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Les tréfonds obscurs, les signes des dieux.

Ma seconde est mise au jus. Elle connait maint'nant mes projets pour c'te satanée île, et j'ai toute confiance en elle quant à c'qu'elle va mettre en place pour les mener à bien. Elle est bien ma seconde. J'le lui dis jamais. Mais c'est pas grave. Sont comme ça les mecs, et Micha', elle évolue dans un monde de mecs. Alors elle sait. Par contre, mes mecs, mes casseurs, eux ne savent rien pour l'instant. Et Gui sait c'qu'ils sont en train d'formenter chacun dans leur coin. Les gens savent pas, les gens s'doutent pas, d'qui sont vraiment les Saigneurs. Y nous voient comme de arrach' sanguinaires ivres de guerres et de sang. Nous voient comme de tueurs froids et méthodiques. Tant mieux. Mais on est pas si ... droit, simple dans notre comportement. Les Saigneurs, c't'un sanatorium sur flotteur. Les Saigneurs, c't'un rassemblement de blessés blessants. Faut qu'j'retrouve mes gars, ces aimants à problèmes.

Jack se gratte la tête. Gratte, gratte, font les doigts gras, sur le cuir d'caboche. J'ai aucune idée d'où ils sont passés. Micha' m'a parlé du casino. Puis d'la jungle. Hmmm. Une pièce sort de ma poche, presque toute seule, à peine aidée par ma main. Face casino, pile jungle. La pièce s'élève, retombe, sonne sur le sol. Se stabilise. Pile. Va pour la jungle. Le temps de... prendre quelques bouteilles. Et d'appeler. Anthrax. ANTHRAX! Ouais, c't'à toi qu'je bave, infâme macaque. Ramène ton cul dard-dard sur mon épaule. Ramène ton cul on t'as une rouste.

J'le vois, qui traine la patte, pour finir par m'sauter sur le chibre. J'soupçonne que Micha' va lui manquer. C'est l'afro. Ou la fille. J'en sais rien, mais temps de revenir chez l'boss. Et m'voilà prêt pour la route. Comme un charme.

J'prend l'chemin d'la Jungle. Impression de revivre que'qu'chose, à part que c'coup-ci, j'ai mes fringues. Mes panards rappent à nouveau l'caillou, et comme précédemment, l'caillou perd. Héhé. La nuit arrive bientôt à son terme, et les bestioles nocturnes font place à leurs potes, journurnes. C'est un joli chant, un croisement intéressant. Ca me berce, tandis qu'je m'enfonce dans les profondeurs de la sauvagerie naturelle. Anthrax mire les alentours, de son perchoir épaulaires, fier comme un esclavagiste porté par ses troupes. Ca tourne probablement dans sa carte mère craquée, et sur'ment qu'y s'dit qu'un jour, tout ça lui appartiendra. Qu'on lui servira des singettes en apéro pendant qu'en plat, il passera au sacrifice de bestiaux mastocs. Ouais, il doit penser ça Anthrax, j'le connais, lui et moi on est pareil. A part que moi j'suis moi con. Et plus dangereux. Un horrible doute me prend, sur c'te dernière assertion...

Maint'nant qu'ne subsiste aucun signe de civilisàlacon, la mire en berne, je check le sol pour des traces. Celles qu'auraient pu laissé mes deux compères. Mais rien, et ce, pour deux raisons. La première, c'est qu'j'suis navigateur, pas pisteur. La deuxième, c'est qu'il fait noir comme dans le coeur d'Anthrax, et qu'j'y vois quedalle. Je tente, hein. J'persévere. Mais faut pas douze secondes pour qu'j'me rappelle que j'trompe personne. Parce qu'il y a personne. Juste moi. Comme un con. Alors j'arrête et j'mate le ciel. Étoile le ciel. Et je fais une prière à Gui, Dieu d'la mer et les grivèleries. J'lui dis: mon con, s'tu pouvais m'aider un coup, et les aider un coup, histoire qu'ensemble on formente un coup, qui à force de coups, leurs mettra dans... l'arrière, ce s'rait cool. Et toi tu seras content, parce que je te sacrifierai encore plus de bouteilles, lancées à la mer, et par la même, j'te sacrifierai du temps d'longévité, c'qui est plutôt sympa pour le monde, parce que perso, j'doute de sa santé si j'vis jusque douze fois douze ans. Tiens, prends ça dans la gueule Proust, ça c'était du bavage matuzalien. Gui, lui, m'entendra, ou pas. L'est comme ça l'Dieu Gui. Parfois y capte, parfois pas, parce qu'il est joueur, puis aussi parce qu'il est surement bourré. Ouais, ça doit être cette dernière. J'veux dire, si j'étais un dieu, j'serais souvent bourré. Tout l'temps, en fait.

Un frôlement. Jack déconnecte. Quitte son vortex égo-psychique. Revient parmi nous. Danger? C'était un bruit. Un frôlement, là, sur ma gauche. Dans c'gros buisson qui a la tronche d'un mec barbu. Parole! Prudemment, mais pas trop (parce que j'suis Capitaine Corsaire et qu'en fin d'compe, à part la folie y a pas grand chose qui m'menace) j'avance vers la source, mais j'suis broucouille. Rien, pas un chat. Pourtant, l'inspection est pas inutile. Derrière le buisson, un sentier. Le genre attrayant. Le genre à pierres blanches, qui vomissent la lumière de la lune, pour t'guider vers un point inconnu. Pour t'guider tellement fort qu'tu pourrais croire qu'c'est trop beau pour être vrai, qu'c'est un piège. IT'S A TRAP!. Mais j'y vais. Parce que Gui m'a entendu. Et que même si c'chemin me mène vers une mort atroce, douloureuse, et pleine de non-panache, gui m'a donné un truc, et à cheval donné on r'garde pas les dents. Ouais j'le suis. A grand pas. Ici, on marche vite. C'est dégagé. Et les animaux ferment d'plus en plus leurs gueules. Ici, on marche vite, et on sent une excitation. Ici, on s'galvanise tout seul. Ici, on a l'impression qu'on est né, invincible. Ici... Ici, c'est le sentier magique.

Il est long. Il est long. Il est long. Mais il a une fin. Elle est belle (no homo). Elle a la gueule d'une étendu verte spongieuse, suante de flotte. Elle a l'odeur du plantale, mais du rare, du finaud, imprimé d'vice. Là, un dard venimeux, là un souffle trompeur. Plus loin, une souche à demi trempée, dans un liquide saumâtre, plein de décoctions d'acide, qui vous rongeraient les os. Et puis l'inévitable clairière amie. Vaste, accueillante. Un tronc sur le sol. Je m'assis. Ils arriveront, ils viendront ici.

