-Je quitte des ruines pour d'autres ruines. Ma vie est géniale.
-Tu as dit quelque chose ?
-Pas du tout.
Faux sur l'épaule, Rachel mit un pas devant l'autre pour descendre la passerelle qui menait aux quais effervescents du QG de South Blue. Effervescents, parce que la guerre n'était pas bien loin et les cicatrices qui marquaient l'île la zébrait de ces blessures profondes qu'on ne peut ignorer. Pourtant, les gens s'activaient. Des travailleurs affluaient depuis la catastrophe. Ils logeaient tous dans la petite bourgade d'ordinaire réservée aux familles des marins en faction sur l'île et elle peinait aujourd'hui à tous les accueillir. Cela-dit, la base G-4 n'avait jamais connue une telle activité et même l'île de la vache lors de son rassemblement annuel n'était pas tant une fourmilière que ce QG en ce jour. Les affaires marchaient bien pour les petits commerces du bourg. Et les rares qui tenaient encore debout avaient quadruplé leurs chiffre annuel en quelques mois. Du coup, les navires marchands affluaient. On aurait dit une passerelle commerciale incontournable. Rachel imaginait la quantité astronomique de berrys et les tonnes de bière, de farine ou de pierre qui gravitaient sur cette plateforme et elle en eut le tournis. Ou peut-être étais-ce à cause de ses blessures. Il fallait avouer que Mantle Shoma n'y avait pas été de main morte. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était là. La grande gourou en médecine aurait probablement de meilleurs remèdes que les quelques marins en factions sur une île anonyme. Et puis, le Lieutenant Blacrow avait repoussé Shoma par deux fois. Elle avait bien le droit à ce petit cadeau, non ?
Sur les quais, elle s'écarta pour laisser passer une cargaison de sacs de toile, de poches de jute et de caisses pleines à craquer puis ignora l'appel d'un marin avec lequel elle avait fait la traversée qui lui hélait d'aller directement à l'infirmerie. Elle avait refusé qu'on l'y accompagne, alors il insistait. Elle remonta la faux sur son épaule et prit un pas décidé bien que mal assuré. Il était possible qu'elle fasse quelques détours. Non pas qu'une activité redoublée lui plaisait, mais elle n'avait pas envie qu'on la traite à base de plantes et de décoctions étranges. Surtout pas une femme qui avait vécue comme une sauvage sur une île de sauvages. À ce qu'on lui avait raconté sur le navire. Certes elle-même avait été élevée par des pirates, mais bon, elle s'était rangée maintenant. Alors que les recettes miracles de tribus arriérées... enfin.
Rachel gravit les rues pour gagner les hauteurs de l'île, croisant nombre d'hommes rodés en plein travail, heureux que le soleil n'ait pas décidé de brûler leurs chairs révélées sous d'implacables rayons, préférant jouer lascivement avec des nuages laiteux. Et Rachel ne se priva pas d'admirer du coin de l’œil toutes ces musculatures saillantes et perlant sous l'effort. C'est donc avec un petit sourire et d'une démarche un peu plus légère que les bandages cachés sous ses vêtements d'officiers n'auraient laissé présager qu'elle atteignit rapidement le long bâtiment annexe réservé à l'infirmerie. Un truc tout de bois, tout de guingois et antonyme même de la joie. À l'intérieur, il n'y avait pas foule. Les blessures ayant été guéries il y a déjà un moment, ne restaient sur place que les cas les plus préoccupant. Mais lorsque les effluves des plantes médicinales et des produits cosmétiques désinfectant la prirent au nez, Rachel tourna vivement les talons et mit le plus de distance possible entre elle et ce truc qui faisait office d'hôpital le temps des travaux. Et alors qu'elle s'était posée contre une colonne qui semblait finie et qu'elle observait en contrebas les charpentiers, les tailleurs de pierre et les marins s'agiter, elle se dit que ce combat là était bien plus éprouvant que celui qu'elle avait mené contre Shoma. Même s'il était moins dangereux et moins gratifiant si on en ressortait vainqueurs. Car l'issue était connue d'avance : ils en sortiraient vainqueurs.
Même s'il y aurait des pertes.
