaient là quand on en avait besoin. Depuis la dispari... mort de Salem. Oui, mort. La version était la mort donc c’était la mort qui primait. Depuis la mort de Salem, donc, Wallace - bien que fraichement débarqué - avait pris en charge le Léviathan. En charge, littéralement : sur le dos. Pas littéralement sous l’eau, mais littéralement qui pesait ardemment sur son moral. Les gens étaient dans un deuil profond, alors que le médecin ne pouvait rien dire. Il n’y avait rien à faire que de laisser le temps panser ces plaies, d’avoir perdu un homme chéri et aimé par tous. C’était dur pour lui de devoir les voir arpenter son bureau quotidiennement en quête de pilules et de réconfort. Mais si il n’avait retenu qu’une chose de ses années dans les égouts, c’était que même les alligators ne supportaient pas les surdoses. Alors il ne pouvait qu’hocher la tête, sans plus les aider.

Le feu prenait donc les murs, les rideaux et le monstre fracassait les murs pour éviter de carboniser le Léviathan, relatif certes. Ce fut la raison pour laquelle il manqua le discours. La raison pour laquelle il n’entendit pas les applaudissements, la raison qui expliqua son état lorsqu’il émergea enfin de son bureau. Sa blouse était parcourue de tâches noirâtres, sa peau olivâtre encore plus sale que d’habitude ... pas de quoi se présenter sous le nez de l’Amiral et du Capitaine en titre de ce navire. Oswald. Parlons-en ... une promotion éclair, un besoin pressant de combler la place vide. Nul doute qu’il aurait besoin du psychologue à ses côtés pour demeurer irréprochable en toutes circonstances. Sinon, le retour de bâton serait plus dur encore. Il ne se rendait pas compte, le pauvre bougre, qu’il était dans la ligne de mire du Gouvernement avec cette nomination. Pas forcément plus qu’avant, à la différence que c’était avec du tir de mortier à présent, et plus du calibre neuf.

Le Docteur repassa dans ses appartements, l’un des avantage à voir Oswald migrer dans la cabine de Salem, et s’empara de son uniforme de médecin principal. Pour une arrivée en grande ponte, fallait tous les atours. Bah, rester dans son antre était la meilleure idée qu’il pouvait avoir, mais c’était pas selon les principes de l’EMM. Et puis après avoir pris Envy et l’Amiral pour des infirmiers ... mieux valait faire profil bas. C’était peut-être la raison pour laquelle il trainaillait tant et trouver milles et uns prétextes pour ne pas se rendre sur le pont avec tout le monde. Et si nous ajoutions à ça le fait qu’il était un des rares à ne pas montrer qu’il pleurait Salem ... le malaise se posait plutôt bien. Le monstre comptabilisait donc déjà bien dix minutes de retard avant d’arriver à ses appartements. Et il en ressortit une bonne dizaine plus tard. Rien de mieux pour faire une bonne impression.

Il épilogua sur un catalogue d’excuses sur son chemin, hésitant à aller voir la petite sirène pour étudier son état de santé. Bah, elle était terrifiée par sa gueule après tout, donc ce n’était certainement pas le bon choix. Il se résolut donc à aller à la rencontre de Navaronne et passa la porte pour trouver un pont ... désert. Hum.Oups. Vraiment trop tard, hein ? Oswald est peut-être déjà rentré, hé hé. Un bon verre en perspective alors, nickel ! Le Docteur se dirigea tout guilleret vers les appartements du Capitaine et écarta les deux vigies d’une accolade qui les écoeura. Erf ... les quartiers de Double Face étaient vides et ... oh ! Non ! Non ! Tout sauf ça !! Faisant volte face, le Monstre détala et se rua en dehors du navire, vers Navaronne même. Il fallait ... il fallait faire vite !


« Oswaaaaaald !! VOS PILUUUUUUUULES !! » hurla Wallace, arrivant à vitesse grand V vers le Commodore, le poing en l’air comme si l’anneau unique reposait entre ses doigts.

« Vous n’avez pas pris vos piluuuuuuules ! » cria-t-il, arrivant assez proche de Double Face pour faire reculer d’un pas toutes les recrues.

Heu. Oui, il avait oublié le détail qui tuait. Son apparence physique. Bon sang, on arrêtait pas de lui répéter ces temps-ci. Mais avoir une famille, ça faisait rapidement oublier qu’on était moche, alors forcément on s’habituer à ne plus faire reculer les gens à cause de son apparence. Rah là là.


