La famille n'oublie jamais

Reedlock a été capturé sur l'île d'Inari où il croupissait depuis un moment. Ses mystérieux ravisseurs l'ont embarqués à bord d'un petit deux mâts qui fait route vers une destination inconnue. Voila plusieurs jours que Volgin vit attaché dans une cabine à l'intérieur du navire.

L'ennui avec la liberté c'est qu'on y prend goût ainsi lorsque des types débarquent de nul part pour me passer à tabac et me séquestrer ça a tendance à me foutre les boules.
Au moins leurs manières étaient bien meilleures que celles des geôliers de la marine. Certes j'étais constamment attaché et on me menaçait d'une arme lorsque je devais assouvir certains besoins mais au moins la bouffe était bonne et la cabine propre.

J'avais eu l'occasion de revoir le type que j'avais affronté sur les quais d'Inari et à la lumière du jour sa tronche m'était revenue en mémoire. Un homme de main des Tempiestas du nom de Jarod et qui plus est il était accompagné d'un autre duo de traqueurs de la mafia, les frères Roy et Joy. En découvrant l'identité de mes ravisseurs tout s'éclairait, il ne s'agissait ni de la marine ni du gouvernement mais bel et bien de la plus puissante famille mafieuse de North Blue qui n'avait pas oublié notre petite altercation à Manshon.
Du coup une de mes activités favorites pour passer le temps à bord de ce rafiot était de me remémorer les différentes manières qu'avaient les pontes pour punir ceux qui leur mettaient des bâtons dans les roues. La plongée dans la baie avec poids attachés au bas du corps restait un grand classique mais à dire vrai je n'étais pas contre un peu d'originalité car quitte à crever autant que ça marque les esprits. C'est l'un de ces grands débats intérieur que le fameux Jarod vint interrompre en débarquant un matin dans ma cabine.

-Alors vous avez trouvé un coin sympa pour régler les comptes ?

Le type me jeta un regard dédaigneux comme si je n'étais rien de plus qu'une crasse sur sa botte mais qu'il répugnait de se baisser pour la retirer.

-La famille a d'autres projets pour toi Volgin. Normalement ceux qui manquent de respect au boss comme tu l'as fait le payent de leurs vies mais tu as été un partenaire d'affaire correct durant des années et tu as certaines....compétences.

-Voyez donc ça. Tu es en train de me dire que ton boss a détaché trois de ses meilleurs hommes de mains pour me faire une proposition ? J'accompagnais cette question d'un sourire carnassier, je lui tapais sur les nerfs visiblement et c'était assez agréable.

-Ça n'a rien d'une proposition. Tu as fauté envers les Tempiestas et ça n'est pas oublié, le boss a un travail qu'il veut que tu fasse pour lui et si tu le mène à bien il effacera l'ardoise mais... Il prît une chaise et s'assit face à moi en approchant de près son visage du mien. Tu n'as pas le choix, rentre toi bien ça dans le crâne. Si on est ici, c'est pour te buter si tu fais mine de tenter quoi que ce soit.

-Parfait ça me pose pas de problème.

Il se releva tranquillement et fît le tour pour détacher mes liens.

-Cependant fais gaffe avec ta grande gueule, tes potes seront pas toujours là.

Il y eut un instant de flottement puis il termina de me détacher avant de sortir de la cabine en me faisant signe de le suivre, ce que je fis en massant mes poignées endoloris.
A l'extérieur une brise marine soufflait sur le pont, elle était d'une fraîcheur agréable mais l'odeur qu'elle apportait faillit me faire rendre mon repas. Une immonde infection soufreuse et alors que je m'y habituais avec peine je pus remarquer les contours de l'horizon disparaîtrent sous un voile opaque, petit à petit le navire s'enfonçait dans une sorte de smog.
Jarod s'approcha du bâbord du navire pour s'appuyer sur la rambarde de bois, face à lui s'élevaient les contours inquiétants d'immenses usines métalliques.

-Ça faisait une paye que j'étais pas revenue ici. C'est ta première fois Reedlock ? Alors bienvenue à Zaun.


Dernière édition par Reedlock Volgin le Mar 21 Jan 2014 - 18:21, édité 1 fois
    La pollution était encore pire une fois à terre, je me demandais même comment l'équipage était parvenue à manœuvrer dans cette purée de pois toxique pour trouver le chemin vers le port sud de l'île. J'avais entendu toute sorte de rumeur sur Zaun, un déchet au milieu de Nort Blue entretenant des relations sulfureuses avec le gouvernement mondial. Ses habitants étaient austères et belliqueux et la seule qualité du patelin était son industrie car pour produire des machines de morts il fallait bien reconnaître qu'ils étaient doués les bougres.
    Mais on avait beau avoir entendu toute sorte d'histoire, aucune ne pourrait préparer à une première visite de l'île.

