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Sur le chemin des Bannis

Cela devait faire des mois qu'ils avaient pris la mer... Et encore, certains étaient là depuis encore plus longtemps. Traverser Calm Belt, puis Grand Line, puis Calm Belt encore une fois, ça n'avait pas été la chance de Yoru. Le samouraï avait été embarqué à Logue Town, et le navire de transport c'était ensuite dirigé vers Red Line. Et ensuite, ça avait été le long tunnel.
Et durant tout ce voyage, il avait été confronté aux hommes, traité comme l'égal d'être sans honneur. Pire ! On lui avait demandé de déposer ses armes le temps du voyage ! Quelle disgrâce. Heureusement qu'on lui en laissait l'accès quotidiennement pour son entrainement. Comme quoi, les compromis ça marche dans les deux sens.
En parlant de disgrâce, Sengoku Yoru avait été forcé d'être le voisin d'un vieil ivrogne qui puait l'alcool, la fumée et toute sorte d'odeurs corporelles auxquelles il n'osait penser tant elles étaient ignobles. Selon les passagers avec lesquels le bushi s'était entretenu et qui avaient fait le voyage depuis South Blue, le vieillard était arrivé, s'était assis dans son coin et était resté là. Personne ne l'avait vu bouger depuis, si ce n'était pour manger, boire ou fumer, toujours à sa place. Bizarrement, sa gourde semblait toujours pleine, et tout le monde attendait le jour où se trouverait à court de ses immondes cigares.
Mais ce jour ne semblait pas devoir arriver. Si bien que les passagers s'impatientaient, attendant l'arrivée au BAN depuis qu'ils étaient arrivés sur l'océan du nord. Et cette nuit-là, où nombre d'entre eux n'arrivaient pas une fois de plus à trouver le sommeil à cause du vieillard, de ses odeurs et de ses ronflements, ne dérogeait pas à cette règle. Bien qu'elle allait en enfreindre d'autres...

Une sirène retentit. Des coups de feu accompagnés du son caractéristique des combats se firent entendre au dessus de la cale où dormaient les recrues de l'élite de la marine. Un soldat entra avant que quiconque dans le dortoir ne sorte de son hamac, l'air paniqué. Deux mots sortirent de sa bouche:

"Des pirates..."

Il n'eut pas le temps d'en dire plus, la porte se rouvrit et il disparut. Mais tous entendirent sa gorge être tranchée. Le sang qui coula dans l'embrasure ne laissa d'ailleurs aucun doute à ce sujet. Une longue ombre pénétra ensuite, suivie d'une vingtaine de silhouettes, certaines armées, d'autres non, qui écrasèrent sans ménagement tout œuf semblant pouvoir renfermer une quelconque forme de résistance. L'ombre passa entre les regards furieux des futurs marins d'élite sans se soucier d'eux jusqu'à ce qu'il atteigne le dernier hamac, celui d'où s'échappait de lourds ronflement. D'un coup de pied, il en fit tomber le contenu.

"Bien, la cargaison est là. Messieurs, on en aura pour notre argent. Surveillez les bien, je ne veux pas d'incident jusqu'à la livraison au marché."

L'ombre disparut derrière la porte. Ses soldats, eux, restèrent, et molestèrent les côtes de quiconque osait ouvrir la bouche. Dans un coin du dortoir, des volutes de fumée commencèrent de s'élever. Combien de temps cela allait-il prendre avant que les ravisseurs ne s'attaquent à lui ?
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Accroupi par terre, Yoru observait la situation. Deux instincts s’affrontaient en lui. Le premier, celui qui l'avait saisi dès que les bruits de combat avaient commencé à retentir, lui suggérait de sauter sur le pirate le plus proche, de le jeter au sol, de l’assommer d'une bonne droite puis de passer au suivant et ainsi de suite jusqu'à ce que le bateau soit libéré. Il l'appelait "l'instinct samouraï". Le second lui soufflait de prendre le temps de la réflexion, tachait de lui faire remarquer tout un tas d'incohérences dans cette attaque en plein milieu de la nuit. Celui-là, il le nommait "instinct de survie".  