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La nuit porte des bas-résilles, le rêveur est cocu tandis que l’insomniaque lui kiffe les étoiles que cette radasse lui offre, il en a plein les yeux. J’en suis, la gueule qui mate le haut, sans rien voir, avec l’habit le plus simple qui puisse exister pour un Animal. Renoncer à la vue, c’est comme faire vœu de chasteté quand on sent parfaitement tout l’érotisme que le ciel renvoie. Avec la langue, en plus.
Une métaphore filée de faîte, je baisse le visage pour observer sa forêt de mes narines ou de ma tête, pas vierge du tout, la promiscuité des arbres et de la végétation dense ferait dégueuler un herboriste claustrophobe. Ou un mec-lézard qu’arrête pas de se les prendre dans la tronchiole.

Je renifle l’air, le blair est plus le même depuis la transformation, j’pense que j’ai pas envie de revenir à la civilisation avec une queue et sans pantif. Pas que ça me ferait chier de foutre le bordel, surtout que ce serait pas discret pour un gars qui souhaite que boire son litre de rhum sans que le Monde le fasse chier.

Alors je fais main basse des chemins en compagnie d’mon nouveau pote, Yarost, lézard paléontologue qui pensait pouvoir faire ressusciter ses ancêtres à partir d’os. Il me ressemble dans sa folie, j’me dis, alors je le kiff bien. J’aurais p’t’être dû suivre Walters qu’a fait appel à son âme pour me rejoindre dans mon trou et qu’a changé de tête. Mais j’me suis dit que sa santé mentale n’avait jamais été au top et que s’improviser mutant, c’était un peu sa routine. Et depuis, j’erre, grandi, suivant le lézard de la langue, la vision et l’ouïe totalement brouillés.

C’est peut-être parce que je me sens libéré, ou bien que j’arrive pas à me refoutre humain. Je suis un prédateur maintenant, on me craint et on me respecte. J’ai plus de soucis à me faire pour l’acidité de mon cœur, plus d’idées noires derrière les amygdales, plus à subir la dent dure du peuple, plus besoin de jouer une carte ou un fagot, plus que dalle. J’suis bien et j’pisse sans me cacher.

Mais. Yarost siffle. Il siffle plus que d’habitude, doit avoir compris que ce qu’il peut raconter m’arrivaient pas aux esgourdes. Mais non, il s’est arrêté de battre l’estrade. Il monte sur moi jusqu’à l’épaule et d’ses p’tites pattes, geste pour qu’ma gueule soit face au Ciel. Une grosse lumière, un éblouissement et puis un truc m’alerte. Une nouvelle odeur, une familière est toute proche. Zarbi, j’y cours en me prenant des branches mais rien à battre, parce qu’à mesure que je me rapproche, je peux mieux la sentir. Et je le reconnais. Je la reconnais cette putain d’odeur de primate et de mort, cet aura de violence qui tourne autour d’une seule personne.

Jack, si je m’attendais.
    Il court il court, le furet, le furet du bois en sang.
    Il court il court, et s'il s'arrête, s'il s'arrête c'est qu'on le pend.
    À travers les épines des fourrés, dos nu le va-nu-pieds.
    Il court il court, le furet du bois en sang.
    Il court il court, et s'il s'arrête c'est qu'on l'attend.


    ***

    Grande salle, Casino de l'Île maléfique, Île maléfique, troisième voie de Grand Line, Grand Line, Monde. On y sert un apéritif haut de gamme, et très matinal. Parce qu'ici, on se sent du gratin, et le gratin se doit d’innover. Ou plutôt que l'on se doit d'innover pour le garder, le gratin. Et c'est ce qu'on sait faire, ici, sur l'Île maléfique. Délices et sensations fortes à la portée de tous. Mais gare au mauvais payeurs...

    Les serveurs commencent leur dance. Ils virevoltent entre les tables où les convives font mine d'être époustouflé. C'est pour ça qu'ils ont payé, alors pourquoi ne pas jouer le jeu ? Lorsqu'on lui tend une flûte élégante, remplie du dernier breuvage à la mode en devenir, la main se lève rejoindre la bouche avec un air étonné. La main se lève rejoindre la bouche et cacher le bâillement qui s'échappe. Il faut garder son masque, ne pas briser les apparences. Le miroir de cristal pourrait se briser ! Il faut garder son masque, car qui sait quelles horreurs il cache ?

    ***

    "J'espère que ça va passer..."

    "Pas de raison que ça n'passe pas chef..."

    "Tais-toi et frotte !"

    ...

    "J'espère que ça va passer..."

    "Vous savez que ça passe toujours, chef..."

    "Tais-toi et frotte !"

    ...

    "J'espère que ça va passer..."

    "C'est comme les peintures... Ils payent pas la toile, ils payent la signature..."

    "..."

    "...Chef..."

    "J'aurais quand même du mettre plus de courge..."


    ***

    Madame Gueurfeld, tailleuse de renom s'étant fait une place confortable sur cette île maléfique, est appelée. Elle a un client. Il est venu tôt. Apparemment, il faisait le pied de grue devant la boutique, attendant qu'arrive l'heure d'ouverture indiquée sur le panneau de la porte. Elle a peine eut le temps de se maquiller et de se coiffer. Elle descend l'escalier en colimaçon et s'arrête devant un homme grand, lui tournant le dos. Elle le salue, il lui répond... C'est à peine si elle entend ce qu'il dit.

    Il faut dire qu'elle met du temps, le matin. Avant son café, c'est dur...

    Elle lui demande ce qui l'amène ici, même si elle s'en doute. Elle écoute toujours pas. Elle a vu l'état de ce qu'il porte sur le dos, et elle a l'habitude. Les visiteurs âbiment souvent leurs vêtements sur l'île. C'est grâce à ça qu'elle c'est fait sa place. Elle, elle les retape.
    Carla Gueurfeld, la refroqueuse maléfique ! Mais bon, elle a tout le confort dont elle a besoin, et tant pis pour le gratin. Elle a son petit empire économique à elle toute seule. Elle le sait, et elle y pense pendant qu'elle fait remarquer au client qu'il risque de devoir attendre au vu de la quantité de travaille qu'elle a sur les bras. Et le café qui n'est toujours pas dans son ventre.

