Il marchait lentement dans la ville. Un tourniquet calciné, baigné par le sang. Là, la trace d’un cadavre. Des alignements de cadavres, des femmes en pleurs. Des hommes qui regardaient l’horizon avec inquiétude. Tous ceux qui n’avaient pu partir. Ceux qu’il devait encore protéger. On n’osait le regarder dans les yeux, on le qualifiait de monstre. De malheur. Ils étaient mieux avant, malgré leur misère. Peu étaient conscients de ce qu’il avait fait pour eux. La ville était détruite. Les flottes ennemies approchaient. C’était la fin de toute chose. Tout s’arrêtait là, tout se déciderait sur cette plage. Il les dépassa, avant de gagner le port. Au loin, les pavillons se levaient, révélant les symboles de la flotte de Goa et de la Marine. Un sourire triste se dessina sur les lèvres de l’assassin. Au dessus de la ville flottaient des drapeaux noirs. Le royaume était tombé et ils venaient le reprendre. Une foule s’était rassemblée là, pour l’attendre. Des soldats, des révolutionnaires. Il les salua d’un signe de la tête. Puis ils se dispersèrent. C’était le jour où tout se finirait. Tout était prêt. Alors il ne restait plus qu’à en finir.
Les navires jetèrent l’ancre, se positionnant face à la cité. Canons prêts, longue-vue à la main. Puis ce fut le signal. Des feux s’allumèrent sur les remparts et un peu partout dans la cité. Des flammes, des drapeaux noirs. Le symbole des révolutionnaires. La preuve que l’âme du peuple était encore vivante. Un défi lancé au visage de ceux qui venaient reprendre ce qu’ils pensaient à eux. Dans la longue-vue, on pouvait voir l’assassin au bord de l’eau, juste devant les renforts aménagés durant la bataille. Les feux l’auréolaient de leurs couleurs changeantes, un dernier adieu. Un dernier espoir. Les révolutionnaires se tenaient prêts pour l’assaut final et leur leader était en première ligne. Face à leur adversaire, sans se soucier du danger. Que pouvait-il faire d’autre ? Les secondes s’égrenèrent. La pluie avait cédé la place au beau temps pour ces derniers jours. C’était le Soleil qui accompagnerait cette bataille sanglante. Là-haut, sur les murailles, les soldats de la liberté se massaient. Un silence de mort pesait. On sentait la peur, le doute. On percevait le courage et la détermination. Un combat pour le destin du monde. De leur monde. C’était la fin. Une fois pour toute.
« Allumez-les. »
Puis il leva la main et les révolutionnaires lancèrent des fumigènes tout autour du port. À hauteur de un soldat par mètre, la vision de la marine s’en retrouva masquée par le panache gris. L’assassin se retourna et rebroussa chemin pour rentrer dans la ville, passant à travers le mur de fumée. Ce dernier gagna instantanément en épaisseur et hauteur, pour s’élever jusqu’à une trentaine de mètres. La stratégie de South Blue. Ou du moins, ça y ressemblait fortement. Mais cette fois, aux yeux du monde. Les navires de la Marine et de Goa se mirent en place, les canons se remplirent et ils firent face au port. Ils ne prendraient pas le risque de tomber dans un piège. Pourtant, nul tir ne se fit entendre. Derrière le rideau de fumée, les révolutionnaires se retiraient doucement, gagnant les protections de la ville haute. Les fumigènes se dissiperaient sous peu, le tout était de voir la réaction de la Marine et de Goa. Les citoyens gagnèrent les souterrains, comme c’était prévu, en attendant que les combats ne cessent. Quant aux autres, ils étaient à l’abri dans les montagnes. C’était le tout pour le tout. La ville basse n’avait aucun valeur stratégique. Raison pour laquelle un seul homme restait au milieu.
« AUDITOREEEEEE !!! » tonna une voix dans le lointain, avant qu’une colossale lame d’air ne sépare le mur de fumée en deux.
