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Opération Hiechu.


Jour J, matin,
Côte de la jungle de Jaya
Un matin brumeux, humide d’un crachin qui vient tout juste de cesser. L’atmosphère grisâtre et morne ne semble vouloir quitter les côtes tropicales de l’île de Jaya, comme un brouillard encore plus épais caresse déjà les arbres à larges feuilles, les fougères et les palmiers de la jungle de l’île. Sans un bruit, une barque à la silhouette indistincte dans la brume fend les eaux calmes bordant la côte, propulsée par deux rames qu’on manœuvre paresseusement. Seul le son des remous créés par les deux outils de navigation est perceptible de la côte, laissant croire que même la faune de l’île hésite à s’éveiller en ce jour funèbre. Dans un bruit mât suivi d’un grincement, la barque s’échoue sur la plage de galets bordant la jungle endormie. À son bord, trois personnes.

Et l’on peut apercevoir les yeux glauques et brillants de l’une d’entre elles fendre le brouillard.

Ses lourdes bottes de cuir écrasent les galets comme il quitte la barque d’un pas véhément, ne perdant pas une seconde. On peut remarquer, dans l’éclairage morne de cette aube grisonnante, les teintes bigarrées de la chemise qu’il porte sous son large manteau de Commodore et à quel point ces couleurs se marient bien avec celles de sa peau. Sans un mot, avec la démarche calculée d’un prédateur, il s’arrête à la lisière des bois, humant la jungle, sur ses gardes.

https://www.youtube.com/watch?v=4H0JDomv8ac

Derrière lui, ce n’est pas une silhouette, mais une véritable montagne qui s’élève de la barque, une sacoche aux dimensions de container pendant sur son flanc. D’un pas qui se veut le plus silencieux possible, le colosse quitte la chaloupe qui grince de soulagement tout en tenant son borsalino d’une main ayant la taille d’une pelle. Le bas de son manteau rapiécé à larges bords volète derrière lui, tandis qu’il s’avance vers le commodore qu’il n’aperçoit que très peu à travers la purée de pois du petit matin.

Finalement, c’est un troisième homme, bien moins imposant que les deux premiers, croulant sous une montagne de matériel de communication, qui tire la chaloupe hors de l’eau tout en se dirigeant tant bien que mal vers ses deux supérieurs.

Wallace replace son chapeau, puis gobe une pilule qu’il tire de sa poche, arrivé au même niveau qu’Oswald. Ce dernier balaie du regard la jungle une dernière fois, puis souffle avec ce timbre typique du tueur déjà en chasse :

-La voie est libre, en avant.
-Assurez-vous de bien suivre, Karl. Lance poliment l’immense psychologue au binoclard bouclé qui tient à bout de bras une caisse débordante d’équipement.
Répondant au silence des bois, le trio s’engage dans les broussailles et disparait rapidement sous l’épaisse végétation.

La veille du Jour J,
Le Léviathan

Un pont bondé, des centaines et des centaines de matelots s'entassant dans les haubans, les gréements. Tous assis un peu partout, certains coincés en rang, sur les rambardes, d'autres amoncelés dans les marches des nombreux escaliers du pont. C'est une véritable marre d'hommes et de femmes en uniformes qui ont les yeux rivés vers le gaillard arrière, tous en l'attente des mots de leur capitaine. Comme si plus d'un millier d'enfants venaient écouter l'histoire qu'un seul père avait à leur conter.

Les Rhinos Storms écoutent, comme une seule et immense famille.

Oswald, au devant du gouvernail, accompagné d'une carte de Jaya de la taille d'un homme, inspire longuement avec gravité.

-Écoutez tous. Je ne répéterai pas ce plan une seconde fois.

Sa voix porte et atteint chaque marin du navire, de l'équipe médicale aux cuisiniers, en passant par les scientifiques, les soldats et les charpentiers. Il s'arme d'une baguette télescopique, puis braque cette dernière sur la jungle de Jaya, d'un geste sec, non retenu. Claquement sonore. Aux côtés de Double Face, la moustache du lieutenant-colonel Queen frémit, les cheveux de Ketsuno volent au vent, la mine de Serena s'assombrit, la cigarette de Sarko s'éteint, puis se rallume, Smile sourit (comble de l'habitude) au beau milieu de la foule et Jeska se raidit de plus belle. Le Léviathan, lui, se suspend aux lèvres du Commodore en retenant sa respiration, Wallace, lui, tenant bien haut la carte, replace son chapeau d'une main aux proportions de marteau.

-Je ne serai pas de la partie pour tout de suite. Je ne serai pas là dès le début pour vous épauler. Sachez le tous maintenant, il faudra jouer stratégiquement et subtilement pour la réussite de cette mission. C'est pourquoi je serai sur l'île, sans toutefois intervenir directement, je resterai dans l'ombre, à coordonner les opérations qui auront lieu sur l'île et à m'assurer d'un constant relais de communication.

Mais dès qu'il faudra, je serai toujours là pour intervenir en cas de situation fâcheuse. J'ai besoin d'une petite troupe de choc, c'est pourquoi je prendrai avec moi le médecin en chef Johnson et le matelot de première classe Karl avec moi, l'un pour son expertise médicale et l'efficacité de ses interventions sur le terrain, l'autre parce que j'ai besoin d'un assistant sur qui me fier.


Regard au psychologue reptilien qui lui envoie un clin d'œil, puis au mousse qui, au milieu de la foule, se sent soudain comme étant le centre du monde.

La machine est déjà lancée.

Jour J, matin,
Quartiers de Jaya

http://listenonrepeat.com/watch/?v=A9D7PVfgXD0

L'inhérente pestilence des lieux est saupoudrée du même crachin que plus tôt, mouillant les planches pourries des habitations mal loties et biscornues. Toutes construites sans un seul soucis de l'espace, escamotant les fondements même de l'architecture pour en venir à des aberrations sans poutres, aux fenêtres défoncées, aux proportions mal mesurées, aux toits couverts de trous, aux murs mal isolées et à l'hygiène plus que douteuse. Déjà aux petites heures, des ivrognes ont déjà enclenché leur activité quotidienne tandis que d'autres malandrins écument les brumeuses allées à la recherche d'emmerdes à exploiter ou de combines scrupuleuses à faire gober. Les tavernes expulsent les squatteurs de la veille, les tenanciers balaient ce qui leur fait office de porche et les pirates, eux, s'éveillent avec le pouls de l'île qui s'emballe. Une journée de plus sur l'immense cité pirate, sur ce bidonville gigantesque carburant aux crimes, aux pillages et aux aventures de flibustiers et de forbans de par delà Grand Line.

Des rats courent ça-et-là, des détritus et des bouteilles vides jonchent le sol, sont même parfois piétinées par des passants maladroits. Les manteaux, les tricornes et les chemises de marin sont au rendez-vous parmi les déjà nombreux pirates qui arpentent les rues. Tous possèdent des sabres, des pistolets, des massues, des poignards et de subtiles armements en tout genre. Tous savent de quoi il en retourne sur cette île où la puissance et la renommée font office de lois. Tous savent que la vie sur Jaya n'est pas tout les jours porteuses de bons signes. Des filles de joie aguichent des hommes dans les rues, malgré la température et l'heure jeune de cette aube morose. Des marchands vantent leurs étalages, les hommes du port s'activent.

Le cœur de Jaya pulse à nouveau de sa chaotique activité.

CRAC! CLING!

Un homme traverse la fenêtre d'un restaurant et s'écrase sur le pavé de lattes montées sur pilotis, à l'extérieur. Depuis l'intérieur de l'établissement à l'enseigne miteuse et usée, on entend les cris de surprises des uns, les rires cruels des autres.

Spoiler:

-Écoute moi bien espèce de sous-merde! Ça fait déjà plus de deux mois que tu as dis que tu me rembourserais! Tu sais, je me trouve très patient, je n'ai pas l'habitude de prêter autant de berrys à un homme indigne de ma confiance comme toi. Et j'avais bien raison, au final, tu n'es qu'un ingrat qui a gaspillé toute sa fortune dans un pauvre bateau qui n'en a pas valu la peine!