D'un geste négligeant du bras, le samouraï attrapa le cigare dans la bouche du vieillard et l'écrasa au sol pour l'éteindre avant de le ranger dans une de ses poches. Pas que l'odorant personnage gênait réellement Yoru, mais dans cette situation attirer l'attention risquait de valoir des coups dans la tronche de la part de leurs ravisseurs. Le vieux bougon tenta bien quelques grognements mais une menace aboyée par l'un des pirates rétablit le silence.

Va pour la réflexion. Tout en scrutant toujours les gardes, le samouraï étudia la situation.

Tout abord, pourquoi cette attaque ? Celui qui semblait être le chef des pirates avait désigné les marines captifs comme une "cargaison". Ces hommes étaient donc des marchands d'esclaves ? Pourquoi prendraient-ils le risque d'attaquer un navire de la Marine plein de soldats pour trouver de la marchandise ? C'était une attaque plus que risquée pour très peu de bénéfices, finalement. A moins qu'ils soient sûrs de ce qu'ils allaient trouver, à savoir des soldats entrainés mais désarmés attendant sagement dans une cale et pouvant faire d'excellents mercenaires à vendre, ce qui semblait être le cas d'après les quelques paroles du chef des pirates.
Et s'ils étaient au courant, quelqu'un les avait forcément prévenu. D'une part de la présence ici de soldats endormis, d'autre part de l'itinéraire chaotique du navire de transport.

Du coup, deux hypothèses s'établissaient dans l'esprit du samouraï : la première, un traître au sein de la Marine les avait vendus, le vieux malodorant, ses collègues et lui à ces marchands d'esclaves. La seconde, le BAN testait ces futures recrues avec de faux pirates. Certes, le sang qui avait coulé sous la porte n'était pas vraiment en faveur de cette hypothèse, mais il pouvait s'agir d'une mascarade destinée à les tromper, d'autant qu'ils ne voyaient finalement pas grand chose dans le noir.

Tachant de ne pas se faire remarquer, Yoru cherchait à présent des indices dans la posture des ravisseurs, leur façon de tenir leurs armes, de se déplacer. Il tentait de repérer d'éventuelles attitudes qu'auraient des soldats entrainés mais la pénombre de la cale ne l'y aidait pas. Ce qu'il lui fallait, c'était un moyen de tester ces hommes. Quelque chose de tellement ancré chez des soldats qu'ils y réagiraient instinctivement. Une solution lui traversa soudain l'esprit.
Tout en gonflant ses poumons, il scruta attentivement les ombres des pirates pour voir comment ces derniers allaient réagir.

" GARDE A VOUS ! "

C'est à ce moment que l'idée lui vint que même si son hypothèse était la bonne, le BAN pouvait très bien avoir avoir magouillé avec d'autres personnes que des soldats. Trop tard. Et s'il s'était trompé, il pourrait toujours laisser libre cours à son instinct samouraï !
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Le reflex des assaillants fut de se figer, non pas dans un salut martial, mais dans une posture un peu plus agressive. Tous les canons étaient pointés vers le samouraï et les compagnons d'infortune de celui-ci lui jetaient des regards interdits, se demandant s'ils allaient assister à un passage à tabac en bonne et due forme. Mais aucun ne bougea le moindre muscle pour l'aider. Après tout, s'il voulait chercher des ennuis, c'était son problème.

Mais alors qu'un des intrus s'approchait de Yoru, un large morceau de tissu s’abattit sur lui et l'attira dans un coin sombre. Personne ne vit où l'homme avait disparu. La structure du navire l’abritait des regards. Personne n'entendit quoi que ce soit, et lorsque ses équipiers s'étaient approchés un peu trop, un éclair métallique fusa et l'un d'entre eux se retrouva les quatre fers en l'air, désarmé. Le petit vieux malodorant se tenait devant eux, un fusil entre les mains, gardant en joue l'ennemi qui l'encerclait.

Il se débrouillait plutôt bien, l'ancien. Mais pourquoi ne se faisait-il pas tirer dessus ?

"Arrêtes ton cirque, papy. Laisse tomber, t'as aucune chance..."

Un déclic se fit entendre, pas de détonation. Un rictus s'étendit sur le visage du pirate alors que l'ancêtre baissa le canon du fusil. Il déchanta rapidement lorsqu'il se mit à avancer vers lui.