    L'homme se retourne et pose sur le comptoir un sac de cuir. Elle jette un œil à son contenu, qui a le même effet qu'une intraveineuse de caféine. Le temps qu'elle reprenne ses esprits, et c'est bon, on se met au boulot.

    ***

    "Que voulez-vous dire, vous croyez les avoir perdu ?"

    L'escragophone semble presque paniqué. Il parle vite mais les informations qu'il donne sont claires. Un groupe de clients c'est lancé à la poursuite d'un animal et depuis, plus de nouvelles d'eux. L'administrateur fait quelques signes, et les écrans devant lui clignotent alors qu'ils affichent ce que filment différents mollusques disséminés dans les arbres de la forêt. Il est parti à la recherche du groupe perdu. Cinq personnes, ça ne devrait pas être trop difficile. Un geste net, et un écran s'arrête. Son image est directement transférée au moniteur principal.
    Un clairière, deux individus, zoom... Il fait trop sombre pour les reconnaître, mais ça pourrait être eux... L'écran cligne, un autre point de vue. Pas beaucoup mieux, mais il y a du mouvement. Une nouvelle figure entre dans le champ de vision. Elle court. Cligne. L'administrateur le reconnait cette fois. Difficile de se tromper avec le déguisement de sauvage qu'il porte.

    "À tous les animateurs de terrains, le lièvre se trouve au secteur C-12. Il est tenace celui-là, soyez sûr qu'il ne s'échappe pas. Animateur Delta, il est possible qu'il soit tombé sur les membres perdus de votre groupe. Dépêchez vous."

    L'administrateur croisa les bras. Delta était nouveau, il avait droit à l'erreur. De plus, ce programme ultra select qu'il avait imaginé n'était pas le plus simple à garder sur les rails. Il se sourit à lui-même. Quand on lui avait demandé de trouver un moyen pas trop onéreux de se débarrasser des mauvais payeurs, on ne pensait pas qu'il viendrait avec cette idée...

    ***

    Il court il court, le furet, le furet du bois sanglant.
    Il est tombé sur du gros, allez savoir ce qu'il vaut...

      Oh, un varan. Gros et vilain. Avec sa sale gueule de sale bête de sale varan. Cette langue. Puis ce regard. Un regard... calme. Un regard que je reconnaitrais presque. Dans le doute, je passe en forme mi-Jack, mi-gorille. Ca réveille mes sens bestiaux. Sur ce coup, c'est mon odorat auquel j'fais appel. Je snuffle. Je hume. Connais cette odeur. Puis y à la voix aussi, tout à coup, qui laisse plus planer l'doute.

      Toi aussi, tu t'es trouvé un totem?

      Y a pas de hasard. Kiril est là, Kiril a un pouvoir, Kiril est un varan. Certains diront que les Saigneurs sont d'venus le plus grand zoo flottant de Grand Line, ils ont intérêt à le dire tout bas, sinon ils serviront de banquet. Non pas de hasard, si mon gars sûr s'est dégotté un zoan, lui qu'apprécie autant qu'moi la calage de pains, c'est pas pour rien. C'est parce que Gui nous Guide.

      Tu tombes bien. Trop bien. J'voulais te voir. On a à parler.

      Le varan s'approche. Il est accompagné d'un des siens. Un peu comme moi et Anthrax. D'ailleurs, cette sale bête siffle sur mon épaule, à la vue du lézard. Qu'est-ce qui s'passe Anthrax, t'as les j'tons? Héhé. Couard. Si t'as les boules, laisse les hommes parler. D'ailleurs, Maître Varan, approche toi donc, que je lui fais d'un signe qui va bientôt être suspendu. D'un signe qui se fige. Car là, dans les fourrés, ça remue, ça bruite. Quelque chose approche. C'est rapide, probablement bipède. C'est au trot, et ça va bientôt faire irruption. 3. 2. .. C'est déjà là! De la masse planteuse verte déboule un gus, attifé des attributs des sauvages. Le mec est en mode pleine vitesse, il a le diable au cul. Croit-il. Mais le diable est devant lui, et n'apprécie pas qu'on vienne troubler la quiétude du refuge divin vers lequel on l'a conduit. Non le diable n'aime pas. Et le diable, si tu n'avais pas compris parce que tu es un sale drogué, c'est moi. Lui m'identifie, une seconde. Il brandit déjà l'arme qu'il tenait. Mais c'est trop tard. J'ai disparu, à ses yeux. Il scrute les alentours, fixe le varan, et ne me voit pas, au dessus de lui, dans les airs, qui retombe. Mes deux pognes jointes forment un marteau de chairs et d'os, qui vient s'écraser violemment, sur sa caboche d'ami d'la nature. Il s'enfonce, comme un clou, dans le sol mousseux, d'un trait. Pas de chance.

      Revenons à nos varans, revenons à Kiri... Du bruit, à nouveau. Des pas. Coordonnés, rapides, qui suivent la piste de l'homme clou, probablement. Voila pourquoi il était pressé... Deux solutions: soit ce sont des sauvages de l'autre clan, soit ce sont des types de la compagnie. Je penche pour la deuxième option, la cadence des gus est trop régulière, trop raide, pour coller avec la connaissance chaotique du terrain qu'ont les tribus autochtones. Je mire Kiril.

      On ne tue pas, pas tout de suite en tout cas.

      Hmm, verra s'il sera d'accord. Verra si je l'serai aussi. J'espère qu'ils seront polis. Ce serait mieux pour eux.
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      Le vent est en sueur, vibrations du sol et Jack qui se déplace. Une armée derrière. Je déplace ma gueule comme le lézard m'indique et je sens. Une aura de lopette et de peur, ça doit être l'effet Zoan. Et quand je comprends enfin qu'ils ne sont pas là pour nous offrir à boire, je vibre d'excitation. Le Lantier au fond de moi, certainement. Puisqu'il faut être cordial, j'offre un sourire avant de servir le repas.

      Châtaigne dans la gueule d'un, qu'en fait tomber plusieurs. Pas compté, j'sais pas compté, mais plusieurs. Je dévisage les autres sans voir, je leur fous les jetons, c'est clair. Ça m'fait marrer, j'suis de bonne humeur, j'envoie. Je pose des tas dans des tas de margoulettes mais plus on en sort, plus y en a qu'entre. Un poche-oeil suffit pas, alors ? Bien. J'montre mes dents et j'espère qu'ils voient la salive éclatante qui sort de la gueule du Monstre, ce presque-poison prêt à les dévorer de l'intérieur, tous. Je mords et je crache. J'attends, un, trois, sept secondes et ils s'effondrent dans un cri de déviergé. Pensée aux mères.

