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Retour d'outre tombe.

Reedlock Volgin a rejoint Inari depuis quelques temps déjà mais des mésaventures l'ont obligé à faire profil bas et à renoncer à tout ce qu'il avait obtenu depuis son évasion. C'est dans un pub miteux de l'île inférieure qu'il a pris l'habitude de ruminer son infortune en continuant de chercher une solution pour rétablir son statut.

J'en avais marre de la poisse, depuis mon évasion tout devenait de plus en plus chaotique, un bordel sans fin qui semblait ne pas vouloir s’atténuer. Je m'étais bercé de l'illusion de pouvoir repartir facilement de zéro, obtenir ce dont j'avais besoin grâce à ma réputation et ma force mais il n'y avait pas de place pour les rêves en ce monde du moins pour ceux qui n'étaient pas assez fort pour les réaliser. D'un geste de colère j'abattis la choppe de bière sur la table qui manqua de s’effondrer sous le choc, les regards des marins et autres poivrots du pub s'attardèrent sur la table du fond à laquelle j'étais assis seul dans l'obscurité mais très vite leurs yeux globuleux fûrent à nouveau happés par le contenu de leurs verres.

Mes mésaventures sur Inari s'étaient mal terminées car cela m'avait dépouillé du peu que j'avais à savoir mon pognon et mon temps, ah et mes compagnons accessoirement.

Rétrospectivement foncer au milieu d'une secte de moine combattant en distribuant des coups à tout ce qui bougeait n'était pas forcement l'idée du siècle mais la peur de perdre du pognon fraîchement mal acquis m'avait fait sauter l'étape de la préparation du plan. On s'était plutôt bien débrouillé au début, ils s'étaient repliés en panique tandis qu'on s'était aventuré à leur suite dans le temple. C'est là qu'on aurait dû sentir le coup fourré car une fois dans les étroits couloirs on s'était retrouvé pris au piège d'un véritable dédale labyrinthique et cerise sur le gâteau ces guignols étaient revenus à la charge.
Difficile de dire combien de temps nous avons combattu cette bande d'illuminés mais une chose est sûre cela paraissait sans fin à l'image de mon séjour sur le navire pénitentiaire de la marine. A force nous avons tenté de fuir plutôt que de les affronter sans arrêt et c'est là que nous avons été séparés. Ma fuite me mena à travers une succession de couloirs tous moins accueillant les uns que les autres car au fur et à mesure que je m'enfonçais dans ce repaire de tarés l'aspect religieux laissait sa place à un côté forteresse et salle de torture. Visiblement cette secte était bien plus sombre qu'elle ne le laissait filtrer et lorsque je fus pris au piège dans un cul de sac et que j'entendis leurs pas se rapprocher c'est avec l'énergie du désespoir que je m'activais à trouver une solution.

Je me collais contre le mur humide de briques sombres pour trouver une quelconque anfractuosité  dans laquelle me glisser mais pour une fois dame chance me sourit et donna mieux que ça. Entre les fissures je sentis un fin courant d'air, porteur de l'odeur saline de la mer et sans attendre je donnais un violent coup dans le mur qui vacilla sous l'impact. Après plusieurs essais je le fis voler en éclat en tombant à sa suite.
La construction souterraine était en bordure de l'île flottante et la chute que je fis en explosant le mur rongé par l'érosion me précipitait vers l'île inférieure et ma mort qui plus est, ce n'est que grâce à mon instinct de survie que je parvins à me rattraper in extremis à une corniche malgré le choc qui faillit déboîter mon épaule. A grand effort je parvins à me hisser sur le rebord rocheux balayé par le vent, il serpentait le long de la façade de l'île vers une destination incertaine mais également unique.
Ce ne fût qu'après plusieurs heures de marche et après le coucher du soleil tout en luttant contre les rafales cinglantes qui fouettaient roche comme chair que je redécouvris la civilisation.