    Le port était un cloaque à ciel ouvert, des habitations ouvrières auxquelles se mêlaient des constructions de fortunes s'étendaient à perte de vue. Mais le port n'était pas grand pour autant, juste que la vue n'allait pas très loin avec le brouillard pestilentiel qui planait en permanence sur la ville. Les quais semblaient être le seul bâtis solide des lieux avec un pavage en épaisses dalles de pierres que zébraient des jointures métalliques, plus loin d'autres silhouettes de navires se profilaient mais pour l'un des ports principaux l'activité restait faible.

    -Bon sang, ce brouillard ne s'en va jamais ?

    -Seulement quand il pleut mais ce n'est pas la saison.

    -Quel bled charmant, je regrette pas de m'être abstenu de le visiter jusqu'à maintenant.

    -Et pourtant j'espère pour toi que ton ancien fournisseur t'ouvrira ses portes.

    -J'ai toujours été honnête avec lui et s'il sait qu'il peut se faire du blé il ne refusera pas.

    Jarod m'avait finalement expliqué ce que la famille attendait de moi ou plutôt de mon ancien moi. Zaun était un passage obligé pour tous les trafiquants d'armes ayant une quelconque importance sur les Blues, l'importance des usines d'armement associés à la mauvaise surveillance de la zone maritime et l'absence de garnisons de la marine en faisait un lieu d’approvisionnement rêvé pour les marchands de guerre. Cependant la nature inhospitalière des habitants obligeaient les trafiquants tel que moi à recourir à des intermédiaires et dans mon cas il s'agissait de Jynx. Un scientifique natif de Zaun qui finançait ses recherches militaires en produisant et vendant le résultats de ses expériences.
    J'avais fait sa connaissance grâce à un passeur également natif de l'île qui m'avait proposé ses services à l'époque où mon business était en pleine expansion. Je n'avais jamais rencontré Jynx en personne mais le matos qui sortait de ses ateliers était de première qualité et se vendait à prix d'or sur les Blues et même jusque sur Grand Line. Maintenant la famille Tempiesta voulait reprendre le flambeau et combler le trou que j'avais laissé dans le marché.

    Un choc à l'épaule me tira de mes pensées. Face à moi se dressait un colosse en habits bleus de docker et son expression n'augurait rien de bon.

    -J'ai rarement eu l'occasion de lever les yeux pour regarder quelqu'un et à chaque fois la vue était pas agréable. Tu fais pas exception à la règle alors casse toi ou je te tasse de 50cm.

    Le monstre de chair éclata d'un rire rauque que reprirent en cœur d'autres mastodontes du même calibres qui étaient dissimulés par la pollution.

    -J'aime bien, t'as des couilles toi mais ça change rien au fait qu'on veut pas d'étrangers ici alo....!!!!

    Jarod s'était glissé entre moi et le docker en un éclair et venait de lui asséner un violent coup de sa matraque en plein dans l'estomac. Le type plia sous la douleur et dans un même mouvement le mafieux plaqua la face du docker contre le sol en appuyant son talons sur la gorge du pauvre homme.
    Tout autour le silence se fît quelques instants puis les bruits caractéristiques de n'importe quel port reprirent signifiant que les dockers s'étaient remis au travail et ne faisaient plus attention à nous.
    Sans un mot Jarod prît la direction des ruelles de la villes laissant le colosse se relever péniblement en vomissant ses tripes.

    -La réputation des habitants est un peu exagéré en revanche. Une démonstration de force et ils se dégonflent.

    Une voix stridente résonna dans mon dos.

    -Ahah ! Idiot ! Idiot ! Tu crois vraiment qu'ils nous laisseraient peinard juste comme ça.

    Une voix plus calme repris à la suite.

    -S'ils ont lâché l'affaire c'est parce que Jarod nous accompagne.

    -Il est née ici. Oups j'aurais pas dû le dire.

    -Ahlala frangin fais gaffe que Jarod ne t'entende pas balancer sur son passé.

    Roy et Joy, les deux jeunes prodiges de la mafia, j'avais presque oublié ces deux là tant ils se tenaient dans l'ombre de Jarod. Roy était le plus calme des deux tandis que Joy avait la réputation d'être une tête brûlée mais toute la pègre savait qu'ils étaient indissociable.

