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De l'aide ! Oh un ange...

La journée s'annonçait merveilleuse pour la petite âgée de treize ans. C'était un jour qu'elle attendait impatiemment. Aujourd'hui, il y avait quelque chose d'incroyable. Le créateur de Gekota la grenouille signait des autographes à tous ses fans. Il était actuellement à Khebab Island, île non loin de Ptyx. Il fallait compter au moins deux heures de trajet. Kurumu s'était levée à l'aube pour se préparer, et s'était fait toute belle. Elle prit un sac à main, y mit sa peluche préférée et descendit. Il n'y avait rien de mieux qu'une peluche Gekota dédicacée. En descendant au salon, la demoiselle y trouva son père, mais pas sa mère. C'était normal, puisqu'elle était partie.
-"Viens par là Kurumu, nous devons parler."
-"Ouiii ?"
-"Ton comportement est intolérable dans cette maison. Tu le sais pourtant. Ta mère me dit tout, et  ça ne me plaît pas. Tu me déçois énormément."
-"Mais ne dis pas ça. C'est dur."
-"Vu comme tu réponds à ta mère, je ne le crois pas. J'aimerais savoir si je peux te faire confiance. Je ne vais pas te punir, puisque ce jour a l'air de te tenir à coeur, mais je vais te confier un objet. C'est un objet qui a une grande valeur pour moi et pour ta mère, puisque c'est la bague qu'elle m'a offerte à notre mariage. On peut dire que c'est une sorte de test te permettant de te repentir. Tiens, je te la remet. Prend en soin. Et il n'y a pas de mais qui tienne. En revanche, dépêche toi, ton navire ne va pas tarder à partir."

Il avait raison, Kurumu enfila de belles chaussures et s'en alla. La demoiselle se hâtait, et regarda la bague, qu'elle fit tomber. Derechef, elle la ramassa, et la rangea dans la poche de sa jupe. L'adolescente vit le bateau qui l’emmènerait à Khebab Island. La fillette s'était très bien habillée, et était accablée de regards. Avec ce qu'elle portait, elle montrait qu'elle était riche, plus précisément que sa famille était riche. Ce n'était pas une fille qui aimait faire son intéressante, mais devant la personne qui avait inventé Gekota, elle se devait d'être présentable. Un collier, un bracelet, une jupe et un t-shirt sans signes particuliers. Elle sentait le parfum "One Million".

Elle arriva enfin sur Khebab Island, après trois heures et demi de trajet. C'était une petite île composée de plusieurs maisons, mais aussi d'arbres. Il n'y avait pas de montagnes, mais une petite forêt. D'après certaines personnes, cette forêt était un coin où les brigands se rassemblaient pour compter leur butin. Kurumu cherchait du regard l'endroit où pourrait se trouver Matsuda Nagara, l'auteur de Gekota. Finalement, se fut facile pour le trouver, puisqu'il y avait du monde autour d'une petite maison. L'ado fit la queue, et attendit son tour, retenant son excitation. Son tour arriva au bout d'une trentaine de minutes.
-"Bonjour, j'aimerais que vous me signez ma peluche préférée." disait-elle avec le sourire.
-"Je vois que c'est une édition collector, vous en avez de la chance. A quel nom s'il vous plaît ?"
-"Kurumu."
Il signa la peluche et la demoiselle le remercia. Maintenant, elle devait attendre. Elle s'assit sur banc, près d'une fontaine, et regardait la signature de Matsuda Nagara. Soudain, tout était noire. Plus rien. Kurumu sentait qu'on la déplaçait, et avait beau se débattre, mais ne parvint pas à s'échapper. Une dizaine de minutes plus tard, ça se calmait, mais la demoiselle avait les poings et pieds liés. Il refit jour. Elle vit quatre voleurs.
-"Qu'est ce que vous me voulez ? Libérez moi ! Et rendez moi ma peluche."
-"La ferme morveuse. Alors qu'est ce que tu as sur toi ? Une fille tel que toi doit bien avoir des bijoux de valeur."

L'un d'entre eux arracha le collier et le bracelet de la gamine, et commença à la fouiller. Kurumu tenta d'ouvrir sa bouche pour se rebeller, mais elle reçut une gifle.
-"Maintenant ! FERME LA ! Sinon je te frappe."
La demoiselle se faisait dépouiller sans pouvoir faire une quelconque action. L'homme trouva la bague que son père lui avait confié, rigola, et la mise dans sa poche.
-"Nan, s'il vous plaît, tout mais pas cette bague. Je vous en prie, rendez la moi." disait-elle en versant quelques larmes.
En prime, ils prirent la peluche, lui donnèrent quelques gifles, lui mirent un bandeau autour de la bouche, pour qu'elle ne puisse plus parler, et lui remirent le sac sur la tête. Le groupe de voleurs portèrent l'ado, qui était en pleurs, et la déposèrent à côté d'une maison, le sac encore sur sa tête, et les joues rougies.

La môme ne savait pas où est ce qu'elle était, pleurait les larmes de son corps. Elle devait faire quelque chose, mais ses mains et pieds étaient toujours liés. Le seul moyen pour elle était que quelqu'un la retrouve. Quant aux brigands, ils étaient content de leur coup, ils venaient de se faire un bon paquet de thune, en quinze minutes.
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Jeska était sur Khebab Island, dont la spécialité était les sushis. C'était une des absurdités géographico-cullinaires de ce monde. Il y avait aussi l'île de la frite avec sa spécialité de tarte à la carotte. Enfin, tout ça n'expliquait pas ce que l'ange faisait sur cette île. La raison en était toute simple. Elle tenait en deux mots. Matsuda Nagara. Il s'agissait d'une personne assez importante. Un auteur de bande dessinée. Quelque chose qui n'intéressait pas du tout l'aveugle pour des raisons évidentes. Seulement, ce type avait demandé une "protection" à la Marine. Il faut dire que certains fans semblaient particulièrement fanatiques. Mais fondamentalement, il y avaient juste des gamins surexcités. Il ne semblait pas peser de lourde menace sur la vie de ce dessinateur. Fort heureusement, le type était généreux, et les extras que Jeska empochait régulièrement l'aidaient grandement à supporter le coté peu glorieux de sa mission.

Elle se contentait donc de surveiller des mômes. Et aussi par la même occasion de s'étonner de tout le merchandising autour de l’œuvre de Matsuda Nagara. Il y avait véritablement une tonne de produits dérivés différents que l'auteur dédicaçait sans rechigner. Il se permettait même de discuter un brin avec ses admirateurs. Et ces dernier étaient au paradis.

Il se faisait presque midi à présent et le mangaka envoya l'ange lui chercher de quoi se restaurer. Jeska, quant à elle, n'aimait pas trop ce genre de moments durant laquelle sa cible était sans surveillance, mais il insistait, et elle-même se devait d'admettre qu'elle ne voyait pas trop quel danger encourrait l'artiste. Elle quitta donc la petite maison dans la prairie et alla acquérir des sushis. Quand soudain, elle remarqua une enfant en pleurs. Lorsqu'elle s'approcha de la source de ces sanglots, elle voulu consoler la gamine en lui effleurant la joue. C'est alors qu'elle réalisa qu'elle avait une sorte de sac en tissu qui lui recouvrait la tête. En deux en trois mouvements, elle libéra Kurumu de ses entraves et lui demanda simplement.

Tu vas bien? Je suis Jeska Kamahlsson de la Marine, qui t'as fait ça?



Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Sam 21 Déc 2013 - 19:10, édité 1 fois
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La jeune fille martyrisée était encore en sanglots, et faisait de son mieux pour se faire remarquer. Elle devait à tout prix retrouver les brigands. Quand elle sentit qu'on la touchait, elle prit peur, et tentait tant bien que mal de reculer, pour fuir la mystérieuse personne. Kurumu était en panique, et ne voulait pas de nouveau se faire frapper, ou même agresser. C'était peut-être des gens encore plus malsain que les voleurs qui l'avaient kidnappé.

Quand la demoiselle sentit qu'on lui enlevait le sac de la tête, elle arrêta de bouger, et se laissa faire. Lorsqu'elle vit la lumière du soleil, elle comprit que le cauchemar était terminé. Une fois les ficelles qui attachaient les  poignets et les chevilles de la gamine, Kurumu sauta aux genoux de sa sauveuse. Cette personne avait un ensemble blanc comme neige. La môme regarda la femme. Elle avait des ailes d'ange noires comme l'obscurité de la nuit, mais était d'une beauté très peu égalable, appuyée par une peau rose et de magnifique cheveux noirs de jais. Son visage était fin, expressif, digne d'un ange.

Quand cette dernière se présenta, Kurumu ne voulait pas la croire. Elle disait qu'elle était de la marine, mais ne portait pas l'ensemble de cette faction.  Son ensemble blanc n'y ressemblait pas du tout, et était bordé d'un trait noir.  Son prénom : Jeska.
*Une marine, un ange.... Les deux réunis font un ange de la marine. Elle pourra m'aider.*

Très rapidement, l'ado aperçut que Jeska fermait les yeux. De toute façon, elle s'en foutait. L'important était de retrouver en priorité la bague, puis en second lieu, sa poupée fraîchement dédicacée. Toujours en larme, elle essaya de faire une phrase.
-"Il...il faut m'ai..aider, si'il... vo..us plaît."
Elle renifla, avait les joues rougies par les claques qu'elle avait reçues. L'ange ne comprenait pas, et Kurumu reprit, après avoir sécher ses larmes.
-"On m'a tout volé. Je dois les retrouver. Mais je sais pas qui m'a fait ça. Ils étaient plusieurs. Ils étaient méchants. C'était des hommes. Ils m'ont mis un sac sur la tête. Ils m'ont frappé. Ils...ils..."