L'homme est gras. Sa voix l'est aussi. Il sort dans la rue pour rejoindre sa victime d'un pas claudiquant. Une fois à la hauteur du pauvre homme qui se relève tant bien que mal, des morceaux de verre ayant lacéré son pauvre visage couvert de sang, il plaque ce dernier au sol d'un violent coup de canne. Autour, les opportunistes et les intéressés s'agglomèrent déjà pour assister à la raclée que recevra le mauvais payeur. Car il en recevra une, de raclée, le pauvre homme qui geigne au sol. Le gros parvenu qui l'écrase est bien connu de tous, c'est Fetcher, alias Crésus, le plus riche et véreux prêteur sur gage de l'île. Un vieil aventurier, plus avare que Shylock, ayant construit sa fortune en abusant des petits forbans et en raflant leurs butins grâce à ses taux d'intérêts colossaux. Un véritable vautour aujourd'hui propriétaire d'une flottille de contrebande subvenant l'île en biens alimentaires et matériaux depuis plusieurs années déjà. En bref, même s'il commence soudain à matraquer le pirate sans défense à l'aide de sa canne, tout en le sermonnant à la manière d'un mafieux, personne n'interviendra. De un, parce que l'homme incarne en lui-même un des plus importants vecteurs économiques de l'île, mais aussi parce qu'il n'est jamais réellement seul…

La foule se fend en deux pour laisser passer une haute et svelte silhouette que le brouillard ne dissimule que trop bien. Deux iris verts luisent à travers la purée de pois, des talons cognent lentement contre le bois de l'allée à chaque pas de cet homme qui agit à la manière d'une apparition pour les badauds saisis de stupeur.

-Alors, on a des ennuis, très cher Crésus?

Spoiler:

S'il y a bien un contrebandier à la fois connu et inconnu sur Grand Line, c'est celui qu'on qualifie d'Ombre de Jaya. Capitaine des nombreux navires de Fetcher, Souffleciel n'a d'égal en subtilité que le meilleur agent du cipher pol. Il est à la fois une légende vivante pour les habitants de Jaya, mais un mythe inaccessible à ceux qu'il escroque de tous les coins de la route de tous les périls. Et s'il y a bien une seconde raison au fait que personne ne s'en soit jamais pris à Fetcher, le Capitaine Casimir l'incarne parfaitement en agissant comme le protecteur légitime du prêteur sur gage.

-Un autre crève-la-faim qui ose ne pas me rembourser!
-Hmm… C'est déplorable.

La voix de Souffleciel est celle d'une lame qu'on aiguiserait sur une meule. Elle est du même timbre que le sabre qu'il dégaine lentement, en se pourléchant déjà à la vue de la victime de son associé. Il s'accroupit calmement face au pauvre forban terrifié, et lui souffle quelques paroles faisant office de sermon.

-Tu sais, sur Jaya, il n'y a de loi que celles qui sont écrites par les chefs de quartiers. Et c'est dommage, parce que le quartier du vieux port, il m'appartient.

Cette phrase est ponctuée d'un sourire cruel. Sourire qui agit presque comme un signal mainte fois pratiqué. Des dizaines de matons envahissent l'allée en s'y faufilant comme des ombres. Des grognards sans personnalité ni développement qui n'ont comme utilité que d'agir selon le bon vouloir de Souffleciel en échange de sécurité, d'aventure, et d'une part toute sauf équitable des richesses de leur capitaine. Souffleciel se penche à l'oreille de sa proie, sous le regard bravache et vitreux d'un Crésus se pavanant comme un seigneur face à la foule agglomérée.

-Et les lois, quand on est rien, on apprend à les respecter, sinon on crève.
-M…m…mais mon navire s'est fait dévoré par un monstre marin! se plaint la mauvais payeur dans une ultime supplique.

-Ah bon? Bienvenue sur Grand Line. Dommage. Prenez lui tout ce qu'il a, et tabassez son équipage, accessoirement.

Avec une fluidité déconcertante, Casimir se remet debout, puis s'en va comme il est venu, son manteau voletant au vent. Le mauvais payeur, lui, est tiré vers les ruelles par les sbires de Souffleciel, tandis qu'il hurle désespérément des explications auxquelles la populace est complètement imperméable.  

Bienvenue sur Jaya.


Dernière édition par Oswald Jenkins le Mer 9 Avr 2014 - 4:04, édité 1 fois
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Quelques jours plus tôt, sur Jaya.

Quelques jours auparavant, alors que l’invasion de Jaya n’était qu’une idée, la vie continuait son cours normal et qui dit vie, dit piraterie. Sur cette ile, il y a beaucoup de gros calibres, mais quand on dit le nom de Flist Gonz alias le Crochet, tout le monde sais qui vaux mieux le redouter, lui et la première flotte du puissant seigneur des mers, le terrifiant Mannfred D. Teach. Nul n’oserait véritablement se confronter à eux, mais c’est pourtant le cas des Rhinos Storm, et aujourd’hui c’est jour de stratégie, Oswald et Queen passent tout leur temps à boire du thé, Hiechu semble les accompagner et c’est sans parler du reste de l’équipage. Smile chante des poèmes à Jeska en essayant de se faire pardonner pour une bêtise, celle si tente encore de le frapper, dans l’autre coin on trouve Serena qui menace un bleu, probablement due au stress ou a cette fameuse semaine du mois qui frappe tel un ouragan toute femme digne de se nom, ensuite il y a bien Wallace qui cours un peu dans tous les sens, histoire de bien équiper tout le monde en médicament.


Sur Jaya, dans un petit entrepôt miteux, Flist viens à peine de terminer un appel au den den mushi, qu’il retourne s’asseoir sur son trône, mais quand on dit trône, c’est bien un siège royal, patte galbée à tête de lion, dorure et incrustation précieuse dans se bois si précieux et bien évidemment sculpté, tout fait main. Se maniaque de la mode et de tout se qui est raffiné n’est pas seulement fou des combat et de son crochet, non son tricorne et le mobilier qu’il utilise viennent avec.

Le Commandant de la flotte croisa les jambes, puis réceptionna sa tasse de thé, coïncidence ? Oui, probablement. Car nul n’avait véritablement la possibilité de savoir que l’autre camp aussi buvait de ce petit nectar. Bref, elle était aussi superbe que le reste, mais se qui l’intéressait le plus n’était pas son contenant, non s’était plutôt le rapport qu’il venait de faire à son supérieur ainsi que les indications qu’il venait de recevoir. Il demanda donc à Edgar de venir l’accompagner dans son gouter.

- Mon très cher Edgar, ou sont les autres ?

- Et bien, pour commencer Andrea est encore en train de magasiner dans les rues.

- Par là tu veux dire qu’elle est encore partie sans un Berry ?

- Mais bien sûr, vous la connaissez, elle ne paye jamais… Ensuite notre bon vieux Horace vient de me contacter, tout va bien sur la lépreuse.

- Parfait, bien. Vous dans le coin, apporter moi encore de se sucre rosé dérobé dans cette ile, vous savez celle faite de bonbon.

- Oui, tout de suite seigneur Flist.

- Ensuite mon cher Edgar quelle bonne nouvelle à tu pour moi ?

- Et bien étant donné que vous venez de parler avec Teach, j’en déduis que vous aurez peut-être plus de bonnes nouvelles que moi, je me trompe ?

- Effectivement, il est rare que tu te trompes, c’est d’ailleurs pour cela que je t’apprécie tant. Bien, il a décidé que nous devrions peut-être trouver un moyen de nous approprier un peu plus de puissance brute, il semblerait que la marine a peut-être l’intention de nous attaquer sur une autre ile et nous partirons les aider au besoin, je parie que c’est encore maria qui a de la difficulté a gérer sa flotte avec autant de charisme que moi.

- Bien évidemment personne ne vous arrive à la cheville dans se domaine et c’est un secret pour qui veux bien passer à coter de se détail.

- Continu, je veux des propositions et je les veux maintenant, au fait mon colis est arrivé ?

- Oui, et en parlant de se précieux colis, pourquoi ne pas l’utiliser ? nous pourrions appâter toutes les raclures du coin, les laisser s’entretuer et ainsi remettre la chose en récompense au grand élu qui rejoindrait l’équipage ?

- Hum, pourtant tu sais qu’il m’a couté très cher.

- Oui, mais pensez-y, nous pourrions trouver des tonnes de combattants de valeur, personne pour vous battre, mais au moins pour nettoyer le navire en l’absence des autres et puis le recrutement c’est bien mon domaine non ? je vous le dis Flist, laissez-moi trouver la pire taverne du coin, je les ferais regretter de se penser à la hauteur !

- Entendu, mais nous allons prendre quelques précautions au sujet de se fruit, j’ignore encore son pouvoir je n’i pas eut le temps de regarder l’encyclopédie. Je veux que tu laisses le fruit ici, le gagnant de tes fourberies viendra le manger ici et c’en sera toujours mieux.