    Encadré des deux frères je suivis le chemin qu'avait emprunté Jarod à travers les rues humides et crasseuses de la ville. Au détour d'une énième meute de rats nous finîmes par déboucher dans un cul de sac, il n'y avait plus qu'une direction possible, une vieille porte en bois flottée qui semblait donner sur une cave.
      Un bar dissimulé, plutôt original surtout qu'en général un établissement du genre cherchait plus à attirer l'attention. Enfin pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il s'agissait du point de chute de tous les individus louches du bled. Une dizaine de tables s'espaçaient dans une obscurité moite interrompue uniquement par la lumière tremblotante d'un lustre en fer se pendant au plafond. Au fond de la pièce se dessinait les contours d'un bar mais c'est bien à une des tables de libre que Jarod nous signifia de prendre place.

      Le voisinage était sympa, des poivrots parsemés de cicatrices, un amateur de couteaux s'occupant à dépecer un rat et au milieu de cette cour des miracles une serveuse circulant entre les tables. Je dis serveuse par habitude mais pour le coups difficile de deviner le sexe de la chose tant la quantité de poil recouvrant son visage était impressionnante mais en revanche difficile de croire qu'il s'agissait d'abdos sous sa tunique. Jarod attendit qu'on s'installe avant de se diriger seul vers le bar.

      -Parfait le croque mort va s'en jeter un. Je fis signe à la serveuse de ramener sa poire.

      -Amène une choppe, de quoi la remplir et de la viande.

      -Quoi comme viande ?

      -N'importe quoi sauf du rat.

      -Ce sra plus cher alors.

      -T'en fais pas mes deux bons amis ont de quoi payer.

      A peine s'était elle éloignée que Joy me saisit par le col sous le regard implacable de son frère.

      -Bordel tu te prend pour qui ? On est ni tes larbins ni tes nounous alors tu vas rappeler le mammouth et annuler ta putain de commande.

      Je lui rendis un sourire éclatant qui sous l'effet de clair obscur des lieux me donna une vrai tête de psychopathe, j'étais pas fait pour sourire.

      -J'ai l'impression qu'on doit se la jouer discrète ici alors jsuis pas sûr que mettre en boule les proprios soit une idée que Jarod approuverait.

      -Enfoiré, tu crois que j'ai peur de Jarod ? Si je veux t'éclater je le fais ici même et je prend tous les clodos du coin à la suite.

      Je pouvais presque compter les veines sur le front du jeune Joy. Les frangins étaient des jumeaux aux cheveux bruns clairs et aux gueules d'anges mais pour le coup Joy apparaissait sous son plus mauvais jour avec ses yeux injectés de sang et une grimace de colère déformant ses traits.

      -C'est bon Joy rassis toi.

      Visiblement Joy obéissait au doigt et à l’œil de Roy et ce dernier semblait particulièrement consciencieux à moins que lui ne craignait véritablement Jarod.

      La commande arriva peu après. De la bière aux épices mais passablement coupée à l'eau et une sorte de ragoût de sauce et de ce qui semblait être du porc. Je me mis à dévorer sous les yeux exorbités du taré tandis que Roy se passait calmement la main dans les cheveux.

      -Mais au fait qu'est ce que fout l'autre depuis tout à l'heure ? Jarod était en discussion avec le barman depuis son arrivée. Il a retrouvé un vieux pote ou quoi ?

      -En quelque sorte, c'est une connaissance à lui on dirait. Jarod a dit qu'il avait un contact qui nous ferait rencontrer un guide.

      -Un guide ? Je croyais qu'il était née ici.

      -C'est le cas mais il n'a jamais vraiment foutu les pieds hors de la ville et puis ce guide devrait nous permettre d'infiltrer l'usine de Jynx.

      -Je croyais que vous deviez négocier avec et que j'allais servir de garant en quelque sorte mais s'il faut le cambrioler c'est une autre affaire.

      -Le boss veut effectivement conclure un business avec Jynx mais ce dernier reste un natif de Zaun, il est méfiant et hostile. S'il trafique avec des étrangers c'est uniquement par nécéssité.

      -Je vois du coup il refusera de vous rencontrer et vous voulez forcer cette rencontre. C'est risqué.

      -Pas si Jynx a confiance en toi.

      Je restais silencieux. Ce savant fou et moi avions été des partenaires durant un paquet d'années et jamais aucun de nous n'avait trahis l'autre mais nos affaires avaient toujours été conclues par des intermédiaires. Difficile de parler d'une véritable relation de confiance.

      -Pourquoi ne pas passer par un intermédiaire auprès de Jynx comme je l'ai fait ?

      Roy soupira et arrêta de triturer ses cheveux pour me regarder droit dans les yeux.

