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Ovide.



Un cauchemar qui nous fuit. Qu'on poursuit. Le bout de mes doigts le frôlent et le laissent filer. Mais je ne m'arrête pas de courir après lui.

Le lézard n'est plus qu'une tâche verte et noire devant moi. Une tâche verte et noire, sur du vert... ou du marron. C'est amusant. Avant, je me moquais de la couleur des choses. Du décor, de sa vie, de son souffle. Et maintenant que je ne l'entends plus, j'aimerais revenir en arrière. Rattraper le cauchemar. Mais il est plus fort et plus rapide que moi. J'entends des sifflements, les miens. Cette longue et fine horrible langue qui sort d'une tête en pique. Une bouche à faire pâlir mes ennemis. Quelle horreur, mocheté, bigre. Je n'étais pas beau. Avant. J'étais humain. Laid de naissance, autant moralement que physiquement. C'était l'extase, être moche et méchant parce qu'on est destiné à l'être. Là je ne sais pas. Si je dois l'être.

C'est horrible. Que des gens que j'exècre aient une raison de détester. Une raison stupide. La mocheté. Parce que tu es laid, dangereux et que t'as une putain de langue de serpent ! Je n'ose même plus bouger... La façon dont je me déplace me dégoutte. Comme une vipère. Avachi sur le sol, j'ai l'impression d'être mort. Et il y a la tâche qui s'agite devant moi. Qui à l'air. Tout est flou. Même pivé comme un nouveau pauvre, je n'ai jamais été dans cet état là. Et je déglutis.

La tâche, infiniment plus petite que moi essaie désespérément de me faire me lever. Mais la fatigue me tend la main. Seule amie. Les paupières se ferment doucement emporté par quelque chose de merveilleux. Puis elle se rouvre dans un monde aux milles couleurs.

Je suis alors humain. Avec mon apparence de jeune marine. Avec Harry on mate les minettes. Je m'en souviens. Je ne connaissais alors ni les Saigneurs, ni Lana, ni la Trahison. On était des connards de matons qui voulaient faire justice tout seuls. J'avais même des cheveux. Assis sur un banc qui avait l'âge de mon vieux, on se marrait de tout de rien. On inventait des mots, des chansons, des trucs à crier quand on fout un poing. On était des connards cons. Pourquoi connards ? Parce qu'il faut bien l'être, hé, sinon, on vit pas. J'en ai des questions.

La vie avait une bonne couleur. Un pâle vif. Un ennui singulier. On l'accepte ou pas. L'air avait le goût des plats du Dimanche de ma mère. Et de la madeleine de Proust. L'amour n'existait pas encore, ni ces conneries de voyage en Enfer, ni l'espérance qu'il y ait un paradis. On vivait sans se soucier du lendemain. Cons comme des nourrissons. Je devais avoir la vingtaine. Ou peut-être moins. Oui, j'étais mousse. Harry crapotait toujours. D'ailleurs je me demande s'il a su fumer, un jour. On se réunissait avec d'autres larbins pour médire sur le Sergent chef, on parlait de nos rêves d'un Nouveau Monde. J'étais humain.

Les paupières s'ouvrent une seconde fois... Et la réalité me rattrape. J'étais pourtant si proche de mon cauchemar. Je le touchais. Mais il n'est plus. Qu'est-ce qu'il s'est passé, perdu dans une jungle au flou monochrome et aux vices tacites. Perdu.
    *Putain de forêt. Putain de bordel de forêt à la con ! Saloperies d'arbres, saloperie de mousse et saloperie de bestioles !*

    Joseph était un citadin, un vrai de vrai. Élevé à la dure dans la jungle urbaine qu'était le Grey T. Il n'aurait pas dû avoir peur d'une malheureuse forêt de rien du tout. Il n'aurait encore moins dû être d'une humeur aussi massacrante et pourtant, Joseph l'était. Mais comment s'était il diable retrouvé en pleine forêt et, disons le sans honte, complètement perdu ? Pour le savoir, il suffit de remonter en arrière dans le temps. Oh pas de beaucoup, à peine moins d'une journée. La veille, au plus profond de la nuit, ce brave Joseph avait quitté la Villa allouée par la Compagnie aux Saigneurs chargé d'un pesant fardeau. Pas moins de deux cadavres dont un particulièrement lourd ainsi qu'une pelle. Il avait dû s'enfoncer dans les bois pour les enterrer et s'assurer qu'on ne les retrouve pas. Si jamais Jack apprenait qu'il avait mis son si précieux titre de Corsaire en péril en se laissant aller à briser des nuques, ce serait la sienne de nuque qui finirait réduite à l'état de popcorn. Il n'avait pas le choix, il avait dû s'enfoncer au coeur de la forêt. Oh il ne craignait pas les sauvages, les chasseurs ou les animaux sauvages locaux. Il se savait de taille à affronter n'importe quoi. La seule chose qu'il n'avait pas prévu, ce serait qu'il ne pourrait retrouver son chemin. Le Crack avait compté sur son Ouïe Ultime pour lui indiquer la direction de la Civilisation mais il s'était tellement éloigné qu'il ne percevait plus la moindre voix humaine. Rien que des bruissements de feuilles et des bruits d'animaux tout autour de lui. Peut on imaginer pire situation ?!

    A la vérité, une situation pire existait et se produisit environ trois heures après que Joseph ait commencé à essayer, sans succès, de retrouver la Villa. Elle se nommait la pluie. Et je vous parle pas d'une petite bruine de rien du tout, mais du genre de flotte qui vous attaque directement la chair à travers vos vêtements et vous laisse transi de froid. Aussi, Crack Joe était franchement d'une humeur massacrante. Près à faire un carton sur le premier connard qui passerait à sa portée. Le Scott' et le Punk avait disparu en forêt, l'Afro était en plein Safari et lui même n'arrivait pas à entendre le moindre son humain ? Pouvoir à la con !