Dernière édition par Reedlock Volgin le Jeu 26 Déc 2013 - 20:40, édité 1 fois
    Au souvenir de cette marche forcée contre les éléments j'eus un long soupir et fis signe à une des serveuse de remplir ma choppe. Redescendre de cette île volante sans me faire attraper par la marine avait été un calvaire, j'avais dû me planquer dans des déchets alimentaires que les religieux offraient gracieusement aux habitants les moins fortunés d'en bas. C'est pas tant l'odeur qui m'avait insupporté, j'avais déjà connu bien pire lors de ma détention mais c'était l'idée que moi Reedlock Volgin je devais cohabiter avec des pelures de légumes pour survivre. Et encore ça aurait pu s'arrêter là mais si je suis toujours dans ce bled au fin fond d'une taverne moisie en train de me plaindre de ma poisse tout en buvant une bière coupée à l'eau c'est évidemment parce que la suite ne s'est pas améliorée.

    Une fois redescendu au port j'avais dû faire face à la cruelle vérité que mon pognon m'avait été soufflé et que je n'avais plus rien. Impossible de quitter Inari, même pas de quoi me nourrir ou dormir au chaud. Je m'étais mis à la recherche d'un stratagème pour me sortir de ce trou plus riche qu'à mon arrivée comme j'avais su le faire auparavant mais il fallait croire que tout ce qui pouvait être un tant sois peu précieux était retenu sur l'île flottante. Celle là même dont les accès étaient gardés par des marines.

    Les premiers jours je m'étais contenté de guetter une occasion au port pour embarquer comme passager clandestin mais la surveillance était étroite il n'y avait pas masse de départ ce qui fait que les piécettes se raréfiant et mon ventre criant de plus en plus famine je m'étais détourné vers d'autres activités plus généreuses.

    Au souvenir de mon petit plan fignolé avec soin pour dérober du matos à la garnison locale de la marine pour le revendre sous le manteau je faillis verser une larme. C'était bien pensé et ça aurait pu réussir mais faire ça tout seul était trop compliqué, mon infiltration avait foiré et je 'avais eu de la chance de ne pas me faire attraper. Après ça j'avais perdu la foi, grâce à mes muscles je m'étais fait engager comme docker et voilà où j'en étais depuis un paquet de semaine, une paye qui était bouffée par la nourriture et la chambre miteuse dans laquelle je dormais.
    J'avalais d'une traite la blonde que m'avait servie une des gamines et me relevais péniblement, dehors la nuit était tombée et je devais regagner mon panier pour être frais demain. L'ancien trafiquant d'armes devenu un gentil toutou, le genre de type qui travaille honnêtement pour un salaire pitoyable et se contente de son confort de misère. Le plus vicieux dans ce genre de vie c'était que l'on s'y habituait, la certitude du lendemain et l'absence de risque ça vous passait la muselière plus surement qu'aucun formatage gouvernemental.


    Dernière édition par Reedlock Volgin le Jeu 26 Déc 2013 - 20:41, édité 2 fois
      L'air frais du port était le meilleur moyen de dessaouler un homme, une brise vivifiante qui circulaient entre les machines de chargement et les conteneurs. Les quais étaient déserts et plongés dans l'obscurité, seule les silhouettes des caisses de marchandises se détachaient de la platitude des lieux comme un rappel de ma future journée.

      Sans m'en rendre compte je pris la direction du front de mer où mouillaient les navires, des géants de bois qui partaient vers divers endroits des Blues. Chacun d'entre eux pouvaient me relancer dans l'aventure mais si l'idée me chatouillait d'un côté, de l'autre je repensais à la taverne et à tout ce que j'avais ressassé. Mes mésaventures m'avaient épuisées et si rien ne me donnait un coup de fouet je risquais bien d'accepter cette nouvelle vie si ce n'était déjà fait.
      J'étais si bien plongé dans l'observation d'un cargo que je n'avais pas remarqué l'ombre se faufilant entre les caisses dans mon dos. A vrai dire j'avais senti un regard insistant peser sur moi à ma sortie du pub mais j'avais cru à un de ces détrousseurs des bas quartiers à la recherche d'un marin trop ivre pour se défendre. J'étais trop costaud pour ces vermines et je n'y avais pas prêté attention mais maintenant cette présence resurgissait et je comprenais qu'il s'agissait d'un pro, le genre de type qui avait l'habitude de se faufiler sournoisement et de mener des filatures et c'était moi la cible visiblement.