      Je m'agite, ils savent qu'ils sont faibles, certainement. Alors pourquoi ? Il y a tellement de choses à faire au lieu de se battre. Comme, regarder les gens se battre. Ou s'acheter une console de jeu où on peut faire semblant de se battre pour se convaincre qu'on sait se battre. Et puis, l'impression que ça ajoute quelques centimètres. Yarost me siffle un truc que je comprends que très peu. Mais d'après moi, ça a un rapport avec les mecs qui nous ont reçu. Intéressant, mais ce n'est que très peu. Et mes pattes parlent toutes seules, attrapant un jeune futur mort.

      Quels sont vos ordres ? Tu parleras.

      ...

      Dans tous les cas, les gens qui vous engagent doivent être stupides. Tu ne penses pas ? Tu mourras si je te mords et ça fera mal. Ou peut-être que tu veux que je laisse Jack te tuer ?  Je ne sais pas comment il s'y prendra mais ça fera encore plus mal.

      Je bloque une frappe, renvoie ma tête et me repenche vers le gars.

      Yarost.

      Yarost se jette sur lui et fait des choses. Des choses qui le font réagir. Pas bien. Puis il prend un air de mort.
      Ah, non. Il est mort. Je m'en vais voir Jack, là où ça sent le sang sur les poings.

      Ils parleront pas, si ? J'ai rien contre taper des sacs de frappe quand le nombre est limité. Sans challenge, ça change tout. On peut aussi couper leurs mains et les clouer à chaque portes d'entrée. Là, j'aurais plaisir à les enfoncer sur le par terre.
        Madame Gueurfeld ne pensait pas avoir déjà vu une aussi grosse quantité d'argent en une fois. Et pour ce salaire, elle était prête à faire avec toutes les particularités de son client. Ce n'était pas la première fois, d'ailleurs, qu'elle avait ce genre de visite un peu extravagante. Aussi, lorsqu'il lui demanda s'il pouvait s'allonger un moment, elle se dépêcha d'arranger la chambre d'ami, lui promettant que son costume serait prêt à son réveil. Se coucher ainsi aux aurores, quelle idée ? Enfin, après tout, sa nuit ne semblait pas avoir été des plus reposantes...

        ***

        Le petit enfant ne dormait pas
        Il voulait savoir qui était là
        Par la serrure, regarder l'homme
        Qui venait encore troubler son home

        ***

        "Tu vois si ça passe ?"

        "Je sais pas chef, je frotte..."

        "Alors continue !"

        ...

        "On devrait peut-être aller voir si ça passe..."

        "Ben non, vous l'avez goûté après tout, non ?"

        "Ben... Non..."

        "Ah ouais, pas d'alcool avant treize, j'oubliais..."

        "..."

        "Chef..."

        "Frottes j'te dis !"


        ***

        Grande salle, Casino de l'Île maléfique, Île maléfique, troisième voie de Grand Line, Grand Line, Monde. On y sert un apéritif haut de gamme, et très matinal. Parce qu'ici, on se sent du gratin, et le gratin se doit d’innover. Ou plutôt que l'on se doit d'innover pour le garder, le gratin. Et c'est ce qu'on sait faire, ici, sur l'Île maléfique. Délices et sensations fortes à la portée de tous. Mais gare au mauvais clients...

        Respecte le petit personnel et on ne crachera pas dans ta soupe. Fais leurs des misères, et ce ne sera pas des crachats que t'auras dans ta soupe. Certaines patates l'oublient une fois glissé dans le plat. Elles ne savent pas ce qui les attend au tournant, et ne savent pas tout ce qu'elles ingurgitent. C'est un peu comme la patience, faut pas toujours courir, parce qu'un jour on a pas le temps de freiner à temps. Et il ne suffit que d'une fois, la plupart du temps.

        Les patates ne savent pas toujours ce qui les attend. Là, par exemple, on se laisse emporter par sa soif, et dès le point final du discours, on trempe les lèvres. Une fois, juste pour humecter les cordes vocales avant de briller dans la sphère sociale. Et on rit, parce que le joli garçon a fait un trait d'esprit. Qu'est-ce qu'il a dit ? Quelle importance. Ce qui importe, c'est d'être la première à mettre la main sur son épaule. Mais quelle main ! Les doigts finement boudinés, à la graisse élancée dans ses derniers recoins, et qui gonflent. Les lipides, dans un élan génétique hors du commun, se déploient tel le démon de la perfection physique. Nul bouton, nul lacet ne saurait retenir la resplendissante obésité qui s'installe dans ce corps sublime.

        Je vous laisse imaginer le cri qui s'ensuit.

        ***

        C'était pas les membres perdus du groupe...

        "À tous les animateurs, retirez vos groupes du terrain. Nous avons des intrus dangereux !"

        Quelle galère. Tout son projet allait tomber à l'eau à cause de deux... de deux types qui n'avaient rien à faire là. Il le savait. Mais il fallait sauver les pots qui n'étaient pas encore casser, on verrait pour s'occuper des autres ensuite. Et alerter le reste de la base aussi. Histoire de tomber sur ces types avec tout le feu de dieu que les autorités de l'île pourraient larguer. Peut-être que comme ça il pourrait quand même toucher une partie du pactole qu'il était venu chercher ici.

        "Avertissez le central..."

        Pas de réponse...

        "Oh, vous êtes sourds où quoi ?"

        "Non, mais ils vont pas répondre..."

        "Hein ? C'est quoi ça ?"

        C'est une main. On dirait pas, comme ça en effet, mais ouais, c'en est une. À quatre doigts et un petit peu translucide, mais une main quand même.

        *Poena Avari*

        ***

        Mais l'homme ne voulait pas
        Et une poignée sable lui jeta
        Dans les yeux, qui gonflèrent
        Tant que de son crâne ils sortirent.


        Dernière édition par Walters Scott le Lun 6 Jan 2014 - 10:45, édité 1 fois
          Mes mires, sur les corps, au sol. Mes mires sur Kiril. Mes mires sur le sauvage, devant moi. Mes mires sur Kiril.

          Qu'est-ce qu'tu piges pas dans "pas tuer" ?


          J'suis pas fâché. Pas d'un poil. J'imagine qu'y a des trucs, tu peux pas aller contre. Puis, j'peux pas juger. Héhé.