    Tout à sa frustration, Joseph avançait en ligne droite, éventrant les arbres se trouvant sur son passage à grands coups de poings. Quitte à être là à démolir des arbres, il pouvait au moins essayer de se concentrer sur l'amélioration de son Haki. Fiou... On fait le vide dans son esprit puis on se concentre sur sa rage et sa colère. Voilà... On nimbe le tout de sentiments bien noirs, on se concentre et.... On frappe ! Résultat décevant. Il avait tout juste réussi à recouvrir ses phalanges de la fameuse aura noire, mais c'était déjà mieux que rien. Il devait se laisser aller d'avantage. La colère, rien que la colère... Vider son esprit, ne penser à rien. A rien...

    "Je l'ai entendu ! J'ai pas rêvé, je l'ai entendu ! Des pas, y'a quelqu'un par ici ! Oh putain oui ! J'vais enfin pouvoir sortir de cette jungle à la con !"

    Autant pour la concentration et l'entraînement mené jusqu'au bout. La Super Ouïe de Joseph avait profité de la concentration de son propriétaire pour bosser à plein régime. Ainsi le boxeur avait pu entendre des bruits de pas humain à quelques distances de lui. Il n'était plus seul ! A lui la libertééé ! Il n'aurait pas supporté de passer une autre nuit dans cette forêt puante. Oh il avait besoin d'une douche, et d'un cocktail et...

    *Mais qu'est ce que c'est que cette horreur ? C'est pas un humain ça...*

    Sous ses yeux ébahis ne se trouvait pas un homme comme il s'y attendait mais le plus gros lézard qu'il lui ait jamais été donné de voir. Une espèce d'énorme varan faisant à vue de nez facile deux mètres 50 de long de la tête à la queue. Niveau monstres locaux, l'expérience du Crack étant quelque peu limitée mais il évaluait le poids de la bête à une petite centaine de kilos. Une belle saloperie quoi. Non sans déconner, c'était quoi cette monstruosité ? La réponse apparut dans la tête de Joseph comme une illumination. C'était le moyen de laisser aller toute sa frustration, toute sa rage et sa colère facilement. Un immense sourire apparut sur le visage de Joseph. La Déesse de la chance daignait enfin arrêter de lui pourrir la vie et se faisait pardonner en lui laissant un monstre à tabasser. Certes il aurait préféré un ours géant ou encore mieux, un gorille, mais bon... Il fallait faire avec la faune locale.

    Sa décision prise, Crack Joe sortit des taillis d'un pas paisible, prenant calmement le temps d'enfiler ses gants renforcés. Le Crack se passa lentement la langue sur les lèvres, savourant par avance ce qui allait se produire. Il allait faire de la bouillie de lézard.

    "Allez le monstre, montre un peu les dents au gentil Crack Joe. Que j'te les casse toutes.

    Et sans plus de formalité, sans même se donner la peine d'y mettre toute sa puissance, d'une façon que d'aucun n'hésiterait pas à qualifié de négligée, Crack Joe envoya une droite sur le monstre. Une bonne grosse droite qui vole et qui frappe à distance, comment on appelle ça ? Mais un Flying Kraak ! Franchement, qui s'encombrait de formalités face à une créature sauvage ? A part un taré d'écolo bien sûr... ou un Drumien face au Migou éventuellement.
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    Les vagues de couleur que m'offre cette vue de merde ne pourront jamais entacher cette jolie tignasse blonde de beau parleur qu'est ce type. Ma peau, épaisse, a l'air d'être celle d'un vieillard, auquel cas je comprendrais cette impression de ne pas l'avoir vu depuis une éternité. Voir, et entendre... En effet j'ai hérité des sens les plus mauvais du monde : seulement je sentais son odeur de guenipe, d'alcool, de lotion à base d'herbe pour les cheveux et de parfum pour la bouche. Avoir suivi le Scott m'a certes apporté que des couilles mais ironiquement je ne suis toujours pas phoqué, Joe... Voir, et entendre disais-je. Et sentir de loin, mais pas que. Sentir physiquement. Ce fagot n'a pas attendu qu'on lui dise d'entrer pour piétiner le sol blanc de ses grôles dégueulasses. Le sol blanc étant ma grosse carcasse d'être lent et affaibli en l'occurrence.

    Sale faquin... La protection des animaux rares, tu connais pas Crack.

    Je vole : une course aérienne brutalement arrêté par un arbre à très gros tronc, ma gueule, en plus de mon corps, avait pris un coup. Déjà sonné...

    Il fallait que je trouve un moyen de me re-transformer avant de mourir bêtement comme la plupart des types qui avaient goûtés au kraak. L'affaire n'est pas simple, cependant, bien que j'y mette toute mon énergie : cette sale bête qui avait élu domicile dans mon corps semble s'y plaire et ne laissera pas ma crête s'imposer.

    Mauvais... Parce que Crack arrive. Facile de sentir la joie morbide qu'il a déjà, ça le faisait peut-être bander de taper sur du reptile : hélas, je ne sens pas ces choses là.

    1-1...

    1-1 ? Le Docteur chuchote dans mon crâne. Peut-être est-ce lui, peut-être est-ce quelqu'un d'autre. Je ne suis ni sain-ple d'esprit, ni double.

    Score inacceptable ! Je ne sais pas comment j'ai pu te laisser me battre rien qu'une seule fois, le Punk

    Oh, je vois. Le Crack. Mais le Crack dans ma tête. Encore plus esbrouffe que d'habitude, il a une aura qui rappelle le sang.

    J'approche, que tu sois Punk ou cette espèce de chose...noire, ça compte quand même, non ? On avait dit à celui qui avalera le plus de poussière rappelle toi.

    Ses pas en effet balayent le monde alentour, il est prêt pour un deuxième coup et j'ai l'impression de savoir lequel. Il me parle. Je n'entends rien, mais je vois son coude remonter à son épaule et quand il crie : Liver Blow ! Je me redresse et le mord. Un AARGH plus tard, il enchaînait d'un kraak pour se dégager.

    Saleté de lâche...

