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Quand le tissu de rêves des enfants n'est pas rongé par la pourriture du monde des grands

- Mahach , qu'est ce que tu fais ?
- Dégage ! C'est pas pour les gamins !

Déjà jeune adolescent, Mahach jouait les rebelles. Ils aimaient chahuter avec les autres jeunes de son âge, souvent au grand dam de ses parents. Il jouait les caïds, s'amusait à voler, à se battre contre les bandes rivales. Il aimait pester et râler contre tout, tout seul assis sur une grosse pierre dans ce petit carré de terre mêlé aux détritus rejetés par les plus riches. Marcher pieds nus dans cet endroit pouvait être fatal tant des petits morceaux de ferraille rouillés qui n'étaient que bazar métallique plus grand mais à moitié ensevelis dépassaient de la terre. Parfois même ils pouvaient transpercer les semelles de fortune des habitants. Mais ils y étaient habitués. Habitués à vivre dans ce cadre qui n'était ni plus ni moins qu'une vieille décharge, véritable bidonville.

Il n'était pas très loin de la maison familiale, mais suffisamment éloigné pour que Mahach puisse y respirer l'air de liberté tranquillement, sous l'oeil triste mais bien veillant de ses parents qui ne voulaient pas avoir de problème. Le jeune adolescent voulait avoir son indépendance mais ce monde n'est rempli que de loups prêts à dévorer les plus faibles.


- Mais eh ! J'ai onze ans maintenant ! Je suis plus une gamine !

Mahach grogna un coup sur l'insistance de sa soeur. Elle était plus une jeune fille sans histoire, bien plus obéissante que son frère qui veillait malgré tout sur elle, prenant son rôle de grand frère très au sérieux. Pas un grand frère modèle, non, plus un frère qui était du genre à lui dire "Fais ce que je te dis, pas ce que je fais".


- De toute façon, c'est pas pour les filles !
- Et alors ? Je suis ta soeur ! Je peux bien voir non ?

Il se tapa le front de sa paume. A cette époque, il n'avait pas encore sa crête mais les cheveux complètement rasés, nouveau signe de révolte avec l'autorité parentale. D'ailleurs, il n'avait pas encore sa cicatrice.


- Bon, voilà, d'accord. C'est une carte au trésor ! Mais pas un mot aux parents, sinon je te passe un savon !
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-Petite Flamme, viens voir !

C'était l'automne, mais un automne qui ne se voyait pas. Personne n'avait songé à planter d'arbres dans le Grey T.. Alors, il leur fallait toujours attendre le bon moment, et ne pas oublier de lever les yeux. C'était important. S'ils oubliaient de le faire, qui pourrait leur rappeler qu'une fois dans l'année, les arbres sur la montagne était jaunes et rouges ? On était ce jour là ; les chênes du mont Corvo étaient comme embrassés par un feu statique. Et Vaillant était heureux.

-Prend ma main !

Serena la prit, et la serra bien fort, comme si elle craignait de tomber. Mais ses petits pieds étaient déjà durs comme la pierre, habitués qu'ils étaient aux clous rouillés, aux morceaux de barbelés et à la terre noyée sous les métaux lourds. Ses iris clairs étaient enflammés, brûlants dans la lumière douce de l'automne.

-L'automne, l'automne !
-Oui !

Et ils restaient là, assis sur le tas d'ordures, blottis l'un contre l'autre. De l'autre côté des toits en taule, il y avait la montagne et la forêt. En tendant l'oreille, sous les bruits d'acier froissé, on devinait le vent dans les feuilles qui tombaient sur la terre pleine de couleurs. Les yeux du frère brillaient d'émotion, la sœur gardait la bouche entrouverte comme pour goûter l'automne qui demeurait au loin, tout là-bas, là où ils n'avaient pas le droit d'aller à cause des bandits. Le Dehors. Le grand pays sans limites dont ils seraient un jour les seigneurs. Ils y croyaient plus dur que le fer qu'ils brocantaient toute l'année. C'était leur grand projet, l'horizon qui les faisait respirer dans l'air nauséabond de la décharge.

Mais l'écho de deux voix les arrachèrent au spectacle. Ils avaient tous deux un goût terrible pour ce qui était beau, mais ils restaient des enfants, téméraires et curieux. Et ils avaient déjà reconnu Mahach, un nom qui évoquait les coups tordus et les quêtes impossibles. Tout cet or dans les arbres inaccessibles leur avait fait naître au cœur comme un élan douloureux qu'ils ne pouvaient nommer, mais qu'ils avaient envie d'épancher, à toute force.
Et pour cela...

-Carte au trésor ? Waouh !
-T'as trouvé ça où, Mah ? On veut en être !
-T'y arriveras pas tout seul !
-On peut t'aider ! La P'tite Flamme et moi aussi !