"T'as pas d'munition, couches-toi et il t'arrivra-"

Un coup de crosse circulaire plus tard, les yeux du grand-père passèrent de visage en visage. Il semblait attendre quelque chose, mais personne n'osait bouger, ni chez les prisonniers, ni chez les assaillants. Il poussa un long soupir, et prit finalement la parole.

"Faut tout vous dire ou quoi ? Occupez-vous d'eux avant qu'ils alertent ceux qu'ont des fusils chargé. Et en silence."

L'armure qui semblait avoir plus de vécu que n'importe qui dans la cale se retourna vers Yoru et lui tendit la main. Elle semblait attendre quelque chose de sa part, et devait être prête à venir la chercher.


Dernière édition par Sebastian Archibald Mavim le Mar 21 Juil 2015 - 21:38, édité 1 fois
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- Hum... Je crois que je me suis planté dans mon analyse...

Pensif, le samouraï observait les marines autour de lui se débarrasser prestement des gardes aux fusils déchargés. En silence et avec une remarquable efficacité, ces hommes n'ayant pas été sélectionnés pour faire partie de l'élite pour rien.
Puis le regard du jeune homme se posa sur la main tendue du vieux devant lui et il comprit rapidement ce que ce dernier voulait.

- Wakatépé Baboun ! lança-t-il donc en tapant dans la paume ouverte du fumeur de cigares et en lui adressant un clin d’œil accompagné d'un grand sourire.

Il y eu un moment de silence qui se prolongea, indiquant au guerrier de Wano que ce n'était visiblement pas tout à fait ce que souhaitait le gus qui commençait d'ailleurs à lever la crosse de son fusil d'un air menaçant.
Fouillant dans ses poches, Yoru en sortit le cigare récupéré plus tôt et le rendit à son propriétaire qui sembla un tantinet plus heureux.

- Je m'appelle Yoru, lui glissa-t-il au passage. Merci de ton aide tout à l'heure.

Le samouraï se redressa, fit face aux hommes qui avaient terminé d’assommer les gardes et semblaient prêt à en découdre avec le reste des pirates.

- Bon, les gars, il faut que l'on reprenne le navire. Voilà ce que je vous propose : on va... les gars ? Les gars ?

Les autres marines l'ignorèrent complétement, visiblement pas particulièrement enthousiastes à l'idée de suivre un type qui avait failli se faire démonter par tous les gardiens. A la place, il se tournèrent vers Sebastian qu'ils semblèrent accepter, d'un commun accord, comme leur chef. Ils restèrent à distance à cause de l'odeur, certes, mais écoutèrent tout de même attentivement le plan du vieil homme. Puis, toujours sous l'impulsion de l'ancien, il se dirigèrent vers la porte de la cale, l'ouvrirent prudemment, vérifièrent que personne n'attendait derrière et s'engagèrent silencieusement dans le couloir conduisant au reste du navire.

Se retrouvant seul après leur départ, Yoru resta un instant à observer pensivement la porte de sortie. Finalement, il haussa les épaules et se décida à agir aussi de son côté.

- Pourtant, murmura-t-il en s'engageant à son tour dans le couloir vide, elle me paraît louche, cette attaque...
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Et ce qui complète le louche, c'est le cigare posé sur un tabouret, sur lequel apparaît, visiblement écrit avec des cendres de tabac, les mots suivants:


Et si les armes avaient été chargées ?


***


Un peu plus tard, dans la salle de commandement du navire, son capitaine et le sombre personnage qui avait fait irruption dans le dortoir appréciaient un verre de brandy. Ils attendaient calmement que les choses se passent, ou plutôt à ce qu'un certain individu se décide à passer les rejoindre. Le silence était pesant pour les quelques gardes présents dans la salle, et l'ouverture fracassante de la porte les surpris autant que le visage de celui qui venait d'entrer.

"Vous nous avez fait attendre, Mavim..."

Le vieil homme referma la porte avec la même vigueur, il semblait être sur les nerfs. Il n'attendit pas de se faire proposer un verre pour déboucher la bouteille et faire couler une longue rasade jusqu'au fond de son larynx. Au vu de son regard, l'ambiance ne risquait pas de s'améliorer.

