Tandis que le cheese-tray louvoyait nonchalamment entre les vagues, entendez par la qu'il manquait de se décortiquer à la moindre vaguelette, un albatros fendait les airs paresseusement. C'était un spécimen d'une envergure tout à fait respectable et l'on distinguait dans ses yeux une lueur qu'on retrouve chez peu de volatiles d'ordinaire, on y lisait une farouche envie de survivre mâtiné à une sérieuse désillusion quant à ce monde. Il descendit en cercles progressivement, battit des ailes encore deux ou trois fois et se posa sur la tête de Lion qui ornait la figure de proue du navire. Ses larges quinquets désabusés parcoururent le galion comme si cet esprit du chaos et de l'anarchie digne du dernier cercle des enfers ne l'avait pas surpris outre mesure. Ce qui le choqua en revanche, en atteste le râle d'agonie qu'il émit, ce fut lorsque Robb surgit d'en haut, probablement de ce qui faisait office de balcon, et le cloua au sol. On lisait sur les traits du papa un air dément, et si son sourire était d'ordinaire chaleureux et bienveillant on y devinait à présent une irrépressible envie de vous planter ses crocs dans le cou. Robb Lochon était un papa exemplaire, mais comme tous les L.I.O.N's à ce moment là de l'histoire, il avait faim. Alors il bavait déjà à la vue de son albatros de premier choix. Bien sûr, tout autre albatros aurait fini en ragout, voire même en potage, mais pas celui-là. Car celui-là n'était pas comme les autres.Il avait des dents.
Et il s'en servit pour chopper la jambe de Robb. Ce dernier parut -un instant seulement- plus offusqué encore qu'affamé, et il commença à le mordre en représailles. Tandis que l'animal s'agitait vivement, battant des ailes et perdant des plumes, dans une pièce située un peu plus loin sur le pont, une voix d'homme -qui appartenait en fait à un canard- statua.
-La p'tiote Marry est partie.
S'il faisait jour dehors, la petite pièce exiguë possédait un seul hublot qui était recouvert d'un rideau derrière lequel un Canard observait Robb. Il vit le papa passer en courant un albatros d'une taille tout à fait respectable en train d'essayer de lui gober la tête, et même si du coup on ne la voyait plus, on l'imaginait facilement en train de paniquer. Pas une expression traversa le visage du canard, qui déclara platement :
-Faut compter trois heures pour les navets bouillis.
-C'est bon, Robb est occupé. confirma Rock comme si les autres n'avaient pas entendu la première fois.
Le canard, perché sur sa commode, tira complétement le rideau et la pièce fut engloutie par les ténèbres. Il y régnait une ambiance pesante de celle accompagnées d'ordinaire de phrases telles que "Je sais que c'est toi qui a tué le gosse" ou "ou est ce que t'as planqué l'argent ?". Soudain une lumière apparut. Elle éblouit le visage de Brih alors assis sur une chaise, et en même temps de lourdes voix retentirent.
-JE SAIS QUE C'EST TOI QUI A BOUFFE LE DERNIER STEAK !
-OU EST-CE QUE T'AS PLANQUE MON MORCEAU DE JAMBON ?!
Brih ne répondit pas pour plusieurs raisons mais dont la principale restait l'incapacité physique à exprimer des sons tandis qu'il s'efforçait de mâcher le plus discrètement possible les restes à peine mâchés d'un sandwich jambon-steak sans pain qui gonflaient encore ses joues. Seulement les gros gaillards à qui on avait volé les précieuses denrées qu'ils dissimulaient depuis des jours s'épanouissaient difficilement dans le silence, et le nain dut répondre.
-PFAN qu'il dit.
L'ironie voulut que le morceau de jambon postillonné par Brih atterrisse sur Ging tandis que le morceau de steak touchait Munster en plein visage. Sur le visage de chacun se contractèrent plusieurs veines et ce fut que la capitaine qui statua.
-ON LE CHOPPE !
Brih partit en flèche, fonçant directement vers la porte avec la vitesse de ceux qui vous passent sous les jambes, talonné de près par un Lion enragé et une partie de Munster pas forcément facile à deviner. Brih tourna la tête un instant pour voir ses poursuivants et il se prit les jambes de Robb -son albatros toujours sur la tête- qu'il faucha. Les deux s'étalèrent assez platement, et Ging bondit sur le tas. Il tomba non seulement assez fort pour faire cracher au nain ce qu'il avait encore dans la bouche mais aussi suffisamment sur l'albatros pour lui aussi lui faire cracher ce qu'il avait encore dans la bouche. Quand tous ceux qui jonchaient le pont reprirent leur esprit ils se regardèrent tour à tour avec méfiance. Chacun se redressa et ils commencèrent à tourner en cercle, géant comme nabot, homme comme albatros. Ils se dévisagèrent longtemps quand finalement...
-Vous avez vu ces trucs qui flottent ? demanda Rock.
-On dirait des frigos. Des frigos fictifs m'entends. Parce que franchement je vois pas très bien comment ils peuvent flot...
-ON LES CHOPPE !
Et le capitaine attrapa Brih et le balança à la mer sans réfléchir, l'envoyant droit sur les frigos que le nain esquiva de justesse en se contorsionnant avec une grâce que son armure ne laissait supposer. Mais ce fut peu de temps après que ladite armure se mit à prendre l'eau, descendant peu à peu la partie de Brih qui dépassait de la mer -déjà pas bien grande. Ging réagit aussi sec.
-T'INQUIETE PAS BRIH, J'VAIS TE SAUVER !
Et il plongea à son tour, tomba tête la première sur un autre frigo qu'il n'avait manifestement pas vu avant, et perdit conscience à peu près au moment où son corps inanimé sombrait dans les flots. Munster ne pouvait pas sauter aussi Rock et Robb n'eurent d'autre choix que d'y aller. Toute la scène se refléta dans les grands quinquets placides de l'albatros blasé regardant les L.I.O.N's s'agiter bruyamment. Il ne les comprenait pas. Il ne les aimaient pas. Et lorsque les six frigos furent finalement repêchés en plus du capitaine et de l'ingénieur, l'oiseau s'était déjà envolé depuis longtemps.
Under The Fridge
... Le reste de jambon solidement coincé dans son bec.
Munster n'y connaissait pas grand chose en volatiles, sinon sur la question du temps de cuisson. Mais de l'idée qu'il s'en faisait, le jambon fumé n'appartenait pas au régime alimentaire de l'albatros. S'il n'était pas tout à fait sur de son diagnostic, il avait en revanche apprit à reconnaître les codes humoristiques de l'histoire. Et "La bestiole qui embarque furtivement la dernière part de bectance que tout le monde se disputait depuis une demi-heure en pleine disette" y figurait en caractère gras. Le fait que la bestiole en question s'emplâtre ou pas ladite bectance n'avait aucune espèce d'importance. L'albatros et le jambon n'étaient déjà plus de ce monde. Il étaient restés sur la page précédente, laissant les L.I.O.N's et le Cheese-Tray seuls avec six frigos pour tout le chapitre à venir.
Une fois Brih sortit de sa torpeur à coups de claques administrées plus vigoureusement que de mesure en raison de l'irritation générale causée par son forfait charcutier, l'équipage du se résoudre à appliquer la même méthode à un Ging dont on supposait qu'une carcasse pareille le rendait de toute manière imperméable à la douleur. Ce n'était malheureusement pas le cas de Rockfor qui fut cueilli au nez par le front de son capitaine lorsque celui-ci se réveilla d'un sursaut. Une fois les volées de bois vert distribuées sur le pont, ce fut Robb qui, en paternel responsable, tempéra les ardeurs de tous à l'aide d'une combinaison de mots doux et de pelle dans la tronche. Une fois disciplinés, les comparses se regroupèrent autours de leur pêche miraculeuse. Munster connaissait ce genre de situations. Elles se soldaient toujours par des séries de protestations du calibre de "C'est à moi ! J'les ai vu le premier !"
"Moi ça m'parait simple. On est six, ça fait un chacun" lâcha Brih sous l’œil visiblement admiratif d'un Ging "BAM" Dong pour qui les mathématiques appliquées se limitaient à mettre en balance le nombre d'adversaires présents au nombre de poings dont il disposait.
"FAUDRA SOUSS ... SOUSSE TRÈÈÈR' UN JAMBON ET UN STEAK POUR TOI. DU COUP, CA FAIT QU'FAUDRA DÉCOUPER DES PARTS DE FRIGO EN PLUS. ajouta le capitaine pour qui "découper" relevait surement du vocabulaire mathématique de base.CA S'RA TROP COMPLIQUÉ"
"D'autant que c'est pas pour la ramener, mais c'était qu'un demi jambon ..."
"Ouaip, et y'a toujours le risque qu'un des frigo soit moins rempli que les autres. Si c'est le mien, je vous préviens, ça va chier."
"Ne t'inquiète pas mon bout-d'choux, lança un Robb en adressant au navigateur un sourire se voulant rassurant. J'ai de quoi soigner les problèmes de transit'."
"L'en a pu' qu'pour deux z'heures et trois quart 'vant qu'les navets boullis l'ô soient prêts"
"J'propose qu'on les vide tous et qu'on se répartisse la bouffe en proportion du poids de chacun." lâcha furtivement Munster en espérant, le cas échéant, pouvoir compter sur le soutien de son capitaine.
Fatalement, le pont du Cheese-Tray accoucha de nouvelles échauffourées relatives à la procédure et le mode de partage à suivre. Au bout de quelques minutes d'échanges, il ne resta de Munster qu'une paire de jambe pagayant dans la mêlée à l'aveuglette, à la recherche d'un entrejambe à savater. Le reste du bonhomme s'était éclipsé en direction des frigos. S'il fallait, là encore, une sale bestiole pour rafler la mangeaille à la barbe et au nez de tous, Munster était décidé à en jouer le rôle, quitte à, lui aussi, disparaître à la page suivante. Son buste flottant se précipita vers le premier frigo venu qu'il ouvrit derechef.*Shlonk*
Il est des expériences que l'on appelle communément "ascenseur émotionnel" et qui peuvent vous valoir une crampe de visage particulièrement tenace à mettre sur le compte d'un changement d'expression instantané. Le fait de tomber sur un frigo vide après des jours de disette fait partie de cette catégorie. A fortiori si le tour de taille du concerné lui prête des penchants pantagruéliques. Munster, le visage gelé par une crampe dans une expression de désarroi mêlée de panique, leva les mains au ciel et, comme n'importe qui dans cette position à forte teneur dramatique, chouina de toutes ses forces (et dans la mesure ou ses muscles plus verrouillé qu'une ceinture de chasteté le lui permettaient)."HOOOOOOOOOONHOOOOOOOOONHOOOOOOOOOOOOON !!!!"*Shlonk* "HOOooooOOoOOOOOOOON !!!!" *Shlonk*
Puis referma le frigo
*Shlonk*
Avant de se jeter sur un autreEt un autre
*Shlonk* "HOOOOOOOOOOOOOON !!!" *Schlonk*Et un autre
*Shlonk* "Bien lè bonchour !" *Schlonk*Pour enfin s'accorder un moment de grâce afin de rembobiner mentalement les dernières secondes écoulées.
Le luxe lui fut privé par une vive douleur au mollet, une demi-douzaine de mètres plus loin. Les braillements de Munster semblaient avoir interrompu la bataille que se livrait ses compères et qui louchaient tous à présent dans sa direction d'un air clairement désapprobateur, à expectation d'un Brih Demau férocement agrippé aux jambes que le pauvre prêcheur avait eu la négligence de laisser traîner trop près de la mêlée.
"Dis voir, t'aurais pas essayé de nous enrhumer la bectance ?"
Le problème que pose une crampe de visage, c'est qu'il interdit d'articulation de certaines consonnes.
"Si, hom'lè'e'ent. Le hic, c'est 'ue y'a au'une hec'ance à enrhu'er !"
"Quéquidi'voir ?!"