      -T'es chiant avec tes questions. Si le boss veut pas passer par un intermédiaire c'est parce qu’il aime pas les intermédiaires dans ses affaires, ça oblige à faire confiance à des inconnues et ça coûte du blé supplémentaire.

      -Oh et du coups votre boss va se servir de moi pour la trafic avec Jynx. Je m'étais jamais imaginé bosser pour la mafia.

      -Idiot ! T'es juste là pour nous introduire, le trafic c'est Jarod qui s'en chargera auprès de Jynx.

      -Joy tu parles trop à nouveau.

      Je venais de comprendre le traquenard. Toute cette histoire était trop belle pour être vrai mais j'avais beau avoir essayé de retourner la situation dans les sens je n'étais pas parvenu à trouver le coup fourré. Et grâce à cet abruti il venait de me sauter aux yeux. Les Tempiestas voulaient se servir de moi pour gagner la confiance de Jynx mais une fois cela fait mon rôle s'arrêterait là et Jarod prendrait la relève. Et au final je n'avais aucune garantie que la famille me laisserait en vie.
      Roy me jeta un regard suspicieux que je m’empressais de dissiper.

      -Ce que vous comptez faire avec Jynx je m'en fous, c'est pas mes affaires. Dès que j'aurais remplis ma part je me tire comme convenu.

      Le mieux à faire restait de faire semblant de ne pas douter de la parole du boss mais ça puait pour moi et j'allais devoir me creuser la cervelle pour me sortir de cette toile d'araignée.
        L'intérieur des terres de Zaun étaient moins polluées que les côtes, cela s'expliquait par le fait simple que la plupart des usines se trouvaient à proximité de la mer pour se débarrasser des déchets.
        Nous avions quittés le port en compagnie d'un étrange homme portant un long blazer miteux dissimulant un corps maigrelet, quant à son visage d'épais bandage le cachait. Il prétendait qu'il avait été autrefois ouvrier dans l'usine de Jynx mais qu'un incident industriel l'avait forcé à se retirer d'un travail aussi pénible et surtout l'avait marqué à vie d'affreuses brûlures. Ce qui était étrange chez ce type ce n'était pas sa propension à se dissimuler mais le contraste qu'il y avait entre lui et les autres natifs de Zaun. Il n'avait rien d'une montagne de muscles si bien qu'il semblait difficile d'imaginer ce type survivre dans une terre aussi hostile.
        L'homme ne répondait à aucun nom autre que "le guide" et il nous avait mené hors de la ville par un détour de ruelle menant jusqu'à un sentier de terre surplombant le port depuis des falaises. J'avais craint à un piège dans cet enchevêtrement de canyons étroits mais Jarod n'avait montré aucun signe d'inquiétude et il avait eu raison. Quelques heures plus tard nous arrivions à une grande route de terre battue bordant d'une part le labyrinthe de roche et de l'autre des près.
        La campagne de Zaun réussissait l'exploit d'être terriblement morose. De petites collines se perdaient dans l'horizon tandis qu'à perte de vue s'étalait un tapis d'herbe jaunâtre. De ça et là se trouvait quelques bêtes placides et décharnés mais au regard furieux comme si la rage des habitants était contagieuse.
        L'usine de Jynx se trouvait à environ une demie journée du port sud et selon le guide nous étions sensé l'atteindre quelques heures après la nuit tombée.


        Dans l'obscurité nocturne se dirigeait à travers Zaun relevait du miracle et je comprenais désormais la nécessité d'un guide. Grâce à lui nous avions atteint le repaire du savant sans nous perdre.
        L'usine faisait figure d'un véritable château fort métallique, le cœur du bâtiment était un entrepôt pourvu d'une porte blindée suffisamment large pour que deux bœufs y entrent côte à côte. Une tour d'acier était collé à l'arrière de l'entrepôt et faisait face à la mer.
        Sans que je ne le remarque, la route nous avait ramené vers la côte, je pouvais entendre le bruit des vagues se fracassant contre les parois rocheuses de la falaise.

        Le guide m'expliqua que la tour abritait les appartements et le labo de recherche de Jynx quant à l'entrepôt il servait de stockage à la production mais l'usine en tant que telle s'étendait dans un complexe souterrain. Et justement là était l'astuce pour s'y infiltrer, l'ancien employé connaissait par cœur les emplacements camouflés des conduits d'aération mais son voyage s'arrêtait là pour lui car il refusait catégoriquement d'entrer sur le territoire du professeur. Une histoire de système de sécurité et de pièges mortels, bref rien qui puisse faire rebrousser chemin à un groupe de mafieux ayant flairer un filon.