La jeune demoiselle versa de nouveaux des larmes, en étant toujours accrochée aux genoux de Jeska. C'était l'une des rares fois, où la fillette était en panique et qu'elle pleurait autant. Généralement, elle n'aimait pas montrer ses pleurs, puisque cela était synonyme de faiblesse. Mais le vol de la bague, fut quelque chose de dramatique. Si elle ne la retrouvait pas, son père n'allait plus parler. La relation avec sa mère n'étant pas spécialement bonne, en perdant celle avec son père, elle perdrait tout, et n'aurait plus de raison de vivre, et ce, même si son papa le lui pardonnait.
-"Une des... des... pers..onnes étai..ent bossue, y'en av..ait un qui était bl..bl..blond, et..et.. un autre br..brun. Faîtes quel..que ch.ose. Je..je..vous en prie. J'ét..ais dans une..une...une.. vieille ca..bane en bois."
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La question portait sur le "qui", mais la gamine semblait clairement plus traumatisée par ce qu'on lui avait pris que par l'identité des malfaiteurs. Les seuls renseignements que l'ange put tirer de la gamine, c'était qu'il s'agissait d'hommes, qu'ils étaient plusieurs, et méchants. D'un autre coté, s'ils avaient besoin d'être en nombre pour agresser une fillette, il étaient en plus de bon gros lâches. L'aveugle hésitait entre un sentiment d'indignation du fait de ce qu'avait subi l’enfant, et une certaine gêne d'avoir ainsi la gosse qui s'accrochait à ses jambes. D'autant plus qu'elle était en pleurs. La soldate n'ayant pas vraiment la fibre maternelle, elle se restait raide comme un piquet espérant que Kurumu, dont elle ignorait toujours le nom, la lâche. Après qu'elle lui eut fourni une description de ses agresseurs, l'ange décida de s'accroupir pour se mettre à son niveau et lui caressa doucement le dessus de la tête.

T'inquiète pas on va s'occuper de toi. Je m'occuperai de ces bandits personnellement. Mais pour le moment, tu vas me suivre dans la maison de Monsieur Matsuda Nagara. Je suis affectée à sa protection, et je ne peux pas me permettre de le laisser seul trop longtemps en journée. Allez, viens, je vais t'offrir une glace.

Aussitôt dit, aussitôt fait. La marine se redressa, et prit Kurumu par la main pour l'aider à se relever à son tour. Puis d'un pas décidé, elle l’emmena devant un glacier qu'elle paya d'avance, laissant ainsi la gamine choisir son parfum. Pendant ce temps, elle alla commander des sushi pour le mangaka, tout en gardant un œil sur la jeune fille, ce qui était le comble pour une aveugle.

Une fois les achats terminés, les deux demoiselles prirent la direction de la petite maisonnette dans laquelle le dessinateur dédicaçait ses œuvres et autres produits dérivés. Seulement quelque chose clochait. La foule qui se massait devant la baraque était plus dispersée et reculait. Quelque chose clochait. Ce ne fut que lorsque quatre types sortirent de la masure en tenant Matsuda Nagara en otage que l'ange comprit que quelque chose n'allait pas. En fait, elle n'avait pas percuté de suite la situation, mais lorsqu'un des homme se mit à hurler qu'il s'agissait d'une prise d'otage, ça ne fit plus aucun doute. Et le cliquetis caractéristique d'un homme qui enclenche le chien d'une arme à feu crédibilisa ses dires. Jeska ne savait pas quoi faire. Durant de longues secondes, elle resta comme figée. Son cerveau cherchait la meilleure solution. Il n'y en avait pas. Le seul moyen était donc d'essayer de négocier.

Messieurs, je suis la Lieutenant Jeska Kamahlsson. Je suis prête à écouter vos exigences... que souhaitez vous en échange de la vie de cet homme?

On veut cent mille berrys!
Mais non, idiot, on a dit cent millions!
Ah ouais!
Et on veut que ce soit toi qui nous apporte la rançon.
T'as raison, elle est mignonne.
Alors, tu nous apporteras le fric.
Bah, tant qu'à la faire venir, autant qu'elle vienne en maillot de bain.
T'es con, toi! Autant la faire venir nue.
Ouais, ce soir, si tu viens pas à poil on tue le gars!
Et faut pas que t'oublie le blé.
Ouais, et maintenant, on se tire, si tu nous suis, on le bute!

Seulement, Jeska n'entendait pas se plier aux désidératas des ravisseurs. Elle fonça tête baissée sur les malfrats. Elle savait qu'ils ne tueraient pas leur poule aux œufs d'or. En effet, l'odeur de l'arme... il manquait quelque chose. Elle sentait bien le bois et le métal, mais pas la poudre. Elle n'était donc pas chargée. Et donc, inoffensive. Armée de cette certitude, elle chargea. Les bandits, surpris par l'attaque, se dispersèrent. Mais l'un d'entre eux était plus lent. En effet, il portait Matsuda Nagara, il était donc bien moins rapide que ses comparses. Ainsi, lorsque Jeska lui tomba dessus, il ne put même pas se défendre.

L'otage était libéré. Et le plan des bandit venait de tomber à l'eau. Kurumu reconnaitrait peut-être ses agresseurs dans ces personnes. En effet, ces derniers l'avaient molesté uniquement afin de se servir d'elle comme appât afin de faire sortir Jeska assez longtemps de la maison afin d'enlever le mangaka. Mais leur plan avait échoué, pour le moment.
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Jeska aida enfin la jeune fille en détresse et lui offrit une glace. Kurumu ne comprenait pas pourquoi elle ne cherchait pas les malfrats qui l'avaient frappé. Le visage de la môme était rouge, mais refusa la glace, en la balançant au sol.
-"Tu comprends pas ! Je vais me faire rejeter si je ne les retrouve pas ! On doit les chercher, je n'ai pas le temps pour ces absurdités."
Des larmes coulèrent, et elle s'effondra sur la poitrine de l'ange.
-"Je... je... suis déso...lée."

Kurumu s'assit sur un banc en attendant que la femme revienne. Elle se disait qu'ils ne pouvaient pas aller bien loin, puisque le port était vide. La fillette ne se souciait pas de ce qui se passait tout autour d'elle. En effet, la demoiselle ne remarquait même pas que devant la maison où se trouvait Matsuda Nagara, il y avait une foule dispersée et qui s'était reculée. Elle ne réagissait pas au coup de feu qui venait de retentir, et continuait à se morfondre.
*Papa ne va plus me me faire confiance... Il faut que je les retrouve.*

Elle sécha ses larmes, se leva et partie dans la forêt en courant, pour tenter de retrouver la cabane. Cette bâtisse en bois pouvait se trouver n'importe où, aussi bien dans la forêt que dans une maison reculé du petit village, mais elle commença ses recherches dans les bois, car s'était ce qui semblait le mieux pour un kidnapping. Son joli petit nez était devenu irrité, la môme ne cessait pas de renifler, et le vent qui tapait contre son visage, faisait qu'elle avait les larmes aux yeux.

La gamine n'y voyait plus clair, venait de perdre la raison et s'était perdue. Elle ne voulait pas attendre que Jeska s'occupe d'une prise d'otage, mais de son cas. Si la soldate de la marine connaissait les raisons, elle aurait compris que s'était urgent. Kurumu trébucha plusieurs fois sur des branches mortes et sur des racines. A chacune des chutes, son joli visage était égratigné, et devenait de plus en plus rouge. Elle tournait la tête de partout, mais rien. Aucune trace des brigands.
*Et si papa ne me parle plus, je fais comment ? S'il ne me regarde plus, s'il m'oublie malgré tous les efforts pour remonter dans son estime. Nan, ça peut pas se passer comme ça. De toute façon, si je ne les retrouve pas, je me suicide. Si je perds la personne qui est mon héros, celle à qui j'aimerais ressembler plus tard, alors je n'ai plus de raison de vivre.*

Elle s'arrêta de courir et s'assit une souche, recroquevillée sur elle-même, et pleura une nouvelle fois. C'était peine perdue. Ce qu'elle devait retrouver était comparable à chercher une aiguille dans une botte de foin, et ça ce n'était pas faisable. Kurumu était dépitée, et chercha un moyen pour résoudre tous ses problèmes. Fuir devant la réalité ne lui ressemblait pas, mais dans ces circonstances, elle n'avait plus choix. Ne sachant plus où aller, l'adolescente s'enfonça dans la forêt. La gamine s'allongea sur le sol couvert de feuilles mortes, et attendit son heure.
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Un de moins. Il n'y en avait plus que trois. Mais ces derniers s'étaient dispersés aux quatre vents, ce qui numériquement parlant causait un petit problème de cohérence. Mais le fait est que les malfrats ne sont plus là. Jeska serait volontiers partie à leur poursuite, mais son don d'ubiquité ou autre capacité de multi-clonage, elle se devait de faire un choix. Lequel pister? C'est alors qu'elle se souvint de son obligation. Protéger Matsuda Nagara. Elle ne pouvait plus envisager de partir en croisade pour châtier les bandits. Elle avait une mission. Elle se devait de l'accomplir. L'ange se retrouvait donc obligée d'attendre qu'on la relève de son tour de garde pour aller s'occuper de ces preneurs d'otages.

Dans le feu de l'action, l'aveugle avait oublier de veiller sur la gamine en pleurs. Elle revint donc prestement à son point de départ pour constater amèrement que la chouineuse avait pris la poudre d'escampette. Tiraillée entre son sens du devoir vis à vis de sa mission, et son sens des responsabilités vis à vis de la gosse, Jeska se retrouvait une nouvelle fois à se faire des nœuds à la tête pour se décider sur la marche à suivre. Finalement, elle opta encore une fois pour le respect des ordres donnés et resta auprès de son client jusqu'à ce qu'on la relève.

Elle n'eut à attendre qu'un peu plus d'une heure pour enfin se lancer dans ses recherches. Elle avait à présent toute l'après midi pour trouver Kurumu. Très vite, elle réalisa que sa tâche ne serait pas aisée. Elle avait beau questionner des gens dans la rue, sans description physique, personne ne pouvait lui indiquer par où l'enfant s'était dirigée. Dépitée, elle se rendit devant la maison du dessinateur à la recherche d'une odeur particulière. Malheureusement, le parfum dont s'était aspergée la gamine était très en vogue en ce moment. En plus d'être horriblement capiteux. Elle se décida alors à inspecter les alentours de la baraque avec plus de soin. C'est ainsi que l'ange réalisa que cette dernière se trouvait en bordure de forêt, au bout du village. Ilo était donc fort probable que la mioche soit partie se promener dans les bois, pour voir si le loup n'y était pas.

C'était une forêt aux arbres assez espacés. Jeska y évoluait sans encombre. Elle percuta à ce moment que les malfrats de tout à l'heure avait certainement fui par ici aussi. La soldate se mit alors à frémir en caressant l'idée que la gosse ait pu rencontrer ces bandits. Mais aussi à culpabiliser car elle avait abandonné une enfant seule dans un environnement très probablement hostile. Ces deux pensée donnèrent un boost considérable à la motivation de la jeune femme. Elle redoubla d'efforts et de vigilance afin de retrouver la trace de cette enfant. Après quelques errements, elle finit par retrouver trace de sa cible. L'odeur prononcée de son parfum flottait encore dans l'air tant il était capiteux. Cette fragrance fut pour l'aveugle comme un fil d’Ariane dans un Labyrinthe.