          ....krrrrr....

          Faudrait qu'on maquille ce foutoir. J'ai une idée. Chope ceux-là.

          D'un doigt, j'pointe les macchabées à ses pattes.

          Balance les dans les arbres... puis rosse le encore un brin.

          Et on s'y met, au boulot. Pas de repos pour les braves, même quand y fait nuit noir, et que les Dieux nous regardent. Surtout lorsque les Dieux nous regardent. Alors on trime. On masque. Et on discute.

          J'te cherchais Kiril. Les plans ont changé.


          ...

          On va rendre à cette île le standing de son nom. On va lui donner un coup d'pouce, qui va la plonger dans la guerre.

          Kiril est un type qui a ses propres aspirations. De c'que j'l'ai observé, il a jamais réellement pris la cause des Saigneurs, mes Saigneurs, comme un but en soi. J'ai rien contre ça. C'est normal d'abord penser à son cul, j'ai rien contre, tant qu'on essaie pas de torcher l'mien. Y suit son ch'min, et pour le moment ça concorde avec le notre. Alors quand Kiril s'exécute, c'est toujours avec efficacité, mais sans beaucoup de coeur. Parfait, laissons le coeur au fille, excepté Micha. Et Maya. Brrrr. J'accroche le dernier corps, m'saisis d'l'arme du sauvage, l'envoie voler en plein dans l'sac de viande. Hmmm. Oui, c'est joli, j'me dis en mirant.

          Ca va bien leur foutre les glandes quand y vont trouver ça, les touristes!


          La belle clairière a pris une aut'gueule. Les zolis arbres qui en font le frontière sont maint'nant des présentoirs morbides. Leurs branches sont fleuries de fruits bien crâdasses. Fleuries de cadavres, voir de morceaux de cadavres. Le tout dans un esthétique qui, si elle peut r'buter au premier regard, dégage néanmoins une certaine poésie, voir un sens de l'ironie.

          Gay.

          Merci, Jamie Lee Croquette, ma mauvais conscience, pour cette intervention constructive.

          Et j'aimerais qu'ce soit que le début.

          j'bave à Kiril.

          Que les gus dans leurs bungalow commencent à avoir vraiment les boules. Qu'ils veuillent se tailler. Faut qu'y s'passe des "accidents". Le genre innocents, mais dangereux. Le genre de plus en plus fréquents, mais qu'on sait pas d'où ça vient. Qu'on sait pas qu'c'est nous.

          ....krrrrrr....

          Sinon, sympa ta nouvelle tronche. Ça d'vient un vrai parc animalier c't'équipage...

          ....krrrrr....

          J'tourne la caboche. Ce p'tit bruit. Déjà entendu tout à l'heure. J'ai pas fait attention. Mais maintenant... Hmmm. M'approche d'un des cadavres fruitiers. Cassé en deux sur sa branche, on croirait un pince à linge. J'tends la patte, tâte ses poches... Une petite bosse. Comme un excroissance. Et ce ....krrrrr.... qui se fait plus fort. Je mire. C'est un escargophone. Merde...

          Je saisis l'appareil, la bête me regarde avec crainte. Foutu pour foutu, j'l'approche d'mon bec.


          Héhé.

          Ma paluche broie l'animal.
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          Corps perchés, assommés, puis perchés. Le nom de l'île commence à avoir du sens. J'souris. J'aurais pu être designer d'extérieur. Et bientôt d'intérieur, avec ce qui s'passe dans ma caboche aux mots du capitaine. Les Saigneurs, quelle aventure. On s'amuse plus qu'en jouant aux petits trains électriques. Et pourtant, les trains, c'était quelque chose. Bouffe gratuite, pas forcé de dormir dehors. Une vie de mauvais Roi, usurpateur, vous me direz, parfois l'arrive des choses à ces vils gaillards. Comme c'te merde de bouffe que Micha nous avait servie... Et mes clignots s'mettent à bouillonner, en y repensant.

          Hé, Jack, on doit toujours avoir des restes de ces légumes louches sur l'Ecume, dis ? Et si ces trucs se retrouvaient dans le frigo des restos étoilés du coin, hé ? Tous. Les plus friqués, ils leur arriveraient des trucs. Des trucs bizarres. En même temps qu'les accidents, eux aussi, bizarres. Héhéhé.

          J'tape une marrade, forte, forte. Du p'tit bourgeois ovale à la vieille héritière d'son arrière grand père. Qui s'mettent à avoir des paluches plus grosses que leur égo, ou qui comprennent plus qu'leurs animaux de compagnie. Héhé, ils s'apercevront que leurs esclaves en sont pas, des animaux, peut-être. Haha, j'imagine bien c'te gros porc marcher sur les mains et ce gosse de riche arrogant avoir peur d'une putain de fourmi. Énorme marrade, forte, forte.

          Et puis après, je réfléchis parce qu'il faut bien qu'ça arrive, parfois. Yarost qu'a commencé à piger la discussion me regarde, avec la même expression que Jack. Je trouve ça drôle, il sera des nôtres. Cette nuit, les étoiles brillent noires, et les grands esprits se rencontrent. Gorille, Dragon. C'est les signes des Dieux. Cette nuit, il va donc se passer de grandes choses, petit lézard. Un banquet pour la noblesse. Donnons à manger aux pauvres, disait quelqu'un. Il a pas précisé pauvres de quoi. Eux, ils le sont, d'esprit.

          Ho, j'y pense. Deux choses. La première, j'aurais besoin de quitter la forme animale de ce machin quand le soleil tombera. Comment ?

          Les écailles me gênent pas, même que ma gueule en jette, ça fait peur. Puis je voudrais pas qu'on me reconnaisse. Mais je voudrais profiter un peu des rades qui s'trouvent ici. Ma vie, sans la gnôle, tu sais.

          Et la deuxième, j'étais avec le Scott y a pas quatre heures. J'crois bien qu'il a une nouvelle teche-nique qui fout les pétoches, hm, c'est devenu...un fantôme. Ha, ça t'fait marrer ? Faut le voir. Enfin, je sais pas si tu la mis au parfum, mais j'aurais juré que lui aussi, avait une idée derrière la tête.

          Et on le connait le Scott, il serait capable de provoquer une troisième guerre mondiale juste pour faire marrer ses gosses. Et lui-même aussi. Puis je sais pas, quand je suis venu le retrouver, j'ai senti qu'il avait changé. Oh, pas qu'sa tronche.

