[FB - Duo] La Beth et la Bête

Y'a pas que des événements ignobles dans la vie. Voir des pirates qui se bastonnent contre la Marine, des militaires contre des Révo', ou encore, des opérations secrètes qui se terminent en bain de sang et des missions qui partent en couille commencent sérieusement à m'horrifier. Et j'ai besoin de savourer des moments calmes et paisibles, histoire de faire un break dans la vie. Être pépère pendant des heures à faire ce que je veux me fait du bien. Il faut que j'évacue toutes ces visions de cruauté que je vois dans ma tête quotidiennement. Je veux vivre enfin comme un citoyen lambda, quoi. Franchement, ça fait du bien d'oublier un peu les délégations et autres conneries du genre.

Pour tout dire, je passe une super journée aujourd'hui. Le soleil est encore chaud en cette fin d'après-midi. Un climat agréable. Je suis de bonne humeur. Ça remonte bien le moral ce petit détail. Un rayon de lumière dans une vie, c'est toujours ça de plus. Il faut dire que parfois, j'aimerais bien effacer de ma tête toutes les atrocités qui étaient arrivées dans ma vie antérieure, et particulièrement, ceux que j'ai connu depuis que je suis dans le Chipher Pol. Des fois, j'ai l'impression que la mort me suit partout et me colle aux basques trop souvent. C''est vraiment pas une vie. Je songe par moment à changer de milieu. Reprendre la Marine d'Élite ou virer complètement d'affectation, peut-être? Chasseur de primes, pourquoi pas... Je sais pas trop, en réalité. Il y a tellement de choses que je peux faire. De toute façon, je suis pas au royaume de Saint-Uréa pour parler de mes états d'âme, mais pour me détendre un peu.

Quel est le programme de la soirée? Je compte aller dans la bibliothèque, manger dans un bon resto' avec une jeune femme et terminer en beauté en allant voir une pièce de théâtre à l'opéra de la ville haute. Ce soir, je fais tout dans le chic. Je peux me permettre des folies, c'est pas tous les jours. Et il faut bien vivre de temps en temps. D'ailleurs, il va falloir que je me change, histoire que la Lady que j'ai invité à dîner constate que j'ai pas de goût ou que les nobles me regardent pas d'un mauvais œil pendant le spectacle. Le nom de l'actrice principale est la "Reine des Masques". C'est son nom de scène, je crois. Le récit de la pièce se résume simplement par l'histoire d'une jeune femme qui doit faire face à son destin. Deux hommes l'aiment, mais ils sont pas de la même classe sociale. J'imagine qu'il y aura une petite leçon de moral à la fin.

J'ai du temps devant moi. Je suis sur la place de l'obélisque. Il y a foule. Ça déborde de gus en tout genre. Des hommes chargés de la surveillance et de la protection patrouillent aux alentours. Normal. Tout semble tranquille. Je trouve la bibliothèque au bout de quelques minutes. La façade du bâtiment est plutôt spectaculaire. Des marches mènent sur un stylobate qui supporte une colonnade imposante. La tronche de l'édifice me fait penser à un vieux temple de l'ordre ionique. Tout de marbre blanc. Au-dessus de l'architrave, incrusté dans les métopes, une frise en bas-relief jongle entre les triglyphes. Il y a pas mal de monde rien que sur le parvis et le seuil déjà. Et ça circule en masse à l'extérieur ou dans la maison des livres. Je remarque deux clebs près de l'entrée. Je m'attarde pas.

Je rentre dans un grand hall impressionnant. Les ouvrages sont dans les pièces sur les côtés. L'aile de gauche se porte principalement sur de vieilles documentations. Celui de droite se consacre sur des romans, des nouvelles, des articles en tous genres. C'est l'endroit le plus intéressant pour moi.

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Dernière édition par Aran Z. Baal le Mar 17 Fév 2015 - 1:08, édité 13 fois
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Dans l’ambiance feutrée de la bibliothèque, les immenses rangées de livres s’étalaient de part et d’autres des salles. Bienveillants, ils attendaient sagement qu’un lecteur égaré tende la main vers eux. Combien de voyages ne demandaient qu’à débuter ici ? Combien de rêves ? Dans la section destinée aux plus jeunes, quelques enfants s’évadaient déjà, ravis par les couleurs chatoyantes des albums, emportés par les mots simples mais pourtant emprunts de poésie. Nostalgiques et amusés, leurs parents les surveillaient du coin de l’œil en lisant eux-mêmes quelque roman attrapé au détour d’une étagère. Quelques pas plus loin, à la banque de prêt, une jeune femme interrogeait une bibliothécaire sur le fonctionnement des lieux. Intimidée par l’imposant bâtiment, elle s’était enfin décidée à en passer le porche pour en découvrir les merveilles.

Si la façade du bâtiment impressionnait en effet par sa stature et son architecture, l’intérieur était tout autre. On avait su préserver sa structure originelle sans pour autant le rendre austère. Les murs étaient recouverts de peintures, de dessins d’enfants et d’œuvres d’artistes locaux tandis que sur le sol immaculé on trouvait de nombreux fauteuils, poufs et tapis qui permettaient à chacun de lire confortablement. Plusieurs espaces de travail avaient également été aménagés avec des tables de tailles variées sur lesquels chacun pouvait s’étendre et travailler en paix. Du côté des livres de recherches, de nombreux sujets étaient abordés et chacun pouvait y trouver de quoi s’enrichir.