Le reste ne fut donc qu'une formalité. Elle avança dans les bois, en suivant sa piste, et ne tarda pas à retrouver l'enfant. Cette dernière sanglotait encore, allongée dans les feuilles. L'ange se pencha sur elle et lui secoua doucement l'épaule. Jeska avait furieusement envie de lui coller une baffe, histoire qu'elle comprenne qu'il ne fallait pas fausser compagnie aux adultes comme ça. Mais, une fois devant la gosse, elle changea d'avis.

Jeune fille, tu vas bien? Tu m'as fait une de ces peurs en partant comme ça. Dis moi... c'est pour retrouver ce qu'on t'a pris que tu es allée te perdre dans les bois? Écoute... je peux comprendre que tu tiennes à ce qu'on t'a pris, mais, cela vaut-il que tu mettes ce que tu as de plus précieux? Je parle de ta vie! Je ne veux pas te vexer, mais tu n'as rien pu faire la première fois. Et tu crois sérieusement que cette fois aurait été différente? Je veux bien t'aider, mais pour ça, tu dois aussi accepter que je t'aide. Avoir besoin des autres ne fait pas de toi une personne faible. Bien au contraire, ça montre que tu connais tes limites.




Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Mar 24 Déc 2013 - 10:14, édité 1 fois
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Fermant les yeux en larmes, ne pensant à plus rien, attendant la mort venir, quelqu'un lui tapota l'épaule. La gamine ne voulait pas la voir, et se mit dos à celle-ci, en écoutant un mot sur deux. Elle prêta cependant une attention vers la fin de ses paroles. La môme sécha ses larmes.
-"De toute façon, je peux bien la mettre en danger. Puisque ma vie n'a plus de sens. Autant mourir ici." disait-elle avant de se remettre à pleurer. Tout en reniflant, elle reprit :
-"Je t'ai... deman..dé de l'ai...de, mais... mais... tu ne... m'as pas... pas aidé."

Les paroles de l'ange étaient censées, mais Kurumu ne savait plus quoi faire. Abandonner et se donner la mort, ou alors chercher ce qu'on lui avait dérobé, puis se suicider dans le cas, où la recherche était un échec. La pauvre fille était perturbée, en panique, et n'arrivait pas à réfléchir à la meilleure solution.
*Pourquoi perdre du temps à fouiller l'île ? Alors qu'au final, on ne la retrouvera pas. Autant m'attacher une pierre au pied et sauter dans la mer.*
Elle attendit un signe, une lumière qui pourrait éclaircir sa lanterne éteinte par l'obscurité de ses pensées.

Elle devait accepter l'aide de l'ange, et tenter de chercher ses objets, et dans le pire des cas, l'épée de damoclès lui tomberait sur la tête. Lorsqu'elle se tourna, la demoiselle fit comprendre à Jeska qu'elle acceptait son aide. Le signe tant attendu apparut enfin. Un des hommes qui traversait la forêt portait les même vêtements que ses agresseurs... Enfin c'est ce qu'elle vit avec ses yeux rougis, et tout mouillés. La gamine voulut dire quelque chose à Jeska, mais elle n'y arrivait pas. Toute cette émotion l'empêchait de faire quoi que se soit. Soudain, sortant de nulle part, un groupe de cinq brigands encerclèrent les deux femmes. L'un d'eux s'avança et attrapa la gamine par le poignet, qui ne se défendit pas.
-"Si tu veux revoir cette gamine en vie, alors ramène nous la tête de Matsuda Nagara. Je la veux dans heure, sinon, elle pourra dire adieu à ce monde. Nous nous retrouveront sur le port de la ville."

Ils disparurent dans la forêt, après que l'un d'entre eux assomme l'ange. Cette attaque surprise venait de faire perdre la seule trace permettant de retrouver les premiers malfrats qui avaient attaquer Kurumu. Plus le temps passait, et plus il sera difficile de les retrouver. Ils arrivèrent dans une sorte de caverne, entrèrent, et lancèrent la gamine sur la terre.
-"Maintenant tu restes là et tu te la ferme ! D'ailleurs sèche tes larmes, sinon j'aurais une bonne raison de te frapper. Si tu tentes de t'enfuir, on s'occupera de ton cas."

Elle s'arrêta de pleurer et attendit.
*Je viens de louper mon unique chance de retrouver la bague... Je dois être maudite.*
Kurumu se recroquevilla sur elle même, et cacha sa tête entre ses genoux et sa poitrine. Ça allait surement être son heure, puisque l'ange de la marine n'allait pas tuer un civil pour leurs beaux yeux. Le chef du groupe vit la gamine larmoyant, puis la gifla.
-"Qu'est ce que je t'ai dis ! Arrête de pleurer."
Devant l'ignorance de la jeune fille, il continua de la gifler, jusqu'à ce qu'un de ses complices lui annonce que s'était l'heure de l'échange.

La brunette était de nouveau en larmes, et cette fois ci, elle était marquée aux joues. Une fois au port, ils attendirent l'ange. Kurumu était assise à genou, la tête baissée, les mains liées derrière le dos. Le chef prit la parole quand il cru voir Jeska.
-"J'espère que tu as la tête ? Sinon, la gamine fera le grand plongeon. Regarde à sa cheville, suffit de pousser le gros caillou pour qu'elle coule. Et pour rendre le tout distrayant, on lui a attaché les mains."

La gamine qui voulait se noyer, allait surement être servie, sauf si Jeska avait un plan.
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Jeska était ravie d'avoir enfin la confiance de cette sale gosse ingrate. Enfin, c'était l'opinion qu'une orphelin avait d'une gamine pourrie gâtée. La façon dont l'inconnue, qui n'avait toujours pas daigné se présenter, mettait en avant ses problèmes au détriment de ceux des autres indiquait à l'aveugle que l'enfant était d'origine noble, ou bourgeoise. En somme une gamine qui a l'habitude d'avoir des domestiques et qui ne connait pas vraiment le sens du mot "humilité". Seulement, elle pleurait. Ce qui accentuait le malaise de l'ange qui ne savait déjà pas s'y prendre avec les mioches en temps normal. Et là, elle devait en plus se montrer réconfortante. Fort heureusement, Kurumu accepta la main tendue de l'aveugle. Ce qui était une bonne chose tant Jeska pensait avoir épuisé toutes ses cartouches pour convaincre la jeune fille.

Elles échangèrent un franc sourire et se relevèrent. C'est à ce moment que tout bascula. Des brigands surprirent l'ange. Et Kurumu par la même occasion. Jeska pesta intérieurement contre sa propre négligence. Elle avait tellement focalisé son attention sur la gamine qu'elle en avait oublié de surveiller son environnement. Dans le cas contraire, elle aurait pu aisément les entendre, ou même sentir leur odeur. La voilà maintenant forcée d'assister impuissante à l'enlèvement de la petite sans pouvoir rien faire. Elle écouta les conditions des ravisseurs... et puis soudain, une douleur lui foudroya l'arrière du crâne, elle se sentit basculer en avant et tout fut noir.

Les ténèbres de l'inconscience ne représentaient pas un changement radical pour Jeska. Elle avait toujours évolué dans le noir. Mais, dans le cas présent, elle savait qu'elle était inconsciente. Et elle luttait du mieux qu'elle pouvait pour sortir de sa torpeur. C'est alors qu'elle sentit quelque chose de tiède, humide et légèrement spongieux lui effleurer le visage. Ce fut le signal extérieur qui lui permit de reprendre conscience. Elle était face contre terre. Enfin seulement sa joue gauche. La droite, quant à elle, subissait les assauts curieux d'une langue de renardeau. Enfin, ça, l'aveugle ne le sentait pas. Elle percevait juste les léchouilles d'un petit animal à l'odeur musquée. Le goupil ne s'enfuit pas lorsque l'ange se remit péniblement sur pieds. Peu farouche, l'animal se laissa même caresser la tête avant que la jeune femme ne parte chercher la petite capricieuse.

Là encore, ce fut le parfum de l'enfant qui permit à l'ange de suivre les kidnappeurs à la trace. C'en était presque trop facile. Tellement que l'aveugle, suspectant un piège, ralentit l'allure. Ce qui lui permit de réfléchir. Les types étaient au moins cinq. Elle pensait sincèrement être en mesure de corriger ces types. Mais il y avait la possibilité qu'ils soient plus nombreux. Et aussi qu'ils menacent la vie de Kurumu si elle ne remplissait pas leurs exigences. Bref, il lui fallait un leurre pour endormir leur méfiance. Suivant la piste odorante, elle finit par arriver en ville. Elle eut donc une idée.

C'est ainsi que, lorsqu'elle arriva au point de rendez-vous avec les malfrats sur le port, elle avait un sac en papier kraft dont le fond semblait humide et noirci. La poche fuyait légèrement, laissant écouler du sang. Quoique puisse contenir cet emballage, ça baignait dans l'hémoglobine. Jeska s'approcha, elle était suffisamment près des criminels pour qu'ils voient bien le sac et se fassent leur propre idée sur son contenu. Celui qui était leur chef apostropha l'ange. De ces mots, la soldate en déduisit qu'il ne savait pas qu'elle était aveugle. Alors, elle joua son va-tout, exigeant qu'on libère la gamine. Refus catégorique du vilain. Après quelques minutes de tractation, les deux parties arrivèrent à un compromis satisfaisant. Un échange synchronisé de ce que l'autre voulait.

Ils séparèrent Kurumu de son contondant compagnon, monsieur le rocher,mais lui laissèrent les mains liées. Le chef des bandits l'amena donc poussant son colis devant lui tandis que Jeska avançait lentement en sa direction. Lorsqu'ils ne furent plus qu'à un mètre l'un de l'autre, le malandrin tendit la main, espérant récupérer son butin. Et il obtint le fameux sac pile au moment où l'ange récupérait l'enfant. Seulement, le temps qu'il vérifie son contenu, l'aveugle avait déjà pris la malheureuse son son bras et filé comme une balle. Il pesta de s'être fait ainsi rouler comme un bleu. La marine ne lui avait remis qu'une simple tête de veau qu'elle avait acheté au boucher du village. Il s'était fait rouler. Mais ne comptait pas en rester là.