          Vrai, sa tronche. Il a une nouvelle tête. Quoi, ça t'fait marrer ? Enfin, tu le reconnaîtras, clair, tu le reconnaîtras.

          Mais son âme aussi. Ou un truc qui y ressemble. En tout cas, à l'intérieur de sa caboche fantomatique, y a un truc qu'a bougé, ça se voit aux yeux. L'est peut-être devenu un peu plus taré. Ou plus saint. Je crois bien que la deuxième option fera plus de mal au monde que la première...
            You better watch out
            You better go hide
            Better not shout
            I'm telling you why
            Walters Scott is comming to town

            ***

            Au fond de la salle de bal, alors que le petit mouvement de panique causé par la transformation d'une des plus belles créatures présentes faisait son petit bonhomme de chemin, un homme s'éclipse discrètement. Il se dirige vers les toilettes, où il se retrouve seul. Il n'a pas trouvé ce qu'il recherchait, et va donc chercher ailleurs. Il ferme les yeux, et sonde.

            Ces mortels, ces être fascinants qui se créent un monde en papier mâché afin de se donner une quelconque consistance dans leur existence éphémère. Mais lui-même ne vaut guère mieux, mais lui, au moins, il en est conscient. Mais peut-être que ça le rend, justement, encore plus inconsistant. C'est une question sans réponse, un serpent qui se mord la queue qu'il se pose de temps en temps, pour le sport pourrait-on dire.

            Il rouvre les yeux, plonge sa main dans sa poche, et se dirige vers la sortie. Il a trouvé autre chose d'étrange.

            ***

            Madame Gueurfeld avait presque terminé son ouvrage lorsqu'elle entendit, de sa chambre d'hôte, sonner ce qui ressemblait à un escargophone. Elle n'y prêta pas attention. Après tout, ce n'était pas ses affaires. Elle n'aimait pas mettre son nez dans ce qui ne la regardait pas. Tant qu'on la payait, ça lui allait. Elle entendit une porte s'ouvrir, puis se refermer. Elle cria qu'elle avait bientôt finit, et que s'il le désirait, il pouvait prendre une douche. La salle de bain se trouvait juste à côté de la chambre.
            Après tout, ça aurait été dommage qu'un homme sale enfile de si beaux vêtements. L'eau se mit à couler dans la minute qui suivit. Le temps qu'il se lave et elle aurait terminé les finitions.

            ***

            He doesn't have a list
            Neither would he check it;
            Doesn't care Who's naughty and nice
            Walters Scott is coming to town

            ***

            "Chef ?"

            "Arrêtes de frotter..."

            "Quoi ? Pourquoi ?"

            "Chopes des bouteilles, on se tire."

            "Quoi ?"

            "Arrêtes de discuter et fais c'que j'te dis. On va se faire lyncher si on reste ici."

            "Oui chef, bien chef."


            ***

            Comme quoi, certains ont plus d'intuition que d'autres... Dire que c'était censé être un centre de contrôle, on dirait qu'ils ont tous perdus leurs sens. À moins que ce ne soit des fous qui nous contrôlent, bien entendu. Enfin, c'est toujours un peu particulier, mais bon, à ce point ? Quelque chose ne tournait pas rond, mais quoi ? Ce n'était pas pour cela qu'il était venu, mais bon, autant s'intéresser à ce qui pouvait être intéressant, non ?
            Chercher à parler avec ces gens aurait été inutile. Il devait bien y avoir un escarmera dans le coin (ou peu importe comment ils les nomment, un nom n'est qu'un nom, non ?) Il suffisait de trouver comment fonctionnait tout ces bidules et machins et ça irait. Il finirait bien par découvrir ce qu'il s'était passé ici.
            Tiens, voilà quelqu'un sur un écran, que faisaient-ils là ?
            Après quelques instant à regarder les deux hommes, le fouineur se dit qu'il pourrait en informer son collaborateur. Il mit à nouveau sa main dans sa poche.

            ***

            Comme d'habitude, son travail avait été fait à la perfection. Elle avait brillé de précision et de rapidité. Son œil avait mesuré son client à la perfection, et il n'y avait aucune retouche à faire. Son client avait l'air satisfait. Enfin, c'est ce qu'elle pensa, vu qu'il n'avait rien dit et que son visage ne dévoilait pas grand chose. Il s'était contenté d’essayer son costume, de se regarder un peu dans le miroir, de hocher la tête et de partir. Carla s'employa alors à compter son salaire, sans plus s'en faire.

            ***

            He sees you when you're sleeping
            He knows when you're awake
            And doesn't care if you've been bad or good
            So go hide for goodness sake!

            ***

            "Chef, vous savez où vous allez ?"

            "T'inquiètes, à cette heure-ci il ne doit plus y avoir personne dans cette partie de la forêt. Et c'est pas les sauvages qui vont venir dans le coin. On devrait avoir quelques heures pour trouver comment se tailler d'ici..."

            "Euh... C'est pas pour dire, mais je préférerais qu'on aille attendre ailleurs..."

            "Pourquoi ça ?"

            "C'est des tombes, ça, non ?"

            "Ah... C'est vrai que c'est glauque..."

            "À votre avis, c'est qui qui a tué ces gens et qui les a ensuite enterrés ici, et qui a même pris le temps de planter des croix ?"

            "Je sais pas, mais il a une sacrée conscience professionnelle si c'est un fossoyeur... C'est quoi qui est suspendu ?"

            "Des lunettes, une bague, un badge... On dirait des effets personnels..."

            "Vraiment glauque..."

            ***

            O! You better watch out!
            You better go hide
            Better not shout
            I'm telling you why
            Walters Scott is coming to town
            Walters Scott is coming to town
              ...

              ....

              ...

              Oups. J'ai eu comme une absence. Sorry pour ça. Faisons comme si de rien n'était.

              J'me tourne vers Kiril, mire sa tronche de lézard. Y m'rend c'regard, tout en humant l'air avec sa langue d'reptile.

              Bon plan les légumes. Faudra quelqu'un pour s'en occuper. Sinon, pour ta forme animal, pour la quitter... hmm j'sais pas trop comment on fait. Convaincs toi qu't'es pas un lézard, qu't'es un beau mec à la coiffure panachée. Ca devrait suffire. La trogne peut réaliser des choses extra, si tu lui laisses faire. T'imagines même pas. Mais quittons cet endroit. Ca me fout le bourdons, tout ces morts.