Loin d’être confiné, l’espace permettait à chacun de se déplacer et d’être à son aise. L’atmosphère des lieux n’avait rien de rigide et on pouvait voir ça et là quelques personnes discuter doucement sans s’attirer les foudres du personnel. Plus étonnant encore, aucune vieille dame à lunettes et chignons n’intimait le silence avec un air pincé. Les bibliothécaires comme les usagers semblaient au contraire venir de tout horizon. A bien regarder, on pouvait même y trouver un ou deux pirates, mais ceux-ci restaient discrets…

Parmi les visiteurs, une frêle silhouette regardait avec attention le rayon consacré aux contes de fées. Beth, puisque c’est bien d’elle dont il s’agit, avait envie de découvrir de belles histoires. Aujourd’hui, en ville, elle était tombée sur un petit théâtre de marionnettes qui l’avait absolument enchantée. Les pitreries des personnages de tissu les avaient beaucoup amusés, ses chiens et elle. Elle s’était également complètement laissée happée par l’histoire. Seulement, lorsqu’une petite fille avait fait remarquer que « c’est nul, tous les enfants la connaissent cette histoire ! Je vais le dire à maman que t’es pas drôle ! » et que les autres enfants avaient vivement approuvé, Beth avait senti peser sur elle les lacunes de l’oubli. Avait-elle aussi connu cette histoire charmante ? Et combien d’autres en avait-elle oublié ? Bien décidée à remédier à ce manque, la jeune fille s’était dirigée vers la bibliothèque.

Il lui avait fallu un certain temps pour se retrouver dans le dédale de rues de Saint Urea, mais à force de patience et de flair, Propp, Todorov et elle avaient enfin déniché l’endroit recherché. Malheureusement, les deux molosses n’y étant pas admis, elle avait dû faire signe à ses compagnons de rester tranquillement à l’extérieur. Les chiens n’avaient pas protestés, heureux de pouvoir paresser au soleil. La petite maîtresse ne courrait probablement aucun danger dans une bibliothèque. Beth avait donc abandonné ses compagnons et s’était mise à la mise à la recherche de ses précieux ouvrages. Passer la journée pelotonnée dans un fauteuil ne le gênait pas le moins du monde et elle se régalait d’avance de la féérie qui l’attendait !

Désormais devant l’étagère désirée, Beth saisissait un à un les livres qui l’intéressaient. Avec l’insouciance qui la caractérisait, elle empilait les ouvrages au creux de son bras sans voir que la pile tanguait de plus en plus. Elle ne s’arrêta que lorsque les livres commencèrent à lui boucher la vue. Elle était déjà muette, pas besoin d’en rajouter en devenant aveugle, même momentanément. Impatiente, la demoiselle s’empressa donc de partir à la recherche d’un fauteuil dans un coin tranquille. Mais ça, c’était sans compter l’intervention du fameux pli de tapis, célèbre pour occasionner des rencontres impromptues. Et devinez ce qui arriva ?

Beth, tapis, pile de livres, Aran… A vous d’imaginer la suite…
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Tu imagines la suite? Gamine, café, livres, vêtement, tapis, gamine. Je suis pas du genre à perdre l'équilibre d'habitude, surtout avec une môme de 8ans, mais le choc à suffit pour faire une catastrophe. Mon gobelet encore chaud et fumant s'est renversé sur ma veste, sur mon corps, puis sur les livres de la fillette. Heureusement que je suis pas encore en costard ou que le liquide s'est répandu sur mes bouquins. Sinon, j'aurais posé une gueulante. Les gens du coin ont tout de suite remarqué l'accident. Limite, ils nous regardent avec mépris. Nonchalant, je pose mon verre en plastoc' sur la table et je m'accroupis. Je m'efforce d'afficher un sourire amical devant la petite. Il serait con de la faire peur en prime.

Hé, ça va gamine? T'es pas blessée, au moins?

D'instinct, je l'aide à ramasser ses livres. Putain, il y en a un paquet. Elle voulait vraiment lire tout ça? Uh. Et mon œil? Je suis sûr que c'est pour faire genre. Il y a des écrits entachés de café. Il faudra que ses parents remboursent... Des passants trop curieux regardent encore. Y'a pas de honte, c'est juste une banale collision. Rien de plus classique. Puis, c'est qu'une gamine, il faut pas lui en vouloir. J'hausse malgré moi le ton de ma voix.

Vous mâtez quoi, vous autres? C'est pas un spectacle. Circulez.
Chut! Là-bas.

Ça, c'est une documentaliste à lunette et toute fripée qui intervient. Pour une vielle, elle a encore de la voix.

Monsieur. Parlez moins fort. C'est une bibliothèque sérieuse, ici.

Non, mais sans blague...

Remarquant que je suis responsable du désastre, l'employée se met tout de suite à me faire un speech. Comme si c'était moi le fauteur de trouble... Une vraie sorcière, celle-là. Elle me tend son doigt le plus pointu vers l'insigne où se trouve "l'interdiction" de faire rentrer dans la biblio' de la bouffe et co'. Merci du ridicule. Moi, j''ai que faire du règlement. Tout cela serait pas arrivé si cette fillette regardait où elle mettait ses pieds... Alors bon, c'est de sa faute. Ou plutôt celle de ses parents.

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Dernière édition par Aran Z. Baal le Mar 17 Fév 2015 - 1:31, édité 11 fois
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Les belles rencontres nourrissent les belles histoires.

La phrase accrocha le regard de Beth plus sûrement encore que le pli du tapis. Evidemment, la jeune lectrice avait trébuché, brisant l’équilibre instable de sa pile de livres. L’homme qu’elle avait percuté avait grommelé quelque chose après son café renversé avant d’aider Beth à ramasser les livres éparpillés, s’inquiétant au passage du sort de la jeune fille.