"Y'a has un gra''e de 'ouffe dans ces 'idules ! Par conOUAÏÏAÏAÏL !!"
L'autre problème que pose une crampe de visage, c'est que ça fait drôlement mal.
"Par contre, donc, j'crois bien qu'y'a, sur notre bateau, un frigo avec un bonhomme de coincé dedans."
Les L.I.O.N's n'avaient rien eu à se mettre sous la dent de toute la journée, aussi prirent-ils leur temps pour digérer la déception. Passé cette interlude, ils s’agglutinèrent autours du frigo qui semblait servir de coquillage à un Bernard-l'ermite pour le moins haut en couleurs ; Puis en ouvrirent la porte.Méticuleusement,
Comme pour retarder l'échéance de la certitude qu'ils n'auraient rien de plus à avaler de leur périple.
Et tombèrent sur un plein frigo de Georges Onzola."Bien lè bonchour à vous mèchieurs et ... Ah ... Canard auchi à chè que jè vois. Pourrai-che vous dèmandech', ch'il vous chérait pochible dè m'aidere à chortir dé chètte boite. Vous cherriez biene aimablè."
- Ouch ! Mèrchi biene, vous m'étes fort chympathiques. Ché n'était pas dè tou confort, jè vous OUCH ! Mais né chèrait-che pas oune crampe dou quadrichepche qui mé OUCH ! Aaaayayayay, jè chouffre, jè nage dans la chouffranche ! J'aurè dou écouté ma mama lorchqu'elle mé dijait dé toujours fèr mes étirements avant d'entréch dans oune frigo !
- Quelqu'un a compris ce qu'il a dit ?
- Moi il m'a perdu quelque part vers ''Ouch''.
- Oune deux, oune deux, gnnnn, nom d'oun chien, cha tire !
- C'EST QUOI LES DEUX TRUCS BIZARRES DANS SON FRIGO ? ÇA SE MANGE ?
- Non mon petit chou, c'est un slip et une chaussette ! Ça ne se met pas dans la bouche, surtout si ça appartient à quelqu'un d'autre !
- BEN ÇA SERT À QUOI ALORS ?
- … Non, tu peux pas être sérieux, là.
- Pouff, pouff, pouff... Chouffler, il faut chouffler profondémench...
- En même temps, je suppose que même ce monde ne peut pas être assez fictif pour qu'un type pareil trouve des slips à sa taille.
- Ouais enfin, de là à ne même pas savoir ce que c'est...
- OUCH ! J'ai dou allé trop vite dans ma rechpirachion ! Jè crois bien qué jè mé chouis fait oune tendinite dé la mouchtache !
- Mais il est encore là lui ?
- Les parties de son corps sont là en tout cas, mais je suis pas certain de l'ordre dans lequel elles sont disposées. Et venant de moi, c'est beaucoup dire.
- La choupleche, ch'est important dans la vie ! Mainténant, qui aurè la gentillèche d'enlévé mon pié gauche dé mon omoplate, ch'il vous plaich ?♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Les L.I.O.N's regardaient l'étrange énergumène se débloquer peu à peu, faisant craquer tellement d'articulations qu'on se demandait si elles étaient toutes à lui, étirant ses muscles dans un bruit qui approchait celui que l'on aurait obtenu en réunissant une chorale de vieilles portes mal huilées. Les dits muscles, d'ailleurs, ressemblaient moins à des organes fonctionnels organisés autour d'une ossature qu'à une masse compacte de barbaque coriace qui s'était vue par hasard dotée d'un squelette, d'une moustache et d'un costume flashy excessivement moulant. S'il était peu dire que Georges Onzola était musclé, l'on se serait bien plus approché de la vérité en déclarant que ses muscles eux-mêmes étaient musclés. Il était de ce genre d'homme qui, même sur une photo, reste invariablement en trois dimensions.
Après avoir réglé les problèmes de nœuds qu'occasionnait sa musculature caricaturale, l'homme récupéra le slip et la chaussette qui traînaient dans son frigo, les examinant sous toutes les coutures (le verbe ''examiner'' semblant impliquer chez lui tripatouillages, reniflages et autres léchouillages auxquels on évite ordinairement de se livrer sur des sous-vêtements), avant de les ranger Dieu sait où dans son costume tellement moulant que l'on n'arrivait pas à l'imaginer l'enlever pour prendre sa douche. Aucun des L.I.O.N's, au demeurant, n'avait envie d'imaginer le gaillard sous la douche – excepté peut-être Robb, pour s'assurer qu'il frotte bien et ne se mette pas de shampooing dans les yeux.
- Alors dis-moi mon petit, tu t'es perdu ? Ça t'arrive souvent, de voyager tout seul dans un frigo comme ça ? Ce n'est pas très prudent tu sais, tu pourrais faire de mauvaises rencontres ! Heureusement, maintenant tu vas pouvoir rester avec nous, pas vrai les enfants ? ♫
- NON !
objecta le reste de l'équipage d'une seule voix – à part le canard, qui répondit quelque chose comme ''Les meilleures bêches sont chez Barnabé.''
- LES ENFANTS, NE SOYEZ PAS MÉCHANTS ! IL FAUT AIDER SES PETITS CAMARADES QUAND ILS SONT DANS LE BESOIN !
- MAIS IL A MÊME PAS À BOUFFER ! JE SUIS SÛR QU'IL A BOULOTTÉ TOUT CE QU'IL Y AVAIT DANS LES FRIGOS !
- Ben, c'est pas exactement ce que t'aurais fait à sa place ?
- SI, CARRÉMENT, BWAHAHAHAHA ! JE L'AIME BIEN EN FAIT.
- J'en choui ravi, monchieur, vous-même m'avè l'air d'oune perchonne rechpectable et d'oun goût chertain. Ténez, voichi oun chlip chent pour chent cotonne, trèché à la main, qu'il est gratouitément offert par la maijon !
- AH, VOUS AVEZ VU ÇA LES GARS ? ET VOUS, VOUS EN AVEZ MÊME PAS !
- Ben justement, si, en fait. Mais c'est vrai qu'en général, on l'tient pas d'un body-builder moustachu dans un frigo. D'ce côté-là, t'es encore relativement dans l'domaine de l'inédit.
- Hé ! Jè né choui pas n'importe quel body-bouildèr mouchtachu comme vous dites ! Jè choui Georges Onjola, meillèr commerchant en chlips et chauchettes qui ait jamais èxjichté !
- Georges Onjola ? Jamais entendu parler.
- Non non, Onjola, avèch oune jède, comme dans jéro, jygomatique ou jigouigoui.
- Je sais pas vous, mais moi quand on commence à partir dans des gros musclés à moustache en costume moulant rose qui parlent de zigouigoui, je me demande vraiment vers quel genre d'histoire on est en train de se diriger. Et j'aime autant prévenir TOUT DE SUITE : y a pas moyen que je participe à ça ! déclara Munster, approuvé par un hochement de tête vigoureux de Brih et Rockfor – le reste de l'équipage n'ayant visiblement pas compris où il venait en venir.
- Vous faites preuve d'un bien mauvais esprit mes petits, je suis déçu ! On ne vous a donc jamais dit que l'important, c'est de participer ?
- ET SI MON PIED PARTICIPE À UNE VALSE DE TES BURNES, ÇA TE VA ?
- OH, TOI TU M'AS L'AIR BON POUR UNE FESSÉE !
Pendant que Brih et Robb se chamaillaient (comprendre par là ''faisaient vibrer tout le navire à coups de mandales et d'ondes vocales''), Ging triturait le slip que Georges lui avait offert dans tous les sens, essayant tant bien que mal de deviner son utilité sans se laisser berner par les indications trompeuses de Rockfor. Georges, quant à lui, ne semblait pas se soucier davantage de ce qui arrivait autour de lui, comme s'il considérait tout ceci comme une journée somme toute bien ordinaire, et s'était allongé sur le sol du navire pour faire des abdos. Le canard de son côté, ayant visiblement interprété cette agitation comme une sorte de comédie musicale, avait décidé de pousser la chansonnette en accompagnement, parachevant l'ambiance de folie totale qui s'était emparée du paisible Cheese Tray.
Munster, lui, en avait marre.
- BON, ÇA SUFFIT ! J'veux bien être bonne poire, mais des fois franchement y a des limites ! J'ai accepté les aventures foireuses, j'ai accepté le bateau matériellement incapable de naviguer, j'ai accepté toute la bande de cinglés, j'ai même accepté le putain de...
- Les navets, z'y sont bouillis dans deux heures et la d'mie.
- … CANARD qui parle, et qui vient encore une fois de prouver que toute cette connerie est aussi fictive que débile en l'ouvrant juste avant que je le cite ! Bravo monsieur l'auteur, ça c'est du gag ! Alors vous me ferez pas admettre, en plus de ça, qu'on peut passer je ne sais combien de temps dans un frigo à dériver en pleine mer et en ressortir frais comme un gardon, prêt à faire des abdos ! Nommez-moi une personne à qui c'est déjà arrivé !
- Ben, moi. répondit Brih, avant de s'expliquer davantage.
J'ai passé trente-deux ans de ma vie à dormir dans un frigo. C'était un peu chiant, mais y avait des odeurs de bouffe sympa.
Le silence retomba brutalement, en même temps que la colère de Munster. Il se contenta de regarder fixement Brih, d'un regard où l'on voyait distinctement se dessiner l'équivalent oculaire d'un haussement d'épaules désabusé.
- Oh et puis merde, après tout lâcha-t-il en se dirigeant droit dans l'un des frigos et en claquant la porte derrière lui.
Le reste de l'équipage se regarda quelques instants, le silence uniquement troublé par les halètements réguliers de Georges, qui s'était mis à faire des squats.
- ON FAIT QUOI, ON LE SUIT ?
- Pourquoi on devrait faire ça ?
- BRIH A DIT QU'Y AVAIT DES ODEURS DE BOUFFE DEDANS. ÇA VAUT MIEUX QUE PAS DE BOUFFE DU TOUT.
* De toute façon, c'est clairement prévu qu'on se retrouve dans ces machins, y en a même six exprès. Alors dépêchez-vous, qu'on en finisse avec ces conneries* fit la voix étouffée de Munster depuis sa retraite frigorifique.
Et les L.I.O.N's, suivant ces mots, se plongèrent dans les frigos et dans leur aventure la plus stupide à ce jour. Mais comme disait Ging, ça valait mieux que pas d'aventure du tout.
Et comme toutes les aventures commençant par un "bon et bien" de soumission générale, ce fut une sacré connerie. Si le mystère est toujours existant pour ce qui est des autres membres de l'équipage, on peut supposer que le canard fut poussé par un instinct primaire. En effet, depuis plusieurs années les péquenauds du monde ont, sans s'en rendre compte, modifié la nature même de l'univers et du cerveau animal. Les habitants de la basse-cour, à force d'effectuer toujours les mêmes gestes ont développé un contre-instinct. La force primaire les poussant à survivre a réalisé que ça ne fonctionnerait jamais, elle les pointe désormais dans la direction de l'abattoir le plus rapidement possible. Les animaux eux, habitués depuis des centaines d'années à y aller de toute façon, n'ont rien trouvé à répondre. Ainsi le canard était étrangement attiré par le meuble de cuisine, la puissance mystique qu'est la connerie de ses ancêtres prenant le contrôle de son cerveau. Et si aucun de ses compagnons ne remarquèrent la différence entre le palmipède agissant selon sa réflexion ou conduit par un contre-instinct, c'est bien à cause de ce dernier que notre héros s'enferma dans un frigo -sautant pour le coup la case abattoir qui passe d'habitude en première-.