        Le conduit était poussiéreux au possible et on y voyait aussi bien que.......n'importe où sur Zaun en pleine nuit. Jarod s'y engouffra en premier et un léger kick dans mon dos de la part me fît comprendre que c'était à mon tour. Celui là je savais que tôt ou tard je finirais par me payer sa frimousse. Les frangins depuis le bar ne m'avait pas laissé d'espace, pour Joy je savais qu'il était simplement furax mais l'autre je sentais qu'il s'attendait à quelque chose de ma part.
        A force de crapahuter dans le tunnel métallique nous finîmes par tomber sur une hélice d'une taille humaine et fonctionnant à plein régime.

        -Le guide avait dit qu'elle serait hors d'état de fonctionner.

        -On tente un autre conduit ?

        Jarod me jeta un regard méprisant avant de sortir sa matraque et de stopper la rotation de l'hélice d'un violent mouvement.

        -Passe devant Volgin pendant que je la bloque.

        -La lâche pas.

        J'avais balancé en rigolant mais en réalité j'avais vraiment tenté de me persuader qu'il était encore trop tôt pour qu'ils essayent de me buter. Le conduit se terminait sur une grille que je fis voler d'un coup sec pour enfin m'extirper de ce clapier et me retrouver dans un couloir d'acier sombre à souhait mais où je pouvais me mouvoir en toute liberté. Les autres me rejoignirent moins d'une minute après Roy en tête.

        -Bon par où maintenant ?

        -La tour se trouve dans cette direction je dirais et les appartements du professeur également alors après toi.

        Il m'avait fait signe avec sa matraque de prendre vers la gauche, la tension montait mais il n'y avait aucune chance qu'ils me tuent avant d'avoir rencontrer Jynx. Je devais m'en convaincre.
        C'est dans un silence pesant que nous remontâmes le couloir. Il n'y avait aucun ouvriers ni aucun système de sécurité ce qui mît tout le monde à cran, Joy évoqua la possibilité que l'on avait contourné tous le dispositif grâce au conduit mais Roy lui intima de se taire. Jarod bouillait intérieurement et ça Roy et moi le sentions. La sensation de s’empêtrer sois même dans un piège sans qu'il n'y ait aucune preuvre justifiant un retour un arrière car en effet si tout était bien trop tranquille nous ne pouvions repartir uniquement car l'ambiance était inquiétante. A dire vrai je me tenais prêt à défendre chèrement ma peau, dès l'instant où Jarod douterait et préférait renoncer il n'aurait plus besoin de moi et essayerait probablement de m'éliminer grâce à l'effet de surprise.

        Le couloir aboutit sur une vaste et obscure salle qu'éclairait des veilleuses rougeâtres aux murs.

        -Ça ne mène nul part.

        -On tente de revenir sur nos pas pour prendre un autre chemin ?

        -Non.

        Jarod venait de se tourner vers moi en prononçant le mot fatidique et sans les voir je pouvais deviner que les frères se plaçaient entre moi et la sortie.

        -Il y a quelque chose que j'ai appris sur Zaun. Lorsque ton instinct te cris de décamper il vaut mieux l'écouter, l'instinct c'est ce qui maintient en vie.

        Ils étaient prêt à bondir et moi seul contre trois me tenant au centre, mon seul espoir était une percée vers le couloir pour rejoindre la surface mais survivre à Zaun en tant qu'étranger, cela allait encore être un autre défis. Soudain une lumière éblouissante emplie la salle, un escargophone de télécommunication venait de s'activer et afficher sur un des murs l'image dans un homme assis dans un fauteuil mais dont le visage était flouté.

        -Reedlock Volgin je présume. Lança la voix. Quel surprise de vous trouver dans mon complexe, surtout que je n'ai pas souvenir de vous avoir invité. Un rire aigus ponctua la phrase. Je plaisante, je plaisante, je suis au courant de votre présence depuis votre arrivée à Zaun et c'est une joie de voir un aussi précieux partenaire d'affaire en bonne santé. J'avais pourtant appris votre arrestation mr Reedlock.

        -Disons que l'hospitalité de la marine n'était pas à mon goût.

        -Je vois, je vois et vous avez décidé de venir chercher votre cargaison vous même.

        Jarod qui jusque ici avait fixé l'image sans se soucier de moi se retourna dans ma direction.

        -Quelle cargaison ?

        La voix m’empêcha de répondre en reprenant la parole mais cette fois beaucoup plus froide.

        -En revanche mr Reedlock, qui sont ces individus ? Que font ils dans mon usine ?