Les yeux fixés sur l’un des ouvrages ouvert par terre, Beth ne réagit pas immédiatement à la question de son interlocuteur.

Les belles rencontres nourrissent les belles histoires.

Il s’agissait d’un titre de chapitre extrait du livre le plus épais parmi ceux qu’elle s’apprêtait à lire, peut-être à emprunter. Malgré les pages un peu jaunies par le temps, la couverture un peu cornée dans un coin et le plastique défraichi qui le protégeait, Beth trouva, en cet instant, que ce livre était le plus fabuleux du monde et qu’il détenait une merveilleuse maxime de vie. Avec un sourire, elle le ramassa avec précaution, le referma en douceur et le serra contre elle, oubliant momentanément les autres ouvrages. Puis une grosse voix retentit, brisa la magie, et Beth cligna des yeux, réalisant la situation.

Bien qu’accroupi, l’homme qu’elle avait bousculé était plus grand qu’elle et n’avait pas l’air vraiment avenant. Cela venait sans doute du fait de la présence de la femme qui le haranguait sur sa conduite inconvenante pour les lieux. Avec une pointe de culpabilité, Beth posa les livres par terre, grimaçant en remarquant les tâches de café présentes sur certains et s’interposa entre le géant et la bibliothécaire.

« … »

Elle ouvrit la bouche, voulu parler, défendre cet inconnu, cette nouvelle rencontre, mais comme d’ordinaire, seul le silence franchit les lèvres de la jeune fille. Sans savoir quoi faire, son regard se porta sur le géant aux allures de robot, puis sur la bibliothécaire. A défaut de pouvoir formuler ses phrases, Beth se confondit en geste qui se voulaient être des excuses ou un apaisement, mais elle se rendait compte qu’aucun des deux autres ne parvenait à saisir le sens de ces curieux moulinets de bras qu’elle s’évertuait à faire. Elle en aurait pleuré de frustration. Finalement, lassée par l’agitation ou sensible à la confusion de la petite lectrice, la femme finit par s’éloigner après une dernière remontrance, avertissant toutefois le géant qu’il devrait payer pour remplacer les ouvrages endommagés par sa boisson.

Soulagée que les choses n’aillent pas plus loin, Beth laissa échapper un soupir avant de se retourner vers le cyborg. Maintenant que l’instant de panique était passé, elle se rendit compte qu’il avait vraiment une drôle d’allure avec ses morceaux de ferraille sur tout le corps. Il était aussi un peu effrayant, mais la jeune fille n’avait pas envie de croire qu’il puisse être vraiment méchant. Certes il avait des airs bourrus, il avait aussi réagi avec rudesse face à la bibliothécaire, mais malgré tout, il avait commencé par l’aider à ramasser ses livres en lui demandant si elle allait bien. Les méchants n’agissaient pas de la sorte, n’est-ce pas ? En plus, il n’avait pas fait exprès de se mettre dans cette situation et Beth lui devait des excuses. Aussi s’inclina-t-elle pour lui faire comprendre qu’elle était désolée.
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À quelques tables plus loin, deux hommes m'observent depuis tout à l'heure dans leur coin. Restant malgré tout discrets, l'un de ces deux individus semble être nerveux.

C'est lui?
Arrête de paniquer. Je te dis que, c'est lui.
L'est quand même mastoc, le bonhomme.
...
Non, mais regarde-le. J'ai bien cru qu'il brutalisait cette fillette...
...
...
...
Quand est-ce qu'on agit?
Arrête de te poser trop de questions. Chaque chose en son temps. Le mieux, c'est de remonter l'information à notre chef et qu'on attende le moment opportun pour le capturer.
T'es sûr? Il nous ne voit même pas, là. On pourrait l'avoir pendant qu'il ne fait pas attention.
...
D'accord, j'arrête.

Et c'est moi qui dois payer pour remplacer les ouvrages endommagés? C'est le monde à l'envers. J'aimerais pas qu'on revienne me faire des remarques désobligeantes durant l'heure à venir, car je voudrais pas être sous mon mauvais jour pendant mon rencard. Il suffit parfois d'une goutte pour faire déborder le vase. Et quand je suis hors d'état, c'est pas terrible. Bon, je vais pas parler éternellement des bibliothécaires et de mes humeurs. Toujours accroupi, je me présente.

Comment tu t'appelles? Moi, c'est Baal. Il faut pas avoir peur de moi, tu sais. Je suis peut-être balèze, mais ce sont les méchants pirates qu'il faut avoir peur, hein.

Brrr, j'ai pas l'habitude de parler comme ça. Ça me va pas. J'ai pas de quoi prouver que je travaille pour le Gouvernement Mondial, mais j'espère bien lui montrer que je suis pas agressif. Encore faut-il qu'elle sache qu'une organisation internationale existe pour lutter contre la piraterie et les criminels en tout genre...

Surgissant depuis une étagère juste derrière nous, un môme s'approche de moi, les étoiles dans les yeux. Rempli d'admiration, il peut pas s'empêcher d'exprimer sa fascination pour les robots en criant, malgré l'interdiction stricte que demande ce lieu de repos et de méditation.