Un violent choc ébranla le port, alors qu’un énorme personnage y atterrissait. Dépassant le moindre des humains de sa stature colossale, il éclata de rire et détruisit l’oeuvre de Rafael en trois mouvements, se taillant une entrée à sa taille. Dantesque. Le Vice-Amiral Fenyang. Père d’Alheïri. L’homme qui avait capturé l’assassin pour la première fois, l’homme pour qui il avait rejoint le Léviathan. Le fléau des révolutionnaires.
L’heure du jugement.
Un pas calme. Serein. Concentré. La gigantesque épée du bretteur reposait sur son épaule. C’était un David contre Goliath. Les deux adversaires se toisèrent. Le monde suspendait son souffle en les observant. Un combat de titan, une mise à l’épreuve comme jamais vu. L’assassin ravala sa salive. Un géant face à lui. Il sentait si minuscule ... écrasé. Il fit craquer sa nuque d’un côté. De l’autre. Puis il se mit en garde. Un Vice-Amiral, rien que ça. Il en frémissait d’avance. Voilà ce qui avait été dépêché pour lui faire face ?
« Ça termine où ça a commencé, Auditore. Toi, moi et une corde. » le railla Fenyang, faisant jouer son énorme épée.
L’assassin tendit sa main vers lui, appelant la fumée. En deux lames d’air, le Vice-Amiral l’écarta. Avant qu’il n’ait pu établir le contact. Il ricanait. Alheïri était le digne fils de son père ... Rafael soupira. D’un geste, il dissipa la tenue de son ordre pour se révéler avec une simple veste en cuir et un marcel blanc. Il avait prévu cette option, que Keegan viendrait l’affronter pour l’écraser rapidement. De toute sa puissance. Son armure ne servirait à rien face à un pareil monstre. Il lui faudrait user de tous ses talents d’assassin, de toute sa force. Il était un guerrier avant tout. Son pouvoir n’était qu’accessoire. Qu’un outil.
Ace of shades. Erbaff Style.
La fumée s’ordonna autour de Rafael, s’enroulant sur ses poings. Comme des plaques d’armure, elle s’ordonna jusqu’à son coude pour se terminer par un panache évanescent. C’était ainsi qu’il avait vaincu Krabbs. Mais cette fois, avec quelques petites surprises. Dans sa main gauche dansaient les composants de son gantelet d’arme.
Keegan porta le premier coup. Une taille horizontale qui emporta trois maisons derrière lui. Se baissant en arrière, l’assassin esquiva sans mal. Ce n’était qu’un coup de semonce. L’air n’avait fait que le décoiffer. Roulant sur le côté, il se précipita sur son adversaire, gonflant son poing de fumée. Doublant de volume, ce dernier s’écrasa sur la lame du géant, sans même le forcer à reculer. Relevant son arme, Keegan fit décoller l’assassin dans les airs. Rafael se réceptionna quelques mètres plus loin, sans mal.
« Hm. Tu as fait des progrès, Auditore. »le nargua-t-il.
« Tch. Toi tu t’es empâté. Je t’ai connu plus virulent. » répliqua Rafael.
« Déconne pas, Auditore. T’as trahi mon fils, t’as tenté de le tuer. Je te ferais pas de cadeaux. Ce serait pas mon genre d’épargner un révo. Même quand ... Hmpf. Encaisse ça. » fit le Vice-Amiral, avant de bondir sur son adversaire.
Même quand ... quoi ? L’assassin roula sur le côté, esquivant l’assaut. Les membres de Fenyang avaient viré au noir. Tch. Le même haki qu’auparavant ? Pourquoi cette hésitation ? Et puis les coups ... Il ne pouvait avoir baissé à ce point, hein ? Rafael savait jauger ses adversaires. Et celui-ci se réservait. Lui laissait volontairement un temps d’avance.
« Et vous allez faire quoi, hein ? Brûler les cendres de Goa ? Tch. Vous êtes vraiment pitoyables, à la solde de ces putains de nobles. Vous voyez pas le mal que ça fait ? Hein ? Putain de fils de Dragon Céleste ... » grogna l’assassin, en lançant une dague sur le Vice-Amiral.