        Roy s'avança derrière moi et posa la main sur mon épaule pour me signifier que mon heure était venue. La raison de ma présence ici, introduire les Tempiestas auprès de Jynx.

        -Ces types là sont des intrus qui me menacent et comptent vous cambrioler.

        La situation évolua en un éclair. Jarod prît une impulsion pour se jeter sur moi lorsqu'une trappe s'ouvrit sous ses pieds le faisant tomber à un niveau inférieur. Quant à moi j'attrapais la main de Roy pour le jeter à la suite de Jarod mais un violent coup de pied de la part de Joy en plein dans mes côtes me fît lâcher prise.

        -Dois je faire intervenir mes hommes mr Reedlock ?

        -Nan je vais m'occuper d'eux, c'est un véritable plaisir pour moi. Ensuite nous terminerons le petit business que nous avions commencé mon cher Jynx.

        Je fis craquer ma nuque et serrer mes poings, l'heure était venue de régler les comptes avec les frangins.
          La famille n'oublie jamais  1390919205-mediterranean-countries-600-355718

          POINT DE VUE DE JOY

          Ce devait être une mission sans problème. On amenait le balafré jusqu'au prof et on passait un marché avec lui au nom du boss, plus tard Volgin se serait fait butter sur le chemin du retour. Alors pourquoi ça se passait comme ça ? J'en ai marre, je comprend plus rien à ce qui se passe et pour la première fois aniki a l'air aussi paumé que moi.

          Depuis qu'on est gosse il a toujours veillé sur moi, lorsque maman est morte il l'a remplacé à la maison et s'est occupé du foyer alors que notre père était toujours en mission on ne savait où. Je l'ai toujours détesté ce type, il l'a mise enceinte et a accepté du bout de lèvre de s'occuper de sa famille uniquement parce que l'honneur du milieu l'y obligait. Ce milieu pourri dans lequel il a voulu nous tremper quand on est devenu suffisamment âgé pour se battre, là il a su s’intéresser à nous, cet hypocrite.

          J'ai jamais compris pourquoi aniki n'a jamais eu l'air de lui en vouloir et surtout pourquoi il a accepté de le suivre. Travailler pour les Tempiestas et suivre la voie du père, lorsqu'il me l'a annoncé j'ai failli le frapper pour la première fois de ma vie. Bien sûr je n'ai pas pu, trop de souvenirs. La nuit quand j'avais peur et qu'il me tenait compagnie jusqu'au matin, tous les efforts qu'il déployait pour me nourrir avec le peu d'argent que l'autre raclure nous laissait. Je peux pas dire que j'ai manqué de rien dans mon enfance mais je sais que ça aurait pu être bien pire et tout ça je le lui dois.
          Ensemble on a grimpé les échelons et on est devenu plus forts, toujours en suivant les ordres d'aniki car il est le seul en qui je peux avoir confiance, il veille sur moi et aujourd'hui c'est à moi de veiller sur lui.
          Reedlock Volgin il me sort par les yeux et je vais lui faire ravaler son air satisfait. Protéger mon frère et casser la gueule d'un connard antipathique, le genre de boulot que j'adore.

          Je m’élance droit sur lui en déployant toute la force de mes jambes, j'avais jamais été très malin mais j'avais compris depuis longtemps qu'un bon kick était plus efficace qu'un coup de poing etc'est pourquoi j'avais entraîné sans cesse mes jambes afin de frapper toujours plus fort. Volgin se met en garde pour parer mon coups, il a entendu parler de moi et ça me décroche un sourire dévoilant ma dentition parfaite. Si c'était aussi facile de me contrer je serais pas là où j'en suis.
          Arrivé à la portée limite je lance mon kick droit pour lui faire lever sa garde et au dernier moment je le rabat violemment au sol pour me donner une ultime impulsion tournoyante.
          C'est un coup retourné du gauche qui arrive en plein dans sa garde mais un coup d'une puissance prodigieuse qui fait voler en arrière le bras gauche qu'il utilise pour se défendre.
          Une ouverture grandiose sur son flanc gauche, je peux le frapper, lui faire mal pour qu'il crache son arrogance en même temps que ses tripes mais c'est également mon cas. Alors que je ramène mon pied gauche je peux sentir le courant caractéristique d'un coup qui fend l'air, il vient droit sur moi, une frappe de sa droite visant ma tête. Si c'était aussi facile de m'avoir je serais pas là où j'en suis.