-Ne lâche pas la corde !
-Elle glisse !
-Elle va rompre !
-Que quelqu'un aille l'aider !
-La poulie ne va pas supporter !
-Moi non plus !
-Putain les gars me laissaient pas dessous !
-ATTENTION !
-PLONGE !
Il y eut un chaos assourdissant et même une fois l'écho étouffé, le silence garda son droit de parole. Comme si soudainement tout le monde était devenu sourd. Seules les mouettes et le marteau sur l'enclume du forgeron dans la ville laissa supposer le contraire. Un bâtiment s'était écroulé. Il avait subi des dommages lors de l'attaque, mais pas assez pour être jugé foutu par les architecte. Ils avaient donc réparé par dessus les fissures et fragilités des fondations. Ça n'avait pas réussi. Et maintenant, plusieurs personnes étaient bloquées. Peut-être mortes. Pas toutes, au moins une répondait. Enfin, hurlait.
-MAIS SORTEZ MOI DE LA ENFIN !
Au moins une n'était-elle pas morte.
-Je m'en occupe.
Une faux se planta délibérément près du pied de l'un des travailleurs. Il était plutôt beau gosse, mais son air apeuré lui enlevait tout crédit aux yeux de Rachel. Magnifiques et verts, au passage, pour ceux qui l'ignoreraient encore. Elle releva ses manches, laissant apparaître de fines brûlures qu'elle s'était elle-même infligées lors de la détonation qui avait fait fuir le capitaine des Red Spectres. Respirant profondément, elle saisit à deux mains l'un des montants de pierre qui s'étaient effondrés et tira pour le redresser. Ce n'était pas une mince affaire, mais sa faux pesait 60 kilos, alors elle arriva facilement à créer une ouverture assez large pour laisser passer quelqu'un.
-Tu peux monter
-MOI OUI, MAIS JE SUIS PAS SÛR QUE LUI LE PUISSE !
-Alors je descends. Quelqu'un pour me tenir ça ou pour me suivre ? Finit-elle en se retournant tranquillement vers une assistance un peu plus grande que deux minutes plus tôt.
-Tu as dit quelque chose ?
-Pas du tout.
Faux sur l'épaule, Rachel mit un pas devant l'autre pour descendre la passerelle qui menait aux quais effervescents du QG de South Blue. Effervescents, parce que la guerre n'était pas bien loin et les cicatrices qui marquaient l'île la zébrait de ces blessures profondes qu'on ne peut ignorer. Pourtant, les gens s'activaient. Des travailleurs affluaient depuis la catastrophe. Ils logeaient tous dans la petite bourgade d'ordinaire réservée aux familles des marins en faction sur l'île et elle peinait aujourd'hui à tous les accueillir. Cela-dit, la base G-4 n'avait jamais connue une telle activité et même l'île de la vache lors de son rassemblement annuel n'était pas tant une fourmilière que ce QG en ce jour. Les affaires marchaient bien pour les petits commerces du bourg. Et les rares qui tenaient encore debout avaient quadruplé leurs chiffre annuel en quelques mois. Du coup, les navires marchands affluaient. On aurait dit une passerelle commerciale incontournable. Rachel imaginait la quantité astronomique de berrys et les tonnes de bière, de farine ou de pierre qui gravitaient sur cette plateforme et elle en eut le tournis. Ou peut-être étais-ce à cause de ses blessures. Il fallait avouer que Mantle Shoma n'y avait pas été de main morte. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était là. La grande gourou en médecine aurait probablement de meilleurs remèdes que les quelques marins en factions sur une île anonyme. Et puis, le Lieutenant Blacrow avait repoussé Shoma par deux fois. Elle avait bien le droit à ce petit cadeau, non ?
Sur les quais, elle s'écarta pour laisser passer une cargaison de sacs de toile, de poches de jute et de caisses pleines à craquer puis ignora l'appel d'un marin avec lequel elle avait fait la traversée qui lui hélait d'aller directement à l'infirmerie. Elle avait refusé qu'on l'y accompagne, alors il insistait. Elle remonta la faux sur son épaule et prit un pas décidé bien que mal assuré. Il était possible qu'elle fasse quelques détours. Non pas qu'une activité redoublée lui plaisait, mais elle n'avait pas envie qu'on la traite à base de plantes et de décoctions étranges. Surtout pas une femme qui avait vécue comme une sauvage sur une île de sauvages. À ce qu'on lui avait raconté sur le navire. Certes elle-même avait été élevée par des pirates, mais bon, elle s'était rangée maintenant. Alors que les recettes miracles de tribus arriérées... enfin.
