S'il se souvient d'une scène, c'est peut être bien de celle du 12 Octobre 1598. Il se rappelle encore de la date parce que l'homme en face de lui lisait la gazette grande ouvert, avec au coin droit de la feuille tout encornée, ces quelques chiffres qui se jouaient de lui. Et tout autour, les autres se moquaient, riaient à gueule déployée de ce gros balourd d'Ishii. Ils riaient jusqu'à s'en décrocher les poumons, jusqu'à perdre haleine et en tomber par terre. Ils riaient jusqu'à en faire tomber de petites gouttes aux creux des yeux de l'enfant. Encore aujourd’hui, il se souvient de tout son corps déjà trop lourd pour lui, sa bedaine qui dépassait presque de son tee shirt trop petit, sali, trempé de sueur et de pluie.
-Tu es si gros qu'il n'y a même pas besoin de te voir pour te sentir venir.
La voix derrière le journal se moquait aussi de lui. C'était un électrochoc balancé comme ça, un énorme pic qui vint se faire une place au centre du cœur. Alors l'Ishii ne répondit que par une chose et se jeta sur l'homme. Son gros corps se balança en avant au même moment que son épée qui fracassa... Le vide. Et le monstre, à terre, propulsé par son élan contre le sol, se releva la tête basse.
-Tu es trop gros, donc trop lent.
La voix se moquait encore. Elle se moquait de son air pataud, de ses grosses mains qui tentaient tant bien que mal d'enserrer le minuscule bout de bois lui servant d'épée. Il avait les doigts si moites qu'ils se collaient au manche jusqu'à l'empêcher de le lâcher. Il avait le cœur si tambourinant de colère et de honte, les jambes si flageolantes de peur qu'il n'osait même plus bouger. Et les autres, eux, continuaient à rire, à se foutre de lui. Ils étaient là, en cercle autour de lui, à l'épier comme dans un spectacle de clown. Il avait beau fermer les yeux, il avait beau boucher se oreilles, il les entendait encore se moquer de lui. C'était leur joie de voir un spectacle si pathétique qui résonnait à sa gueule. Il se repliait contre son corps et pourtant il entendait toujours ces claques cogner à son esprit.
Elles tremblaient jusqu'à manquer de cogner les deux genoux l'un contre l'autre.
-Et bien, alors, tu n'arrives plus à supporter ton poids ?
Il pleurait, des petites secousses de tristesse gagnaient peu à peu son corps jusqu'à manquer de le faire tomber. Il pleurait d'horreur devant tant d'impuissance. Il pleurait de devoir encore lutter pour une raison qu'il ne comprenait pas. Qu'il ne connaissait pas. Et ses larmes se mirent à déverser la pente de ses joues plus vite encore que les gouttes de pluie sur les fenêtres de la salle. Il était laid, il était faible, pataud, bon qu'à être la risée de tous et ces gens là, ces autres gamins venu se former, ce sale maître, et tous les autres encore étaient là pour le lui démontrer. Tu n'es bon à rien qu'ils lui disaient ; Tu n'es bon à rien qu'à être la risée de tous, qu'ils insistaient. A ce moment là, il les haïssait, ils haïssait tous ces sales gamins qui lui montraient comme l'homme est vile, horrible, méchant, détestable. Il les haïssait tous autant qu'ils étaient. Il aurait aimé les frapper jusqu'à les tuer, leur montrer qu'on ne se moquait pas de lui comme ça, qu'on ne lui crachait pas à la figure ainsi, mais il ne pouvait pas... Il ne pouvait pas... Il ne pouvait pas...
-Tu es trop faible.
Il se releva pour continuer à frapper, tailler le vent, et chaque coup qu'il envoyait c'était une esquive facile. Ce n'était plus pour gagner, c'était pour se regagner, c'était pour calmer cette colère qui grondait, qui cognait à son corps d'agir. Il cognait et recognait sous les rires de la classe et chaque coup qu'il donnait était pour tous ces rires ; C'était sa manière à lui de frapper la moquerie, d'oublier la colère et de se tuer à l'épuisement pour enfin ne plus les entendre. Il cogna et recogna le vide jusqu'à ce que son corps ne s'effondre sur le sol. Il avait le teint blafard et ses tempes montaient et descendaient si forts qu'on eu cru qu'elles allait se détacher avec son cœur tambourinant contre le torse.