Comme il le fit remarquer plus tard durant l'une de ses longues séances de plaintes à la taverne alors que Munster se remplissait le Fonduslip, ce dernier avait agit contre l'histoire. Dans sa grande mansuétude l'auteur avait donné six frigos de tailles différentes. Pour se rebeller le cuisinomancien entra dans le plus petit. Le reste des L.I.O.N's comme à leur habitude se jetèrent dans l'aventure et furent feintés par les péripéties. Ainsi le canard appréciait son réfrigérateur taille Ging et celui ci devait partager le sien avec des jambes. Heureusement l'histoire, pour se faire pardonner, choisit celles de Munster._______________________
Le canard patientait, debout au milieu du froid, en regardant autour de lui avec une joie de découvrir pareille à celle d'un étudiant en droit. Heureux au début mais qui commence à sérieusement se faire chier en découvrant qu'il ne faut pas porter de robes ou perruques rigolotes. Nous retrouvons notre héros alors qu'il entrait dans la partie pas de toge. La volaille décida au départ de voler un peu partout avant de comprendre que cela n'apportait pas beaucoup de différences. Finalement, après être retombé au sol, il fut livré à lui même, seul face à son esprit. Coupé des animations du monde, ce dernier pouvait enfin intervenir. Ayant perdu l'habitude il ne réussit pas tout de suite à se faire remarquer. Le pirate comprenait bien qu'il y avait une différence, qu'il se passait quelque chose dans son crâne, mais ne pouvait mettre la palme dessus. La prenant à deux mains, l'esprit balança la sauce -en supposant que si le canard ne comprenait toujours pas, au moins il serait décongelé-. Une image traversa rapidement le cerveau de notre protagoniste. Pas assez longtemps pour réveiller le souvenir mais assez pour ranimer la crainte. L'animal reprit son activité principale, regardait autour de lui, cette fois un air apeuré plus qu'heureux sur le visage. Quelque chose clochait. Lui qui n'avait jamais peur, incapable de comprendre le principe même de cette émotion, voilà qu'il s'affolait silencieusement. Au fur et à mesure des attaques de l'esprit -qui rempila sur la viande cuite, la soupe ou encore le bourguignon après la sauce- des flash apparaissaient aux yeux du criminel. Une impression de malaise remplaça la peur. Un canard connaissait cet endroit.
Georges Onzola se lançait maintenant dans le gainage, soufflant calmement avec une expertise évidente. Si derrière lui les six frigos abritaient toujours nos protagonistes, il semblait avoir oublié leur existence, appréciant sur le pont cette belle journée ensoleillée. Le moment parfait pour ne pas s'ennuyer pendant une séance de musculation régénératrice. Le Cheese Tray suivait le même modèle, continuant tranquillement son avancée sur les mers en ignorant la nouvelle aventure de ses compagnons. Aucun de ces personnages ne remarquèrent les types faisant de grands gestes, depuis leur propre navire, accompagnés de "Attention !" et autres "Faites gaffes au courant !".
C'est quand le malaise atteignit des sommets que l'esprit réussit finalement à prendre le dessus et plongea son possesseur dans une série d'images oubliées. Puis après s'être mis à jour, il envoya les vidéos. Soudainement le canard était bien plus jeune, à peine âgé d'une année il était bloqué. Incapable du moindre mouvement, l'animal commençait à croire que la vie ce n'était en définitif pas extraordinaire. Bien sûr le futur pirate ne savait pas que la vie, pour beaucoup, ne se résume pas à être congelé dans un frigo. Tout avait commencé deux semaines plus tôt à la ferme.
- HÉ LA GROGNASSE ! APPORTE MOI DONC DU RAGOÛT, V'LA-T-Y PAS QU'CA VA FAIT 3 HEURES QU'ON A PAS GRIGNASSÉ La grognasse en question ne répondant pas, le père de famille -la famille en question étant constituée de lui même, sa femme et le canard- commençait à réaliser. Réaliser qu'il n'allait pas manger pendant un bout de temps si sa femme ne revenait pas des champs. Assit sur son fauteuil, il se contenait de bouger lorsqu'il y avait besoin de nourrir des bêtes ou travailler la culture. Une grande partie du temps donc, c'est pourquoi le fermier n'acceptait pas de se déplacer pour autre chose. Après quelques minutes à marmonner, il remarqua finalement la volaille posée sur son accoudoir.
RENDS-TOI UTILE LA BESTIOLE ! Va donc m'chercher la pitance
Canard bondit de son perchoir, se déplaça vers la cuisine, attrapa le plat dans le frigo puis s'enferma dans ce même meuble. Incapable de comprendre ce qu'il se passait, il resta assit sur un plateau à congeler. Pendant deux semaines, le fermier supposa que le canard qu'il voyait tous les jours dans son frigo n'était qu'une bestiole de plus refoidisant pour plus tard. C'est notre héros choqué qui réussit finalement à lancer un "Qu'est-qu'vous glandez ?!" lorsque ses parents essayèrent de le cuir au citron.
Le canard revint à la réalité, le flash-back s'éloignant petit à petit de son esprit pour laisser place à quelque chose de plus important. Quelque chose qui le poussa à réunir toutes ses forces refroidies pour l'effectuer.
- Dans 2 heures les navets y s'ront prêts
- Spoiler:
J'vais caser un code couleur ici !
Ging
Brih
Rockfor
Robb
Munster
Un canard
Dernière édition par Un canard le Lun 5 Jan 2015 - 22:02, édité 1 fois
"Ouch ! Deuch ! Troèch ! Quatroch ! Chinq ! ET CHICHE !"
"Il serait pas chiche de fermer sa gueule, lui?"
Si l'air ambiant du frigidaire rappelait au nain de doux souvenirs d'une bonne majorité de sa vie, il n'en demeurait pas moins sec. Or, et à son grand damne, Brih se trouvait dans la frigo le plus proche de l'ami Georges Onzola qui semblait avoir complètement oublié leur présence après s'être mis à faire quelques "pom'pé dè la bonné chanté" dont le seul objectif était d'encore se dégourdir les muscles. Fort heureusement pour le court sur pattes, le moustachu masqué allait sur la fin de sa série et commençait à avoir une petite faim. C'est donc en toute logique qu'il se dirigea droit vers le frigo le plus proche... de la sortie, avant de marquer un temps de réflexion pour filer droit vers celle-ci."Ouné albatroch chour le ponté ! Ché touchours aimè les albatrochs. Ch'est dèlichiocho. Et... ouch, mè dites, y a ouné poco beaucoup de courante par ichi !",
constata t-il alors tandis que le Cheese Tray, plus branlant qu'à l'accoutumée, filait droit vers une montagne étrange qui semblait plus branlante encore.
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"Psst. Psst. T'es sur que tu veux pas un chat?"
"Admettons que j'veuille. Est-ce que tu vas bien réussir à m'expliquer comment t'as encore réussi à t'incruster, toi? Et dans MON frigo?"
Le vendeur de chat regarda Rockfor d'un air innocent, tandis que celui-ci soupira un souffle blanc. Il ne savait réellement comment il en était arrivé là, mais il en était arrivé là. Sur le coup, ça lui avait semblé logique pourtant. Une vague histoire comme quoi les plus petits se devaient de montrer leur valeur en traversant l'épreuve du froid. Comme Brih auparavant. Comme Sylvio, son demi-frère nain que Bernard le géant cul-de-jatte avait soumis à l'épreuve par le passé. Comme Bernard qui n'avait d'ailleurs pas échappé à la chose sur son île natale, sur laquelle il ne faisait qu'une moitié de grand bonhomme. Le roi blanc ayant vaguement regardé la hauteur de son capitaine et la largeur de son premier et demi, il s'était senti obligé de passer à son tour la sieste dans le frigo. Et en conséquence, il avait filé droit vers celui duquel était sorti Georges. Quoi de mieux pour marquer son territoire que de prendre celui d'un autre après tout."Disons qu'on peut profiter d'une certaine... facilité à conserver les chats. Par contre, c'était fatiguant."
"... fatiguant? Fatiguant de?"
"De nager ! Quand on est dans un frigo. Pour flotter !"
"... non, non, je saisis pas. J'vois pas bien l'utilité de nager pour sauver un frigo. Après tout, c'est bien connu, ça flotte ce genre de trucs. Un p'tit peu comme les dinosaures, les mayas et les ours polaires."
"Psst, tu veux une info?
"Cause toujours?"
"Il a mangé un fruit !"
"... un fruit."
"Du démon."
"... du démon."
"Psst !"
"Et lequel si j'peux me permettre?"
"Le Frigo Frigo no Mie !"
"..."
"Il permet de garder les choses au frais !"
Rockfor envoya soudain son poids droit contre la paroi afin de faire basculer l'engin en direction de ceux des autres. Il répéta l'opération une fois, puis deux. Et après avoir fait deux tours à hardiment se cogner la tête dans tous les coins de l'appareil, il finit par penser que la méthode la plus simple pour se rapprocher de ses compagnons était encore d'en sortir. C'est donc sans grande honte-mais-un-peu-quand-même-parce-qu'il-se-sentait-faible-à-sortir-tôt que Rockfor ouvrit la porte de sa niche de froid afin de pousser cette dernière contre le frigo dans lequel résidait l'un de ses collègues, sans toutefois deviner lequel. Sur quoi, il pénétra de nouveau à l'intérieur de la boîte en constatant sans grande surprise la disparition du vendeur de chat qui avait la fâcheuse tendance de systématiquement réaliser le petit exploit de toujours être là sans réellement que ce soit le cas."HEY MUNS', J'CROIS QUE J'AI TIRE LE JACKPOT !"
"S'ront cuits qu'dans l'deux heures et moins l'quart, les navets !"
"BWAHAHAHA !"
"En parlant de toi Munster, je t'ai mis les chaussettes de Georgeounet sur les mains pour pas que tu aies froid ♥"
"RIEN A FOUTRE, ROCK !"
"OUAIS, VA TE FAIRE FOUTRE ROCK !"
"Quelqu'oune a vou mes chauchettes?"
"MAIS POURQUOI IL EST ENCORE LA LUI?"
"Et v'là t'y don' qu'il parle tout p'tit !"
"Mais c'est vrai, ça, coquin de Georges ! ♪ T'es pas dans un frigo, tu peux parler plus fort, mon chou !"
"RIEN A FOUTRE, C'EST FICTIF !"
"OUAIS, VA TE FAIRE FOUTRE ROCK !"
"Aaaayayayayay !"
"BWAHAHAHA !"
Le roi blanc lâcha un nouveau soupir teinté de fumée blanche alors qu'il préférait abandonner la conversation à son sort. La productivité des LION's n'était définitivement pas au rendez-vous pour la journée, à l'exception de la connerie. Rockfor n'étant fondamentalement pas le garçon le plus malin du groupe (si tant est qu'il y en ait un), il ne cessa de se demander durant les quelques minutes qui suivirent s'il n'aurait pas mieux faire de voyager dans une baignoire, sans toutefois quitter son petit confort de froid dans lequel il s'était blotti. Et étrangement, ce ne fut que cloîtré dans ce lieu si particulier que pour la première fois depuis la mort de sa sujette, le roi blanc parvint à se poser. Et à être bien.______________________________
La portière du frigo manqua de se détacher quand Georges l'ouvrit en trombe alors qu'il n'avait pas fini de claquer celle de Canard qui se situait à côté. Il ne réveilla pourtant pas Rockfor qui s'était assoupi là, devenant dans la continuité d'une pâleur similaire à sa tenue immaculée."AH ! Chè chelle là ! Jute, ou ch'est que ch'est paché che chatané... OUCH ! Che lè ! Che lè !",
s'exclama le masqué en brandissant victorieux un papelard qui s'était camouflé quelque part sous le fessier du roi blanc.
Alors le bonhomme fraîchement débarqué allongea le papier face à lui et se mit à lire celui-ci. Et lorsqu'il vit la première étape du "Manouel pour pacher Reverche Moutène chans trop de chouchis au caj'où charrive dans oune groupé dè frichidaires pessssch...pesssch... chortis de l'eau par oune groupé dè pirates chympas", Georges s'attela à l'exécuter immédiatement.Et à son bon plaisir, elle consistait à faire des pompes.