      Des bruits de pas résonnèrent sur les dalles humides, l'ombre était sortie de sa cachette et marchait droit vers moi d'un pas lent et assuré, je me retournais pour découvrir un jeune homme en costard trois pièce portant sa veste sur ses épaules pour laisser sa chemise respirer. Il tenait une matraque dans la main droite mais ne semblait pas spécialement costaud, pourtant je pouvais deviner qu'il cachait quelque chose.

      -Laisse moi deviner. T'es trop bien sapé pour être un morveux des taudis mais vu ta méthode t'as pas l'air d'être de la marine. Hmmm le Cipher Pol peut être mais je vois pas ce que les services du gouvernement me voudraient donc il ne reste qu'une possibilité.

      Il y eut un long instant de flottement où ne se fit entendre que le seul remous de la mer. Le gamin ne bougeait pas d'un pouce se contentant de m'observer, ses cheveux étaient noirs et sa peau basanée seul ses yeux rouges le trahissaient dans l'obscurité. La tension du moment atteignit son paroxysme et se brisa en un clin d’œil lorsqu'il esquissa un bref sourire avant de foncer sur moi d'un mouvement vif et surprenant.
      Son poing gauche vint à la rencontre de ma gueule mais j'étais plus rapide que ma carrure le laissait penser, d'un geste de la nuque je me mis hors d'atteinte de son attaque pour découvrir que ce n'était qu'un leurre. La matraque me frappa en plein estomac pour me projeter contre la coque du navire que j'observais quelques minutes plus tôt.

      Je passais à travers comme dans du beurre pour atterrir sur un empilement de sac de graines, le coup m'avait coupé le souffle mais n'avait pas vraiment causé de dégâts, en revanche je pouvais sentir plusieurs morceaux de bois plantés dans mon dos, pas profondément au moins. Je me relevais en poussant un juron, si ce gamin voulait danser j'allais lui donner la meilleure valse de toute sa vie. Je saisis l'une des caisses présente dans la cale et la soulevais au dessus de ma tête pour me diriger vers l'ouverture crée par le choc. Le port était à nouveau désert, le morveux s'était planqué quelque part pour attendre une ouverture, une veine se gonfla sur mon front tandis que je balançais ma caisse sur un conteneur suspect.

      Il n'y eut rien d'autre qu'un vacarme tonitruant et d'un bond je franchissais le vide me séparant du quai. C'était comme se jeter dans une cage pleine de fauves, je pouvais sentir la menace émaner de n'importe où mais impossible de deviner d'où il frapperait et contre toute attente cela me fit plaisir. Le coup de fouet dont j'avais besoin c'était probablement ça, un danger qui mettait mes sens en éveil et me rappelait un nombre incalculable de situations passées auxquelles j'avais dû faire face et grâce à ça je savais comment gérer le moment.
      D'une brusque foulée je m'élançais vers la fin du port, là où la ville le rejoignait, ce gamin avait l'intention de me laisser le chercher pour que je lui crée une ouverture mais au lieu de ça j'allais le forcer à sortir de son trou s'il me voulait. Il ne se fit pas attendre et se paya même le luxe de me surprendre car à l'angle du dernier conteneur la matraque resurgit de nouveau pour frapper mon torse, ce type s'était renseigné sur moi afin de connaître ma façons de penser mais il s'y était pris trop tôt cette fois car j'eus le temps de ralentir ma course pour diminuer l'impact. A nouveau mon souffle fût coupé mais pas suffisamment pour me laisser incapable d'agir, d'une main j'attrapais sa matraque et le tirait de sa cachette. Il fût littéralement arraché du sol et dans le mouvement me colla un violent kick droit sur ma nuque, je faillis flancher mais je n'allais pas laisser ma proie s'échapper et au lieu de ça raffermis mon emprise sur son arme tout en préparant mon poing libre pour un bon vieux Mot Pulk. Maintenant il allait danser et recracher ses tripes, j'aurais tout le temps de le cuisiner après.

      Mon coup allait partir pour rejoindre son estomac mais je sentis une violente secousse agiter mon crâne, un objet métallique m'avait caressé l'arrière de la tête et alors que je sombrais dans l'inconscience j'eus juste le temps de comprendre que la chose que cachait ce type n'était autre qu'un coéquipier.