"Ouais... Fallait les secouer un peu..."

L'instructeur Daniel Redfort se leva et se tourna vers son homologue de la soirée. Chose étonnante pour les spectateurs, il lui tendit la main. Il y avait visiblement entre les deux hommes un respect que seul l'âge pouvait installer. Ils ne se connaissaient pas, mais reconnaissaient l'expérience personnelle de chacun. L'instructeur provisoire Mavim accepta le geste et s'assit.

"Veuillez excuser mon approche un peu violente, mais il fallait marquer le coup..."

"Il fallait bien ça. Vous allez avoir une belle bande de chiffes à démollir, Tiger."

"Vous leur avez donné des instructions ?"

"Quelques-unes... Diversion frontale avec contre-attaque de flanc pour fixer les troupes, quelques infiltrés... Rien de terriblement original..."

"Vous étiez pourtant censé les motiver à prendre l'initiative."

"Je sais, et s'il y en a un qui s'en sent un peu les tripes, peut-être qu'il réussira à rattraper les autres..."

"Je vois... Une partie d'échec, ça vous tente ?"

En dehors de la salle, le remue-ménage commençait. Les groupes de nouvelles recrues, confiantes dans les directives de leur chef désigné, tombaient l'un après l'autre dans les pièges tendus par les élèves du BAN. Ce n'était pas étonnant, et c'était prévu.


Dernière édition par Sebastian Archibald Mavim le Mar 21 Juil 2015 - 21:41, édité 1 fois
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" Hum... voyons... je pense que ça doit être par là... "

Debout face à l'une des parois d'un couloir du navire, Yoru réfléchissait en fronçant les sourcils comme s'il essayait de voir à travers la cloison. Perdu dans ses pensées, il tourna la tête avec curiosité vers l'une des extrémités du couloir lorsque des bruits de pas retentirent soudain.

" Un ennemi ! s'exclama le type qui apparut.
- Non attend, le retint la jeune qui le suivait, il est de notre côté, c'est le samouraï. "

Yoru les observa se dandiner devant lui comme s'ils avaient quelque chose à demander.

" En fait, reprit finalement la jeune femme, on est content de t'avoir trouvé... Yoru, c'est ça ? On voudrait rester avec toi.
- Pourquoi ça ? Tout à l'heure, personne n'a voulu me suivre.
- Les pirates sont vraiment forts. On vient juste d'échapper à une embuscade qu'ils nous ont tendu... on était six, les quatre autres ont été recapturé. On t'a vu t'entrainer tous les jours pendant notre voyage. Un bon combattant pourrait être utile.
- Ah... bah pas de soucis. Vous avez l'air mal à l'aise. C'est l'attaque ? De futurs membres de l'élite devraient avoir les nerfs plus solides.
- C'est plutôt que vu ton action de tout à l'heure, on est pas si rassurés à l'idée de t'accompagner...
- Sinon tu fais quoi ? "

Le samouraï désigna la cloison qu'il tâtonnait.

" J'ai un plan pour reprendre le contrôle du navire mais j'ai besoin de quelque chose. Derrière ce mur il y a la cuisine. J'ai jeté un coup d’œil discret par la porte et des pirates la gardent, surement pour nous empêcher d’accéder aux couteaux. Ils ont des fusils. Mon plan est simple : je défonce la cloison et les attaque par surprise.  
- Tu vas faire un trou dans la cloison suffisamment grand pour pouvoir y passer et assez rapidement pour surprendre les gardes ? demanda le type dans le couloir en affichant un air septique.
- Facile... je vais employer une technique de chez moi. "

Le samouraï posa sa main droite à plat sur la cloison, plissant les yeux comme s'il notait tous les détails du bois qu'il avait sous la main. Lentement, tout en prenant de longues et profondes respirations, il recula sa main, centimètre par centimètre, jusqu'à ce que son bras soit complétement fléchi et que son torse pivote vers l'arrière. Il s'immobilisa dans cette position, intensément concentré. Quelques minutes s'écoulèrent. Le mec du couloir regardait les yeux grands ouverts, semblant avoir même oublié de respirer. La fille regardait sa montre.