Dernière édition par Rockfor Egry le Mar 27 Oct 2015 - 18:05, édité 3 fois
AVANT TOUT ;
Il y aura deux sortes de musiques, celles juste mentionnées (sous la forme suivante :"Écris sur et inspiré par") et les musiques que je jugerais plus importantes (qui seront sous la forme du lecteur Youtube). Si je ne force personne à bien entendu les écouter, je demanderai aux éventuels correcteurs d'essayer de le faire pour les musiques jugées importantes, car j'essaie de les choisir minutieusement et cela peut permettre parfois de faire comprendre des choses seulement effleurés dans le texte ou au contraire, les démultiplier. Bref, je vous enjoins à le faire, mais vous êtes seuls maîtres à bord.
Les fesses de Robb nues sur un lit semée de petits glaçons chantaient en chœur une certaine prestance retrouvée : enfin elles étaient à la bonne température. Voilà quatre bonne années que le Daddy Cool était parti sur les mers en quête d'aventures, de fessées à donner et de bambins à câliner et peu de fois il avait su retrouver la chaleur réconfortante des stalactites qui poussent sur (et dans) le slibard. Il n'avait jamais pu refaire des combats de moustaches givrées ou encore jouer au loup glacé (qui consistait chez les Montagnards à plus s'encastrer dans des pans de Drum Rockies ou à, encore plus vicieux, inonder le malheureux d'eau pour qu'il soit vraiment gelé, puis bien entendu à le laisser là jusqu'à ce qu'un dahu -ou un autre Montagnard- veuille bien lui pisser dessus) mais tous ses moments se retrouvaient ici vengés.
Le froid l'avait manqué -et depuis leur péripétie au Cimetière et les rêves chelous, mais réconfortants qui en avaient découlé, c'était devenu une obssession- et en bon guerrier d'l'hiver, ainsi qu'en sublime exhibitionniste, il n'avait pu résister à se désaper entièrement et à scotcher ses vêtements en deux grosses boules-gants-de-boxe sur ses poings. Pourquoi ? Parce que c'était cool. Daddy Cool. Mais enfin ? Parce que c'était sexy. Sexy cool. Désormais à l’étroit et commençant à perdre conscience au vu de la place qu'avait pris en plus ses gants, le manque de nourriture et sans doute le fait qu'il avait peut être mangé deux ou trois rognures d'ongles appartenant aux membres de l'équipage après une des ces rondes nocturnes où il leur coupait les cheveux et leur taillait tout ce qui ne devait pas pousser, Robb sentit son esprit vaciller vers le passé...
« Maman ne m'enferme pas dans ce placard tout noir ! Promis je ne prendrais plus Sûri Mie comme snowboard ! »
Puis s'avancer brutalement dans l'temps, mais pas trop quand même...
« C'était pas ma faute ! C'est lui qui s'est mis sous mes pieds ! »
Pour finalement rejoindre le présent...
« Mathilda... est-ce que tu crois... est-ce que tu crois que lorsqu'on meure on est réincarnés en sandwichs ou en bons trucs comme le dit le Lardisme ? Ce s'rait pour ça les frigos... j'suis sûr que Munster ce serait un kébab double galette avec supplément de bacons... Rockfor lui, avec ses côtes apparentes ce serait forcément un panini. Attention, un panini bien hein, genre trois fromages et tout, mais quand même un panini. Et moi... tu s'rais ce que je serais ? Je serais... une tartiflette. Oh ouais, j'me vois déjà tout crémeux et tout. Les aut's ? Bah Ging, c'est une pizza calzone taille gigante, mais ce serait une bonne pizza avec pleins d'ingrédients différents. Et puis son œuf là, ce serait carrément un œuf transgénique avec du fromage, parce que Ging il est comme ça. Oh ouais, ça m'a l'air -oh putain j'bave- appétissant bwo ho. Brih ? C'est un triple hamburger. Sa taille cache son onctuo- j'veux dire sa bravoure. Ouais, voilà, sa bravoure. Après, comme c'est un bonhomme qui vient du froid, tout comme moi, j'te laisse imaginer ce qu'y aurait d'dans, ce serait bon, pa'sque même si j'suis obligé d'lui caler des fessées tout le temps, c'est un bon boutchou le 'tit. Et Canard ? Bah c'est évident nan ? Canard, c'est un burrito. »
Sombrant peu à peu dans l'insconscience et beaucoup à beaucoup dans le fantasme gastronomique, le Montagnard s'aperçut avec terreur que la chaleur dégageait par ses pensées cochonnes et sa bave commençait à grignoter ses précieux-glaçons-de-popotin. Se redressant comme pouvait se redresser un homme qui a les pieds dans son fondement à la manière d'un scorpion suicidaire, Robb prit une décision qu'il allait aimer tout au long de sa vie. Faisant bougeailler son frigo d'à-coups, il hurla à Georges Onzola, ce sacré bambin ultra-sympathique :
« Je t'aime bien gamin ! Rejoins cet équipage ! »
Le silence tomba sur le pont du Cheese Tray avant qu'une meute de frigos frétillent vers le refrigérateur rebelle et une paire de fesses musclées comme pas deux en collants ultra-serrés.
Tout le monde sauf : « NON MAIS CA VA PAS !
- MOI CA M'POSE TOUJOURS PAS PROBLÈMES ! Sauf Ging.
- Moi non pluch. Sauf Georges Onzola.
- ON T'AS PAS DEMANDE TON AVIS !
- Vous n'ètes vrèman pas trèch chimpa.
- Dans une heure et trente minut', les navets y s'ront cuits. » Sauf un Canard.
De son avis très personnel, Robb trouvait que ce nouveau venu avait tout ce qu'il fallait à cet équipage : du muscle, du poil, une maîtrise de son corps hautement proportionnel au fluo de ses fringues (et quand on sait que le type tout en rouge arrive à se disloquer, ce raisonnement ne peut être que valide), un petit accent qui flairait bien une épicness qui deviendrait proverbial. Non, désolé, somme toute, ce Georges Onzola était quand même foutrement sympathique. Cependant, la mort de Rhyne le hantait et pas seulement parce que Malthida (son petit doigt farceur) et lui pratiquaient le jeu des "cent mille épithètes qu'aurait pu avoir sa pierre tombale" -la plus rigolote étant "le seul regret qu'on ait jamais eu à propos d'elle c'est qu'elle voulait pas nous cuire des pâtes"- mais aussi parce que si tout le monde avait été plus fort, des balles dans les côtelettes, ça n'aurait pu être que des piercings folichons et pas des causes de mort.
Alors Robb fit marcher son cerveau qui fonctionnait mieux dans cet atmosphère trouble et givré et vint avec l'une des meilleures idées qu'il n'ait jamais eu, tout en évitant de froisser la règle tacite de non-sortie des frigos.Hokuto no Ken/Ken le Survivant~~You wa shock
Un bras explosa une partie du frigo.
Puis un autre !
Robb-frigo sauta dans les airs tout en tournoyant sur lui-même pendant une minute entière !
Et deux pieds velues venaient de faire leur entrée dans le monde.
Lentement, ce nouveau personnage avança, imitant avec sa voix des grincements fulguro-hydrauliques du plus bel effet.
Cet homme était le héros des enfants.
Cet homme pouvait souffler sur le logia du feu et l'enrhumer.
Cet homme, d'un crachat sur le logia de la lave pouvait l'éteindre.
CET HOMME C'ETAIT FRIGO-MAAAAAAAAAAAAAAAAN !
- Spoiler:
« Tu ne le sais pas encore mon p'tit Georgie... MAIS TU ES DÉJÀ BORDÉ ! »
Les deux super-héros se regardèrent en monstre marin de faïence, porte blanche immaculée et masque de super flamboyant.
Et tous deux se mirent à faire des grands écarts.Il y a quelques minutes, face à Mathilda.
« Ah, le nouveau venu, ce Georges Onzola ? Cet homme a l'étoffe d'un chawarma ! »
Dernière édition par Robb Lochon le Sam 21 Déc 2013 - 17:24, édité 1 fois
Dans la majorité des histoires où les héros tombent sur un cortège de frigos à la dérive, dont le nombre s'aligne -à une paire de jambe de Munster près- sur celui desdits protagonistes, il n'en font certainement pas tout un cas. S'ils ont un peu d'esprit, ils tentent parfois de les ouvrir. S'ils ont les crocs et pas assez d'esprit pour se dire qu'il vaut peut être mieux pas becqueter ce que contiennent des frigidaires balancés à la flotte, ils en viennent invariablement à vouloir bouffer le contenu. Certain, plus inspirés que d'autres, essayent carrément de manger le frigo en lui-même.
Seulement tout ceci ne vaut que pour les histoires, car dans la réalité quand on tombe sur six somptueux réfrigérateurs, on s'empresse de rentrer dedans. Et on en profite au passage pour coller les guibolles détachables de Munster avec celui dont l'autorité n'a d'égal que sa corpulence, celui pour qui il n'était pas écrit qu'on arriverait à le faire rentrer dans « la machine qui fait du froid ».
Plongé dans le noir le plus total, Ging n'avait pas le loisir de pouvoir remuer un orteil. Alors qu'il comprenait que tout son champ d'action se résumait maintenant à frétiller des narines, il se demandait encore comment il avait bien atterrir la dedans. Étaient-ce les paroles de Brih qui lui avaient vendu le voyage comme on vend de la colle à un lépreux ? Ou bien avait-il seulement voulu suivre le mouvement de groupe ? Le capitaine était incapable de le dire. Tout comme il était incapable de souvenir pourquoi était-ce lui qui se retrouvait à partager sa couche avec les jambes de Munster. Il avait fier allure le Lion, la gueule écrasée vers le bas -il supposait que c'était bien le bas- contre le mollet de Munster qui lui comprimait la bouche avec autant d'efficacité que l'aurait fait un bâillon. Alors, dans cette délicate position, tandis que peu à peu la famine se transformait en folie, une pensée naquit lentement dans les limbes brumeuses de la psyché de Ging. Elle ne fut au départ qu'un léger sentiment, une idée un peu folle qu'on lance pour s'amuser. Puis, chemin faisant, dévora graduellement les restes de bon sens du capitaine. Ce n'était pas simplement une question que le colosse se posait, sinon le rattachement liminaire à son humanité effacée.
Mais, pour lui, ça s'apparentait quand même beaucoup à une question.« Est-ce que je peux boulotter les jambes d'un membre de mon équipage sans qu'il s'en aperçoive ? »
Bloqué dans l'espace temps réfrigéré, les lamentations du ventre du Lion finissaient de le rendre fou. S'il y avait bien un truc avec lequel l'homme ne rigolait pas, c'était la bouffe. Il avait tout le temps faim et avait, à force de rigueur et poussé par son aspect aventurier, goutté la plupart des sortes de viande que ces mers pouvaient offrir. Pourtant quand l'odeur de la -bien en- chair de Munster s'insinua malgré lui dans sa bouche, il se surprit à saliver. Débile ou pas Ging songeait rarement à croquer du croquant, et si pour lui le cannibalisme était une danse où on balançait des poireaux sur les gens, son instinct lui répétait que c'était pas le genre de choses qui se faisait en bonne société. Pourtant, il salivait.
Soudain la jambe s'agita encore un peu, poussant un peu plus fort contre la gueule du Lion. C'était presque comme si elle demandait à être mangée, il n'avait qu'à ouvrir son immense gueule et la refermer d'un coup sec. Cela avait au moins le mérite d'être simple et Ging aimait les choses simples quasiment autant qu'un bon repas. Mais d'un autre coté il appréciait également celui à qui cette jambe appartenait et il ne pouvait s'empêcher de penser que Munster ne serait pas ravi d'apprendre qu'il devrait à présent porter une jambe de bois -quand bien même cela était fictionnel. S'il avait pu, le Lion se serait pris la tête entre les mains, se serait agenouillé sur le sol et aurait maudit les cieux d'un air dramatique. Mais il ne pouvait même pas ouvrir la bouche sans courir le risque qu'une partie du mollet ne vienne s'y fourrer et il était prêt à parier que si cela devenait le cas, la tentation serait trop grande.