Rachel gravit les rues pour gagner les hauteurs de l'île, croisant nombre d'hommes rodés en plein travail, heureux que le soleil n'ait pas décidé de brûler leurs chairs révélées sous d'implacables rayons, préférant jouer lascivement avec des nuages laiteux. Et Rachel ne se priva pas d'admirer du coin de l’œil toutes ces musculatures saillantes et perlant sous l'effort. C'est donc avec un petit sourire et d'une démarche un peu plus légère que les bandages cachés sous ses vêtements d'officiers n'auraient laissé présager qu'elle atteignit rapidement le long bâtiment annexe réservé à l'infirmerie. Un truc tout de bois, tout de guingois et antonyme même de la joie. À l'intérieur, il n'y avait pas foule. Les blessures ayant été guéries il y a déjà un moment, ne restaient sur place que les cas les plus préoccupant. Mais lorsque les effluves des plantes médicinales et des produits cosmétiques désinfectant la prirent au nez, Rachel tourna vivement les talons et mit le plus de distance possible entre elle et ce truc qui faisait office d'hôpital le temps des travaux. Et alors qu'elle s'était posée contre une colonne qui semblait finie et qu'elle observait en contrebas les charpentiers, les tailleurs de pierre et les marins s'agiter, elle se dit que ce combat là était bien plus éprouvant que celui qu'elle avait mené contre Shoma. Même s'il était moins dangereux et moins gratifiant si on en ressortait vainqueurs. Car l'issue était connue d'avance : ils en sortiraient vainqueurs.
Même s'il y aurait des pertes.
-Ne lâche pas la corde !
-Elle glisse !
-Elle va rompre !
-Que quelqu'un aille l'aider !
-La poulie ne va pas supporter !
-Moi non plus !
-Putain les gars me laissaient pas dessous !
-ATTENTION !
-PLONGE !
Il y eut un chaos assourdissant et même une fois l'écho étouffé, le silence garda son droit de parole. Comme si soudainement tout le monde était devenu sourd. Seules les mouettes et le marteau sur l'enclume du forgeron dans la ville laissa supposer le contraire. Un bâtiment s'était écroulé. Il avait subi des dommages lors de l'attaque, mais pas assez pour être jugé foutu par les architecte. Ils avaient donc réparé par dessus les fissures et fragilités des fondations. Ça n'avait pas réussi. Et maintenant, plusieurs personnes étaient bloquées. Peut-être mortes. Pas toutes, au moins une répondait. Enfin, hurlait.
-MAIS SORTEZ MOI DE LA ENFIN !
Au moins une n'était-elle pas morte.
-Je m'en occupe.
Une faux se planta délibérément près du pied de l'un des travailleurs. Il était plutôt beau gosse, mais son air apeuré lui enlevait tout crédit aux yeux de Rachel. Magnifiques et verts, au passage, pour ceux qui l'ignoreraient encore. Elle releva ses manches, laissant apparaître de fines brûlures qu'elle s'était elle-même infligées lors de la détonation qui avait fait fuir le capitaine des Red Spectres. Respirant profondément, elle saisit à deux mains l'un des montants de pierre qui s'étaient effondrés et tira pour le redresser. Ce n'était pas une mince affaire, mais sa faux pesait 60 kilos, alors elle arriva facilement à créer une ouverture assez large pour laisser passer quelqu'un.
-Tu peux monter
-MOI OUI, MAIS JE SUIS PAS SÛR QUE LUI LE PUISSE !
-Alors je descends. Quelqu'un pour me tenir ça ou pour me suivre ? Finit-elle en se retournant tranquillement vers une assistance un peu plus grande que deux minutes plus tôt.
Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Ven 3 Jan 2014 - 12:25, édité 1 fois