Il beugla à ses hommes de les poursuivre. Tout en le caractérisant de noms peu glorieux. Tout se passait comme l'ange le souhaitait. Ils pensaient qu'elle s'enfuyait car elle avait peur. C'était vrai, mais en partie seulement. Jeska craignait pour la vie de Kurumu. Pas pour la sienne. Une fois qu'elle eut suffisamment d'avance, elle posa la fillette et repartit en direction de ses poursuivants de bandits. La géographie du lieu l’avantageait. Les ennemis ne pouvaient venir que d'en face. Le ponton sur lequel ils se trouvaient ne permettait pas aux adversaires de la prendre à revers, ou de la contourner pour enlever de nouveau l'enfant. Le nombre des foulées correspondait au nombre des odeurs que la soldate avait senti lors de l'échange (moins celle de Kurumu évidemment). Ils étaient là tous les six. L'affrontement était inévitable. Et telle Gandalf le gris face à un balrog, elle ne comptait pas les laisser passer. Le combat tourna vite à la démonstration tant l'ange surclassait ses adversaires. Et vu qu'on approche de Noël, Jeska eut la bonne idée de distribuer gracieusement des marrons bien chauds. Et comme on est à une période où l'on échange les bons sentiments, l'aveugle reçut en retour quelques châtaignes.

C'était fini. Les six brigands gisaient au sol, inconscients. Jeska, quant à elle, essayait de reprendre son souffle. Elle avait fourni un bel effort et elle se sentait un peu fatiguée. Une fois l'ivresse du combat passée, elle réalisa que sa lèvre inférieure devait être fendue tant elle piquait. Lentement, elle se rapprocha de la gosse et la libéra de ses liens.

C'est fini. Tout va bien maintenant. Tu es en sécurité. Je vais t'aider à retrouver ce que tu cherches... ils ne t'ont pas fait du mal, j'espère?




Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Ven 27 Déc 2013 - 11:06, édité 1 fois
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La gamine en larmes attendait son heure, mais grâce aux négociations de l'ange, elle retrouva rapidement cette dernière. Mais elle devait courir pour une raison obscure. Quand la soldate eu fini avec ces voyous, Kurumu la repoussa. Elle sécha ses larmes.
-"Tu as tué Matsuda Nagara !? Tu..tu es un monstre. Ne t'approche pas de moi. Je préfère mettre fin à mes jours, que d'être en ta compagnie. Mais avant je vais retourner chercher mes affaires. La maisons de mes kidnappeurs est surement dans la forêt."

La demoiselle s'apprêtait à courir dans le bois, mais fut retenue par Jeska, qui lui fit comprendre qu'elle n'y arrivera pas toute seule. Il était près de deux heures, la môme n'avait pas encore mangé, et le bateau partait vers les dix-huit heures. Elle était perdue, que se soit sur l'île, ou dans sa tête. Elle ne savait si elle devait se donner la mort après avoir cherché, ou alors maintenant. Et si elle se donnait la mort, est ce que se serait une bonne chose. Après tout, elle perdrait ce qu'elle a de plus cher à ses yeux : sa famille et ses amies.

Elle poussa l'ange et alla dans la première maison qu'elle trouva, et y entra. La gamine était désespérée et se rendit à la cuisine, et prit un couteau. Les habitants de la joyeuse demeure tentèrent de la faire partir.
-"Si vous faîtes un pas de plus, je me taillade les veines ! Et ce n'est pas une blague ! Je vais quitter ce misérable monde." dit-elle avec les larmes aux yeux.
Ils reculèrent et demandèrent de l'aide, en criant qu'une jeune ado dépressive veut se donner la mort.

Toutes les pensées s'embrouillaient dans sa tête, et n'arrivait pas à réfléchir, mais savait une chose : ce qu'elle faisait était une grosse erreur et une perte de temps. Au lieu de vouloir se donner la mort, la gamine pourrait tout simplement partir à la recherche des brigands, et ce, avec l'aide de Jeska. Elle hésita, mais l'ange intervint, et tenta de la convaincre de ne pas faire cet acte, qu'elle risquerait de regretter. Se tailler les veines laissaient des cicatrices sur le bras, et sur une jolie fille, ça ne le faisait pas. Elle lui parla des êtres qui étaient tout pour elle, et Kurumu lâcha le couteau, et se recroquevilla sur elle-même.
-"Je suis désolée, vraiment désolée. Je ne sais plus quoi faire. Il faut que tu m'aides. Le brigand de tout à l'heure, qui est passé dans la forêt, c'était l'un de mes ravisseurs. Je t'en prie... je ne sais plus ce que je fais et ce que je dois faire. Il faut m'aider. Je t'en prie." demanda-t-elle à l'ange, tout en s'essuyant le bout de son petit nez sur un mouchoir.
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L'ange était plus que surprise. La gamine la repoussait! Elle qui venait de la sauver! Qu'avait-elle bien pu faire de mal? La jeune femme n'eut pas vraiment le temps de s'interroger. La réponse vint d'elle même de la bouche de Kurumu. La gamine pensait que l'aveugle avait tué le mangaka pour la sauver. Les mots enrobés de mépris prononcés par l'enfant blessèrent Jeska au point qu'elle commença même à regretter de s'être décarcassée à lui porter secours. L'envie de lui coller une baffe refaisait surface. Et ce n'aurait pas été volé. L'ange essaie de faire un geste pour réconforter la gosse. Et voilà que le quart de portion l'envoyait encore sur les roses.

La mioche partit comme une furie dans la première masure venue et y pénétra. Pour mieux ressortir armée d'un couteau. Elle avait la ferme intention de se taille les veines. C'était à la fois symptomatique de son désespoir et révélateur de sa naïveté. En effet, lorsque l'on choisit de se suicider ainsi, on choisit une fin longue, qui est donc peu adaptée à un lieu public où plein de personne pourraient vous secourir. De ce fait, Jeska prenait plus le geste de Kurumu comme un cri de détresse. L'ange ne pensait pas que la gamine eut en elle assez de cran pour aller jusqu'au bout.

Vraiment cette gamine était presque insupportable. Kurumu passait son temps à se plaindre alors que Jeska se mettait en quatre pour elle. Elle avait clairement l'impression que cette enfant était la fille unique d'une famille bourgeoise. Une horripilante gosse de riche. Mais... Jeska ne pouvait pas la laisser mourir. Depuis qu'elle l'avait rencontré, l'aveugle se sentait responsable de sort de cette petite. Elle se sentait obligée de veiller sur elle. Et même de la protéger d'elle-même. Elle s'approcha de la fillette, et la convainquit d’abandonner son idée d’intenter à ses jours. Elle la fit un peu culpabiliser en abordant le chagrin qu'elle causerait autour d'elle et voilà, le tour était joué.

Maintenant que Kurumu était hors de danger, les deux demoiselles partirent se promener dans les bois. Il ne leur fallut que peu de temps avant de se retrouver exactement à l'endroit où elles avaient été séparées quelques minutes auparavant. Grâce aux indication de la jeune fille, l'ange sentit l'odeur d'un homme. Elle suivit le fumet assez malodorant de ce monsieur à l'hygiène corporelle plus que douteuse jusqu'au repaire forestier des bandits. Elle ne savait pas à combien d'adversaires elle aurait affaire, donc, elle demanda gentiment à Kurumu.

Écoutes, cet endroit est leur planque, et il me semble trop dangereux de t'y amener. Attends-moi ici, je reviens te chercher dès que je me suis occupé de ces brutes.

Elle laisse la gamine derrière elle, et s'avance vers la baraque. Ils l'attendent, et ils sont une bonne dizaine. Le combat est rude. D'autant plus qu'ils sont armés et qu'elle non. Et ouis, mine de rien, elle a déjà affronté six de leurs potes tout à l'heure. En bref, et sans se chercher d'excuses, l'affrontement dura un bon quart d'heure, et Jeska finit par ressortir de la maison. Elle avait une profonde entaille sur la cuisse gauche qui la faisait boiter et une autre sur l'avant bras droit. Son arcade sourcilière droite saignait abondamment, et elle semblait couverte de traces de coups. Sur le pas de la porte, elle fit un signe à l'enfant, en espérant qu'elle était restée en place, pour une fois.

Désolée, j'ai été un peu longue, mais tu peux venir chercher tes objets.

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La demoiselle en détresse se releva et marcha aux côtés de Jeska, en posant sa tête sur la hanche de l'ange, comme si s'était un oreiller. Toutes deux marchaient dans les bois. La môme savait qu'avec l'ange, retrouver la bague et sa peluche dédicacée ne serait plus qu'une formalité. Elle fut étonnée de la capacité de la soldate à savoir où aller, alors qu'elle avait encore les yeux fermées. En y repensant, elle ne les avait pas ouvert depuis qu'elles s'étaient rencontrées. La gamine ne voulut pas poser la question, mais tenta. Elle avait séché ses larmes, et parlait normalement, mais au son de sa voix, on entendait très bien qu'elle était triste.
-"Dit, pourquoi tu gardes les yeux fermés ? Si ça se trouve, tu as de beaux yeux."

Elle espérait que l'ange lui réponde. Un peu plus tard, elle arrivèrent devant une cabane, différente de celle où Kurumu y avait fait séjour. Jeska partit et laissa une nouvelle la gamine seule, mais cette fois ci, elle n'allait pas partir puisque qu'elle le sentait bien. Elle pensait que la bague pouvait être dans ce taudis.

La môme savait que ça n'allait pas être une partie de plaisir, et s'assit près d'un arbre en attendant que la soldate eut terminé. La bagarre avait commencé. Des vitres explosaient, des cris s'entendirent. Autant dire que ce n'était pas bien joyeux. Un coup de feu retentit. Pour le coup, la gamine eut peur pour l'ange. Une balle de pistolet ne pardonnait pas. Seulement, elle repensait.
*Je reste avec quelqu'un qui a tué Mastuda Nagara, mais en contre partie elle tente de m'aider. Qu'est ce que je peux faire ? Et si ça se trouve, c'est une perte de temps, puisque la bague doit être dans les mains de quelqu'un d'autre. Il faut que je parte. Mais Jeska est en train de tout faire, je ne peux pas partir. Il se peut que le bijou de papa soit encore là. Au pire j'attends, et j'aviserais le moment voulu... J'ai pas arrêté de pleurer, mais ça doit être normal, après tout, si je perds ce que mon père ma confié, je ne serais plus, donc je n'existerais plus. Il faudra alors que je me donne la mort, même si cet acte me fait mal au coeur. Je n'ai pas envie de mourir alors qu'il me reste encore plein de choses à voir.*

L'ange sortit et fit signe à Kurumu de venir. Le conflit venait enfin de prendre fin, et l'ange était légèrement surprise de voir que la fillette était restée sur place. Jeska était en sang, avait des bleus de partout, et même ses vêtements portaient des tâches rouge. L'adolescente sortit un paquet de mouchoir et le tendit à l'ange, pour qu'elle puisse panser ses blessures. A l'intérieur, se fut le bazar. Les chaises étaient cassées, les tables renversées, les morceaux de verres étaient éparpillées sur le sol. Il y avait même du sang sur les murs. Kurumu faisait attention où elle mettait les pieds, et commença à chercher du regard un des deux objets. Le seul problème, c'est qu'il n'y avait rien. Elle regarda dans les tiroirs des quelques meubles de la cabane, mais ils étaient tous vides.