- Comme vous le voudrez, j’apporterais donc deux fruits l’un sera empoisonné et l’autre sera l’antidote, ainsi seul un homme fort et chanceux pourra espérer manger le véritable.

- Parfait, j’assisterai moi même au jeu, toi dans le coin ou est mon sucre ?

- Je ne voulais pas vous interrompre le voici mon seigneur.

- Laisse-le là, puis tant moi ta main, non l’autre abruti.

- AHHHHHHHH, MA MAIN !

- Voilà, mettez-lui un crochet, il fera l’appât au cas ou un homme tente de s’en prendre à ma personne.

- J’adore votre façon de voir les choses Flist.

- Tout le monde m’adore. Allez va mon cher Edgar et trouve-nous un intéressant spécimen, il devra avoir du caractère, savoir piquer ma curiosité et pas un affreux pirate, prend en un qui puisse ne pas me faire honte en public.

- Parfait, je m’y mets tout de suite, ah et pour le fruit, je me suis informer c’est celui du ressort.

- Intéressant, intéressant. Il sera parfait pour une recrue, pas trop imprévisible comme ses Logias.

- Je vous l’accorde.


Jaya Jour J. Opération infiltration, Opération retrouver son chemin.

Smile avait bien écouté les ordres, il avait bien mangé et prit la dose de Wallace pour ne pas entrer en crise de manque dans les prochains jours. Jusqu’ici tout allait super bien, mais sans vraiment savoir pourquoi, il s’était égaré, peut-être que se petit papillon n’était pas vraiment un insecte nuisible qui en voulait à sa vie après tout. C’était quand même pour en être sûr qu’il l’avait suivi dans cette épaisse jungle, il aurait peut-être dû rester avec Oliver dans ce joli petit sentier de terre battue, mais nul doute qu’il retrouverait son chemin.

Il devait le retrouver, il le fallait… Son rôle ! était important, son rôle… Ah oui, il jouait les pirates ! Un certain Sad Smile. Encore une mission d’infiltration, on savait donc qu’il était doué et qu’il ferait tout, peut-être même se couper une main pour y mettre un crochet afin de captiver la foule, ou pas. Non il allait s’en tenir à cette coupe de cheveux rattacher en une toque sur sa tête comme les filles, cette fausse cicatrice sous l’œil et ses habits délabrés qui empestait l’alcool. Merci au divine mode, merci d’avoir choisi un mode de vie remplie de pourriture et de rats, de fond de cale humide et de durée interminable sans prendre de douche. Les pirates avaient bien sûr oublié quelques notions fondamentales, comme si une douche où un bon bain chaud plein de bulles peut vous tuer un homme ?

Quelque temps plus tard, à la sueur de son front, le mousse réussit à se frayer un chemin au travers de toutes ses lianes et de ses grosses plantes vertes. Malheureusement il avait perdu toute trace de ses compagnons et ne savait aucunement ou chercher, c’est pourquoi il décida de se faire remarquer, jouer les gros durs ici, c’était du déjà vue. Il devrait donc faire fort, très fort ! Une chose qu’il n’avait pas oubliée, c’était le nom du type qu’il devait impressionner, enfin… Il ne pouvait pas l’oublier puisque Oswald lui-même lui avait griffonné son nom à l’intérieur même de sa main. Un dénommé Flist Gonz, aussi surnommé "Crochet". Il lui fut donc très facile une fois arrivé dans une allée bondée de commencer à poser ses questions.  

Les gens n’étaient certes pas très bavards, mais il tomba quand même sur une perle rare, un gros homme barbu au chemisier taché de sang lui indiqua en riant qu’il devrait se rendre dans la taverne au bout de la rue, le tant rechercher Flint y résidait pour la journée avec quelques fier-à-bras qui selon les dires du gros homme n’était pas simplement méchants en apparence. Ensuite Smile le remercia et se garda bien de lui demander d’ou venait tout se sang, il faux avouer que le trou béant que créait le manque de dents dans sa bouche foutait une trouille bleue au mousse qui tenait pour ne pas exagérer, énormément à son sourire. Une chose l’intéressait par contre, au dire de ce gros plein de soupe, Crochet rechercherait peut-être quelqu'un d’assez fou pour rejoindre ses troupes, il avait aussi parlé d’un fruit démoniaque, le genre d’objet maudit qui vous empêche de nager, qui vous fait couler comme une enclume. C’était étrange qu’il fasse allusion au fruit, peut-être était-il la récompense à cette proposition d’intégration qui sait.

Une fois entrée dans la taverne, la musique s’arrêta aussitôt qu’il eut passé les portes-style westerns, tous se retournèrent de nouveau vers l’entrée que venait de franchir le gros gars d’un peu plus tôt. Mais voilà qu’à sa place on trouvait désormais un grand gaillard tout maigre, sa chevelure dorée filtrait les quelques reflets de lumière téméraire et son sourire s’agrandit à la vue de toute cette foule. Son pouce se déplaça le long de son fourreau, il était prêt à sortir cette longue lame qui vibrait déjà de plaisir.

Voilà ton moment de gloire se dit il, s’était le moment de leur en mettre plein la vue.

Au fond, un rire bien gras et peut-être même enrober de folie retint le souffle de tout le monde, Smile y compris. Cet homme, dont il ne voyait que le reflet démoniaque d’un crochet fit mine de s’avancer sur son tabouret.

- Hé toi, qui es-tu pour oser déranger notre petite fête ?

Smile joua le tout pour le tout, il prit une petite respiration tout en ajustant le bandeau qu’il avait sur le front. Ses bottes claquèrent le sol tandis qu’il se dirigea vers le bar.

- Hé gamin je t’ai poser une question !

Il ne lui accorda pas l’ombre d’un regard, Smile était peut-être idiot, mais il se souvenait bien de ce que lui avait dit Oswald. Le Crochet de Flist se trouvait sur sa main droite et non la gauche, l’homme était donc un leurre, peut-être que le véritable pirate n’était même pas ici en se moment, mais il se devait de continuer son manège. Prenant une pose décontracter tout en s’accotant au bar, le blondinet se choisit une bouteille qu’il décapsula de son sourire étincelant.

- HÉ ENFOI…
- Tait toi sale imposteur de merde.

Un autre soulèvement se ressentit, encore une fois tout le monde retint son souffle à l’exception de Smile cette fois. Celui-ci se retourna en direction du crochet, sabre paré pour les embrouilles.

- Tu ne m’intéresses pas le cafard, je suis ici pour le fruit du démon, le pouvoir et les femmes, je ne suis pas intéressé par un imitateur aussi nul. Je dois quand même t’appeler Flist, Flist le crochet ? Car si la réponse est oui sache que je serais insulté à sa place. Le pauvre devrait faire attention au détail.

Voilà, la graine du chaos était semée, il fallait maintenant que les choses reste aussi simples, que la situation reste en sa faveur, car bien que téméraire, ils étaient trop nombreux pour un seul Smile. Le comédien sembla quelque peut désemparer, il était vrai qu’il venait de se faire démasquer, mais désormais le blond avait l’attention de tous, y compris du véritable Crochet qui du haut de son perchoir se sentait de plus en plus intéresser par la tournure des évènements.

- Non… c’est bon tu viens de passer le premier test. Mais qui es-tu et comment es-tu au courant ?
- Facile, le fruit m’intéresse, si c’est un vrai bien sûr. Ensuite je cherche le crochet depuis un moment et il paraît qu’il chercherait des hommes de valeur, ça tombe bien non je n’en voie qu’un et il vient d’entrer.

Buvant une rasade d’alcool, Smile scruta les environs, seules quelques personnes n’étaient pas bleues de trouille et le mousse venait de mettre la main sur le gros lot. Le véritable crochet se tenait directement à ça droite, un étage au-dessus, tout bonnement appuyer sur le rebord de la rambarde. Il lançait un regard perçant et intriguer dans la direction du nouvel arrivant, il en voulait donc plus, son petit manège manquait de crédibilité.

Le pirate infiltré lança sa bouteille en direction de l’imposteur et celle si éclata en un seul et unique crissement de ver. Smile dégaina son Nodachi tout neuf et fit mine de s’exercer un moment avant de trancher les pattes d’une chaise. L’homme tomba au sol et le blond s’accroupit à ses côtés, le tranchant de sa lame menaçant de lui couper la gorge. Il lui murmura de lui montrer le véritable capitaine, ce qu’il fit. Celui-là n’était ici que par parure, il n’était pas puissant, mais effrayer.