Un spectateur à l'écoute aurait peut être perçu le bruit. Celui que fait un homme piégé dans un frigo face à ses plus grandes craintes. Face à lui même. C'était un vrombissement félin à la fois doux et puissant, à la fois mort et vibrant. Mais Georges Onzola était déjà occupé à faire une nouvelle série de squats.
Ging ne tenait plus. Il était en nage devant une simple question d'éthique et cela ne lui ressemblait guère. Privé de repères, sa tête ne cessant de peser le pour et le contre, cette jambe était devenu sa réalité et, il venait de s'en rendre compte, tout à fait appétissante, Certes il n'y aurait pas beaucoup à se mettre sous la dent, mais les courses perpétuelles de Munster ayant tenté de fuir sa destiné toute sa vie durant les avaient rendues au goût de Ging, fermes et puissantes. Tendrement le Lion écarta les lèvres. Il ouvrit sa gueule et finalement...
"Ouch ! Deuch ! Troèch ! Quatroch ! Chinq !"
Si Georges avait conscience que le Cheese-Tray s'inclinait dangereusement pour monter le courant -réputé mortel- qui le conduirait enfin sur Grand Line, il n'en témoignait aucune peur. Il avait plutôt sut profiter de l'occasion pour attacher ses jambes à la figure de proue et ainsi faire ses séances d'abdos dans des conditions optimales.
Dans la catégorie incongruité, rares sont les situations capable de concurrencer celle qui consiste à "se retrouver coincé dans un frigo".
Et si le fait de "se retrouver coincé dans deux frigos" n'est pas de celles-ci, c'est uniquement parce qu’elle aurait été disqualifiée pour concurrence déloyale.
Il serait difficile de dire dans quelle position se trouvait Munster. Si la taille du frigo dans lequel il se trouvait lui aurait interdit toute déclinaison de position dite "Debout", l'absence de jambes l'en privait de toutes manière. Il aurait été tentant de le qualifier d'allongé, si seulement ce terme ne signifiait pas "s'étendre sur sa dimension la plus longue". Et, s'agissant du buste de Munster, aucune dimension n'arrivait à prendre le pas sur les autres. Si son fruit du démon aurait pu lui adjoindre le simple qualificatif de "flottant", dans ce cas de figure, c'était tout à fait faux puisque Munster touchait toutes les parois du frigo à la fois. Plus exactement, il s'y écrasait. Et ce serait s'attirer le courroux des physiologues sérieux du globe que de le prétendre "assis", puisqu'une telle position nécessitait une paire de fesses sur laquelle se poser, région anatomique dont le bonhomme était privé pour l'heure. Enfin, compte tenu de ce que Munster remplissait le frigo jusqu'au dernier centimètre carré, on aurait pu le qualifier d'ubiquitaire, mais c'aurait été s'attirer les foudres de l'auteur qui se réserve jalousement cette aptitude drôlement pratique. A défaut, donc, de vocabulaire plus précis, on se contentera de signaler que Munster était simplement Là.Tandis que ses jambes, elles, occupaient un "Là" différent.
Sa position (ou, comme expliqué tantôt : son état de "Là" approximatif) rendait Munster passablement irrité - l'adverbe "passablement" ayant comme point de référence l'état d'irritation naturel du bonhomme, à savoir : lui-même passablement. Par soucis de clarté, donc, on se contentera de signaler que Munster était plus agacé que d'ordinaire ; soit totalement fou de rage. Le bonhomme disposait d'une source d'énergie colérique intarissable puisqu’à la manière d'un vélo électrique, elle se rechargeait toute seule une fois en roue libre. C'est pourquoi Munster pouvait tenir des marathons vocaux impressionnant : Il ne se fatiguait jamais et disposait d'un vocabulaire suffisamment large pour en tirer des combinaisons de jurons in potencia illimitées.
Ce qui rendait pour l'heure le bonhomme si prodigieusement rouge de colère (sans tenir compte de l'éclairage) c'était qu'il avait bien conscience de ne pouvoir s'en prendre qu'à lui même. D'abord parce qu'il se savait responsable de la situation aussi inconfortable qu'humide dans laquelle son coup de sang l'avait mené. Ensuite, et surtout, parce qu'il n'avait, de toutes manières, personne d'autre à qui s'en prendre. Munster appartenait à cette catégorie de bonhommes mal-lunés convaincus de ne pas supporter la présence des autres jusqu'à ce qu'on l'en prive. S'il grognait à chaque expiration, c'était simplement parce que les personnes qui en faisaient les frais étaient son oxygène. Alors, comme n'importe quelle personne privée d'oxygène (tant métaphorique que physique dans ce cas de figure), Munster commença à paniquer.
"PURÉE, Y FAIT UN D'CES NOIR LA DEDANS ! J'AI L'IMPRESSION D'ÊTRE DANS UN ENCRIER !"
"QUOI DONC MON BICHON ?"
"ENCORE SES CONNERIES DE BOUQUINS ET D'HISTOIRE ! IL DIT QU'ON EN EST A L'IMPRESSION J'CROIS !"
"VA VOIR DANS L'FRIGO D'ROCK SI J'Y SUIS ! ET TANT QU'ON EN EST A PARLER DE TROU D'BALLE, QUELQU'UN AURAIT VU LE MIEN ?"
"Dou d'la qu'les navets z'y s'ront bin cuits dans une heure."
"ON PEUT PAS VOIR UN TROU ! C'EST UN .... UN TROU QUOI !"
"OKAY, METTONS, Lâcha un Munster qui ne se sentait pas le courage de se lancer dans un débat académique autours de la question du trou avec un spécialiste en la matière tel que Ging. SI J'EN LACHE UNE PETITE, LA, EST CE QUE QUELQU'UN POURRAIT LE SENTIR A LA PLACE ?!"
"J'TE PREVIENS QUE SI C'EST MOI, TU SENTIRA QUELQUE CHOSE, ET CA SERA PAS AU NEZ !"
"Désolé dè vous z'interrompre mais cha vous dèrange chi z'étande mes chlips chours vos cordages ? Ch'ai mes propres pinches à linge chi cha vous rachoure."En guise de réponse, Georges Onzola eu droit à des séries de protestations, un encouragement paternel, et un conseil relatif au nettoyage hebdomadaire des bergeries.
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Cela faisait un bon quart d'heure que le Cheese-Tray avait entamé son ascension, porté par un courant marin turbulent et préservé par la chance insolente de ne pas s'être encore encastré dans l'une des parois rocheuses qui longeait l'étroit torrent sinueux. Il est dit que seul les navigateurs les plus stupides ne se fient qu'à leur chance seule pour passer la terrible épreuve d'adresse que représente Revers Mountain. Mais Rockfor Egry avait une excuse.Il était enfermé dans un frigo.
Georges Onzola, en revanche, était à l'air libre. Et, sans s'alarmer des remous successifs qui ponctuaient la progression du navire sur le courant ascendant le plus dangereux du globe, il s'enquilla une série de génuflexions. Georges n'était pas le genre d'individu à s'encombrer l'esprit de questions, et c'était en grande partie parcequ'il n'avait encore jamais eu besoin d'y répondre. Il avait toujours semblé pouvoir contourner les tracas de la vie aussi facilement qu'on évite une flaque d'eau. Georges n'avait pas prise sur la réalité. Et s'il en avait, il s'en servirait surement pour faire des tractions."Chept-chent-douje ... Chept-chent-treize."
Il ne tint donc aucun compte du beuglement de douleur qui émana du frigo de ce drôle de grosse-bonhomme-chans-jambes.
"Chept-chent-dichet ... Houlala ... Chept-chent-dijouit."
Et lorsqu'un pet tonitruant résonna depuis le frigo du grand-blond-qui-nè-porté-pas-dè-chlip, Georges fit son possible pour rester concentré sur sa sept-cent-vingtième flexion.
"Chept-chent-vintéoune ... Chept-chent-vintédeux."
Mais quand l'odeur lui parvint aux narines, en son for intérieur, il se dit qu'à la réflexion, un vendeur de sous-vêtements ne serait pas de trop sur ce bateau.
Brih n'était pas un adepte de la théorie de Munster sur le caractère fictif de toute chose qui l'entourait au cours de ses pérégrinations. Pour cela, il lui aurait fallu accepter que quelqu'un était aux commandes de sa vie, commandes qu'il ne déléguait ordinairement qu'aux gaillards munis de biceps assez solides pour le lancer vers d'autres horizons. Or, dans le système tenace de stéréotypes qui lui tenait lieu de grille de nomenclature sociale, une personne qui passait son temps à manier le stylo ne devait pas avoir les capacités nécessaires pour soulever quoi que ce soit d'autre, et par conséquent ne méritait pas d'avoir son mot à dire sur la direction que prendrait Brih au cours de son existence (qui tendait à se résumer, en général, à une ligne diagonale de la terre au ciel et inversement). Mais il devait bien reconnaître que les dires de Munster ne manquaient pas d'une certaine pertinence en ce qui concernait quelques domaines : le plus notable était celui de la mémoire.
Le nain en avait fait l'expérience en menant une vie en dents de scie, qui alternait des événements particulièrement intenses avec d'autres que l'on aurait pu qualifier de remarquablement inintéressants si encore ils parvenaient à justifier l'emploi du terme ''remarquablement''. Force était de le constater avec cette expérience derrière lui : la mémoire a ceci de commun avec la narration qu'elle est sélective. Contrairement à la réalité, qui ne s'autorise à hiérarchiser les événements qu'au regard de la chronologie, la mémoire et la fiction s'arrangent pour en placer certains sur le devant de la scène, rejetant ceux qu'elles jugent de moindre intérêt dans l'obscurité des coulisses. Et pour continuer dans la métaphore théâtrale, si elles respectent globalement l'unité de lieu – sauf exceptions, on trouve toujours la mémoire dans une certaine zone du cerveau humain, et la fiction sur les étagères adéquates d'une bonne librairie –, elles ont en revanche une certaine tendance à se foutre royalement de l'unité de temps. Dans la logique rationnelle d'un horloger, le temps peut être quantifié, mesuré et divisé en heures, elles-mêmes divisées en minutes, elles-mêmes divisées en secondes ; et surtout, quoi qu'il arrive, une seconde égale une seconde. Mais dans le système de stockage de la mémoire, et selon tous les codes de la fiction, chaque seconde d'un regard échangé à travers une pièce bondée avec une sublime inconnue occupe infiniment plus d'espace qu'une semaine entière cloué au lit avec une vilaine gastro, seulement entrecoupée d'allers-retours empressés entre les draps et la cuvette des toilettes.
Ainsi, dans les méandres des souvenirs comme dans les chapitres d'un livre, le temps n'est finalement qu'une affaire d'espace ; et à sa mesure par secondes, il convient alors de substituer celle par centimètres cubes.
L'espace concret, compte tenu du volume réduit de Brih, n'avait pas manqué dans le frigo où il avait somnolé pendant trente-deux années de vie. Mais en termes de centimètres cubes temporels, cet épisode s'était retrouvé comprimé entre les événements qui l'avaient précédé et ceux qui l'avaient suivi, tous ses détails écrasés sous la force de la pression, ne lui laissant qu'un vague souvenir très général de monotonie et de poulet au curry. C'est pourquoi, lorsqu'il réitéra l'expérience, il ne se souvenait pas d'un constat qu'il aurait pourtant dû garder à l'esprit, une observation toute simple qui s'était trouvée comme pliée en accordéon lors de la compression de ses souvenirs, et qui profitait de l'espace disponible dans ce nouveau frigo pour se déployer à travers tout son esprit.Rester dans un frigo, c'était terriblement chiant.
♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
* ARGH ! PUTAIN MUNSTER, C'ÉTAIT QUOI ÇA ? *
* Oh ça va, c'est fictif, fais pas ta mijaurée ! *
* JE VOIS PAS LE RAPPORT AVEC UN PLAT EN SAUCE ! À PART QUE POUR EN LÂCHER UNE PAREILLE, TU DOIS T'EN ÊTRE ENFOURNÉ UN SACRÉ PAQUET ! *
- Jè confirme, cha nè chent pas très très bonne...