              Oui écartons nous un peu. Alors on progresse, en s'enfonçant toujours plus loin dans c'te jungle. LA nuit, la jungle n'est pas morte. Elle vit plus que jamais. L'activité est tout autours de nous. Bêtes sauvages, insectes. Sauvages? Rien qui ne puisse nous inquiéter, le punk et moi. La jungle connait ses ennemis, elle sait à qui elle peut s'attaquer. Tout en marchant, je me dis que ma "commande" de Dead End doit être arrivé à bon port. Si tout s'est passé comme prévu, nos amis les sauvageons sont armés dès maintenant.Il va bientôt être temps d'aller les voir.

              Garde peut-être c'te forme animal dont tu sais pas t'tirer mon bon. On a du monde à voir.

              Qu'je bave à Kiril. C'faisant, j'passe en mode Gorille aussi.

              Si on te demande, tu es le dieu Varan, un pote du Dieu Gorille. Quand à tes pouvoirs... bof, soit le Dieu que tu veux être.


              Un coup d'oeil aux étoiles, pour s'repérer, et nous voila en route vers les zones indigènes. Il est temps d'aller leurs apprendre quelques rudiments de guerre de guerilla. Il est temps de rendre à cette île son vrai standing.
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              Il était deux fois Walters Scott

              La première se trouvait adossée contre un arbre, près des tombes qu'elle avait creusées. Autour de lui, deux artisans en gastronomie se disaient qu'il paraissait bien étrange, ainsi immobile, avec son masque et les yeux vitreux qu'il renfermait. Torse nu, couvert de terre, sa présence avait tout ce qu'une présence peut avoir de suspicieux.

              "Dites chef, vous croyez qu'il fait quoi ici, ce type?"

              "Je sais pas..."

              "Vous pensez qu'il viens du village?"

              "Je... sais pas..."

              "Il y a peut-être quelqu'un qui le connait, là-bas..."

              "Je sais... C'est possible."

              "Ils seraient peut-être contents de retrouver son corps..."

              "Contents, à quel point tu penses?"

              "Il y aura peut-être une récompense, vous savez, comme pour les animaux perdus..."

              "Mmh..."


              Et les deux hommes empoignèrent le cadavre et le chargèrent sur leur dos. Ils allait l'apporter jusqu'à l'entrée du village où les habitants de l'île se rassemblaient plus volontiers que dans les quartiers touristiques. Ils espéraient y trouver un endroit où se cacher et peut-être même un moyen de quitter l'île. Le port principal était bien entendu hors limite pour eux, mais le trafique au noir des quelques pêcheurs locaux était un secret de polichinelle pour quiconque avait travaillé assez longtemps sur l'île.

              ***

              Il était deux fois Walters Scott.

              La seconde s'avançait sur un chemin forestier. Son aspect était semblable à la fine couche de brouillard qui flottait sur le sol, jusqu'à hauteur des mollets des deux hybrides. Si elle avait pu, elle aurait tapé dans ses mains, mais l'inconsistance de ces dernières rendait la chose impossible. Du coup, elle éleva la voix, et sa mâchoire brumeuse semblait s'activer dans un mouvement indistinct.

              "Tcho les mecs, ça roule ?"

              Une main translucide s'éleva pour faire signe que ce n'était pas terminé.

              "J'ai entendu qu'on passait aux choses sérieuses, et sans rien me d'mander... C'est pas très gentil..."

              Un semblant de sourire prouva qu'il ne prenait pas ombrage, mais aussi qu'il fallait s'attendre au pire.

              "Si vous voulez aller voir les sauvageons, faites leur passer un message. Dites de pas toucher aux baraques qui sont marquées par le sang."

              S'il en avait, Walters Scott aurait mis ses mains dans les poches. Il sembla réfléchir un instant, mettant en place les choses dans sa tête comme il l'avait rarement fait.

              "Et dites leurs que ça vient du dieu d'la mort, un truc du genre... ça devrait l'faire, j'pense. Ouais, ça l'fera... et tant qu'j'y pense, Jack, tu penses faire quoi d'nos péons? J'pass'rai les voir j'pense, un truc à leur faire faire?"
                Yarost dit :

                Ssss, sssss, les hommes, qu'ils sont cruels ! En particulier ces deux là... Enfin sont-ils vraiment des hommes ? Je sens une odeur macabre, celle-là même sur les hyènes, ces bêtes sauvages qui n'existent que pour combler leurs désirs sans fin, encore et encore, jusqu'à leur mort. Après avoir commis, pourtant ces crimes atroces et abominables, ils avaient repris la route d'un pas décidés, vers les campements des sauvages, ne parlant pas une fois de ce qui s'était passé.
                Une autre espèce encore plus bizarre les avait rejoint, quelque chose qui n'existait...pas, pour partir aussitôt dans un rire funeste, à faire froid dans le dos.

                Je regardais Kiril dans l'habit de mes ancêtres, sifflant de sa langue, les yeux noirs et aveugles. Sa peau était plus sombre que la jungle dans laquelle lui et le Dieu Gorille s'engouffraient, ses pas plus silencieux, son sourire plus trompeur et son âme...encore plus glaciale. En près de dix-sept ans de vie, je n'avais pas vu tels hommes... Jusqu'à que l'on arrive chez les indigènes.

                ///

                Le silence était si lourd qu'à part les phrases laconiques de Jack, on pouvait entendre le bruit de l'air sur le métal des armes. Le vent était très doux mais étrangement je pouvais sentir l'odeur de la ville, charmant mon nez -ou plutôt ma langue- comme me priant de venir la rejoindre. Tu seras bientôt en sang, le chaos en ton sein, et ton vrai peuple libéré... Ou pas. Ce qui est chouette, c'est que dans les deux cas, on y gagne.

                Battez-vous jusqu'à ce que vous voulez pour votre île mais surtout, ne touchez pas aux portes marquées de sang... Ou quelque chose semblable à la mort viendra vous chercher.

                Je remarque une tête d'escargot dépasser de la poche d'un. Je lui dis donne, il me donne, je suis le Dieu Varan. Le Dieu Varan passe-t-il des coups de téléphone ? Lui, celui qui m'a obéit, seul lui le saura.

                C'est moi.

                Je siffle quelques mots que mon interlocuteur comprend, que mon spectateur ne comprend pas, à propos d'infiltration et de légumes. Le banquet risque d'être riche en émotion. Et je raccroche avant de le remercier et de lui redonner sa chose. Et je me retourne vers la foule.