    Mes pattes avant quittent le sol. Mon corps entier se redresse, ma peau blanchit, plus légère tandis que mon âme s'alourdit. Je passe mes mains sur mon crâne. Elle est là. Je jette un oeil partout. Elles sont là. Les couleurs, les lueurs, les peurs des résidents du moindre petit caillou à l'arbre fondateur abritant nos têtes.

    Salut Crack. Comment t'as l'intention que j'te fasse payer ça ? Ma naturelle sur ton beau visage, ou ma gentillette dans ton bide ? Tu as cinq secondes.
      Sous les yeux ébahis du Crack, le monstre se transforma en Punk. Certes, ce n'était pas la première fois qu'il voyait un Zoan mais tout de même. La métamorphose le laissa pantois un instant. Était ce vraiment possible d'avoir autant de chance ? Le cinglé en costume pensait se défouler sur un énorme lézard et voilà qu'il se retrouvait soudain face à son meilleur ennemi. Ô joie ! Ils allaient enfin pouvoir régler leurs comptes. Ce score de un partout était une humiliation pour Joseph. Une tache hideuse qu'il allait s'empresser de laver dans le sang.

      L'épaule du Crack le faisait souffrir, l'énorme varan avait les dents acérées mais l'homme souriait aussi largement que possible. Pas de doute, Crack Joe était heureux.

      "Kiril ! Si tu savais comment ça me fait plaisir que ce soit toi ce putain de monstre. Ah que je suis heureux. La Chance me sourit enfin ! Un putain de lézard aurait jamais suffit à me satisfaire !"

      Le boxeur partit d'un rire sonore. Il sentait l'excitation le gagner, chacun de ses muscles se tendaient en préparation à l'affrontement. L'aura de violence qui émanait de Kiril s'insinuait par chacun de ses pores, venant ajouter sa mauvaise influence. Le Crack ne cessait de sourire, un sourire brillant et incontestablement synonyme de mauvaises choses. Il s'agit du sourire qu'on adressait à une victime de torture avant de s'emparer de la première paire de cisailles.

      "Par contre casser ta tête de Punk c'est aut' chose. Tu penses pouvoir me faire payer ? Toi ? Hahaha. Mais Kiril, je m'échauffe tout juste là ! J'compte bien solder mes comptes avec toi ici et maintenant."

      Histoire de ponctuer sa phrase, le boxeur décocha un Sonic Flying Kraak pas piqué des hannetons. Il s'agissait de la même attaque que celle envoyée sur le Varan mais en plus rapide, on parlait là d'une vitesse sonique. Mais esquiver ce genre de coup était facile pour Kiril, le punk connaissait bien le blond. Il s'attendait à un coup de ce genre. De la même manière qu'il s'attendait à voir le sourire de psychopathe du Crack réapparaître à quelques centimètres de son visage, son poing déjà brandit bien haut.

      "Sonic Kraak !"

      Le poing du boxeur vibrait à toute vitesse alors que sa droite fusait vers la tête du Punk. Très rapide, pas de doute là dessus, mais trop évident pour un homme qui l'avait déjà combattu par deux fois. Joseph paya le prix fort en se mangeant une bonne vieille Beigne dans ta gueule qui fit voler sa tête en arrière. Le créteux avait progressé. Crack ne put qu'encaisser le coup. Il vit Kiril armer une deuxième frappe et décida de reprendre de la distance en un instant grâce à son sonido. Crack Joe émit un sifflement pareil à de l'eau s'écoulant sur du métal en fusion puis cracha un glaviot sanglant. Ok, maintenant il était chaud. Plus que chaud même, il était en feu. Il allait laisser cette chaleur sortir à travers ses poings. Il leva les yeux et vit une tête à crête se rapprocher de lui rapidement, souhaitant rester au corps à corps pour échanger des coups. Le sourire ensanglanté de Joseph s'élargit encore un peu si cela était possible.

      *Tu tiens tant que ça à venir me voir ? Et bien... Sois mon invité.*

      "Sound Blast !"

      Et une onde de choc, une ! Qu'est ce que tu dis de ça le Punk ? C'est quand même plus viril que les cris de pucelles effarouché que Joseph poussait lorsqu'il a découvert son fruit. Il y avait même des arbres qui se courbaient sous la pression de l'onde, la classe non ? Impossible d'affronter le Sound Blast de front, Kiril allait devoir esquiver d'un côté ou de l'autre et le Crack serait sur lui en un instant grâce à son Sonido pour le cueillir comme un fruit trop mûr.
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      Crack a toujours plus d'un tour dans son sac, c'est comme un clown-farceur, sauf que lui ne fait pas rire les enfants. D'ailleurs il ne fait rire personne. Il me fait penser à celui dans "ça". Avec des mèches blondes... Et tandis que l'atmosphère se charge peu à peu d'ondes surexcités, c'est à l'intérieur que tout se passe, je respire la violence, un peu comme Jack. Et mes muscles s'en nourrissent. Le Scotch montre sa gueule rapidement, rougissant ma peau à la manière d'un ferronnier.  

      Il va se concentrer en un point, ma naturelle, et se décharge contre l'onde de choc en l'éclatant. Quelques arbres en sont dévêtus. Je regarde Crack imitant le sourire qu'il arborait tout à l'heure.

      Faut pas t'en faire, l'aminche, t'iras...

      peut-être pas en enfer ? Tu parles, dans le cas de Joe, le "peut-être" n'est pas approprié. Lui, il serre des dents, réfléchit une minute et s'élance avec son Sonido toujours trop rapide pour mes yeux de mec qui n'a pas d'eau dans le corps, mais du cognac. Turellement, je me prends une droite imparable dans le bordel et je songe qu'il faudrait que j'arrête l'alcool. Puis je rigole intérieurement, et je me reprends un coup. Le troisième, je le bloque avec le scotch, malheureusement le Joe reprend ses appuis deux mètres plus loin et me décoche un inattendu Sonic Flying Kraak que je me mange. Pas bon, à en faire décoller mes semelles du sol.

      Tenace, comme attendu...