* JE VOUS EMMERDE ! Et ça va pas tarder à se vérifier plutôt littéralement dans le cas de Ging si on me sort pas de ce frigo tout de suite ! *
* Ben t'as qu'à sortir toi-même, c'est pas compliqué. *
- Regarde, là je suis dehors...
* Et là je suis dedans. *
- Dehors...
* Et dedans ! *
- Encore dehors...
* QUELQU'UN PEUT DIRE À CE GROS MANCHE QUE S'IL DIT ENCORE UNE FOIS ''DEDANS'', JE LUI CARRE MON PIED DANS LE... *
- Non ch'il vous plaît monchieur Munchtèr, ch'était déjà pèrtourbant dè lè voir faire ''dèdans dèhorch'' comme cha, mais chi en plouch vous nè choijiché pas mieux votre vocaboulère, cha va dèvènir carrément obchène.
- Dit celui qui fait des mouvements d'échauffement du bassin en costume moulant en ce moment même.
* Je veux pas le savoir, faites-moi sortir de là ! Je crois bien que la porte est bloquée ! *
* Encore trois quarts d'heure et pis les navets sont cuits ! *
* OUAIS, VA TE FAIRE FOUTRE ROCK ! *
* Ne t'inquiète pas mon petit bichon, je viens t'aider ! Il faudrait voir à ne pas oublier que sur ce bateau se trouve... FRIGO-MAAAAN ! *
* Qui ça ? *
* J'EN ÉTAIS SÛR ! VOUS N'ÊTES VRAIMENT PAS ATTENTIFS LES ENFANTS, ÇA RENTRE PAR UNE OREILLE ET ÇA RESSORT PAR L'AUTRE ! FAUT ÉCOUTER QUAND PAPA DIT DES TRUCS, SINON ON OUBLIE FRIGO-MAN ET JE VOUS ASSURE QUE C'EST TRÈS VEXANT ! ALORS À PARTIR DE MAINTENANT VOUS TENDEZ BIEN L'OREILLE ET VOUS... *
- Euh, les gars, message du navi... nagi... enfin, de moi quoi : il se pourrait qu'on ait un problème. J'suis pas tout à fait sûr, mais je crois que le bateau qui avance à quarante-cinq degrés en tremblant de partout, c'est pas bien normal.
* Moi je vois pas ce que ça a d'alarmant. *
* Moi ce que je vois d'alarmant, c'est qu'il faut VRAIMENT que je sorte TRÈS vite de ce frigo, dans le genre MAINTENANT ! *
* PUTAIN LES GARS, IL BLUFFE PAS ! SORTEZ-LE DE LÀ TOUT DE SUITE ! *
* Frigo-man à la rescooooousse ! *
* Attends j'arrive aussi, c'est sacrément emmerdant de rester dans ce machin, finalement.
* Ah, tu tombes bien mon choupinou, ça t'embêterait d'utiliser les lames de tronçonneuse de ta main pour débloquer la serrure ? Je sais bien que d'habitude, je dis qu'il faut pas jouer avec des objets coupants, mais tu as une autorisation exceptionnelle ! Héhé, c'est pas génial ça ? ♪ *
- Ouaip, ça marche. Munster, va falloir que tu te pousses un peu.
* C't'à dire que moi je veux bien, mais c'est le frigo qu'est pas d'accord. *
- Ben... tant pis pour sa gueule.
VRRROOOAAARRR♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠ ♠
Munster était un bien curieux personnage, dépositaire à la fois de la mémoire de toute une vie fictive, et de la conscience qu'elle l'était, fictive. Et c'est probablement pour cela qu'il était aussi volumineux. Car dans le temps de la fiction, comme dans celui de la mémoire, tout est une affaire de centimètres cubes. Pourtant, à en juger par la pression qui étreignit ses intestins lorsqu'il entendit le vrombissement de tronçonneuse de Brih à quelques centimètres de lui, on aurait pu mesurer le temps en hectopascals.
Ging, lui, n'y connaissait pas grand-chose en science. Mais s'il avait dû, à son tour, proposer une unité de mesure en ce moment même...
* … BORDEL. *
… Elle se serait probablement basée sur l'odeur.
Dernière édition par Brih Demau le Mar 31 Déc 2013 - 14:53, édité 1 fois
Le canard avait bien évolué depuis sa naissance. Si le reste de sa race avait pour habitude de rester les mêmes toute leur vie, partageant une personnalité commune -que l'on pourrait même généraliser à toutes les volailles- notre héros avait lui beaucoup changé. Apprenant d'une existence mouvementée dans ce monde dominé par les hommes, il s'était inspiré des ces derniers, repoussant à coup de pattes métaphoriques les écarts le séparant de l'humanité, et à coup de palmes bien physiques les types le prenant pour un déjeuner. Et ainsi, à force de travail, le pirate était devenu capable de vivre avec ses non-semblables, oubliant l'existence d'animal pour se concentrer sur celle de l'homme qui habitait son esprit. En effet celle d'une bestiole ne l'intéressait pas. Car si la mémoire et la vie fictive de l'humain se mesure par centimètres cubes, la longévité d'un canard se voit en graines. Ou plus précisément sa capacité à en ingurgiter le plus possible avant de lui même disparaître. Notre protagoniste fit cependant ce que nul autre volaille n'avait fait avant lui -principalement parce qu'elles n'y pensèrent pas-, il décida d'ignorer la nature pour se choisir -se créer- une existence bien à lui. Et si le criminel s'était bien éloigné de l'oiseau basique, devenant un individu à part entière, il gardait une caractéristique bien à eux, une dont il n'arriverait sans doute jamais à se débarrasser. Un canard était définitivement, irréfutablement, puissamment et incroyablement un sacré couillon.
Ce n'était ainsi pas à cause de sa nature d'animal, mais bien parce qu'il était magistralement con, que le forban ne comprenait rien à la situation actuelle. La faiblesse de son intellect l'empêchait même de réaliser qu'il s'était enfermé quelque part. Pour lui le monde n'est pas un espace énorme, une planète immensément grande. Le monde entier c'est ce qui l'entoure, mais surtout ce qu'il voit. La bestiole n'avance pas dans un univers, c'est le décor qui change autour de lui. De moins de sa perspective. Ainsi lorsqu'il est, mettons par exemple, enfermé dans un frigo le ninja il ne réfléchit pas à comment en sortir. Il pense qu'il n'y a plus rien d'autre, que cet espace clot, cet intérieur de meuble de cuisine est l'univers dans son ensemble.
Sa surprise fut donc sincère lorsque son univers bascula pour percuter l'entité cosmique qu'était Ging "BAM" Dong. Ce dernier avait jailli de son abri de fortune, réduisant le frigo en un amas de plastique blanc, avant de se lancer dans la même tâche sur celui de Munster à l'aide d'un coup de poing bien placé. Si le capitaine avait légèrement réfléchit, il aurait certainement remarqué que le bide de Fonduslip dépassait maintenant de la faille tronçonnée par Brih. Seulement la rapidité d'esprit n'est pas une caractéristique des Odacieux Nouveaux et le pirate dégomma le réfrigérateur du canard officiel. Aussitôt l'action terminée Ging bascula à son tour pour poursuivre involontairement le meuble brisé de son premier et demi. Quelques heures plus tôt sur une quelconque île de South Blue, Babette Icuilotite pissait dans l'océan oubliant un instant où il était pour se concentrer sur le pourquoi. Ce dernier s'expliquait par un simple mot : LION. L'ancien gardien de prison portait par sa vengeance referma finalement sa braguette avant de s'éloigner de la mer. Et s'il savait que l'augmentation du niveau des eaux provoquée par son urine créera le courant marin précis qui, sur Reverse Mountain, frappa le Cheese Tray, jetant par la même occasion Ging vers le sol, il aurait pensé à ajouter un "HA !" avant de s'essuyer.
Du côté de nos héros le capitaine venait de percuter le parquet avant de rouler dangereusement vers le bord du navire. Malgré le moment d'incompréhension, le primé se retrouvant soudainement à l'envers au dessus du sol pour aucune raison apparente, il attrapa par la patte le canard. Ce dernier n'avait lui pas encore tilté que le monde changeait et qu'il devait peut-être se bouger pour ne pas sombrer dans le canal sur la montagne. Aussitôt l'embarcation à nouveau stable -ce qui était très relatif en parlant du Cheese Tray- Ging se releva pour tenter une nouvelle attaque sur Munster. Qu'il décida de frapper avec le truc en main, à savoir notre protagoniste. Si servir d'arme pour frapper le gros buste n'était définitivement pas l'activité favorite du forban, il ne le réalisait pas encore, venant juste de voir que l'univers avait changé. Le canard regardait le ciel, admirant les nuages sans se soucier des mouvements de haut en bas qu'effectuait son corps en même temps que le bras de Dong. Il fut finalement réceptif lorsque, dans une tentative de stopper la situation, Munster attrapa le crâne de la volaille ne cessant de percuter le sien. Seulement c'est avec les dents qu'il l'attrapa. Alors dans un code du shonen que l'occlumencien remarquerait plus tard, les trois compagnons se frappèrent dessus, attirant vers la mêlée toute la poussière réunie sur le bateau.
- Oh regardez les gars, elle est vachement grande cette montagne ! Coupa Rockfor en pointant du doigt le sommet. Et s'ils ne remarquèrent pas avoir déjà gravit une grosse moitié, tous les protagonistes stoppèrent leurs actions -exceptés Frigo-man et Georges, continuant la série de pompes- attirés par l'importance narrative de Reverse Mountain. Dans un silence général l'équipage observa le monument avant que quelqu'un décide finalement d'y mettre fin.
- Dites-moi j'veux pas faire le rabat-cul, mais elle se rapproche pas super rapidement de nous ?
- Ah si si, on va sans doute percuter le sommet à cette vitesse
- Et bien non Brih ! Vois-tu ce n'est pas la montagne qui s'approche de nous, mais en réalité l'objet sur lequel nous nous tenons est un navire. C'est celui qui nous permet de naviguer sur l'océan. Ainsi on s'approche nous même de la montagne ! Par contre tu as bien raison nous allons très vite, c'est sans doute grâce aux talents de navigateurs du courageux Rockfor qui...
- Et, encore pardon, mais on devrait pas faire quelque chose ?
- Mais chè la chituajion bien en mainch, il chuffit dè faire commé'moi !
Pendant plus d'une minute le silence tomba de nouveau, les LION's étant occupé à faire des pompes. Et si canard se contentait de s'accroupir et se relever au rythme des mouvements de ses compagnons -pour cause d'absence de bras-, son esprit y était. Une analyse pourrait être que la proposition était si irréalistiquement stupide que l'on préférait penser que c'était du génie plutôt qu'affronter la vérité : quelqu'un était assez con pour la faire. Cependant l'illusion se brisa rapidement.
- MAIS N'IMPORTE QUOI !
-GYAAAH ON VA TOUS MOURIR ! GING LANCE MOI QUELQUE PART UNE DERNIERE FOIS !
- HEIN ?! ON VA MOURIR ?! BWAHAHAHAH MERDE ALORS !
- Alors là j'suis curieux de voir comment l'histoire va nous sortir de cette connerie. Si on commence à percuter des montagnes et survivre c'est définitif, j'abandonne
- ... par contre pourquoi est-ce que l'on peut grimper sur cette montagne, ça ce serait une bonne question mon petit Brih. Car oui, regarde donc derrière, nous avons déjà gravit une large distance. Et bien selon moi l'explication est très simple, c'est en fait parce que nous...
- GYAAAAAH
- OH REGARDEZ J'AI VU UN ÉNORME POISSON !