Mais qu'est-ce qu'il me veut, bordel? Oubliant momentanément la gamine, je me tourne vers le mioche surexcité. Des fois, il faut pas trop montrer qu'on est cyborg, les jeunes garçons deviennent fous de joie lorsqu'ils en voient un... Merde, quoi. Et il se trouve que je sois le centre d'intérêt soudain pour cet enfant. "Waoh, vous êtes un vrai, m'sieur? Un vrai robot d'la Marine?" Qu'il dit sans mesurer vraiment qui je suis. Et il enchaîne les questions pendant qu'il touche Sombracier, mon bras mécanique, la main de façon parfaitement incompréhensible sur le système de tir. Alors que ses parents arrivent enfin pour le gronder et s'excuser pour lui, mon canon exécute le tire, ce qui fait retentir dans toute la bibliothèque un bruit assourdissant. Et comme par hasard, la boule d'acier vient fracasser le sol non loin de là. Une ouverture béante assez large laisse apercevoir la salle d'archive. Un peu plus, la gamine ou le gamin se retrouverait un bouillie. La fumée masque temporairement la scène bordélique qui vient de se produire. Je vois déjà la folle venir m'engueuler comme du poisson pourri. Désolé, mais si le port d'armes est interdit dans l'établissement, je peux peux rien faire. Puis, rester sagement dehors, non merci. Je suis une arme ambulante et alors?!

Bordel. Ça va être encore de ma faute, je le sens... Personne est blessée, au moins??

Les gens qui sont pas témoins de la scène crient que je suis un pirate et courent vers la sortie, tandis que d'autres sont incapables de bouger, complètement surpris par ce qu'il vient de se produire. La bonne femme de tout à l'heure manque pas de poser sa hurlante1, mais elle est tout de suite stoppée par les deux hommes qui m'observaient dans l'ombre.

Ne vous approchez pas, ce cyborg est dangereux. Gardez tous vos distances.

J'ai pas le temps de tout comprendre qu'on m'injecte dans mon corps de quoi dormir pour deux semaines. Un sac gros comme une maison m'enveloppe en prenant involontairement au passage la gamine. Une fois chargés et après une brève explication de tout ceci, les gars s'en vont illico dans leur quartier.

Amis Révo' ou Pirates, prenez garde à ce que vous faites.
Les belles rencontres nourrissent les belles histoires...
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Spoiler:

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Dernière édition par Aran Z. Baal le Mer 25 Fév 2015 - 16:23, édité 10 fois
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Dans un étrange manoir aux allures de château, deux sombres silhouettes trainent un énorme sac derrière elles. L’air inquiet, elles jettent de nombreux coups d’œil alentours, effrayées à l’idée que quiconque ait pu se dissimuler derrière l’un des énormes rosiers du jardin en friche. Finalement, elles parviennent jusqu’à l’entrée du manoir, passent la lourde porte et aboutissent dans un vaste hall d’entrée. Les étranges moulures aux murs semblent vivantes, prêtes à s’animer pour repousser quiconque s’aventurerait ici. Pourtant, les silhouettes avancent avec assurance et trainent leur butin jusqu’à une chambre obscure et ravagée.

Lorsque Beth s’éveilla, elle ressentit une curieuse et désagréable impression de déjà-vu. Pour la seconde fois en quelques mois, elle reprit ses esprits dans un environnement hostile sans réellement comprendre ce qui s’était passé. Où était-elle ? Tentant de ne pas céder à la panique, la jeune fille se redressa doucement. Rapidement, elle constata que ses chevilles étaient entravées par de lourdes chaînes fixées au sol. On la retenait prisonnière.

« On peut pas la garder. »
« Si on la lâche elle va courir nous dénoncer ! »
« Mais c’est qu’une gamine. Il va dire quoi le chef ? »
« Les Marines payeront plus cher avec deux ota- »
« Chut ! Elle est réveillée ! »


A quelques pas de Beth, deux hommes étaient en train de se disputer à voix basse. Lorsqu’ils réalisèrent qu’elle écoutait, ils lui adressèrent un sourire maladroit, ne sachant apparemment pas quelle attitude adopter vis-à-vis d’elle. Finalement, après quelques minutes de malaise, l’un des deux hommes se décida à reprendre la parole.

« Comment tu t’appelles, petite ? »
« … »
« Hum… On ne t’a pas fait mal ? »
« … »
« Tu… Euh… On ne voulait pas te faire de mal. »
« … »

L’homme semblait perdre en contenance à chaque mot. Le mutisme de la jeune fille le déstabilisait et éveillait clairement une culpabilité mal maîtrisée.

« Bon, ça suffit. Amène-toi, on va parler de ça dehors. »

Le deuxième homme traina son compagnon par le bras et ils disparurent rapidement derrière une porte. Beth entrevit rapidement un hall mal éclairé, mais n’obtint pas plus d’indices sur sa localisation. Maintenant qu’ils étaient partis, l’adolescente prit enfin le temps de détailler la pièce et, évidemment, son regard tomba immédiatement sur l’immense cyborg affalé tout près. Il respirait doucement mais n’avait pas l’air réellement blessé. La vision de son corps avachi entraina chez Beth un flash d’images et elle se souvint de ce qui l’avait amenée ici. Machinalement, elle se massa le crâne en se souvenant de l’épais dictionnaire qui l’avait heurtée, la faisant sombrer dans l’inconscience et la transformant en dommage collatéral.

Le cyborg laissa échapper un grognement et, instinctivement, Beth recula d’aussi loin que ses chaînes le lui permettaient. Elle n’avait pas eu peur de l’homme plus tôt, mais dans ce contexte, le souvenir d’une forêt brûlée sur une île ravagée par des pirates se faisait trop prégnant. Malgré la tendance de l’adolescente à accorder sa confiance à n’importe qui, celle-ci ne pouvait empêcher la méfiance de prendre le relai. Et si le cyborg se réveillait pris d’une rage destructrice ? Elle était seule, désarmée, elle ne pourrait rien faire pour lutter.