      J'essuie le sang qui coule de ma bouche avec mon poignet. Et je me dis qu'il est temps de le mettre en mauvaise posture. Pour ça, je prends ma topette qui était restée cacher quelque part dans l'herbe maintenant complètement déblayée par les attaques du Crack. Je bois deux gorgées. Ah, le nectar psychédélique. Du mal à me remettre debout, mais j'y arrive. Cette bibine rendrait impuissant les plus faibles. Mais chez moi, elle s'installe, les bras, le corps et l'âme. Elle stimule le Scotch, plus docile, apte à m'écouter. Je serre les poings, les jambes et courent vers le blondinet qui évite mes coups avec son sonido.

      Beigne ! Beigne ! Beigne !

      Sans succès. J'envoie alors ma gauche, feinte, et lui balance mon crâne sur le front, surpris, il perd appuis et là...

      Beigne dans ta gueule et tu perds tout ton sang...

      Le Scotch se marre mais il a encore faim. Je me ressers du Nectar dans ma topette, guettant Crack. Comme prévu, l'aminche se relève vite, toujours souriant. A moi aussi ça m'avait manqué d'éclater ta frimousse. Seulement, avant même que j'ai fini la bouteille, le poing du Joe m'avait déjà téléporté à six mètres derrière, mais cet enfoiré a l'avantage de la vitesse, et mon corps a même pas rencontré le sol que deux Sonic Kraak me propulsent dans la direction opposé, ça, pendant longtemps : jusqu'à ce que j'y mette fin en utilisant le Scotch dans le coude, me retournant dans la volée pour lui foutre dans le bide et enchainer avec ma gentillette dans sa jolie joue.

      Je crache deux dents, éjecte le liquide rouge du nez. Les deux repoussent, les joies d'être un gros lézard, le sang cache ma peau.

      Va te faire foutre, Crack...
        Le Sound Blast s'était fait éclater par une droite portée au rouge. Ce spectacle avait laissé Joseph pantois un instant. Le Punk maîtrisait le Haki ? Comme si ça allait changer quoi que ce soit ! Il était Crack Joe, il n'avait peur de personne et surtout pas d'un accro à la bouteille comme Kiril. L'ex agent du Cipher Pol avait l'avantage de la vitesse, c'était indéniable. Il se déplaçait et frappait plus vite que son adversaire, lui donnant trois coups pour un qu'il encaissait. Mais ça suffisait tout juste à maintenir l'équilibre, le Haki renforçait salement les coups du Punk.

        "Tu veux pas juste crever hein ? C'est trop te demander j'suppose..."

        Joseph cracha un glaviot sanglant au sol, profitant de l'arrêt momentané des hostilités pour faire un diagnostic rapide de ses blessures. Deux côtes fêlées, la tête qui résonnait comme si on avait tiré un feu d'artifice à l'intérieur. L'enfoiré avait la tête aussi dure que creuse. Les deux combattants s'observaient en sifflant, feulant tels des animaux. Crack Joe n'avait pas perdu son sourire, il avait encore des cartes à jouer pour réduire le Punk en miettes.

        Le cri qui tue

        Joseph ouvrit légèrement la bouche, laissant s'échapper un son que nulle oreille humaine ne pouvait percevoir. Toute la beauté des infrasons était que vous n'aviez pas besoin de les entendre pour qu'ils fassent effet. Le Kiril semblait soudain un peu moins bien assuré sur ses jambes, l'effet ne durerait pas mais tout ce dont Joseph avait besoin c'était de quelques secondes.

        Le boxeur gardait la bouche ouverte et tâcha de concentrer son esprit. Il rassemblait sa colère, ses pensées meurtrières, son envie de puissance, sa honte lors de sa défaite, sa volonté d'effacer ce sourire du visage du Punk. Bref, il rameutait tout ce qu'il y avait de Noir en lui. Des picotements familiers se firent sentir dans sa main droite. Il serra les dents, faisant appel à toute sa volonté pour recouvrir son poing de cette aura noire qui était la marque des puissants. Il l'avait fait !

        Le Crack releva les yeux, heureux comme un gosse à Noël juste à temps pour éviter la droite du Punk qui arrivait sur lui. Il était tellement heureux d'avoir réussi à mobiliser son Haki qu'il en avait interrompu sa technique. Et bien si Kiril souhait danser, Crack Joe n'était pas homme à refuser.

        Il évita un second coup et d'un pas en arrière propulsé par le sonido se retrouva à plusieurs mètres de son adversaire. Deux pas en avant et le voilà qui fonçait à une vitesse quasi sonique sur son adversaire, son poing nimbé de noir brandit en avant comme la pointe d'un trait baliste. C'était là un véritable défi qu'il lançait à son adversaire et le Punk le releva comme il fallait s'y attendre. Son poing recouvert de rouge vint à la rencontre du poing noir de Joseph. Droite contre droite, Haki contre Haki. Le choc entre les deux dégagea le même son qu'une explosion alors que Kiril était projeté vers l'arrière, ses pieds raclant le sol sur plusieurs mètres. Joseph avait pu augmenter la puissance de son coup grâce à la vitesse acquise par sa course en avant mais il n'en tirait que peu de joie. L'aura noire disparaissait déjà alors que le poing de Kiril rougeoyait toujours et celui-ci n'avait subi aucun dommage.

        La danse continuait. Joseph reprit de la distance, une dizaine de mètres cette fois et sortit une nouvelle surprise de son sac à malice. Le bon vieux mégaphone télescopique qui allait démultiplier la puissance de son onde de choc. On a jamais trop de couteaux. Un sourire sadique apparut sur le visage de Joseph. Si avec ça le Punk ne finissait pas encastré dans un arbre. Il aurait alors tout le temps de concentrer son Haki pour l'achever. Joseph apprenait vite mais il fallait lui expliquer longtemps... et frapper fort pour que l'information parvienne jusqu'au cerveau.

        "Essaye donc d'arrêter celui là !"
        "SOUND BLAST !!!"
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        Je serai les dents et le reste de mes abattis en les chargeant d'haki pour limiter les dégats, croisant les ailerons. Déjà sonné par le cri qui tue de l'aminchard, 'ai du mal à concentrer tout le scotch là où je veux. La secousse arrive, je plisse des yeux comme un noich, puis je numérote mes os, j'les serre, leur supplie de pas casser comme on réclame un jouet à sa maternelle.