La fillette eut un coup de panique, et fit le tour de la maison intérieur et extérieur, mais rien. Elle prit par le col l'un des brigands, mais il était inconscient. Plus précisément, soit ils étaient mort, ou alors, ils n'étaient pas éveillés. Soudain, l'un d'eux vit la môme en panique et lui dit d'une faible voix :
-"De toute... façon, c'est... trop tard. La bague ne... sera plus sur... Khebab Island."
Kurumu courut vers le malfrat et le secoua tout en lui demandant où elle était, mais il refusa de lui répondre. L'individu était salement amoché, et le fait que la gamine l'ait secoué comme une sauvage, a entraîné sa mort. Elle croyait qu'il était inconscient et même s'il était mort, c'était le dernier de ses soucis.

L'échec monumental lui faisait mal, et eut des larmes qui coulaient, mais qu'elle sécha aussitôt.
-"Toi l'ange ! Tu n'es qu'un échec. Tu n'es qu'une incapable. Je croyais que tu allais m'aider, mais là, on se retrouve au point de départ ! Je te hais."
Elle se dirigea vers celle ci, et lui dit :
-"Une incompétente dans ton genre, je n'en n'ai pas besoin. Tu n'es qu'une menteuse, une tueuse... Elle est belle la marine. Pour t'excuser de ton pitoyable échec, tu devrais même te faire pardonner à genoux. Il y a bien un type de personne que je haïs plus que les blonds, se sont les gens qui parlent pour faire joli, se rendre intéressant. En gros, les menteurs. Et toi, tu es dans cette catégorie. Tu... Tu m'as déçue, et tu m'as profondément blessé."
Derechef, elle poussa l'ange qui tomba par terre. Kurumu était en pleur, les mots qu'elle lui avaient adressés lui faisait mal. Après tout ce que la soldate avait fait pour elle, la demoiselle ne pouvait pas la traiter de la sorte, ni même lui parler comme ça. D'autant plus, que cela ne lui ressemblait pas.

Avant de partir, elle lui adressa ces mots :
-"Maintenant que j'ai tout perdu, il n'y a qu'une chose à faire : le grand plongeon. Au faite, tu peux garder les mouchoirs. C'est ta récompense pour m'avoir aidé malgré tout.." dit elle d'un ton désespéré.

La gamine n'en fit qu'à sa tête, et courut jusqu'au ponton. Arrivée sur la plateforme faîte en bois, elle vit le sac donné par Jeska aux brigands. Ils avaient dû le laisser tomber, lors de la course poursuite. Du sang coulait encore, et la môme ne savait pas si elle devait regarder à l'intérieur. Ne voulant pas être trop traumatisée, elle refusa, se lia les mains elle même avec la ficelle qui entourait rocher, qui était encore là, et se laissa tomber à la mer. Si se tailler les veines faisait mal, et laissait des cicatrices, mourir noyer, ne laisserait aucune trace.
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L'ange reprenait son souffle. Elle était fatiguée. Elle avait pris de coups. De vilains coups. Elle avait mal. En ce moment, les seules choses auxquelles Jeska aspirait étaient un bon bol de thé vert et une bonne couche. C'était sa version du repos du guerrier. Seulement, l'aveugle ne put profiter du calme de la forêt bien longtemps. La gamine sortit de la baraque comme une furie et se mit à l'apostropher violemment. La soldate ailée ne comprenait pas d'où pouvait venir ce torrent d'ingratitude qui se déversait sans discontinuer de la bouche de Kurumu. La marine avait fait de son mieux pour l'aider. Et voilà comment on la remerciait, en la faisant tomber au sol alors qu'elle était blessée.

Lentement, elle se releva. Les derniers mots de Kurumu résonnaient encore à ses oreilles. Elle voulait en finir avec la vie. Grand bien lui fasse! Cette gamine avait été qu'une source d'ennuis pour l'ange. Et plus, elle était même pas reconnaissante des efforts qu'elle avait fourni pour l'aider. Alors pourquoi elle était en route pour la sauver? Elle devait être la reine des idiotes. Elle alla aussi vite que sa jambe blessée le lui permettait. La gosse avait parlé de plongeon, il était fort probable qu'elle se soit dirigée vers le ponton sur lequel les bandits prévoyaient de la tuer. De toutes façons, l'odeur de Kurumu confirmait ce qu'elle pensait.

Jeska arriva juste trop tard. L'ange ne plut empêcher la gamine de se jeter à l'eau. Mais, dans un élan désespéré, elle plongea à son tour. L'aveugle n'aimait pas l'eau. Elle avait mis tellement de temps à s'habituer à percevoir les mouvements d'air que de se plonger dans un liquide brouillait totalement son sens du toucher. Et comme elle ne pouvait plus user son nez pour sentir où se trouvait l'enfant, elle devait uniquement se fier à son ouïe. Seulement, sous l'eau les sons ne se propageaient pas de la même façon que dans l'air. Bref, elle évoluait totalement au radar. Le sel de l'eau de mer lui rentrait dans les plaies, réveillant et amplifiant ses douleurs. Incapable de ressentir son environnement, une espèce de peur panique commença à s'emparer du cœur de l'ange. Ses mouvements se faisait maladroits. Elle avait l'impression que ça faisait des heures qu'elle s'était jetée à l'eau. Puis soudain, elle sentit sous ses doigts de la peau humaine. Ce ne pouvait être que Kurumu. D'une impulsion des jambes, elle alla un peu plus en profondeur pour se saisir de la jeune femme. puis elle commença à la remonter.

La sortir de l'eau ne fut pas une mince affaire pour une ange dont le visage était marqué par la douleur, l'effort et la peur. Jeska était au bout du rouleau. Après l'avoir libéré de ses entraves, elle s'était allongée sur le dos, essayant tant bien que mal de reprendre son souffle. Kurumu, quand à elle, demeurait à ses cotés.

Hé petite. Je sais que tu m'en veux. J'y peux rien. J'accorde plus d'importance à ta vie qu'à ce que tu cherches. Et tu devrais en faire autant. Enfin, je ne vais pas faire comme si je savais ce que tu ressens. Comme tu peux le voir, je ne peux plus trop bouger, alors...

Mais Jeska ne put pas finir sa phrase. Car une voix masculine venait de l'interrompre.

Comme c'est pratique.

Un poing puissant vint s'écraser là où se trouvait l'ange, faisant voler en éclats le bois du ponton. Jeska, quant à elle, avait roulé sur le coté in-extremis pour éviter le coup. Le feu de l'action effaçant momentanément sa douleur et sa fatigue, elle eut même la force de se remettre debout. Le combat commença. Ce type était bien plus fort que les autres que l'ange avait affronté aujourd'hui. Mais, voilà, la vaillante soldate n'était plus au sommet de sa forme. Et cet adversaire, qui ne lui aurait pas posé de gros problèmes en temps normal, lui donnait une véritable correction. Finalement, ce qui devait arriver arriva. Jeska se retrouva à genoux, à la merci de son adversaire.

Hé, avant qu'on en finisse, dis-moi une chose... c'est toi le lâche qui a volé cette gamine?

Ouais.

Le type sortit un poignard et plongea la lame vers la jeune femme. Jeska eut alors le réflexe de faire basculer son corps sur la gauche pour éviter le métal mortel. Avec une célérité inouïe, l'ange retourna le bras armé de son adversaire contre lui-même. C'était comme s'il venait de se planter sa propre dague dans la gorge. Mort, il s'effondra lourdement. Ce n'était pas les habitudes de l'aveugle, mais cette dernière lui fit les poches et y récupéra une espèce d'anneau. Se relevant péniblement, elle claudiqua jusqu'à la petite fille et lui tendit la bague familiale.

Tiens, c'est pour toi...

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Décidément, l'ange était déterminée à sauver la gamine. Sur les nombreuses tentatives de suicide, Jeska avait réussi à préserver la vie de la môme qui n'en faisait qu'à sa tête. Après l'avoir sauvé de la noyade, Kurumu était allongée sur le ponton aux côtés de l'ange, et essayait de reprendre son souffle. Encore quelques secondes de plus sous l'eau, et elle aurait rejoint l'au-delà.
La soldate de la marine lui expliqua la valeur de la vie, mais la môme ne l'écoutait pas. Après tout, cette dernière ne savait pas ce qui s'était passée. Si ça se trouvait, elle n'avait pas de parents en qui elle avait confiance. Se fut sur ces mots que Kurumu se releva et lui dit, toujours d'un air méprisable :
-"Et moi, je te dis que je m'en fiche de ma vie. De toute façon, je trouverais un moyen de perdre la vie. Et se sera tout de ta faute. Tu auras ma mort sur la conscience. La mort d'une enfant. Tant que je ne les aurais pas retrouvé, je n'aurais pas de raisons de vivre."

Kurumu voulut s'en aller pour chercher un autre moyen de se suicider. De toutes façons, elle pourrait bien sauter d'un pont, ou même de plonger un peu plus loin. Après tout, l'ange était quasiment incapable de bouger. Soudain, un homme apparut. La demoiselle le reconnu puisque s'était l'un de ses ravisseurs, et recula terrorisée. Elle n'avait pas oublié les coups qu'elle avait reçus. Dans un courage incroyable, Jeska se releva et combattit l'homme. Malgré son état, elle parvint à le battre et le tua.

C'était la deuxième personne que l'ange tua. Pour ce coup ci, l'adolescente s'en fichait. Cet homme l'avait mérité, mais pas Matsuda Nagara. L'ange tendit sa main et l'ouvrit. Au creux de sa paume, il y avait une bague. Kurumu avait les yeux qui brillaient, et se jeta sur l'ange. Mais elle déchanta rapidement. Ce n'était pas la sienne, et le fit bien savoir à Jeska, qui n'avait rien demandé. Cette dernière était au sol.
-"Nan ce n'est pas la mienne. Et en plus il manque un autre objet qu'ils m'ont pris. Tu es vraiment inutile, et en plus tu viens de perdre notre unique chance de les retrouver. Tu n'est pas digne d'être une personne de la marine. Tu n'est pas capable d'aider une gamine."