Laissant une petite coupure sur la gorge de sa victime, le mousse se releva et jeta un regard empli détermination à se fameux pirate que tout le monde semblait redouter.

- Je suis Sad Smile, directement de South Blue avec 52.000.000 de Berrys en prime.

Smile fit un clin d’œil à son nouveau boss, le jeu de mots était plutôt bien placé, ça il fallait l’avouer.

- Alors cette deuxième épreuve ?

Par chance, il fallait croire que Crochet en avait assez vu, quand son imposteur daigna essayer de parler, il le fit taire en ne levant qu’un doigt. Il avait de la prestance à revendre, il semblait lire en Smile comme dans un livre ouvert, mais le problème s’était qu’avec Smile on ne voyait jamais rien, il était trop idiot pour se trahir, il croyait peut-être même plus fort au fait qu’il était pirate qu’à tout le reste en se moment, mais que voulez-vous, s’était ça être une vedette, un homme de théâtre, un vrai de vrai. C’était aussi sa qui venait probablement de lui sauver la vie.

D’un seul murmure, les ordres furent donnés, il lui évitait la deuxième épreuve et le fessait directement passer aux choses sérieuses, pourquoi ? Parce qu’il aimait le tempérament de Sad Smile. Peut-être lui fessait-il penser à lui même dans ses débuts, ou peut-être qu’il était tanné de tous ses petits jeux. On apporta donc deux coffres au blondinet, chacun se fit ouvrir minutieusement et de façon très copieuse. Ensuite, on lui expliqua que le pouvoir qu’il recherchait n’était plus qu’à porter de main, qu’il n’avait qu’à choisir le bon fruit et que le tour était joué, enfin. Pour ce tour des sélections. Alors qu’il se rapprochait des coffres, on lui dit que les deux étaient des fruits, qu’il ne pouvait en prendre qu’un et que l’autre serait pour le prochain.

C’est à se moment que Smile compris la gravité de la situation, pas la sienne, celle qui se tramait. Quelles étaient les chances que deux fruits se retrouvent ici ? En même temps ? Impossible. Toutes les légendes, les histoires disaient bien qu’ils étaient très rares. C’Est pourquoi il prit simplement les deux, un dans chaque main et les avala d’un coup, en même temps.

Encore une fois, son courage épata la galerie, il fit mine d’en apprécier le gout, mais s’était répugnant, il léchât quand même chaque doigt jusqu’à se que la tension ne retombe.

- Alors Capitaine ça vous va comme serment d’allégeance ?

Pour la suite d'Opération Hiechu avec Sad Smile et la serveuse Njut Sköllsson.


Dernière édition par Smiley Smile le Mer 12 Fév 2014 - 4:31, édité 2 fois
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J'regarde le plan, fixement. J'me pose pas la question du pourquoi il est plein de tâches d'encre, de gras et d'autres choses pas bien conceptualisables. J'ai l'œil brillant, comme si la lumière passait au-travers. Le goût du sang déjà sur mes lèvres, comme une brume autour de moi. J'regarde plus Oswald de la même manière, mais j'sais que je vais en guerre. Encore. Et cette fois-ci, plus que toutes les autres fois. J'décroche pas, quand il parle.
Ma mission, elle est au plus proche du danger. Faut que j'joue la connasse primée sans cœur, la rookie bien burinée qu'a baroudé en solitaire et qui pourrait avoir gain de cause au bureau de recrutement de Flist. J'suis la personne qu'il faut pour ça, c'est clair. Inconnue au bataillon sur Grand Line, parce que sans réelle réputation dans la marine ; une gueule qui s'accorde bien avec le feu de Jaya, des manières qui feront pas tâche. J'crois la voir en fermant les yeux, cette île... ses ruelles chaudes aux pavés glacés, ses cadavres blancs qui puent dans les coins, ses charniers bien cachés, ses amoures fulgurantes et violentes, ses amitiés jouées sur une balle de pistolet, ses parfums de viandes brûlées. Pas grand chose à voir avec le Grey T., mais cette île là, elle est dans le rêve de tous les gamins, là-bas. L'opulence, le pouvoir de tous ceux qu'ont du panache et des couilles, sans oppression, sans grand mur bien gardé. De la mort, mais de la mort qui frappe aléatoirement, parce que tout le monde est vraiment coupable. Un espèce de purgatoire où ta peine peut se purger, où t'as le droit de te pointer plus noir que noir pour ressortir transfiguré. Une île qui bouillonne des espoirs de tout les bas-fonds est une île qui vit.

Ouais, j'crois que dans une autre existence, j'me serais plu à Jaya. Une existence où j'me serais rasée la tête et où j'aurais couru sous un pavillon à tête de macaque.

-Tu as des questions, Serena ?
-Non. Je m'en sortirai.


* * *


J'trempe mes rames dans l'eau saumâtre du port de Jaya. On m'a refilé une barque et des fringues déchirées que j'ai foutues à tremper à la mer, pour faire plus vrai. Un vieux treillis comme j'ai toujours eu l'habitude d'en porter, mais attaché à la ceinture par une sorte de grand foulard miteux, couleur j'ai-macéré-dans-la-vinasse-premier-prix. Pour le reste, une chemise de matelot en chanvre, une veste longue à boutons, façon empereur. Puis un bandeau gras et raidi par le sel sous le tricorne mité. Dans ma poche, un avis de recherche.

J'suis Serena Porte-Flemme. 'Sont pas allés chercher bien loin, hein ? Primée, 57 millions. Pour meurtres, désordre public, discours cyniques et pessimistes proférés pendant des défilés officiels, alcoolisme et dépravation sur la voie publique, provocation d'émeutes. Ce genre de trucs. C'était pas super dur à trouver. Il a juste fallu que j'écoute ce que me racontait mon Autre Voix sur mon Autre Vie ; celle où j'aurais porté des fringues comme celles-là, et où j'aurais fini sur une potence. Double potence, peut-être triple. Ou quadruple... Coupable devant moi-même, sans fierté ; coupable devant mes victimes, sans honneur ; coupable devant la foule, sans gloire ; coupable devant Dieu, sans pardon.

Mais c'est pas le fait de savoir que j'ai choisi un chemin plus serein qui m'empêche d'y penser, des fois. Jouer les fléaux des océans, c'est comme une seconde nature, un possible. Une autre Serena. C'est pour ça que j'ai voulu y aller seule, sans un mousse pour jouer les faux acolytes. Au moment d'amarrer ma barque, y'a un jet de peinture qui me saute aux yeux, sur la coque d'un grand bateau à ma droite. J'y vois comme une parole qui m'est adressée :

« Je suis comme la vie.
La reine des putes. »


J'suis debout, j'fais face à l'inscription, qui sonne comme un épitaphe. J'ferais bien graver ça sur ma tombe, si j'avais pas peur de manquer de panache. Oh ? Voilà que je pense comme le Punk. L'autre sentier. J'regarde mes poings, déjà bandés, prêts à cogner.

Ça va chianaver. Et merde !

J'pose le pied sur le quai. Littéralement, vu que j'suis pieds nus. Plus crédible qu'une bonne paire de santiags ou de bottes, ils disaient. J'le crois aussi. Sous mes orteils, j'sens presque le pavé trembler sous la fête monstre que donnent les forbans de l'île depuis si longtemps. Le port est pas très actif, mais l'électricité brûle l'air saturé de sel. C'est drôle comment j'le ressens, mais j'pense que c'est parce que j'ai l'impression d'être dans le rêve de tous les mômes du Grey T. Le fantasme et la réalité, j'les sens là, devant moi, en moi, partout.

J'me sens vivante. Profondément vivante.

-'Soir mam'zelle...
-Hum ?

L'air hautain, le port droit, j'le toise de toute ma hauteur. J'suis la capitaine Porte-Flemme, connard. C'est ce que je lui dit sans parler, et limite moi-même, j'y croirais. J'crois que j'ai foiré une carrière d'actrice.

-Pour le port, y'a comme qui dirait les hommes de Flist qui s'occupent de la garde. Un malheur est si vite arrivé, comprenez... donc le droit d'amarrage est de 30 000 berrys, première journée offerte auxquels s'ajoutent 5000 berrys par jour supp...

BANG ! BANG ! BANG !

-Mais... mais...