Ce dernier émit un son guttural alors que la dague rebondissait sur sa peau. D’un bond, il se jeta sur son adversaire et, pivotant au dernier moment, il lui colla un coup du plat de l’épée. Se la prenant en plein visage, l’assassin décolla de plusieurs mètres et fraçassa deux maisons. Le géant se rattrapa sans mal, puis commença à se diriger vers Rafael. L’assassin écarta les gravats d’un geste rageur, les projetant tout autour de lui, puis il fonça vers le Marine. S’ensuivit de puissants échanges de coups. La vitesse et l’empathie de l’assassin surclassant la force brute de son adversaire. La force de Keegan surpassant la perfidie du révolutionnaire. Au loin résonnaient les échos de leur bataille. Des sons stridents, et la chute des demeures de Goa. Des trous, des effondrements. Ils faisaient à eux deux plus de dégâts que la révolution en elle-même. Petit à petit, l’expérience du Vice-Amiral prenait le pas. Parant une attaque de manière imprévue, perçant la garde de Rafael. Si bien qu’après quelques dizaines de minutes d’échanges, le révolutionnaire se fit à nouveau expédier à terre. Y rebondissant lourdement, il se releva en titubant, aux pieds du Vice-Amiral.
« C’est étonnant, je pensais qu’il y aurait plus de tes copains par ici ... Personne pour te protéger, personne à sacrifier. Dis-moi, Auditore, pourquoi te bats-tu ? » se moqua le Marine, s’essuyant malgré tout le front.
L’assassin se releva de nouveau, s’essuyant le sang qui lui dégoulinait le long du menton.
« Pour gagner du temps, abruti de Marine. Pendant que tes copains t’attendaient, on a pu se préparer. » ricana Rafael.
Le Vice-Amiral ne parut pas vraiment satisfait par la réponse de l’assassin. Il l’envoya paître dans un mur, du bout du pied. Trainant sur le sol, l’assassin ne put que se mettre en boule pour réduire la force de l’impact. Les Fenyangs étaient une famille désastreuse ... Se transformant en fumée, l’assassin se reforma sur le tas de gravats. Il tenait son bras droit, pestait contre le sort. Keegan semblait seulement un peu fatigué. Se redressant, Rafael inspira profondément. Que faire de plus ? Il avait tenté tous ses mauvais tours, avait essayé la plupart de ses ruses. Et cela ne changeait rien. Keegan faisait évoluer son style, changeait d’un coup de technique. Tout ça pour surprendre Rafael. Il avait parfaitement étudié le sujet. Tch. Mais rien n’était perdu. Il fallait gagner du temps. Du temps. Toujours et encore. L’assassin regarda en arrière, vers la ville-haute. Tout n’était qu’un champ de ruine. Des morts. Partout, encore. Le peuple qui grondait même contre lui. Putain, mais ils pensaient quoi ? Que ça serait facile ? Idiot qu’il était, d’avoir cru que la vérité suffirait, que sa volonté pourrait changer le monde. Un homme ne faisait pas le poids, ne faisait pas la différence. C’était la corruption, le mensonge qui façonnait les choses. Quel était donc le pouvoir de la vérité ?
« Du temps ? Pourquoi faire ? Vous pourrez pas vous cacher, on vous traquera et on vous trouvera. Et tout rentrera dans l’ordre. Quand comprendrez-vous que vous ne faîtes que prêcher la voie de la déraison et de la folie ? » grogna le Marine, avançant d’un pas lourd vers Rafael.
L’assassin cracha un molard de sang à terre. Au loin, les premiers coups de feu se firent entendre. Hm. Mendoza perdait patience ? Le plan reposait là-dessus après tout. Une maigre chance, ridicule. Si minuscule que la simple idée de la tenter était risible. Pourtant, c’était tout ce qu’il leur restait, l’espoir. Ne restait plus qu’à compter sur l’intelligence de Fenyang. Rafael lâcha un sourire en coin. Il sortit de sa tunique une bombe fumigène. Le Marine éclata d’un rire gras, puis il se rua à l’assaut. L’assassin éclata la bombe à terre, générant un nuage de fumée. Puis il disparut à travers les rainures du sol. Il se reforma plus loin, passant à travers une plaque d’égout. L’eau avait été drainée, l’endroit dégagé. Le révolutionnaire resta là, debout, attendant que son adversaire le perçoive. Puis il disparut dans une gerbe de fumée, filant vers la ville haute. Blessé, il ne pouvait que parcourir de maigres distances. Cela ressemblait à des avancées fulgurantes sous forme de fumée entrecoupées de réapparitions successives. Keegan secoua la tête puis se mit à sa poursuite : il ne lui échapperait pas ! Et Rafael comptait bien là-dessus ...