Ces mots étaient durs, et la demoiselle ne le pensait pas. Mais elle se devait de faire réagir l'ange, car pour le moment, aux yeux de Kurumu, se n'était qu'une menteuse. Depuis sa rencontre avec Jeska, la gamine voulait savoir si ses plumes étaient bien des vraies. Sachant que cette dernière était affalée sur le sol, la môme se mit au dessus d'elle, s'agenouilla, et la retourna. Jeska était maintenant sur le ventre, et la gamine posa sa main sur les plumes noires. Elle les toucha, posa sa tête. Elles étaient douces, et cela reposait la demoiselle, qui oubliait ses soucis. Mais derechef, elle lui arracha une première plume. L'ange poussa un cri de souffrance.

En possession d'une plume céleste, Kurumu continua. A chacune des plumes arrachées, Jeska poussait un cri. La gamine ne se souciait pas du mal qu'elle faisait subir à l'ange, et prenait un certain plaisir, jusqu'à ce que l'ange verse des larmes. A ce moment, la môme comprit tout le tort dont elle faisait preuve. Cet action qui pouvait s'apparenter à de la torture, était due au mal-être de la gamine, et pour elle, c'était la punition que devait subir Jeska pour tous ses échecs. Sur le sol était entreposé trois ou quatre de plumes d'ange. Voyant cela, elle sanglota.
-"Je... je... suis désolée. Je...ne...voulais pas. Pardonne...moi s'il..te...plaît. Je...je... ne pensais...pas tout...ce que je...t'ai dit. S'il...te...plaît. Je suis...sincère...ment déso..lée."

Elle sécha ses larmes, et reprit. Elle se devait de tout expliquer à Jeska, mais avant, retourna en ville, pour y récupérer son sac à main. Une fois fait, elle retourna sur le ponton, et l'ange y était encore, et tout autour, il y avait ses plumes fraîchement arrachées. Kurumu ramassa les plumes et les mit dans son sac, puis expliqua tout à l'ange. Elle remit l'ange sur le dos, puis se mit à genoux. La soldate avait gagné la confiance de la fillette, et ça, peu de personne l'avait. Après tout ce que l'ange a fait pour la demoiselle, la môme se devait de croire en elle.
-"A la maison, j'ai un mauvais comportement. Récemment, mon papa était venu, et était au courant de mes bêtises. Puisqu'il ne me reconnaissait pas, il me prêta sa bague de fiançailles pour me mettre à l'épreuve. Il savait que j'allais sortir, et il m'a dit que si je la perdait, alors il ne me parlerait plus, et m'ignorerait. A la base, j'étais venue voir Matsuda Nagara pour qu'il signe ma peluche, tout en ayant le bijou avec moi. Je pensais que tout allait se passer pour le mieux, mais des gens m'ont kidnappé, et m'ont volé la bague et ma peluche dédicacée. Mon papa est la personne à qui je veux ressembler, mais s'il m'ignore, alors je n'ai plus aucune raison de vivre. Voilà pourquoi je cherche tant à me suicider. Je te suis infiniment reconnaissante pour tout ce que tu as fait, alors que tu ne me connaissais pas. Il reste encore deux personnes que je n'ai pas vu. Je ne sais pas où ils sont, mais peux tu m'aider ? Je t'en prie. Tu es la seule personne sur qui je puisse compter. Sinon, va falloir que je perde la vie, et ça, je n'en ai pas envie. Il me reste un peu moins de deux heures. Montre moi par un signe que tu pardonnes mon ignorance et mon insolence s'il te plaît."
A ces mots, elle pleura sur la poitrine de l'ange.
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Ce n'était pas la bonne bague. L'ange était déçue, d'elle-même dans un premier temps, mais surtout de la réaction de la gamine. Jeska commençait à en avoir sérieusement marre des vexations que lui faisait subir Kurumu. Cette dernière l'avait une nouvelle fois repoussée. Et la marine, trop usée, tomba sur le dos. Elle voulut rouler sur le coté et se relever, mais son état de forme ne le lui permettait pas. Proche de l'épuisement, elle sentit qu'on la faisait rouler sur le dos. Maintenant sur le ventre, elle sentit une sorte de poids qui lui empêchait de se remettre d'aplomb.

A califourchon sur la jeune soldate, Kurumu vérifiait si les plumes étaient vraies. Il suffisait d'entendre Jeska gémir pour comprendre que c'était douloureux. Mais l'enfant était longue à la détente. Il lui fallut quatre essais et autant de souffrance pour l'ange avant qu'elle ne s'arrête. La petite n'était pas bien lourde, mais dans l'état de fatigue dans lequel l'aveugle se trouvait, il lui était impossible de se dégager. C'était donc les larmes aux yeux qu'elle subit les mauvais traitements de la jeune femme qu'elle venait pourtant de sauver.

Elle ne comprenait pas ce qu'elle avait bien pu faire de mal pour mériter ça. Il faut dire que pour Jeska, se faire plumer, c'était comme lui arracher un ongle. C'était extrêmement douloureux. Devant tant d’ingratitude, la colère de l'ange monta comme de la roche en fusion dans une chambre magmatique. Les excuses de Kurumu n'arrivaient même plus à l'émouvoir. Cette fois-ci, la sale gosse allait recevoir un traitement en adéquation avec son attitude. Libérée du poids de la mioche, l'aveugle essaya de se remettre sur pied. Elle tremblait encore de ce que lui avait fait subir la jeune fille. Il lui était à présent impossible de se mouvoir tant son corps avait subi de dégâts.

Jeska abandonna l'idée de se lever. Finalement elle était pas si mal allongée là. Elle allait en profiter pour se reposer un peu. Lentement, elle se laissait sombrer dans une douce torpeur. Seulement, le repos de la guerrière fut de courte durée. On la retourna comme une crêpe. La voilà sur le dos, à sentir le soleil lui cuire le visage. Elle entendait des sanglots à coté d'elle. La petite terreur était revenue. Qu'allait-elle lui faire subir comme nouvelle torture? Rien, juste une histoire. Et des pleurs. Elle voulait que Jeska lui pardonne.

Hé, petite, d'après toi, je devrais te pardonner? Si tu te mettais à ma place ne serait-ce que deux secondes, tu comprendrais que c'est impossible. Sérieusement, qu'est-ce qui ne va pas chez toi? Tu sembles savoir que tu as un comportement exécrable, mais, de ce que je vois, tu ne fais rien pour l'améliorer. Enfin, voir, c'est un bien grand mot pour une aveugle comme moi.

L'ange se redressa. Elle était à présent en position assise. D'un geste, elle se saisit du sac à main de Kurumu, et y récupéra ses plumes.

Ce sont mes plumes! Ce n'est pas quelque chose que tu peux prendre comme ça. A moins que tu aies envie de t'abaisser au niveau de ces misérables crapules qui t'ont volé en me volant mes plumes. Et puis, ça fait très mal!

Un dernier effort, et voilà l'ange à nouveau debout.

Bon, maintenant, je dois aller me faire soigner un minimum. Je ne peux pas continuer ainsi. Il reste deux personnes, et dans l'état où je suis, je me ferais tuer.

L'ange avait résisté à l'envie de frapper cette horripilante môme, mais, elle ne pouvait pas lui pardonner ce qu'elle avait fait. Alors, Jeska s'en alla en boitillant. Il y avait un dispensaire au village. Moyennant le reste de ses maigres économies de l'aveugle, le médecin rafistola l'ange aussi vite que faire se peut. Il s'agissait donc d'un aveugle un peu shooté aux analgésiques et couverte de bandages qui retrouva Kurumu pour la suite de leurs péripéties.
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Kurumu écoutait les paroles de l'ange, mais ce qu'elle disait n'avait pas vraiment de sens, puisque la demoiselle était en pleur, et ne l'écoutait pas, jusqu'à ce que la soldate parle de son comportement. Elle se braqua toujours en pleurant.
-"Comment tu peux le savoir ? Si je ne te l'auras pas dit, tu ne serais pas au courant. Donc garde ta salive."

Quand elle voulut prendre le sac de la gamine, cette dernière le récupéra, en repoussant l'ange.
-"Je m'en fiche ! Quand tu subis quelque chose, tu le réitères pour te venger. Tu disais ne pas comprendre ce que je ressentais, et bien là, tu vas enfin le savoir. Tu fais peut-être partie de la marine, mais je m'en fiche. Tu ne me prendras pas mon sac, que tes plumes y soient ou non. Quand on trouve on garde."

Kurumu avait le sac dans ses mains, regarda à l'intérieur. A sa grande surprise, les plumes n'y étaient plus. Cela énerva l'ado, qui se jeta comme une sauvageonne sur Jeka, pour y récupérer les plumes. Dans son état, même une gamine pouvait la battre, et avoir l'avantage, d'autant plus, qu'elle lui sauta dessus, une fois que l'ange s'était retournée. Quand elle parvint à les récupérer, elle les rangea dans son sac.
-"Que tes plumes soient tiennes ou non, trouver c'est garder."

La demoiselle ne voulait pas l'agresser ou la maltraiter encore plus, et l'aida à se relever. Après tout c'était la seule personne pouvant l'aider, et ce, grâce à ses capacités sensorielles. Cependant, elle resta sur le ponton avec son sac, et les précieuses plumes. Si elle allait voir un docteur, Jeska allait surement la balancer, et on allait lui faire une leçon de morale, chose qu'elle voulait absolument éviter. Se retrouvant seule, elle s'assit sur le ponton et agita ses jambes. Elle regarda les plumes noires de la soldate, et versa une larme. Elle savait qu'elle n'allait pas se faire pardonner si facilement. Ce fut l'une des journées les plus dégueulasses que la jeune fille connut.

Elle attendit près de vingt minutes le retour de l'ange, mais la gamine ne savait pas ce qu'allait faire l'ange : l'aider ou alors la laisser tomber. Quand elle retourna sur le ponton, l'adolescente fut heureuse. Kurumu se releva et alla vers Jeska, comme si rien ne s'était passé. Elle ne pleurait plus, mais son visage était encore marquée par les larmes, et les coups subit par les malfrats.
-"Alors, on n'y va ? Où tu viens m'annoncer que je vais devoir me débrouiller toute seule ?"