          POINT DE VUE DE ROY

          Cet empoté de petit frère, il s'emporte toujours trop facilement et ne réfléchit pas à la situation future. Il a toujours été comme ça aussi loin que je m'en souvienne mais il faut dire que ça a été moins facile pour lui à la mort de notre mère que pour moi. Il s'était trop attaché à elle sans se rendre compte de son état, la naïveté son plus grand défaut. Lorsqu'elle est morte j'ai juré de prendre soin de lui et j'ai fait de mon mieux malgré l'absence de notre père. Un pourri de la pire espèce qui n'a jamais eu ni les couilles de nous assumer complètement ni de nous oublier définitivement, enfin au moins j'ai pu tirer parti de sa fierté mal placé pour le convaincre de nous faire pénétrer le milieu.
          Un imbécile orgueilleux qui pensait s'attirer les faveurs des Tempiestas en leur offrant ses enfants comme pions supplémentaires.
          Joy n'a jamais compris pourquoi j'ai voulu suivre cette voix mais il ne s'est également jamais rendu compte de ce qu'aurait été la vie pour deux bâtards d'un mafieux dans les rues. On avait une chance de vivre confortablement et je l'ai saisie, je ne regrette rien encore aujourd'hui car depuis on a vécu dans le luxe et ensemble on s'est toujours tirés des pires situations.

          Une vitesse fulgurante associée a une force surprenante, c'est avec ce combo explosif que mon petit frère se battait et face à Reedlock il procède de même, en lui fonçant dessus pour le cogner vite et fort. Une stratégie audacieuse mais risquée car il ne prend pas soin de se protéger, il n'y prête aucune attention car c'est mon devoir.
          La droite de Volgin lui arrive droit dessus pour lui défoncer la boite crânienne lorsque je surgis à mon tour dans l'angle de vue du balafré. Une chorégraphie que mon frère et moi connaissons par cœur, dès qu'il s'était lancé je m'étais également mis en mouvement à un rythme plus discret pour ne pas attirer l'attention. Les bras en croix je m'interpose entre mon frère et le coup afin de le bloquer mais je comprend alors pourquoi trois agents ont été mobilisés pour cette mission. Ce type est un monstre et son coup manque de m'arracher les membres mais je ne cède pas car derrière moi se trouve mon frère, j'ai juré de le protéger.
          Maintenant c'est à lui de jouer.
            Cette vermine de Roy ! Lorsque le plus idiot des deux s'était jeté sur moi j'avais complètement oublié l'autre et voila qu'il surgissait de nul part pour intercepter mon Mot Pulk. A voir son corps de crevette j'aurais jamais cru qu'il en était capable mais ces deux là semblaient devenir de plus en plus fort au fur et à mesure qu'ils agissaient ensembles. Une sorte de synergie parfaite que je n'avais jamais vu chez quiconque car elle reposait sur une confiance inébranlable.

            En tout cas leur manège venait de porter car en repoussant ma droite je devenais sans défense pendant un bref instant, suffisamment longtemps pour que Joy réarme son kick et me le cale en plein torse. J'ai littéralement quitté le sol sous le choc pour aller valdinguer contre le mur d'acier du fond de la salle.
            J'étais sonné et ça ne m'arrivait pas souvent. Des côtes cassées ? Probablement. Pour finir cet ignoble goût de fer qui se répandait dans ma bouche pour filtrer entre mes dents. C'est ce goût, le goût de mon sang qui me permit de ne pas tomber dans les vapes malgré le choc de l'acier contre mon crâne. Ces deux petits rats venait de me réveiller, le choc que j'avais attendu en vain à Inari venait de se produire.

            Je me relevais en m'appuyant contre la parois métallique et me mis à chercher une balle rangée habituellement dans mes ceintures de munitions pectorales. Ils me les avaient prises bien évidemment. La seconde d'après le visage de Roy réapparut tout proche du mien accompagné d'une série d'impulsions dans mon estomac. Contrairement à son frère il cognait avec ses poings, moins forts mais plus vite et surtout il visait l'endroit de la première frappe pour causer un maximum de dégâts. Ce n'était pas lui qui m'inquiétait.
            Encaisser un seul de leur échange avait suffit pour graver en moi la volonté de ne pas m'en prendre un autre. Instinctivement je me mis à chercher son frère et alors que mon regard remontait en balayant la pièce, la réponse m'apparut par élimination. Il attaquait depuis les airs.