Les navires jetèrent l’ancre, se positionnant face à la cité. Canons prêts, longue-vue à la main. Puis ce fut le signal. Des feux s’allumèrent sur les remparts et un peu partout dans la cité. Des flammes, des drapeaux noirs. Le symbole des révolutionnaires. La preuve que l’âme du peuple était encore vivante. Un défi lancé au visage de ceux qui venaient reprendre ce qu’ils pensaient à eux. Dans la longue-vue, on pouvait voir l’assassin au bord de l’eau, juste devant les renforts aménagés durant la bataille. Les feux l’auréolaient de leurs couleurs changeantes, un dernier adieu. Un dernier espoir. Les révolutionnaires se tenaient prêts pour l’assaut final et leur leader était en première ligne. Face à leur adversaire, sans se soucier du danger. Que pouvait-il faire d’autre ? Les secondes s’égrenèrent. La pluie avait cédé la place au beau temps pour ces derniers jours. C’était le Soleil qui accompagnerait cette bataille sanglante. Là-haut, sur les murailles, les soldats de la liberté se massaient. Un silence de mort pesait. On sentait la peur, le doute. On percevait le courage et la détermination. Un combat pour le destin du monde. De leur monde. C’était la fin. Une fois pour toute.
« Allumez-les. »
Puis il leva la main et les révolutionnaires lancèrent des fumigènes tout autour du port. À hauteur de un soldat par mètre, la vision de la marine s’en retrouva masquée par le panache gris. L’assassin se retourna et rebroussa chemin pour rentrer dans la ville, passant à travers le mur de fumée. Ce dernier gagna instantanément en épaisseur et hauteur, pour s’élever jusqu’à une trentaine de mètres. La stratégie de South Blue. Ou du moins, ça y ressemblait fortement. Mais cette fois, aux yeux du monde. Les navires de la Marine et de Goa se mirent en place, les canons se remplirent et ils firent face au port. Ils ne prendraient pas le risque de tomber dans un piège. Pourtant, nul tir ne se fit entendre. Derrière le rideau de fumée, les révolutionnaires se retiraient doucement, gagnant les protections de la ville haute. Les fumigènes se dissiperaient sous peu, le tout était de voir la réaction de la Marine et de Goa. Les citoyens gagnèrent les souterrains, comme c’était prévu, en attendant que les combats ne cessent. Quant aux autres, ils étaient à l’abri dans les montagnes. C’était le tout pour le tout. La ville basse n’avait aucun valeur stratégique. Raison pour laquelle un seul homme restait au milieu.
« AUDITOREEEEEE !!! » tonna une voix dans le lointain, avant qu’une colossale lame d’air ne sépare le mur de fumée en deux.
Un violent choc ébranla le port, alors qu’un énorme personnage y atterrissait. Dépassant le moindre des humains de sa stature colossale, il éclata de rire et détruisit l’oeuvre de Rafael en trois mouvements, se taillant une entrée à sa taille. Dantesque. Le Vice-Amiral Fenyang. Père d’Alheïri. L’homme qui avait capturé l’assassin pour la première fois, l’homme pour qui il avait rejoint le Léviathan. Le fléau des révolutionnaires.
L’heure du jugement.