« Je hem. Désolé ... Erf. Non, non ! J’ne suis pas un monstr... Pas les armes ! Aaaaah ! J’suis le médecin, oui le médecin. Le médecin principal du Léviathan, hé hé. Docteur Wallace Johnson, oui lui-même. Comment ça ‘connaît pas’ ? Rmpf ... » tenta-t-il de se présenter à grand renforts de gestes anxieux.

S’il avait l’air apeuré, cela ne se voyait aucunement. Il ressemblait à un monstre en furie au pire, l’absence de chair et de pilosité ne faisait qu’accentuer la gêne qu’on éprouvait en le regardant de près. Il s’arrêta, s’epousseta, puis se pencha doucement vers Double Face.


« Ceci dit, il faudrait vraiment que vous preniez vos pilules ... » chuchota-t-il, comme si le moment où il l’avait hurlé à tout va n’avait jamais existé.
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-Mais lieutenante Porteflamme, comment z’avez fait pour transporter toutes ces valises offertes par la commandante Barb… Aïeuh!

Le bougre qui a chuchoté ça dans la foule s’est probablement bouffé un coude dans les côtes, le pauvre. Y’a sûrement des idéalistes dans le tas qui n’ont pas voulu que le type vende sa supérieure. Peut-être que ces mêmes hommes croient que je n’ai pas entendu, mais Double Face a une meilleure ouïe qu’un chien limier. J’arque un sourcil et ouvre la bouche pour parler en reposant mon regard sur Porteflamme, la rouquine avait un alibi plausible, peut-être même réel, au vue de ses mains enflées et couvertes d’hématomes. Pourtant, à l’écoute de ces paroles soufflées dans la foule silencieuse, je doute un instant.
Et avant même que je ne puisse prononcer quoi que ce soit, c’est un cri sonore qui fend la cour.

« Oswaaaaaald !! VOS PILUUUUUUUULES !! »
"Rah non, pas encore! "


Je ferme les yeux et ne peux retenir un sourire à l’écoute des appels consciencieux et inquiets du docteur. Je revois encore la première fois où je l’ai rencontré, géant psychologue coincé dans une lingerie du Léviathan, un ami partageant le même fléau que moi. Les semaines suivant la mort de Salem, il a su être à l’écoute de tous et au chevet de chacun, il a été le pilier de rechange pour maintenir en place notre organisation sur le bord de l’écroulement. Il a été le héros que tous avaient besoin, le support à l’équilibre moral des âmes n’arrivant pas à faire leur deuil.

Il a été l’ami que tous nécessitaient.

Et même à Navarone, il insiste pour que je prenne ces foutus anti-dépresseurs…

Je m’empresse de calmer les troupes qui s’affolent un peu devant le géant muni de son éternel chapeau à larges bords et de son manteau paressant même trop petit pour lui, malgré sa taille. Caché derrière moi à la vue du zèle de certains, près à faire feu, Wallace déborde de tout bord, presque effrayé.  

-Du calme! Du calme! Je vous présente Wallace, c’est un ami et le médecin en chef du Léviathan. Il est aussi psychologue de l’équipage et un frère d’arme exemplaire, autant cela ne puisse pas nécessairement lui plaire. Terminé-je en lui assénant un coup de coude suivit d’un sourire en coin.
Vient inconditionnellement le sujet des pilules.
« Oswald! Vos pilules! »
-Euh… en fait, euh… c’est-à-dire que…
« Que….? Pas d’excuse pour les pilules! Allez! On fait « Aaaaaah! » comme un grand garçon. » dit-il gaiement, ses yeux reptiliens euphoriques, tout en sortant de sa poche une tige de bois.
-Mais Wallace bordel! Je bosse là tu vois pas?! Ce sont les nouveaux Storms! Dis-je, gêné devant les novices qui se retiennent de pouffer.
« Il faut ménager sa santé malgré ses obligations Oswald! Allez hop, on dit « Aaaah! ». »
-M…Mais….Ce sont celles de Sarko!
« Ah bon? Mais je les ai trouvé dans ton bureau.»
-Oui! Mais il était dans mon bureau avant de venir ici! Il est parti il y a quelques minutes avec une lieutenante ange, tu peux pas les manquer.
« D’accord! J’y cours! »
-Attends! J’ai besoin que tu prennes ce mousse avec toi.
« Qui ça? »
-Lui, Smiley Smile, il est un peu amoché, ramène-le sur le Lév’ et ausculte le dans les règles. J’ai peur d’y être allé un peu fort.
« Message reçu commodore! » me dit dynamiquement le colosse en embarquant sur son épaule le blondinet dans les vapes. Puis, brandissant toujours le pot de pilules, Wallace s’élance d’un élan prodigieux en hurlant le nom de Sarkozyzy. En trois enjambées, il disparait à nouveau dans les entrailles de Navarone.