Jeska semblait hésiter, et Kurumu le comprenait parfaitement. Personne ne voulait aider une gamine avec un tel comportement. De toutes façons, si elle ne l'aidait pas, l'adolescente allait se sacrifier pour le bien être de cette planète.
-"S'il te plaît, il reste encore peu de temps. Je t'en prie, il faut vraiment que tu m'aides. Je t'ai tout dit, et tu connais les raisons de mon entêtement."
Elle attendit la réponse de la soldate en espérant qu'elle soit positive.
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L'ange marchait péniblement en direction du ponton où se trouvait Kurumu. Elle souffrait encore de ses blessures et ce, malgré la piqure d'analgésiques. Elle trainait sa carcasse aussi vite qu'elle le pouvait. C'était difficile. Mais elle devait parler à cette gamine. Durant le temps de son traitement, et aussi durant le trajet, l'aveugle avait eu le temps de réfléchir. Sur quoi faire, et sur quoi dire. Mais surtout, pour se mettre d'accord avec sa conscience. Ce n'était pas dans les gènes de Jeska de tourner le dos à une personne en détresse, mais là... la gamine était juste allée trop loin. La jeune soldate avait la désagréable impression de n'être qu'un outil. Enfin, elle avait toujours été utilisée, puisqu'en tant que marine, elle obéissait aux ordres de ses supérieurs. Seulement, dans le cas présent, la gosse capricieuse était typiquement le genre de personne sous laquelle elle refuserait de servir. Elle ne pensait qu'à elle. Il n'y avait qu'elle. Les seuls soucis qu'elle était en mesure de considérer étaient ceux qui gravitaient autour de son orbite. Nombriliste. Égoïste. Voilà ce qu'était Kurumu. Il suffisait d'entendre les paroles de la gamine pour que l'ange comprenne qu'elle avait très bien cerné la gamine. Elle voulait encore l'aide de l'aveugle. Elle comptait sur elle. De toutes façons, l'enfant ne pouvait faire autrement, elle n'était pas de taille.

Tu as de bien curieuses façons de demander une faveur, toi dont je ne connais toujours pas le nom. Enfin, ce n'est pas très important. Quand tu subis quelque chose, tu le réitères pour te venger.

Le poing de Jeska s’écrasa avec une violence inouïe sur le visage de la gosse. L'ange avait choisi de frapper fort. Pas au maximum de sa force cependant. Mais pour Kurumu, les coups des malfrats devaient ressembler à de douces caresses à présent.

C'est bien ça ta logique, n'est ce pas? Parce que tu m'as fait du mal, je peux légitimement t'en faire aussi... Alors... ça fait quoi de goûter à sa propre médecine? Mal, évidemment. Mais, maintenant que je t'ai fait du mal, tu vas trouver ça normal de m'en faire en retour. Et puisque moi aussi je peux jouer à ce jeu-là, je vais te frapper encore plus fort. Et puis ensuite, on fera quoi? On se vengera l'une de l'autre jusqu'à ce que l'une d'entre nous abandonne? Ou pire, qu'elle meure? Ce que tu fais, c'est juste de la vengeance. Et la vengeance, c'est tout sauf de la justice.

L'ange laisse quelques secondes de silence. le temps que la gamine comprenne ce qu'elle lui disait. Puis, elle reprit.

Tu as dit n'en avoir que faire que je sois de la Marine. T'es tu seulement dit que l'inverse pouvait être vrai? Je m'en fiche de toi, de tes problèmes et de ta logique nauséabonde. Si tu mourrais tout à l'heure, crois-tu que je te pleurerais? Que ça m'empêcherais de dormir? Non. j'en serais même contente. Avec ton état d'esprit, ce serait mieux que tu disparaisse. D'ailleurs, je peux même te tuer ici et maintenant.

L'aveugle en devenait presque effrayante. Bien évidemment, elle jouait la comédie. Il n'était pas dans son caractère de se faire respecter par la terreur. Mais après avoir maintes et maintes fois essayé les approches douces avec cette fichue gamine, l'ange s'était résolue à muscler son discours. C'était certainement la seule façon de faire rentrer quelque chose dans la tête de Kurumu sans avoir à lui percer le crâne.

Oui, je peux te tuer ici et maintenant, et devant tout le monde. Personne ne bougera. S'ils n'ont pas eu le courage de te sauver avant, il ne vont pas le faire maintenant. La seule personne qui peut t'aider, c'est moi. Tu as besoin de moi. Par contre moi, je n'ai pas besoin de toi. Ma mission est de protéger Matsuda Nagara, pas toi. Il serait grand temps que tu réalises dans quelle position tu es. Tu n'es pas en mesure d'exiger quoi que ce soit de moi.

Jeska ouvre les yeux. Son expression faciale montre clairement quelle émotion elle ressent. Le mépris. Envers Kurumu.

YTu es typiquement le genre de personnes que je déteste. Tu ne peux rien faire seule. Et en plus, tu n'es pas fichue de montrer un tant soit peu de reconnaissance envers ceux qui ont la bonté de t'aider. Dis, tu te souviens la dernière fois que tu as accompli quelque chose par toi même? Laisses moi deviner... tu as dépendu des autres toute ta vie. Tu es misérable. Garde ces plumes, tu les as bien méritées.

Jeska pivote sur elle même et laisse Kurumu seule face à sa conscience. Gardant les sens aux aguets au cas où l'idiote petite fille ait l'idée saugrenue de vouloir l'attaquer. Ou mieux, de venir le présenter de vraies excuses sincères.

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Kurumu avait attendu près d'une quinzaine de minutes, et avait fait les cent pas. Quand elle vit l'ange arriver, la jeune fille se réjouissait. Si elle revenait, c'était surement pour une bonne raison. Jeska allait peut-être l'aider, malgré tout ce qu'elle avait subi. Plus cette dernière approchait, et plus son regard semblait changer. Elle semblait être en colère. Kurumu ne s'était pas trompée. Elle ne s'y attendait pas. En quelques secondes, la jeune fille reçut un coup dans la figure, qui la fit reculer. Se tenant le nez, qui saignait, elle lui dit:
-"Mais qu'est ce qui te prends ? Tu es folle ma pauvre ! Tu m'as fait saigner. Je n'ai pas de leçon à recevoir de toi d'abord. C'est toi qui a fait le premier pas, pas moi. Je ne t'ai rien demandé. Tes paroles, je m'en fiche."

La demoiselle s'avança vers l'ange, et lui mit une gifle monumentale. Le bruit de l'impact entre la paume de sa main et la joue de l'ange avait résonné sur toute l'île. Kurumu prit un air sérieux.
-"Tu sais quoi, tu n'aurais pas dû me frapper. Je peux te le dire, c'est la dernière fois. Je laisse passer ça, car tu as tenté de m'aider, malgré mon ingratitude, mais la prochaine fois, tu le regretteras. Ne prends pas à la légère les menaces d'une enfant, surtout quand en face, tu as une personne honnête, et qui ne revient pas sur ses paroles. Sache bien que tu ne me fais pas peur, même si tu as plus d'expérience que moi."

L'adolescente, se retourna et s'assit sur le bord du ponton, puis prit de l'eau au creux de sa main, pour faire arrêter le saignement. Elle avait arrêté d'écouter Jeska, depuis la gifle. Ce qu'elle disait, n'avait pas de sens. Mais le coup de l'ange lui faisait encore mal, à tel point, qu'elle versa des larmes, qui s'écoulèrent dans la mer. La môme ignorait la soldate, s'en fichait complètement d'elle. Pour Kurumu, elle n'existait plus, et pensait à comment retrouver la bague. Avec ce qu'elle venait de lui dire, la demoiselle ne pouvait plus faire marche arrière.
*Il me faut cette putain de bague. Et papa qui me la file pour me tester, fait chier... Il aurait pu trouver un autre moment. Je fais comment moi ? Il me reste peu de temps... Ou alors, je rentre chez moi, seulement quand j'ai retrouvé ce que l'on m'a dérobé, quitte à rentrer dans dix jours, ou voire plus...*

La pauvre était perdue dans ses pensées, et aurait bien voulu continuer à réfléchir, seulement, l'autre incapable lui faisait la morale.
-"C'est bon t'as fini avec ton blabla... Je vais juste te dire une chose. Je sais me débrouiller seule, et je l'ai déjà prouvé à plusieurs reprises. Mais ça, tu le sais pas. Donc avant de l'ouvrir pour dire de la merde, réfléchit, et ne te base pas sur des préjugés, ou sur une rencontre, où l'on n'a même pas fait connaissance."

Kurumu tourna la tête et vit que l'ange s'éloignait petit à petit. Au fond, ça l'ennuyait profondément. La seule personne pouvant l'aider venait de l'abandonner à son triste sort. Le nez de la fillette s'était enfin arrêté de saigner.
*De toutes façons, si l'ange ne vient pas à moi, alors je me débrouillerais toute seule. Après tout, je me suis déjà excusé, alors que là, je n'ai rien fait. Donc hors de question que je fasse le premier pas. Passé dix minutes, si Jeska ne s'est pas pointée pour s'excuser, alors je fouillerais l'île seule, et ce, peu importe le temps qu'il me faudra.*
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L'ange avait dit ce qu'elle avait à dire. Et autant elle assumait le fond de son propos, autant, elle ne se reconnaissait pas dans la forme. L'ange n'était pas du genre à critiquer aussi violemment et gratuitement une personne. Mais il faut bien avouer que Kurumu l'avait poussée dans ses derniers retranchements. Seulement, dans le cas présent, l'aveugle ne pouvait plus faire machine arrière. Enfin, si, elle le pouvait, mais elle risquait au passage de perdre toute crédibilité aux yeux de l'enfant pourrie gâtée à qui elle venait de dire ses quatre vérités.

D'ailleurs, à ce propos, elle était fort déçue par la réaction de la gamine. Cependant, elle ne pouvait pas vraiment dire que son attitude la surprenait. L'ange savait à peu près quel genre de personne était Kurumu. Et si elle s'était permise de lui parler aussi durement, c'était avant tout pour obtenir une réaction. Et, d'une certaine manière, on pouvait dire que son initiative était un succès. Malheureusement, la gosse préféra se braquer que d'admettre ses erreurs. Cette fierté bien trop grande pour un si petit corps et cette prétention aux relents méphitiques faisaient de la gamine un être particulièrement détestable.

Jeska réalisait enfin à quel point elle haïssait cette gosse. Chaque fibre de son être refusait d'aider plus longtemps cette horreur déguisée en enfant. Elle en arrivait même à penser que ce serait une bonne chose si la mioche venait à périr. Tout simplement parce que l'ange avait compris une chose fondamentale. L'autre ne changerait pas. En tous cas, pas en bien. En fait, la situation ne ferait certainement qu'empirer. Tant qu'elle considèrera les autres comme des esclaves, elle glissera lentement sur une pente savonneuse qui risque fort de la diriger vers un avenir de criminelle.