Qui plus est, la pièce dans laquelle ils se trouvaient semblait appartenir à une immense bâtisse, excentrée de la ville. Qui les entendrait s’il se passait quelque chose ? Inquiète, la jeune fille tenta de trouver quelque chose pour se défendre mais ne trouva qu’une vieille planche qui se détachait d’une énorme armoire. Celle-ci était délabrée et vétuste mais on distinguait encore quelques peintures ornementales qui n’étaient pas sans évoquer un visage. Beth se sentait de plus en plus terrifiée par l’endroit et, peu à peu, elle avait l’impression de voir les vieilles peintures s’animer, les commodes prêtes à bondir et…

« Bordel ! »

Beth sursauta, poussa un cri silencieux et lança sa planche sur la tête du cyborg qui venait de s’éveiller.
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Je me réveille et c'est une planche dégueulasse qui vient me dire "Bonjour, bien dormi?" directement dans la gueule. J'ai connu des meilleurs réveils, c'est sûr. Après un clignotement des yeux, je réalise que c'est la fillette qui m'a lancé le projectile. Je vais pour me gratter la tête, mais des chaînes m'en empêchent. Je comprends alors qu'on s'est fait capturer. Y'a juste un détail qui m'échappe. Pourquoi elle est là, elle? Je me souviens qu'on est venu pour moi, mais pas pour elle... J'ai du mal à mettre mes esprits au clair.

C'est pas la première fois qu'on me choppe à la déloyale. Ça commence à m'énerver les piqûres faciles. Les gens qui m'ont fait ça ont dû être vachement bien informé pour savoir que je suis un dur et que pour m'avoir rapidement, il faut m'endormir. Je cherche alors à savoir qui peut m'en vouloir au point de prendre une innocente en plus. Pirates? Criminels? Mafieux? Révos'? Bordel, qui ça peut être? Après tout, je m'en fous. Ils vont morfler de toute manière s'ils me libère pas d'eux-même. Si réseau y'a, ils peuvent dire adieu, car je vais tous me les faire un à un. Sans exception!

Pendant que je cherche une solution d'évasion, mes yeux se posent partout dans la chambre. Deux soupiraux éclairent faiblement la pièce sur l'un des murs. Il doit sûrement donner côté cour ou côté rue. Une seule armoire délabrée meuble la salle. Les parois sont grises et mornes. Le sol est de la terre battue. Ça sens la cave aménagée en prison à plein nez. À en croire le lieu, on doit se retrouver dans un manoir ou une maison assez grande et spacieuse. Donc homme important à la tête. Et qui dit homme important, dit influence, réseau, magouille et autre connerie du genre. J'aime pas ça!

On est malheureusement seul. Puis, y'a cette gamine qui a rien demandé à personne. Pourquoi ça doit toujours tomber sur moi ce genre de connerie?! Ça devient énervant à la fin. Faut toujours s'en sortir et aller de l'avant. Et bien sûr, tes copains sont jamais là pour t'aider. En repensant à la solitude, je repense à la jeune femme avec qui j'ai un rancard. La pauvre, elle doit être seule au restaurant et elle doit certainement se dire que je suis pas fiable vu le lapin que j'ai posé. Instinctivement, je hurle son prénom même si ça y change rien, comme si j'avais peur qu'il lui arrive aussi du mal. Fait chier.

Ellen!!

Mon cri soudain semble rendre la petite encore plus craintive, elle se met en boule, le mécanique de défense que les gosses adoptent. Merde, elle va avoir peur de moi, déjà que l'endroit aide pas. C'est à cause de nos ravisseurs qu'elle est chamboulée. D'ailleurs, ces derniers, étant pas trop loin de notre cellule, se dépêchent de venir. L'un d'eux ouvre la porte et entre dans la pièce. J'observe longuement l'individu, je prends mon temps pour analyser son visage. Ça me parle pas. L'homme est trop lambda pour moi. Il s'approche de moi avec une seringue et me menace.

Arrête de crier. Sinon, je t'injecte un calmant. Tu fais peur à la petite.

Il se fiche de moi? Je sais que la raison est autre. Il veut pas que je gueule pour avertir le voisinage. On est peut-être en léger retrait de la ville, mais il doit bien y avoir de l'activité dans le coin on dirait. Profitant de sa présence, je lui réponds par une autre question.

Ok, ok. Je me clame. Si je gueule encore, injecte-moi ce que tu veux. Mais avant, je veux voir ton patron.
Tu n'es pas en position de demander quoique ce soit, alors silence.

Sa main pointe sur moi la seringue d'un air menaçant. Lui, il a pas peur de moi, ça se voit, contrairement à son pote. Ça fait chier. Y'a pas moyen de savoir qui est derrière tout ça. Ça me démange. Sans crier, je tente encore une fois.

Dites-moi pourquoi vous avez embarqué la gamine avec moi, alors. Si c'est une histoire de vengeance, elle vous a rien fait. Alors, relâchez-là. C'est moi que vous voulez, non?
Ce n'est pas à moi de décider. Maintenant, tu te la ferme!

L'homme me tourne les talons et repart. Il s'empêche pas de jeter un œil à la pauvre petite avant de refermer la porte, à croire qu'il empathie. Je comprends rien, pourquoi il la garde s'il a pitié d'elle? J'aime vraiment pas cette situation de merde. Y'a plus qu'à attendre du coup... Et tant que cette fillette reste apeurée, j'ai bien peur de parler à un mur. Tournant ma tête vers cette dernière, je tente de la rassurer.

T'en fais pas, gamine. Tout se passera bien. Je sais pas à quoi ils jouent, mais on sortira d'ici quoi qu'il en soit. Faut juste attendre un peu, alors pense à tes patents ou à tes frères et sœurs et repose toi.