Étourdi par tant d'énergie soudaine qui lui tombait dessus sans prévenir, le punk recula d'un pas. Mais sa sœur avait l'air plutôt heureuse de voir l'équation se complexifier. Peut-être pourrait-elle être de l'aventure, finalement ? Elle connaissait un peu Vaillant, beaucoup moins Serena. Il fallait dire que celui-ci était une espèce de mythe invisible dans le Grey T. des moins de quatorze ans. Il était l'enfant qui avait entreprit le plus de voyages à Goa, et en passant par les murailles ! Mais il ne s'en vantait jamais. Pour lui, ce n'était pas un défi, mais une sorte de geste naturel. Il était aérien, prompt à se jouer des entraves physiques qui l'entouraient, maître de son corps et de ses propres peurs dans un relâchement perpétuel, une attitude à la fois désinvolte et débordante d'énergie qui lui conféraient un charisme difficilement exprimable. Beaucoup l'admiraient sans jamais lui avoir parlé, mais d'une admiration sans jalousie ; un peu comme on admire une belle montagne par un après-midi d'automne.
Serena était très jeune en ce temps là, et bien plus discrète. Elle s'accommodait avec bonheur de l'ombre de son frère, qu'elle n'envisageait même pas comme telle. Il était son grand frère adoré, c'était tout, ça suffisait.

-Fais voir ? Hum... il nous faudra quelqu'un en plus, le genre malin. Furtif. Hé ! Aller, laisse moi voir, puisqu'on va y aller ensemble ! On est de ton côté !
-Grand Frère, on pourrait pas aller chercher l'orphelin ?
-Si ! Il sera parfait ! Tu vois de qui on veut parler, Mah ? Aller, le premier à le trouver décide du plan !
-Je peux venir avec toi ?
-Monte sur mes épaules !
-Ouiiii !
-On se retrouve ici !

Le narrateur que j'incarne s'étant grossièrement planté de saison, l'on ne s'étonnera pas que la parole soit laissée aux deux gamins qui retournaient le Grey T. plongé non pas dans la douceur d'un soleil d'automne, mais dans la rudesse du vent d'hiver. En attendant, l'aventure était lancée.


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L’orphelin dont parle la gamine c’est Galowyr. Au cas où tu ne serais pas au courant le borgne est de Goa, enfin de l’Edge Town pour être précis. Un vrai ptit môme des rues. Même si pour être tout à fait précis, il ne s’appelait pas Galowyr à l’époque. Il n’avait même pas de nom. Puis en plus, grande nouvelle à cet âge-là, le borgne avait encore ses deux mains et ses deux yeux. Bref presque aussi pauvre qu’aujourd’hui, mais en plus entier. En plus innocent surement.

Mini Galo était un petit voleur tout ce qu’il y avait de plus compétent. Il volait aux riches, pour ensuite se faire rouler par les pauvres receleurs du Terminal. Le gosse des rues qu’il était, n’aimait pas tellement sortir des murs de Goa. L’Edge Town n’avait rien d’un paradis, mais elle avait le bon ton d’être entouré de murailles. Le môme avait toujours trouvé ses hauts murs rassurants. Rassurants comme l’étaient les murs d’une prison. Il ne pouvait en effet se cacher le profond de sentiment de liberté qui l’habitait lorsqu’il quittait les murs de la ville. Tout comme un fauve en cage, qu’on libère dans la nature, il était peu adapté à ce monde extérieur mais il se sentait libre comme le vent nauséabond qui soufflait dans la décharge.

Le môme venait de quitter la Goa des beaux quartiers, illuminée par les décorations des fêtes de fin d’années, les poches chargées de bibelots à refourguer. Grey Terminal en hiver c’est quelque chose. Une espèce de sale petite brume couvrant la décharge d’une léger voile blanc. Je vous laisse imaginer à quel point, les multiples nuances de gris des déchets jonchant le sol s’accordaient dans ce paysage loin d’inspirer la joie de vivre.

Pourtant de cette grisaille, l’orphelin ne ressentait que le vent frais qui faisait rougir ses joues. S’amusant à faire jaillir de la buée de sa bouche comme les grands faisaient avec la cigarette, il avançait joyeusement dans le Terminal. Voler, revendre, tout cela lui apparaissait toujours comme un jeu. Il était un héros courageux, bravant le froid, la puanteur, les bandes qui rodaient dans le coin et les animaux. L’aventure quoi.

Mais alors qu’il sautillait entre les déchets, v’là qu’une rouquine juchée sur les épaules d’un type fonçait dans sa direction. C’était un chouette moyen de se déplacer ça. Un peu comme les nobles avec les chaises à porteurs. Sauf que là, il y en a qu’un qui porte. Bah ça doit coûter moins cher. C’est là qu’il les reconnu. Galowyr n’avait pas véritablement d’amis. Petit déjà, il était d’une nature plutôt solitaire. Mais il avait déjà eu l’occasion de jouer et de faire les quatre-cent coups avec un paquet de gosses du Terminal. P’tite Flamme et Vaillant en faisaient parti.

Le frère et la sœur avait un truc à lui proposer. Une carte, un trésor à trouver, des compagnons. C’était un truc qui ressemblait à s’y méprendre à une véritable aventure. Les mômes sont pleins d’imagination, le borgne l’était autant si ce n’est plus que la moyenne. Il s’imaginait déjà rencontrer des elfes, tuer des dragons ou tout du moins sauver une princesse d’un pirate malveillant. Il croisa les bras et se mit à sourire fièrement. Il n’avait déjà pas pour habitude de refuser son aide quand il y avait un truc à toucher à la fin.