- Menteur, y peut pas y avoir de poisson, tu vois pas la puissance du courant
- MAIS SI J'AI VU UN POISSON ! IL FAISAIT AU MOINS 7 METRES
- MENTEUR ! C'était juste une épave à tous les coups, y a pas de poisson ici ! Et de toute façon, moi une fois j'ai vu un poisson de 15 mètres
- ... et donc c'est grâce à ce courant magique, venu de vos rêves à tous les enfants que nous avons la force de grimper. C'est pour ça qu'il faut être courageux dans la vie et même manger ses légumes, je sais que ce n'est...
- AH OUAIS ?! ET BAH LE MIEN IL FAISAIT 40 METRES
- MENTEUR ! Il faisait même pas 2 mètres ton poisson qu'existe pas, alors arrête donc de
- Hé les sujets vous allez la fermer ! On va toujours mourir en percutant la montagne alors...
- OUAIS, VA TE FAIRE FOUTRE ROCK !
- MAIS JE VAIS TE CASSER LA GUEULE SALE MANANT, TU VAS MIEUX PARLER A TON ROI Et alors que Ging, Brih et Rock' se tapait sur la tronche, Frigo-Man intervenant en essayant de calmer le jeu à coup de tatanes tout aussi efficaces, Munster observait à l'écart.
- J'en ai marre de cette traversée
- V'la les navets dans la trentaine d'minutes Lui répondit le canard perché sur le bord du navire à sa hauteur
- ... Bande de cons
Dernière édition par Un Canard le Dim 29 Déc 2013 - 12:44, édité 1 fois
Écris sur et inspiré par ça ou ça .
Tandis que la panique envahissait peu à peu les membres de l'équipage des L.I.O.N face au fléau qui avait détruit tant d'espoirs chez d'autres pavillons noirs, quelque chose arrêta la séance de flexions de Frigo-Man. Une observation qui le fit frissonner. Même après avoir sautillé sur place, elle resta encrée en lui profondément. Lentement autour de ce qu'on pourrait supposer être l'identité secrète de ce fringant super, les parois du réfrigérateur crissèrent, se fendirent, puis glissèrent au sol. Georges Onzola releva la tête et put constater pour la première fois le sourire carnassier d'un LION excité. Et il sut.
Robb sut que son observation était juste : le Cheese Tray continuait d'avancer encore plus vite qu'avant, malgré leurs jérémiades. Le LION de Bois lui n'avait pas encore renoncé. Alors que la plupart des rumeurs sur la traversée évoquait des turbulences incroyables ou un manque de maniabilité exceptionnelle, le bateau des Odacieux Nouveaux était à leur image, doué d'une flamme impavide et inextinguible qui brûlerait jusqu'à éclipser le Soleil. Il ne manquait qu'un navigateur pour le guider. Le Montagnard regarda les autres se hurler dessus et s'en réjouit.
Finalement, il n'y avait pas beaucoup de différences par rapport à d'habitude.
Lorsqu'il tourna la tête après avoir croisé ses bras et balayé l'étendue écumante et rageuse qui faisait vrombir tout entier le dernier-né d'la calebasse d'un vieux fou traquant les destins, un cadeau l'attendait.
Une pogne tendue et un slip cent pour cent coton tressé à la main.
« Ch'ais penché que quitte à mourirr, il fallait lé fairr avech un minimom de clach.
- Merci bwo ho ho ! »
Il l'enfila rapidement avant de balancer une grande tape dans l'dos à son cher Georgie, puis, récupérant juste le haut du frigo pour s'en faire un casque de fortune et pour ne surtout pas laisser éventer son alias, Frigo-Man repartit castagner ses bambin-furoncles.
Comme d'habitude.
Mais l'Habitude ici était une Force qui n'avait pas sa place et les évènements s'étaient suivis trop bien pour que ce soit juste le fruit du Hasard. Cela n'avait jamais été le cas avec les L.I.O.N ni les autres grands de ce monde. Si ce sentiment étrange s'était encré dans son cœur telle la plume qui écrit les légendes plutôt que comme l'ancre qui coule et arrête, c'était que leur voie ne pouvait plus être entravé désormais. L'Aventure prenait forme, la Narration s'accélérait ; le Destin souriait ; le Hasard riait ; l'Histoire les accompagnait dans chaque vague et l'Auteur se réjouissait de sa petite famille dysfonctionnelle. De vieillards un peu racistes sur les bords, mais toujours intéressants et enclins à donner -Mamie Histoire et ses coups d'pute ; Grand-Pépé Auteur et son sadisme- qui avaient élevé une fratrie aussi semblables que deux bâtards -L'Aînesse Narration et le cadet Hasard- et qui avaient du mal avec l'épouse du premier qui venait du village d'à côté -Destinée espiègle et bien salope- au rejeton braillard et turbulent du couple -Aventure- tous se détestaient cordialement, mais savait mettre leurs différents pour s'allier en une cause commune. Un peu comme les Odacieux.
Aussi, les récentes ondes que causaient les LIONS sur leur passage -et par ondes il fallait comprendre tsunamis- avaient pris toute leur attention et c'était dans un singulier et horrible repas de famille chimérique que s'était tenu le congrès fictif des faux-semblants et des aigreurs hypocrites. Il fallait statuer sur leur cas. Comment allaient-on sauver ces connards cette fois-ci ? Dans le poulet de leur périple, se cachait le pain du croupion qui était l'essence même de leurs voyages, la substance de leurs rêves : leurs mémoires. Et à chaque nouvelle bouchée fictive se succédait le rayonnement chaleureux d'un estomac content. Ils se souvenaient de la force de l'unique poème qu'avait réussi le fils de Buxe Island, du décalage et du bras de fer perpétuel avec l'Histoire que le blasé de Drama Island faisait, de la gloire passée de l'adopté de la famille Nart, ainsi que des serments impossibles qu'arrivait à tenir sans cesse le Montagnard de Drum. A ces histoires, ils se levèrent. Il y avait aussi le regard souverain qui soumettrait tout l'horizon alors que Xeraud Town disparaissait, l'Honneur et la Quête inénarrable du Sanglier du clan MacBeasty et le fantôme de leur amie. A ces histoires, ils sourirent.
Et à cet instant ils surent ce qu'il fallait faire. Si, comme quelqu'un l'avait dit, l'Histoire ne laissait rien au Hasard (fils mal-aimé), celui-ci s'était vengé avec Destin pour donner Aventure. Et si, comme un autre l'avait dit, rien ne se mettait en travers de maman Destinée, ce n'était certainement pas le dernier-né d'une famille aussi cinglée qu'il fallait emmerder.
Et d'aventure, certains parlaient d'un drôle de frisson qui s'encrait profondément en eux. Ils le ressentaient quelque soit la distance, marqués à jamais par une sorte d'étincelle qui les liaient tous ensemble quand quelque chose d'important devait se produire ; les animaux fuyaient à l'approche des catastrophes naturelles et les hommes l'avaient caractérisés par une expression :
le calme avant la tempête. Le silence avant l'ouragan. La respiration coupée avant les L.I.O.N.One Piece OST~~Overtaken Extended
OUKill la Kill OST~~Before my body is dry / Don't lose your way
(je conseille les deux à la suite, dans cet ordre sinon -la deuxième musique devant se mettre à partir des trois dernières étoiles)Le Cimetière des Épaves.
Le marteau de Denis le Barman se stoppa en l'air et il lâcha les clous qui trônait dans sa bouche. Quelque chose l'avait glacé. Il se baissa pour reprendre son travail lorsqu'une petite main lui donna ses clous.
« Ella, qu'est-ce que tu fiches là ?
- Mes parents m'ont dit de venir vous dire que y avait un monsieur d'la Marine qui proposait d'aider aux reconstructions du village. Et aussi que si on voulait qu'y nous emmène à la prochaine grande île, on pouvait monter avec lui !
- Hmm... et alors tu vas faire quoi toi ?
- Papa et maman voudraient qu'on part, mais moi j'veux pas !
- Pourquoi ?
- Bah sinon j'les reverrais plus. Et pis j'aime bien vivre ici. »
Denis soupira devant la petite mine d'Ella Pave. Il avait compris ce qui l'avait fait frissonner. Il devait en avoir le cœur net.
« Combien veulent partir avec lui ?
- Pas beaucoup.
- Les clodos ?
- Pas du tout.
- Les Pirates et contrebandiers ?
- 'Sont partis d'puis longtemps. Ou ils ont été attrapés par le monsieur. Pou'quooooi ?
- ... il est où ton gars ? »
Elle pointa la direction d'une tâche blanche au loin qui recueillait des témoignages.***
« C'est vous l'type en charge ?
Il se retourna et complimenta la pilosité d'Epgarson.
- Ouaip. 'Semblerait que j'arrive au poil. Vous voulez ?
- Partir. Qu'est-ce qu'un haut-gradé comme vous fait là aufaite ?
- Moi ? J'suis à la recherche de ceux qui m'font reconstruire. »Quelque part sur South Blue.
Un bonhomme ferma sa braguette et éternua, se disant qu'une jolie fille devait penser à lui. Malheureusement, le seul être qui pensait à lui en ce moment, c'était son boss qui souhaitait avoir des nouvelles sur la capture de Tony la Saucisse et Fred la Merguez.
Décidément, Hodor et lui étaient rouillés et c'tait pas la reconversion en Chasseurs de Prime qui allait rend' ça plus facile. M'enfin, m'enfin, m'enfin. Si ça leur permettait de les retrouver...
Babette Icuilotite prit l'escargophone et commença à écrire les nouveaux plans de son monocycle d'attaque.St-Urea, QG de la Stanhope.
« Fermez cette fenêtre, Palourde, c'est ridicule et ça fait des courants d'airs.
- Désolé d'être arrogant madame ! Vraiment désolé mais l'odeur de la friture des myrtilles n'est pas très ragoûtante ! C'est ma faute je sais, j'aurais dû utiliser une torture plus subtile !
- Je ne suis pas une frêle vierge, Palourde... qu'en est-il de notre affaire Button ?
- Sauf votre respect, elle avance bien, poil aux se
- Trop de détails, mon cher Button, trop de détails.
- Sauf votre respect, poil aux reins donc. Notre réseau a découvert qu'ils étaient entrés dans un équipage Pirate, poil aux pattes.
- Et Nikita ?
- Ma belle Nikita est bien arrivée sur GrandLine et attend plus ample information comme convenu auprès de nos contacts à la Translinéenne.
- Bien, bien... »Xeraud Town.
La main de Francis Marion arracha une énième fois la même image. Ces temps-ci, elle pullulait dans l'Asile.
Leur plus grande honte.
Il soupira en voyant le couloir entier de wanteds aux sourires goguenards qui l'attendaient encore.
« Ah te barres pas toi ! »
Un minuscule bonhomme disparut dans une bourrasques de nouvelles affiches au coin du couloir.Buxe Island.
Deux drôles de type reniflèrent devant une tombe une dernière fois avant de déposer un journal et de partir. Le vent les fit s'agiter doucement. L'un sous son chapeau, l'autre dans sa moustache.Nouveau Monde, une île enneigée.
« Le chef est d'humeur bizarre en c'moment. Il arrête pas d'bouffer et de pleurer.
- BWA HA HA !
- Et d'rire aussi.
- BWA HA HA LE CON !
- Oh putain, j'crois qu'il est entrain de s'étrangler avec un os de Monstre Marin !
- BWFRHFHFHFHFHF !
- IL S'ARRÊTE PAS D'RIRE MÊME EN ETOUFFANT !?
- Hmm... hmmm... hmmm merci Paresse.
- De rien Monsieur - faites attention à l'averse.
- I' neige bwa ha ha.
- Diluviennement Monsieur - faites attention à la bruine.
- Bwa ha ha, il est devenu Pirate. C'bien mon gosse ! »Nouveau Monde, Erbaf.
Le tonnerre grondait, les flots s'agitaient et un tatoué souriait dans la lueur des éclairs. Lentement, il laissa le vent prendre les pages du journal qu'il avait dans la main en offrande, tandis que le rhum se déversait en gouttes brunes dans la mer.
« Il est devenu grand not' p'tit hein ! »Pas loin du Cap des Jumeaux.