La fumée s'échappe doucement de la bouche de mon canon lisse flambant neuf, fourni par Andermann suite à la destruction de mon fusil à Bulgemore. Trois trous irréguliers se dessinent dans le plancher de la chaloupe, qui commence à prendre l'eau. Je coupe l'amarre d'un coup de couteau désinvolte. Puis je regarde de nouveau le mec dans les yeux.

-T'as dit que tu bossais pour Flist, connard ?
-Vas te faire foutre, grognasse !
-Dis pas de bêtises. J'veux le rencontrer. Je réchappe juste d'une attaque de géant des mers, mon équipage est au mouillage. J'commence une nouvelle vie, tu comprends ? Et c'est le Malvoulant que j'veux servir. Aller.
-...

Comme il dit rien, j'passe une main à l'intérieur de ma veste pour en sortir une poivrière, empruntée au Léviathan. Et je la lui pointe entre les deux yeux, sans trembler. Il me regarde de nouveau en face, mais il me jauge. Puis il s'incline.

-Pas la peine de se fâcher. Tout le monde connait Flist, ici. Z'aurez qu'à demander n'importe où, on vous indiquera. Moi, j'dois rester à mon poste.

J'vais pour m'en aller.

-Et j'vais vous demander 5000 berrys pour les frais de dégagement d'épave. C'est un coup à bloquer le port, ça.

J'me retourne pas. Il est plus couillu que ce que je croyais, puis vaut mieux pas trop que je me fasse repérer d'entrée de jeu. J'sors une bourse avec une bonne partie de ma solde dedans. Et j'laisse deux billets tomber sur le quai, comme deux feuilles mortes. Que j'piétine au passage.

Parce que je suis le fléau des mers,
J'ignore la valeur de l'or,
Yoho !
Parce que je suis la déesse de la poudre,
J'ignore la valeur du sang,
Yoho !
Parce que je suis à deux pas du néant,
J'ignore la valeur de la mort,
Yoho, ho !

Et c'est le cœur tout entier porté par cette drôle de comptine que je m'en vais sur la trace de Flist, en prenant garde à garder dans un coin de ma tête les voix de Dieu, d'Oswald, de Julius. Parce que celle du Punk chante fort dans l'air de Jaya.

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Quelques jours avant le jour J.
Sur le Leviathan.

Jeska avait pu constater d'elle-même que l'atelier de Lilou, il est grand. Et durant cette folle aventure, elle avait aussi appris quelque chose d'intéressant. Avant presque tout le monde, elle savait quelle serait leur prochaine mission. Bien évidemment, il y avait quelques bruits de couloirs qui circulaient, mais ça restait de l'ordre de la rumeur. Mais voilà, les Rhinos Storms allaient sur Jaya pour se mesurer aux hommes du Malvoulant. Une mission d'envergure qui devait servir de tremplin pour l'ange. Alors, ça faisait déjà plusieurs jours que la jolie aveugle squattait la salle de sport pour s'entrainer. Elle faisait pas mal d'exercices dans le but de renforcer son corps. Et puis, d'une certaine façon, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire sur cet immense navire qu'était le Léviathan.

Hormis fuir Smile.

Oui, le plus souriant des soldats de la Marine n'était pas mort. Et bien que ce dernier tente de reconquérir le cœur de l'ange. Cette dernière n'était pas très disposée à se relaisser courtiser. Le "décès" de son ami l'avait profondément blessée, et le mensonge encore plus. Elle n'arrivait pas à lui pardonner. Depuis lors, elle le fuyait, ou lui jetait des objets à la figure afin qu'il la laisse tranquille. Elle fréquentait de temps en temps Oliver mais ce dernier semblait très occupé à planifier l'attaque de l'île avec Oswald. Elle avait passé une bonne semaine à nourrir le nouveau capitaine du Léviathan à la petite cuiller avec des purées ou des compotes tant Lilou l'avait amoché. D'ailleurs, la volcanico-rouquine était partie. Ce qui était bien dommage car s'était une des rares personnes avec laquelle elle s'entendait bien. Pas comme avec sa voisine de chambre, la bêcheuse Serena Porteflamme. Rousse aussi, mais nettement moins agréable. Au point que l'ange avait subtilisé un pince-nez dans le cabinet de Wallace afin de ne plus être importunée par les odeurs fortes de cette furie. Enfin, le médecin de bord, qui jouait actuellement le rôle de confident. Il faut dire qu'elle n'avait plus grand monde à qui parler qui ne lui soit pas totalement inconnu.

C'est alors qu'elle apprit la nouvelle de la part de son docteur et ami. Elle était missionnée pour infiltrer l'île. Bien évidemment, la chose ne plût pas beaucoup à l'ange. Elle croyait dur comme fer que la Justice devait être appliquée au grand jour. Afin de montrer l'exemple. S'abaisser à utiliser ce genre de méthodes viles et insidieuses lui paraissait "indigne". Elle protesta seulement afin que l'on acte son désaccord. Après tout, les ordres, c'était les ordres. Un sacré pour la jeune Lieutenant qui les suivait aveuglément. Elle n'avait plus beaucoup de temps pour se préparer mentalement à rentrer dans la peau d'une pirate. Mais un malheur n'arrivant jamais seul, elle comprit qu'elle n'allait pas devoir endosser l'identité d'un brigand.

Mais celle d'une serveuse. Ce qui la révolta encore plus! Elle allait devoir apporter à boire et à manger à ses ennemis. S'il y avait quelque chose de plus avilissant, elle ignorait ce que c'était.

La veille du Jour J,
Le Léviathan


Le discours de son capitaine ne lui apprit pas grand chose. il faut dire que contrairement à ses amis, elle savait déjà de quoi il retournait. Elle avait pu se préparer.

Une semaine avec Wallace à apprendre les codes de langage de ces brutes de pirates. Elle ne se sentait toujours pas prête à aller en mission. Le médecin lui avait enseigné comment parler comme ces personnes, mais pour Jeska, ça s'éloignait trop de ce qu'elle était. Cependant, il ne fallut pas dix secondes pour la convaincre que son langage trop policé la trahirait à coup sur. Il en allait de même pour sa gestuelle. Et sa tenue. Et ses cheveux qui lui descendaient à la mi-mollet. Bref, elle sentait la soldate propre sur elle à plein nez. Le médecin qui faisait office de coach lui avait préparé une tenue, et aussi une séance chez le coiffeur. On lui raccourcit les tifs. Pour l'ange, c'était comme une amputation. Elle n'avait jamais fait couper ses mèches auparavant. Ses cheveux représentaient pour elle son histoire. Et les couper, c'était comme la priver d'une partie de son passé. Vraiment, l'opération avait intérêt à être un succès, car vu les sacrifices auxquels elle consentait, elle en voudrait à mort à quiconque ferait foirer la mission.

Le jour J.
Jaya, allée centrale.
Tôt le matin.

Elle marchait au milieu de la rue. La démarche assurée, elle ne cherchait pas se glisser dans la foule comme à son habitude. Non. Elle était une femme de caractère. Enfin, elle en jouait le rôle. Et les femmes fortes ne se faufilent pas. Elles marchent au centre, bien au centre, et elles ne s'écartent pas pour laisser passer d'autres personnes. Fort heureusement, à cette heure-ci, Jaya dort encore. Enfin, cuver serait plus juste.  Elle ne cessait de se répéter mentalement les conseils de Wallace. Pour Jeska ce n'était pas chose aisée. Ça revenait presque à sauter joyeusement dans une fosse à purin sans pince-nez. L'ange devait s'avilir, se salir afin d'être "couleur locale". Pour le moment ça allait encore. La tenue et l'attitude, elle pouvait gérer. Ce serait quand elle aurait à causer que les choses se corseraient.

Elle trouva facilement l'endroit qu'elle cherchait. Le bar. Il n'y en avait qu'un. Et l'odeur d'alcool frelaté ne trompait pas. Les hommes de Flist avaient fait fermer tous les autres tripots et autres troquets de l'île. Ainsi, ils avaient main mise sur le marché de l'alcool. Ce qui leur assurait des revenus plus que substantiels. Et si on ajoutait à ça toutes les autres choses qu'on pouvait vendre dans ce rade : drogues, armes, esclaves... ce lieu était le centre névralgique de l'île. Tout s'y passait. Elle comprit alors qu'elle devait absolument se faire engager comme serveuse ici. Son ouïe lui permettrait sans nul doute d'être au courant de tout ce qui se passerait sur l'île. Elle pouvait y récolter nombre d'informations capitales pour le bon déroulement de la mission.

Elle prit une grande inspiration et rentra dans cet établissement avec une démarche décidée. Une fois à l'intérieur, elle alla demander où était le patron au premier type qu'elle croisa, par chance, c'était le gars à qui elle voulait parler.