Mah était un crétin, mais bon si l’aventure était à ce prix. Il allait le payer bien volontiers. Les trois mômes partirent donc en courant retrouver Mahach. Ils le trouvèrent d’ailleurs sans trop de problèmes. Par contre le frangin et la frangine lui avait fait une bonne surprise. Une jeune fille qui lui sembla illuminée au milieu de l’ambiance grise et terne du terminal. Une petite brune radieuse qui leur souriait timidement. Eh bien, il avait déjà trouvé sa princesse.

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Vexé comme un gamin pouvait l'être, Mahach avait enfourché Mai sur ses épaules comme Vaillant venait de le faire avec sa petite soeur, changeant brutalement d'avis, ce qui n'était pas pour déplaire à la future Marine.

Cet orphelin, il ne l'aimait pas beaucoup. Mais il avait déjà fait ses preuves et s'il pouvait être de la partie, c'était tant mieux, il était un allié de choix. Alors quand il le vit venir accompagné de Serena et de son grand frère, il cacha sa déception qu'il oublia presque aussitôt, heureux d'avoir trouvé autant de personnes pour l'accompagner dans cette fameuse chasse au trésor.

- Mahach, on devrait peut être prévenir Papa et Maman ?
- Non, je m'en fous. De toute façon, ils voudraient pas.

La gamine fit la moue mais retrouva bien vite le sourire en portant son regard sur le visage de Galowyr. Mahach se contenta de regarder tout le monde dans les yeux comme pour mesurer leur attention puis les incita à se regrouper pour commencer leur cachoterie, réunis en cercle.

- Bon, y'en a marre des Grands. Je parle pas des parents, je parle des Grands. Ils nous rackettent, ils nous cache des choses. Je les vois souvent aller dans le Mont Corvo. Je suis sur qu'ils cachent ce qu'ils nous volent là haut, et puis même qu'un jour, j'en ai vu un revenir avec plein de baies ! Il en avait mangé tellement qu'il en avait plein la bouche ! Elles avaient l'air trop bonnes ! Alors je veux récupérer nos trésors et surtout, je veux qu'on leur vole leur baies ! Je me demande si le buisson il pourrait pousser dans le Grey T ...
- Mais Mahach, y'a le tigre aussi ...
- T'es bête Mai ! Les Grands ils font les malins parce qu'ils sont plus grands que nous, mais s'ils voyaient le tigre, ils feraient dans leur culotte !

Mahach fouillait dans sa poche à la recherche de la carte qu'il avait dessiné.

- Faudra qu'on fasse attention, on connait pas le Mont Corvo et pis faudrait pas tomber sur un Grand.

Il se frotta le front, endoloris par les nombreux taquets.

- Vous avez des idées ?
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-Pourquoi le mont Corvo ? Je croyais qu'on parlait d'aller en ville ! Avoue que t'as peur, Mah !
-La P'tite Flamme a raison ! Tu dois nous donner la carte ! Essaye pas de nous embrouiller !
-Ouais ! C'est nous qu'avons trouvé l'Orphelin les premiers !
-On décide du plan !

Et Vaillant s'empara de la carte en souriant... pour s'apercevoir avec dépit qu'il s'était fait berner, et qu'il s'agissait indubitablement de l'œuvre du garçon à crête de punk qui lui faisait face en essayant de rester sérieux.

-... c'est toi qui l'a dessinée... tu te moques de nous ? C'est juste un dessin avec des baies et des adultes dessus...
-Oh... mais ça peut être drôle quand même, grand frère !
-Hum...

En fait, elle était rassurée, Serena. Elle le disait jamais tout haut, mais elle n'aimait pas trop que son frère aille se risquer en ville. Pour cette fois, il passerait la journée avec elle et loin des murailles qui le fascinaient tant. Peu importait l'histoire du tigre, et les blessures que son autre frère ramenait fréquemment des rencontres avec les bandits des montagnes ne comptaient pas. Ils avaient une aventure à mener, loin des poubelles et tous ensemble. Ce serait une belle journée, qu'elle soit d'hiver ou d'automne.

-En plus, on aura à manger...
-C'est d'accord, P'tite Flamme. Bon, l'Orphelin est un sacré voleur, t'es un costaud, nos frangines sont discrètes et je suis rapide. On peut y arriver si on s'y met tous. Voilà...

Le plan de Vaillant était simple et rempli de bon sens, à son image. Les deux fillettes faisaient le guet, cachées dans les buissons, et prévenaient les garçons des allers et venues par des cris de chouette. L'Orphelin s'occupait du vol de baies à proprement parler, et s'emparait de la récolte des adultes pendant que Mahach et lui-même faisaient diversion. Restait à trouver un chemin de repli par lequel les grands auraient du mal à suivre, de préférence, un petit sentier de loup coupant à-travers bois, au milieu des branches et des arbustes mal taillés.

On discuta, grogna un peu puis l'on conclut le pacte avec le sérieux solennel qu'ont tous les enfants en train de jouer. Puis l'on se mit en route.
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