Un pas calme. Serein. Concentré. La gigantesque épée du bretteur reposait sur son épaule. C’était un David contre Goliath. Les deux adversaires se toisèrent. Le monde suspendait son souffle en les observant. Un combat de titan, une mise à l’épreuve comme jamais vu. L’assassin ravala sa salive. Un géant face à lui. Il sentait si minuscule ... écrasé. Il fit craquer sa nuque d’un côté. De l’autre. Puis il se mit en garde. Un Vice-Amiral, rien que ça. Il en frémissait d’avance. Voilà ce qui avait été dépêché pour lui faire face ?
« Ça termine où ça a commencé, Auditore. Toi, moi et une corde. » le railla Fenyang, faisant jouer son énorme épée.
L’assassin tendit sa main vers lui, appelant la fumée. En deux lames d’air, le Vice-Amiral l’écarta. Avant qu’il n’ait pu établir le contact. Il ricanait. Alheïri était le digne fils de son père ... Rafael soupira. D’un geste, il dissipa la tenue de son ordre pour se révéler avec une simple veste en cuir et un marcel blanc. Il avait prévu cette option, que Keegan viendrait l’affronter pour l’écraser rapidement. De toute sa puissance. Son armure ne servirait à rien face à un pareil monstre. Il lui faudrait user de tous ses talents d’assassin, de toute sa force. Il était un guerrier avant tout. Son pouvoir n’était qu’accessoire. Qu’un outil.
Ace of shades. Erbaff Style.
La fumée s’ordonna autour de Rafael, s’enroulant sur ses poings. Comme des plaques d’armure, elle s’ordonna jusqu’à son coude pour se terminer par un panache évanescent. C’était ainsi qu’il avait vaincu Krabbs. Mais cette fois, avec quelques petites surprises. Dans sa main gauche dansaient les composants de son gantelet d’arme.
- Theme:
Keegan porta le premier coup. Une taille horizontale qui emporta trois maisons derrière lui. Se baissant en arrière, l’assassin esquiva sans mal. Ce n’était qu’un coup de semonce. L’air n’avait fait que le décoiffer. Roulant sur le côté, il se précipita sur son adversaire, gonflant son poing de fumée. Doublant de volume, ce dernier s’écrasa sur la lame du géant, sans même le forcer à reculer. Relevant son arme, Keegan fit décoller l’assassin dans les airs. Rafael se réceptionna quelques mètres plus loin, sans mal.
« Hm. Tu as fait des progrès, Auditore. »le nargua-t-il.
« Tch. Toi tu t’es empâté. Je t’ai connu plus virulent. » répliqua Rafael.
« Déconne pas, Auditore. T’as trahi mon fils, t’as tenté de le tuer. Je te ferais pas de cadeaux. Ce serait pas mon genre d’épargner un révo. Même quand ... Hmpf. Encaisse ça. » fit le Vice-Amiral, avant de bondir sur son adversaire.
Même quand ... quoi ? L’assassin roula sur le côté, esquivant l’assaut. Les membres de Fenyang avaient viré au noir. Tch. Le même haki qu’auparavant ? Pourquoi cette hésitation ? Et puis les coups ... Il ne pouvait avoir baissé à ce point, hein ? Rafael savait jauger ses adversaires. Et celui-ci se réservait. Lui laissait volontairement un temps d’avance.
« Et vous allez faire quoi, hein ? Brûler les cendres de Goa ? Tch. Vous êtes vraiment pitoyables, à la solde de ces putains de nobles. Vous voyez pas le mal que ça fait ? Hein ? Putain de fils de Dragon Céleste ... » grogna l’assassin, en lançant une dague sur le Vice-Amiral.
Ce dernier émit un son guttural alors que la dague rebondissait sur sa peau. D’un bond, il se jeta sur son adversaire et, pivotant au dernier moment, il lui colla un coup du plat de l’épée. Se la prenant en plein visage, l’assassin décolla de plusieurs mètres et fraçassa deux maisons. Le géant se rattrapa sans mal, puis commença à se diriger vers Rafael. L’assassin écarta les gravats d’un geste rageur, les projetant tout autour de lui, puis il fonça vers le Marine. S’ensuivit de puissants échanges de coups. La vitesse et l’empathie de l’assassin surclassant la force brute de son adversaire. La force de Keegan surpassant la perfidie du révolutionnaire. Au loin résonnaient les échos de leur bataille. Des sons stridents, et la chute des demeures de Goa. Des trous, des effondrements. Ils faisaient à eux deux plus de dégâts que la révolution en elle-même. Petit à petit, l’expérience du Vice-Amiral prenait le pas. Parant une attaque de manière imprévue, perçant la garde de Rafael. Si bien qu’après quelques dizaines de minutes d’échanges, le révolutionnaire se fit à nouveau expédier à terre. Y rebondissant lourdement, il se releva en titubant, aux pieds du Vice-Amiral.