Soudain, Yoru frappa, si vite que son mouvement devint flou. Dans un craquement sonore, le bras du samouraï traversa la paroi.
Juste son bras.

Il y eut un instant de silence pendant lequel Yoru, perplexe, regarda son épaule disparue de l'autre côté et ou les deux dans le couloirs le contemplèrent bouche bée, puis des cris se firent entendre dans la cuisine.

" Espèce de crétin ! gueula le type du couloir en retrouvant sa voix. Niveau effet de surprise, tu te poses là ! "

Effectivement, quand le samouraï se dégagea, la tête d'un des pirates apparaissait déjà de l'autre côté.

" Hé ! C'est le type qui a défoncé la porte tout à l'heure avant de se barrer en courant !  "

Le pirate voulut lever son arme mais la main du samouraï avait déjà replongé, l'attrapant vivement par le col pour le tirer violemment. Sous l'impact, le mur déjà fragilisé se brisa, offrant une ouverture de taille humaine par laquelle Yoru vit rapidement la position des deux autres pirates présents dans la cuisine. Sans interrompre son mouvement, il pivota sur lui-même, attrapant avec sa deuxième main sa victime qu'il tenait toujours par col pour la faire décoller et tourner avec lui. Puis, au terme de sa toupie, il la lança sur l'un des pirates avant de courir vers le dernier encore debout pour se jeter sur lui.

Les deux recrues dans le couloir, saisies de surprise, entendirent alors des cris et des bruits de lutte. Le silence revint avant qu'ils n'aient le temps de réagir.
La tête de Yoru apparut par le trou dans la paroi.

" Je vous avais bien dit que ce serait facile ! "

~~ ~~

" Pourquoi on l'a suivi ?
- schuut ! "

A plusieurs mètres au-dessus de l'eau et à au moins l'équivalent au-dessous du pont, accrochées à la coque, les deux recrues du couloir tâtaient le bois à la recherche de prises suffisamment solides pour ne pas glisser et dégringoler dans l'océan. La nuit les dissimulait assez bien mais ils apercevaient de temps en temps la lumière de la torche d'un des pirates qui patrouillaient sur le pont, au-dessus de leur tête, et ils n'avaient aucune envie que l'un d'entre eux les remarque. Ils auraient l'air fin, tiens, suspendus au-dessus du vide sans possibilité de fuite comme ils l'étaient...
La jeune femme se stabilisa en s'aidant du rebord d'un hublot, en profita pour replacer dans son dos le fusil piqué à l'un des pirates de la cuisine qu'elle portait en bandoulière.

" Il faut bien faire quelque chose, non ? répondit-elle finalement tout bas devant le regard insistant de son comparse.
- Mouais.... "

Ils rejoignirent le samouraï qui s'était immobilisé un peu plus loin et qui les attendaient en désignant un morceau de la paroi.

" C'est ici, j'ai reconnu l'intérieur par le hublot.
- Sûr ?
- Je suis venu tous les jours dans cette salle depuis que j'ai embarqué pour récupérer mes sabres. Oui, c'est ici. Comme prévu, il y a des gardes. On fait selon le plan. Au fait, je vous ai pas demandé : c'est quoi vos noms ?
- Tu crois que c'est bien le...
- Lucie.
- Humpf... Marc.
- Enchanté. Bien, allons-y.
- Te rate pas cette fois.
- Cette fois, je suis équipé. "

Le samouraï tira de sa ceinture le grand couteau qu'il avait pris dans la cuisine et le leva. En quatre coupures rapides, il ouvrit un grand rectangle dans la paroi qui bascula vers l'intérieur, cette fois sans souci. Entrainé dans la chute, Yoru roula en atteignant le sol et se releva aussi sec pour se jeter sur le premier pirate. Avec un temps de retard, Lucie et Marc se faufilèrent à l'intérieur et se joignirent au combat, brandissant des fusils toujours pas chargés mais faisant de très bonnes massues. L'effet de surprise aidant, les cinq pirates qui gardaient le coin furent finalement défaits et assommés par la petite équipe d'intervention.