Yo, je cherche du boulot, un toit, de quoi bouffer et surtout pas de questions indiscrètes, t'aurais pas ça en stock?

La tenue de Jeska la mettant agréablement en valeur, l'homme répondit simplement.

"Si je déduis une piaule et trois repas de ta paie, ça te fera 1500 berrys par jour, ça te va toujours?"

Ouais, tope-là!

Une poignée de main, et c'était réglé. Voilà Jeska serveuse. Elle se doutait que son salaire était misérable, mais elle n'était pas là pour gagner du blé, mais seulement bosser.

"Et c'est quoi ton nom, ma jolie?"

Njut Sköllsson, et toi, c'est quoi ton blaze?

"Alleister Crowley. Allez, ramène tes fesses, que je te présente à l'équipe."

Et voilà Jeska dans la place. A faire le tour du propriétaire avec le tenancier. A faire connaissance de ses futurs collègues. A prendre ses marques en somme. Mais aussi à commencer son service. Elle n'avait pas à préparer les commandes, juste à les servir, ce qui allait assez vite. Mais qui était compensé par le nombre assez important de gens qui zonaient le bar. Certains habitués tentèrent de bizuter la "petite nouvelle", mal leur en prit, Njut leur montra qu'elle était loin d'être une fille facile. La matinée se passa pour le mieux, en laissant trainer un peu l'oreille, elle avait même commencé à glaner quelques information précieuses.

Peu avant midi, lorsque Smile fit son apparition dans le bar, Jeska le sut de suite. Cependant, elle n'en montra rien. De toutes façons elle était très occupée avec une table un brin turbulente. Elle assista donc de loin au show de son ami. La reconnaitrait-il dans cette tenue?
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Quelques jours avant the Jour
Sur le Léviathant



Petite information amassée. Les aventures vont bientôt commencer pour les marines, mais l’agent à commencer son boulot depuis toute la traversée. Tout se passe malheureusement bien. Enfin, moi je dis malheureusement bien parce que j’veux de l’action, mais en réalité c’est tant mieux que tout roule. Mais l’homme qui vise la perfection n’est pas tout à fait de mon avis. Il semble avoir une cible. Serena Porteflamme. Une jeune femme assez instable. Dans les documents de mission il a lu quelque ligne la concernant. L’approcher pendant une certaine période pourrait être cool !

Alors, ne croyais pas que c’est la seule cible. Ici il y en a une autre. Toujours les femmes. Moi j’dis une femme c’est mieux à la maison et à la cuisine. Vous en pensez quoi les gars ? Bon j’arrête de délirer et je continue ma narration. N’empêche que j’ai vus pas mal de mecs sourire. Merci pour le soutien. Je disais que la deuxième cible est Lilou. Elle possède une bonne réputation c’est certain, mais cela ne signifie rien. Les jeux de rôles vous connaissez… Juste un évènement récent nous montre à quel point l’homme peut se révéler autre que ce que l’on pensait. Je ne citerais pas de nom comme Red ou Toji.

Rhalala, je m’égare encore. Un peu de sérieux. Une dernière tête à surveiller. Le fameux Oswald. Le capitaine pour le moins intrigant. Après une petite discussion, ce dernier semble correct mais la mission n’est qu’à son début. Pour le moment ce sont les trois principaux. Mais bien évidemment, la moindre chose suspecte chez une personne peut attirer l’attention de monsieur Yamashita.

Jour J
Sur le Léviathant


Fail. Ouai’p un gros fail en ce jour. Notre matelot première classe c’est proposé pour accompagner la fameuse tout feu tout flamme j’ai nommé Porteflamme malheureusement cette dernière veut faire les choses en solo. Aucun mot n’est prononcé par notre homme. Ici c’est loin d’être une personne importante qui doit la ramener. ‘Sa supérieure’ a dit non, c’est non. Une demande, un refus, un silence.

Avec la chance des premiers jours, il entend parfaitement le plan du capitaine qui partira avec seulement deux hommes. Ça deuxième cible disparait. Le matelot a bien de la chance d’être avec le fameux Oswald. Il aura toutes les informations importantes mais passons. Comme il ne faut jamais faciliter la tâche d’un agent, la troisième cible du nom de Lilou.B.Jacob n’est point présente. HA HA HA. Alors l’agent du CP3 qu’est-ce que tu vas faire hein ? Sur le pont avec la grande majorité des hommes il se met dans l’ambiance.

C’est frustrant de savoir que nos supérieurs se battent sans qu’on ne puisse les aider pour le moment.

Ho ne t’en fait pas. Ça fait un bout de temps que j’suis chez les Rhinos et t’auras tellement d’action que n’en redemandera plus. Enfaite, tu aimeras les temps de repos comme celui-ci.

HA HA HA. Je suis bien téméraire. C’est ma première bataille, j’suis tout excité.

Je te comprends. Mais ça va bien se passer ne t’en fait pas.

Il continue de taper la discute comme un bleu. Ma première bataille et bla bla bla. Avec son sourire qui charme certaines filles. Sa sympathie qui lui permet d’être aimé d’autrui. Son assurance... Il me gonfle celui-là. C’est le premier post et j’ai déjà envie qu’il leur dévoile son identité pour que ça pète dans tous les sens. Mais étant son narrateur attitrer, j’vous assure que ça ne se passera jamais comme ça. Bien trop parfait ce gars. Les hommes se mettent même à rigoler. C’est une bonne ambiance avant une bataille. En réalité il faut se concentrer, c’est pourquoi il se calme.

Désoler d’avoir mis une telle ambiance, on m’a pourtant appris à me concentrer avec une intervention.

C’est vrai petit. En tout cas, ravi de faire ta connaissance. Moi c’est Dino. Reste prêt de moi je pourrais te conseiller.

Oookey. Merci bien.

Toujours se sourire aux lèvres. La main derrière la tête pour imiter le mec légèrement gêné. Mais dans sa tête une seule chose compte. La mission, rien d’autre. Après tout, l’orphelin est programmé pour ça.  Les choses intéressantes vont pouvoir commencer. Surtout lorsque la rumeur court que la fameuse Lilou arrive. C’est trop beau pour être vrai. Si elle vient…. Bon après tout, on ne peut pas toujours mettre des bâtons dans les roues des gens pour s’amuser. J’ai hâte de voir la suite pas vous ?

    Jour J,
    Jungle de Jaya

    Les mains tremblantes, je laisse s'affaler le corps brisé de l'animal. Le cervidé s'écroule sans vie sur le sol forestier, au beau milieu des épaisses fougères. Je cherche mon air, la respiration chevrotante, les regard dans le vague. Il fallait que je le fasse. Oui. Il fallait que je le fasse. Je suis parcouru d'un frisson horrible, puis je ferme les yeux pour fuir l'image du pauvre animal qui n'avait rien demandé. Aussitôt, ce sont des images de Drum, des explosions, du sang, le cadavre de Azenthor "Le chien jaune". La silhouette de Staline, puis le regard désolé de Marx. J'ouvre désespérément les yeux pour tout de suite les détourner du cadavre du cerf. Je fixe mes mains bigarrées, comment ai-je pu faire ça aussi simplement?

    Ça m'a frappé, comme ça. J'en avais besoin. Atrocement besoin.

    La guerre approche. Dark le sait, il se fait de plus en plus insistant. Je n'avais d'autre choix que de calmer mes instincts sur cette pauvre créature. Sans quoi je ne pourrai pas me contrôler à l'avenir. Je quitte mes deux mains des yeux, ces mains qui ont si simplement broyé un être vivant… Seulement ce cerf? Non. La végétation autour de moi est sans dessus dessous. Des troncs d'arbre entiers sont pulvérisés, la végétation est piétinée, des branchages et des énormes échardes sont éparpillées partout dans cette clairière artificiellement créée par ma violence.

    -…Je suis horrible…

    Lorsque je reviens au camp de communication que l'on a aménagé dans un éclairci de la jungle, Wallace tisonne un feu de bois tandis que Karl tente difficilement de monter seul une large tente aux couleurs forestières. Je traîne la bête par le panache, d'une seule main, l'air perdu. Wallace me voit, puis pousse un soupire silencieux en voyant ma victime. Karl, lui, affiche un air intrigué et dégoûté à la fois.