-Eh ben…
"On r’tourne à nos moutons? "
-Bonne idée.

Je fais volte face vers la rouquine qui affiche toujours cette mine patibulaire. Que faire d’elle? De tous ces soldats, c’est elle qui semble la moins convaincue, la moins intéressée. Salem avait un truc contre ça, une aptitude bien à lui pour toujours aller chercher le meilleur chez chacun.

"Le charisme, que ça s’appelle. Et t’es loin d’en avoir une once, mon pote. "
-Merci bien…

Il y a peut-être une autre façon de motiver quelque chose chez elle. À commencer par la pousser à l’effort. Je me dévêtis du manteau de Salem que je pose sur la chaise, respectueusement. Simplement vêtu d’un t-shirt bicolore et d’un jeans, je m’échauffe et m’étire en courant sur place et en étirant mes jambes. Le test d’endurance.

-Eh bien, lieutenante Porteflamme, comme vous ne voulez, ahem, excusez-moi… Comme vous ne pouvez pas prendre d’arme avec vos mains, on va mettre à profit une bonne vieille course d’endurance! Allez hop! En avant!

D’un bon pas, je m’engage à travers la course, jetant de fréquents coups d’œil à l’arrière pour m’assurer que tout le monde suit.
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… Okay.

On va dire que j'ai rien vu. Pas de grand monstre dégueulasse qui sent comme la piscine d'entraînement du QG de South Blue, pas d'histoire de pilule, pas de « Sarkozyzy », rien de tout ça.

Woh, putain. Ce coup-ci, j'en suis sûre. Andermann a rien pigé, ou alors, c'est pas mon salut qu'il veut. C'est ma perte, pleine et entière. J'peux pas le croire, on s'était pigé, tous les deux. J'crois. J'croyais. J'sais plus. Fils de pute d'Andermann ! Je te jure que si je me retrouve à jouer les responsables de tout à bord d'un équipage de fous de guerre et de rescapés de psychiatrie, je reviendrai te claquer le baigneur avant la fin de l'année !

Ouais, verbalement si je le peux encore. Faut te le dire comment, dans quelle langue et avec quel genre de démonstration, que je suis déjà pas bien responsable de moi-même, que j'ai du mal à me tenir debout, que je peux pas servir de tuteur à d'autres ? Pas que je veuille pas, hein. J'sais juste que c'est pas possible, merde. J'en ai embarqué combien dans mes colères, dans mes révoltes, dans mes histoires, dans mes crises de nerfs ? J'ai pété combien de mâchoires qui avaient juste senti résonner le mot de trop ? J'ai découragé combien de supérieurs ?

… ouais, sûr que celui-là, je le découragerai peut-être pas. C'est quoi cette histoire de pilules ? Et puis... c'est une blague ?

Pourquoi courir ? Je sais que je suis prise... tu sais de quoi je suis capable, ou tu le sauras quand tu auras mon dossier, Jenkins. T'as pas besoin de me mettre à l'épreuve. Limite tu devrais même pas jouer à te foutre de moi comme ça. Fais ça avec les autres, ceux parmi lesquels t'as le choix. Moi, je t'ai été imposée comme toi, tu m'as été imposé. Alors, on peut cohabiter gentiment et faire en sorte que ça se passe pas trop mal.

Mais commence pas par me mentir, merde ! J'ai pas envie de participer à ton numéro de guignol. Coup d'œil à Barbie. Clin d'œil, qu'elle me renvoie. Coup d'œil au vice-amiral. Regard amusé que je prends direct pour de la moquerie, mouvement impatient du menton. Je cours, ou bien je reste à Navarone avec un dossier encore plus chargé, hein ? Okay, ça marche. Je cours.