        BOUM

        Le sol tremble puis j'suis sûr que le reste de la bande entend, et devine qui est derrière le boucan. Les environs ont peur, l'air même essaie de nous fuir en vain, ça crée une atmosphère étouffante comme si on se trouvait au coeur d'un volcan. Mon coeur a dû rater trente battements, mes os, surtout des avants bras, eux, par contre ont pas raté les fissures. Et je me trouve maintenant à plus de quarante mètres du Crack, la tête éclatée sur un gros rocher. Celui-ci à première vue seulement défiguré par l'attaque, mais au toucher, je sens comme du sable caresser ma main. Le bloc lâche, j'ai le cul par terre.

        J'ouvre les yeux...

        J'ouvre les yeux ?

        J'OUVRE LES YEUX ?!

        Je vois des nuances de noir, si ça se dit, si ça existe. Des noirs et des nuances. Rien d'autre. Ma patte sur ma bobine : hé merde, foutu animal indomptable que tu es, Varan. J'y fous une claque, puis je me dépoussière. Les sens sont tous partis. Presque... J'le sens, difficile à décrire : les arbres sentent l'arbre, l'herbe sent l'herbe mais Joe lui, il sent différents trucs, dont la sueur et le sang. Sa sueur, son sang et un peu du mien.

        Je ralentis, je calcule pas à quel point mon corps à changer, tout ce que je sais, c'est que j'ai perdu ma crête. Je passe ma langue sur chacune de mes dents et je crache les bactéries qu'en sortent. Parfait, je concentre le Scotch dans ma bouche comme pour accélérer le vieillissement du liquide. Couleur vin.

        Comme pour tout alcool, rhum, vin...

        Je l'entends pas, mais je le sens ricaner. Je m'avance doucement vers lui, la queue qui danse sur l'herbe qui ne demande qu'à s'enfuir.

        Si tu attends doucement qu'il fermente...

        L'odeur s'accentue jusqu'à me piquer les narines et j'y fous un coup de tampon au scotch, en plein dans le pif je dirais pour le rattraper de l'autre main, et y refoutre. Comme ça, trois fois, jusqu'à ce qu'il se libère avec un pain dans mon bide et se dégage. Il m'emborgne d'une autre timballe que j'évite pas, testant la robustesse de ma peau. La marrade que je lance, la gueule retournée par le coup. J'lui balance un deuxième coup de crâne, façon varan. Cette fois ci, il le réceptionne bien, tellement qu'il est capable d'enchaîner avec un shotgun : bidoche, tronchiole, j'en reçois plein puis je donne rien en retour. Excité, je m'efforce de pas ouvrir la bouche mais le Crack n'arrête pas les châtaignes. Le Scotch fait polker mes gencives et j'le sens qui arrive...

        Il t'arrachera la gueule !

        Dégueulasse, mais j'crache ma salive sur lui pour l'aveugler, puis j'le mords une seconde fois à l'épaule en rajoutant un peu de Scotch dans mes dents.
        J'concentre maintenant le Scotch sur ma droite et ma gauche et je commence un Shotgun à la Kiril : comme à la vieille école fruité, la puissance du varan, et la migraine que te fout le whisky. Tout ça pour l'ami Crack, qu'avec les poings.

        J'ai vu

        Poivron !

        Ton haki...

        Rampon !

        Crack !

        Bourron !

        Montre-le...

        Jeton !

        MAINTENANT
          Kiril avait toujours frappé dur mais maintenant qu'il cognait avec le Haki et un surplus de puissance animal, c'était sans comparaison. Tout le corps de Joseph n'était plus que plaies et bosses. L'homme-lézard le lardait de coups, c'était comme se retrouver au cœur d'une avalanche. Les coups pleuvaient trop vite et trop durs sur la garde du Crack. S'abriter ne servirait à rien, l'autre allait finir par réduire ses bras en bouillie. Il n'avait pas le choix, il allait devoir accéder aux souhaits du lézard.

          "Tu veux du Haki ? En voilà du Haki !"

          L'aura noir réapparut sur les avants bras du Crack de façon quasi instantanée. Il faut dire que niveau sentiments noirs, à cet instant, il était chargé à bloc. La droite du Varan approchait, Joseph la dévia avec son avant bras. La gauche se ramenait pour lui exploser la mâchoire, pas de soucis, elle subit le même traitement. Les deux combattants étaient désormais face à face, bras écartés, un peu comme deux lutteurs. Soudain la mâchoire du lézard vola en arrière projetée par un pied couvert de Haki qui était arrivé à toute vitesse propulsée par un Aero-Dial. Il n'avait pas vu le coup venir. Le pire coup était celui qu'on envisageait même pas. Qui aurait cru que Joe en viendrait à lancer un coup de pied ?

          Crack Joe souriait de toutes ses dents ensanglantées. L'autre lui avait craché à la gueule, alors pas de quartiers. Le lézard recula d'un pas. Son cerveau avait dû être secoué par le coup, il mettrait plusieurs secondes à s'en remettre. Le Crack profita qu'il avait l'avantage pour lui asséner un coup au corps à bout portant, un coup de tueur.

          "Beat Sonic Liverblow !"

          Le bras de Joseph vibra à une vitesse démente et son poing chargé en ondes sonores s'abattit sur les côtes de l'homme lézard. L'effet fut immédiat, il cracha du sang. Enchaîner, enchaîner, enchaîner. Il avait l'avantage et ne devait pas le lâcher. Ne pas lui laisser le temps de se ressaisir. Ne pas le laisser contre attaquer.

          La mâchoire du lézard était revenue à sa place, le crack ramena son poing contre son corps et expédia un nouveau coup à cette cible si tentante, faisant de nouveau voler la tête du lézard en arrière.

          "Sonic Thunder Kraak !"