                Les dieux... Vos dieux sont apparus pour vous demandez de récupérer leur terre. Ne les décevez pas, le Dieu Varan est diplomate. Mais pour ce qui est du Dieu Gorille...

                Parler de moi à la troisième mais qu'en plus on ne me trouve pas totalement dérangé, fait. Et un rêve d'enfant réalisé.

                  Dans la forêt, on rencontre Walter. Enfin, c'qui semble être Walter. Une ombre, une sorte d'filet, transparent, mais pas de doutes, c'est Walter. Cette impression malsaine, pas de doute. C'est Walter. Comment il arrive à faire des trucs pareils, aucune idée, mais je m'étonne plus de rien v'nant d'un type capable de jongler avec sa tête. Les paramecia sont des choses étranges. Des fruits peu puissants à première vue, mais pleins de possibilités. Puis le Walt' est une chose encore plus étrange.

                  Vrai qu'ça s'enclenche mon bon Walter.


                  ...Je parle avec un fantôme. Un fantôme qui me bave une histoire de porte rouge. Perso je pose pas de question. Pas qu'j'ai une confiance absolue dans l'mort-vivant, non. Plutôt que quand il s'agit de bordel, Walter est un crack.

                  La consigne: joue la discrète. J'tiens encore à rentabiliser mon titre d'allié du Gouvernement. Haha. J'ferai passer ton message, quant à toi, rencardes les autres. Dis à Joseph de terroriser dans l'ombre, et de bas hésiter à briser quelques tuyaux et autres trucs importants dans une construction. Pour Ankou, Qu'il prenne des notes, puis s'il sait emmêler les pinceaux d'nos hôtes, pourquoi pas. Micha' saura se débrouiller.


                  Sans d'mander son reste, l'ombre s'en va. J'l'entendrais presque siffloter. Sacré Walter. Flippant Walter. Et nous continuons notre chemin. A une lieue du campement sauvage, je passe en forme animale. On arrive. Les troupes sont rassemblés et nous jettent de drôles de regards. Dans leurs mains, j'peux voir une flopée de nouvelles armes toutes jolies. J'ai une idée de leur provenance, j'peux sentir l'odeur âcre des embruns de Dead End qui imprègne le bois de leurs crosses.

                  Au centre du camp, y a Booba. Il a toujours cet air accusateur dans l'oeil, mais les flingues qu'il porte à sa ceinture lui donne une assurance nécessaire pour croire en notre engagement. Héhé. Et Kiril les met au jus des premiers détails, tout en en profitant pour lancer quelques instructions. J'enchaine.

                  L'attaque commencera à la tombée de la nuit. Eux sont plus nombreux que vous, mais vous allez en profiter. Lorsque le soleil se f'ra rasant, vous allumerez plusieurs feux. Des feux à l'orée d'la ville, le genre que le vent portera vers les bâtiments. Ils enverront des gens pour les éteindre, attendez les, planqués, et abattez chaque chien avec un seau dans les pattes. Et piquez leurs vêtements. Puis, profitez d'vos déguisements pour tuer au hasard. Pas de logique dans votre attaque, il faut qu'ils ne sachent pas d'où ça vient, il faut qu'ils se séparent. Héhé. De mon coté, avec mes amis des enfers, on facilitera la panique. Et la mort. J'ai dit.


                  J'leurs tourne le dos, prêt à partir. Une voix m'arrête.

                  ET la Grande Prêtresse?


                  Sans me retourner, j'répond, devinant de quoi il s'agit.

                  Vous en faites pas pour Elle, elle travaille déjà à votre succès. Les armes que vous tenez, vous les lui devez... en partie.
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                  Au dessus des deux gastronomes, un esprit veille. Une forme vaporeuse qui, de loin, les observe, réfléchit un instant, puis se dit que ça ira, elle se retrouvera bien plus tard. Que pour le moment, elle a d'autres âmes à fouetter. Comme un coup de vent, elle s'envole vers le port où l'imposant navire des Saigneurs des Mers siège.

                  À bord, c'est vacance. Les pontes sont partis, alors on glande. On sait qu'on se fera taper sur les doigts quand ils seront de retour, mais on est assez nombreux pour éviter que ça nous tombe dessus, surement. Du coup, on se dore la pilule, on tanne les plus jeunes et les p'tites gueules en attendant l'heure de la loterie aux baffes.
                  Mais quand un truc se met à vous siffler dans l'oreille, et qu'il n'y a rien au dessus de l'épaule, ça fout le doute. Enfin, peut-être pas le doute, mais en tout cas le malaise si solide qu'on pourrait plier des fers à cheval dessus. On pense un moment, pourquoi, comment, on se souvient de pour qui on bosse et on passe directement à qui. Les troupes finissent pas lancer un colloque, démarrent le brainstorming jusqu'à ce que Linus Caldwel, en bon malin et bien ancien mette un poing final au discussions, sur la table, en faisant sursauter quelques uns.

                  "C'est bon, Scott, on a compris, tu peux t'montrer ou bien faut qu'on t'sorte une invocation ou un truc du genre ?"

                  "Tiens, c'est une idée ça, j'y penserai pour l'avenir..."

                  C'est discret un fantôme, c'est jamais là et tout d'un coup ça y est, juste dans le coin de votre regard. Juste là où vous pensiez qu'il n'était pas, l'instant avant. C'était un nouveau pouvoir qui lui était offert, et il commençait à peine à en voir l'étendue. C'est dingue la vie, les cadeaux qu'elle peut faire, et peut-être aussi la mort, un peu.

                  "Y'a du taf les gars, et ça va être des spécialités. Faites gaffe, c'est tout l'équipage qu'est sur la ligne, mais bon, j'vous ai trouvé des consultants..."

                  Quelque chose avait changé chez Walters, tout le monde le sentait. C'était difficile à mettre le doigt dessus, vu qu'il était surement le type le plus imprévisible qu'ils aient vu. Mais là, avec sa tronche de nuage, il avait l'air posé, plus concret, avec peut-être les idées plus claires qu'il n'ait jamais eues. C'était plutôt flippant. Les trois gamins qui émergèrent de l'ombre derrière lui complétèrent le tableau familial.

                  ils sont comme ça, chez les Saigneurs. Une grande famille avec tellement de cas sociaux en phase terminale que ça leur paraissait normal d'aller hanter toute une population, comme ça, pour s'occuper une après midi. Surtout si le temps était de leur côté.

                  Une fine pluie se mit à tomber sur l'île maléfique.