… je cours toujours. Il a un bon rythme, on a en déjà paumé quelques uns. Moi, j'suis dure au mal, mais j'ai pas sa constitution physique. J'suis pas un monstre, j'ai jamais été excessivement douée physiquement. Pas mauvaise pour la bagarre, à force de pratiquer et d'être sur mes gardes. Mais j'sais que mon souffle est pas bon. Trop pourri par les vapeurs métalliques et acides du Grey T.,  par la clope, par l'odeur de gaz de ma propre vie. J'ai des poumons merdiques. J'commence à capituler, d'ailleurs, j'sais qu'il pourrait galoper toute la nuit, Double Face. Suffit de voir ce qu'on raconte sur lui, à Drum. On dit qu'il s'est relevé dix fois, qu'il a terminé en ayant plus un os en place. Et aujourd'hui, il met un pied devant l'autre, il a toujours l'air de voler. Enfoiré. J'en peux plus, j'suis pas douée à ça. J'aurais mieux fait de te tirer dessus, tu m'aurais ridiculisée et on en parlerait plus. Alors que là, ça dure.

Je cours toujours. Et j'viens de piger un truc grave qu'est pas loin de me donner des ailes. Plombées, lourdes, pénibles, les ailes. Mais des ailes quand même. J'suis recrutée d'office. Mais il a pas l'air d'être au courant. Il est peut-être bien susceptible de pouvoir encore refuser de me prendre. Et alors ? Je resterai en poste à Navarone. Je moisirai à Navarone, je ferais les deux boutiques de la base avec Barbie, de temps en temps, j'aiderai à recadrer plus taré que moi, et des années plus tard, j'aurais toujours rien vu de Grand Line ; Joe se sera peut-être fait descendre d'ici là ; j'aurais pas pu le revoir, refaire le passé, apprendre à vouloir tout ce qui s'est passé pour ne plus en vouloir à personne, ne plus en vouloir à la terre entière ; faire de ma guerre une autre guerre, plus noble et moins malsaine ; peut-être quitter la marine et cette bande de salopards engalonnés qui se croient plus malins parce qu'ils ont une barre de plus à l'épaule et une cicatrice au visage qui font toute leur gloire. J'déteste l'armée, putain. C'est mon salut, mon seul salut ici bas sur terre et sur mer, mais j'les hais. J'me vois faire rien d'autre, mais j'méprise ce que je fais.

Abnégation. J'cours toujours, j'cours pour moi et pour ma vie, avec ma fierté qui chiale tout ce qu'elle peut à chaque fois que je tousse et que je crache. Soif. On est plus très nombreux, maintenant. Tu peux arrêter, commodore ? Aller, sois cool, un peu. J't'ai pas foutu la misère, tout à l'heure. Tu peux bien faire un geste, toi aussi. Faire en sorte que j'puisse m'arrêter, aller prendre une douche, balancer mes affaires à bord du Leviathan, prendre des pilules pour la migraine et penser à autre chose. J'en ai vraiment besoin.
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"Eh ben, c'est une guerrière celle-là."
-Elle est impressionnante quand même.
"Ouais, elle en a dans l'corps, cette Porteflamme."
-Faut avouer…

C'est à peu près la seule qui tient toujours debout, couverte de sueur, haletante. Tout le monde est à terre, les muscles en compote, le moral à zéro. Le souffle léger, assis sur la chaise prônant toujours au centre de la cour intérieure, je remet mon manteau tandis que tous se remettent de l'effort. Ils ne sont plus vraiment réceptif, faut-il avouer, après cette course éreintante, ces pompes à ne plus finir, ces redressements assis et toute la panoplie d'exercices que je leur ai fais subir dans le seul objectif de pousser à bout la rouquine qui semble bien être la seule à toujours encaisser.
Je soupire.

-Sachez, tous, que ce que vous venez de subir comme entraînement, ça reste moins demandant que de tuer quelqu'un. Ça reste moins demandant que d'assumer qu'on a tué quelqu'un, en tout cas. Parce que ce n'est pas juste une question d'appuyer sur une gâchette et de se foutre de ce qui va se passer après, c'est aussi de comprendre qu'au bout du canon que vous tenez, une vie va s'écrouler la seconde où le feu, la fumée et la balle s'enfuiront de la bouche de votre arme.

J'me lève et me dirige vers la rouquine, qui affiche toujours cet air à la fois neutre et antipathique, haletante, en lavette. Tout en marchant, je retrousse ma manche droite, sur mon poignet, mon bon vieux six-coups est accroché grâce à quelques sangles de cuir. Je le détache lentement, presque religieusement.