« C’est étonnant, je pensais qu’il y aurait plus de tes copains par ici ... Personne pour te protéger, personne à sacrifier. Dis-moi, Auditore, pourquoi te bats-tu ? » se moqua le Marine, s’essuyant malgré tout le front.
L’assassin se releva de nouveau, s’essuyant le sang qui lui dégoulinait le long du menton.
« Pour gagner du temps, abruti de Marine. Pendant que tes copains t’attendaient, on a pu se préparer. » ricana Rafael.
Le Vice-Amiral ne parut pas vraiment satisfait par la réponse de l’assassin. Il l’envoya paître dans un mur, du bout du pied. Trainant sur le sol, l’assassin ne put que se mettre en boule pour réduire la force de l’impact. Les Fenyangs étaient une famille désastreuse ... Se transformant en fumée, l’assassin se reforma sur le tas de gravats. Il tenait son bras droit, pestait contre le sort. Keegan semblait seulement un peu fatigué. Se redressant, Rafael inspira profondément. Que faire de plus ? Il avait tenté tous ses mauvais tours, avait essayé la plupart de ses ruses. Et cela ne changeait rien. Keegan faisait évoluer son style, changeait d’un coup de technique. Tout ça pour surprendre Rafael. Il avait parfaitement étudié le sujet. Tch. Mais rien n’était perdu. Il fallait gagner du temps. Du temps. Toujours et encore. L’assassin regarda en arrière, vers la ville-haute. Tout n’était qu’un champ de ruine. Des morts. Partout, encore. Le peuple qui grondait même contre lui. Putain, mais ils pensaient quoi ? Que ça serait facile ? Idiot qu’il était, d’avoir cru que la vérité suffirait, que sa volonté pourrait changer le monde. Un homme ne faisait pas le poids, ne faisait pas la différence. C’était la corruption, le mensonge qui façonnait les choses. Quel était donc le pouvoir de la vérité ?
« Du temps ? Pourquoi faire ? Vous pourrez pas vous cacher, on vous traquera et on vous trouvera. Et tout rentrera dans l’ordre. Quand comprendrez-vous que vous ne faîtes que prêcher la voie de la déraison et de la folie ? » grogna le Marine, avançant d’un pas lourd vers Rafael.
L’assassin cracha un molard de sang à terre. Au loin, les premiers coups de feu se firent entendre. Hm. Mendoza perdait patience ? Le plan reposait là-dessus après tout. Une maigre chance, ridicule. Si minuscule que la simple idée de la tenter était risible. Pourtant, c’était tout ce qu’il leur restait, l’espoir. Ne restait plus qu’à compter sur l’intelligence de Fenyang. Rafael lâcha un sourire en coin. Il sortit de sa tunique une bombe fumigène. Le Marine éclata d’un rire gras, puis il se rua à l’assaut. L’assassin éclata la bombe à terre, générant un nuage de fumée. Puis il disparut à travers les rainures du sol. Il se reforma plus loin, passant à travers une plaque d’égout. L’eau avait été drainée, l’endroit dégagé. Le révolutionnaire resta là, debout, attendant que son adversaire le perçoive. Puis il disparut dans une gerbe de fumée, filant vers la ville haute. Blessé, il ne pouvait que parcourir de maigres distances. Cela ressemblait à des avancées fulgurantes sous forme de fumée entrecoupées de réapparitions successives. Keegan secoua la tête puis se mit à sa poursuite : il ne lui échapperait pas ! Et Rafael comptait bien là-dessus ...