" Toujours pas de fusils, grogna un Marc essoufflé en observant les étagères.
- Pas grave, commenta Yoru avec satisfaction en bouclant autour de sa taille la ceinture de ses sabres. Il y a quand même de quoi se défendre.
- Allons avertir les autres que nous avons repris l'une des armureries !"
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"Eh bien, ce n'est visiblement pas dans cette volée que nous trouverons nos nouveaux officiers... Dans combien de temps arriverons-nous capitaine ?"

Le plafond de la salle de commandement commençait à se perdre dans l'épaisse couche de fumée qui lui collait. Tiger avait rejoint Sebastian dans son vice dès le premier cigare et le capitaine, par soucis d'identification, les avait suivi. Il avait de la peine à garder la même cadence que les deux vétérans. Sur l'échiquier, les pions de Sebastian semblaient en mauvaise posture, même si c'était peut-être mieux que ceux de l'instructeur en chef de l'élite qui avaient tout simplement disparu du plateau.

"Je ne comprend pas pourquoi comment ce jeu est censé refléter une bataille..."

Il faut dire que Sebastian Mavim était peu habitué aux tables de commandement. Son style, c'était plus la fumée des fusils et le goût du fer et dans la bouche et dans les mains. Ce plateau manquait de détail: où étaient les décombres ? Et les civils et les enjeux ?

"Vous vous débrouillez plutôt bien pourtant, vous êtes certain de ne pas vouloir entrer au BAN ?"

"La question a déjà été traitée... Et de toute manière, est-ce que vous voudriez vraiment d'un élève comme moi ?"

L'idée n'était pas vraiment déplaisante aux yeux de Redfort. L'avis des autres instructeur en revanche risquait d'être fortement divergente. Un soldat interrompit ses pensée en ouvrant la porte. Il se mit au garde à vous, ce qui tranchait fortement avec ses vêtements débraillés de pirates.

"Où en est l'exercice ?"

"Presque toutes les recrues ont été capturées et mise sous fer. Selon nos informations, il en reste douze, répartis en trois groupes."

"Est-ce que vous avez chopé le type en kymono ?"

"Euh..."

"Répondez à la question je vous prie."

"Pas encore monsieur..."

La tour de Mavim s'avança juste devant la reine de Tiger, un coup plutôt étrange vu qu'aucune pièce n'était en mesure de la protéger dans cette position. L'instructeur temporaire se recula dans son fauteuil et repris une gorgée de whisky.

"Quelqu'un pourrait-il ouvrir une fenêtre ? Un peu d'air frais ne nous fera pas de mal..."

***

Quelque chose n'était pas à sa place. Malgré le poids rassurant de ses katanas à son côté, Yoru sentait que quelque chose clochait. Ses deux compagnons commençaient à se demander pourquoi il n'arrêtait pas de les réajuster nerveusement. Ce fut Lucie qui lui fit finalement remarquer que quelque chose leur était attaché.

Un morceau de bois entouré d'une feuille de papier.


Spoiler:
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Le samouraï s'assit par terre, concentré sur le papier qu'il observait d'un air méditatif. Il se releva, s'excusa auprès du pirate ligoté au sol qu'il n'avait pas vu et sur lequel il venait de s'asseoir, se décala et posa ses fesses un peu plus loin.
Marc et Lucie s'approchèrent, lisant par dessus son épaule.

" Qui a bien pu laisser ça ?
- C'est bizarre... C'est comme si quelqu'un s'attendait à ce que tu récupères tes sabres...
- De toute façon, grogna Marc comme Yoru ne répondait pas, ça ne veut pas dire grand chose. Et même si c'était le cas, ça semble évident que c'est un piège. On est armés maintenant, on doit reprendre le navire !
- Les pirates sont trop nombreux. Ils vont nous balayer si on tente quoi que ce soit.
- Il faudrait libérer les autres ou trouver des rescapés.
- S'il y en a. "

Avec l'aide de Yoru qui se désintéressa momentanément du papier, les marines se mirent à discuter de leur situation, établissant ensemble un plan d'attaque. Risqué, mais ils n'avaient pas vraiment le choix.