-Héhé, moi, ma vie est déjà assez foutu en l'air, les rumeurs doivent pas me dépeindre comme un Fenyang, hein. Y'a pas d'mal à me tirer dessus. Seulement, avant de tirer sur qui que ce soit, il faut être apte à évaluer si après, on va toujours bien le vivre. Qui sait si le prochain pirate que vous affronterez tous n'aura pas une famille qui l'attend, quelque part sur East Blue? Qui sait s'il ne fait pas tous ses méfaits pour aider cette même famille à survivre, parce qu'il a huit enfants? C'est là où la Justice est aveugle, c'est là où votre arme est aveugle aussi.

En proférant ces paroles, je repense à ce révo, sur Alabasta. Celui que j'ai épargné et sauver de l'explosion de son QG, celui que j'avais vu en compagnie de sa femme et de sa fille. La Justice est aveugle, et c'est à ceux qui l'applique de donner des valeurs et du discernement à celle-ci.

-Outre cette arme, dis-je en montrant mon flingue que j'ai complètement détaché de mon bras, la seconde chose que vous devrez utiliser efficacement, chez les Storms, ce sera votre courage. Car il en faut, du courage, pour accepter de briser une vie. Il en faut, du courage, pour admettre qu'on est un tueur. Car ceux qui se qualifient de "défenseur de la justice" en sont tous. C'est se mettre un bandeau sur les yeux que de nier que l'on tue pour rendre le monde meilleur, ou je ne sais quoi d'autre. On tue sur demande, avec ce flingue, avec nos poings, avec notre volonté. Le monde entier est fondé sur ce concept, cette dure loi du plus fort, du plus riche, de celui qui justifie ses actes inutilement alors qu'il ne fait que tuer pour des raisons différentes de celles des autres.

Je m'arrête devant Porteflamme et lance à ses pieds mon arme. Je lève mon regard vers elle, presque avec défi. Dans la cour, Anderman ne sourit plus.

-Être un Rhino Storms, ça implique de savoir tirer son épingle de ce jeu cruel, ça implique de savoir tirer quand il faut tirer, et on ne veut pas de ceux qui n'ont pas le courage de perpétrer un tel acte. On ne veut pas de ceux qui se croient supérieur à ce système et qui ne peuvent pas faire leur part des choses.

Un silence pesant s'installe sur la cour, plus personne ne sait quoi répondre devant ce discourt cru. Après quelque seconde où je soutiens le regard de la lieutenante, je souffle à mi-voix.

-Vous pouvez rentrer prendre une douche et vous reposer, c'est terminé pour aujourd'hui. Je me suis fait une bonne idée d'à qui j'ai à faire, mais certains choix demandent parfois un peu de réflexion.

Ils s'en vont, fatigués, ébranlés, je ne me connaissais pas avec une telle capacité de faire de l'effet chez les gens. Surtout avec des mots, habituellement, un regard et ma sale tronche suffisent. Chacun d'eux sont spéciaux, ils ont la trempe de faire de bons Rhinos, néanmoins, il en a des plus compliqués à dompter dans le lot, à commencer par Porteflamme. Il y a aussi ce Smile qui semble être l'énergumène de l'heure et cette idiote d'ange qui ne semble définitivement pas partager le même humour que moi. Et toujours aucune trace de ce certain Oliver Queen qui doit être la pire plaie de la Marine, parait-il.

"Eh… C'est pas gagné, tout ça."
-Tu l'as dit…
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Blabla, le meurtre, blabla, la responsabilité, blabla, ma vie foutue, blabla, pas facile tout ça, blabla, j'suis trop un ouf, rigolez pas, blabla, courage, être un Rhino (j'sais pas pourquoi, mais j'sens que j'vais avoir du mal à le retenir, ce nom là). Blah. Et Bla.

Jenkins, t'es définitivement mal parti pour te faire une petite place dans mon estime. Ouais, ouais, j'me doute que tu t'en carres pas mal, mais n'empêche que. Nous faire courir et pomper comme des chancres pour achever le tout par une petite leçon de morale de merde, sincèrement... tu nous prends pour qui, tu me prends pour qui ? Tu crois que j'ai pas encore fait mon baptême de feu ? Mais filez-lui donc mon dossier, putain ! Pas que j'en sois fière, du tout, mais au moins, ça m'épargnerait ça. Cette humiliation face à un mec qui croit avoir tout pigé de la vie parce qu'il a fait la guerre et qu'il a plein de barres bleues sur ses épaules, et de bleus sous sa bannière.