    -…Faut bien manger… non?
    -Mais nous avons apportés deux caisses de provision du Léviathan, Commodore. répond Karl, d'un air surpris.
    -Je sais…

    La veille du Jour J,
    Le Léviathan

    -Vous devrez tous vous infiltrer au cœur même du réseau de piraterie de l'île. On vous a créé de fausses primes, de fausses identités. Là bas, vous ne serez que des pirates. Des brutes qui veulent entrer dans le cercle rapproché de Flist Gonz. Vous devrez couper les communications de l'île, saboter les navires du port, vous débarrasser des caïds de la place. Tout ça sans vous faire démasquer. Je veux que le Crochet soit complètement isolé lorsque nous frapperons réellement.

    Je serai toujours dans les environs pour vous aider dans le but d'effectuer des frappes chirurgicales sur les lieutenants de Flist.


    Je m'avance vers la foule toujours silencieuse, puis m'appuie contre la rambarde avant du château, faisant face au reste du pont immense.

    -L'Opération Hiechu demandera une qualité de soldat hors du commun de la part de chacun d'entre vous. Sachez tous que dès demain, nous serons en guerre ouverte contre la piraterie de Jaya. Je compte sur chacun d'entre vous pour manœuvrer le Léviathan comme jamais et mettre sur pied un blocus invisible. Je ne veux voir aucun navire accoster à Jaya, sous les ordres de la lieutenant-colonel Ketsuno, vous devrez couler n'importe quel vaisseau écumant les environs. Les bateaux quittant Jaya ne doivent jamais rejoindre Grand Line, et vice-versa.

    Je souris lorsque de ma poche, je tire un den den ayant deux têtes, l'une noire, l'autre blanche, dont la blanche affiche la mine bien reconnaissable d'une rouquine que tous connaissent bien.

    -Et bien entendu, le Léviathan ne sera pas seul dans l'accomplissement de cet objectif. Pas vrai, la revenante?

    Soyez en certains, avant même qu'il ne comprenne ce qui lui arrive, Flist Gonz sera déjà brisé sous la poigne des Rhino Storms!

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    Quelques jours avant le jour J.
    En mer.



    J’étais sur un tronc d’arbre, regardant l’horizon, fuyant la cabine étouffante de Serenity ou j’avais trop vécu ces derniers jours. L’air pur et frais, quoiqu’encore chargé en humidité, me revigorait. Serenity était remontée à la surface, elle stagnait depuis quelques heures déjà à la recherche de la bonne direction à prendre pour rejoindre les côtes de Jaya, mais ses aiguilles semblaient perturbées par la présence en mer de nombreux navires qui se dirigeaient tous vers l’île pirate. Même si la route à prendre était pourtant claire et limpide, le navire ne savait plus quoi dire ni quoi penser, et malgré mes nombreux efforts pour prendre le contrôle, je n’arrivais pas à désactiver le pilotage automatique pour nous amener à bon port.
    Les mains couvertes de cambouis, les cheveux relevés en un chignon mal fait, les vêtements salis par le travail, j’avais pris la décision de partir directement sur le terrain, vers le commandement central, pour couper les fils qui avaient besoin d’être coupé histoire de reprendre la main sur le sous-marin. Mais dans ce mélange de couleur et de forme, je n’avais pas su quoi faire, et toutes mes recherches, tentatives et expéditions n’étaient restés infructueuses. Alors, nous tournions en rond.

    Nous.

    Maal et moi, ainsi que Bee qui ne quittait pas les cabines car trop oppressé par l’eau autour de lui. Il manquait Tahar. Le pirate avait filé sans demander son reste, par je ne sais quel moyen, pendant les quelques heures de sommeil que j’arrivais à grappiller quand je ne buchais pas comme une dingue sur Serenity. Pas un mot sur ce qu’il allait faire, pas un de plus après notre conversation, et sans doute que ça valait mieux pour moi. Un soupir m’échappait. Ce qu’il allait faire, ce qu’il avait prévu, pourquoi Jaya. Tout ça, sans un mot, sans une réponse. Même pas un "au revoir".
    Il ne me restait que mon nouvel ordre de mission maintenant que l’autre était accompli, qui m’ordonnait de me rendre aussi sur ce morceau de terre ou les pires pirates du monde s’étaient rassemblés pour faire un feu de joie.

    Vous y arrivez ?

    Surprise, je me retournai pour faire face à un Maal qui remettait sa veste sur ses épaules, pour fourrer ensuite ses mains dans ses poches. Il marcha avec ses grandes bottes dans la boue avant de s’asseoir à côté de moi, regardant ce que je fixai depuis plusieurs heures.

    Oui… Non. J’ai abandonné en fait.
    J’ai remarqué que nous étions immobilisés depuis plusieurs heures. Peut-être que je peux faire quelque chose ?
    Je… Je ne sais pas.

    J’haussai simplement les épaules, un peu fatiguée par toutes ces aventures. Maal constata les cernes sous mes yeux et fit une moue inqualifiable. Un peu paternel peut-être, je ne saurais dire. Il jeta un coup d’œil derrière lui en cherchant la présence du troisième homme :

    Tahar Tahgel est parti ?
    Oui.
    Dommage, j’aurais voulu le remercier !

    Je lui fis un sourire. Un pincement au cœur, un air un peu triste malgré moi. J’aurais tant voulu me mettre des baffes.

    Il ne vous a pas dit au revoir ?
    Non... Je dormais.
    Quel goujat ! Songez à changer de fréquentation, ce Tahar vous en fera voir des vertes et des pas mûres si vous voulez mon avis ! Et vous êtes si jeune pour vous arrêter à une peine de cœur comme celle-ci !
    Ah… Oui hein...

    Hors propos, que je pensais pour moi-même en faisant mine de rien. Je ne sais pas ce qu’il allait imaginer, mais c’était juste totalement n’importe quoi. Autant changer de sujet.

    Qu’allez vous faire maintenant, Maal ?

    Ce dernier réfléchit, se frottant la barbe de ses grandes mains rêches et usées :

    C’est une bien bonne question. Je n’en ai aucune idée ! J’imagine que la surface a bien changé depuis. Il est sans doute temps pour moi de rentrer sur mon île natale et revoir ma famille avant de reprendre mes fonctions.
    Vous aviez une famille ?
    Etonnant, n’est-ce pas ? On pense souvent que les agents sont des orphelins qui ont eux-même dévorés leurs parents. En fait, ils ont pour la plupart un environnement plus ou moins sain. Le mien l’était.
    Et vous voulez reprendre votre métier ?
    Je ne sais rien faire d’autre.

    Spontanément, il me sourit. Une risette très franche qui creusait ses joues en deux fossettes. Son air serein détonnait avec son regard fou des derniers jours, à Down Below. Une folie que je n’avais pas vu d’un prime abord, mais que Tahar avait su saisir d’un simple coup d’œil.

    Je vous en dois une, Lilou. Une belle. Alors je ne me contenterai pas de vous donner mon avis sur vos fréquentations : si vous avez besoin de mon aide pour quoique ce soit, n’hésitez pas. Même si c’est pour du sale boulot. En fait, surtout pour du sale boulot !
    Merci Maal.

    Un petit rire m’échappa tandis qu’il se relevait en époussetant ses vêtements :

    Dès que nous arriverons à Jaya, je me chargerai de vous donner ce qu’il faut pour qu’on reste en contact, puis je partirai. Il marqua une pause. Merci Lilou, pour tout.

    Il tourna les talons, retournant vers les cabines. Je l’arrêtai d’un petit éclat de voix :

    En passant, si vous pouviez taper un grand coup sur la machine, là-bas, ça m’aiderait.

    La veille du jour J.
    Au large de Jaya.


    Jaya à perte de vue. Le coup de Maal avait fini de remettre les machines et les compteurs en route. Finalement, Serenity avait retrouvé son chemin et s’était arrêté à quelques kilomètres de la terre, lorsque j’avais coupé moi-même les moteurs. Maal décida de lui-même de regagner le sol pour se charger des derniers détails de notre séparation. J’étais à présent seule sur le navire, scrutant le port encore lointain et ses fourmis qui s’y agitaient. Des jumelles dans la main pour observer la terre, un escargophone dans l’autre qui dictait mot pour mot le discours d’un Commodore sur de lui, un sourire m’échappa lorsque j’abaissais mes lunettes pour me concentrer sur ce que disait l’homme.
    Il commençait à avoir la fibre des grands, celle de ceux qui vibrent de passion pour la guerre, pour une cause, pour une vie. Plus nous progressions sur les mers, plus je pouvais voir Oswald changer, murir et grandir en lui-même. Je ne savais pas si c’était toujours une bonne chose, mais je le constatai pour moi toujours, en secret à chaque fois. C’était un fait remarquable pour quiconque l’avait côtoyé depuis suffisamment longtemps. Il se remettait.