" Parfait, conclu Marc en terminant de déshabiller un pirate. Yoru, la tenue de celui là t'ira mieux, non ?
- Pas la peine que je me change. Je vais chercher la fumée.
- Tu vas... QUOI ?? Mais on a déjà mis en place notre plan !
- J'ai dis "je". Moi, pas vous. Vous vous allez suivre le plan.
- Mais... mais c'est stupide ! Dis-lui Lucie !
- Je m'y attendais, contra la jeune femme en haussant les épaules.
- Tu m'aides ? lui demanda le samouraï.
- Essayons de trouver, confirma-t-elle en s’asseyant à côté de lui. Tu penses qu'il faut trouver une vrai fumée ?
- Je pensais à une sorte d'énigme... "

Marc marmonna un instant entre ses dents avant de s'assoir pour se joindre à eux.

" Qu'est ce que "la fumée" peut être alors ?
- ....
-... Ah je sais !
- Quoi ? s’exclamèrent les deux autres d'une même voix.
- Tout à l'heure dans la cuisine, j'ai vu du saumon fumé ! C'est peut-être ça !
-..., restèrent silencieux les deux autres d'une même voix.
- Non, remarque, ça doit pas être ça... Je peux pas "suivre" un saumon fumé.. elle est dure, cette énigme... C'est peut-être en rapport avec une expression connue ?
- Comme " il n'y a pas de fumée sans feu ?"
- Sauf qu'on ne sent aucune odeur de brulé. On a pas vu de flammes non plus...
- "Partir en fumée ?"
- "Fumer tue ?"
- Qu'est ce que vous voulez qu'on déduise d'expressions comme ça !?!
- Fumer tue... répéta doucement le samouraï. "

Soudain, il se leva et rangea le papier dans une de ses poches.

" Allons-y ! lança-t-il en revérifiant que ses sabres avaient bien le bon poids maintenant. Lançons l'opération. "


~~ ~~

Marc et Marie planquèrent le corps du pirate qu'ils venaient d’assommer, fermèrent la porte derrière eux. Ils revérifièrent prudemment mais personne n'étaient dans la pièce : ils étaient seuls.

" Ouf, souffla Marc en tâtant son œil qui s'ornait d'un bel hématome. J'ai vraiment cru qu'on y arriverait pas.
- On a eu de la chance. Mais la phase A s'est bien passée, répliqua Marie qui s'activait déjà à soulever un tonneau.
- Toi qui le dis, grinça le marine en plissant son œil blessé. "

Il vint cependant l'aider à porter sa lourde charge : ils ne devaient pas perdre de temps et exécuter la phase B.

~~ ~~

Yoru passa par la fenêtre, se laissa tomber accroupi au sol, attentif à ne faire aucun bruit. Assez fier de lui d'être aussi furtif qu'une ombre par une nuit sans lune, il releva la tête... pour observer l'intégralité des gens présents le regarder avec surprise. Sauf une personne, pas surprise apparemment mais le dévisageant d'un regard noir.

Se redressant comme si de rien n'était en époussetant ses vêtements, Yoru salua l'assemblée.

"Messieurs, Baboun. Enchanté. "

~~ ~~

" Un de plus ! grogna Marc en calant le boulet dans la gueule du canon.
- ça devrait suffire. "

Marie l'aida à pousser le canon juste devant l'ouverture et à l'ajuster pour viser leur bateau. Car les deux acolytes ne se trouvaient plus dans le bateau de transport qui les avait baladé entre Calm Belt et Grand Line mais dans celui des pirates dont quatre canons pointaient maintenant leurs gueules sur le navire de la Marine.
Ils saisirent des torches et se placèrent de façon à pouvoir allumer chacun deux mèches en même temps.

" Tu trouves pas que c'est bizarre ? Vu leur nombre, ils devraient nous opposer plus de résistance...
- Si. Et maintenant ? fit Marc d'une voix tendue.
- On attends, murmura sa compagne, elle aussi tendue. Laissons lui une chance. "

~~ ~~

Yoru jeta un œil curieux au plateau de jeu, tentant de comprendre qui gagnait la partie.

" Je suppose que vous commandez les pirates qui nous ont attaqué, dit-il en se servant l'air de rien un verre avec la carafe qui trainait. Je suis venu vous demander de déposer les armes. Ou je fais tout péter. J'aurais dit "l'odeur", ajouta-t-il dans un murmure en fronçant les narines mais en souriant discrètement à l'adresse de Baboun. "
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