Le deuil suite au meurtre ? J'ai côtoyé longtemps, et ça fait déjà pas mal d'années que je vis avec. Des fantômes, je m'en traînes. P'têtre même plus que toi tu te traînes de discours pour pisseuses dans ta caboche bicolore. Et pour rien au monde j'irais la ramener là-dessus, moi. « Sur les choses dont on ne peut pas vraiment parler, il faut se taire ». Tu crois que c'est un hasard si le premier mec à avoir dit ça était un soldat en plus d'être un philosophe ?

Toi, tu crains rien, t'es déjà un pourri ? Connard, t'en crois pas un mot. Et j'te crois pas non plus quand tu dis que ça t'importe, les histoires de famille de ceux que tu butes. Ni que ça doit nous importer. Tu sais qu'on fera jamais rien qu'obéir aux ordres, et contourner un peu quand c'est vraiment trop con. C'est pas avec trois mots auréolés que tu vas conquérir les plus salauds que tu recruteras p'têtre sans t'en rendre compte. On peut être d'accord avec ce que tu nous vomis, là, mais si les mots de convenance d'un supérieur qu'on écoute que parce qu'il est supérieur, justement, avaient déjà changé le cœur de quelqu'un... bah ça se saurait. La conversion, ça se fait par la vie, ou par les mots échangés d'égal à égal, les yeux dans les yeux et main brulante contre main brulante. On est deux à se mettre en abîme face à l'autre.
Toi, là, tu veux même pas piger qu'on est tous des entités uniques qui brillent peut-être plus fort que toi. L'illusion du grade, on dirait que ça te grignote pas qu'un peu. Un commodore pour remplacer Fenyang... tu m'étonnes, tu dois avoir des bougies plein les étoiles, entre les neurones de ton reptilien.

Et puis des trucs qui veulent rien dire sur le courage. T'inquiète pas, Courage, c'est mon nom de baptême, bien plus que Sereine.

En gros, tuer, c'est pas n'importe quoi, mais faut quand même le faire parce qu'on est des soldats, mais attention, on est des êtres humains aussi quelque part, et faut pas l'oublier parce que c'est pas bien ?

Putain, y'a pas à dire, je préférai la version de Julius. Moins de mots, plus d'actes, et au moins ça racontait vraiment quelque chose. Et hop, une ptite provoc' derrière tout ça. Bon, okay, j'sais pas comment je me suis encore démerdée, mais je l'ai dans le colimateur, mon nouveau chef. Ou l'inverse. En clair, il va être chiant. Et à bord d'un bateau, ça va être lourd... quoique, paraît qu'il est immense, le Leviathan. J'aurais bien moyen de l'éviter au maximum, le connard de moraliste à la manque.

Aller. A la douche, au moins une bonne nouvelle. J'ramasse mes sacs (sans précautions pour mes mains, j'suis sous endorphines, j'sens rien) en lâchant le regard de l'autre. Non sans dédain, j'crois, mais j'pense pas qu'il l'ait senti. Vu ce qui traîne à Navarone et qui est pressenti pour monter à son bord, il a d'autres chats à fouetter. Manquerait plus qu'il me reprenne et me cale des jours d'arrêts pour un regard de travers. Qu'il aurait mérité.

Vrai. Ça rimait à quoi, tout ça ? Le petit spectacle de marioles du début, la séquence de sport, le discours tout juste bon à brasser les sucs digestifs des nouveaux engagés qu'ont pas trop trop conscience de la merde dans laquelle ils sont venus se fourrer alors qu'ils auraient pu faire n'importe quoi d'autre de leur peau ?

J'suis là parce que j'ai pas le choix, bande de cons. C'est l'armée ou la folie. J'préfère mille fois m'enfermer un peu pour finir par être libre par l'esprit, plutôt que de me retrouver assassinée par ma propre main ou par celle du monde au fond d'une ruelle. J'veux pas mourir, putain. J'veux pas que tous mes efforts pour m'en sortir soient vains. Et j'm'en sortirai ! Envers et contre tout, envers et contre tous !

J'respire fort, en partant me caler aux douches communes. Encore un jour où fait pas bon me côtoyer de trop près, j'en ai peur. Le Seigneur me garde en sa lumière !
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