    Je me remettais.

    Songeuse, je redescendis de mon petit nuage lorsqu’Oswald s’adressa à moi. L’escargophone afficha un sourire franc, et lorsqu’il se tut enfin, j’ajoutai pour lui :

    Compte sur moi, Commodore.
    Kwak.

    Bee affirma sa position du chef avant de couper court à la conversation et de me remettre d’ores et déjà en selle.

    Allons y.

    Jour J.
    Jaya.


    Le terrible Horace Gibson avance d’un pas lourd vers le port miteux de Jaya. Ses lourdes bottes écrasent le planché rongé par les mites du quai, grinçant sous son poids conséquent. Sa stature imposante est rendue sombre par le long manteau noir en cuir qu’il porte sur ses épaules musclées. Le chapeau à plume rabattu sur son regard assassin, sa longue barbe broussailleuse lui bouffant à moitié le visage… Sa réputation d’homme lugubre lui colle à la peau tant il ressemble à un des valets de la mort. Les sbires s’écartent pour le laisser passer, glacés par sa simple présence alors qu’il fait plus de quarante degrés à l’ombre. Le plus gradé, ou celui qui semble le plus gradé, reçoit sur lui le regard froid d’Horace qui se plante devant en tendant une main gantée. Le jeune homme y met une longue vue et s’écarte en tremblotant pour lui laisser le champ libre.

    Quelle est l’urgence ?

    L’homme porte à son œil le bout de la lunette et sonde l’horizon. L’autre à ses côtés lui pointe un morceau de terre pour lui montrer la direction et ajoute d’une voix timide :

    Il y a une étrange île, ici… Monsieur… Monsieur Gibson…

    Il constate, en effet. Puis, ce dernier abaisse la longue vue sans qu’aucune expression ou émotion de percent son visage de marbre. Il redonne l’objet qu’il tient entre les mains et tourne ensuite les talons sans dire un mot, quittant le quai d’un pas lent et lourd.

    Que devons-nous faire ?!

    Le sbire l’interrompt dans son départ. D’une lenteur angoissante, il penche la tête pour le regarder du coin de l’œil.

    Tes hommes iront l’explorer.

    Le sbire souffle un coup.

    Mais toi… Passe-toi un boulet au pied et jette-toi à la mer.
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    La rue est saturée d'odeurs. Il y a bien les éternelles constantes - gerbe, pisse, sueur, humidité -, mais par-dessus tout ça, une odeur poivrée, un peu fumée. Une odeur qui m'parle un drôle de langage, quelque chose qui s'adresse plus à mon sang qu'à mes oreilles. Les fragrances de la poudre ont une âme, dans la zone. Mon pas est leste et léger, j'marche sur ces pavés étroits et couverts de crachats en conquérante, comme si je l'avais toujours fait. Mais j'me souviens, au fond de tout ce sentiment presque mystique, que c'est la terre qui m'attire et qu'il me faut garder les yeux rivés vers le ciel. Mon cœur habite pas ici, mais là-haut. C'est la seule possibilité pour que je puisse embrasser l'humanité et la terre toute entière, sans prétention et sans colère.

    « L'homme descend des étoiles, pas du singe et encore moins des dinosaures. »

    Mais il y a des jours où il faut le dire. L'appel des souterrains et des bas-fonds est puissant. Cette odeur d'aventure qui déborde de chaque caniveau, cette odeur de vice qui prend à la gorge, par vagues, après chaque porte, chaque seuil, chaque terrasse. Ce parfum de démesure crasse, d'insouciance violente, de crime impuni et trop lourd pour être éprouvé. Ces hommes qui passent avec la chemise tâchée et ouverte avec négligence, des cicatrices, le goût de l'alcool sur les lèvres et les yeux glauques. Ils s'lèvent pour rien, comme des porcs dans leur souille, ils rampent, boivent, mangent, en foutent de partout, rotent, chient, baisent, cogne quand ça leur plait pas. Une vie de débauche animale, en lutte contre l'homme, l'homme contre lui-même, jusqu'à ce qu'il y a d'angoissant et de difficile dans sa condition disparaisse. Jusqu'à faire de la citation qu'est venue m'percuter la tête un paquet de fumée avec l'apparence de l'or.

    Ouais, ça, c'est le fantasme absolu, non ? Une vie pour rien, mais qui n'a plus besoin de revendiquer ou d'aller se battre pour quoi que ce soit. Qui trouve sa suffisance dans un carré de merde et une choppe de vitriol, putain ! Pourquoi rager, pourquoi se battre, pourquoi insulter la terre entière quand on peut rien être d'autre qu'une grosse larve lovée au chaud, au chaud comme dans le ventre de sa mère ? Jaya, t'es quoi pour me parler avec cette voix là ? Pour m'inspirer ces pensées là, cette attirance immonde pour le grand retour, le retour au néant, à la grande salope d'indifférenciation ?

    Je tourne sur moi-même, prise de vertige. Tu m'auras pas, Punk. D'ailleurs, ils remplissent pas cet idéal, ces cons. Ils font semblant, mais ils s'emmerdent. Il y a un ennui profond sur Jaya. J'suis même sûre qu'au fond, ils kifferont qu'on soit là, qu'on les menace comme des rabatteurs avec des torches devant des fauves. Le lion est toujours un peu fasciné par la flamme ; le pirate est un homme. Il le sera pas qu'un peu. Il voudra la dévorer, cette flamme, il sera trop heureux de trouver enfin une occasion d'éprouver sa vraie nature, le grand désir qui se morfond en lui, qui réclame du sang et des adversaires à combattre. Matériels, les adversaires, parce que ça demande bien trop de courage que de s'en inventer des spirituels.

    -Hé. J'vais par où pour trouver Flist ?

    J'ai d'mandé à un mec un peu plus clean que les autres, j'me suis dit qu'il irait bien avec c'qu'on disait du second du Malvoulant. Il me regarde.

    -Voyez vous ça. Et qu'est-ce qu'une petite catin peut bien lui vouloir ?

    La petite catin a un gros fusil, et elle le montre culasse en arrière et canon en avant. T'es au premier rang pour voir le mécanisme de l'intérieur, fils de pute. Et crois pas que ça me fasse quelque chose d'attendre ou non. Si t'es de mèche avec lui – et tu l'es –, je finirais pas revenir te brûler la couenne. Rien de personnel, quoique. J'apprécie pas toujours qu'on m'rappelle des vérités.

    -Un coup à avoir des ennuis, ma jolie. Aller, Flist m'en voudrait d'avoir provoqué une bagarre à l'heure où il prend son thé. Remonte la rue, prend à droite et descends la petite ruelle. Tu auras deux tavernes, c'est celle de gauche.

    En guise de salut, j'baisse mon arme et j'serre le poing. L'espace d'un moment, j'hésite à lui enfoncer le nez avec, mais j'me dit que c'est encore l'air de Jaya qui parle. J'lâche l'affaire, j'remonte la piste. Et j'arrive dans la zone. J'reconnais Jeska qui joue les serveuses, que j'trouve pathétique, mais on va encore dire que j'suis méchante et d'mauvaise foi alors j'l'ignore superbement. J'sais bien faire, ça, j'm'y suis beaucoup entraînée depuis que j'suis forcée de cohabiter avec elle. Puis je m'approche du comptoir. On va goûter un peu l'ambiance, se taper un petit shot de rhum pour être calé dedans, service ou pas, et commencer à parler affaires.

    Après, ce sera à la grâce de Dieu, même si j'suis pas certaine qu'il approuverait. Tant pis. C'est le cadre, j'suis au service de ce qui me tient debout. Que ça vienne d'un lieu sans endroit ni envers ou d'un endroit et d'un envers applicable en tout lieu. Paye ton jeu de mot, santé tavernier. Ou pas, tu pourrais bien y passer toi aussi.

    Y'a des jours où je me demande qui est vraiment forban.

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    Un feu discret illumine la clairière où la dense végétation a toujours raison des quelques éclaircis dans les branchages.

    Assis sur une caisse, le regard perdu dans les flammes, je décroche le combiné de mon escargophone.

    -Je déclare officiellement le commencement de l'opération Hiechu.

    C'est la guerre, et les Storms sont à nouveau sur le front.

    Pour le pire, nettement plus que pour le meilleur.
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