Je sais pas parler aux gosses, ça me fait chier. J'espère qu'elle va pas faire dans son froc à cause de moi, se serait le comble.

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D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'Acier, le Briseur de Rêves.
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Dernière édition par Aran Z. Baal le Mer 25 Fév 2015 - 16:44, édité 5 fois
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Encore une fois, Beth et le cyborg se retrouvaient tête à tête. Apeurée, la jeune fille avait suivi l’échange entre les hommes dans un silence religieux. Elle avait à peine osé respirer dans ce climat conflictuel qui réveillait en elle de sombres sentiments sur lesquels elle ne pouvait mettre de nom. Dans un brouillard épais, des souvenirs tentaient de s’imposer à elle, mais, instinctivement, elle les repoussait en bloc. Elle s’était recroquevillée, se protégeant aussi bien des hommes que de son propre esprit.

Mais finalement, le criminel quitta la pièce et l’attention du cyborg se porta pleinement sur Beth. Ses mots étaient maladroits mais ne témoignaient d’aucune agressivité à l’encontre de l’adolescente. Visiblement, il souhaitait qu’ils s’en sortent ensembles. Bien que légèrement rassurée, elle resta prostrée dans son coin à détailler l’homme, hésitante quant à la conduite à adopter. Elle aurait tout donné pour que Propp et Todorov soient là, pour que leur chaleur réconfortante l’aide à se montrer plus forte. Mais pour le moment, la jeune fille devait se charger seule de la situation et surmonter ses craintes.

Quelques minutes s’écoulèrent, ponctuées seulement par les voix lointaines de leurs ravisseurs et par le chant mélodieux de quelques oiseaux. Le quartier était vraiment paisible, chose inattendue pour une ville de la taille de Saint Uréa. Mais y étaient-ils toujours ? Beth tenta d’analyser la situation, mais sans parvenir à grand-chose. Tout ce qu’elle avait compris, c’était que les deux criminels en voulaient au cyborg, probablement pour l’échanger contre une rançon. Mais pourquoi ? Appât du gain ? L’homme n’était sûrement pas un pirate, sinon les kidnappeurs auraient simplement pu le remettre à la Marine. Un noble alors ? Peu probable. Depuis quand les nobles étaient-ils aussi rustres et armés comme des robots ? Le cyborg n’était sûrement pas un criminel et cette idée rassura Beth.

Alors, lentement, elle relâcha ses genoux qu’elle avait remonté contre sa poitrine, desserra les bras et s’approcha un peu, mais pas trop près, du cyborg. Elle s’arrêta et traça du bout de l'ongle sur le sol quelques mots :

Je m’appelle Beth

Si le cyborg avait pris le mutisme de Beth pour de la peur, il devrait comprendre avec ces mots qu’elle ne pouvait parler. Toutefois, elle était tout à fait en mesure de communiquer.

« Alors c'est Beth, c'est ça ? T'en fais pas petite, on va s'en sortir. Moi c'est Baal. Marrant, non ? »

Beth esquissa un sourire en hochant la tête, quand bien même elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il y avait d’amusant dans les paroles de Baal. Elle hésitait quand à ce qu’elle pouvait exprimer ensuite, lorsque son regard tomba sur la planche de bois qu’elle avait lancé plus tôt. Elle tendit le bras jusqu’à la récupérer et écrivit désolée sous son nom. Heureusement, elle n’avait pas blessé le cyborg et celui-ci n’avait pas l’air de lui en vouloir. Toutefois, pour éviter tout malentendu, Beth retourna vers l’armoire pour y reposer son arme de fortune. Elle entendait ses chaînes frotter contre le sol et cela contribuait vraiment à l’ambiance sordide de la pièce.

L’adolescente réprima un frisson en reposant la planche au fond de la profonde armoire. Elle ne souhaitait pas que les bandits tombent dessus et croient qu’elle avait tenté de se rebeller, alors elle la cachait du mieux qu’elle pouvait. Mais tout à coup, alors qu’elle était à moitié enfoncée dans le meuble, elle glissa bêtement, s’écrasant le nez contre le panneau du fond, brisant deux planches au passage. Elle se releva en se massant le nez et, alors qu’elle allait sortir, son regard se posa sur le trou laissé par sa chute. L’adolescente écarquilla les yeux en constatant que l’armoire dissimulait un conduit d’aération suffisamment large pour qu’elle puisse s’y glisser, contrairement aux soupiraux de la chambre. Voilà une porte de sortie !

« Eh, c’était quoi ce bruit ?! »

Mince ! Précipitamment, Beth ressortit de l’armoire pour prendre place près de Baal au moment où la porte s’ouvrait en trombe sur un criminel de mauvaise humeur. Avant que le cyborg ne puisse parler, Beth se leva et mima le fait de se prendre les pieds dans ses entraves et de tomber. Bon, le mime devint instantanément très réaliste et bruyant lorsque Beth tomba effectivement la tête la première sur le sol… Elle se redressa maladroitement avec un sourire.

« Tu t’es pas fait mal ? »

Elle secoua la tête et le ravisseur repartit. Beth attendit que le bruit de ses pas disparaisse dans le couloir pour se tourner vers Baal, lui désigner l’armoire et écrire tunnel d’aération sur le sol. Puis, elle montra ses chaînes pour lui faire comprendre qu’il fallait trouver un moyen de les lui ôter pour qu’elle puisse se glisser hors de la pièce et aller chercher du secours.
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Si ça, c'est pas une chance, c'est quoi? Quand j'ai le choix d'attendre que les criminels me détachent pour m'emmener au patron ou pour mener un interrogatoire et filer droit vers une porte de sortie, la question est vite réglée! Faut juste trouver un moyen de se détacher et hop, direction la liberté! Et pour ça, je dois avoir l'affaire. Fin, la gamine. Je lui fais remarquer que j'ai pigé d'un mouvement de tête. Je lui chuchote doucement.

