Pendant que tu dors, je veille. Je veille sur toi, sur vous. Sur nous tous. Je veille mais c'est pour mieux écrire. Pour mieux me vider de mon verbe acide qui m'esquinte la bouche et que je ressasse.
En réalité, c'est la lune qui me veille. Depuis tout petit qu'elle me guette. On me dit lunatique. Elle est venue se pencher sur ce qu'était mon berceau et elle m'a étranglé doucement de sa main froide. Dans le silence de la nuit, elle m'a glissée que j'étais à elle. Tout à elle.
Alors arrête avec tes grands airs !
Tu dois te dire que la vie m'a craché dessus mais j'en ai rien à foutre. C'est moi qui crache sur la vie. Je suis né au Grey Terminal. La vie aurait voulu que j'y croupisse comme les rats s'y complaisent. Mais la vie, je l'emmerde.
Arrête avec tes grands airs !
Arrête avec tes longs voiles noirs. Je ne sais pas qui tu es mais toi aussi t'emmerdes la vie. Tu te caches dans tes draps sombres pour porter le deuil de la vie que tu n'as jamais eu. Toi aussi tu es une crasseuse. Mais comme toute les gamines de ton âge, tu veux avoir ta part de féminité avec tes bracelets trop grands que tu as perdu et que tu arranges. Quelque part, c'est cracher sur la vie qui voulait que tu restes dans ton coin à moisir. Toi, comme tous les autres.
Arrête avec tes grands airs !
Arrête de m'intriguer, de jouer la petite soeur que je n'ai jamais eu. La vraie petite soeur que je voudrais protéger. Ca marche pas. J'en ai déjà une et elle m'a craché au visage. Toi aussi tu me cracheras au visage un jour. Tu ne rejoindras peut être pas la Marine pour te créer une carapace, pour faire l'opposé de ton frère dont tu n'aimes pas les manières. Mais je décide moi même de ce que je veux dans la vie. L'esclavagisme c'est une manière de cracher sur la vie et ses créations, c'est une volonté, pas un choix par défaut.
Mais arrête avec tes grands airs !
Arrête d'essayer de me trouver un coeur pour me le fendre. Je n'ai rien sur la main si ce n'est le sang que je fais couler.
Arrête ... Ouais, s'il te plait ... Arrête de me faire douter, je veux que cette bile soit la dernière gaspillée inutilement sur une lettre.
Arrête ... Ouais, s'il te plait ... Arrête de me faire douter, je veux que cette bile soit la dernière gaspillée inutilement sur une lettre.
Laisse moi, oui, laisse moi éructer mon venin à la face du monde, laissez moi suinter de sadisme. Je ne suis qu'un homme sur qui la vie a craché.