Devant le Grey Terminal, East Blue……
An de grâce 1600 – 20 h 25
An de grâce 1600 – 20 h 25
" Si je ne quitte pas l’abime des yeux, sans doute restera t-elle loin de moi"
C’est l’adage de ceux qui n’ont rien à perdre ou de ceux qui justement ont trop perdu. Le secret ne se transmet pas, il procède juste de cette part d’ombre qui nous susurre les vérités amères à au Soir des Rois mêlant l’agonie à la naissance de l’Aube des Vaincus.
L’abime, c’est ce qui reste de souffrances à parcourir et elle s’ouvre sous nos pas. Elle serait si vite négligeable si le saut qui y conduit n’était pas si enivrant. Je suis de ceux qui, s’ils n’ont pas une sale histoire à se mettre sous la dent, s’en invente une. Autant vous dire que de ce fait, l’abime avait le gout du miel et la brillance du diamant.
Cet équilibre cependant s’était installé et dès lors, je ne quittais plus l’abime des yeux.
De ce fait, surement elle ne s’approcherait pas.
Mais le choix qui fut pris ne fut pas le sien, même si je l’appelais de tous ses vœux n’osant rompre l’omerta rassurante qui couvait sous le ciel pleurant d’Inu Town.
L’assaillant n’avait pas de visage mais le bras d’un passé qui vous rattrape. Les questions viendraient plus tard, sans doute avec l’ombre des remords de n’avoir pas pu prévoir ou simplement inconsciemment, pas voulu. C’était simplement leur manière d’être : « trouvez-nous et c’est votre mort que vous trouverez, tenez-vous le pour dit ».
Ce ne fut jamais autant vrai.
L’Ombre et la Fureur, c’est ce que gagna le belligérant qui très vite perçu que ces deux-là se battaient pour des choses qui sans doute tenaient plus de l’instinct de survie que de la Dance du Sang. Rage contre rage et coup pour coup.
Ce ne fut pas un combat titanesque, certes non.
Ce fut quelque chose de déterminent : un épilogue ou un prologue.
L’issue ferait la différence.
Une voie inédite fut trouvée. Dans ma retraite précipitée, l’assaillant bascula entrainant à sa suite ses victimes.
Et l’abime, bien que j’eu gardé le regard rivé sur elle, se rua à la curée.
Shira en mon cœur, Svetlanna et Torvald sur mes genoux : je bascule.
Il est de ces voyages qu’on peut difficilement vous raconter. Il est de ces expériences dont on sort changé à jamais lorsqu’on a sentit le frisson d’un paradigme nouveau caresser l’échine des probables pour en saisir une branche à l’odeur inédite.
L’Homme venu pour eux, pour briser le métronome les ayant totalement englués dans l’immobilisme rassurant mais les vidant peu à peu d’eux même, venait de leur offrir un voyage improbable au bout d’un univers et sans doutes au bout d’eux même.
Dans ce vortex, tous les passés, les présents et les avenirs se conjuguaient dans une cacophonie où l’harmonique dissonante paradoxalement poussait à l’apaisement. Dans leur retraite , il n’y avait plus de chemin, plus de routes, plus de fuites, plus de peurs, plus de challenge.
En un mot : plus de vie…enfin, plus de ce qui faisait LEUR vie.
Le nouveau cap s’étalait là droit devant dans la brume des mondes : hostile et mystérieux..oui..mais une direction à prendre reste un chemin à arpenter malgré tout.
C’était la drogue dont ils s’enivraient et qui faisait qu’ils se savaient en vie.
C’est le chant silencieux des mondes que parfois les évènements portent enfin à vos oreilles
Regardez, enfants !!!
C’est l’air que vous respirez, c’est le souffle agitant vos cheveux, le mouvement attirant l’œil.
C’est vivant, c’est ce qui peut être et c’est ce que vous pouvez devenir.
Voilà la grande vérité de l’univers, vous êtes ces mondes que vous réinventez à chaque risque.
J’en suis parfaitement conscient alors que les mondes se dessinaient et égrainaient une danse mystique dans la tourmente, je savais que je devais avancer sans se retourner de peur de subir le sort de la femme de Loth.
J’étais là, à regarder bouche bée se spectacle unique lorsque je sentis la chaleur d’une main sur la mienne et je l’ai su bien avant d’entendre cette voix inconnue.
J'ai su.
Le Salut ne viendrait pas des dieux car c’est un concept erroné. Ici en ce lieu, plus de faux semblants, plus d’agenouillements devant les croix illusoires, la vérité nue et magnifique.
Le Salut vient de ce qu’on chérit le plus.