          Et un uppercut envoyé à vitesse sonique, un ! Pas pingre pour deux sous, le Crack avait rajouté un supplément foudroyant pour le Varan. Il sortait toutes ses armes secrètes l'une après l'autre, il n'avait pas le choix. La foudre ne lui ferait peut être rien vu sa peau mais le coup avait porté. L'homme lézard était encore sonné ce qui ne l'empêcha pas de décocher un coup de patte griffue qui manqua largement sa cible.

          Sa vision était floue à cause du crachat et du sang. Tant pis pour la technique, il n'avait qu'à frapper droit devant. C'était ça un duel entre hommes ! Le dernier debout était le plus fort, aussi simple que ça. Alors Crack Joe donnait tout ce qu'il avait. Il adopta une posture basse, chargea ses poings et ouvrit grand les portes de l'enfer.

          "Beat Sonic Thunder Shotgun !"

          Les coups pleuvaient sur le lézard, visage, ventre, bras, peu importait du moment que le Crack touchait sa cible. Pas besoin d'atteindre un point vital, l'effet Beat s'en chargerait. Chaque coup qui portait émettait un grésillement, l'air se chargeait d'électricité. Crack Joe était une tempête furieuse et Kiril de Komodo se trouvait en son centre.
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          Yarost, qui s'était intelligemment planqué entre deux grosses branches de bois tombées lors de la dernière explosion, avait une vue directe sur le combat que menait les deux hommes. Et il était scotché. Alors oui, il avait auparavant été témoin d'échanges de coups de pattes entre des singes et des écureuils mais jamais ces rares spectacles lui avaient barbouillé le visage d'autant de sang. Les humains étaient horriblement fascinants ! Aussi, ils trouvaient les deux saigneurs contradictoires : en effet, ils semblaient se détestés l'un l'autre mais dans leurs yeux une lumière bien étrange scintillaient. Mais pourtant ils se cognaient ! Le lézard avait l'impression qu'à chaque coup, donné comme reçu, leur plaisir ne cessait d'augmenter.

          Si son nouveau compagnon de route avait un avantage très net sur son opposant, la situation depuis quelques minutes avaient énormément changé. Le Beat Sonic Liverblow l'avait fait perdre pied, rien qu'un peu, certainement parce qu'il ne s'y était pas préparé. Puis, le Sonic Thunder Kraak l'avait fortement sonné. Il lui avait été impossible de tenter l'esquive à cause du coup précédent... Mais les derniers furent à deux doigts de le mettre K.O ! Pas seulement Kiril, mais Yarost et tout ce qui pouvait être vivant aux alentours. Il sentait la foudre l'agresser, des petites secousses électriques qui venaient flirter avec son cerveau.

          Yarost, bien décidé à aider son maître et surtout à s'aider lui-même, fonçait dans la petite sacoche qui avait été propulsé plutôt loin durant l'onde de choc qu'avait engendré la rencontre des deux hakis. Ses petites pattes étaient en déséquilibre à cause du Beat Sonic Thunder Shotgun qui faisait résonner le centre de la terre à leurs pieds. Foudroyant ! Mais il y arrivait, l'emportait grâce à la bandoulière et partait pour l'Enfer...

          Il avait mal pour le Komodo, il voyait ses yeux blancs, comme totalement inconscient tandis qu'il semblait mourir sous le flot de coups. S'il n'arrivait pas vite, il y avait fort à parier qu'il succombe. Ah ça non ! Pas possible. Il a mis un temps fou avant de retrouver son ancêtre, le dragon. Il n'allait pas le perdre l'instant d'après ! C'est plus déterminé que le lézard allait à la rescousse du Dieu Varan tandis que Crack Joe lui ne semblait pas vouloir s'arrêter. Et on le comprend, que c'est bon, de se sentir puissant !

          A moins de dix mètres du combat, il se dégonflait un peu. Joe faisait peur. Il déposait alors le sac là, et retournait à sa place... mouais, ou à une autre, plus loin.

          ***

          Beat Sonic Thunder Shotgun... Beat... Sonic... Thunder... Shotgun... Ces quatre mots résonnaient dans ma tête, au figuré et au propre ! Vraisemblablement. Beat Sonic... Thunder... Shotgun... Beat... Argh mais qu'est-ce que c'était censé vouloir dire !?
          Le Scotch est inutile, caché dans un coin de mon crâne. Je ne suis pas assez ivre pour ne pas ressentir la douleur. Mes bras, mon estomac et surtout ma gueule souffrent d'un mal que je n'ai jamais connu avant. Je suis électrifié ! Et mes synapses s'éloignent de plus en plus.  Déjà qu'elles fonctionnent pas des masses, en temps normal... Je sens maintenant le grand couloir m'appeler. Il me toise, aguicheur.  Sauf que couloir n'est pas un nom féminin, alors il peut bien aller se faire voir. Ouvre ta bobine à l'envers ! J'irai pas... Je n'irai pas. Mais c'est mal parti. Je n'ai plus aucun contrôle, rien, et mes poings ne répondent pas. Même avec une ouverture, le corps affaibli, je doute pouvoir trouver la force de lui en allonger une dans les côtes.

          Presque mort.

          Mais, ça arrangerait beaucoup trop de monde dont Micha. Et il se trouve que de mon existence, jamais je ne souhaiterai lui faire plaisir ! Non, mon existence est à une autre femme. Lana, et la seule pensée pour elle ravive la pupille de mes yeux.

          Le Scotch concentré dans mon avant bras gauche, je mets fin à l'averse et roule immédiatement sur le côté, me rendant compte à quel point mes abattis sont touchés. Paralysé. Sauf que, une bonne surprise m'attend à côté.

          Rosita... Dans son récipient, une eau de vie vieille de deux cent ans. Je l'empoigne et bois d'une traite au moins le quart de la topette en verre. Mais elle n'est pas seule, tout Panache Service est dans le lot. Crack étant un boxeur, je laisse les lames de côté et vêtit ma main gauche d'un Ankoü, l'autre d'un Joe. Il s'y prête bien. Aux Os, je mets du Scotch et essaie comme je peux de me relever, à deux doigts de tomber.