Seulement, tout ça n'était plus de la responsabilité de l'aveugle. Jeska avait une mission, et c'était de protéger un mangaka. Pas de jouer les gardes chiourmes. Que Kurumu vive ou meure, elle s'en lavait les mains. De toutes façons, au point où on en était rendu. Si l'enfant venait à périr, ce ne serait pas de sa faute. Après tout, elle l'avait déjà bien aidée et si la gamine voulait rester en sécurité, elle n'avait qu'a rester auprès de la soldate. On ne pouvait pas décemment tenir Jeska pour responsable de la vie de tous les gens du village sous prétexte qu'elle était de la Marine. Et même dans le cas où Kurumu arrive à se débrouiller seule, elle en serait quand même redevable à la Lieutenant. En effet, la jeune femme en blanc avait battu la grande majorité des malfrats. En fait, il ne restait plus qu'un homme. De ce fait, la gamine serait redevable envers l'ange. Enfin, si elle était capable de mette son immense complexe de supériorité de côté.

Jeska retourna donc dans la maisonnée afin de relever son collègue qui assurait la protection de Matsuda Nagara. L'esprit enfin serein, l'ange assistait au déferlement continu de fans qui venaient se faire dédicaces différents objets par l'artiste.


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La jeune fille attendit, en regardant la mer. Les dix minutes venaient de s'écouler. Finalement, l'ange n'était pas revenu vers elle, et l'enfant se leva. Si la soldate ne voulait plus l'aider, alors elle n'aurait qu'à chercher toute seule. Elle s'en alla en direction de la ville, puis décida de retourner à la cabane des malfrats. Si ça se trouvait, elle avait oublié un indice. Marchant sur le chemin pour la ville, la môme aperçut au loin un rassemblement de personne. Au point où elle en était, Kurumu voulut y jeter un coup d'oeil, après tout, elle n'était pas à cinq minutes prêt. Toutes les personnes devant la maison, avaient plus ou moins le même âge que cette dernière. A son étonnement, elle vit Jeska, la regarda de haut, puis lui tourna la tête. En la tournant, elle vit Matsuda Nagara en train de faire des dédicaces.
*Mais, si lui il est là, ça voudrait dire que dans le sac, se n'était pas sa tête... Mais pourtant, du sang coulait...*

Elle ne comprenait pas, et s'en alla en courant sur le ponton, pour voir le contenu du sac. Se hâtant, elle arriva devant le sac, qui n'avait toujours pas bouger d'un pouce, se baissa et l'ouvrit. A l'intérieur, une tête de veau. L'adolescente s'en voulait à mort. Elle n'avait pas cessé de rabaisser Jeska, en la traitant de monstre, et même d'incapable, mais au final, c'était bel et bien une personne gentille. Mais il était trop tôt pour les réjouissances. Il lui fallait encore trouver la bague et sa peluche dédicacée.

Marchant dans le bois, la brunette essayait de se rappeler de la localisation de la planque des brigands. N'ayant pas les sens de l'ange, elle commençait à tourner en rond. Ça, elle ne le savait pas, mais le comprenait bien. Elle préféra continuer son avancée que de s'arrêter et revenir sur ses pas. Kurumu avait perdu sang froid, et n'arrivait plus à réfléchir. Pressant le pas, tournant la tête de droite à gauche et vice versa, elle vit un terrier et une tête de renard. Seulement l'animal n'aida pas la fillette et se lécha les babines.  La demoiselle soupira et ralentit son rythme de marche. Que se soit dans sa tête ou des les bois, elle était vraiment paumée. Maintenant, c'était sûr, l'ado n'allait pas pouvoir rentrer chez sa mère aujourd'hui, mais qu'elle allait devoir passer la nuit sur Khebab Island.

Passant près d'une demi heure dans les bois, la chance lui sourit enfin. La môme reconnut un morceau du chemin menant au repère des bandits, et l'emprunta. Finalement, elle ne s'était pas trompée et entra dans la maisonnette en bois. A l'entrée, il y avait encore le mouchoir que Kurumu avait donné à l'ange. Quant à la décoration de cette dernière, rien avait changé. Il y avait toujours autant de sang sur les murs, mais la jeune fille remarqua qu'il manquait une personne à l'appel. Sortant tous les tiroirs des meubles, et retournant chaque coin de la cabane à la recherche de ses précieux, elle ne trouva rien.

Kurumu s'assit sur une chaise et essaya de réfléchir. Elle savait qu'elle n'avait pas pris un élément en compte, et regarda l'unique pièce de l'habitation. A son grand regret, une personne s'était enfuie. Elle voyait en cette fuite un moyen de trouver la planque des brigands où était sa bague et sa peluche. Elle pensait que cet individu aurait surement laissé des traces tout le long du chemin. Elle sortit pour savoir si elle avait vu juste, et se fut le cas. Le gars avait laissé des tâches de sang sur les feuilles mortes, après tout ce dont il a subit face à Jeska, c'était normal.

La demoiselle suivit donc son unique et dernière piste. Les tâches de sang étaient encore fraîche, et il ne fallut pas énormément de temps à la jeune fille pour trouver une nouvelle planque. Cette fois ci, c'était une petite maison en brique. La fillette s'approcha sans faire de bruit et regarda à travers l'une des fenêtres. Il y avait deux personnes : celui, qui apparemment était le chef, et l'autre blessé qui se pansait. En jetant un autre rapide coup d'oeil, elle put apercevoir sa peluche collector. Par sinéquation, la bague devait être en ces lieux. Malheureusement, ils étaient en supériorité numérique, mais l'un d'eux était blessé. L'intérieur était fait en bois, il y avait une table, un meuble et un fauteuil. Sur les mur, des cadres étaient accrochés.

Kurumu n'entra pas, et  chercha un bâton suffisamment solide,  pour pouvoir fracasser la tête d'un des bandits. Pour le second, elle avisera. Ayant le bâton en main, la jeune fille ouvrit la porte en trombe, puis se jeta sur l'homme assit. Dérechef, elle le frappa avec son arme blanche, et ce dernier s'évanouit. Le chef fut surpris et ne s'attendait pas à la voir la gamine. Il avait cru qu'elle s'était déjà faite tuer par ses hommes.
-"Rend moi mes objets !"dit elle avec les larmes aux yeux.
-"Alors voilà la morveuse qui s'est fait dépouiller, et qui revient à la charge... Mes hommes m'ont dit que tu t'étais alliée à un ange... Tu aurais mieux fait de rester avec elle."

Il sortit un pistolet, et tira une première fois. La demoiselle ne bougea pas. La balle venait de lui frôler les cheveux. Soit il ne savait pas tirer, soit il la mettait en garde. Tout d'un coup, Kurumu commençait à avoir peur. Elle voyait en cette arme quelque chose qui pourrait mettre fin à ses jours.
-"Bon rend moi mes affaires, qu'on en finisse... Je... je ne veux pas me battre, mais juste partir d'ici."
L'homme ne l'écouta pas et tira une seconde fois, mais cette fois ci, la fillette évita, et se cacha derrière une table qu'elle venait de renverser. Un troisième coup de feu retentit, mais la table la protégea de la balle. L'homme rigolait de la faiblesse dont faisait preuve la gamine, puis ne cessa de tirer. La jeune fille reprit confiance en elle, et lui lança le bout de bois dans la tête. L'homme tomba net et saigna de l'arcade sourcilière. Il était assomé. Kurumu sortit de sa derrière la table, et récupéra le bâton pour lui fracasser la tête.
-"Tiens, et tiens, et tiens. C'est pour tout ce que toi et ta bande de con m'avez fait subir."s'écria-t-elle essoufflée.

Si l'homme était encore en vie, alors, vu l'état de son corps, il serait tétraplégique. La fillette souffla, et récupéra la peluche, qu'elle mit dans son sac. Fouillant ensuite dans le meuble, elle ne trouva pas la bague mais un gros sac de berrys. L'adolescente se dit que si le bijou ni était pas, alors ça devait être le brigand qui l'avait dans sa poche. Elle le fouilla et sortit de sa poche un anneau. Après l'avoir regardé sous tous les angles, Kurumu fut très contente, puisque c'était la sienne... Enfin, celle de son père. La rangeant dans sa poche, la demoiselle récupéra les berries, avant de retourner en ville.

Le temps passa, puis la brunette arriva enfin, et voulut revoir l'ange. Elle avait deux mots à lui dire. La demoiselle arriva juste à temps, puisque Matsuda Nagara était entrain de plier ses affaires.
-"Jeska !" cria-t-elle, puis elle continua d'une douce voix, et en détournant le regard.
-"Est ce que je peux te parler en privé s'il te plaît ?"
L'ange hésita puis suivit la môme.
-"Écoute moi s'il te plaît. Je sais que tout ce que je t'ai fait subir, c'était mal. Mais j'étais perdue. Le fait qu'on m'avait volé la bague m'a empêché d'être lucide. Je suis sincèrement désolée. Je sais que tu as tant fait pour moi, et que, tu es une personne bien. C'est grâce à toi si j'ai retrouvé mes affaires. Je te suis reconnaissante de ton aide. C'est peut-être un peu tard, mais je m'appelle Kurumu. Voilà pour ton aide. J'espère que tu pourras m'excuser un jour."

Kurumu lui donna la moitié du sac de berrys, et versa des larmes.
-"Je l'ai trouvé dans la maison des bandits, je te donne ta part. Voilà."
Elle sécha ses larmes, et aperçut de loin, le navire qui l'a ramènerait chez elle. C'était la chance de sa vie. Elle récupéra le sac, et dit ces dernières paroles à l'ange.
-"Je suis désolée que tu ais dû me supporter avec un tel comportement, et de t'avoir rabaissé, voire déshumanisé. J'espère que notre prochaine rencontre se passera mieux, ou du moins, je ferais en sorte pour que je te montre mon vrai moi. Je dois y aller, il y a mon bateau. A plus tard."rajouta Kurumu avec le sourire.

L'adolescente courut jusqu'au quai et prit le ferry. Une fois sur Ptyx, elle retourna chez sa mère pour y retrouver son papa. Le voyage lui avait rendu ses couleurs, mais l'état de ses habits étaient déchirés et sales. En entrant, la môme alla directement dans sa chambre pour se changer puis alla voir son père.
-"Tiens papa, c'est pour toi. C'est la bague que tu m'as confié."
Son père fut ravi de la revoir, et la mis à sa main.
-"Je vois que tout c'est bien passé, et je suis content de voir que ma fille est quelqu'un de confiance. Tu as réussi l'épreuve avec brio. Seulement, je vais bientôt partir, des contrats à signer."
Kurumu s'en retourna dans sa chambre, et vida son sac en y déposant sa peluche Gekota dédicacée, mais aussi les plumes de Jeska, qui lui donneront un bon souvenir de l'ange. Elle voulait vraiment la revoir pour lui montrer qu'elle était une personne bien.
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