T'aurais pas une barrette ou une épingle, par hasard? Avec ça, je vais pouvoir t'enlever les menottes.

Je sais grâce au manuel de survie qu'avec des petites choses de ce genre il est possible de crocheter une serrure. Et tant mieux, Beth retire une barrette de ses cheveux et elle me le tend. De ma seule main valide, je presse avec mon pouce l'objet pour le plier en deux. Manipulant avec extrême attention, je fais rentrer la tige de métal dans le verrou qui retient la petite. Même avec une main, il est facile d'aider un tiers que de se le faire soi-même. Je suis enchaîné aussi, alors c'est hyper galère quand les menottes retiennent les poignets. Je passe un peu plus de temps et ça fait du coup un peu plus de bruit. Je tente tant bien que mal d'étouffer les cliquètements, mais rien à faire. J'entends alors un bruit de pas. Je fais signe à la fillette de remettre sans fermer à clé ses bracelets métalliques à ses poignets. Le mec de tout à l'heure observe alors par le judas la scène. Il nous voit côte à côte. Un duel de regards se fait pendant l'espace de quelques secondes. Évidemment, durant ce temps-là, j'ai arrêté de jouer le passe-muraille. Le gars derrière la porte entre, il fronce les sourcils. Je l'aime pas celui-là, il a l'air trop à cran.

Qu'est-ce que vous faites?!
Quoi? Elle a plus le droit de me voir? Tout à l'heure, elle était bien au milieu de la pièce. Non?
T'a gueule, toi!
Faudrait savoir...

Je joue le mec soumis, je baisse les yeux et j'accepte de me taire. Je fais ça pour éviter qu'on se fasse gauler. Ça me ferait chier. Convaincu, le geôlier retourne à son poste. Ce con a marché sur le texte de Beth. Au moins, on est sûr qu'il se doute de rien. Le hic, c'est qu'il doit être extrêmement vigilant et le moindre de bruit l'attire. Il va falloir faire très attention si on veut pas se faire pincer. Je dois être vraiment important à leurs yeux pour vouloir me garder et veiller à ce que je reste à ma place. Ils vont avoir une drôle de surprise quand je vais mettre à sac leur repère! C'est moi qui te le dis. Je reprends là où j'en étais et après quelques secondes, je parviens à me libérer. Posant délicatement mes chaînes sur le sol, j'invite la petite à faire de même. Consciente qu'il faut rester le plus longtemps dans le silence, la gamine s'applique à faire ça bien. Accroupi, je me dirige vers l'armoire et je fais signe avec ma main de venir. Je lui expose mon plan.

Je peux pas passer par là. Et c'est trop dangereux si tu restes avec moi. On dirait que ces types m'en veulent plus qu'à toi. Alors, voilà ce que je te propose. Reste cacher aussi longtemps qu'il le faudra, c'est pour ta sécurité. Je fais le ménage, puis, je viendrais te chercher quand la voie sera libre. Et une fois dehors, loin de ces méchants pas beaux, je t'aiderais à trouver tes parents. D'accord?

D'accord ou non, ça va être la même chose. Je vais pas me coller une gamine à protéger pendant que ça va être la guerre. J'ai trop vu d'innocent mourir, j'ai pas quitté la Marine pour voir que je suis incapable de jouer mon rôle de sauveur. Ce serait juste insupportable. J'ai l'esprit assez tourmenté comme ça. Alors si faut que j'ajoute encore un échec, non merci. Surtout une fillette, quoi.

Je souffle un coup, histoire de décompresser. Mon armement est à sèche. Ces salauds sont tellement bien renseignés qu'ils ont tout désactivé. Il me reste juste de quoi bouger normalement. Tout ce qui concerne Sombracier, c'est pas la peine. Va falloir y aller à la barbare, pas le temps d'établir des plans. Je me colle au mur près de la porte. Je regarde si Beth c'est bien mise dans le conduit d'aération. Rassuré qu'elle soit en sécurité, je pousse un grand cri. Tout de suite, ça fait venir les deux gars. La porte s'ouvre à la volée. Les geôliers débouchent alors en même temps dans la pièce. J'en profite pour donner un grand coup de Sombracier au niveau du sternum du bouffon trop à cran. Pas pour le frapper, mais pour le renverser. Tombant en arrière, il se ramasse la tête contre la terre battue. H.S. Son collègue se retourne, il pige que dalle à ce qu'il se passe. Je perds pas de temps pour lui coller une beigne avec mon poing gauche dans le pif. Le coup le fait partir contre le mur. Il pousse un cri silencieux. Ouais, aucun son sort de sa bouche, car il est plus surpris qu'autre chose. Il pose ses mains à l'endroit où il a mal et s'affale jusqu'au sol. Ses yeux clignotent d'étonnement en me voyant, il arrive pas à aligner deux mots tellement il s'attendait pas à ça. Je le termine en donnant un coup de "poing" avec mon arme mécanique dans sa face. Hop, c'est de l'histoire ancienne. Y'a plus qu'à filer et discrétos!

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D'après un enregistrement en mémoire d'Aran Z. Baal, au bras d'Acier, le Briseur de Rêves.
©odage by Hathor
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Docile, Beth obéit sagement en allant se glisser avec le plus de discrétion possible dans le conduit d’aération trouvé un peu plus tôt. Sa taille menue suffisait à lui donner suffisamment de place dans le boyau sombre et poussiéreux. Elle ressortirait sans doute couverte de poussière et de toiles d’araignées, mais c’était un faible tribut pour pouvoir s’échapper d’ici. Heureusement que le cyborg était plus bourru que méchant !