          Cet arcasien de Joe est presque au top, lui, avec l'épaule tout de même amoché. Je le sens reparti pour une de ces techniques imprononçables. Il me nargue une dernière fois, de l'oeil et du sourire et s'élance son Sonido vers moi. Je perds presque l'équilibre avec la pression qu'il exerce sur l'air, mais je l'attrape par le col et l'y jette à ma place.

          Un dernier baiser à Rosita que j'abandonne bien rapidement sur le sol.

          T'es prêt, sale phoque ?

          Il se lève, je le laisse. La satisfaction qu'on a à se foutre sur la gueule surpasse de loin les bras d'une radasse. Je lui murmure de faire son truc, que j'ai moi-même le mien... Il a compris, les flammes qui sortent de nos yeux combattent elles aussi.

          Inspiration, concentration du Scotch sur l'Ankoü et le Joe... Et on est reparti pour une dauble...

          Comme à la vieille école !

          Beat Sonic Thunder Shotgun !!



          Et ça, monsieur Leterrier, c'est un vrai choc des titans.
            S'il était prêt ? Un peu que Joseph était prêt. Kiril lui offrait tout ce qu'il souhaitait. Échanger des coups, debout, comme un homme, il n'y avait que ça de vrai. Frapper et être frappé jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un debout et à la toute fin pouvoir dire, je suis le plus fort. Prouver sa force c'était prouver son existence.

            C'était le dernier assaut, ils l'avaient tous deux compris. Kiril l'avait souhaité ainsi et le Crack n'était pas homme à fuir devant un défi. Et puis, il s'amusait beaucoup trop pour s'arrêter maintenant. Il se sentait vivant. Il était heureux. Les coups pleuvaient drus des deux côtés, le sang volait tout autant que les poings. Les Os de moutons imbibés d'Haki déchiraient la chair du boxeur en surface, ses propres poings chargés en Beat dévastaient l'intérieur de Kiril. Il n'était plus question de garde ou même de viser. Les deux combattants frappaient quasiment à l'aveugle décochant par dizaines des coups qui auraient ouvert un homme en deux et à ce petit jeu, ce fut Kiril qui prit doucement l'avantage.

            Un Joe, ô sweet irony, chargé en Haki parvint à trouver son chemin jusqu'à la mâchoire de son éponyme, l'étourdissant pour le compte. Le boxeur accusa le coup mais les mandales ne cessèrent pas de pleuvoir. Tout son univers se colorait progressivement en rouge. Il voyait à travers son sang. Si le Punk n'avait aucun mal à maintenir son Haki, le Crack lui, n'avait plus le temps de charger ses poings en beat. L'avalanche de coups continuait mais les coups de Kiril faisaient deux fois plus mal que ceux de Joseph. Et dire que le type était à moitié mort !

            Tachant de reprendre le dessus, et de mettre le deuxième pied du Punk dans la tombe, Joseph ouvrit grand la bouche, laissant s'échapper un Wanna Hear me scream à bout portant qui aurait brisée les tympans de n'importe quel homme. Mais l'homme lézard n'était pas un homme. Il n'eut pas l'air d'entendre le cri et fit taire le boxeur d'un crochet vicieux. Soit. Le Crack avait compris le message. Cette histoire se réglerait aux poings, à l'ancienne. Il reprit de la distance en un instant grâce à son sonido et cracha une nouvelle fois un glaviot sanglant au sol. Il était temps d'en finir.

            Le Crack s'élança vers l'avant, son adversaire fit de même, venant à sa rencontre les poings brandis. Joe décocha une gauche particulièrement évidente que le Varan ne put laisser passer. Son bras droit passa au dessus de la gauche de Joseph, arrivant à toute vitesse vers son visage, il allait le contrer.

            "Beigne dans ta gueule..."

            Ou pas... Le Crack avait relevé son coude gauche, bloquant la frappe du Varan. Son visage ensanglanté resplendissait dans le noir, il l'avait piégé. Il allait gagner !

            "C'est terminé !"

            La droite du boxeur jaillit à son tour. Et un Sonic Thunder Kraak pour achever le lézard, et lui décrocher la tête, un ! Enfin ça c'était le scénario s'étant déroulé dans la tête de Joseph. Dans la réalité, le coup n'eut pas la moitié de la vitesse que le boxeur aurait voulu lui donner, la faute à ces morsures à l'épaule. Un coup aussi lent laissa au Varan une possibilité de riposte.

            "... tu baignes dans ton sang !"

            Il utilisa toute sa puissance et défiant toute logique parvint à faire franchir à sa droite le barrage du coude de Joseph, imprimant la marque de l'Os de mouton dans la joue du boxeur à l'instant même où sa propre joue recevait une empreinte similaire.

            Les deux corps furent projetés en arrière, atterrissant sur le sol à peu près en même temps. Venait on d'assister à un double K.O. ? Mais où était l'arbitre quand on avait besoin de lui ? Qui allait pouvoir compter jusqu'à 10 maintenant ?!
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            Yarost avait attendu avant de sortir sa tête de derrière le tronc de l'arbre qui lui avait servi de paupière quand le sol s'était soudain mis à beugler, lui aussi avait mal. Mais la jungle était enfin redevenu silencieuse, il n'y avait plus de bruits sourds, d'os qui craquaient, de cris, de rires (les saigneurs sont bizarres, et oui) et de lumières qui ressemblaient à peu près à de la foudre. Les humains savaient-ils en créer aussi ?

            Le lézard, certain que Kiril avait fini par vaincre son adversaire, marchait d'un pas confiant vers les deux pirates. Il trouva alors deux carcasses vide, le Punk redevenu humain entre temps et Crack Joe qui ressemblait, lui, à une bête. Ils avaient au moins une chose en commun : ils semblaient morts.