-Tu es trop faible.
L'épée se lâcha.
-Oui maitre.
-Tu es si gros qu'il n'y a même pas besoin de te voir pour te sentir venir.
La voix derrière le journal se moquait aussi de lui. C'était un électrochoc balancé comme ça, un énorme pic qui vint se faire une place au centre du cœur. Alors l'Ishii ne répondit que par une chose et se jeta sur l'homme. Son gros corps se balança en avant au même moment que son épée qui fracassa... Le vide. Et le monstre, à terre, propulsé par son élan contre le sol, se releva la tête basse.
-Tu es trop gros, donc trop lent.
La voix se moquait encore. Elle se moquait de son air pataud, de ses grosses mains qui tentaient tant bien que mal d'enserrer le minuscule bout de bois lui servant d'épée. Il avait les doigts si moites qu'ils se collaient au manche jusqu'à l'empêcher de le lâcher. Il avait le cœur si tambourinant de colère et de honte, les jambes si flageolantes de peur qu'il n'osait même plus bouger. Et les autres, eux, continuaient à rire, à se foutre de lui. Ils étaient là, en cercle autour de lui, à l'épier comme dans un spectacle de clown. Il avait beau fermer les yeux, il avait beau boucher se oreilles, il les entendait encore se moquer de lui. C'était leur joie de voir un spectacle si pathétique qui résonnait à sa gueule. Il se repliait contre son corps et pourtant il entendait toujours ces claques cogner à son esprit.
Elles tremblaient jusqu'à manquer de cogner les deux genoux l'un contre l'autre.
-Et bien, alors, tu n'arrives plus à supporter ton poids ?
Il pleurait, des petites secousses de tristesse gagnaient peu à peu son corps jusqu'à manquer de le faire tomber. Il pleurait d'horreur devant tant d'impuissance. Il pleurait de devoir encore lutter pour une raison qu'il ne comprenait pas. Qu'il ne connaissait pas. Et ses larmes se mirent à déverser la pente de ses joues plus vite encore que les gouttes de pluie sur les fenêtres de la salle. Il était laid, il était faible, pataud, bon qu'à être la risée de tous et ces gens là, ces autres gamins venu se former, ce sale maître, et tous les autres encore étaient là pour le lui démontrer. Tu n'es bon à rien qu'ils lui disaient ; Tu n'es bon à rien qu'à être la risée de tous, qu'ils insistaient. A ce moment là, il les haïssait, ils haïssait tous ces sales gamins qui lui montraient comme l'homme est vile, horrible, méchant, détestable. Il les haïssait tous autant qu'ils étaient. Il aurait aimé les frapper jusqu'à les tuer, leur montrer qu'on ne se moquait pas de lui comme ça, qu'on ne lui crachait pas à la figure ainsi, mais il ne pouvait pas... Il ne pouvait pas... Il ne pouvait pas...
-Tu es trop faible.
Il se releva pour continuer à frapper, tailler le vent, et chaque coup qu'il envoyait c'était une esquive facile. Ce n'était plus pour gagner, c'était pour se regagner, c'était pour calmer cette colère qui grondait, qui cognait à son corps d'agir. Il cognait et recognait sous les rires de la classe et chaque coup qu'il donnait était pour tous ces rires ; C'était sa manière à lui de frapper la moquerie, d'oublier la colère et de se tuer à l'épuisement pour enfin ne plus les entendre. Il cogna et recogna le vide jusqu'à ce que son corps ne s'effondre sur le sol. Il avait le teint blafard et ses tempes montaient et descendaient si forts qu'on eu cru qu'elles allait se détacher avec son cœur tambourinant contre le torse.
-Tu es trop faible.
L'épée se lâcha.
-Oui maitre.