            Je ramenais mes bras en croix au dessus de ma tête pour me protéger du choc qui ne se fît pas attendre. S'ensuivit une confrontation de pure force physique entre la violence de l'impact de sa jambe et les muscles de mes bras. Ce gamin était loin d'être mauvais, il était même bon à vrai dire mais tout son style reposait sur des impacts explosifs pas sur un duel de force. Lorsque le gros de l'orage se fût dissipé je repoussais le jeune Joy en décroisant brusquement mes bras. Il était déséquilibré et faisait une cible idéale, j'armais mon Mot Pulk pour le faucher en pleine chute.
            Un uppercut me surprit et me déséquilibra à mon tour. Il venait de l'autre frère dont l'expression s'était transformée pour devenir plus sauvage et plus désespérée.
            On raconte que des adversaires parviennent à communiquer autant de chose à travers leurs poings qu'à travers leurs paroles. J'ai aucune idée si ces conneries sont vrais mais pour le coup je pus comprendre la relation qui unissait ces deux là.

            -Tu veux protéger ton frère alors ?! Crachais je dans une gerbe de sang. Viens m'affronter dans un duel de poing.

            Ma gauche partis droit dans son estomac faisant craquer tous les os de son corps mais ne le faisant pas céder. Derrière son frère venait de toucher le sol et allait se relever d'une seconde à l'autre, je devais en finir avec lui avant. Pour la troisième fois mon Mot Pulk s'armait, jusqu'à présent il n'avait pas touché au but mais cette fois était différente, je le sentais et Roy aussi. Pour protéger son frère il reprit sa garde en croix mais je pus lire dans ses yeux qu'il voulait crier à Joy de se tirer, trop tard !
            Mon bras s'abattit sur les siens tel la hache sur la bûche, il avait déjà encaissé un Mot Pulk avec ses bras maigrelets, il y avait peu de chance qu'il en arrête un second. Sa garde vola en éclat et son visage fût broyé par l'impact sous le regard terrifié de son frère.


            Privé de son frère, Joy n'avait plus aucun intérêt, il était brisé. Il s'était bel et bien relevé mais ses mouvements étaient lents et dénués de toute envie de tuer. Je préférais en finir rapidement avec un Charger. J'attrapais le visage du mafieux en pleine course pour aller l'encastrer dans le sol dur et froid de l'usine, il n'opposa presque aucune résistance avant de rejoindre son frère.

            J'en avais fini avec ces deux là et je l'espérais avec les Tempiestas. J'essuyais la sang sur ma bouche avant de replacer mes cheveux en arrière lorsque la voix de Jynx résonna à nouveau.

            -Un combat fort divertissant mr Volgin, bien que je sois un peu déçus de voir que vous ayez eu autant de mal face à deux enfants.

            -Ils étaient plus costauds qu'ils en avaient l'air mais bref il en manque encore un avant de se réjouir.

            -Je vous l'ais dit, mes hommes s'en occupent. Une pointe d'agacement venait de faire surface. Maintenant venons en à ce qui nous lie. Avant votre incarcération par la marine, vous m'avez acheté un stock de mes armes que vous avez payé d'avance sans jamais venir les récupérer et maintenant que vous êtes ici je vous prie de m'en débarrasser.

            -Je dois dire que j'aurais jamais cru que vous seriez prêt à honorer cette dette.

            -Cela vous étonne qu'un zaunien ait un sens de l'honneur ?

            -Ça m'étonne que n'importe qui ait un sens de l'honneur dans ce monde.

            -Quoi qu'il en soit les armes sont prêtes à être envoyées au port pour y être chargées à bord d'un navire.

            Je réfléchis quelques instants avant de répondre.

            -Le navire avec lequel je suis arrivé est toujours à quai mais son équipage risque de se montrer quelque peu hostile. Je peux me débarrasser d'eux mais j'aurais besoin que vous me pretiez quelques marins pour qu'ils me déposent moi et ma cargaison d'armes à un certain endroit, le navire est à vous en contrepartie.

            -Je n'ai que faire d'un navire mais soit. En revanche mr Volgin, nos affaires se terminent ici et j'espère que nous n'aurons plus à nous revoir car si jamais vous deviez vous introduire à nouveau dans mes installations ce serait pour y mourir.

            L'écran s'éteignit brusquement et me plongea dans l'obscurité, la suite est sans grand intérêt. Un employé vint me rejoindre et m'amena jusqu'à mon stock de caisses, des fusils, des sabres et des flingues, il y en avait pour quelques dizaines de millions. Normalement le stock aurait dû être bien plus important mais je devinais que Jynx s'était permis de déduire des intérêts pour mon retard.
            Tout fût chargé à bord d'un convoi et direction le port.

            Je ne sus pas ce qu'il advint de Jarod en quittant l'île, peut être s'était il fait butter ou Jynx avait il quelques projets pour lui. J'étais repartis et c'était tout ce qui importait.