Rapidement, des sons étouffés parvinrent aux oreilles de l’adolescente. Des coups, très certainement, ainsi qu’un ou deux cris étouffés et des masses s’affaissant au sol. Beth se mordit les lèvres pour ne pas se mettre à paniquer à l’idée de la bagarre. Elle n’était pas réellement partisane de la violence et l’idée de ce qui se passait à l’extérieur ne l’égayait guère. Toutefois, elle était assez grande pour comprendre que c’était un mal nécessaire et que les criminels devaient être punis. Après tout, n’était-elle pas la mieux placée pour savoir ce que les habitants de ce monde devaient à la Marine ? Sans force de l’ordre, les pirates qui avaient failli la tuer, ceux à cause de qui elle avait vraisemblablement perdu la mémoire, peut-être la voix, seraient toujours sur les flots. Alors même si ça lui faisait mal et même si ça l’inquiétait un peu d’entendre un conflit éclater si près d’elle, elle était prête à tenir le choc et à assumer la situation.

Après quelques minutes, Aran vint la chercher dans le conduit, lui signalant que tout était sous contrôle. Derrière lui, les corps des révolutionnaires qu’ils avaient pu rencontrer plus tôt étaient étendus sur le plancher. Ils n’avaient pas l’air mortellement blessé et Beth aperçut à peine un mince filet de sang sur le visage de l’un d’eux, sans doute le contrecoup de la chute. Le cyborg avait effectivement fait le ménage proprement. Toutefois, l’adolescente ne s’attarda pas sur la vue offerte par les deux énergumènes et se dépêcha d’emboîter le pas à Aran. Il y avait quelque chose d’étrange dans la vue de ce colosse qui avançait sur la pointe des pieds, tentant de se faire aussi discret qu’une souris. Pour Beth, c’était presque une seconde nature que la discrétion et son pas se fit aussi léger que l’air lorsqu’elle s’engagea dans les couloirs de la demeure où ils étaient retenus prisonniers.

Le couloir s’enfonçait sur quelques mètres avant de déboucher sur un escalier sombre à l’issue duquel on devinait la lumière du jour. Bien heureusement, l’escalier était fait de pierre et non de bois, évitant ainsi les grincements impromptus. Sous l’escalier, à l’abri des regards, Beth devina la lueur vacillante d’une lampe. Sans doute là que montaient la garde les deux hommes. La question était désormais de savoir s’ils étaient seuls ou si d’autres complices se cachaient dans la bâtisse. Après tout, n’avaient-ils pas mentionné un supérieur ?

Consciente du danger de la situation, Beth arrêta Baal avant qu’ils n’atteignent le haut de l’escalier. Avec des gestes silencieux, elle intima au géant l’ordre de rester là, silencieux, lui signifiant qu’elle allait partir en éclaireur. Évidemment, il n’accepta pas, manifestant son refus par des gestes brusques, mais la jeune fille insista tant et si bien qu’il finit par la laisser faire à la seule condition qu’elle prenne avec elle l’une des armes des révolutionnaires à terre dans la pièce plus bas. Bien que la vue de l’arme inspirât à Beth plus de peur que de courage, elle accepta et entreprit de se glisser avec la discrétion d’une souris dans la grande pièce qui donnait sur l’escalier.

C’était un remarquable salon, large, lumineux, mais aussi ruiné que la pièce plus bas. Les tentures bleues des murs étaient délavées, défraichies et mitées tandis que l’énorme table était couverte de poussière, brûlée par endroit et ensevelie sous un tas de bois qui avait dû être des chaises, longtemps auparavant. Sur certains murs se distinguaient des graffitis bourrés de fautes à l’encontre du gouvernement et de nombreux mégots et bouteilles attestaient que l’endroit avait dû accueillir une population peu fréquentable. Toutefois, bien heureusement, la pièce était vide et Beth se redressa – elle avait à peine entrouvert la porte de l’escalier pour venir se dissimuler derrière un vieux paravent troué –, indiquant à Baal qu’il pouvait venir. Il en alla de même pour les pièces suivantes. Tout était ravagé, en ruine, abîmé par le temps et les locataires clandestins, mais aujourd’hui, tout était désert. Si chef il y avait, il n’était clairement pas dans les parages. Aussi, sans demander leur reste, Aran et Beth se glissèrent hors de la demeure.

La suite se passa avec beaucoup de précipitation. Beth fut ballotée par Aran au cœur de la ville afin de trouver au plus des Marines, monter une expédition pour enquêter sur ce brusque enlèvement, tenter de repérer une cellule révolutionnaire. Si Beth n’était pas admise au cœur de ses activités, elle dut toutefois apporter son témoignage à plusieurs personnes, retourner à la bibliothèque pour exposer la situation, chercher dans sa mémoire si elle avait vu des choses suspectes… Sans compter que les choses se compliquèrent passablement lorsque Propp et Todorov, morts d’inquiétude suite à la disparition de leur maîtresse, se mêlèrent à l’affaire. Ils l’accueillirent en lui faisant la fête mais refusèrent de laisser quiconque s’approcher d’elle. De fait, les Marines perdirent un temps considérables à essayer d’amadouer les molosses pour pouvoir communiquer avec leur propriétaire. Mais finalement, tout se régla pour le mieux et Beth eut quartier libre, avec ordre de rester en ville sous protection pour quelques jours, le temps que l’affaire se règle et qu’elle puisse remercier Aran comme il se devait.

Spoiler:
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