« La montagne était censée être votre première épreuve... mais vous avez déjà de multiples aventures derrière vous. Après le trouble causé par Tahgel et les deux traîtres, j'me demande comment vous aller leur voler la vedette GOUDADADADADADA ! J'ai hâte de voir ça !
- Pssst. Hé pssst. Vous voulez un chat ?
- Vous voulez du thé ? Et cette bouilloire crâmoisie porc-épic de toute beauté ?
- ...
- VOUS AVEZ PAS L'HABITUDE HEIN ?!
- J'veux bien du thé, mais vous voulez pas un chat d'abord ?
- Allez.
- Lequel ?
- Le petit teigneux qui vous mord la main là.
- Z'êtes sûr ?
- Carrément. »
Un frisson parcourut son dos dans l'attente de leur passage qu'il se doutait être bientôt. ça ou le chat qui le prenait pour un grattoir.***
Robb se grattait les fesses et cette impression de douce jouissance le renvoya à une époque pas si lointaine que ça où tout était plus simple et où Gintoki lui avait parlé d'une certaine montagne qu'il devrait un jour franchir. C'était leur chemin vers GrandLine et le Cheese Tray avait tout de suite su faire son job. A son tour maintenant. Son casque partit dans les flots déchaînés. C'était le rôle d'un père d'engueuler ses enfants... et tant pis s'ils le détestaient ensuite.
« HEY LES MIOCHES ON ARRÊTE LES CONNERIES ET ON M’ÉCOUTE ! Cette Montagne c'est pas n'importe quelle montagne ! C'est Reverse Mountain ! On va pas crever ! Pas pour ça ! Souvenez-vous de tout ce qu'on a perdu sur l'chemin putain ! De tout ce qu'on a fait jusqu'ici ! Y a Rhyne qui nous mate d'là-haut et qu'a donné sa vie pour ça, alors est-ce qu'on va faire nos p'tites tafioles et chouiner ? NON ! Ce qu'on va faire, j'vais vous l'di-
Il se fit interrompre par cinq coups d'pieds dans le buffet et une autre série de petits coups dans les côtes.
-ON SAIT !
- Nous prend pas pour des bites bordel !
- Tsss...
- Raaaah !
- Y reste quinze minutes pour la cuisson des navets.
- Bwo ho ho ! »
Aucun ne l'aida à se relever, mais le Papa connaissait ses bambins. Ensemble, ils se mirent dans la même position, les bras croisés face à la Montagne et aux éléments qui se déchaînaient, le Cheese Tray manquant presque de se déchirer sous la pression de l'eau et de sa propre vitesse. Faisant confiance.
Et Georges Onzola sut. Sut qu'il avait trouvé son équipage de Pirates. Il croisa les bras avec eux, dardant son sourire vers le ciel.
Personne ne paniquait plus. Ils se souvenaient. Savaient. Tout allait se jouer maintenant. Dans leurs poitrines, une flamme était née il y a peu.
"Il ne manquait qu'un navigateur pour le guider."
Le Docteur se tourna doucement vers le chapeauté, souriant, sans regrets ni peur.
« Fais nous rêver, bonhomme.
- Bien entendu. Qui crois-tu au juste que je suis ? »
Dernière édition par Robb Lochon le Dim 13 Aoû 2017 - 17:31, édité 2 fois (Raison : flemme niv dessin + changement couleur j-p belmondo)
Tandis que Rockfor, droit comme i, se tenait toujours sur la figure de proue dodelinante en pointant le sommet et que derrière lui, les LION's étaient repartis dans leurs activités diverses, en pleine confiance envers leur navigateur, Georges Onzola, lui, restait perplexe. S'il considérait déjà faire partie de l'équipage, le vengeur masqué au fort accent d'on ne sait trop où gardait un sacré nombre de doutes sur leurs facultés mentales. Seul le gros lard avait semblé trouvé le fait de pointer une direction pour diriger un bateau absurde, et il n'avait pourtant rien dit pour pallier au problème. "Vaste fumisterie", qu'il disait. "Plus c'est gros plus ça passe", qu'il rajoutait. "On sait plus quoi inventer d'nos jours, hein." qu'il concluait. Si Georges supputait que les paroles du prêtre rouge ne s'agissaient de notes à soi-même, il soupçonnait Munster d'en réalité s'adresser à une sorte d'entité supérieure, comme pour se dédouaner de ne rien foutre pour améliorer la situation. Aussi, le nouveau membre s'était retrouvé bien seul à consulter son "Manouel pour pacher Reverche Mountain" lorsqu'il avait décidé de gérer la navigation de son côté en parallèle du roi blanc.
"OUCH ! Mais ché né ché pas ché qui ché pache ! Che Rockfor..."
"Écoute, Georch. C'est bien ça, hein? Georch?",
commença à déclamer le gros lard qui lorgnait pas delà l'épaule du masqué depuis déjà deux bonnes minutes.
"Non, ché Geo..."
"Il faut arrêter de prendre tes rêves pour la réalité. Ce que tu vois d'écrit dans ce bouquin n'est rien d'autre qu'un amas de bêtises. Il ne t'aidera jamais à passer cette conne de montagne, quelque soit la puissance de ton souhait et de tes pompes. Car vois-tu, Georch...",
continua le prêtre en posant la main sur l'épaule du bonhomme.
"OUCH, mais cha chouffit ches conchonchetés chour mon prénom?"
"La réalité, comme tes rêves... ON S'EN COGNE.",
hurla le bougre au visage du nouvel arrivant des LION's qui d'un coup, ne sut plus quoi répondre.
"PARCE QU'ON EST FICTIF ! FIC-TIF TU M'ENTENDS ? ALORS T'ARRETE DE RALER DANS TON COIN ET DE CRITIQUER L'AUTRE CON, ET SURTOUT, SURTOUT dé tout prononcher avec toune akchent DE MEEEEEEEEEEEEEEERDE",
conclut Munster en secouant Georges au rythme du Cheese Tray.
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Au centre du navire (si l'on pouvait définir un centre a ce bordel miraculeusement flottant), trois énergumènes tentaient d'apercevoir l'entrée de la montagne qu'ils étaient en train de gravir.
Si Brih Demau regardait, c'était parce qu'il se demandait, empli d'une envie folle, quel effet pouvait lui procurer un vol plané par delà les houles dangereuses de l'entrée de Grand Line. Sautillant dans tous les sens comme un bambin survolté, frustré par sa raison qui lui dictait de ne pas demander à Ging de l'envoyer au risque de ne plus jamais retrouver ses compagnons, le nain se consolait bien piteusement des quelques hoquets du Cheese Tray qui, au gré des vagues, l'envoyait valdinguer à travers les diverses bizarreries du navire. S'il s'en contentait généralement sur le coup, le bonhomme finissait toujours par repartir sur le pont pour bondir bêtement ça et là, en attendant la prochaine montée d'adrénaline. Le triste sort de Brih perdura ainsi jusqu'à ce qu'après un énième "OUAIS, VA TE FAIRE FOUTRE ROCK" qui ponctuait chacun de ses voyages à travers le décor, le destin l'amena à percuter un des frigos de la journée et à y rester les pieds coincés. Puis à glisser d'un côté à l'autre du pont sans ne plus décoller du sol. Pour ne rencontrer au final que les pieds d'un philosophe des temps modernes.
Si Robb Lochon regardait, ce n'était absolument pas pour se souvenir qu'il avait mal aux pieds après s'être pris un frigo fourré dedans. Non, en réalité, le montagnard observait l'écume de Reverse Mountain dont la fougue lui rappelait celle de sa fille perdue, Rhyne. Dont la blancheur lui évoquait les montagnes enneigés de Drum. Dont l'irrégularité lui permettait se souvenir de ce qu'était un LION. Ce qu'il était. Et dont la longueur représentait son propre chemin des bêtes. Sa vie, déjà derrière lui et tout c'qu'il avait accompli. Et Robb ne pensait en réalité qu'à une chose à ce moment là. Et c'était que ce peu d'écume qu'engendrait le Cheese Tray lui semblait bien dérisoire par rapport à toute celle qu'il irait faire jaillir sur la suite de ses aventures. Lui et ses compagnons. Lui et ses enfants. Lui et son capitaine. A qui il était d'ailleurs en train, inconsciemment, de donner la fessée."BWAHAHA -AÏE - BWAHAHA - AÏE - BWAHA...!"
Ging "BAM" Dong riait malgré tout. C'était un peu sa philosophie de vie. Il ne savait pas réellement pourquoi il se prenait des mains sur le popotin, ni comment il en était arrivé à se laisser faire, et encore moins pourquoi il regardait derrière, au bas de cette montagne qu'il n'avait pas spécialement l'intention de revoir. Au fond de lui, il savait qu'elle avait une signification. Dans le plus profond de son être, le grand gaillard se sentait grand. Non pas par sa taille, mais par le simple fait de passer là où le Cheese Tray passait. Comme si il grandissait. D'un coup. Et il riait. Encore et encore, parce que le capitaine était sur de se situer exactement au bon endroit. Sur une baffe monumentale il envoya Robb valdinguer sur le frigo toujours glissant de Brih, libérant le nain par la même occasion. Celui-ci vint alors s'encastrer dans le gras de Fonduslip, faisant lâcher un soupir douloureux à son propriétaire qui s'effondra sur Georges qui en profita pour siffler "chhhhhhhhh" à l'oreille de celui qui lui gueulait dessus quelques secondes plutôt. Le capitaine se rapprocha de l'amas de quatre de ses gonzes qui traînaient là et ria une nouvelle fois avant de se tourner vers le navigateur toujours fièrement perché sur la figure de proue."HE ROCKFOR ! C'EST QUAND QU'ON ARRIVE ?"
Ging observa son compagnon baisser le bras et se retourner. Un sourire vint orner son visage alors que le canard descendait du mat-baignoire pour se poser sur le chapeau du roi. Et d'un air satisfait de déclamer la fin du décompte.
"A TAB' ! Sont cuits les navets, les copains."
"Dépêchez-vous d'vous mettre en place, tristes gueux. S'agirait pas d'rater le meilleur moment."
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Certaines histoires parlent de Reverse Mountain comme d'un récif vivant. Qui possède une âme. Les pauvres conteurs ne sauront jamais à quel point ils disent vrais. Et pourtant, lorsqu'ils racontent l'histoire des LION's, aucun d'eux ne se doutent que c'était la montagne qui, la première, avait vu le panache de L'Incandescence des Odacieux Nouveaux et de leur bateau branlant. Elle qui n'avait jamais constaté que des montées et des descentes, souvent capricieuses, parfois épiques, régulièrement désastreuses, observa des LION's. Et pour la première fois depuis son tout premier franchissement, la montagne eut des frissons. Et elle se mit à rire. Car de son sommet, six hommes et un canard venaient de bondir comme une seule entité, droit sur une soufflette géante qui avait mis trois bien longues heures à se remplir. Pour s'envoler.______________________________
"NON, J'AI PAS LA MOINDRE IDEE D'OU EST-CE QU'ON A ATTERRI, ALORS ARRETEZ DE ME FAIRE CHIER !
"OH CA VA HEIN !"
"Le panô l'y dit qu'c'est Armada 'ci."
"Ooooooooh, mais c'est qu'il sait lire ce petit bichoooon ♥ Tu me surprends de jour en jour ! Vous saviez qu-"
"BWAHAHAHA ROCK ! T'INQUIETE PAS, CA A L'AIR COOL DANS LE COIN !"
"J'trouve que le fait que ce soit un canard qui lise les panneaux et qui fasse l'intellectuel, c'est particulièrement insultant."
"Ouch ! De toute fachon, notre choufflette a plou dé chouffle ! Et ché né pas de frigo, ché pas chuste ! Alors faut en trouver oune !"
Les LION's regardèrent la soufflette, vide, qui leur avait permis de se propulser jusque sur cette île étrange avant de tourner le regard vers leur nouveau compagnon tout sourire. Et sur un haussement d'épaules général, ils posèrent le pied hors du Cheese Tray.
En quête d'un frigo Rouge.