            Autour d'eux, c'était comme s'il y avait eu une grande explosion et ce qui fut autrefois une jungle dense et fleuri n'était plus qu'un champ de bataille d'affreuse terre battue. Yarost grimpait sur le crâne de Kiril, il avait les yeux ouverts mais il était inconscient. Son visage n'était plus que bleus et bosses. Il prononçait les mots "bibine ! alcool ! radasses!" à son oreille mais il ne réagissait pas. Il devait réellement être mal en point... ou simplement ne plus comprendre le langage lézard.

            Le temps passait et le jour avait laissé place à la nuit. Aucun des deux n'avaient bougé. Même pas un cil. Yarost avait vérifié plusieurs fois, ils respiraient normalement.
            Le temps passait et la nuit laissait place à l'aube. Il passait, et on était déjà plus hier ! Il passait... lentement.

            Quand à midi les ventres des Saigneurs se mirent à gargouiller en même temps. Kiril se mettait à regarder dans tous les sens, jurait et puis regardait le lézard avec un sourire intéressé.

            Fait faim. Va réveiller Joe, pince lui les roubis s'il veut pas... Quoi ? Fais vite.

            Il n'eut pas d'autre choix que de s’exécuter... et il finit prisonnier de la main gauche du Crack qui le serrait avec une telle force qu'il était prêt à jurer qu'il ressemblait à un tétard.

            Ce coup-ci Crack, ça m'emmerde l'avouer mais je t'ai pas foutu la rouste que je t'ai promise. Quoique si. Mais tu as bien rendu. Bon, hé, c'est que, j'arrive pas à bouger. Faudrait que les gars qui te suivent partout comme des apôtres ramènent de la bouffe de Micha, fait faim. Pas du pain ni du vin.


            Puis, p't'être un brancard... ou deux. Et si tu lâches pas mon lézard, p't'être trois.



            Il songeait un moment puis semblant se souvenir de quelque chose, il rajouta :

            Et puis putain Crack, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire Beat Sonic Thunder Shotgun !?
              Au dessus de lui, la cime des arbres et au delà le ciel. Et merde, il avait encore fini par contempler le ciel bleu. Pourtant il était sûr de gagner cette fois. Foutu Haki. Point positif, ça voulait dire que c'était Kiril qui payerait la topette. Mine de rien, Joseph se sentait bien là comme ça, allongé sur le sol. Il était vidé mais heureux. Il était... satisfait, repu. Lentement, la conscience de Joseph vint se rappeler à son corps. Elle avait tout un tas de factures en retard à lui présenter: côtes brisées ou fêlées, muscles endoloris, etc... Il n'y avait pas une seule partie du corps du Crack qui ne soit source de souffrance, le pire étant l'épaule droite qui portait la trace de la dentition du Varan. Le message global étant "réveille toi mon gars !".

              Très lentement, les oreilles de Joseph se remirent à fonctionner. Il papillonna des sourcils un instant avant de regarder sa main gauche avec curiosité, y observant le têtard qui s'y contorsionnait. Crack soupira et relâcha la bestiole qui se hâta de retourner se cacher du côté de Kiril.

              "Ca m'emmerde de te l'avouer Kiril, mais j'ai eu ma dose là. J'pensais pas que tu pourrais cogner si fort. Par contre j'suis désolé d'te décevoir, mais j'crois pas qu'on puisse compter sur l'arrivée d'un de mes apôtres comme tu dis. Va falloir qu'on s'débrouille seuls héhé. Y savent pas que j'suis v'nu en forêt. J'avais... un truc... à faire."

              L'image des deux cadavres qu'il avait enterré la nuit précédente réapparut devant les yeux du Crack. Brrr, pourvu que personne ne les trouve ceux là. Changer de sujet, vite. Il lui avait pas posé une question d'ailleurs ?

              "Beat Sonic Thunder Shotgun ? Ça veut dire..."

              Ah merde, ça c'était une colle. En soit le nom de la technique ne voulait rien dire, c'était un assemblage de noms d'autres techniques. Bon... Pas passer pour un con, vanter ses pouvoirs, se faire mousser. Bonne idée ça.

              "Chez moi, ça veut dire bienvenu en enfer. J'pensais pas que t'en reviendrais vivant j'dois dire."

              Bah voilà, ça c'était de la réponse. On se la pète et on révèle aucun secret de fabrication. Le Crack était plutôt fier de lui tiens. Tellement fier qu'il tenta de s'arracher du sol. Ce qu'il réussit à faire mais au prix de nombreux efforts. Il dût lutter comme un possédé pour parvenir à se remettre en position assise puis enfin sur ses jambes. Une fois debout, notre homme ne put résister à une impulsion lui enjoignant de s'épousseter. Une réaction bien ridicule étant donné son état. Il observa son adversaire, toujours allongé au sol. Kiril Jeliev, son meilleur ennemi. Qu'il était bon d'avoir un rival avec qui échanger des coups.

              Crack Joe s'approcha doucement de l'autre homme et lui sourit crânement. Bah quoi ? Il n'espérait tout de même pas qu'il lui tende la main ? A lui de se relever tout seul comme un grand. C'était ce que faisait un homme non ? Se relever seul. Et c'est ce qu'il fit. Faut croire que rester à terre plaisait autant à Kiril qu'à Joseph. Les deux hommes se regardèrent un instant en chiens de faïence avant d'éclater de rire, ils faisaient peine à voir.

              "Bah voilà, t'as réussi à t'lever. Maintenant il nous reste plus qu'à boiter jusqu'à la villa. En essayant de pas avoir l'air trop ridicule si possible."

              Et les voilà partis, le ventre vide et les os en miettes. S'appuyant l'un sur l'autre, les deux boiteux repartaient d'où ils étaient venus un peu plus amoché qu'à leur arrivée mais sans doute dans un meilleur étant mental. Quelle belle amitié virile entre hommes tout de même. C'était si beau que Joseph ne put résister à la tentation de balancer une petite décharge à son aminche, activant négligemment le Thunder Dial planqué à l'intérieur de son gant. Joseph souriait de toutes ses dents comme un sale gosse heureux de sa mauvaise blague. Il n'était pas le moins du monde désolé.

              "Oups. Pardon pour ça. Mais sinon depuis quand t'es devenu un putain de lézard toi ?"
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